Une vie au-delà des codes

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IsaGuerra
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Re: Une vie au-delà des codes

Message par IsaGuerra »

Voilà enfin le moment temps attendu du mariage Mendoguerra !
Bonne lecture

~~~~~~
Le grand jour

13 octobre 1534, Vilanova i la Geltrú

La lune éclairait déjà le ciel depuis deux bonnes heures quand Isabella se força à rejoindre son lit. Bien qu'elle sache que la journée à venir serait éreintante, la catalane ne parvenait pas à trouver le sommeil tant elle angoissait... La boule au ventre, Isabella se recroquevilla sous sa couverture : Depuis que Juan l'avait quitté en début de soirée, cette sensation de malaise ne faisait que s'accroître. La bretteuse avait d'abord supposé qu'il ne s'agissait que de stress mêlé à l'excitation et s'était allongée en regardant cette longue robe blanche qui attendait son heure.
Malheureusement, dès qu'elle eut fermé les yeux, de vieilles images la frappèrent. Incapable de calmer ces assauts de souvenirs, Isabella avait quitté son lit pour s'installer à la fenêtre. Assise sur cette banquette où son défunt père lui avait conté mille et une histoires lorsqu'elle n'était qu'une enfant, la catalane observa le ciel parsemé d'étoiles comme si elle cherchait un remède à ses maux.
La nuit était incroyablement calme, seul le vent engendrait un léger sifflement lorsqu'il se faufilait entre les maisons. Aucune lumière n'apparaissait à travers les fenêtres contrairement aux nuits précédentes, chaque villageois semblait dormir du sommeil du juste, des heures de repos bien méritées. Tout ce calme aurait pu faire croire à un village fantôme.
Isabella se savait épuisée par la semaine qui venait de passer pourtant ses vieux souvenirs prenaient un malin plaisir à la tourmenter. Elle resserra son petit châle sur ses épaules et fixa le ciel.

« Vas-tu donc me laisser tranquille, Adrian de Aguilar ? »

Ce nom vint nouer la gorge de la catalane tout autant qu'il asséna de violents coups dans la poitrine. La douleur eut raison d'elle et déclencha une crise de larmes silencieuse incontrôlable.

Sous sa couverture, la jeune femme avait cessé de pleurer non pas parce qu'elle ne souffrait plus mais parce qu'elle ne pouvait se permettre d'avoir des yeux rouges et bouffis.
Isabella tenta de chasser le vicomte de son esprit du mieux qu'elle le put en s'imaginant dans les bras de Mendoza ; Il n'était pas présent dans la pièce pourtant, la jeune femme se sentit envahie par une légère vague de chaleur. Elle put alors se détendre et rejoindre Morphée...

L'adolescente parcourait les couloirs du manoir à la recherche de son fiancé. Bien qu'elle ait accepté les faits depuis de longs mois, Isabella peinait à s'habituer à cette nouvelle vie en ville. Ce n'était pas tant l'apprentissage de l'étiquette qui la dérangeait mais plutôt le fait de devoir porter de longues robes comme toute fille de bonne famille : L'adolescente ne sentait vraiment pas à l'aise de ces vêtements toujours trop serrés et lourd. Le plus insupportable était, évidemment, le corset que son habilleuse laçait bien trop fort : Impossible pour la fille de la campagne qu'elle était de comprendre comment les femmes parvenaient à supporter une telle entrave.
Isabella s'arrêta devant un miroir : Elle avait du mal à se reconnaître. Tout cela était tellement superficiel : Pourquoi prêter autant d'attention au paraître ? C'était ahurissant.
Le seul avantage qu'elle tirait de cette nouvelle vie venait du puits de culture dont elle pouvait jouir grâce à la bibliothèque du Vicomte. L'adolescente s'était juré de devenir une érudite à l'instar de son père et de faire ses preuves lors de sa prochaine visite même si elle était consciente que cela ne changerait en rien son futur. Non, désormais son destin se trouvait entre ses murs : Elle avait fait la promesse à son père de se tenir tranquille et deviendrait une épouse modèle. Bien que cette idée lui déplaise fortement...
Isabella pinça une mèche rebelle et la fixa le long de son crâne à l'aide d'une petite pince lorsqu'elle aperçut, du coin de l'œil, une silhouette s'approcher : C'était lui, son futur époux, Adrian de Aguilar.
Adrian était plutôt grand et fin pour autant, il n'en restait pas moins quelqu'un de redoutable au combat. Le châtain de ses cheveux faisait ressortir le clair de sa peau. Sa carnation était si claire qu'on aurait pu croire à un vampire. Cette teinte n'était que le premier élément qui le faisait paraître comme tel. C'était un homme froid et arrogant ; Depuis que leurs fiançailles avaient été officialisées, le jeune vicomte ne montrait aucune sympathie envers l'adolescente. Pire, il la méprisait. Comment son père avait-il pu avoir cette idée saugrenue de le marier à une vulgaire roturière ? Adrian enrageait, d'accord cette gamine était plutôt mignonne néanmoins elle ne méritait pas un homme de sa classe.
Cela avait pris du temps mais le jeune maître avait élaboré un plan solide pour se débarrasser de cette demoiselle indésirable. Chaque détail étant désormais réglé à la seconde prêt, Adrian n'avait plus qu'à mettre tout ça en application. Facile, se dit-il : Cette gamine acceptait tout ce qu'il pouvait lui proposer avec un sourire.
Le jeune vicomte s'approcha d'Isabella et la salua avant de lui proposer une balade à cheval. Cette dernière fut hésitante au début mais accepta volontiers : C'était une occasion inespérée de quitter le manoir et de découvrir les alentours.

Quelque temps plus tard, les futurs époux avançaient dans la campagne : Adrian devançait la campagnarde, se moquant intérieurement d'elle et de sa façon de monter. Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et fut surpris de la voir si proche de lui, souriant sincèrement comme elle ne l'avait jamais fait depuis son entrée au domaine.
La fille du docteur appréciait plus que tout cette sortie bien que son fiancé soit à ses côtés. Depuis que le duo avait quitté la ville, l'adolescente avait l'impression d'être rentrée à Vilanova. Rien n'aurait pu la rendre plus heureuse puisque sa véritable maison lui manquait : Que devenaient Miguel et Ana ? Ce dernier tenait-il sa promesse ? Elle chassa très vite une larme sur sa joue, il n'était pas question que le futur vicomte la voit pleurer.

« Est-ce que tu aimes cette balade ? »

La catalane sursauta presque : Adrian ne lui avait pas adressé la parole depuis cette fameuse proposition et maintenant il lui demandait si elle appréciait cette promenade.
Elle bafouilla presque en lui répondant.

« Moi ? Oui bien sûr. Cela me rappelle celles que je faisais avec Miguel, le disciple de mon père.
- Je vois. Maintenant, que dirais-tu de mettre à l'épreuve tes talents de cavalière ? Que nous voyons si tu as un niveau décent pour ma famille. »

Il avait dit ça avec un tel sarcasme. Isabella se sentit plus qu'offensée néanmoins elle accepta sans sourciller bien que ce ne soit pas des plus raisonnables. Cependant, l'adolescente se devait de prouver à ce malappris que les meilleurs cavaliers n'étaient pas forcément issus des familles nobles.
Les deux jeunes stoppèrent leurs montures et Aguilar proposa une course de leur positionnement actuel jusqu'à l'entrée du domaine familial. Isabella acquiesça sans hésiter.
Au top du vicomte : Ils s'élancèrent, amenant les chevaux au galop sans aucune restriction. Isabella parvint à prendre la tête très rapidement et jeta brièvement un regard derrière elle : Adrian traînait la patte. Cela la fit sourire et intensifia sa joie. Loin de tous les regards, la fille du docteur pouvait être elle-même sans avoir à se soucier du regard de qui que ce soit. Combien même elle gagnerait cette course cela ne resterait qu'entre elle et son fiancé. Après tout, il ne fallait pas froisser l'ego du jeune noble.
Arrivant au petit bois, Isabella préféra ralentir passant du galop au trot. Un étrange pressentiment l'assaillit, elle ne se sentait plus en sécurité. Et en un instant, elle vit le piège qui lui était tendu mais ne put rien faire ! Sa monture trébucha, propulsant la cavalière plusieurs mètres en avant. Cette dernière eut tout juste le temps de protéger sa tête avant de heurter le sol.
Isabella mit à peine quelques secondes avant de réaliser ce qu'il venait de lui arriver, elle tenta de se relever cependant une vive douleur à la jambe l'en empêcha. L'adolescente y dirigea lentement ses yeux et étouffa un cri lorsqu'elle vit le sang émanant de la plaie béante qui trônait juste au-dessous de son genou. Des larmes commencèrent à brouiller sa vision, Isabella releva la tête et chercha Aguilar : Elle devait le prévenir, à la fois pour sa jambe mais également qu'on leur avait tendu une embuscade.
La catalane eut tout juste le temps de l'apercevoir, pied à terre à une dizaine de mètres d'elle, quand elle entendit deux voix s'approcher. Deux hommes sortirent des fougères : Ils étaient crasseux, vêtus de vêtements simples et possédaient des lames passablement émoussées. L'un d'eux avait le crâne rasé et une dent en or, sans doute le chef du duo. L'autre arborait des cheveux bouclés dont le gras luisait, il était plus grand et plus fin. Les deux hommes se rapprochèrent de l'adolescente qui se mit à hurler. Elle espérait qu'Adrian viendrait la sauver seulement, il n'en fit rien. Isabella n'en crut pas ses yeux lorsqu'elle vit le futur vicomte remonter à cheval et se détourner du chemin.
Pourquoi ne venait-il pas l'aider ? Bien sûr, elle savait qu'il ne l'aimait pas mais elle ne pensait pas qu'il resterait indifférent dans ce genre de situation.

« Adrian !! Je vous en supplie ! Ne m'abandonnez pas ici ! »

Il était déjà trop tard, Aguilar fuyait ! Elle n'avait déjà pas beaucoup d'estime pour lui avant ça, désormais elle n'en avait plus aucune. Ce jeune freluquet n'était pas un homme mais un lâche.
Isabella se mit à pleurer de plus belle. Dans une tentative désespérée d'échapper à ses ravisseurs, la jeune fille recula sur ses avant-bras tout en luttant contre la douleur. Elle sentait son cœur battre si fort qu'elle crut qu'il allait sortir de sa poitrine.
L'homme au crâne rasé s'approcha et lui assena un coup à la tête. Isabella s'écroula au sol, son regard se perdit dans le vide ; La dernière chose qu'elle vit fut sa pauvre monture agonisante elle aussi.
Puis elle ferma les yeux. La catalane sentit son corps se soulever et une nouvelle décharge la frappa. Finalement, l'adolescente ne se marierait pas, s'en était presque un soulagement... Elle n'aurait plus besoin de faire semblant, de se mentir à elle-même.
Soudain, le visage de son père lui apparut, elle ne le verrait plus jamais... Isabella pria silencieusement pour survivre, elle ne voulait pas mourir... Pas maintenant, pas avant d'avoir pu faire payer ce lâche d'Adrian de Aguilar.

Isabella ouvrit les yeux... Le ciel s'éclaircissait à peine, elle était presque soulagée de se réveiller. Certes, la jeune femme était encore fatiguée de cette semaine de préparatifs malgré tout ce cauchemar était terminé.
Elle se redressa. Assise dans son lit, elle passa sa main sur sa jambe, plus particulièrement sur cette longue cicatrice qui lui rappelait sa décision de ne plus jamais attendre quoi que ce soit d'un homme ni même de tomber amoureuse.
Isabella esquissa un sourire léger : Depuis sa rencontre avec son marin, elle avait été incapable de respecter sa propre parole. La catalane s'était retrouvée encore une fois piégée pourtant, cette fois-ci, elle appréciait cette situation.
La fille du docteur s'approcha de sa robe, le grand jour était enfin arrivé. Dans quelques heures, elle serait face à un homme qui la comprend et qui ne l'a jamais abandonnée depuis leur rencontre. Un homme droit, ne faisant preuve d'aucune lâcheté, comme elle avait pu le prétendre.
Isabella se vêtit rapidement et se couvrit de sa cape. Comme lorsqu'elle était enfant, elle se faufila hors de la demeure sans un bruit.
A l'aide d'une lampe élaborée par les disciples de Léonard de Vinci, la future mariée s'éclipsa du village.

Le soleil était maintenant levé, Zia et Indali se tenait devant l'entrée de la bâtisse. L'inca frappa et la porte s'ouvrit presque immédiatement sur une grande femme aux cheveux blonds.

« Bonjour Ana, comment allez-vous ?
- Fort bien merci. Et vous deux mesdemoiselles ? Êtes-vous prêtes ?
- Autant que l'on puisse l'être ! »

Ana fit entrer les adolescentes et leur proposa de patienter encore un peu avant de se rendre à l'étage pour réveiller la mariée.
Indali, qui ne connaissait pas toutes ces coutumes, posa encore une fois de nombreuses questions sur le déroulement de la journée. La propriétaire des lieux fut ravie de lui répondre : Cela commencerait par aider la mariée à se préparer, à enfiler sa robe, la coiffer. Bien sûr, Ana précisa que l'apparence comptait beaucoup en ce jour spécial, mais chacune d'entre elles devrait s'assurer de calmer le stress ressenti par Isabella bien que cette dernière affirmerait le contraire. Ensuite, il y aurait la cérémonie à l'église, chose qui pourrait, sans aucun doute, paraître très long pour l'indienne.
Zia écoutait d'une oreille distraite : Ayant séjourné contre son gré au palais de Barcelone, elle connaissait par cœur chaque us et coutumes des chrétiens lorsqu'il s'agissait d'unir deux âmes. L'inca profita du moment pour observer la maison qui avait vu naître et grandir la bretteuse : L'endroit semblait d'abord très froid puis se réchauffait dès lors que l'on prêtait attention à de petits détails, tout cela en prenant en compte que la maison appartenait désormais aux Perez.
L'horloge murale annonça alors huit heures, le coucou se mit à chanter et Ana, sourire aux lèvres, se leva de table et s'adressa à Zia et Indali.

« Bien. Jeunes filles, il est temps de se mettre au travail. Nous avons deux heures avant le début de la messe pour exceller dans la tâche qui nous a été confiée. »

Ana prenait son rôle de témoin très à cœur. Elle ferait tout pour que ce jour soit le plus merveilleux possible dans la vie de cette enfant qu'elle a vu naître. L'espagnole confia un plateau garni de fruits secs, de petits gâteaux et d'un grand verre de jus de pomme à Zia et les invita à la suivre.
Les trois demoiselles montèrent les escaliers qui grincèrent sous leurs pieds. A l'étage, elles se dirigèrent vers la porte la plus reculée sur leur gauche.
Ana donna trois petits coups sur la porte et l'ouvrit tout doucement au début puis termina son action avec un grand geste.
Intriguées, les adolescentes à sa suite échangèrent un regard. Zia posa le plateau au sol et entra dans la chambre. Elle comprit aussitôt la réaction de la blonde et fut tout autant confuse.
Le lit était vide et Isabella n'était pas dans la pièce.

« Ça... Ça, c'est une première dans ce village. La mariée qui disparaît.
- Et ça ne vous inquiète pas plus que ça ?
- Pas du tout. Je connais suffisamment Isabella : Elle a toujours la fâcheuse tendance à s'éclipser au mauvais moment.
- Mais... Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Pourquoi serait-elle partie un jour aussi important pour elle ? Ça n'a pas de sens... »

Ana, mains sur les hanches, effaça son sourire en voyant l'inquiétude sur le visage des filles. Bien sûr qu'elle s'inquiétait pour son amie mais les petites face à elle semblaient déjà imaginer le pire des scénarios. L'imagination enfantine...
La sage-femme s'approcha d'elles et se mit à leur niveau. La fille du docteur lui avait parlé des mésaventures vécues depuis plusieurs mois par conséquent Ana savait ce qui pouvait bien passer par la tête des deux enfants. Elle sut utiliser les bons mots pour les rassurer.
En se redressant, l'espagnole remarqua le porte-manteau et comprit une partie de l'histoire. D'un petit geste, elle le montra à Zia et Indali et expliqua simplement que la mariée avait dû s'absenter avant le lever du soleil pour s'aérer l'esprit. Une façon simple de lutter contre le stress du grand jour.

« Comment être sûr qu'il ne lui est rien arrivé pendant cette balade ?
- Voyons Zia, penses-tu vraiment qu'Isabella est du genre à se laisser faire ?
- Non mais...
- Il y a un souci Ana ?
- Ah Miguel ! Non aucun si ce n'est que nous avons perdu la mariée. »

Ces derniers mots firent rire l'homme qui venait d'arriver sur le palier. Il caressa les cheveux de Zia, la rassurant à son tour.
Miguel écouta sa femme lui décrire les faits bien qu'il sache déjà ce qui avait poussé la mariée à s'enfuir et donc l'endroit où elle s'était réfugiée.

« Ana, toi et les filles, commencez à tout préparer. Je vais chercher Isabella, je suis certain de savoir où la trouver. Je vous la ramène au plus vite.
- Merci Miguel. Mesdemoiselles, vous avez entendu le chef : Au travail ! »

Les gamines restèrent déconcertées quelques instants puis suivirent les instructions d'Ana, acceptant de laisser l'espagnol ramené l'une des personnes les plus importantes de la journée.
Miguel descendit les escaliers, enfila son manteau et quitta son domicile. Il emprunta le même chemin qu'Isabella et se dirigea entre les ruelles. Le médecin salua quelques connaissances qu'il croisa jusqu'à sa destination.
