FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Chapitre 22: Une affaire de femmes.

Partie 1.

Le Maître veut le voir, soit ! Il va pouvoir s’expliquer, il en a assez de ressasser son échec dans les jupes de sa mère. Elle l’a soigné avec dévouement, mais cela a renforcé son sentiment d’impuissance. Et il lui en veut. Sans elle, son échec ne serait pas total. Il n’aurait pas raté Mendoza en haut de la tour, non, si elle ne l’avait pas empêché…Il ne comprend que trop bien ce qui a pu motiver son geste, même si elle lui a donné ses raisons. Il a choisi de les croire, il a suivi le plan pour piéger Mendoza à Barcelone. Il ne peut s’empêcher de penser qu’il a été blessé par la faute de sa mère. Et elle le retient de se venger contre les deux gêneurs qui ont tout ruiné. Elle lui donne plus de raisons de haïr ce Roberto qui lui a fait tant de mal, en lui racontant ce passé qu’elle a toujours tu, ce passé douloureux, quand son mari l’a abandonnée lâchement, et qu’elle n’a eu d’autre recours que de livrer son corps à des brutes, à ces porcs d’Espagnols ! Et pourtant elle le dissuade de tuer le pire d’entre eux. Le grand plan…est-ce qu’ils pourront jamais le réaliser ? Est-ce qu’il y croit encore ? Il aimerait juste trucider l’infâme Roberto, il aimerait sentir encore une fois les lèvres d’Isabella se poser sur les siennes, il aimerait la savoir saine et sauve, délivrée de son fardeau, prête à s’offrir à lui, dans une nouvelle vie, où Mendoza n’existerait plus. Où son image ne surgirait plus dans ses cauchemars pour lui rappeler qu’il n’a gagné sa confiance que pour mieux le trahir. Le tuer, à présent, ne peut plus être un soulagement. Gonzales sait qu’il n’a haï cet homme que parce qu’il possédait ce que lui-même désirait. Il a cru que cette haine l’aiderait à accomplir sa mission, il a bien failli réussir…mais par trois fois Mendoza s’en est sorti contre toute attente.
Ma : Entrez !
La voix est toujours aussi assurée. Elle a quelque chose de profondément dérangeant pour le jeune métis, une arrogance qui lui rappelle ses professeurs de l’université. Il sait pourtant que le Maître n’a nul mépris pour lui, le fils d’Hava. Du moins, il en était ainsi jusqu’à présent. Il pénètre dans le bureau plongé dans la pénombre. Le Maître se tient debout près de la fenêtre. Sa silhouette épaisse, drapée dans une bure vert brunâtre, se confond presque avec la tenture mordorée. Derrière lui, le soleil couchant jette un éclat rougeâtre. Dans la pièce sombre, cette tache de couleur est la seule source de lumière. Gonzales s’avance de quelques pas mais se tient à distance respectueuse. Ce n’est que la troisième fois qu’il est face au Maître. La première fois, c’était avec sa mère. Pour entrer aux ordres du Maître. La deuxième fois, c’était pour recevoir ses instructions avant de débuter sa mission. Le Maître ne dit rien. Le silence s’installe. Gonzales sait qu’il devrait dire quelque chose, saluer, il a pensé mille fois à ce moment, et le voilà paralysé comme un enfant qui sait qu’on va le gronder. Il baisse la tête. Il n’aurait jamais cru perdre ses moyens !
Ma : Eh bien, que vous arrive-t-il, Alfonso ? Ah ! Je sais….Vous croyez que je n’ai toujours pas digéré vos échecs…vos échecs, oui…tant de peine pour un si piètre résultat…
Il l’appelle par son prénom, comme sa mère. Mais il n’est pas son père !
Ma : Ce Mendoza est vraiment coriace, n’est-ce pas ? Pour la statuette, passons, je trouverai bien un autre moyen, vous y étiez presque, c’est vrai que vos adversaires ne sont pas ordinaires….on ne peut entièrement vous blâmer. Quant à Mendoza, bah, cela pimente davantage le jeu, ne trouvez-vous pas ?
Gonzales relève la tête. De ses yeux dorés, il fixe le Maître, sans se soucier de paraître lui manquer de respect.
Ma : Vous paraissez troublé…surpris ? contrarié ? Je vous semble prendre cette affaire trop à la légère ? Vous pensez peut-être que je me moque de vous, mais croyez bien qu’il n’en est rien !
