[FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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Yelen
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[FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Yelen »

Résumé:
A l'autre bout du monde, là où les Occidentaux pensaient ne trouver qu'un océan infini, il existe un autre monde. Un Nouveau Monde.
Au milieu de nulle part, on distingue une montagne étrange. Non loin, un lac, et au milieu, une petite île. Insignifiante. En son sommet se dresse fièrement un arche de pierre, et on distingue à ses côtés trois silhouettes menues. Trois enfants.
Trois élus qui vont dépasser les limites de l'imaginable pour sauver un monde en péril.

***

Canon divergence à partir de l'épisode 39 de la saison 1.

***
PROLOGUE : viewtopic.php?p=108688#p108688
CHAPITRE 1 : viewtopic.php?p=108715#p108715
CHAPITRE 2 : viewtopic.php?p=109469#p109469
CHAPITRE 3 : viewtopic.php?p=109594#p109594
CHAPITRE 4: viewtopic.php?p=110654#p110654
Modifié en dernier par Yelen le 24 avr. 2022, 21:45, modifié 4 fois.
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Yelen »

PROLOGUE
Un matin de 1532.

A l'autre bout du monde, là où les Occidentaux pensaient ne trouver qu'un océan infini, il existe un autre monde. Un Nouveau Monde. Ce monde, des milliers de blancs l'ont exploré, pillé, saccagé, à la recherche de ce qui ferait d'eux des hommes riches. Et une légende avait attiré l'attention. Il existait, quelque part, une cité légendaire, qui, disait-on, était construite entièrement d'or, un métal si précieux qu'on s'entretuait pour l'obtenir. Cette histoire en avait fait rêver plus d'un, qui s'étaient éperdument lancé dans la quête de cette mystérieuse cité. Mais jusqu'à récemment, personne ne l'avait découverte.
Le Nouveau Monde est vaste, il déborde de vallées, de montagnes, de fleuves et de terres inexplorées. Au milieu de nulle part, on distingue une montagne étrange. Elle semble s'être effondrée sous le coup d'un terrible choc qui l'aurait frappée de l'intérieur. Non loin, un lac, et au milieu, une petite île. Insignifiante. En son sommet se dresse fièrement un arche de pierre, et on distingue à ses côtés trois silhouettes menues. Trois enfants.

Le premier semble examiner l'arche sous tous les angles, les deux autres restant en retrait. Le temps s'écoule silencieusement. Il portent sur leurs épaules le poids invisible d'un destin dont ils n'ont même pas conscience et qui les emmènera au-delà des frontières de l'imaginable.
L'un des enfants se met à bouger. Il marche nerveusement, irrité de l'inaction qui l'entoure. L'astre diurne éclatant vient le frapper; il sourit, ses deux amis l'imitent. Main dans la main, ils avancent vers l'arche. Quelque chose brille soudain sur la poitrine du garçon; c'est le Soleil lui-même, grand dieu des Incas, qui se reflète dans le médaillon qu'il porte. Le bijou représente l'union du Soleil, de la Lune et de l'Etoile. Et c'est bien ce que sont ces enfants, des astres poursuivant leur course à travers l'espace, vers une destination qu'ils ne connaissent pas encore. A l'instant où ils posent le pied de l'autre côté de l'arche, une lumière aveuglante fait briller le sommet de la montagne de mille feux. On eût dit qu'une étoile s'était logée là, au milieu de ce lac perdu sur un continent inconnu. Le Soleil lui-même semblait reculer devant cet éclat. Et puis, plus rien. La lumière s'était retirée, l'étoile avait regagné le ciel. Seule l'arche demeurait dressée, témoin de l'intensité de ce rayon qui en avait fissuré les pierres. Mais les enfants avaient disparu.

******************
Merci d'avoir lu ce prologue ! Il est court, je sais, mais j'espère qu'il vous aura plu, et qu'il vous aura mis l'eau à la bouche pour la suite.
N'hésitez pas à me faire des retours, j'adore les lire !
Je vais essayer de dessiner une illustration par chapitre, elles seront disponibles au fur et à mesure avec les chapitres (sur Wattpad), ainsi que sur mon Instagram @citedoresque.
On se retrouve très (très) bientôt pour le chapitre 1 !