Le cimetière, oui, elle ne pouvait être qu'ici. Miguel passa le portail et déambula entre les sépultures ; Il s'arrêta pendant quelques secondes devant l'une d'entre elles et se signa.
L'espagnol se dirigea ensuite à l'autre bout du champ de repos.
Elle était bien là, à genoux devant deux pierres tombales. Isabella semblait avoir complètement apaisé son esprit. Ses cheveux retombaient sur ses épaules, une mèche était logée derrière son oreille. La catalane apparaissait, aux yeux de Miguel, comme totalement détachée de la réalité. Pourtant, au moment où il fit un pas, l'espionne en elle ressurgit et Isabella l'entendit s'approcher.
Sans même bouger, l'ancienne espionne s'adressa à l'homme derrière elle.

« Miguel... Crois-tu qu'ils seraient heureux ?
- Évidemment. Tu es leur unique fille, Fernando t'appelait même ''Sa petite princesse''. Quant à Elena, lorsqu'elle était enceinte, elle imaginait déjà ce que pourrait être ta vie. Elle doit être plus que ravie de te voir ainsi. »

Miguel se tenait désormais aux côtés de sa petite-sœur et lui souriait. Il la connaissait bien et se doutait que l'absence de ses parents lui pesait plus que de raison.
Une légère brise vint soulever les cheveux bruns de la catalane, laissant apparaître des yeux larmoyants. L'homme le vit avant qu'elle ne puisse le dissimuler. C'est à ce moment-là qu'Isabella lâcha que jamais Fernando Laguerra n'accepterait ce mariage. La catalane avait donc l'impression de trahir son père pourtant elle ne pouvait fuir cet amour qu'elle partageait avec Juan-Carlos. Elle se sentit soudainement tiraillée mentalement.
Miguel posa ses mains sur le visage presque paniqué d'Isabella et la rassura autant qu'il put. En tant qu'homme, le défunt docteur aurait pu désapprouver Mendoza cependant, en tant que père aimant, il savait accepter les choix de son enfant si cela faisait son bonheur. D'autant plus que l'espagnol se remémora les déboires de son mentor face à la famille d'Elena : Prêt à tout afin de rester avec celle qu'il aimait. Miguel ajouta alors que peu importait les rapports houleux entretenus par les deux hommes dans le passé, Fernando finirait par accepter le mari choisit par sa fille.
Isabella afficha un léger sourire et remercia son cher grand-frère. Elle se reposa sur son épaule et fixa les sépulcres de ses parents.
Miguel coupa court à cet instant de repos :

« Ce n'est pas que je veuille t'éloigner de tes parents mais... Si tu veux être prête à temps pour la cérémonie, je dois te ramener à la maison.
- Tu as raison. Et je suis persuadée que les petites sont en pleine panique d'avoir trouvé une chambre vide.
- Tu ne crois pas si bien dire. »

Les deux catalans laissèrent échapper un rire avant de se relever.
Isabella se sentit plus légère : Avoir pu voir ses parents et parler avec Miguel à cœur ouvert lui avait réellement été bénéfique pour attaquer cette longue journée de bonheur.

De retour chez les Perez, Zia fonça sur Isabella et l'enlaça aussi fort qu'elle le put. La catalane sourit et s'excusa auprès des jeunes filles pour s'être absentée de cette manière. Isabella expliqua simplement qu'elle avait souhaité prendre l'air, omettant de mentionner sa destination.
Ana intervint que toutes discussions seraient les bienvenues à condition qu'elles commencent à habiller la mariée. Isabella acquiesça.
Miguel embrassa sa femme et salua les autres avant de s'éclipser afin de se rendre à l'église et de convenir des derniers détails avec le prêtre.
Indali indiqua alors que le bain qu'on lui avait demandé de préparer était prêt et invita donc la catalane à s'y rendre. Cette dernière remercia l'indienne et se dirigea vers le cabinet de toilette.
La pièce était éclairée par de nombreuses bougies, créant une ambiance chaleureuse et apaisante dont on ne pourrait se lasser. Isabella huma le délicat parfum des fleurs séchées, appréciant chaque note de rose, de souci et de jasmin. Indali avait un talent certain avec les fleurs, ces connaissances devaient être le fruit de son apprentissage auprès de Nala, leur guérisseuse. En tant que fille de docteur, Isabella ne manquait pas de lui apprendre tout ce dont elle parvenait à se rappeler.
Pour l'heure, la catalane se déshabilla laissant tomber au sol sa cape et ses vêtements. Après avoir relevé sa chevelure en un chignon primaire, elle s'abandonna dans l'eau claire de son bain.
L'onde lui fit le plus grand bien, Isabella savonna son corps avec un savon apporté par Ingrid. La veille, la vieille femme lui avait également fourni une lotion afin que ses cheveux soient brillants et faciles à coiffer.
Trente minutes plus tard, la catalane sortit de son bain et s'enroula dans un drap. Elle aurait bien aimé prolonger ce bain fort plaisant mais il lui fallait désormais rejoindre ses trois amies.
Celles-ci attendaient dans la pièce de vie, toutes trois étaient déjà parées pour la cérémonie : Ana avait cependant offert une tenue plus chaude et convenable à Indali pour l'église. L'indienne fut un peu réticente au début mais accepta lorsque Zia lui expliqua le besoin de décence des catholiques lors des célébrations divines. Chose que l'inca avait apprise après son enlèvement. L'élue ajouta que cela ne serait que pour le temps de la messe, après cela elle pourrait se changer et porter les vêtements qu'elle avait emporté.
Isabella monta dans son ancienne chambre suivie par ses demoiselles d'honneur. Ces dernières laissèrent un instant à la catalane pour qu'elle puisse enfiler des dessous.
Chose faite, toutes trois entrèrent dans la chambre. Ana attrapa le corset qui reposait sur la banquette et vint le lacer autour du torse d'Isabella ; D'une main ferme, elle tira sur les liens en prenant garde à ne pas trop serrer pour que la mariée puisse se sentir à l'aise durant cette longue journée. L'aventurière sourit à ce petit geste notamment en repensant à ce qu'elle avait vécu pendant les deux dernières années.
Zia détacha la robe de son support et aida Isabella à la revêtir. C'était une robe arborant un unique jupon finement brodé, quelques perles brodées ornaient le buste et des manches amples se terminaient en un petit volant décoré. Les couturières avaient fait un travail remarquable en si peu de temps.
Isabella s'installa sur la chaise au milieu de la pièce afin qu'Indali puisse la coiffer et Ana la maquiller. Cette dernière eut très vite terminé sa tâche, elle savait que la mariée ne souhaitait que magnifier ses traits du visage. L'indienne, quant à elle, prit le temps de réaliser la coiffure : Elle prenait cette tâche très à cœur car Isabella lui faisait une grande confiance. Indali avait commencé réaliser une simple attache avec la majorité des cheveux à l'arrière et avait retourner la queue de cheval sur elle-même. La coiffeuse passa les mèches avant dans l'espace crée et réitéra l'étape jusqu'à avoir enroulé toute la longueur puis elle ajouta de petites pinces afin que le chignon se maintienne toute la journée. Indali acheva sa coiffure en y fixant la pince qu'Ana prêtait avec grand plaisir à la mariée du jour.
Afin de parachever l'habillage, Zia apporta un écrin contenant les derniers accessoires : Un bracelet arborant trois petites pierres d'agate bleue que lui avait offert, à sa grande surprise, les parents de Juan-Carlos et une paire de boucles d'oreilles en argent, un cadeau venant d'Ingrid. Que cela soit pour l'un ou l'autre des bijoux, Isabella s'était sentit gênée d'accepter de tels présents néanmoins elle ne put que gratifier mille fois ces trois personnes dont la générosité la toucha au plus profond d'elle-même.
La catalane ferma les yeux un instant, permettant aux deux adolescentes de retourner le miroir. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Isabella resta muette : Elle n'aurait jamais cru se voir ainsi un jour.

« Il ne manque plus qu'un petit détail.
- De quoi parles-tu, Ana ?
- De ceci. »

Ana présenta un petit coffret à Isabella et l'ouvrit pour y découvrir un collier fait d'argent et d'agate bleue. L'espagnole posa la boîte sur le lit et attrapa chaque extrémité de la chaîne avant de le passer autour du cou de la mariée.

« Où as-tu trouvé une telle merveille ?
- Dans la commode de tes parents. Je l'ai trouvé lorsque nous nous sommes installés. J'imagine qu'il a dû appartenir à ta mère. Je l'ai donc conservé précieusement pour pouvoir te le transmettre un jour.
- A... A ma mère ?
- Oui. Et je pense qu'elle serait plus que ravie de te le voir porter aujourd'hui. »

Isabella n'en croyait ni ses yeux ni ses oreilles. Elle eut comme un voile devant les yeux mais retint ses larmes et afficha un immense sourire en touchant le pendentif du bout de ses doigts.
De l'autre côté de la porte, elles entendirent Miguel. Avec l'accord d'Isabella, Ana ouvrit la porte à son mari. Ce dernier entra et fut surpris lorsque ses yeux se posèrent sur la jeune femme. L'homme la complimenta sincèrement et elle le remercia en retour.
C'est alors qu'il annonça que l'heure était venue pour eux de se rendre à l'église. Tout le village était déjà devant le bâtiment, il ne manquait plus qu'eux.
Les quatre femmes acquiescèrent et toutes descendirent. Les adolescentes et Ana devancèrent les deux autres sur le chemin de l'église.
Miguel attrapa le bas de la robe d'Isabella afin que celle-ci ne traîne pas au sol. La jeune femme le remercia mais préféra porter le drapé elle-même.

La messe commença. A l'entrée du bâtiment, Isabella attendait avec Miguel. Elle sentit son cœur se serrer comme si tous ses efforts pour se calmer avaient été vains.
Miguel lui sourit et cela la calma presque immédiatement. L'homme se tourna vers elle et replaça quelques mèches volontairement laissées libres par Indali.

« Cela va être à toi de faire ton entrée. Es-tu prête ?
- Je crois oui. »

Isabella laissa échapper un rire discret, sous le regard interrogateur de son frère.

« J'ai sauté de toit en toit, espionné et volé un ancien ami, foncé tête baissée dans un incendie par deux fois et combattu nombre d'adversaires sans jamais douter de quoi de ce soit pourtant, là, je ne cesse de m'inquiéter... »

Miguel ne sut quoi répondre alors il se contenta de sourire et de présenter son bras à la jeune femme. Les musiciens entamèrent la mélodie prévue dès le premier jour des préparatifs : C'était d'une douceur tout à fait remarquable et, à cet instant précis, l'écho de l'église la magnifiait davantage.
Frère et sœur remontèrent le long de la Nef sous les regards attendris et heureux des villageois.
Sur le premier banc gauche se trouvaient les quatre adolescents : Les deux élus étaient les plus calmes. Ayant grandit au rythme des messes, Esteban se crut revenu quelques années en arrière, auprès du Père Rodriguez. A côté de lui, Athanaos se sentit aussi intrus que Tao et Indali : Eux n'avaient jamais mis les pieds chez les Chrétiens, quant à lui cela faisait bien trop longtemps. C'était même pour cette raison qu'il avait refusé d'être le témoin de Juan-Carlos.
De l'autre côté de l'allée, les deux seconds du capitaine : Aucun d'eux n'aurait voulu manquer cet événement. La famille du marin était également présente : Ses parents, Dolores et Fabricio, ainsi que son petit frère. Cristobal était un jeune garçon du même âge que Tao et ressemblait déjà énormément à son aîné.

Isabella et Miguel atteignirent les marches de l'autel. La catalane sentit son cœur s'affoler lorsqu'elle se plaça aux côtés de son fiancé. Ce dernier ne l'avait pas quitté des yeux depuis son entrée dans l'église et elle non plus. Désormais, le couple s'observait du coin de l'œil. Un sourire sincère apparaissait sur chacun de leurs visages.
Le prêtre débuta alors le sacrement qui allait unir ces deux âmes. L'homme d'église était ravi d'orchestrer un nouveau sacrement aussi précieux que le mariage. D'autant plus qu'il avait suivi l'instruction religieuse de la jeune femme face à lui.
Les cheveux poivre et sel, le religieux gardait une santé d'acier malgré les années défilantes. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, Isabella avait toujours connu cet homme si doux et ne pensant qu'au bien-être de son village. Il était un de ses rares hommes d'église qui ne souhaite que partager dans le bonheur. Pendant les trois ans où Fernando était parti en voyage, elle n'avait su trouver du réconfort qu'à ses côtés.
Le Père Noël récita d'une voix grave et sécurisante les textes qu'il avait soigneusement sélectionné. Au moment précis où son regard s'arrêta sur le visage d'Isabella, il reconnut Elena. Il en marqua une légère pause de surprise. Puis le prêtre reprit.
Il interrogea l'âme et le cœur de ce couple et, à chacune de ses questions, reçu la réponse la plus simple mais tout aussi sincère.
Dans ce flot continue de paroles et de bénédictions, Juan déplaça sa main vers Isabella. Ayant vu ce mouvement, la jeune femme copia le geste. Le dos de leurs mains se frôlèrent puis, la catalane vint glisser ses doigts entre ceux du navigateur.
Mains liées v2.png
Ce geste ne passa pas inaperçu pourtant personne n'y trouva quelque chose à dire tant ils trouvaient ça démonstratif de leur amour.
Vint alors le moment pour les deux époux d'échanger leurs vœux.
Isabella fut la première. Elle se tourna vers son époux et leva la tête afin de plonger son regard dans le sien.

« Juan-Carlos Mendoza. En ce jour bénit, je t'offre mon cœur et mon âme. Pendant très longtemps, j'ai pensé que le savoir et les voyages me suffirait pour apprécier la vie qui m'a été offerte. J'en avais même fait une croix sur l'amour. Seulement, j'avais tort, lorsque je t'ai rencontré, beaucoup de choses ont changé en moi, notamment cette croix qui s'est doucement effacée. Grâce à toi, j'ai commencé à rêver d'un avenir sans armes pour moi. Grâce à toi, j'ai réfléchi à ce que pourrait être ma vie auprès d'un homme qui éprouverait peut-être quelque chose pour moi. Grâce à toi, j'ai découvert que cela pourrait être possible. Grâce à toi, j'ai trouvé une échappatoire à la vie que je menais, l'espoir de connaître une existence aussi paisible que possible. Je te promets fidélité et passion, dans la santé comme dans la maladie, dans la richesse comme dans la pauvreté. Tu m'as sauvé des abîmes. Mon amour n'appartient qu'à toi. Je suis désormais tienne. »

La catalane offrit alors un doux sourire à l'homme qu'elle aimait plus que de raison. Ce dernier était bouche bée par ce qui venait d'être prononcé.
En retour, Juan-Carlos se saisit des mains de son épouse : C'était désormais à lui d'exprimer ses vœux.

« Isabella Laguerra. En ce jour bénit, je m'offre à toi corps et âme. Jusqu'à il y a deux ans, mes seuls amours étaient l'or et les océans mais il a fallu que je rencontre trois gamins, tous plus têtus et surprenants les uns que les autres, pour que ma vision du monde change : J'ai appris à aimer, à devenir un homme meilleur. Puis je t'ai rencontré, une femme resplendissante dotée d'un esprit remarquable et d'une force peu commune. J'ai un peu honte de l'avouer mais tu m'as immédiatement charmé. A chaque fois que nous étions séparés, tu occupais mon esprit. Je ne cessais de penser à toi, j'avais toujours besoin de savoir comment tu allais, ce qui t'arrivait. Aujourd'hui, et devant Dieu, je serais enfin à même de le savoir. Dans la santé comme dans la maladie, dans la richesse comme dans la pauvreté, je te jure fidélité et dévouement. Chaque jour, je te chérirais un peu plus jusqu'à ma mort. »

Les yeux embués, Isabella restait incrédule malgré une immense vague d'émotions qui la submergeait intérieurement. Elle avait conscience des sentiments de son amant à son égard mais entendre Juan les affirmer devant sa famille, leurs amis et un village entier ne faisait que renforcer son propre attachement.
Le Père Noël prit alors la suite. Il fit avancer la plus jeune enfant du village : La porteuse d'alliances approcha du couple et leur présenta le petit coussin où reposaient deux anneaux d'argent.

« Mes enfants. Recevez ces anneaux, symbole matériel de votre union. »

Mendoza s'empara du premier et le passa à l'annulaire de son épouse. L'homme caressa sa main, souriant sincèrement.
Enfin, Isabella se saisit du second anneau et le fit glisser autour du doigt de son mari. Elle agrippa sa senestre.
Le prêtre récita une nouvelle prière afin de bénir une nouvelle fois le couple et les alliances. Suite à cela, le Père Noël invita les nouveaux époux à sceller leur union grâce à un baiser.
Juan-Carlos saisit avec douceur la main de sa nouvelle épouse, glissa sa dextre dans le dos d'Isabella et l'attira vers lui avec une grande douceur. Les amants étaient si proches qu'ils pouvaient sentir les battements l'un de l'autre. Leurs lèvres se touchèrent : Chacun sentit la chaleur de l'autre. Mari et femme n'avaient pu partager un tel instant depuis trop longtemps : Ce baiser était pour eux un éclat de bonheur à l'état pur.
A ce moment-là, Mendoza ne pouvait se douter de ce qu'il venait d'achever : Il venait d'éradiquer la souffrance engendrée par le Vicomte. Isabella ne l'aimait que davantage : Il la sauvait encore une fois.