Il quitte le recoin de la fenêtre et s’approche du jeune homme.
Ma : Vous avez souffert, beaucoup souffert. Mais vous saviez ce que vous risquiez. Votre orgueil surtout en a pris un coup. Mais croyez-moi, de telles expériences forgent un homme. Asseyons-nous, je vous prie.
Il désigne deux fauteuils dans le fond de la pièce. Gonzales n’hésite pas. Il commence à bouillir de rage. Être assis lui évitera de bondir à la gorge de son interlocuteur. Comme s’il n’était pas un homme ! Comme s’il n’avait pas souffert, avant ça ! Comme si son père ne lui avait pas tenu de pareils discours, en l’humiliant sous prétexte de lui forger le caractère !
Ma : Vous m’en voulez de parler ainsi, je le vois bien. Votre mère m’a prévenu. Vous croyez être fort, vous avez assez vécu, et de terribles choses, pour vous estimer armé contre la cruauté de la vie. Mais vous pensez aussi que cette force permet de vaincre tous les obstacles, vous croyez en votre propre puissance. Et vous êtes puissant. Mais pas encore assez. Vous vous êtes heurté à plus puissant que vous. Réfléchissez : à qui, à quoi devez-vous votre échec ? Vous avez si bien manœuvré…Mais pourquoi la mort n’a-t-elle pas voulu de Mendoza ? pourquoi votre mère vous a-t-elle empêché de le tuer ensuite ? pourquoi votre plan a-t-il échoué à Barcelone ? Vous ne savez pas ?
G : Et vous, savez-vous pourquoi ma mère m’a empêché de le tuer ?
Ma : Mais oui, bien sûr !
G : Que vous a-t-elle donc dit ?
Ma : Que pensez-vous qu’elle m’ait dit ?
Le jeune homme retient sa réponse. Il met la vie de sa mère en danger, sur un coup de tête. Il ne connait pas assez cet homme pour savoir comment le manipuler.
Ma : Votre silence vous honore. Il est bon de reconnaître ses erreurs. J’en ai beaucoup fait, moi-même, autrefois. Votre mère m’a avoué qu’elle avait cédé, disons, à une attirance bien naturelle, et je la comprends…Est-cela qui vous tracasse ?
Est-ce un piège ? Sa mère aurait délibérément avoué pareille honte ? Il n’arrive pas à faire le tri dans ses questionnements, l’un d’eux fuse malgré lui.
G : Pourquoi m’a-t-elle caché qu’elle vous en avait parlé ?
Ma : Caché, caché, elle a omis de le faire…ce n’est pas un sujet facile. De toute façon, si vous n’aviez pas abordé la question, je l’aurais fait. Afin que vous compreniez bien ce qu’elle n’a su vous dire.
G : Je peux comprendre son …moment de faiblesse, l’excuser, mais elle m’a par la suite empêché de le tuer !
Ma : Et vous pensez que cela signifie qu’elle aurait des…sentiments pour cet homme que vous considérez comme votre ennemi, votre rival même…qui vous a ravi le cœur de deux femmes, dont votre mère…
G : C’était ma mission ! Elle n’avait pas à interférer ! Elle est responsable !
Ma : De votre échec ? A Barcelone aussi ? Et qui vous dit qu’elle n’a pas agi selon ma volonté ?
G : Vous lui avez demandé de l’épargner ? Quand ? Pourquoi ? Et pourquoi se jouer ainsi de moi ? Vous m’envoyez en mission, et vous changez les règles en cours de route ? Pour mieux m’humilier ? Est-ce vous aussi qui avez saboté à dessein ma mission à Barcelone ? Pourquoi ?!
De rage, Gonzales s’est dressé, les yeux brillants.
Ma : Maîtrisez-vous, vos mains tremblent. Vous n’avez pas encore compris, c’est normal. Je n’ai rien demandé, votre mère a simplement compris la leçon, elle. La mort n’a pas voulu de Mendoza. Il aurait pu mourir, le destin en a voulu autrement. Il n’y avait aucune certitude quant à l’issue de ce plan. Le but était surtout de créer une diversion, ne l’oubliez pas. Que cette noyade ait pour effet de nous débarrasser de ce diable d’homme, c’était une simple option. Votre mère en a pris son parti. Ensuite, la situation a changé. Elle vous a déjà parlé, n’est-ce pas, de sa conception de la vengeance ? Donner la mort n’est pas le plus intéressant dans l’affaire, et je suis entièrement de cet avis. Je sais que vous comprenez.
Il a appuyé sur les derniers mots en fixant son interlocuteur droit dans les yeux. D’un geste, il lui enjoint de se rassoir. Gonzales obtempère.