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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Atlanta »

Yelen a écrit : 21 nov. 2021, 18:39
******************
Merci d'avoir lu ce prologue ! Il est court, je sais, mais j'espère qu'il vous aura plu, et qu'il vous aura mis l'eau à la bouche pour la suite.
N'hésitez pas à me faire des retours, j'adore les lire !
Je vais essayer de dessiner une illustration par chapitre, elles seront disponibles au fur et à mesure avec les chapitres (sur Wattpad), ainsi que sur mon Instagram @citedoresque.
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Yelen »

Atlanta a écrit : 21 nov. 2021, 18:42
Yelen a écrit : 21 nov. 2021, 18:39
******************
Merci d'avoir lu ce prologue ! Il est court, je sais, mais j'espère qu'il vous aura plu, et qu'il vous aura mis l'eau à la bouche pour la suite.
N'hésitez pas à me faire des retours, j'adore les lire !
Je vais essayer de dessiner une illustration par chapitre, elles seront disponibles au fur et à mesure avec les chapitres (sur Wattpad), ainsi que sur mon Instagram @citedoresque.
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Merci énormément !! Ce compliment me va droit au coeur :oops:
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Atlanta »

Yelen a écrit : 21 nov. 2021, 18:45

Merci énormément !! Ce compliment me va droit au coeur :oops:
de rien ! quand on aime, on le dis ! c'est extrêmement fidèle à la poésie de la saison 1
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Solana »

Coucou toi !

Tu connais déjà mon avis, mais je suis vraiment fan ! J'adore ce prologue et j'ai hâte de lire la suite ! Tu as une très belle plume, continue comme ça ! :-@
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Raang »

Eh bien, prologue très court mais plutôt prometteur ! Je ne sais pas si c'est ta première fiction, mais en tous cas c'est un début bien honorable si tu as commencé récemment :)
Curieux d'en voir plus
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Yelen »

Chapitre 1.

CW : Mention de blessures corporelles et de mort.

"Pour devenir vraiment grand, vois-tu, mon enfant, un fils doit dépasser son père."

Ces mots résonnaient en boucle dans la tête d'Esteban alors qu'il courait aux côtés de ses amis. L'image d'un homme masqué, s'éloignant d'un pas lourd vers une mort certaine, le hantait. Était-ce cette pensée, où simplement l'odeur âcre des fumées toxiques ? Sa gorge se serra.

Devant lui, Tao et Zia couraient, eux aussi. On distinguait la poussière que soulevait chacune de leurs foulées. Plus loin encore, Viracocha et ses hommes fuyaient vers le village du Nouveau Soleil. En dépit de l'urgence de la situation, Esteban avait l'impression de se déplacer au ralenti. Il sentait encore la chaleur d'une main sur sa joue, comme s'il avait été marqué au fer rouge. L'image du grand prêtre ne cessait de s'imposer à son esprit. Cet homme avait attendu de longues années que viennent enfin les élus qui pourraient ouvrir la cité d'or. Il avait appris à Esteban et Zia comment et pourquoi leur médaillons avaient été fabriqués. Il avait raconté l'histoire de Mü et d'Atlantide d'une manière que même Tao n'avait jamais entendue. Il avait fait confiance, quitte à se faire poignarder par le général Calmèque. Plus important encore, cet homme avait parlé à Esteban de son père. Ce père inconnu, dont il n'avait jamais rien su jusqu'à ses douze ans, le jour où le Père Rodriguez était mort. Ce soir-là, Mendoza était apparu dans la vie du jeune garçon et avait planté en lui un début d'espoir.

"Rien ne dit qu'il n'ait pas réussi à survivre".

Depuis cette soirée pluvieuse à Barcelone, Esteban avait beaucoup changé. Cela ne remontait pourtant qu'à quelques mois. Entre-temps, il avait rencontré des personnes à qui il confierait sa vie sans la moindre hésitation, fait la connaissance de différents peuples, entendu parlé de légendes auxquelles il n'aurait jamais cru avant. Sa vie avait pris un sens. Mais en toile de fond, Esteban n'oubliait jamais son père. Il désirait ardemment le retrouver, avoir enfin quelqu'un qui partagerait son sang et qui lui dévoilerait le secret de ses origines. Lorsqu'au Vieux Pic, le sage Mayucca lui avait révélé la mort de sa mère, il s'était résigné, car l'espoir de retrouver son père était toujours là. Il était avide de chaque mot qu'il pouvait entendre à son sujet, de la plus petite information qui lui permettrait de se rapprocher de lui, lui qui n'avait laissé sur son passage qu'un nom : le prophète voyageur. Et le grand prêtre l'avait connu. Il lui en avait même parlé : Esteban en était désormais sûr, son père avait foulé le sol sur lequel il courait en ce moment même, et il était déterminé à marcher dans ses pas jusqu'à le retrouver.