~~~~~~
Pour ceux que ça intéresse voici la musique qui m'a permit de visionner la cérémonie :
« On le fait parce qu'on sait le faire » Don Flack
« Ne te met pas en travers de ceux qui veulent t'aider » Sara Sidle

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Re: Une vie au-delà des codes

Message par IsaGuerra »

Elle entra dans sa demeure... Il y faisait sombre et un froid glacial régnait en maître.
Isabella retira sa cape et la suspendit à la rambarde de l'escalier et retira ses chaussures.
La jeune femme passa dans la pièce à vivre et alluma un feu. Elle resta pendant quelques secondes à regarder les flammes naissantes...
Une fois réchauffée, elle se redressa et se dirigea vers la pièce interdite.
Elle entra et s'y enferma instantanément. Isabella attrapa la cape qui ornait le fauteuil et en huma le parfum. La jeune femme s'approcha des bibliothèques et en observa le contenu.
Son regard s'arrêta sur un livre en particulier... Dès lors un nouveau flot d'émotions vint envahir son corps et son esprit...
Ses jambes ne la portèrent plus et elle se laissa tomber au sol.
Recroquevillée sur elle-même, Isabella se retrouva piégée dans sa solitude...

« Vous m'aviez promis de ne jamais m'abandonner... »

Des larmes coulèrent sans aucun moyen de les arrêter.
Ne m'abandonnez pas.png
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Re: Une vie au-delà des codes

Message par IsaGuerra »

Voici le One-Shot le plus long que j'ai pu écrire pour ce topic.
Je vous propose déjà un peu de mise en contexte avec ce qui aurait dû être le prologue d'une fanfiction qui ne verra jamais le jour :

~~~~~~
« Sachez mes amis que je ne vous oublierai pas... Même si je dois vivre éternellement ! »

Déjà deux semaines s'étaient écoulées depuis sa libération de Chambord. Cela avait été pour lui un coup de maître, une parfaite occasion de démontrer qu'il leur était encore supérieur. Il le serait toujours !
Par chance, la machine olmèque lui avait permis de voler sans aucune interruption, à l'affût d'un endroit où se cacher le temps d'échafauder sa vengeance.
Bien évidemment qu'il se vengerait ! Quand et comment il ne savait pas encore, mais cela serait douloureux pour eux, jubilatoire pour lui. Le français savait simplement qu'il ferait payer leur audace à ces mécréants.
Avant une élaboration quelconque d'un plan de vengeance, Ambrosius se devait de se soigner : L'orichalque, ce métal si précieux, auquel il avait voué corps et âme, le détruisait de l'intérieur. Le petit homme espérait trouver un remède dans la machine volante à l'instar de son vieil ami prophète voyageur. Il ne pouvait pas compter sur la capsule de régénération puisque celle-ci était restée à Patala.
Le français imagina retourner en Inde pour récupérer ladite capsule mais c'était pour le moment impossible : Il était seul, affaiblit et sans armes depuis que son ancien Seigneur l'avait fait arrêter à Chambord.
Sans armes... Peut-être pas finalement. Ambrosius se remémora les machines de Pyros : Elles étaient dotées d'une puissante force de frappe qui avait bien failli lui coûter la vie. Pourtant, celle volée aux mains de l'ancien prophète ne possédait rien permettant d'activer un tel faisceau. Et une phrase prononcée par Tao après que son alter-ego Zarès a enlevé Athanaos.

« Vous savez Ambrosius, je suis très inquiet pour Athanaos et de ce que Zarès pourrait lui faire, mais... Je dois avouer que j'ai aussi très peur qu'il découvre comment réactiver l'arme de la machine... »

La machine était armée, c'est vrai. Le français n'avait pas eu le temps d'examiner cette merveille de la technologie Atlante.
Sans plus attendre, Ambrosius fit atterrir l'appareil sur une pseudo plaine se trouvant juste au-dessous de lui sans la moindre petite idée d'où il allait mettre les pieds.
Quelle importance ? Il ne ferait que rester à l'intérieur de la machine afin d'activer le moindre ordinateur de bord et d'en analyser chaque contenu jusqu'à trouver les plans du laser.

Voilà trois jours que l'homme aux cheveux de feu s'acharnait sur les ordinateurs de la machine olmèque sans parvenir à obtenir ce qu'il voulait. Nul doute que de nombreuses informations lui paraissaient intéressantes et peut-être utiles plus tard mais ça n'était pas ce dont il avait besoin. Pour atteindre les données souhaitées, Ambrosius se devait de trouver une sorte de mot de passe. Bien qu'il soit parvenu à en trouver une partie, la deuxième moitié des caractères lui échappaient encore. Une nouvelle combinaison erronée finit par le mettre hors de lui et Ambrosius frappa des deux poings sur le tableau de bord.
Sa colère engendra une quinte de toux qui l'obligea à s'agenouiller le temps de calmer ses expectorations et de reprendre son souffle.
Ambrosius se redressa, prêt à reprendre ses recherches, et c'est là qu'il vit une lumino-projection tout à fait unique. Son visage s'éclaira à nouveau de cette lueur de folie, identique à celle qu'il avait eu en découvrant le double médaillon de Rana Ori. Ce qu'il voyait dépassait presque toutes ses espérances.
Un sourire mauvais se dessina derrière sa moustache et un rire tout aussi mauvais sortit d'entre ses lèvres.
Ambrosius était incapable de se retenir de rire. Sa vengeance allait être délicieusement destructrice.
~~~~~~