Ma : Il eût été dommage de mettre fin aux souffrances de Mendoza, cela aurait été lui rendre un trop grand service, ne trouvez-vous pas ? Hava l’a immédiatement compris, alors que vous étiez aveuglé par votre haine, et votre sens du devoir. Elle vous a justement empêché de bâcler votre mission. Elle savait qu’elle aurait du mal à vous faire comprendre cela, aussi est-ce moi qui m’en charge.
G : Mais Barcelone ?
Ma : Ah, Barcelone….Voyez-vous, j’ai omis de préciser un point : rien n’est plus plaisant que de jouer avec le destin. C’est un jeu parfois agaçant, mais si stimulant ! il vous apprend à ne pas vous laisser abattre, à rebondir après un échec. Dans la partie que nous jouons, nous planifions des actions, et parfois nous rencontrons des obstacles. Il serait prétentieux de croire que nous pouvons tout maîtriser, mais nous nous efforçons de la faire. Le destin, ou le hasard, ou le sort, sous différentes formes, la nature, les sentiments, les intérêts contradictoires ou convergents, les alliances qui se font et se défont, se chargent de nous rappeler que nous luttons souvent en vain pour imposer notre volonté. Mais nous nous obstinons, et c’est cela qui nous maintient en vie, c’est cela qui en fait tout le prix, tout le sens. Je ne m’avoue jamais vaincu. Et je trouve une grande satisfaction à continuer d’essayer de vaincre les obstacles que le destin, le sort, le hasard- à moins qu’on appelle cela Dieu- ne cesse de dresser contre ma volonté. Et c’est lorsque je parviendrai à imposer cette volonté que je serai pleinement satisfait. Mais alors, que me restera-t-il ? Où sera passé le sel de la vie ? Souvent nous maudissons le sort, quand nous devrions le remercier. Mendoza n’est pas mort ? A la bonne heure ! Vous devriez vous en réjouir comme moi…Pensez qu’il assistera à notre victoire, en se croyant le plus misérable et le plus méprisable des hommes.
G : Si du moins nous parvenons à notre but.
Ma : Eh oui ! Il est vrai que notre tâche est rude, mais si nous ne parvenons pas à l’accomplir, au moins aurons-nous essayé, et y aurons-nous pris beaucoup de plaisir. Défier Dieu ! Quoi de plus exaltant ! Cela ne vaut-il pas la peine de souffrir un peu ? Au fait, comment va votre blessure ?
G : La cicatrisation complète est en bonne voie.
Ma : Parfait ! Vous allez pouvoir m’aider à régler les derniers détails de notre opération. J’ai besoin de votre science médicale, la mienne n’égale pas la vôtre.
G : Vous avez pourtant fait des miracles avec ma mère et ses compagnes d’infortune.
Ma : Bah, un coup de chance, je peux vous l’avouer maintenant, je me faisais la main. La nature a été de notre côté, fort heureusement.
G : Oui…fort heureusement.
Ma : Quelle femme exceptionnelle…Une rencontre si stimulante….tout le plan est parti de là.
G : Je suppose que vous auriez trouvé un autre défi quoiqu’il arrive.
Ma : Sans doute. Mais pas aussi beau, aussi grand, aussi noble. Ta mère a redonné sens à ma vie, vois-tu…
Il recommence ses familiarités déplaisantes. Gonzales commence à se fatiguer de garder en apparence un calme olympien. Cet homme le fascine et le révulse à la fois. Il comprend à présent d’où lui vient son assurance, mais il ne peut adhérer complètement à sa vision des choses, à sa façon de considérer la vie comme un jeu, une partie d’échecs avec le destin, la mort…Et l’entendre ainsi évoquer leur plan comme une noble cause, alors qu’il ne prend manifestement rien au sérieux ! Pour sa mère, pour lui, c’est une cause qui vaut la peine qu’on risque sa vie, mais pour cet homme ? En quoi cela le concerne-t-il ? Pourquoi sa mère lui accorde-t-elle une totale confiance, au point de lui avouer ses secrets les plus intimes ?
Ma : M’as -tu entendu ?
Il réalise soudain que le Maître le fixe, l’air étonné.
Ma : Je disais qu’il était temps de songer à toi, à ton fils, à son avenir.
