Les Cicis ont elles aussi, droit à leurs zombies !
Rassurez-vous, y'en aura pour tous les goûts et à peu près tous nos héros seront de la partie.
L'histoire commence après la fin de la première saison, après la destruction d'Apuchi et avant que nos héros de repartent en quête des 6 autres cités d'or. Ils séjournent au Village du Nouveau Soleil afin de reprendre des forces.
Tandis que dans une petite geôle du village, croupissent 3 personnages parfaitement hétérogènes


Combien de temps cela faisait-il ?
Depuis combien de jours étaient-ils détenus de cette façon ?
Marinchè balaya des yeux la petite cellule dans laquelle ils étaient tous les trois retenus prisonniers, étroitement ligotés, comme des animaux.
En attendant qu’on décide de leur sort ?
Qu’avait-elle à voir avec cette histoire ? Si ce connard de Mendoza ne s’en était pas mêlé, en mettant Viracocha en garde contre elle quand ils l’avaient retrouvée, errant près de la base olmèque à présent détruite, elle n’aurait pas été traitée de la sorte.
Maudit Espagnol !
A cet instant, ses prunelles convergèrent en direction du bruit qui la maintenait éveillée, malgré elle, et une moue d’exaspération se peignit sur son visage.
« En parlant de maudit Espagnol… »
A moins d’un mètre d’elle, dormait celui que rien ne semblait pouvoir perturber, et malgré qu’il fût saucissonné, il était quand-même parvenu à s’écrouler, trouver une position qui lui convenait et accueillir le sommeil, remplissant la pièce toute entière de ses ronflements sonores. Profondément irritée, la belle Inca lui bourra un coup de pied dans les fesses aussi fort que sa position le lui permettait, espérant le faire changer de pose et mettre ainsi fin à son supplice auditif. Mais l’imposant Espagnol broncha à peine, c’est tout juste s’il s’interrompit un quart de seconde sous le regard désespéré de l’Indienne.
– Mais tu vas la fermer, oui ?
Et Marinchè redoubla de vigueur en frappant à nouveau le colosse trois fois de suite, plus pour se calmer les nerfs qu’autre chose.
Ce qui n’eut aucun résultat.
– Tu te fatigues pour rien, intervint le troisième prisonnier d’une voix éteinte et résignée depuis le fond sombre de la pièce.
– Toi, Calmèque, je t’ai pas demandé ton avis !
L’autre ne rétorqua rien, il était trop fatigué. Il s’était tassé dans un coin de la case et essayait, en vain, de penser à autre chose. Ses deux compagnons de cellule n’avaient rien à lui envier. Si leur sort était encore incertain, il était évident qu’ils risquaient bien moins gros que lui. Le passage à tabac qu’il avait subit l’après-midi-même n’était que les prémisses de ce qui l’attendait. Il tâcha de bouger un peu, mais une vive douleur à l’abdomen lui fit abandonner ses envies de changement de position.
C’est à ce moment qu’un cri déchira la nuit. Au-dehors, un chien, puis deux, puis trois, se mirent à aboyer, puis des éclats de voix, des portes qui s’ouvraient avec fracas, des interjections, des jurons, puis d’autres cris, terribles, des hurlements glaçants, des pleurs,... Une panique s’empara de l’extérieur en moins d’une minute et l’instant d’après on aurait dit qu’une bataille éclaire s’abattait sur le village maya. On entendait fuser des flèches, crier femmes, hommes et enfants en tous sens. Une débandade incompréhensible.
Tandis que Gaspard ronflait toujours, Marinchè se leva en se tortillant pour se rapprocher de la porte. Dans le coin du fond, la silhouette du petit homme aux oreilles pointues se dessina sur le mur, tendis qu’il se redressait en grimaçant.
– C’est quoi ce bordel ? questionna-t-il en s’approchant de la porte à son tour.
Marinchè avait son œil droit collé à une petite fissure entre deux planches légèrement disjointes.
– Je sais pas, les gens courent dans tous les sens, je vois pas bien !
– Pousse-toi ! ordonna l’Olmèque résolu à se faire sa propre opinion.
Et il lui fila un coup d’épaule qui la fit chanceler et perdre sa position stratégique.
– Espèce de connard ! cingla l’Indienne en s’apprêtant à reconquérir sa place, mais elle fut coupé nette dans son élan quand un énorme bruit sourd fit trembler la porte, la faisant presque sortir de ses gonds tant le choc fut rude.