Je n'en dirais pas plus, à vous d'imaginer ce qu'il a pu découvrir.
Maintenant, place au One-Shot.

~~~~~~

Dernier combat

Avril 1552, Patala puis Désert du Thar

Une grande foule se rassemblait autour de la porte des Anciens. Certains membres se dévisageaient non pas par mépris mais plutôt par curiosité.
Quelque chose d'assez normal dans le fond songea Isabella. Il y avait ici des hommes et des femmes du monde entier : Mayas, Incas, Espagnols, Français, Indiens, Chinois, Africains et Japonais... Tous avaient répondu à l'appel lancé par le chef de l'Ordre du Condor.
A l'écart de la foule, la Catalane se tenait face à Tao. Ce gamin qu'elle avait autrefois enlevé était devenu un bel homme plein de sagesse et détermination : Rien n'empêcherait le Naacal de préserver sa famille et son héritage. Pourtant, à cet instant précis, la femme crut revoir le jeune garçon effrayé à l'idée d'affronter Zarès ou d'échouer à sa mission.
Isabella vit les yeux du fondateur s'embrumer et sentit qu'elle devait agir avant qu'il ne craque.
L'aventurière lui saisit les épaules et lui intima de se ressaisir. Elle ajouta que ses doutes, tout à fait légitime, faisaient de lui un grand maître de l'Ordre car ils l'obligeaient à demander conseil auprès de ses pairs. Ainsi, il n'agissait pas comme un homme tyrannique.

« Tu dois te calmer, Tao. Si tu veux que ces femmes et ces hommes te suivent à travers le portail, il va falloir que tu sois sûr de toi. Tu ne peux pas te permettre de montrer tes faiblesses comme avoir la voix tremblante ou les yeux larmoyants.
- Mais... Isabella... Derrière ce portail, ce qui nous attend c'est...
- L'enfer sur Terre, oui. Mais nous avons déjà vécu pire.
- Ah tu trouves ?
- Oh que oui. Une fois. Souviens-toi qu'à cette époque, c'est ton esprit méthodique et ton astuce qui nous ont sauvé. Depuis lors, tu as bien grandi. Tu es un excellent meneur, n'en doute pas.
- Merci Isabella. Ça fait du bien de t'entendre dire ça, de savoir que tu me fais confiance. »

Le muen afficha un timide sourire et argua que, pour une fois, elle ne lui avait pas claqué les mains. A son tour, Isabella sourit puis haussa les épaules.

« Cela risque de faire mauvais effet devant ton armée. Et puis tu n'es plus un jeunot rêveur dont l'esprit peut se permettre de vagabonder. »

La Catalane et le muen échangèrent un regard complice : Lorsque Tao avait créé de l'Ordre du Condor, son esprit inventif ne cessait de s'éparpiller. Lorsqu'il avait des idées saugrenues sur des projets impossibles à réaliser, Isabella n'avait pas trouvé meilleure option que de lui claquer régulièrement les mains ou l'arrière de la tête afin de le recentrer sur l'essentiel. Elle avait également eu recours à cette méthode lorsque le Naacal paniquait à l'idée d'échouer.
Ainsi rassuré, Tao se dirigea vers la porte des Anciens, suivi de près par Isabella.
Cette dernière n'aurait jamais pu croire qu'ils s'entendraient si bien vu ce qu'avait été leur rencontre. Mais elle ne s'en plaignait pas, la Catalane était ravie de cette relation profonde qu'ils avaient pu construire.

Le muen se tenait devant la porte d'orichalque, double médaillon en main. Il allait l'ouvrir quand un sentiment de mal-être s'immisça en lui. Le Naacal se retourna pour faire face à tous ceux qui suivaient le moindre de ses mouvements.
Tao balaya la foule des yeux : Personne ne le quittait du regard. Il se sentait réellement mal à l'aise. Il aurait tant aimé que quelqu'un d'autre soit à sa place, surtout aujourd'hui. Néanmoins, le muen savait que c'était son rôle, ce qu'on attendait de lui.
Du coin de l'œil, il aperçut Isabella et Juan-Carlos l'un à côté de l'autre à quelques pas de lui : Malgré tout ce qu'elle avait pu dire pour le rassurer, la Catalane semblait maintenant aussi angoissée que lui. C'était évident. Comme lui, elle avait énormément à perdre dans cette guerre.
Le fondateur recentra son attention sur la foule devant lui. Eux aussi avaient beaucoup à perdre.
Le moment était venu : Il ne pouvait plus reculer. Quoi qu'il arrive le muen traverserait ce portail mais il voulait laisser le choix à ces guerriers.
Sa bouche s'ouvrit puis se referma avant de laisser échapper un soupir.

« Bien... Mes amis nous voilà à un tournant important de notre vie. Derrière ce portail nous attend l'enfer. Ce combat est notre seule chance de préserver le monde tel que nous le connaissons. Je ne vous cacherai rien : Nos ennemis sont bien plus nombreux que nous et, sans surprise, beaucoup plus dangereux et cruels. Ils ont pour seul et unique but de prendre leur revanche sur l'Empire de Mu et ainsi donc remporter la guerre entamée il y a des milliers d'années. Ne vous fiez pas à leurs petites tailles et à leurs maigres corps : Ces Olmèques sont de redoutables guerriers plus qu'agile. Néanmoins, je garde espoir de pouvoir les raisonner à la seule condition que nous puissions arrêter de manière définitive leur chef, cette ordure qu'est Ambrosius. Ils ont leur but, nous avons le nôtre. C'est en stoppant Ambrosius que nous remporterons la bataille et peut-être la guerre. Cet affrontement va sans doute, et a déjà, exiger maints sacrifices... Aucun de nous n'en ressortira indemne ! J'ai déjà perdu beaucoup à cause de nos adversaires et j'en ai tout autant à protéger ! Je sais que certains d'entre vous ont peur, j'en fait moi-même partie. Mais je vais me battre ! Je refuse de laisser nos ennemis gagner ! Ambroise de Sarles a suffisamment semé la terreur. C'est à nous de mettre fin à son règne. Moi, j'irai jusqu'au bout. Je me battrai indéfiniment pour protéger ceux que j'aime. Par conséquent, mes amis, ma famille, je vous le demande une dernière fois : Êtes-vous prêts à me suivre à travers ce portail et à vous battre jusqu'au bout ? »

Le muen sentit sa gorge se nouer au fur et à mesure de son discours, il n'avait aucune envie d'entraîner ses proches dans cette guerre tout en sachant pertinemment que sans eux la victoire ne serait que pure illusion. Il serra le médaillon de Rana'Ori dans sa paume, jamais il n'avait eu aussi peur. Tao aurait aimé avoir sa petite sœur à ses côtés : Il n'y avait aucun doute que Zia serait parvenue à le calmer. Malgré tout, le muen se devait de garder la face devant ''son'' armée. Il continuait de la fixer sans pour autant la regarder.
Son esprit vagabondait entre l'envie de fuir et celle de passer ce portail et de détruire le responsable de tous ses maux. Non, il ne pouvait pas fuir : Cela serait une véritable honte pour ses ancêtres. De plus, le Naacal ressentait le besoin vital de venger son meilleur ami aujourd'hui dans un sommeil presque éternel...
Tao fut ramené à la réalité par la voix de Viracocha. Celui-ci s'était avancé dans la foule et se trouvait maintenant à quelques pas du muen.

« Mon cher Tao, ta volonté de nous protéger fait chaud au cœur mais saches qu'aucun de nous ne renoncera à protéger nos familles et ce monde qui nous appartient. Par le passé, toi et tes amis nous avez tous aidé de quelques façons que ce soit : C'est désormais à nous de vous venir en aide. »

A peine le chef Maya avait-il fini sa phrase que d'autres acquiescèrent : Ils étaient tous près à en découdre avec les Olmèques et Ambrosius.
En entendant ces cris, le fondateur de l'Ordre regagna en confiance et se sentit enfin prêt à ouvrir le portail.
Le calme revenu dans l'assemblée, Tao s'assura que chaque escadron connaissait sa ligne directive et avait conscience de celles des autres. Le muen, devenu fin stratège, avait réussit à élaborer un plan d'attaque réglé au millimètre près grâce à Mendoza. Grâce aux conseils d'Isabella, Tao put mettre en place une stratégie limitant au maximum les pertes humaines. A côté de ça, lui et Zia s'étaient rendu dans la cité d'Ophir afin d'en rapporter une grande quantité de pierres guérisseuses. Chaque femme et homme qui passeraient le portail en auraient une en sa possession.

Tao enlaça ses enfants et sa tendre épouse. Leur promettant à chacun de revenir sain et sauf. Indali, tout aussi inquiète que lui, assura qu'elle attendrait l'ouverture du portail avec impatience afin de remplir le rôle qui lui incombait et de soigner les blessés mais surtout pour pouvoir le retrouver. Le muen replaça une mèche derrière son oreille et l'embrassa.
Le Naacal observa ensuite ce qui se passait autour d'eux : L'effervescence qui régnait dans la cour intérieure du fort de Patala ressemblait énormément à l'une des scènes que Mendoza avait pu lui raconter concernant les jours d'appareillages, lorsque les navires s'apprêtaient à prendre la mer.
Son regard balaya les alentours puis se focalisa sur ses mentors et leur famille. Tout comme lui, les deux Catalans enlaçaient leurs enfants, tentant de les rassurer du mieux qu'ils le pouvaient. Juan-Carlos s'adressa à son aîné en lui serrant l'épaule. Une prise que renforça de lui-même l'adolescent tout en se laissant bercer par la voix paternelle, grave et profonde. Ses paroles apaisantes agissaient comme un baume sur lui. Isabella, elle, câlinait (ou cajolait) les plus jeunes avant de se tourner vers l'aînée de ses filles. Restée en retrait, Leonor accepta passivement l'étreinte de ses parents avant de s'enfuir...
Tao eut alors un mauvais pressentiment et, accompagnée de sa femme, alla vers Mendoza.

« Tout va bien Juan ?
- Oui. Tu connais Leonor.
- Laisse-moi deviner : Elle voulait venir se battre avec vous.
- Exact. Mais on ne peut décemment pas la laisser faire.
- Je crains que ça ne soit ma faute... Mon caractère et mes histoires n'ont fait que former la jeune fille qu'elle est.
- Ne t'inquiète pas maman. Leonor est surtout inquiète de ce que les De Sarles peuvent vous faire. Surtout à toi puisqu'il a déjà tenté plusieurs fois de te... De se débarrasser de toi. En plus, le fait que tu fasses régulièrement de mauvais rêves les concernant n'aide pas vraiment...
- Je sais bien... Allez la retrouver je ne veux pas qu'elle reste seule. »

Fernando acquiesça et embarqua ses petits frères et sœurs avec lui. Indali embrassa une dernière fois son époux et suivit la fratrie.
Lorsqu'elle ne parvint plus à distinguer ses enfants, Isabella se tourna vers le muen.

« Il est temps pour nous d'y aller, je crois. Tu es prêt Tao ?
- Pas vraiment... Mais nous n'avons pas le choix. L'avenir en dépend.
- Alors allons-y. Allons sauver le monde !
- Encore une fois ! »

Le trio s'avança alors vers la porte des Anciens. Isabella et Juan se placèrent de chaque côté laissant Tao au centre.
A cet instant, chaque guerrier recentra sur les actions à venir. Le retour de leur chef était le signe évident qu'ils allaient devoir passer à l'action.
Le fondateur de l'Ordre du Condor sortit le double médaillon et se tourna vers son armée.
Brandissant le poing en l'air, il s'exclama :

« Aujourd'hui, nous mettons fin à une guerre ancestrale. N'ayons aucun regret ! »

Sous les encouragements de la foule, Tao fit volte-face. Il détacha les deux disques du soleil du médaillon et les inséra dans leurs encoches respectives.
La base s'illumina et la pyramide s'éleva dans les airs. Cette dernière se divisa en quatre triangles qui se mirent tous à pivoter excepté le premier. Des marches en orichalques apparurent et formèrent un escalier.
Enfin, le portail s'ouvrit dans une lumière aveuglante.
Une fois ses yeux habitués, Tao gravit les quelques marches et prit une grande inspiration.
Puis il passa dans le portail, suivis de près par Isabella et Mendoza. Après que le couple eût disparu, les escadrons l'imitèrent les uns après les autres.
Très vite, la cour du palais fut vide de tout soldat.

En arrivant de l'autre côté du portail, Isabella chercha immédiatement la présence de leurs ennemis afin de ne pas être pris en embuscade, ce qui ne serait pas étonnant au vu de la fourberie et traîtrise dont pouvait faire preuve leur chef.
Contrairement à ce qu'elle put imaginer : Personne ne les attendait tapis dans l'ombre.
La Catalane trouvait ça étrange d'ailleurs tant elle était habituée aux coups bas de celui qu'elle avait autrefois considéré comme un membre de sa famille.
De même, l'aventurière ne comprenait pas comment Tao avait réussi à convaincre Ambrosius pour que l'affrontement ait lieu ici, en plein désert. Du sable à perte de vue et pas une once de civilisation. Isabella soupira : Grâce à cet environnement, leur conflit n'engendrerait pas de pertes collatérales. Dans le cas où ils parviendraient à mettre en échec les Olmèques et les De Sarles.
Lorsque les derniers Chaldis franchirent le portail, le Naacal alla récupérer les disques afin de rendre la porte des Anciens inutilisable pour le moment. Il mit le double médaillon autour de son cou et le cacha sous sa tunique tout comme Esteban l'avait fait jusqu'à ce qu'il accepte son rôle d'enfant élus.
Tao passa à l'avant de la foule et entama la montée de la grande dune derrière laquelle ils étaient arrivés. Savoir Juan et Isabella juste derrière lui l'aidait à ne pas perdre la face, à continuer d'avancer.
Au sommet de cet erg, ils purent enfin se rendre compte de la grandeur de l'armée Atlante qui les attendait. Ils étaient plusieurs centaines voire même peut-être des milliers... Dispersés en de nombreux bataillons, ces hommes à l'allure de cadavre se tenaient prêts à lancer l'assaut. Certains brandissaient leurs épées tandis que d'autres armaient leurs arbalètes.
Ces armes n'inquiétaient pas réellement la fille du Docteur, les machines volantes en revanche... Elle n'avait jamais oublié la puissance du faisceau qui se trouvait en dessous. Exactement comme Mendoza ou les Mayas qui les avaient suivis. De toutes les armes que les Atlantes pouvaient posséder, c'était bel et bien celle-ci la plus dangereuse. Ils en étaient bien conscients.
Isabella empoigna sa rapière attendant le signal. Elle était terrorisée pourtant elle se sentait prête à tout pour protéger ses enfants et son époux : Elle ne laisserait personne détruire sa famille. La Catalane sentit soudainement une vague de colère la submerger. Elle avait convaincu Tao qu'il se devait d'être fort pour pouvoir les guider alors elle se devait d'en faire autant pour l'épauler.
La machine au centre de la rangée s'éleva et avança lentement vers eux.
Une fois à leur niveau, la bouche du visage gris s'ouvrit laissant apparaître Ambrosius, Barthélemy à sa droite et un Olmèque à sa gauche.
Comme à son habitude, le petit homme souriait en triturant sa moustache. Il semblait se réjouir de l'instant comme s'il se fichait éperdument des vies qui allaient être écourtées en ce jour fatidique.
Ambrosius s'approcha de ses ennemis et s'adressa à eux :

« Et bien et bien mon cher Tao ! Je vois que tu as su te constituer une armée. Bancale, cela va de soi au vu de tes seconds. Sois raisonnable et donne moi les artefacts de Mu.
- Jamais !
- Quel idiot tu fais ! Es-tu conscient que tous ces gens qui ont eu la sottise de t'accompagner, vont mourir par ta faute ?
- Oui, j'en suis conscient. Mais jamais je ne te laisserai te servir de mon héritage pour devenir le maître du monde ! Je vais me battre pour le bien de tous alors fais en autant ! Ne te cache pas derrière les Atlantes. Soit un homme et vient te battre ! »

Le rire malade du nain retentit alors qu'il retournait à l'intérieur de la machine.
Le jeune Barthélemy semblait totalement détaché de la réalité. C'eut pour effet d'inquiéter réellement le navigateur : Une armée vouant une haine presque viscérale à Mu était moins dangereuse qu'un seul homme dénué de toute émotion.