Gonzales le regarde sans comprendre. Il lui semble distinguer dans la pénombre un sourire sur le visage du Maître. Comment doit-il l’interpréter ? Se moque-t-il aussi de cela ? De ces liens sacrés qu’il n’a pu nouer avec son enfant ? Il croit entendre son père lui répéter, en emportant le nouveau-né, qu’il faut bien que quelqu’un donne un avenir à cet enfant. Sa vue se brouille, ses oreilles se mettent à bourdonner.
Ma : Gonzales !
Il réalise qu’il n’est plus qu’à quelques centimètres du corps du Maître. Sa cicatrice le lance. La poigne du Maître est la seule chose qui l’a empêché de se jeter sur lui. Une main il lui enserre fermement l’avant-bras, l’autre est plaquée contre sa poitrine. Doucement, le Maître le fait reculer, le soutenant à présent, jusqu’au fauteuil.
Ma : Pardonnez-moi, mon garçon, j’ai trop présumé de vos forces, et j’ai suivi ma pente…je n’ai pas réalisé que notre conversation pouvait ne pas vous être aussi agréable qu’elle l’est pour moi. Un reste d’égoïsme…Tenez, un petit remontant nous fera du bien à tous les deux.
Le jeune homme accepte le verre, et le boit d’un trait. Il ne parvient plus à réfléchir à quoi que ce soit, mais il est apaisé par le ton du Maître, et par la boisson. Ainsi cet homme est capable d’être sérieux, et d’arrêter de jouer à ce jeu qui est sa prétendue raison de vivre.
Ma : Si j’ai pu dire quelque chose qui vous a froissé, je m’en excuse. Mais ne vous méprenez pas, je vous en prie. J’ai une admiration sincère envers votre mère, et je veux l’aider à reconquérir sa dignité perdue. Elle mérite d’être heureuse, mais son passé la tourmente, et vous savez comme moi ce que cela signifie. Ce n’est pas une affaire personnelle, pas seulement. C’est l’affaire d’un peuple, c’est une injustice faite à des hommes et à des femmes, à des enfants innocents. Un peuple qui a cru être le peuple élu, et que Dieu a abandonné. Cette injustice, je la réparerai, nous la réparerons. Et ceux qui en sont les instigateurs, ou de simples instruments, paieront, et Dieu se pliera à ma volonté, à notre volonté. Je ne laisserai personne continuer à vous faire du mal, et ton fils, tu pourras l’élever, le voir grandir ! La couronne va commencer à cracher son or, tu n’auras plus à survivre sans pouvoir subvenir aux besoins de ton enfant ! Et puis, il faut le mettre à l’abri ! Il est encore tout jeune, il oubliera vite ses premières années, vous rattraperez le temps perdu…et tu te vengeras de ton père, c’est bien ce que tu veux ?
Ses paroles sont une douce musique, et qu’importe que cet homme soit fou et croie qu’il peut rivaliser avec Dieu, lui imposer sa volonté, seuls les fous sont capables d’accomplir de grandes choses ! Sa mère a raison, le Maître est leur espoir, il faut le suivre, malgré les revers, les échecs, car sa volonté est inébranlable, rien ne peut l’atteindre, il se joue des obstacles, tombe et se relève, continue à avancer ! Le jeune homme acquiesce : oui, il veut se venger de son père, récupérer son enfant, l’enfant d’Anahi…
Ma : Le prototype est prêt. N’en déplaise à ces idiots qui croient protéger le Prince contre lui-même, Philippe est déjà en notre pouvoir. Le temps de lui soutirer quelques largesses, et nous lancerons notre opération. Profite de ce répit avant la tempête pour régler tes comptes avec ton père. Je t’aiderai.
Gonzales n’en doute pas, n’en doute plus, pas plus qu’il ne doute de la loyauté de sa mère, de son amour pour lui, son fils. Il n’est plus en colère, ni contre elle, ni contre lui-même, ni contre le Maître, il est apaisé, prêt à accomplir les desseins de celui qui sait comment être le plus puissant.
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Lia a écrit : 02 avr. 2022, 18:22 Je reviens concernant le tome 1 parce que le sujet qui lui est consacré est verrouillé, j'ai vu qu'il y avait un pdf du texte mais le lien ne fonctionne plus. Il y en aura un autre ? De ce que j'ai compris c'est un gros pavé j'aimerais donc l'avoir sous ce format.
Il faut voir ça avec Seb, le Grand Ordonnateur qui a tous les fichiers!
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par Seb_RF »

