La 8e Cité
Chapitre XVI : La Maison qui Marche
Salle de Recombinaison Moléculaire. Base Sintashta. Île d'Ol-Honn. Fin d'après midi.
Yesubaha, qui était restée dans la pièce, a ressenti des vibrations suite aux premières explosions. Elle vient de demander un point de situation à l'un des siens.
« La salle des régulateurs est atteinte, Matrone, lui répond-il...Le feu risque de se répandre sous peu. Toutes nos installations vont, au mieux, être gravement endommagées ou au pire exploser dans un bref délai.
- Pouvez-vous éviter cela et réparer ? demande la vieille femme.
- Cela va être difficile, Matrone: la quantité d'énergie solaire engrangée par les appareils a de loin dépassé les seuils prévus et admis. Quoi qu'il se soit passé qui ait déclenché cela, ça dépasse l'entendement...
- L'explication attendra... Intime-t-elle. Verrouillez immédiatement les cloisons intermédiaires : cela contiendra le souffle des explosions et limitera l'embrasement. Evitez toutefois d'emmurer nos soldats : ils se battent encore contre les intrus. Ces derniers doivent être capturés, si possible, ou sinon éliminés, mais les nôtres doivent pouvoir se replier dans des zones sûres...
- Bien, Matrone », acquiesce le sintashta en s'inclinant et retournant à son pupitre de commandes.
Deux formes surgissent alors dans la salle : les doubles d'Esteban et de Tao.
«Ah, enfin, vous voilà ! Leur dit-elle. Faites-moi votre rapport, mais soyez brefs : nous avons une urgence à gérer...
- Nous savons, Matrone, ajoute la pâle copie du Fils du Soleil : ce sont Esteban, Tao et une inconnue qui en sont la cause. Ils ont déclenché la surcharge...
- Je ne sais pas comment c'est possible, admet le double de Tao en écartant les mains, mais leur Esteban paraît être capable de se faire obéir du Soleil !
- Ridicule ! Doute Yesubaha. Vous ne les avez pas empêché de nuire ? Je pensais que vous étiez parmi mes meilleurs agents...
- Nous les avons sous-estimés, Matrone, confesse Esteban en massant encore son dos douloureux, contrecoup de la technique employée plus tôt par le vrai Fils du Soleil. Cela ne se reproduira plus !
- Nous verrons, répond-elle...Car vous allez retourner combattre ces gêneurs et ne revenir qu'avec les captifs ou leurs cadavres...
- Bien, Matrone. Une dernière chose, si vous me le permettez, ajoute le sosie du dernier des atlantes. L'autre fille que nous avions capturée, Zia...Elle a des pouvoirs ! Je n'avais pas vu telle chose depuis des millénaires et même à l'époque, c'était très rare chez les muens...
- Nous éluciderons aussi cela plus tard, tranche Yesubaha. Maintenant, déguerpissez et allez régler cela ! »
Les deux copies s'inclinent et s'exécutent non sans avoir pris avec elles, cette fois, deux lances crépitantes d'énergie...La matriarche sintashta les regarde partir, dépitée, puis son attention revient sur deux cylindres : elle voit que ceux-ci se sont arrêtés de palpiter et s'ouvrent, révélant un sosie de Mendoza et un de Zia.
Base Sintashta. Île d'Ol-Honn. Fin d'après midi.
Esteban, Tao et Indali détalent dans les couloirs de la base, l'hindoue en tête de plusieurs pas sur les jeunes hommes. Ils entendent les détonations provenant de leurs arrières et très vite, des flammes les pourchassent. Motivés, ils forcent encore leur allure et parviennent heureusement à les distancer. Quelques instants plus tard les flammes refluent, arrachant un soupir de soulagement au trio.
Tout en maintenant sa course, Indali lance au Fils du Soleil : «Tao m'avait dit que tu étais capable de commander au soleil mais, honnêtement, je n'y croyais pas : je pensais qu'il plaisantait pour m'impressionner, Hihi ! C'était remarquable, Esteban ».
- Indali, avoue Tao, un peu jaloux : les moments où je voulais t'impressionner étaient plutôt ceux durant lesquels j'évoquais mes propres exploits...
- Merci Indali, dit Esteban, mais vous deux, ce n'est pas le moment de roucouler ! Gardez cela pour plus tard, s'il vous plaît : nous devons retrouver les autres...
- Oui, Chef ! Disent en choeur la jeune hindoue et l'ancien naacal.
- Nous y serons bientôt, prédit Indali. Encore un dernier couloir à traverser... »
En effet, ils entendent des bruits : le fracas des armes...
Ils tournent à droite et aperçoivent au loin leurs compagnons. Ceux-ci luttent toujours contre les guerriers sintashtas. De là où ils sont Esteban, Tao et Indali ne voient pas l'action ni ne déterminent qui a l'avantage... Esteban distingue toutefois Zia, utilisant manifestement ses pouvoirs et très concentrée. Il ne l'appelle donc pas pour ne pas la distraire. Malheureusement, Sancho et Pedro y pourvoient en hélant les garçons. L'attention de la jeune inca se dissipe et elle voit à son tour ses trois amis arriver.
Ces derniers ne sont plus qu'à quelques dizaines de mètres quand, soudain, un pan de mur descend du plafond, sur le point de leur couper le passage. Analysant rapidement la situation, Indali se jette en avant et parvient à se glisser dessous avant qu'il ne bloque l'accès, mais le dernier des atlantes et le prince de mû, trop éloignés, n'y arrivent pas ! Ils se heurtent à l'obstacle...