La machine volante prit un peu plus de hauteur et déclencha un flash aveuglant.
Le reste de la rangée d'engins s'envola à son tour et la foule au sol s'élança vers Tao et ses alliés.
Dans un élan d'adrénaline, Tao brandit son arme en l'air et sonna le début des hostilités.
L'armée du Condor dévala la dune prête à en découdre !
En quelques secondes, le calme olympien du désert s'était vu remplacer par les cris et les tirs.
Ils devaient absolument prendre le dessus rapidement, Mendoza le savait. S'il n'y parvenait pas, ils subiraient trop de perte voire même échoueraient dans leur mission. Le marin scanda quelques ordres et se précipita au beau milieu d'un peloton d'Olmèques, tranchant aussi vite qu'il avait été capable de le faire lors de sa première bataille face aux petits hommes blancs.
Juan-Carlos redoubla d'efforts : Il ne laisserait pas son âge avancé le ralentir. Loin de lui, l'idée de se prétendre aussi vif et endurant que vingt ans auparavant pourtant il dégageait encore cette aura puissante qui avait fait fuir de nombre de bandits.
Isabella, elle non plus, ne reculait devant rien : Elle faisait plier chaque Olmèque qui osait croiser le fer avec elle. Sa peur s'était envolée depuis longtemps : La rage que la Catalane ressentait au fond d'elle était son seul moteur. Jamais elle ne laisserait qui que ce soit détruire ce qu'elle avait mis si longtemps à construire.
Laguerra serpenta entre les Atlantes qui se ruaient vers elle : Isabella les désarmait d'un simple coup de fouet. S'en suivait alors un coup de lame bien placé, stoppant net les actions de ses adversaires.
Apercevant le déchaînement dont faisait preuve ce couple d'épéistes, nombre d'Atlantes fonçaient sur eux espérant les anéantir. Les plus sensés, eux, reculaient ou allaient affronter des gens moins redoutables.
Seulement cet instant d'hésitation leur coûtait la vie, soit par d'autres soldats soit par les tireurs japonais et espagnols. Ces derniers, du sommet de l'erg, offraient un avantage des plus importants à l'armée du Condor. Ils représentaient une ligne de défense efficace contre les coups en traître de leurs ennemis. Personne de leur camp ne se ferait poignarder dans le dos. Notamment avec Ichilo comme chef de groupe : C'était le plus grand tireur de l'escadron et avait formé avec grand soin chacun de ses membres.

Le ciel azur avait laissé place à d'épais nuages gris.
Seules deux machines Olmèques occupaient encore les airs. Toutes les autres ayant été littéralement pulvérisées par des bombes d'orichalques. Sous les conseils d'Isabella, l'escouade des bombardiers avaient concocté des explosifs par centaines et les avait catapulté directement dans les réacteurs des engins volants les envoyant tous au sol.
Malheureusement, ils ne parvenaient pas à atteindre les derniers engins tant leurs pilotes étaient agiles. Ambrosius se cachait dans l'une d'entre elles et Isabella trouvait ça peu étonnant venant de lui.
Au sol, les machines descendues avaient provoqué de grands incendies, brûlant vif beaucoup d'êtres, Atlantes ou résistants.
Tant de vies avaient été sacrifiées en si peu de temps sous les tirs ou dans les crashs Olmèques. Chaque camp voyait le nombre de ses guerriers réduire comme peau de chagrin à chaque minute qui s'écoulait...
Les corps ensanglantés, éviscérés, tranchés et même brûlés jonchaient le sable ardent du désert...
Isabella et Juan-Carlos se tenaient dos à dos, acculés pas les Atlantes. Se débarrasser d'eux ne serait qu'une formalité pour le couple : Ils étaient déjà redoutables lorsqu'ils étaient séparés mais, désormais réunis, les deux bretteurs semblaient imbattables.
Les Olmèques se jetèrent sur les amants par vagues successives espérant les affaiblir mais ils furent à chaque fois repoussés ou fauchés par des lames plus tranchantes que des rasoirs.
Le couple entama alors une valse folle déroutant leurs ennemis. Ces humains étaient-ils assez fous pour trouver ce moment approprié ? Devant cette incompréhension souhaitée, le deux espagnols sortirent leurs armes à feu et les éliminèrent jusqu'au dernier.
Lorsque l'ultime Atlante de ce groupe toucha le sol, Mendoza mit un genou à terre lui aussi, passant sa main sur son flanc droit.
Immédiatement, la Catalane se précipita vers lui pour découvrir que son époux avait été transpercé et qu'un flot de sang s'échappait de la blessure.

« Idiot ! Pourquoi n'as-tu rien dit ??
- Je n'avais pas aussi mal... Nous ne pouvons pas nous arrêter à chaque petite blessure.
- Petite blessure ?? Aussi brave sois-tu, tu es en train de te vider de ton sang ! »

Isabella attrapa la petite poche qui ornait sa ceinture et en sortir le diamant d'Ophir. Elle la pressa sur la plaie et celle-ci disparut presque instantanément.
Durant ce court instant, le couple avait baissé sa garde et allait maintenant en payer les conséquences !
Un Atlante dont la carrure était similaire à celle de Korak, l'un des trois éveillés de Pyros, se trouvait à peine à quelques pas d'eux. Isabella voulut ramasser sa rapière pour se défendre mais son assaillant envoya la lame valser à plusieurs mètres de là, blessant la femme au poignet par la même occasion. Il réitéra son geste lorsque ce fut au tour de Mendoza de ramasser son épée.
L'homme à la peau blafarde allait abattre son glaive sur le couple, rien ne l'en empêcherait. Le Seigneur De Sarles le couvrirait d'or en l'apprenant.
Les amants se serrèrent la main, prêts à mourir. Ensemble. Isabella ferma les yeux, laissant échapper une larme comprenant qu'elle ne reverrait plus jamais ses enfants... Si seulement ils n'avaient pas baissé leur garde, si seulement elle avait pu agir plus vite, si seulement elle avait sut préserver ses réflexes...
Et soudain, un cri d'agonis. Ce n'était pas la voix de son époux. La Catalane ouvrit les yeux pour voir l'Olmèque s'écrouler au sol, une flèche plantée directement dans le cœur.
Les Catalans s'empressèrent de se relever et de récupérer leurs armes. Mendoza s'approcha du cadavre et retira la flèche.

« Qui a bien pu faire ça ?
- Je... Je crains que la réponse te plaise mon amour...
- Pourquoi dis-tu ça ?
- Regarde là6haut ! »

Isabella, l'air terrifiée, pointait le sommet de la dune au pied de laquelle ils étaient. En une fraction de seconde Mendoza exprima la même terreur que sa femme. C'était impossible !
Leonor. Cette gamine têtue les avait suivis à travers le portail.
Cape au vent, la jeune fille descendit l'erg et se précipita dans les bras de sa mère. Cette dernière n'osait pas bouger complètement incrédule.
Néanmoins, la petite famille dut se ressaisir puisque de nouveaux Atlantes accouraient dans leur direction, tirant déjà avec leurs arbalètes.
Mêlant affrontement et fuite, les parents interrogèrent leur enfant. Ils étaient enragés et la maudissaient pour avoir traversé le portail.
Pour toute réponse, Leonor décocha une autre flèche et affirma sans aucune hésitation :

« Moi aussi, je suis une Mendoza ! Je dois me battre pour ma famille !
- Tu n'as que quinze ans ! Tu n'as rien à faire sur un champ de bataille ! Ta place est auprès de tes frères et sœurs ! Là où toi aussi tu serais en sécurité !
- Je suis avec vous, je ne risque rien !
- Cela suffit ! Pour l'heure, Leonor est ici et il va falloir faire avec Isa ! Et toi nous reparlerons de cet acte de désobéissance flagrant une fois rentrée à la maison. Tu ne t'en tireras pas aussi facilement ! »

Isabella stoppa un Atlante en lui transperçant la poitrine et s'élança ensuite sur un autre qui cherchait à viser sa fille. La colère qu'elle ressentait au fond d'elle-même associer au désir de protéger sa fille quoi qu'il advienne ne la rendaient que plus dangereuse...
La Catalane ne l'admettrait jamais mais elle était fière de voir sa fille se battre ainsi pour leur famille. Elle était fière tout autant qu'elle était horrifiée de savoir que sa petite princesse avait déjà les mains souillées de sang...
Juan tentait de ne pas y penser : Son seul objectif jusqu'à la fin de cette guerre était et resterait de protéger sa famille.

Les combats s'intensifièrent en un instant.
Contrairement à leurs espérances, les Olmèques perdaient l'avantage. Leur haine de Mu n'était rien comparée à la détermination de vivre de leurs adversaires. Les Atlantes se voyaient obligés de battre en retraite.
Ce mouvement de recul ne fit qu'encourager davantage l'armée du Condor. Ils allaient gagner, chaque soldat en était convaincu. Ce n'était plus qu'une question de temps.
Meï Li et Zhu allièrent leurs dernières bombes à l'art des feux d'artifices. Calculant au pouce près leur trajectoire, le couple impérial envoya ses projectiles directement sur l'une des machines encore en vol.
Celle-ci fut heurtée de plein fouet et entama une chute vertigineuse.
Entendant l'explosion, Mendoza leva la tête : Enfin, il ne restait plus qu'une machine à démolir pour mettre fin à cette guerre. Mais au même moment, le navigateur prit conscience qu'il était au beau milieu de la trajectoire du crash.
L'homme hurla alors à tous ceux présents autour de lui afin de fuir la zone.
Dans sa course pour sauver sa vie, Juan-Carlos chercha son épouse et sa fille : Elles n'étaient nul part. Se pourrait-il que... Qu'elles soient derrière lui ? Cette pensée lui fit faire volte-face.
Les deux prunelles de ses yeux étaient là. Il fut soulagé, elles n'étaient plus si loin.
Leonor trébucha, tenta de se relever mais fut bousculée par d'autres fuyards. Isabella se précipita vers elle, la tira sur ses jambes.
A cet instant précis, une ombre immense vint se placer au-dessus d'elles : La machine Olmèque était juste au-dessus. Isabella plongea sur sa fille pour la protéger. La dernière chose qu'elle put entendre fut le fracas de l'engin sur le sol et de son enfant hurlant de peur.
Mendoza assista, complètement impuissant, à cette scène. Il hurla leurs prénoms en se laissant tomber au sol...
Beaucoup avaient vu la scène. Alliés comme ennemis s'étaient stoppés dans leurs combats. Le temps semblait suspendu, il n'y avait plus que le vent pour faire danser les flammes.
Les yeux embrumés, le navigateur se dirigea tel un zombie vers les débris.
Aucun Olmèque ne tenta de l'arrêter, se contentant de l'observer non sans une once de compassion...
Mendoza passa devant les corps de quelques Atlantes, sans doute les passagers de la machine. Certains étaient encore en vie.
Il se stoppa devant la partie centrale de l'engin volant qui, désormais, ne ressemblait qu'à un vieux tas de ferraille.
Le Catalan chercha alors à en retirer les plaques qu'il pouvait. Au diable cette guerre, s'il avait une chance de sauver sa famille, il le ferait. Il n'était pas question pour Juan de les laisser là-dessous.
Soudain, une vive douleur le fit tressaillir. Son regard se baissa jusqu'à son bras pour y trouver une large plaie et profonde jusqu'à l'os. L'homme se retourna pour comprendre d'où venait ce tir : Un Olmèque le visait de son arbalète et s'apprêtait déjà à tirer une seconde fois.
Cependant, il n'en eut pas le temps : Une lame lui entailla sévèrement la jambe, le faisant manquer sa cible.
Viracocha acheva l'Atlante sans hésitation et rejoignit Mendoza.

« La plaie est sévère. Il faut que tu utilises ta pierre de guérison.
- Pas question ! Je dois la garder pour Isabella et Leonor.
- Dans ce cas prend la mienne. »

Sans attendre son accord, le maya plaqua sa pierre sur la plaie du marin. Malheureusement, la blessure ne guérit pas entièrement.
Ne voulant pas perdre plus de temps à se soigner, le marin déchira un pan de sa cape et demanda à Viracocha de lui faire un bandage. Il s'exécuta.
Ensuite, les deux hommes associèrent leurs forces pour dégager un passage. Les plaques étaient lourdes. Trop lourdes pour eux.
Vint alors d'autres alliés en renfort. Paola avait appelé à l'aide et ils tentaient tous tant bien que mal de libérer les deux femmes. Certains mettaient toutes leurs forces dans le déblaiement tandis que d'autres montaient la garde pour éviter une attaque en traître de la part des Atlantes.
Cependant, à la surprise générale, beaucoup de ces hommes lâchèrent leurs armes. Celui qui se présenta comme le porte-parole de cet attroupement proposa leur aide.
Ainsi, une vingtaine d'Olmèques se joignirent à eux pour libérer les deux femmes.
Grâce à cette aide inattendue, ils parvinrent à enlever une grande partie des débris en un rien de temps.
Malgré le bruit incessant des combats aux alentours et de celui qu'ils faisaient eux-mêmes, Mendoza entendit des gémissements provenir des décombres : Elles étaient en vie !
Redoublant d'efforts, le groupe parvint à créer un chemin menant aux deux femmes.
Juan-Carlos scanda leurs prénoms et n'entendit que la voix larmoyante de Leonor.

« Papa !! Je t'en supplie dépêche-toi ! On.. On manque d'air. Et maman ne répond plus.
- Tiens bon ma princesse ! On arrive. »

Ignorant sa propre douleur, Mendoza souleva la dernière plaque le séparant de sa femme et de sa fille.
C'est à ce moment-là que tous comprirent comment les deux femmes avaient pu survivre au crash : Elles n'avaient pas été écrasées par la coque mais par l'un des yeux rouges.
A en juger par le pistolet jonchant le sol, Mendoza comprit qu'Isabella avait dû fragiliser la vitre avant qu'elle ne les écrase toutes les deux.
Leonor se précipita dans les bras de son père. L'adolescente pleurait à chaudes larmes ignorant complètement les gens qui les entouraient.
Juan confia sa fille à Viracocha et pénétra dans la poche d'air dans laquelle gisait une Isabella à demi consciente. Le marin ressortit et déposa sa femme au sol, la soutenant légèrement.
Il calma les inquiétudes de sa femme quant au sort de leur fille. Cette dernière ne semblait pas blessée, juste totalement terrorisée.
Mendoza sortit sa petite pierre et la déposa sur la plaie ornant le dos de sa femme. Comme pour son bras, le diamant d'Ophir ne guérit pas intégralement la Catalane.
Paola interrogea alors la marche à suivre et n'obtint qu'une simple réponse lui demandant d'attendre et de se défendre si besoin était.
Juan-Carlos affirma qu'ils étaient entrés dans le dernier acte de cette bataille : Ils avaient combattu suffisamment pour prouver quelles étaient leurs intentions. Le fait que des Olmèques aient jeté leurs armes pour leur prêter main-forte étaient un indice sur ce qui arriverait une fois Ambrosius stoppé.
Une paix définitive devenait enfin envisageable...

A quelques dunes de là, Tao, Tian Li et Temba se retrouvaient face à des Atlantes toujours autant enragés.
Ignorant complètement ce qui venait de se produire, le muen ne s'arrêtait plus : Trop de monde venait de perdre la vie, il devait arrêter ce massacre à tout prix !
Son but était clair : Se frayer un chemin à travers ses ennemis et rejoindre l'erg le plus proche de la dernière machine Olmèques. Ambrosius anéantit, il gardait espoir de raisonner le peuple d'Atlantide.
Un rêve fou, oui mais pas impossible. Il le savait.
C'est alors qu'il entendit quelque chose qu'il n'aimait pas du tout... Le Naacal leva le regard et vit ce qu'il craignait : Le faisceau de la machine était chargé, prêt à être actionné.
Tao eut tout juste le temps d'avertir pour qu'ils s'écartent. Lui-même sauta à bonne distance et dévala la petite dune sur laquelle il était.
Alors qu'il reprenait ses esprits, Tao se sentit observé.
Un petit homme chauve hurla en fonçant sur le chef adverse : C'était certes un acte fou et désespéré mais réussir pourrait faire de lui le prochain général.