Plongé dans ses pensées, Esteban avait machinalement continué d'avancer, mais il n'avait aucune idée du temps qui avait passé. Ses muscles commençaient à le faire souffrir, mais il tenait bon. Son regard se posa sur Zia. Elle courait toujours, sans montrer de signe de fatigue. Mais son ami n'était pas dupe ; il savait que comme lui, elle commençait à éprouver des difficultés. Tao, lui, habitué qu'il était à vivre seul sur une île où il devait trouver sa pitance lui-même, était doué d'une endurance à toute épreuve.

Esteban ne pouvait s'empêcher de culpabiliser. Ses deux amis avaient tant perdu. Tao était orphelin et avait quitté son foyer sans hésiter pour suivre la quête des cités d'or. Zia avait enduré les pires atrocités au service de Pizarro, avait été enlevée puis considérée comme une simple monnaie d'échange. Enfin, après de longues années, elle avait retrouvé son père, mais seulement pour le voir mourir à peine quelques heures plus tard. Tant de personnes s'étaient sacrifiées pour qu'eux, les élus, puissent continuer leur chemin.

Et tout ça, pour quoi ? Pour que le grand prêtre finisse par périr intoxiqué, en mourant pour le reste du monde. Là-bas, bien en dessous d'eux, qui sait quelle distance il avait parcouru ? Peut-être était-il descendu jusqu'au centre de la terre; jamais son corps ne serait retrouvé. Une telle injustice donna à Esteban l'envie de hurler. La voix du grand prêtre retentissait encore à l'intérieur de son crâne, il avait presque l'impression de l'entendre appeler...

"À l'aide !"

Esteban s'arrêta net et tendit l'oreille. Devant lui, les autres poursuivirent leur course. Pendant un moment, rien ne se fit entendre, mais soudain il distingua une voix.

"Esteban !"

Il se retourna brusquement. La montagne du bouclier fumant se découpait encore au loin, exhalant des vapeurs nauséabondes. En plissant les yeux, Esteban vit une silhouette s'approcher péniblement, presque en rampant. Mû par son instinct, il courut dans sa direction. En arrivant à la hauteur de la silhouette, le choc fut indescriptible. Un homme se trouvait bien là. La peau de ses mains partait en lambeaux rougis, comme s'il les avait plongées dans de l'huile bouillante. Son visage était meurtri, lui aussi, de profondes brûlures qui suintaient encore, de sorte qu'on ne pouvait distinguer ses traits. Quelque mèches de cheveux éparses subsistaient sur son crâne, roussies par ce que l'on devinait être une intense chaleur. Seuls les lambeaux de la tunique dont l'homme était vêtu étaient reconnaissables. Esteban ne pouvait se résoudre à constater l'évidence. Puis l'homme parla à nouveau :

"Fils du Soleil... J'ai échoué."

Le jeune garçon crut que son cerveau allait exploser. Ainsi donc c'était bien lui. Le grand prêtre qu'ils avaient laissé à son sort si peu de temps auparavant. Méconnaissable, blessé, brûlé, mutilé, mais vivant. Esteban ne comprit même pas la gravité de la situation, et ce que représentait cet échec. C'est dans un état second qu'il appela Zia et Tao, qui heureusement étaient encore à portée de voix. Ils arrivèrent bientôt, catastrophés.

"Mais enfin Esteban, qu'est-ce que tu fais ! Tu sais bien que les fumées sont toxiques, il faut ..."

Zia ne termina jamais sa phrase. Son regard était tombé sur le corps du prêtre allongé par terre, sa poitrine se soulevant encore faiblement. Ses yeux s'écarquillèrent. Sans chercher à en comprendre davantage, elle passa le bras du blessé autour de ses épaules, faisant signe à Tao de l'imiter. Esteban n'avait toujours pas bougé. Ses amis lui jetèrent un coup d'œil inquiet, mais il y avait plus urgent. Tous trois, ils se remirent à avancer le plus vite possible vers le village du Nouveau Soleil, tout en portant le grand prêtre avec un luxe de précautions. Enfin, l'air s'éclaircit et leur respiration se fit plus facile. Ils avaient quitté le périmètre des fumées mortelles. Toutefois, ils étaient assez intelligents pour savoir que les gaz continueraient de se répandre, petit à petit, et ne voulaient surtout pas réfléchir à la possibilité que cette expansion ne s'arrête jamais.