Lia a écrit : 02 avr. 2022, 18:22 Je reviens concernant le tome 1 parce que le sujet qui lui est consacré est verrouillé, j'ai vu qu'il y avait un pdf du texte mais le lien ne fonctionne plus. Il y en aura un autre ? De ce que j'ai compris c'est un gros pavé j'aimerais donc l'avoir sous ce format.

Honnêtement le Tome 1 attend la remasterisassions et retravail de pas mal de chose qui s'en suivent, il n'est pas nécessaire de le lire pour comprendre le Tome 2 lui bien plus abouti, il n'y a que de rare référence.
Tout ce qu'il faut savoir, c'est qu'il ont prit un mystérieux artefact a Fernado Laguerra dans une situation dangereuse, qu'Esteban a pris une résolution concernant Zia pour la sécurité de cette dernière. (compréhensible très rapidement au début du tome)
Et Roberto et un homme dangereux prêt a tout pour de l'argent mes respecte toujours ses contrats a la lettre.
Le reste est tout a fait compréhensible avec ce que dit le Tome 2.


Surtout pour le Tome 2 regarde avec la dernière version dont Nonoko viens de partager le lien, ce serait dommage de comencer avec la version qui n'est plus tout a fait d'actualité.
note serie:
MCO1: 18/20

Trahison/Insulte totale:
MCO2: 7/20
MCO3: 4/20
MCO4: 3/20 (et je suis "gentil" par ce qu'il y a les effets visuels)

Fanarts: viewtopic.php?f=14&t=2301 :x-):
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par Lia »

Ah papa Laguerra n'est pas mort lors de l'assaut du vaisseau Olmèque. Malinche et Teteola aussi ? J'aimerais bien lire ce premier tome par curiosité mais vais donc commencé par le second. Avec le lien gentiment fournit par Nonoko.

Merci :)
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Lia a écrit : 02 avr. 2022, 18:58 Ah papa Laguerra n'est pas mort lors de l'assaut du vaisseau Olmèque. Malinche et Teteola aussi ? J'aimerais bien lire ce premier tome par curiosité mais vais donc commencé par le second. Avec le lien gentiment fournit par Nonoko.

Merci :)
De rien, je n'ai fait que poster le lien que Seb m'a donné ;)
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

C'est dimanche, vous aurez droit encore à un peu de lecture si vous vous ennuyez malgré le soleil qui revient.
Les femmes entrent en scène....

Partie 2.