Calmèque recula d’un pas puis de deux.
De l’autre côté du battant de bois se livrait de tout évidence un combat à mort. Un Maya, semble-t-il, luttait pour sa vie contre un adversaire de taille. A plusieurs reprises un des deux adversaires fut projeté contre la porte. On entendait des halètements, des grognements étranges, des gargouillis, et puis d’un coup, un bruit d’os se brisant comme du bois sec avant de voir une épaisse marre de sang s’étaler sous la porte de la cellule. Une odeur nauséabonde leur parvint soudain et Marinchè tordit son visage dans une mimique de profond dégoût.
– Putain, chuchota-t-elle, mais ça pue la charogne !
– Chuuut ! lui intima l’Olmèque, soucieux de rester discret.
Des bruits de pas s’éloignèrent en hâte.
Dans leur dos, le colosse espagnol s’était réveillé et les avait rejoints, la tête défaite.
– Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il hébété.
– On est attaqué, répondit abruptement l’Inca.
– Hein ? Mais par qui ?
– On sait pas ! rétorqua-t-elle à nouveau d’une voix cassante.
– C’est peut-être notre seule chance, avança l’Olmèque. Il faut qu’on profite de la débâcle pour nous enfuir !
– Sérieux ? ironisa l’Indienne. Nous enfuir ? J’y avais pas pensé ! Et comment Monsieur compte s’y prendre ?
L’Olmèque s’assit par terre et au prix de quelques contorsions douloureuses, il parvint à faire passer ses mains, ligotées dans son dos, sous ses jambes et enfin devant lui. Plutôt content de lui et ravi à l’idée de rabattre le caquet de l’emmerdeuse inca, il lui lança une mine narquoise et satisfaite.
– Tourne-toi, ordonna-t-il à l’Inca.
Elle lui montra ses liens de mauvaise grâce et une fois libérée, elle prit plaisir à d’abord détacher Gaspard.
– Et maintenant, petit génie ? nargua-t-elle en croisant les bras à l’intention de l’Olmèque.
Au dehors des cris et des hurlements ne cessaient de leur parvenir.
– Femme de peu de foi, se lamenta l’Olmèque. C’est tout de même un progrès, non ?
– Ha bah oui, génial ! Maintenant on peut danser, ironisa-t-elle, caustique.
– C’que t’es négative ! Si tu perdais pas autant de temps à ergoter, tu aurais peut-être remarqué que les gonds ont pris cher et qu'on pourrait peut-être enfoncer cette porte !
L’Indienne pouffa de rire en toisant le petit homme de haut en bas.
– Et bien vas-y ! T’as déjà une ou deux côtes cassées, t’es plus à ça près ! On te regarde ! Et, ajouta-t-elle sur un ton moqueur, si t’arrives à défoncer cette porte, je couche avec toi.
Et elle partit d’un rire franc.
Calmèque s’apprêtait à lui balancer une réponse bien sentie quand la main de l’Espagnol se posa sur son épaule pour le pousser légèrement de côté.
– Désolé la sauterelle, mais y’a de l’enjeu et t’as pas la carrure ! Bougez-vous les mouches, claironna-t-il en accompagnant sa phrase d’un mouvement de bras balayant l’air de façon dédaigneuse.
Gaspard prit autant de recul que la pièce le permettait, se campa fermement sur ses jambes, banda ses muscles (même ceux de sa mâchoire, si si !) et d’un coup, dans un rugissement saisissant, il se jeta, l’épaule en avant, contre le battant de la porte qui, sous le poids et la puissance de cette force de la nature se rompit presque facilement.
Impressionnant !
Pas peu fier de sa performance, Gaspard s’appuya contre l’encadrement de la porte et lança à l’Indienne son sourire le plus enjôleur.
– Alors, Señorita ? Quelle était la récompense pour enfoncer cette porte ?
Marinchè passa devant lui et le gratifia d’une moue atterrée.
"Elle est folle de moi..." se convainquit le conquistador.
Prudemment, Calmèque mit le nez dehors, on entendait bien des cris, mais ça venait de plus loin, en contrebas. Il y avait du sang par terre, des traces de lutte et une curieuse substance gélatineuse blanche avait giclé en morceaux sur les murs et le sol. Calmèque loucha sur un de ces trucs avant de comprendre ce que c’était : de la cervelle.
– Je crois qu’on n’a pas intérêt à faire de vieux os par ici.