Avec toutes les peines du monde, ils finirent enfin par atteindre l'entrée du village, où Maïna faisait nerveusement les cent pas. Lorsqu'elle les vit, son regard s'éclaira.

"Enfin, vous voilà ! Viracocha a cru vous avoir perdus, nous étions tous morts d'inquiétude !

- Maïna, nous n'avons pas le temps, l'interrompit Esteban. Nous avons retrouvé le grand prêtre, il a besoin de soins urgents ! Sinon, il va..."

Les oreilles d'Esteban ne cessaient de bourdonner. Il était empli d'un sentiment d'urgence et de désespoir qu'il avait rarement connu. Son impression d'impuissance redoubla lorsqu'il vit les guerriers mayas transporter le grand prêtre sur une civière, puis l'installer dans une maison vide. Tout le village était en ébullition : les plus savants s'évertuant à préparer soins et remèdes, rejoints par Zia qui avait, paraît-il, appris les propriétés des plantes dans son enfance, et par Tao, qui possédait un savoir scientifique rarement égalé, tandis que les autres villageois discutaient avec nervosité de ce qui allait arriver. Sancho et Pedro couraient d'un bout à l'autre du village, allant sur ordre de l'un ou l'autre vieux sage chercher de l'eau, des linges, des couvertures et d'autres choses encore. Mendoza semblait avoir disparu. Esteban, lui, s'était effondré sur un rocher plat au bord de l'eau et n'avait plus prononcé le moindre mot. Il était assis depuis ce qui semblait des siècles mais ne manifestait pas la plus petite intention de bouger. Aux alentours du crépuscule, Tao s'approcha et mit la main sur son épaule.

"Esteban, est-ce que ça va ?

- Mmmmh.

- Écoute, Esteban, je voulais te dire ... Il s'est réveillé."

Esteban se redressa d'un seul coup.

" Qu'est-ce que tu dis ?

- Il est à peu près conscient. Je ne sais pas pour combien de temps il en a ... Mais il veut nous parler. À Zia, toi, et moi."

Esteban se leva, les muscles endoloris d'être resté si longtemps sans bouger. Cet état hébété avait eu le mérite de le reposer, et il avait maintenant les idées plus claires. Le grand prêtre était vivant. Il allait certainement survivre. Il ne pouvait pas mourir !

Tao l'accompagna jusqu'à la cabane où le grand prêtre avait été installé. Esteban n'y avait pas prêté attention plus tôt, mais il s'apercevait à présent qu'il s'agissait de la maison dans laquelle avait vécu Papacamayo. Bien sûr, elle était aujourd'hui inhabitée, Maïna n'ayant pas souhaité y vivre. Il se rappela douloureusement que la dernière fois qu'il avait mis le pied dans cet endroit, le père de Zia était mort.

Il fut soudain saisi d'une réalisation horrible. Zia ! Comment avait-il pu ne pas y penser ! Occupé à se morfondre, il n'avait pas réalisé qu'elle était forcée de prodiguer des soins à un homme installé dans le lit où elle avait vu son propre père mourir, à peine quelques jours auparavant. La culpabilité transperça Esteban de part en part comme une lance bien affûtée. Mais il n'eut pas le temps de s'excuser auprès de son amie. En entrant dans la cabane, à la vue du grand prêtre, allongé, les yeux fermés, le corps recouvert de bandages sous lesquels on devinait des blessures profondes, il demeura sans voix.

Par pudeur, les gardes de Viracocha sortirent de la pièce, laissant les enfants seuls avec le gardien de la cité d'or. Un rapide coup d'œil apprit à Esteban que Mendoza était revenu. Il se tenait en effet de dos, dans l'encadrement de la porte, visiblement désireux d'entendre la conversation sans en avoir l'air. Tao murmura que Mendoza était revenu plus tôt dans l'après-midi, qu'il avait dit avoir discuté avec les gardiens de la cité d'or. Mais Esteban s'en fichait.

Zia était occupée à passer un linge humide sur le front brûlant du blessé, espérant faire baisser la fièvre qui ne cessait de monter. En voyant ses deux amis arriver, elle prit la parole d'une voix douce.

"Grand prêtre, Esteban et Tao sont arrivés.

- Bien, répondit-il d'une voix douloureusement faible et rauque. Approchez-vous."