Liselotte frappa une nouvelle fois à la porte, excédée, puis entra afin de commencer son office, se demandant bien pourquoi elle devait encore prendre la peine de frapper pour signaler sa présence alors qu’elle savait la chambre vide. Mais il lui fallait rester prudente, cette femme ne valait pas qu’elle risque de perdre sa place pour elle. Si elle voulait n’en faire qu’à sa tête, c’était son problème ! Mais à quoi bon entrouvrir les tentures, pour cette recluse qui ne daignait sortir qu’à l’aube et au coucher du soleil, en méprisant toute compagnie ? Liselotte l’avait d’abord plainte de devoir rester ainsi loin des siens, dans son état. Cet exil ne pouvait être qu’involontaire, quel qu’en fût la cause. Elle se sentait prête à être la confidente de cette femme, et à rendre son séjour le plus agréable possible. Elle n’en avait pas eu l’occasion. On se passait très bien d’elle, elle était aussi transparente que pour n’importe quelle autre dame. Elle se devait pourtant d’attendre son retour, ne serait-ce que pour s’assurer qu’il ne lui était rien arrivé. En cas d’incident, elle n’aurait pu avouer qu’elle avait délibérément ignoré l’absence de sa maîtresse, sans donner l’alerte. Le seul avantage à la situation était qu’elle pouvait se permettre de prendre un peu ses aises pendant son attente. Elle aurait dû en être reconnaissante, mais elle ne parvenait pas à voir dans cette autorisation qu’on lui avait tacitement accordée autre chose que de l’indifférence, et un refus blessant de l’attention, de la sollicitude et des soins qu’elle était censée prodiguer à cette invitée dont elle était supposément en charge. Elle somnolait sur un fauteuil comme elle en avait pris l’habitude quand la voix la fit sursauter. Elle s’était encore laissée surprendre ! Cette maudite femme se faufilait toujours dans la chambre sans qu’elle s’en rende compte. Cela la rendait encore plus suspecte. Liselotte se demandait si elle ne devait pas mettre fin à ces escapades aussi mystérieuses qu’inconvenantes, en trahissant sa maîtresse. Son état ne l’empêchait sans doute pas de rencontrer des espions, même si elle avait expliqué qu’elle souhaitait avoir le moins de contacts possibles avec les autres et que ses promenades solitaires dans le parc étaient son seul plaisir. Elle disait qu’elle en avait averti sa majesté, mais comment Liselotte pouvait-elle en être certaine ? Certes, les gardes la laissaient passer, mais n’était-ce pas parce qu’elle les avait soudoyés, peut-être de la plus horrible manière ? Il se dégageait d’elle un charme malsain, auquel Liselotte elle-même se sentait soumise malgré elle. Elle était belle, bien trop belle, et si fière qu’on eût dit qu’elle avait plus de noblesse qu’aucun autre membre de la cour, homme ou femme.
I : Inutile de prendre la peine de te déranger pour moi. Tu peux rester assise.
Isabella contourna le fauteuil pour se jeter sur le lit. Malgré sa remarque, Liselotte s’empressa auprès d’elle.
I : Laisse-moi. Je me débrouillerai. Tu peux disposer.
L : Mais Madame sera plus à l’aise…
I : Laisse-moi.
Liselotte aurait bien pris un malin plaisir à désobéir pour la contrarier, mais le ton était si froid qu’elle n’osa, maudissant sa lâcheté. Une servante trop bien dressée, voilà ce qu’elle était.
L : Si Madame veut se désaltérer ou prendre une collation, tout est prêt, comme d’habitude. Je me retire dans l’antichambre….
En temps ordinaire, Isabella aurait sauté du lit au bout de quelques minutes, poussée par la soif et la faim. Mais elle ne pouvait détacher ses pensées de la scène qu’elle venait de surprendre. Elle regagnait le château quand elle avait cru reconnaître la silhouette qui y pénétrait. Elle n’avait pas résisté et s’était faufilée pour voir où il se rendait. Comme elle s’y attendait, on avait introduit l’homme dans les appartements de l’Empereur. Que faisait-il donc ici ? Apportait-il des nouvelles qui la concernaient ? C’était peu probable, et cela l’énervait de constater qu’elle pouvait être perturbée par la simple idée d’avoir des nouvelles en provenance de Barcelone. Depuis qu’elle était seule ici, elle s’était efforcée d’oublier, pour se concentrer sur une routine qui l’éloignait de la vie ordinaire, de ses obligations, de tout ce qui pouvait lui rappeler le passé. Les seules personnes qu’elle croisait étaient Liselotte et les gardes qui veillaient sur elle de loin lors de ses escapades. Elle était reconnaissante à son hôte d’avoir accepté ses caprices. Dans son état, elle pouvait presque tout se permettre, mais elle savait que la cour n’accepte pas facilement qu’on se tienne à l’écart de façon aussi ostensible. Où était-il ?....Etait-il arrivé quelque chose ? Pourquoi pensait-elle encore à lui ?