« Nooon ! » se lamente Esteban, tapant des poings sur la paroi l'empêchant de rejoindre sa bien-aimée.
« Peut être y a t-il un mécanisme ? » Dit Tao, redonnant espoir au dernier des atlantes.
Tous deux en cherchent un, mais hélas leurs efforts restent infructueux.
Soudain, le mur commence à se relever... Les deux garçons s'allongent immédiatement sur le sol pour essayer de passer en dessous, mais l'espace n'est pas suffisant pour qu'ils y parviennent. Tout juste voient-ils Zia. C'est elle qui, avec ses pouvoirs, entreprend de soulever la barrière Mais la jeune fille, déjà fatiguée par les usages répétés de ses facultés, n'en peut plus et gaspille là ses dernières forces. Elle échoue à en faire davantage. Elle tombe même sur le sol, inconsciente. Elle ne se blesse pas en chutant car Pedro la retient à temps, mais le mur reste bloqué, à quinze centimètres du plancher.
Esteban ne peut que passer un bras en dessous et, très inquiet, pousse un cri déchirant : « Zia ! Zia ! »
Tao pose alors une main rassurante sur l'épaule de son frère de cœur et lui dit : « Esteban, je suis sûr qu'elle va s'en remettre. Ca s'est déjà produit. Mais viens, nous n'avons pas le choix : nous allons devoir revenir en arrière et passer par l'autre issue qui se trouvait dans la salle des collecteurs d'énergie... Par où nos doubles nous avaient rejoints...
- Soyez prudents, leur conseille Indali : ils sont peut-être encore dans les parages... »
Les deux jeunes hommes acquiescent, se relèvent et rebroussent chemin...Très vite, ils atteignent la pièce en question. Celle-ci est enflammée par endroits et une épaisse fumée noire leur obscurcit la vue.. Rassemblant leur courage et retenant leur respiration, les garçons se lancent dans la salle, tout en se tenant par la main et tâchent d'éviter les flammes. Heureusement, ce n'est pas la première fois qu'ils se trouvent là : ils savent dans quelle direction se rendre. Arrivant à traverser la fournaise, ils rejoignent l'autre passage et l'empruntent...
Machine Olmèque d'Ambrosius. Île d'Ol-Honn. Fin d'après midi.
Après avoir fait décoller la machine en toute hâte, Ambrosius l'a dirigée aussi vite que possible vers l'île et l'endroit d'où s'échappent encore des volutes de fumées. L'alchimiste, toujours vêtu de sa formidable armure, est nerveux et cela s'est traduit dans son pilotage, assez brusque : les autres passagers ont dû s'accrocher à leurs sièges ou à ce qu'ils pouvaient pour ne pas chuter. Dans l'atelier, c'est même le bazar désormais : les outils se sont détachés de leurs supports, des ouvrages se sont éparpillés un peu partout, libérant parfois quelques feuillets. Plus ennuyeux, des fioles se sont brisées, répandant leurs contenus colorés sur le sol ou des effluves plus ou moins agréables dans toute la pièce. Mercator, commençant à suffoquer et craignant les effets néfastes possibles des potions, a du quitter l'endroit à quatre pattes.
Lorsqu'il atteint enfin la salle des commandes, il entend son maître s'adresser à Ivan et ses soldats : « Nous arrivons, tenez-vous prêts ! N'oubliez pas : ils doivent me dire où sont les objets que je recherche et ce qu'ils font ici. Ne les tuez pas avant !
- Même les quatre enfants ? Demande le Prince, d'un air un peu trop innocent pour être honnête.
- Surtout eux, Altesse ! Grogne Zarès. Le sort des adultes m'importe peu. Mais les enfants doivent être saufs... »
Le moscovite bougonne, mais acquiesce.
« Regardez, Maître, dit Mercator posant un doigt sur le hublot, j'aperçois Donato, en bas... »
L'alchimiste voit en effet le tueur émergeant d'une grotte située a proximité. Il pose la machine et ouvre la porte, ce qui permet aux moscovites de mettre pied à terre. Ils commencent à se déployer...
Zarès descend également et en quelques pas, se trouve près de l'assassin.
« Que fais-tu là, Donato ? Lui demande t-il, curieux.
- J'ai suivi Gaspard, Maître Ambrosius, répond l'
asesino. Il nous a trahi et a rejoint le groupe de Laguerra. Je l'ai pourchassée. Vous serez ravi d'apprendre que la Señorita est morte ! J'y ai veillé !
- Bien, Donato ! Se rejouit Zarès de sa voix sinistre. Excellent, même, Ahahah! Enfin une bonne nouvelle ! Soyez sûr que je ferai vos éloges à Charles Quint ! A présent, j'aimerai voir la tête de Mendoza ! Ahahah ! Puis, il poursuit : les autres membres du groupe sont-ils toujours à l'intérieur ?