Tao entendit ce cri de fureur et fit volte-face mais, malheureusement pour lui, il ne réagit pas assez vite et sentit une lame lui heurter la tête.
Portant sa main à son visage, Tao hurla de douleur. Il écarta sa senestre pour la voir couverte de sang. Récupérant son épée, le muen s'élança vers son adversaire : Les deux épéistes s'affrontèrent durant quelques minutes jusqu'à ce que, dans un élan de rage, Tao transperce l'Olmèque à l'estomac. L'altante s'écroula au sol, mort...
Le muen s'agenouilla, ferma les yeux de son opposant et le fouilla rapidement. Il se saisit d'un disque holographique et arracha un bout de tissus pour éponger le sang coulant sur son visage.
Abandonnant Temba et Tian Li, Tao grimpa le dernier rempart entre lui et son ennemi juré. Il était temps que ce petit homme assume.
Arrivé au sommet, le fondateur de l'ordre du Condor hurla à Ambrosius de se montrer. Le vent s'engouffra sous sa tunique et fit virevolter des mèches rebelles. La coupure en travers de son visage le faisait souffrir, il aurait bien aimé avoir encore sa pierre en possession...
Il fut surpris de voir la machine se rapprocher de lui et s'ouvrir.

« Allez Ambrosius ! Vient te battre ! Si tu es un homme.
- En douterais-tu ?
- Tu ne fais que de te cacher derrière les Atlantes. Ça n'a rien d'un véritable chef !
- Oh oh ! Tu veux me faire croire que tu en es un ? Regarde-toi, prêt à mourir pour protéger ceux que tu aimes. Que c'est pitoyable ! Qui protégera tes chers artefacts lorsque tu seras mort ? »

Le muen enrageait : L'homme qu'il avait autrefois admiré se moquait désormais de le voir mourir.
Mis en alerte par des cris, Tao affronta deux Atlantes. Ces derniers avaient profité du fait que le Naacal s'entretenait avec leur chef pour l'attaquer de part et d'autre. Ils l'avaient sous-estimé : En quelques coups de sabre, les assaillants étaient à terre.
Le fondateur entendit alors le rire mauvais d'Ambrosius et releva aussitôt la tête : La machine Olmèque reprenait de l'altitude. Cette ordure prenait la fuite ! Non, il ne pouvait le laisser s'enfuir encore une fois.
Si seulement Esteban était là avec le Condor ! Ils auraient pu à nouveau aborder la machine.
Tao réfléchit à un moyen de monter à bord mais rien, il ne pouvait rien faire si ce n'est regardé son ennemi s'enfuir.

Le sourire de démon du nain s'effaça soudainement. Il s'effondra et regarda derrière lui : Barthélemy baissait son arbalète.
Le gamin semblait satisfait de son acte.
Ambrosius restait incrédule, pourquoi son fils lui avait-il tiré dessus ? Dans le dos, qui plus est.
Barthélemy s'approcha de lui et le toisa du regard. Il le trouvait pathétique : Cet homme se disait intelligent et, à aucun moment, il n'avait pu songer que lui, Barthélemy De Sarles, le trahirait si nécessaire.
Il marcha sur la blessure de son père adoptif. Et là, il répondit enfin aux supplications du français.

« Depuis que je suis gamin, tu me parles de devenir le maître du monde. Et jusqu'à ta propre fin la seule chose de bien en sens que tu aies fait, c'est de lever une armée. Mais regarde ce que tu en fais. La majorité de ces hommes sont morts ou tenté de te trahir. Tu n'as rien d'un roi, tu n'es qu'un misérable lâche. Avec une telle armée, nous aurions dû les attaquer à Patala sans convenir de quoi que ce soit. Si nous avions bombardé ce palais de pacotilles, les artefacts de Mu seraient déjà à nous. Mais bon que pouvais-je attendre d'un homme qui a été mis en échec par des gamins ? »

A peine eut-il fini que Barthélemy poussa son père adoptif dans le vide avant de refermer la machine et de quitter cette bataille qui n'était pas la sienne.

Tao était médusé par une telle scène. Cela s'était-il vraiment produit ?
Le muen se claqua le visage entre ses mains et descendit l'erg qui le séparait d'Ambrosius.
Ce dernier souffrait et gémissait de douleur : Il s'était brisé les jambes lors de sa chute et la chair à vif dans son dos était couverte de sable.
Ambrosius vit Tao s'approcher de lui et le supplia de l'aider.
L'aider... Le muen sentit une haine refoulée monter en lui. Il sut qu'il ne pourrait pas la contenir lorsque le petit homme devant lui réclama pitié.

« Comment peux-tu oser me demander pitié ?! Comment peux-tu même y penser une seule seconde ?! Après tout ce que tu nous as fait subir ! TU as tué ton meilleur ami alors qu'il essayait de te faire revenir à la raison ! Pendant des années, tu as cherché à tuer celui que je considère aujourd'hui comme un père : Un homme qui n'a pas hésité à risquer sa vie alors qu'il venait tout juste de me rencontrer ! Toi... Toi, tu m'as rencontré uniquement parce que tes plans te l'imposaient ! Tu t'es servi de ton savoir pour me piéger et m'avoir à ta merci. Tu as dû jubiler en me voyant te défendre face à Mendoza alors qu'il ne cherchait qu'à me protéger. »

Tao hurla ce qui lui pesait sur la poitrine depuis près de vingt ans. Il sentit les larmes lui monter aux yeux mais les chassa d'un simple clignement des yeux : Il n'était pas question de se mettre à pleurer maintenant.
Le muen se sentait, au fil de son monologue, plus léger.

« Pour toutes ces raisons, je ne pourrais jamais avoir pitié de toi Ambrosius ! Nous aurions dû te laisser croupir dans les geôles de Chambord. Sais-tu au moins pourquoi nous avons pris soin de respecter notre parole ? Parce que notre honneur en dépendait. Chose que tu ne dois pas connaître. Tu n'as pas d'honneur mais tâche de mourir dignement et que ton âme aille brûler en enfer pour l'éternité !! »

A peine eut-il terminé que Tao fit demi-tour et remonta la dune. Il entendait le français derrière lui hurler, un mélange amer de haine et de souffrance.
Son premier plan était de tuer Ambrosius de ses propres mains mais le muen en avait été incapable et se contentait de l'ignorer pendant sa remontée.
Là, il ne put retenir ses larmes. Certes, Ambrosius était son ennemi mais jusqu'à ce qu'il rencontre Nostradamus personne n'avait compris son amour pour la science. Si cet alchimiste n'avait pas été corrompu jusqu'à la moelle, ensemble ils auraient pu faire tant de choses pour aider le monde entier. Il tenta de chasser ces perles d'eau du revers de la main : Personne ne devait le voir ainsi...
Arrivé au sommet de l'erg, Tao regarda le champ de bataille. Il était temps que tout s'arrête.
Enfin.
Le chef de l'armée du Condor passa sa main dans le col de sa tunique et en sortit sa dernière bombe, une un peu spéciale.
Il alluma la petite mèche et l'envoya dans les airs aussi fort qu'il le put.
Le cordon consumé, le projectile explosa dans un large éclair de lumière blanche. Chaque membre de son armée savait ce que cela signifiait.
Le Naacal se laissa tomber au sol, épuisé. Il se rappela alors du disque qu'il avait pris sur le cadavre d'un des Atlantes. L'homme le sortit et l'activa : De petites lumino-projections apparurent mettant en scène une famille profitant de moments simples comme il pouvait partager avec Indali et ses enfants...
Sa famille... Il était temps de les rejoindre. Tao rangea le disque, se releva et commença à marcher vers la porte des Anciens qui le ramènerai chez lui.
Le muen passa entre des dizaines de corps, il aida quelques blessés à se relever.
Pendant ce retour, il remarqua aisément qu'il n'y avait plus un seul tir ou choc entre deux lames : Ses alliés s'étaient bel et bien arrêtés mais il semblerait que les Atlantes aussi.
Alors qu'il s'assurait que Tadashi ne se viderait pas de son sang, une ombre pénétra dans sa vision périphérique. Tao s'aligna avec la silhouette et reconnut immédiatement Leonor.
Il n'eut pas le temps de l'interroger sur sa présence qu'elle le tirait déjà vers une foule. Le muen comprit entre quelques sanglots que Mendoza et Isabella n'étaient pas au mieux de leurs formes.
Après avoir passé la foule, Tao se rendit compte de l'état du couple. Il ne devait pas perdre plus de temps et les ramener en Inde pour les soigner.
Sentant tous les regards braqués sur lui, le fondateur se redressa.

« Ambrosius est mort. Cette guerre n'a plus lieu d'exister. »

Il croisa alors le regard d'un Olmèque qu'il connaissait. Tao alla dans sa direction et, étonnamment, l'autre homme en fit autant.

« Vous étiez à bord de la machine d'Ambrosius, je me trompe ?
- Non. Je n'y suis pas resté, je devais aider mon peuple.
- Ce n'est pourtant pas là que nous nous sommes rencontrés. Vous étiez là lorsque nous avons tenté de parlementer avec Ambrosius. Vous êtes le Général Anator, frère du Grand Maître Ménator et oncle de Tyrias.
- En effet. Comment peux-tu savoir ça ?
- De la même manière que j'ai connaissance de l'histoire d'amour entre la princesse Rana'Ori et Tyrias : Par leurs journaux.
- Comment...
- Je vous expliquerai ça plus tard. A une condition.
- Qu'elle est telle ?
- Mettons un terme à la guerre qui oppose nos peuples depuis plus de vingt mille ans. Créons un monde où nous pourrons tous vivre en paix. »

Tao tendit sa main vers l'Atlante devant lui. Il avait confiance en lui sans réellement savoir pourquoi.
Anator considéra un moment les dires et la proposition faite par le muen face à lui. Il songea alors à son neveu qui n'avait souhaité que ça à l'époque.
Un mince sourire vint étirer ses lèvres et d'un geste souple, l'Atlante serra la main du muen.
Des voix s'élevèrent : Tous semblaient plus qu'heureux de savoir cette guerre ancestrale achevée.
Soudain, une voix criarde sortit de la foule :

« Comment pouvez-vous faire ça ?? Jamais je ne pourrais pactiser avec ces gens ! »

Un Atlante sortit de la foule et se précipita, dague en main, vers la seule personne faible qu'il se savait capable de détruire. Il savait que cette attaque serait la dernière, il ne devait pas se louper.
Le petit homme la poignarderait et il se sentirait enfin vengé. Il ferma les yeux et sentit sa dague s'enfoncer dans la chair de sa victime.
Il entendit les cris et se laissa tomber au sol. C'est seulement à cet instant, ouvrant les yeux, qu'il remarqua qu'il n'avait pas transpercé la fillette mais son général.
Ce dernier retira la dague de son abdomen et s'inquiéta vite de l'état de la gamine derrière lui.
Leonor, confuse, le remercia...

« Général... Pourquoi ? Pourquoi avoir protégé cette enfant ?
- Parce que nous venons d'acter la paix entre nos peuples. Ton geste aurait signé l'arrêt de mort de notre civilisation.
- Comment pouvez-vous oublier qu'Atlantide a été annihilé par leur peuple ?! Ma famille, ma femme, mon fils... J'ai tout perdu à cause de cette guerre !
- Je n'oublie rien. Nous avons tous perdu quelque chose dans cette bataille. J'ai perdu ma fille, je ne m'en remettrais peut-être jamais mais je ne laisserai pas ma colère guider mes actes. Je n'enlèverai pas une enfant à ses parents. Cela est beaucoup trop cruel...
- Mais... Comment faites-vous pour survivre à la douleur ?
- En repensant aux bons moments que j'ai pu vivre avec elle. Grâce à ça. »

Anator sortit son petit disque et montra une lumino-projection de sa fille et lui, avant le grand cataclysme.
L'Olmèque qui venait de le blesser récupéra sa dague et menaça de mettre fin à ses jours, il se savait incapable de vivre sans sa famille.
Tao l'en empêcha. Lui tendant la main, il lui proposa d'essayer en construisant un monde meilleur.
D'abord hésitant, le petit homme accepta.

Une fois chaque camp réunis devant la porte des Anciens, Tao l'activa.
Le muen pris Isabella dans ses bras et gravit les quelques marches avant de passer le portail. Il fut suivi par Viracocha soutenant Mendoza et Leonor aidant le général à avancer.

Dès que la porte s'était refermée, Indali et des dizaines d'autres femmes avaient investi la cour afin de créer un centre de soin. Sous les directives de l'indienne, des lits de fortunes avaient été installés dans chaque recoin, les couloirs extérieurs ressemblaient désormais à un laboratoire où l'on préparait onguent, bandage et remède. Zia dirigeait cette section, cela lui permettait de ne pas trop penser à son amour étendu dans leur chambre.
Tout était prêt pour accueillir les blessés. Il n'y avait plus qu'à attendre. La partie la plus difficile de leur travail.
Lorsqu'elle vit le portail s'ouvrir, Indali se redressa instantanément et alerta toutes les personnes présentes dans la cour et donna déjà ses directives.

« Mesdames, Messieurs, ça va être à nous de jouer. Lorsqu'ils passeront le portail, sachez tout de suite où les aiguiller. Je veux que vous emmeniez les blessés légers sur les paillasses les plus éloignées, les traumatismes graves vous les emmener dans cette zone. Utilisez les pierres d'Ophir uniquement si cela est véritablement nécessaire. Notre stock n'est pas illimité. »

Tous acquiescèrent. Ils étaient prêts.
Tao apparut et se dirigea immédiatement vers sa femme, il déposa Isabella sur l'une des couches. Il eut à peine le temps de prendre sa tendre épouse dans ses bras que déjà il entendit des cris effrayés.
Bien sûr. Le général Anator et quelques Olmèques venaient de poser le pied dans la cour. Le Naacal se précipita et affirma haut et fort qu'ils n'étaient plus ennemis. Que la paix entre leurs peuples avait été accordé.
Tout de même peu rassurés, les gens firent confiance à Tao. Après tout, c'était lui qui avait ouvert le portail et il ne semblait pas inquiet.
Le muen aida Leonor à soutenir Anator et demanda à Indali de lui apporter une pierre. Il soigna le général qui le remercia sincèrement.

Plusieurs heures plus tard, toutes les blessures soignées et pansées, chacun profitait d'un repos bien mérité.
Le couple Mendoza était assis l'un contre l'autre et profitait de revoir ses enfants. Heureux d'être encore vie. Leonor ne cessait de s'excuser auprès de sa fratrie et de ses parents pour son acte déraisonné. Fernando était celui qui lui en voulait le plus : Il connaissait sa sœur mais jamais il ne l'aurait cru assez folle pour foncer tête baissée dans une guerre. Pour autant, frère et sœur restaient ensemble.
Anator les regardait agir et était heureux d'avoir accepté cette paix. Estela ne le quittait pas des yeux, elle était autant curieuse qu'effrayée devant cet homme aux oreilles pointues.
Tao arriva accompagnée de sa famille et la présenta au général.
Juan-Carlos demanda des nouvelles du reste des troupes. Le muen expliqua que tout allait bien et même que certains Atlantes avaient proposé leur aide.
Le chef Olmèque fut ravi d'entendre cela.
Isabella se redressa légèrement et interrogea son ancien élève.

« Que comptes-tu faire maintenant ?
- Et bien... Renforcer la chambre des artefacts dans un premier temps. Et entamer des recherches sur la génétique.
- La génétique ?
- Oui. Je vais continuer les travaux de Ménator mais d'une manière plus pacifique. Je vais trouver un remède contre le vieillissement prématuré et les mutations que les Atlantes ont subit au cours de leurs sommeils programmés.
- Tu... Tu souhaites vraiment te lancer là-dedans ?
- Oui. Nous sommes alliés maintenant.
- Alors je t'accompagnerai dans ta démarche.
- Et moi aussi. »

Tao accepta avec grand plaisir l'aide d'Isabella et d'Anator. A eux trois, ils étaient presque certains de trouver la solution. Notamment en alliant le savoir de Mu et d'Atlantide.
« On le fait parce qu'on sait le faire » Don Flack
« Ne te met pas en travers de ceux qui veulent t'aider » Sara Sidle

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Message par IsaGuerra »

Bon et bien nous y voilà ; Le dernier One-Shot de cette série :