Il ouvrit faiblement les paupières de manière à distinguer les trois enfants. Ses yeux étaient humides, mais on n'aurait su dire s'il avait pleuré ou si ce n'était là qu'une conséquence de la fièvre et des brûlures. Esteban n'osa pas se mettre trop près.

"Approche, mon enfant", dit l'homme alité. Sa voix se brisa étrangement sur la fin de sa phrase. Esteban se plaça aux côtés de Zia et Tao, si près du lit qu'il aurait pu tenir la main du grand prêtre. Si cette pensée le traversa, il se garda bien d'agir.

"Fils du Soleil, je dois tout d'abord te remercier. Tu es venu à mon secours alors que je ne méritais rien, encore moins ta pitié."

Esteban ouvrit la bouche pour protester, mais l'homme leva faiblement une main pour l'en dissuader.

"Je ne sais pas de combien de temps je dispose, aussi je vous demanderai à tous les trois de m'interrompre le moins possible. Il faut absolument que je vous parle.

- Nous ferons de notre mieux, acquiesça Zia.

- Bien. C'est très bien, répondit-il. Vous devez avant tout savoir que j'ai échoué dans ma mission. L'unique mission qui justifiait ma présence n'a pas pu être menée à bien : je n'ai pas réussi à arrêter le grand héritage."

Tous encaissèrent la nouvelle. Une tension palpable s'installa dans l'air. Personne ne pipa mot pendant quelques instants, puis il reprit :

"C'est la fin du monde qui vous attend. Je n'ai pas été assez rapide : quand j'ai enfin atteint le grand héritage, la marche arrière était impossible, même avec le vase-clé que m'a confié Tao. J'en suis désolé.

- Mais alors, il n'y a plus rien à faire ? C'est impossible ! s'écria Tao.

- Je vous l'ai dit dans la grande bibliothèque sur l'île, la science de Mü et d'Atlantide est grande, bien plus grande que ce que nous pouvons seulement imaginer. Les sages des anciens temps avaient peut-être prédit ce qui allait arriver. Toujours est-il qu'il avaient un plan. Il existe donc peut-être un moyen d'éviter la fin du monde. Sur cette île où se tenait la cité d'or, se trouve quelque part un passage secret. Je n'ai moi-même jamais réussi à l'ouvrir, mais la légende raconte que derrière cette porte secrète se trouve le moyen de remédier à toutes les catastrophes. Vous devez vous rendre sur l'île et ouvrir cette porte.

- Mais..., commença Zia. Si même vous n'avez jamais réussi à percer l'énigme de ce passage secret, comment pourrions-nous en être capables ?

Le grand prêtre sourit faiblement.

- Jeune fille, tu es une élue, tout comme tes deux amis. Vous possédez la force et l'intelligence nécessaire pour relever tous les défis qui se présentent sur votre route. Je ne doute pas de votre réussite... "

Sa respiration se faisait de plus en plus sifflante. Esteban n'avait encore rien dit. Il ne pouvait s'empêcher de regarder ses blessures béantes, son front perlé de sueur, et il avait remarqué le pli d'inquiétude qui fronçait les sourcils de Zia. Ses yeux s'emplirent soudain de larmes, qu'il essaya tant bien que mal de cacher. Ses amis le remarquèrent peut-être, mais ils eurent la pudeur de ne pas le relever. Tao avait sorti une plume et une feuille de papier pour noter l'emplacement exact de la porte secrète qu'ils devaient trouver. Zia s'affairait à nouveau à rafraîchir le front du malade. Elle gardait les yeux baissés et faisait un effort évident pour ne pas avoir l'air trop préoccupée.

"Ne vous occupez pas de moi, poursuivit le prêtre avec difficulté. J'ai confiance en la science de tes ancêtres, Tao. Si vous réussissez... Tout ira bien..."

Il fut pris d'une affreuse quinte de toux. Dans un mouvement impulsif, Esteban saisit la main du grand prêtre entre les siennes. Il pleurait désormais silencieusement.

- Grand prêtre... Vous ne pouvez pas mourir ! On ne connait même pas votre nom ! Et nous avons encore besoin de vous !

- Athanaos...

- Comment ?

- C'est mon nom. Athanaos."

Soudain, le grand prêtre - Athanaos, maintenant - rendait à Esteban l'étreinte de sa main entre celles du jeune garçon. Il fixait ce dernier d'un regard brûlant.

"Fils du Soleil... Non. Esteban. Tu t'appelles Esteban. Promets-moi de ne jamais oublier mon nom. Je m'appelle Athanaos. Athanaos. Esteban...