- Oui, je le crois, indique Donato. Je n'ai vu que deux issues : celle-ci et une au sommet par laquelle ils sont entrés... » Il lui montre du doigt l'emplacement du puits d'où s'échappent encore de gros nuages de fumée. « Il y a une espèce de forteresse à l'intérieur, ajoute-t-il. Je n'ai jamais rien vu de tel dans toutes mes missions». Intrigué, l'alchimiste réfléchit un instant, puis s'adresse à Ivan : « Prince, je vais m'assurer qu'ils ne ressortent pas par le sommet. Je ne crains pas ces vapeurs que nous voyons...Votre troupe peut-elle surveiller cette grotte ? »
Le souverain réfléchit un instant puis donne son accord. Il charge son capitaine de faire exécuter la consigne.
« Maître Ambrosius, reprend Donato : pour ma part et si vous n'y voyez pas d'objection, je vais retourner à la machine : je dois prendre du repos...Cette longue traque m'a exténué....
- Accordé ! approuve l'alchimiste, d'un ton inhabituellement chaleureux. Vous l'avez bien mérité !»
Le tueur se dirige vers l'engin, tandis que Zarès entreprend, à grandes enjambées, son ascension du Bourkhan...

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Ivan regarde l'homme en noir s'éloigner et remarque par la même occasion que le soleil commence déjà à décliner. Ne pouvant tolèrer une nouvelle journée d'inaction, le Prince s'adresse à nouveau à son capitaine : « venez avec moi Aleksei, ordonne-t-il, vous et la moitié de vos hommes...Explorons cette grotte...
- Prince, tente le capitaine pour le raisonner, cela peut être dangereux...
- Ah, mais quand cessera t-on donc de me contredire ! C'est un ordre ! Je suis sûr que nous trouverons Esteban et les siens avant Zarès...Auriez-vous peur, capitaine ?
- Non, bien sûr, Altesse. C'est entendu... » obéit le capitaine, parvenant difficilement à réprimer un soupçon de lassitude. Il somme une vingtaine de ses soldats de les accompagner, les autres demeurant là pour surveiller les environs.
Le Prince jubile. « Avec Zarès qui bloque l'autre issue, dit-il, ces enfants sont faits comme des rats ! »
Puis, Ivan s'enfonce dans les entrailles du rocher...Impatient, marchant trop vite et ne regardant pas où il met les pieds, il trébuche sur les fausses offrandes disposées par les sintashtas et s'écroule par terre. Couvert de terre et de saletés diverses, il jure tout en se relevant, s'époussette, puis atteint la porte du fond de la grotte. Donato l'a laissée dans l'état dans lequel il l'a trouvée : ouverte. Le prince pénètre dans la pièce et émerveillé, découvre l'étrange architecture de la base...
Base Sintashta. Île d'Ol-Honn. Fin d'après midi.
Esteban et Tao courent depuis un moment dans les couloirs de la forteresse mais n'arrivent pas, malgré leurs efforts, à se repérer et trouver leurs compagnons. En outre, ils entendent ici ou là de nouvelles détonations ne les aidant pas vraiment à avancer sereinement.
« Nous avons pris un mauvais embranchement, déplore Esteban.
- Oui, admet Tao. Cette base a un plan compliqué...Au moins, nous n'avons pas rencontré d'ennemis...Mais je suis inquiet pour Indali, Zia et les autres...
- Moi aussi, dit le Fils du Soleil. Allons par là, ajoute-t-il en désignant du doigt une pièce toute proche. Cela me dit vaguement quelque chose... »
Les jeunes hommes s'y rendent. Arrivés à l'entrée de la salle, ils s'arrêtent.
« Ce n'est pas par là, Esteban, l'informe Tao. Regarde : c'est là où nous avons été assommés...
- Tu es sûr, Tao ?
- Oui, d'ailleurs, ajoute t-il en désignant un clavier sur le côté droit du mur, il y a ici un panneau de commandes. Ca doit sans doute servir à déclencher ou arrêter les rayons lumineux...
- Sais-tu s'ils sont toujours actifs ? demande Esteban. L'autre issue se trouvant dans les flammes, nous devrons tous forcément ressortir par là... »
L'ancien naacal se penche pour mieux observer le dispositif, réfléchit intensément, puis reprend la parole au bout de quelques instants.
« Ce bouton-là n'est pas enfoncé, montre t-il à Esteban, je crois que nous risquons plus rien. Mais rebroussons chemin pour rejoindre Mendoza et les autres...
- Chut ! Lui intime subitement le Fils du Soleil, son index sur la bouche. Attends, Tao, ajoute t-il en murmurant : j'entends du bruit, de l'autre côté... »
A pas de loups, le Dernier des Atlantes et le Prince de Mû traversent la pièce et arrivent au niveau de l'autre porte. Leurs têtes dépassent à peine de l'embrasure que soudain, une voix juvénile s'exclame : « Ils sont là ! Je les vois ! Attrapez-les ! »
« Ivan !!! » s'exclament en choeur les deux amis, horrifiés, voyant le Prince. Celui-ci les montre du doigt à ses hommes qui, heureusement pour les frères de cœur, mettent un temps à réagir. Esteban et Tao, eux, tournent immédiatement les talons et détalent. Le seigneur et ses soldats se mettent à leur poursuite ! Les enfants ont une bonne longueur d'avance mais les moscovites, plus grands, courent plus vite ! La distance les séparant se réduit dangereusement de seconde en seconde ! Très motivé, Tao devance Esteban à la course. Le Fils du Soleil et le Prince de Mû regagnent l'autre extrémité de la salle, Tao la dépassant même, tandis que les soldats s'engouffrent dans celle-ci, Ivan à leur suite. Le Prince arbore un sourire mauvais et prédit : « Esteban ! Tao ! C'est fini ! Vous êtes à moi ! Ahah ! »
« Que fais-tu, Esteban ? s'inquiète Tao, voyant que son frère est resté sur place. Viens, enfin ! »
Mais le Fils du Soleil demeure immobile et il s'assure que leurs ennemis sont tous dans la pièce. Puis sans hésiter, il enfonce le bouton que Tao lui a désigné précédemment et un sourire aux lèvres, répond simplement à Ivan : « Bonne nuit, petit Prince ! » Des rayons jaunes bombardent alors la zone et les moscovites. Tous se prennent la tête entre les mains, suppliant que cela s'arrête puis, l'un après l'autre, ils s'effondrent, inconscients.