~~~~~~
Un nouveau départ

03 Juin 1557. Patala.

La lueur émise par les bougies vacillait sur son visage, Isabella était sujette à une insomnie des plus violentes.
Allongée sur la méridienne du salon, la catalane finissait la lecture du dernier ouvrage offert par son cher époux. Malheureusement pour l'homme, ce roman tint à peine plus d'une semaine.
La femme esquissa un sourire : Avant de le connaître, un livre de ce gabarit aurait eu une durée de vie réduite de moitié. Notamment lors de nuit comme celle-ci : Une nuit où il lui était impossible de dormir tant son esprit s'échauffait.
Du moins jusqu'à la naissance de leur aîné. Après cela, Isabella n'avait plus eu la possibilité de rester éveillée une nuit entière, la fatigue prenant le dessus. Excepté celles où la mère avait dû veiller sur sa progéniture fiévreuse.

Seulement, cette nuit-ci, la vieille amie nocturne de la catalane prit grand plaisir à lui rendre visite.
La petite horloge de la chambre parentale indiquait déjà trois heures du matin lorsque Isabella s'était décidée à quitter la chaleur de Juan-Carlos pour rejoindre le petit salon, tant qu'à être éveillée, la femme préférait rendre les heures à venir productives sans briser le sommeil de son marin.
Tout comme elle, il se faisait bien vieux et payait désormais pour son habitude de ne dormir qu'une poignée d'heures chaque nuit.
Désormais, le couple d'espagnols profitaient allégrement de chaque nuit notamment depuis que leur petite dernière faisait ses nuits.

Isabella rangea son roman dans la bibliothèque : Cette lecture, bien que trop courte à son goût, avait réussit à l'apaiser un minimum. Son regard se posa alors sur de vieilles reliures en cuir. Une idée s'immisça dans son esprit.
La catalane se saisit des carnets de son père avant de se diriger vers le petit secrétaire et de s'y installer. Sachant qu'elle allait y rester un moment, la femme alluma une nouvelle bougie. Isabella ouvrit un tiroir et en sortit un livret vierge. Armée de sa plume et de son encre, la jeune femme entama la retranscription de certaines informations et croquis.
Elle s'appliqua pendant un peu moins de deux heures, veillant à soigner chaque détail. Sa nuque s'était engourdie et la femme passa sa main pour la masser. Au même instant, elle entendit un craquement venant de la porte.

« Tu ne devrais pas être en train de dormir ?
- Estela s'est réveillée à cause d'un cauchemar. Je viens de la recoucher. Et puisque tu n'étais pas dans notre lit, je suis descendu voir si tu allais bien.
- Je vais bien mais je n'arrivais pas à dormir. Le départ des enfants m'inquiète plus que de raison. »

Mendoza s'était approché de son épouse, il jeta un œil sur ce qu'elle réalisait au beau milieu de la nuit. Une synthèse complète des notes médicales du docteur. Isabella souhaitait sans doute fournir un dernier avantage au trio. L'homme trouva l'idée fort intéressante pour la sécurité des enfants. Il s'offusqua même qu'aucun d'eux n'ait pu y penser plus tôt.
Voyant qu'il restait encore de carnets à sa femme, Juan-Carlos lui proposa son aide avant qu'ils retournent se coucher ensemble. Isabella accepta volontiers.
Le couple se mit donc au travail. Il fallut encore une heure aux amants pour terminer leur travail.
Isabella referma le dernier carnet hérité de son père et le posa avec les autres.
Avec cette dernière occupation, l'aventurière sentit le sommeil la gagner. Accompagnée de son cher marin, elle rejoignit le lit conjugal.
A peine allongée sous les couvertures, l'ancienne aventurière se blottit contre son époux.
Ce dernier apprécia cette étreinte soudaine. Il approfondit cet élan de tendresse en passant son bras gauche autour de la taille encore marquée de sa femme.
Les deux catalans se retrouvèrent face à face. Ils échangèrent un tendre baiser comme ils avaient pris l'habitude de le faire depuis leur union. Isabella avait d'abord trouvé ça quelque peu ridicule pourtant il lui avait été très vite impensable de s'en passer. Sans ce baiser passionné, la catalane ne parvenait pas à s'endormir.
Néanmoins, ce soir-là, Isabella ne pouvait s'endormir sans exprimer ses craintes à son mari.

« Juan... Je ne peux m'empêcher de penser que nous faisons une erreur en les laissant partir...
- Ne soit pas inquiète mi amor. Tout se passera bien. Nous les préparons à ce voyage depuis plusieurs semaines.
- Et s'il leur arrivait malheur ? S'ils se retrouvaient face à Barthélemy ?
- Si tel est le cas : Ils fuiront ou, dans le pire des cas, ils l'affronteront. Nous les avons entraîné dans cette éventualité. N'oublie pas que Leonor est une tireuse hors pair ainsi qu'une excellente combattante. En ce qui concerne Ugo et Nilaya, je ne suis pas inquiet non plus : L'un est un pilote d'exception, à l'instar de son père et l'autre a en sa possession tout le savoir nécessaire pour soigner et guérir n'importe quel maux.»

Juan-Carlos comprenait tout à fait ce qu'éprouvait son épouse. La famille De Sarles les entravait dans leur bonheur depuis bien trop longtemps. Le jour où était mort Ambrosius, il avait bien failli perdre son bras et sa femme, quant à elle, gardait une marque indélébile sur son épaule...
Quoi qu'il en soit, la mort est partout à la fois, chaque être vivant est inscrit sur sa liste alors il faut pouvoir vivre sans regrets. Si les voyages et l'aventure font le bonheur de sa fille alors il ne voyait aucune raison de l'en empêcher. Il avait vécu pendant des années de cette façon : Qui était-il pour refuser ça à son enfant et ses enfants ?
L'homme écarta une mèche de cheveux du visage de sa femme et, souriant, lui en fit la remarque.

« D'autant plus que nous serions vraiment très mal placés pour leur refuser ce que nous avons fait à leur âge, et même avant.
- Je sais bien... Mais n'est-ce pas le devoir d'une mère de s'inquiéter de la sécurité de son enfant ?
- Évidemment. Et c'est pour cela que Leonor ne prendra pas de risques inutiles. Cette demoiselle est peut-être aussi têtue que toi mais, grâce au ciel, elle n'est pas aussi tête brûlée. Enfin moins qu'il y a quelques années...
- Tu te crois drôle à dire de telles choses ? C'est justement à cause de ça que j'ai peur pour elle. »

Mendoza opina légèrement. Il était vrai que leur fille n'avait pas pour habitude de rester sans agir. Il se contenta cependant de continuer à rassurer sa femme par quelques paroles accompagnées d'une étreinte et de caresses.
Bien sûr une partie de lui s'inquiétait de ce départ. Toutefois, il ressentait au fond de lui une grande fierté d'avoir transmis cette envie d'aventure à une nouvelle génération.
Finalement, les deux catalans s'endormirent l'un contre l'autre sans s'apercevoir qu'une ombre se glissait dans leur chambre...

A son réveil, Isabella constata qu'Estela s'était encore une fois réveillée et les avait rejoints, comme elle le faisait depuis une semaine. La femme n'avait aucun doute quant à la raison de cette mauvaise habitude : Le départ de Leonor perturbait la benjamine. Cela avait déjà été le cas lorsque son fils aîné avait quitté le domicile familial après son mariage. Estela était bien trop sensible à tous ces changements.
Isabella se glissa hors du lit et, veillant à ne pas réveiller sa fille ni son mari, quitta la chambre.
La catalane se dirigea vers la salle d'eau. Elle y fit une toilette rapide, se vêtit et coiffa ses cheveux comme elle en avait l'habitude. La femme termina en appliquant un léger maquillage afin de dissimuler les cernes preuve de sa courte nuit et les marques que le temps lui avait laissé. A l'aide d'une légère couche de fond de teint, Isabella camoufla au mieux son épaule droite.
La porte s'ouvrit derrière elle, laissant entrer une de ses filles.

« Bonjour maman, tu es déjà réveillée ?
- Bonjour ma chérie. Oui, il faut bien. C'est aujourd'hui que ta sœur nous quitte.
- Je sais mais tel que je te connais, tu n'as pas du beaucoup dormir.
- En effet... »

Ana embrassa sa mère et lui pris son fard des mains et l'aida à cacher le reste de sa brûlure.

