Bon, mea culpa, j'ai vrillé le fil de discussion sur la saison 4 avec ma remarque sur Zia. Je répare ma bêtise en exportant les messages sur le fil ad hoc.
A titre personnel, je peux apporter ma pierre à l'édifice.
Il n'y a pas lieu de juger le comportement de Zia ("malsain" ou pas). L'image de Zia "version saison 1", Ô petits jeunes qui n'avez pas étés jeunes (filles) dans les années 80, est une
banalité.
Zia avait le comportement attendu d'une "petite fille modèle". A l'époque, un "enfant sage" ne faisait pas parler de lui, s'occupait seul, et ne "dérangeait" pas les adultes. Les choses ont heureusement changé depuis, Françoise Dolto et les pédopsychiatres sont passés par là.
Bref, Zia concentre tous les attendus, voire les clichés, de la petite fille bien élevée de la bonne société, au point d'embrasser même les codes de BCBG: pudique, silencieuse, soigneuse, réservée, polie, prenant sur elle, travailleuse, attentive aux autres, mais en même temps ayant suffisamment de ressources personnelles pour se suffire à elle même.
Un symbole s'il en est: ses vêtements. Elle portait les fameuses "chaussettes de la discorde". J.-L François les avait retirées, ce qui avait créé un mécontentement de plus. Vous ne vous en rendez pas compte mais à l'époque (et même maintenant en flânant un peu dans les rues des quartiers huppés ou catho conservateur ), la bonne bourgeoisie Jacadi/Cyrillus habillait les filles en soquettes hautes et jupe/kilts/robe pile au dessous du genou. Exactement comme elle.
Nonoko pourra préciser, mais je soupçonne que tout ceci était également la norme dans la société conformiste japonaise.
J'en viens à son rôle:
n'oubliez pas que ce sont les japonais qui ont créé les personnages. J'ai beau adorer la civilisation japonaise, elle n'en reste pas moins une société patriarcale qui renvoie les filles à leurs foyers et leurs familles.
Les productions pour la jeunesse valorisaient naturellement les garçons. L'animé, n'échappait pas au problème: tout en étant débrouillardes, les filles n'évitaient pas le rôle de "princesse à sauver". Regardez
Capitaine Flam (Johan)
Goldorak (Vénusia, surtout dans la saison 1),
Candy (un peu trop souvent la victime),
Nadia etc... Quand j'y songe, le modèle le plus libéré qu'offraient les animes de l'époque, c'était Princesse dans
Gatchaman (
la Bataille des planètes), où une jeune fille de 16 ans gère un bar/boîte de nuit en y exerçant à l'occasion ses talents Gogo danseuse ....jusqu'à ce que le méchant la capture et qu'elle se fasse secourir par le capitaine de l'équipe). Seule
Nausicaa parvient à s'affranchir de ce modèle.
Maintenant, il est aussi possible d'expliquer son attitude par le scénario lui même, (et c'est bien là ce qui pêche avec le concept de suite).
Zia est également ainsi car elle n'a pas été épargnée par l'existence: arrachée à son pays après l'avoir vu détruire, se faire exiler comme "curiosité zoologique" et livrée comme passe temps dans un pays dont elle ne connait ni la langue ni la culture, dépositaire de secrets anciens et hautement sensible (la lecture des quipus), elle a toute ses raisons d'être exceptionnellement mature pour son âge.
Contrairement aux garçons, elle a déjà presque fini son passage à l'âge adulte au début de l'animé. Elle n'a donc pas grand chose à prouver si ce n'est sa force morale, son courage devant la torture et sa débrouillardise en cas de danger. Ce qui est fait dès la fin du Solaris. Il n'y a donc plus rien à montrer de significatif sur elle en dehors de trouver l'amour. Ce qui n'est pas du tout le propos de l'animé, surtout pour une enfant de 11 ans).
Il ne lui reste donc que le rôle de princesse à sauver.
En conclusion?
Hé bien il n'est pas facile pour BS de reprendre de tels personnages!
Tous ceux qui sont traités dans la série d'origine sont tous arrivés à la fin d'un parcours initiatique qui les a fait grandir, verrouillant de ce fait toute évolution vraiment intéressante en dehors des relations amoureuses.
- Zia a démontré sa valeur et sa force morale
- Esteban a grandi en courage, sagesse et s'est ouvert aux autres (il pensait surtout à lui au départ)
- Tao a pris conscience de l'enjeu et du danger de l'héritage de ses ancêtres.
- Les marins ont appris à maîtriser leur soif de richesse et à trouver des enjeux plus importants.
Bref, en dehors de la relation amoureuse de Mendodo-Laguerra,
les suites BS n'ont pas pu trouver de prolongement naturel à leurs parcours. Ils ont été obligés de les faire régresser (Tao, Esteban et SanchoPedro) ,
ou bien de changer leur rôle, car il aurait été impensable de faire "régresser" . C'est ce qui est arrivé pour Zia