« Ahah ! Bien joué, Esteban ! Le félicite Tao. Ivan va dormir un bon moment !
- Pour une fois que ces maudits rayons ne sont pas pour nous ! Ajoute le dernier des atlantes tout sourire....
- Mais, tu sais, ajoute Tao. J'aurai pu me tromper et t'indiquer le mauvais bouton ! » A ces mots, Esteban déglutit, mais il se ressaisit rapidement et se met à sourire.
« Une erreur du meilleur Naacal de tous les temps ? Dit-il d'un air malicieux en s'approchant de son ami et posant son bras droit autour de son cou. Ca n'arrivera jamais ! Mais viens, Tao : allons retrouver les autres... »
Les deux garçons s'enfoncent à nouveau dans les entrailles de la base...
Salle des régulateurs. Base Sintashta. Île d'Ol-Honn. Fin d'après midi.
Grâce à ses bonds prodigieux, Zarès a rapidement atteint le sommet du Bourkhan. Pour arriver très vite en bas du puits, il s'est laissé tomber le long de l'échelle, ralentissant sa chute à intervalles réguliers en attrapant un barreau puis le relâchant. Retenant sa respiration et bien que sa robe noire soit ignifugée, l'alchimiste prend soin d'éviter les flammes qui lèchent les murs ici ou là. Distinguant les deux issues, il s'engage dans la plus proche. Là, l'air devient plus respirable et il en reprend une bonne bouffée avant de poursuivre son trajet. Sa vitesse de déplacement toujours très supérieure à celle d'un homme ordinaire, il atteint bientôt un obstacle : le mur que Zia n'a réussi à lever que très partiellement. Il entend des bruits de combat derrière et voudrait bien se baisser pour observer par l'interstice ce qu'il se passe exactement. Mais, pour une fois, son armure le gêne : son volume rend la chose impossible. Curieux, l'alchimiste ayant en outre horreur que quelque chose se mette sur son chemin, il passe ses deux mains sous le mur et entreprend de le soulever. Sa force hors norme aidant, il y parvient au bout de quelques efforts...
L'alchimiste reste alors interdit, la scène se déroulant sous ses yeux le surprenant au plus haut point : tandis que Sancho, Pedro et une jeune hindoue, qu'il a déjà vu veillent sur Zia, inconsciente et essaient de la ranimer, Mendoza, Athanaos, Gaspard et une inconnue bataillent côte à côte contre d'étranges individus équipés de piques lançant des éclairs. Le combat a l'air rude mais les amis d'Esteban semblent très bien se débrouiller. Plus étonnant, Laguerra se tient, en parfaite santé, à côté des compagnons ! Donato avait pourtant juré à Ambrosius que la bretteuse était morte ! Mais ce n'est pas tout ! L'alchimiste voit arriver Esteban et Tao, munis de piques et renforcer les effectifs des ennemis de Mendoza ! Et cela ne surprend pas outre mesure le navigateur et les autres... Qui plus est, les deux enfants paraissent maîtriser l'art du combat comme de vrais vétérans ! Zarès n'en croit pas ses yeux... Il voudrait pouvoir se pincer pour être sûr de ne pas nager en plein délire...Mais s'il faisait cela en portant son armure, il se ferait probablement très mal...Ces quelques secondes d'hébètement, en tous cas, manquent de lui coûter cher : sa venue n'est pas passée inaperçue de plusieurs des adversaires de la petite troupe à laquelle il est d'ordinaire habitué...Plusieurs guerriers avancent vers lui. Ambrosius reprend donc ses esprits et sa priorité devient de gérer cette menace imminente: il entre à son tour dans le combat !
Mendoza, Laguerra, Athanaos et Gaspard, de leur côté, ne sont pas plus surpris que cela de voir arriver l'alchimiste : ils savaient qu'il les suivait depuis Pattala et se doutent bien que les détonations qu'ils ont entendu sont probablement la cause de sa présence. Kushi n'a pas la chance, si l'on peut dire, de connaître Zarès. Circonspecte, la chasseresse se demande un temps de quel côté il est : le leur ou celui de leurs ennemis. Mais elle voit que les sintashtas l'attaquent également et que Mendoza et les siens ne sont pas spécialement chaleureux avec la silhouette noire. Elle en déduit donc que le nouvel arrivant n'est pas avec eux et qu'il sert donc ses propres intérêts. Sancho, Pedro et Indali reculent, tirant Zia vers eux. La jeune inca n'a pas encore repris conscience.