- Je vous le promets, répondit Esteban entre deux sanglots. Une partie de son cerveau ne comprenait pas l'état dans lequel il se trouvait. Il ne connaissait cet homme que depuis quelques jours !

- Esteban... Je veux aussi que tu saches une chose.

Esteban entendit un bruissement de tissu et vit un mouvement du coin de l'œil. Il reconnut la cape de Mendoza qui voletait doucement : son propriétaire venait de se rapprocher du lit. Esteban fut surpris de lire de l'inquiétude dans son regard. Mais Athanaos continua :

- Je veux que tu saches que j'ai en cet instant deux certitudes absolues. La première, c'est que vous allez réussir. J'ai une confiance absolue en vous trois.

- Et la deuxième ?

- Je pense pouvoir parler en son nom en disant que ton père est très fier de toi, où qu'il soit. N'oublie jamais cela."

Les larmes affluèrent de plus belle dans les yeux d'Esteban, qui remarqua à peine que Mendoza quittait la pièce en trombe sous le regard inquisiteur de Zia.

Le silence retomba sur la pièce, presque sacré. Aucun d'entre eux n'osa le briser. Tao et Zia prirent lentement un siège chacun et vinrent se positionner de part et d'autre d'Esteban, qui pleurait toujours à chaudes larmes, la main d'Athanaos serrée dans les siennes. Le grand prêtre avait fermé les yeux ; il respirait toujours, mais de plus en plus faiblement.

Zia dit d'une voix étranglée :

"Nous allons rester ici et le veiller. Jusqu'à ce qu'il ..."

La fin de sa phrase était sans ambiguïté, mais elle n'osa pas la prononcer.

Peu à peu, chacun se recueillit comme il le pouvait. Zia implora silencieusement les dieux Incas de veiller au repos éternel du grand prêtre, Esteban eut recours aux prières qu'il avait apprises au monastère de Barcelone. Tao, quant à lui, s'enferma dans une profonde réflexion. Dans cette pièce sombre et silencieuse, ils vécurent la nuit dans un état proche de la méditation, et pas un mot ne fut prononcé. On n'entendait presque rien : le craquement de la flamme d'une torche au-dehors, le bruit des insectes et celui, plus lointain, des conversations que menait sûrement Viracocha au sujet de la marche à suivre. Esteban avait presque l'impression d'être devenu sourd et aveugle. Mais toutes les fibres de son être étaient concentrée sur la respiration du grand prêtre. Tant qu'il respirait encore, tout irait bien. C'est cette pensée, martelée pendant de nombreuses heures, qui le maintint éveillé. Il se remémorait la discussion qui avait eu lieu. Cela lui semblait bien lointain, à présent. La porte secrète, la solution des sages de Mü et d'Atlantide, le sort du monde, tout cela attendrait le jour. Pour l'heure, il ne pensait qu'à veiller cet homme dont jamais, de toute sa vie, il n'oublierait le nom. Il se jura de transmettre ce nom comme on raconterait l'histoire d'un héros légendaire. Athanaos serait bientôt connu de bien des gens, qui l'admireraient pour ses immenses qualités, se promit-il. Et la veillée se poursuivit, inexorablement.

Aux alentours de l'aube, Zia et Tao quittèrent précipitamment la cabane, et Esteban sentit de l'agitation autour de lui. Il aurait dû savoir ce que cela signifiait.

Mais même une fois le soleil haut dans le ciel, et bien après qu'Athanaos ait rendu son dernier souffle, Esteban était toujours là.

*************
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par TEEGER59 »

Oh, non! Ils ont tué Athy!
Une suite intéressante qui va complètement occulter les événements de la saison2.
Par exemple: qui va donner les disques des médaillons aux Élus puisque la rencontre Athanaos-Mendoza n'aura pas lieu?
La suite dans les prochains chapitres...
En tout cas, c'est bien écrit.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Re: [FANFIC] - Le Soleil se lève à l'Ouest (début ep 39 S1)

Message par Yelen »

TEEGER59 a écrit : 23 nov. 2021, 19:46 Oh, non! Ils ont tué Athy!
Une suite intéressante qui va complètement occulter les événements de la saison2.
Par exemple: qui va donner les disques des médaillons aux Élus puisque la rencontre Athanaos-Mendoza n'aura pas lieu?
La suite dans les prochains chapitres...
En tout cas, c'est bien écrit.
Merci beaucoup ! Et oui, je pars dans une direction très différente de la S2, affaire à suivre 👀
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