– Ca tombe bien, c’était pas au programme ! assura l’Inca.
Mais des grognements se firent soudain plus proches, et alors qu’ils étaient, jusqu’alors, seuls, les pires de leurs cauchemars se matérialisèrent devant eux en une vision d’horreur. Gaspard fut presque tenté de retourner se cacher dans leur petite geôle.
L’Histoire n’avait pas encore mis de mot sur ce qu’ils découvraient. Une centaine de créatures décharnées, disloquées, grognantes et en décomposition avancée se jetaient sur toute personne à leur portée, dents en avant, dans le but évident de les dévorer. Il y a avait du sang partout, des Mayas à moitié consommés qui gémissaient ou se traînaient sur le sol en recherche d’aide, leurs entrailles se répandant dans leur sillage en une souillure mêlée de rouge et de terre… C’était une vision apocalyptique qui statufia nos trois amis un instant. Un instant de trop.
Une de ces créatures se jeta sur Gaspard qui esquiva de justesse en la frappant violement avec un morceau de bois de la porte resté entre ses mains.
Ca eut pour conséquence de les tirer de leur tétanie tandis que la créature, la tête à présent pendante dans un angle improbable, se jetait à nouveau sur l’Espagnol.
– Je crois que c’est le moment de se barrer d’ici ! hurla Gaspard en assenant frénétiquement une rafale de coups à la tronche de l’abject rejeton de l’enfer tout en poussant des interjections de dégoût.
– Ha mon Dieu ! Mon Dieu ! Mais quelle horreur, tu vas crever saloperie ! Ha c’est dégueulasse ! Et il chlingue en plus !
Légèrement pris de panique, les deux autres le regardèrent, impuissants, défoncer le crâne du cadavre ambulant comme s’il s’agissait d’une pastèque trop mûre. Il était grand temps qu’ils se remuent parce que d’autres monstres arrivaient par vague, comme si leurs rangs grossissaient à mesure que la bataille faisait rage.
– Je sais où aller, affirma Calmèque qui venait de ramasser au sol, avec empressement, une petite dague perdue là par son propriétaire.
Et ce fut moins une, parce qu’il eut tout juste le temps d’entendre Marinchè crier « Derrière toi ! ».
Il se retrouva projeté au sol et échappa aux coups de dents déterminés de l’immonde goule, qui l’avait pris pour cible, en la repoussant de ses pieds. Il avait beau lui planter sa lame dans le corps, ça ne semblait lui faire ni chaud ni froid. Il sentait son souffle fétide lui chatouiller le visage et c’est en désespoir de cause, dans un réflexe de survie, qu’il lui planta son couteau dans l’œil. Un gargouillis infâme sortit de la gueule de la créature et elle se figea, son corps s’affalant comme une poupée de chiffon. Calmèque, révulsé, s’extirpa de sous le corps, à présent inerte, de la créature immonde. Il était couvert d’un sang brunâtre et visqueux dont l’odeur soulevait le cœur.
– Ca va ? s’enquit Gaspard.
Visiblement sous le choc, marchant avec raideur, Calmèque se mit à enlever le haut de son uniforme avec empressement avant de le jeter au sol.
– Je veux prendre une douche ! souffla-t-il du bout des lèvres.
– Tu vas enlever le bas aussi ? taquina l’Inca.
Piqué au vif, Calmèque ramassa la tunique qu’il venait d’ôter dans un mouvement rapide et la noua autour du cou de l’Indienne. Marinchè se pétrifia. L’odeur était épouvantable.
Gaspard gloussa.
– Tu l’as pas volée celle-là !
Marinchè arracha l’étoffe à l’odeur insoutenable et l’envoya aussi loin d’elle que possible, dans un frisson d’effroi.
Mais des grognements tout proches les firent sursauter.
– Faut pas qu’on traîne, constata l’Olmèque.
– Tu disais savoir où on peut aller, remarqua l’Inca tandis qu’ils se repliaient tous les trois, sur leur garde.
– Oui, c'est pas loin !
– Bon, bah, on se casse dans ce cas ! Moi ces monstres me fichent la trouille et la gerbe !
Se faufilant entre les maisons et se défendant quand c’était nécessaire, nos trois prisonniers gagnèrent la lisière du village en quelques minutes. Là, laissant les combats derrière eux sans demander leur reste, ils prirent leurs jambes à leur cou, en direction d’Apuchi.