Entouré de sintashtas, Zarès fait de la place : il écarte ses bras avec force et donne de grands coups d'épaules. Plusieurs ennemis parviennent bien à le toucher de leurs armes à énergie, mais la robe et l'armure de l'alchimiste le protègent. Tout juste recule t-il parfois en raison des impacts, mais à peine. D'une main, il plaque un nouvel assaillant à terre, puis le relève et le projette vers trois autres, les faisant tous quatre chuter. Voyant que les cinq combattants de l'autre groupe forment une ligne de défense efficace, il s'approche d'eux. Cela n'échappe pas à Mendoza et aux siens, qui le surveillent du coin de l'oeil depuis son arrivée. Mais Ambrosius n'en a pas après eux...pas encore, du moins. Sa préoccupation est d'éviter de prendre un mauvais coup, car les ennemis munis de piques sont vraiment nombreux et ont presque réussi à les encercler. Tandis que la bretteuse neutralise avec sa rapière un adversaire et le navigateur un second de son épée, l'impensable se produit : Zarès se place dos à dos avec Mendoza et tous deux combattent ensemble, tels deux frères d'armes !

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Tout en distribuant de formidables coups de poings, de pieds ou de tête, qui à chaque fois mettent hors combat un assaillant, l'alchimiste ne peut s'empêcher de lancer à l'ancienne espionne : « tu es un vrai chat, Laguerra ! Il semblerait bien que tu aies neuf vies... »
Isabella, bien qu'occupée à jouer de sa rapière, entend la remarque de l'alchimiste mais elle ne la comprend pas : son bien-aimé n'a pas eu le temps de lui révéler que Donato pense l'avoir tuée. Mais, comme de toutes façons, la bretteuse n'a cure de ce que Zarès peut dire, elle hausse simplement les épaules.
« Très cher Ambrosius, rit Mendoza tout en parant une attaque, pour une fois, je suis presque content de te voir ! Qu'est-ce qui t'amène dans les parages ? L'ennui ? La frustration ? Le besoin d'air frais pour chasser la puanteur de tes ambitions ? En tous cas, je te remercie pour ton aide, c'est délicat de ta part...
- Ris donc, Mendoza ! Mais ne te fais pas d'illusion ! prévient Zarès de sa voix caverneuse. Je t'ai promis que je ne vous oublierai jamais ! Dès que nous en aurons fini avec ces bonshommes, je tiendrai parole et m'occuperai de vous tous ! Je te garantis que ce ne sont que des amuse-gueule avant mon plat de résistance !»
Mais le navigateur ne se préoccupe pas des menaces de l'alchimiste, d'autant qu'Athanaos ajoute, pour agacer encore davantage son ancien condisciple : « Ambrosius qui nous aide à sauver le monde ! Ca nous change, hein, Mendoza ! Il y a encore du bon en lui, ahahah! »
Ils luttent ainsi encore un instant, groupés, puis Indali voit arriver, derrière les assaillants, un autre Esteban et un autre Tao. Au contraire de leurs sosies, qui heureusement ne les ont pas remarqué, ces deux arrivants ne sont pas armés.
Le Fils du Soleil prend l'une des piques d'énergie qui traînent sur le sol et commence à la tenir fermement. Il regarde Tao, qui ne comprend pas...
« Eh bien, qu'est ce que tu attends, Tao ? Dit-il. Prends-en une !
- Je ne suis pas un guerrier... lui rétorque Tao.
- Moi non plus, confirme Esteban, mais nos amis sont en danger ! Nous devons les aider...»
L'ancien naacal hésite un instant et à contrecoeur, en prend finalement une.
Ambrosius, venant juste d'esquiver une attaque et se déportant légèrement, voit soudain deux Esteban et deux Tao. Stupéfait, il voit les nouveaux venus poser maladroitement leurs piques sur le dos de leurs copies, ce qui suffit, toutefois : elles n'ont pas le temps de réaliser ce qui leur arrive qu'elles s'effondrent, paralysées.
« Zarès !? s'écrie le vrai Tao, en voyant l'alter égo de son ancien mentor...
- Ambrosius ! s'exclame Esteban. Comment nous a-t-il retrouvés ?
- Il a du entendre les explosions, déduit l'ancien naacal. C'est logique en fait qu'il soit là : Ivan était dans le coin. » Très vif d'esprit, le garçon poursuit : « en tous cas, les sintashtas l'attaquent également. Il ne nous fera donc rien pour le moment. »
Profitant de la confusion régnant en raison du combat, les deux jeunes hommes se font passer pour les deux sintashtas. Pichu, volant autour des ennemis, fait mine de les agresser. Sa diversion permet au Fils du Soleil et à l'ancien naacal de les contourner. Ils rejoignent leur groupe, qui les laisse passer et reforme immédiatement une ligne devant eux pour les protéger. Esteban se presse aux côtés de Zia. Indali le rassure : la jeune fille respire et est dans un état stable. Le Fils du Soleil demande à Pedro de porter sa bien-aimée. Le loup de mer opine du chef. « Nous devons fuir, dit Esteban à Isabella, qui est plus proche de lui. Le passage par la grotte est dégagé : Ivan et ses hommes sont là-bas et hors course pour le moment. Mais s'ils reviennent à eux, nous serons perdus... »
Laguerra acquiesce et relaie la consigne aux autres. Les compagnons entament alors un mouvement de repli, donnant encore quelques attaques pour forcer leurs adversaires à reculer, puis ils se retournent et commencent à courir, laissant l'ensemble des ennemis restants encercler Zarès et les remettant à ses bons soins...