« Je n'ai jamais compris pourquoi les pierres d'Ophir n'avaient pas soigné complètement ta blessure alors qu'elles ont permis à papa de garder son bras...
- Le science de Mu a ses limites ma chérie. Elles ont le pouvoir de guérir les blessures physiques mais sont incapables de guérir les douleurs internes. Je m'estime déjà chanceuse de ne pas avoir le bras entièrement dans cet état...
- Et ça ne te fait pas mal ?
- Non, je ne sens plus rien si ce n'est un peu de dégoût...
- Pourtant tu es toujours aussi belle. »

Isabella remercia l'adolescente. Cette dernière l'enlaça par-derrière, profitant d'un moment de douceur avant que la journée ne commence vraiment.

Une fois en bas, la catalane embrassa les jumeaux qui étaient en train d'installer le petit-déjeuner. Comme depuis leur plus jeune âge, ces deux-là se complétaient à la perfection dans leurs gestes et leurs caractères. Pour parachever leur ressemblance, Julia gardait les cheveux courts. Nombreuses avaient été les fois où les deux gamins s'étaient fait passer pour l'un pour l'autre.
Ensemble, les jumeaux purent dresser la table en un temps relativement restreint.
Ana s'interrogea sur l'absence de leur grande sœur et du sac préparé la veille.
Luca lui répondit alors que Nilaya et Ugo étaient déjà passé la chercher pour se rendre au Condor afin d'effectuer quelques contrôles de sécurité.

« Je n'en reviens toujours pas que vous ayez accepté de les laisser partir.
- Crois-moi Luca, j'en suis la première surprise mais... Au fond, je préfère que ces trois-là partent avec notre accord et toutes les cartes en main plutôt que de partir sans rien savoir de ce qui peut les attendre.
- Vu le caractère Leonor et le trio qu'ils forment, c'est préférable j'imagine...
- Plus que préférable fiston. Leonor aspire à vivre de belles aventures. Exactement comme votre mère et moi l'avons fait. »

Mendoza venait d'arriver dans la pièce avec la benjamine dans les bras. Il déposa la petite au sol et elle courut enlacer sa mère.
Isabella l'attrapa et la serra contre elle caressant les cheveux d'ébène de la petite.
Comme chaque jour, la famille s'installa autour de la table et profita d'un petit-déjeuner convivial : Ana discutant avec ses parents de son envie de peindre davantage avec Ishan et Naveen. Isabella n'était en aucun cas dupe des sentiments de sa fille envers le jeune indien. Les jumeaux, assis l'un en face de l'autre, s'amusaient à jouer l'homme et son reflet imaginant déjà leur prochaine blague. La plus jeune, quant à elle, appréciait son chocolat chaud. Chaque membre de la tablée eut un éclat de rire assez franc lorsqu'elle reposa son bol sur la table, affichant une superbe moustache de lait chocolaté.
Juan-Carlos attrapa une serviette et essuya la bouche d'Estela avant de la prendre contre lui. La petite brune adorait être sur les genoux de son père.
Pourtant, elle sauta au sol dès qu'elle entendit quelqu'un frapper à la porte. Estella ouvrit et s'élança autour du cou de son frère.
Fernando venait d'arriver en compagnie de Jaya ainsi que des anciens élus et de leur Naacal.
Tous se saluèrent et s'étreignirent. Isabella frictionna les épaules de Zia tentant de la rassurer comme Juan l'avait fait avec elle.
Luca et Julia débarrassèrent la table avec l'aide d'Estela et Asha pendant que les parents préparèrent les derniers sacs pour le voyage du nouveau trio.
La catalane présenta les deux carnets écrits pendant la nuit à Indali et Zia. Les deux jeunes femmes furent ravies de voir l'aide que cela apporterait à leurs enfants. L'indienne ajouta qu'elle avait apporté un sac empli d'herbes médicinales à additionner à celles qu'elle et Zia avaient été récupérées au monastère de Shaolin.
Tao, portant Ishan, fit remarquer l'heure et qu'ils feraient mieux de se rendre au Condor puisque les enfants n'allaient pas tarder à décoller.

Sur la piste de décollage, les trois jeunes étaient sur le pied de guerre : Ugo réalisait les derniers contrôles de bord exactement comme son père le lui avait appris pendant que les filles chargeaient sacs de provisions et de couettes.
Leonor noua la corde au dernier sac à sa disposition et tira deux coups secs.

« Vas-y Nilaya ! Tu peux le hisser !
- Il en reste d'autre après ?!
- Non. C'est le dernier ! »

Dans le cockpit, Nilaya appuya son pied sur la banquette et tira sur la corde entre ses mains afin de faire monter le sac. Dès qu'elle put, elle l'attrapa et le posa au sol.
Au même instant, la jeune Mendoza entra dans la cabine. Elle passa derrière et aida à ranger les dernières fournitures dans la petite salle et cocha cette étape dans son petit calepin.
Puis la brunette se tourna vers ses deux meilleurs amis.

« Bien. Tout est chargé et rangé. Ugo ? Tout est en ordre de ton côté ?
- Affirmatif capitaine. Je suis prêt à décoller.
- Parfait. Il n'y a donc plus qu'à attendre nos familles pour leur dire au revoir.
- J'espère que nous n'avons rien oublié...
- J'en doute. Et puis même si c'était le cas, je suis certaine que nos parents y auront pensé pour nous.
- C'est fort possible ! »

Le trio éclata de rire.
Au sol, un attroupement se présenta et les appela. Les trois jeunes descendirent avec précipitation, heureux de voir leurs familles arriver.
Chacun enlaça ses parents, les remerciant une fois de plus de les laisser entreprendre un tel périple.
Esteban interrogea le trio sur l'avancement de leurs derniers préparatifs. Ce à quoi Ugo répondit qu'ils n'attendaient plus qu'eux pour leur dire au revoir et décoller.
Les trois jeunes affichaient un large sourire. Indali confia à sa fille le sac d'herbes et de potions médicinales qu'elle lui avait préparé avec grand soin. Esteban donna une petite série de conseils à son fils pour le pilotage. Les anciens porteurs de médaillons conseillèrent aux enfants d'être très prudent avec les pendentifs et de les cacher lorsqu'ils pensaient que cela était nécessaire.
Ugo et Nilaya acquiescèrent : Ils étaient conscients de l'envie et la cupidité que pouvait évoquer leurs médaillons pourtant ils jurèrent que les protéger comme leurs parents avant eux.
De son côté, Leonor reçut les carnets écrits la nuit même et promis d'en prendre grand soin et de compléter avec ce qu'elle pourrait découvrir lors de son voyage.
Isabella sourit et tendit à sa fille un étui en bois gravé. Cette dernière l'ouvrit et y découvrit un pistolet accompagné de balle et de poudre. Il ne fallut qu'un seul regard et quelques secondes à la demoiselle pour comprendre qu'il s'agissait de l'arme autrefois utilisée par sa mère.
Bouchée bée, Leonor leva la tête vers ses parents.

« J'espère que tu n'auras jamais à t'en servir. »

Isabella expliqua alors à son aînée qu'elle connaissait son talent pour le tir et se sentait plus sereine de savoir qu'ils pourraient se protéger au mieux. Leonor comprit le ressenti de sa mère et assura qu'elle ne se servirait de l'arme qu'en dernier recours.
Le trio monta alors dans l'oiseau d'or les derniers instruments de leur voyage.

Vint alors le moment le plus difficile, autant pour les parents que pour les enfants : Se dire au revoir.
Ugo enlaça ses parents et son petit frère. Chasca affichait un grand sourire contrairement à ses parents : Ces derniers s'efforçaient de sourire pour ne pas chagriner leur aîné. Le fils des élus remercia ses parents pour lui donner la chance de voyager comme eux l'avaient fait. Zia lui demanda simplement de faire attention de ne jamais foncer tête baissée et de se mettre en danger comme son père avait si souvent pu le faire. Esteban s'offusqua faussement et ne fit que redoubler cet avertissement.
Tao et Indali prirent leur fille dans leurs bras chacun leur tour. Le muen questionna Nilaya pour être sûr qu'elle n'ait rien oublier. Avec un petit sourire, cette dernière lui assura qu'elle avait tout ce dont elle avait besoin que cela soit vêtements ou médicaments. La jeune fille ajouta même qu'elle avait emporté sa première peluche. Entendant ça, Tao se sentit un peu ridicule mais rassurer de savoir que son aînée était prête en tout point.
L'indienne s'agenouilla alors devant sa sœur et son frère. Une main sur chacun, Nilaya leur fit promettre de ne pas faire trop de bêtises pendant son absence. En retour, elle leur promit de leur apporter de nombreux cadeaux. Asha et Ishan se jetèrent sur elle, l'implorant de ne pas partir. En vain.
De son côté, Leonor embrassa chacun de ses frères et sœurs. C'était, de loin, la plus excitée des trois à l'idée de ce départ. Néanmoins, un pincement au cœur l'assaillait depuis quelques minutes : La jeune fille ne s'attendait pas à ce que ce moment soit si dur surtout lorsqu'elle pouvait voir de grosses larmes dévaler sur le visage d'Estela. Elle tenta du mieux qu'elle put de rassurer sa jeune sœur et la serra contre elle lui promettant de revenir.
Juan-Carlos vint alors prendre la petite fille dans ses bras et se positionna devant Leonor. De sa main libre, il lui prit l'épaule. La jeune fille posa sa main sur celle de son père : Il n'avait rien dit mais son visage parlait pour lui. Avec un simple regard, Leonor comprit que son père était fier d'elle, de ce qu'elle s'apprêtait à accomplir. Des larmes commencèrent à couler et la jeune Mendoza enlaça son père de toutes ses forces, le remerciant mille fois.
Quittant cette étreinte, Leonor se tourna vers sa mère. Cette dernière n'avait rien dit depuis un moment, ne sachant comment aborder le départ de sa fille. Son père, le grand Docteur, avait-il ressenti la même chose lorsqu'elle-même avait choisit de partir à l'aventure ? Sans doute. Isabella se ressaisit et s'approcha de sa fille : Elle la prit dans ses bras, le serrant contre elle comme pour la retenir. S'écartant un peu, la catalane caressa les cheveux de Leonor imprégnant chaque trait de son visage dans sa mémoire. Mère et fille échangèrent un sourire emprunt de l'immense amour qu'elles se portaient l'une à l'autre.
Retenant ses larmes, Isabella parvint à prononcer quelques mots :

« Si jamais c'est trop dur n'hésitez pas...
- A revenir. Ne t'en fais pas maman, on reviendra aussi souvent que possible. Je t'en fais la promesse ! »

Le grand sourire de Leonor finit de rassurer sa mère. Elles s'embrassèrent encore une fois.
Le trio se regroupa d'un côté et leurs familles de l'autre.
Le capitaine posa alors la question qui lui brûlait les lèvres depuis quelques jours.

« Dites voir les jeunes : Il y a quelque chose que vous n'avez jamais évoqué avec nous. Vous savez par où commencer votre voyage ? »

Les trois jeunes aventuriers échangèrent un regard et un sourire.

« On y a un peu réfléchi oui. On va commencer par l'île de papa. On est à peu près sûr qu'il y a encore des secrets à y découvrir. »

Tao fut très fier de sa fille lorsqu'il entendit ces mots. Il encouragea alors sa fille et ses amis à se rendre dans la partie du temple souterrain qui ne s'était pas écroulée.
Les enfants acquiescèrent avec grand plaisir ce conseil.

Après un ultime au revoir, le nouveau trio grimpa à l'intérieur du Condor.
Ils saluèrent les familles au sol avec de grands gestes et sourires.
Le fils des élus s'installa par la suite sur le siège central et enfonça le disque d'or dans son emplacement. Une lueur enveloppa l'oiseau pendant que celui-ci déploya ses ailes et redressa son bec.
D'une petite inclinaison du manche à tête de serpent, Ugo fit s'élever la machine dans le ciel. Une fois à une altitude convenable, il le fit pivoter selon les ordres de sa navigatrice.

« Vous êtes prêts les amis ?
- Plus que prêt capitaine.
- Alors mets la gomme cher pilote.
- C'est parti ! »

Ugo poussa le levier et lança l'oiseau à pleine vitesse. En un clin d'œil, le Condor disparut du ciel indien.
Leonor, Nilaya et Ugo riaient de bon cœur, appréciant ces folles aventures qui les attendaient. Ils comptaient bien profiter de cette chance pour découvrir le monde à l'instar de leurs parents.
Chacun avait son objectif : Ugo comptait bien battre le record de vitesse de son père avec le Condor. Nilaya espérait découvrir de nouveaux remèdes et souhaitait en apprendre plus sur ses origines et celles de son père. Leonor, elle, n'avait qu'une chose en tête : Découvrir ce qui avait pu causer la guerre entre Mu et Atlantide.

Ne songeant qu'à leurs rêves et envies, les trois aventuriers occultèrent malheureusement la totalité des dangers qui les guettaient.
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Je profite de ce post pour annoncer que c'était mon dernier sur le forum.
Voilà 6 ans que je m'y suis inscrite et il est temps pour moi de le quitter.
Pendant ces 6 années, j'ai rencontré des gens vraiment géniaux avec qui j'ai tissé des liens plus ou moins forts : Ils m'ont aidé à grandir, à mûrir donc merci !
Avec à peu près une vingtaine de textes écrits et postés (dont deux tentatives de fiction) et plus d'une centaine de FanArt, je crois avoir fait le tour de tout ce que je pouvais imaginer ! (Non c'est faux je n'ai pas pris le temps de tout réaliser par manque de temps ou par flemme parfois)
A chaque fois je m'éclatais à imaginer et créer tout ce que j'ai pu poster dans la section FanArt et je ne parle pas des fois où l'on discutait sur les autres topic.
J'ai apprécié partager sur les MCO avec d'autres personnes que ma sœur.
J'ai beaucoup d'autres projets qui m'attendent avec les péripéties qui les accompagnent donc, à l'instar de ce nouveau trio, je me lance dans de nouvelles aventures.

Bref je vous tire ma révérence et laisse ma place.
« On le fait parce qu'on sait le faire » Don Flack
« Ne te met pas en travers de ceux qui veulent t'aider » Sara Sidle

« J'ai de bonnes raisons de faire ce que je fais » Isabella Laguerra
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