« Mendozaaa ! » hurle l'alchimiste, en apparence submergé sous les adversaires et une nouvelle fois frustré de sa vengeance... « Je vous retrouverai, où que vous alliez ! » s'égosille t-il, en vain.
Base Sintashta. Île d'Ol-Honn. Fin d'après midi.
Dans le poste de commande, l'agitation règne...Les recombinés de Zia et Mendoza se tiennent à côté de Yesubaha.
Un garde arrive au niveau de la vieille femme : « Matrone, dit-il. On vient de me signaler que nos troupes ont essuyé de lourdes pertes. Les intrus savent se défendre et ont reçu un renfort inattendu : un homme avec une force et une résistance tout simplement colossales...Nos armes ne lui font rien ! Entre ses attaques et celles des autres combattants, les notres sont dépassés.
- En outre, Matrone, indique un savant, nous n'allons pas pouvoir contenir beaucoup plus longtemps les effets de la surcharge...Tout risque d'être hors service sous peu. Nos installations sont compromises...si nous voulons partir, il ne faut pas tarder...
- Bande d'incapables ! Maudit-elle ses soldats...Soit ! Nos ennemis ont gagné la partie, pour le moment, soupire l'aînée, posant de lassitude ses mains sur un pupitre de commandes. Replions-nous à la Cité d'Or : rassemblez les hommes restants puis déclenchez la procédure de séparation. Mais débarrassons-nous aussi des importuns : une fois que nous serons dans le véhicule, activez l'autodestruction ...
- Bien, Matrone. » Les sintashtas présents relaient ses ordres...
Base Sintashta. Île d'Ol-Honn. Soirée.
Les compagnons désactivent les rayons de la salle qu'ils commencent à bien connaître... Zia vient juste de reprendre connaissance. Bien qu'encore faible, elle est capable de marcher.
« Tu vas mieux ? » s'inquiète le Fils du Soleil. Tao et Indali s'approchent également de la jeune fille.
« Oui, Esteban, répond la jeune fille de sa douce voix, puis l'embrassant sur la joue. J'ai encore mal à la tête, mais ça va passer... »
Elle voit Ivan ainsi qu'une bonne vingtaine de ses soldats, sur le sol, encore inconscients.
« C'est vous qui avez fait cela ? Demande t-elle. Esteban et Tao acquiescent, souriants.
« Bravo ! les félicite Laguerra, c'est bien joué !»
Ils traversent à nouveau le pont. Le vertige reprend le Fils du Soleil, mais en fixant son attention sur l'autre bord, il avance. C'est alors que des explosions retentissent, causant des vibrations et manquant de projeter les amis hors de la structure ! Heureusement, grâce à leurs réflexes, ils parviennent à se rattraper à temps. Gaspard rattrape Laguerra et Mendoza, Kushi.
« Par ici, Señorita ! dit simplement l'ancien ennemi du navigateur. Une fois relevés, ils reprennent leur course. Arrivés à la sortie de la grotte, ils remarquent que la nuit est déjà tombée. L'air est également froid et de petits nuages sortent de leurs bouches. Mais ils ne sont pas seuls : d'autres soldats du Prince sont là, qui viennent tout juste d'allumer un feu pour se réchauffer.
« Halte-là, leur ordonne l'un des moscovites, tandis que lui et les autres dégainent leurs sabres. Rendez-vous !
- Votre Prince et vos frères d'armes sont à l'intérieur et en danger, lui répond Isabella sans se démonter, le pouce de sa main droite levé et désignant la grotte située derrière elle. Vous avez le choix : nous arrêter et les laisser mourir, ou bien les aider tant que c'est possible. Vous aurez probablement une promotion ou une récompense... A vous de voir... »
N'ayant pas de supérieur hiérarchique pour leur dicter leur conduite, les
streltsy se concertent un instant, hésitants. Finalement, ils décident de porter assistance aux leurs, se ruant dans la cavité. Le champ libre, Esteban et les siens s'approchent du feu, prennent chacun une buchette pour s'en servir de torche et s'éclairer, puis courent en direction de l'embarcation conçue par Tao, située loin de là. A la lisière de la forêt, les amis se retournent et jettent un dernier regard au Rocher du Bourkhan. Ils s'arrêtent même un instant, voyant un spectacle stupéfiant : des plaques d'orichalque surgissent l'une après l'autre des profondeurs du lac, brisant sans problème la couche de glace et séparant les eaux. Très vite, ces dalles créent une large ligne sur toute la distance séparant le rocher et l'île des terres situées au nord. Un morceau de la masse rocheuse s'ouvre, à la manière d'une porte colossale, révélant une sorte d'immense carapace métallique, couvrant toute la largeur du passage, longue de plus de vingt mètres et haute de plusieurs. Cette structure est montée sur une sorte de dispositif mécanique articulé, lui même tendu sur une série de roues. L'engin commence à se déplacer.
«C'est fantastique ! dit l'ancien naacal, les yeux écarquillés. On dirait une maison qui bouge...Byzas avait indiqué que la base était capable de se mouvoir en voici l'explication !
- Ouais, Tao. Mais ce qui est moins génial, tempère Esteban, c'est que des sintashtas sont sûrement à bord...Même si nous en savons plus à leur sujet, qui sait ce qu'ils préparent encore ?
- Et nous ignorons, où ils se rendent, déplore la jeune inca.
- Pas tout à fait, Zia, lui indique le Fils du Soleil, affichant un large sourire et lui prenant doucement la main. J'en ai une idée : plus tôt, quand ils nous ont emmenés, Laguerra, Tao et moi et que nous avons tenté de nous enfuir, j'ai pu apercevoir une carte... Elle indiquait un emplacement au nord-est d'ici, le long d'une côte...C'est sûrement l'endroit où se trouve la Cité d'Or !
- Encore plus au nord ?? Râle Pedro. Mais il va y faire encore plus froid qu'ici !!
- On va finir con.con.concon..congelés ! » ajoute Sancho.
Tandis qu'ils restent là, l'immense véhicule continue de se déplacer, d'abord lentement puis il accélère, atteignant une bonne vitesse. Une fois qu'il a atteint l'autre rive, les plaques d'orichalque retombent une à une au fond du lac. L'engin s'éloigne du Bourkhan, abattant sans difficulté les arbres se trouvant sur sa route. Dans la base sintashta, les explosions se multiplient : les compagnons entendent les détonations. Sortant de sa contemplation, Esteban voit que Mendoza examine les étoiles et en déduit la direction à suivre. Le navigateur prend la tête du groupe. Le Dernier des Atlantes et les siens reprennent leur course...
Base Sintashta. Île d'Ol-Honn. Soirée.
Au même moment, Zarès, qui a vu les derniers sintashtas en état se replier et détaler, s'approche de la copie d'Esteban, toujours face contre terre et il la retourne sur le dos.
« La ressemblance est étonnante » se dit-il. Il s'empare du médaillon du sosie. « Sa surface est bien en orichalque, pense-t-il, mais l'objet est trop léger... ». En grattant, il voit que le reste de l'objet n'est composé que de toc et le broie de sa main. L'alchimiste aimerait savoir d'où sort ce deuxième Esteban, mais il y a plus urgent que résoudre ce mystère : des explosions retentissent et des pans de murs s'écroulent, rendant impraticable le chemin par lequel il est venu. Il se met en quête de l'autre sortie, courant aussi vite que possible. A plusieurs reprises, des pierres, poutres ou morceaux de métal lui tombent dessus. Il est aussi régulièrement projeté contre un mur en raison du souffle d'une explosion. A chaque fois, il ne doit sa survie qu'à son armure, la résistance et les réflexes qu'elle lui procure. Mais elle n'est pas indestructible et l'armature droite a souffert : Zarès commence même à boiter. Au bout d'un moment qui lui semble une éternité, il parvient à sortir par la grotte...Fatigué, frustré, énervé, l'alchimiste voit Ivan et ses troupes, inactifs. Le Prince, qui a repris ses esprits, lui explique que le groupe a réussi à s'enfuir.
« Eh bien, qu'attendez-vous ? Demande l'homme en noir à l'assemblée, sans prendre de gants. Recherchez-les ! Ils sont peut-être encore près d'ici...Il faut également fouiller cette base. Il y a sûrement des informations intéressantes à récolter...»
Ivan n'apprécie pas qu'on lui parle sur ce ton, encore moins en oubliant son titre... Il fronce les sourcils. Mais son désir de se venger du groupe d'amis l'emporte sur sa susceptibilité...
« Alekseï ! Hurle-t-il à l'officier. Exécution ! Traquez-les et envoyez aussi des hommes inspecter ce rocher. »
« Non, Prince... répond le capitaine, provoquant à la fois la stupeur du seigneur et la surprise de l'alchimiste : cela va trop loin... Capturer ces enfants me paraissait chose facile au début. Il est désormais évident que ce ne sera pas le cas. Nous sommes en outre en territoire inconnu. Il fait nuit, nous n'y voyons pas. Il règne également un froid glacial et nous n'avons pas les protections adaptées. En outre, moi ainsi que plusieurs de mes hommes les plus aguerris avons été assommés d'un simple coup d'une arme dont nous ignorons tout ! Et tout cela pour quoi ? Obéir en fait aux désidératas de cet homme, il désigne Zarès, dont nous ne savons rien non plus. Si nous poursuivons dans cette voie, nous courons probablement à notre perte ! Ces enfants ne valent pas que je risque de perdre les bons soldats dont j'ai la charge. Nous devrions rentrer chez nous...
-C'est un ordre ! Rugit Ivan, rouge de colère. Obéissez-moi, ou je nomme un autre capitaine ! » Voyant le refus d'Alekseï, il s'adresse à l'assemblée : « qui parmi vous veut une promotion ? Elle lui sera accordée ! »
Mais un grand silence règne, les subordonnés de l'officier regardant leurs pieds, étant en fait las des caprices du Prince et d'accord avec leur chef.
« Vous êtes tous des traîtres ! S'exclame le seigneur. Comment osez-vous !
- Nous allons revenir à Moskov, reprend le capitaine. A pieds, s'il le faut... Altesse, vous nous ferez juger par la Régente et peut être qu'elle nous exécutera, mais je suis plutôt d'avis qu'elle sera d'accord avec nous...
- Zarès, faites quelque chose ! implore Ivan se tournant vers son allié.
- Désolé, Altesse, déclare Ambrosius. Si vous n'êtes pas capable de tenir vos troupes et que celles-ci ne servent plus mes intérêts, alors vous ne m'êtes plus d'aucune utilité... Notre collaboration prend fin ici même...Je me débrouillerai seul...Je commence à en avoir l'habitude...
- Vous êtes un traître, vous aussi ! Gronde Ivan. Soldats, tuez-le ! A défaut d'Esteban, Zia, Tao et Indali, nous nous emparerons au moins de cette machine ! Pour la Moscovie ! »
Mais l'alchimiste n'est nullement inquiet de la menace, voyant bien que les hommes du Prince sont peu pressés de l'attaquer. Bien qu'affaibli, l'homme en noir est toujours de stature impressionnante et les soldats n'ont pas oublié ce dont il est capable... Ambrosius leur tourne simplement le dos à tous, les ignorant et remonte péniblement à bord de la machine dont il verrouille tout de même la porte, au cas où.
« Le voyage de retour sera long, Prince, reprend le capitaine. Plusieurs semaines au moins. Mais nous reviendrons peut-être ici plus tard, dans quelques mois, avec une vraie armée... » C'est un mensonge, bien sûr, mais le Prince n'y voit que du feu car ces derniers mots lui redonnent un peu d'espoir. Bien que toujours très déçu et extrêmement contrarié, il n'a d'autre choix que d'accepter...
« Quand je serai grand, bougonne-t-il, ils me paieront tous ça ! Je règnerai sur ces terres !»
Les soldats s'installent près du feu pour la nuit, décidés à partir aux premières lueurs du jour...
Campement des évenques. Près du Lac Lamou. Aube.
Après de longues heures passées en pleine nuit à marche forcée, pour distancer d'éventuels poursuivants, Esteban et les siens, fatigués et puisant dans leurs réserves, ont regagné l'embarcation avec laquelle ils étaient venus sur l'île. Mendoza les guidant toujours grâce aux étoiles, ils retraversent le lac gelé et arrivent finalement au campement des évenques. Leur apparition interpelle les membres du clan, qui s'attroupent autour d'eux. Kushi va a la rencontre de son chaman et de son Zaïssan.
«Temujin, Chef Hulagu... J'ai décidé de suivre Esteban et les siens... leur annonce t-elle. J'ai beaucoup appris grâce à eux : je sais maintenant que la sorcière était une usurpatrice. Sa magie était le fruit de connaissances qui nous sont inconnues, mais non surnaturelles. Cette femme s'est jouée de nos croyances, depuis fort longtemps... Le Bourkhan lui servait de repaire ainsi qu'à des individus hostiles, avec de noirs desseins...Ils n'y sont plus désormais. Je crois que le clan ne risque rien. Mais j'avoue être troublée par ces révélations... Le monde est plus complexe que je ne le croyais...Je souhaite l'explorer davantage...
- Nous te regretterons, Première Chasseresse, confesse Hulagu. Mais c'est ton choix et tu es libre, comme chaque membre de notre clan...
- Pour être honnête avec vous, il y a aussi une autre raison à mon départ, ajoute-t-elle en tournant la tête vers Gaspard, qui soudain est un peu gêné...
- Je vois, répond simplement le chaman en regardant l'homme puis reportant son attention sur elle. Tu suis les élans de ton cœur, il n'y a rien de plus normal. Tu n'as pas à te le reprocher...
- Merci, Temujin. Pour terminer, je suis consciente de l'importance de la mission que mes nouveaux amis accomplissent. Je crois pouvoir les aider. Mais je penserai à vous tous, répond Kushi à l'assemblée. Je ne vous oublierai pas... » Les membres du clan viennent la saluer ainsi que les compagnons.
« Que les Esprits t'accompagnent, Kushi, implore le vieil homme. Toi et votre groupe » termine-t-il en direction de Zia, Esteban et Tao, qui s'inclinent en retour.
« Au revoir ! Au revoir ! » babille Pichu.
Une fois les civilités achevées, les amis reviennent près du Grand Condor. Ils déterrent le coffre aux artefacts et le chargent à bord puis décollent, en direction du nord-est...
Fin du chapitre
Nos héros atteindront-il la huitième Cité d'Or ? Zarès retrouvera-t-il leur trace ?
Vous le saurez en lisant le prochain chapitre des Mystérieuses Cités d'Or !
Documentaire
Le personnage de Yesubaha est un peu inspiré de la légendaire Baba Yaga, sorcière effrayante apparaissant dans les contes russes. Selon les récits, elle a différentes facettes, plusieurs aspects. Elle peut être divinité, gardienne du royaume des morts, combattante...Dans les histoires, elle mêne la vie dure aux héros. Les récits imaginaires indiquent que Baba Yaga habite une maison, une isba, capable de se déplacer car montée sur des pattes de poulet !
Ivan Bilibin, Public domain, via Wikimedia Commons

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Ivan Bilibin, Public domain, via Wikimedia Commons
https://fr.wikipedia.org/wiki/Baba_Yaga
Le Scoop de Pichu
« Ivan s'en va ! Babille Pichu, content.
- Oui, dit la voix off, c'est la fin de l'histoire le concernant. Mais, une fois plus grand, il tiendra parole...Nommé Tsar en 1547, à l'âge de dix-sept ans, il dirigera la Moscovie, puis mènera des attaques contre les suédois, les polonais et les Tatars. Après 1552, son royaume atteindra aussi la sibérie...C'était un dirigeant violent et cruel. Certaines personnes ne changent pas...
- Bon débarras ! » termine le perroquet.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_le_Terrible
Au revoir...a bientôt !
Chapitre suivant : Au Bout du Monde
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