I : Qu’il aille au diable !
Elle se redressa brusquement et le regretta aussitôt. La gêne était maintenant bien réelle. Elle n’allait pas se laisser dominer pour autant. Rageusement, elle alla se servir un verre d’eau et s’empara d’un morceau de brioche dans lequel elle mordit jusqu’à ce qu’il n’en reste plus une miette.
I : Tiens, voilà pour toi ! On ne me reprochera pas de n’avoir pas pris soin de toi ! Sois vigoureux et sors vite, en pleine santé, et que c’en soit fini !
Sa collation terminée, elle dut s’allonger. Le petit être prenait ses aises et la bourrait de coups. Comme à chaque fois, elle ne pouvait s’empêcher d’être fascinée, malgré sa répulsion. Elle suivit les mouvements attentivement, domptant sa peur et sa colère, refoulant sa tendresse, croyant être juste curieuse, observatrice de son propre corps. A Malte, elle avait cru qu’elle ne parviendrait jamais à trouver le repos, tant son âme était agitée par l’absence et l’angoisse. Mais elle avait encore l’illusion que son corps lui obéissait, et ses compagnons avaient su apaiser son âme. Ici, à qui aurait-elle pu se confier ? Elle voyait clair dans le jeu de Liselotte. Elle était comme toutes les autres à la cour. Indigne d’être sa confidente.
I : Gabriel…vous seul…
Elle se reprit. Elle n’avait besoin de personne. Personne ne pouvait l’aider. Gabriel aurait sans doute essayé de la raisonner. Sa décision était irrévocable. L’enfant naîtrait. Qu’elle lui survive ou pas, elle l’abandonnerait à qui en voudrait. Elle ne voulait plus s’attacher à quiconque. Elle ne voulait pas que sa vie n’ait de sens que par rapport à un Autre, que cet autre soit un mari ou un enfant. Elle n’avait pas été élevée ainsi. Elle devait refermer définitivement la parenthèse de ces années de faiblesse durant lesquelles elle avait aimé, souffert.
Les coups cessèrent peu à peu. La fatigue la gagnait. Elle crut qu’elle allait pouvoir s’endormir, vidée de toute énergie, apaisée. Insidieusement, le visiteur s’invita à nouveau dans son esprit. Les interrogations l’assaillirent à nouveau. Le jour naissait. Elle quitta sa chambre.
Quand elle vit sa silhouette disparaître au bout du couloir, Liselotte fut tentée de la rattraper, autant par curiosité que pour l’ennuyer. Elle se dit qu’elle ne gagnerait finalement pas grand-chose à agir ainsi. C’était en restant dans l’ombre qu’on arrivait davantage à ses fins. Elle suivit sa maîtresse juste assez pour comprendre où elle allait. Décidément, elle se permettait tout et n’importe quoi ! Comment son souverain pouvait-il tolérer pareille conduite ?
CQ : Ma chère Isabella, vous êtes bien matinale. Et cela fait si longtemps que je n’ai pas eu l’honneur de votre visite….
I : Il est vrai que je manque à tous mes devoirs, veuillez me pardonner, Majesté. Mais vous êtes vous-même bien matinal.
CQ : Allons, trêve de politesses. Vous êtes toujours aussi redoutable. Il vient à peine de quitter cette pièce et vous êtes déjà là !
I : Vous savez que je ne dors guère la nuit.
CQ : Vous n’êtes pas raisonnable, s’il vous arrivait quelque chose…
I : La liberté m’est trop chère…
CQ : Allons, je ne sais pas pourquoi je me soucie de cela ! Vous avez toujours agi à votre guise. Que voulez-vous savoir ?
I : Rien d’autre que ce que vous voudrez bien me dire.
Le souverain soupira.
CQ : Je ne sais pas exactement ce qui vous a poussée à venir, mais soyez assurée que cela ne vous concerne pas, du moins, il n’y a rien qui doive vous inquiéter. Allez vous reposer, vous n’avez plus à vous mêler de ce genre d’affaire.
I : J’entends bien que vous n’avez pas eu de mauvaises nouvelles de mon mari, mais cela ne suffira pas à me garder en repos. A dire vrai, je n’ai pas envie d’être en repos.
CQ : Vous n’avez pourtant rien de mieux à faire !
I : C’était Gomez, n’est-ce pas ?
CQ : Je n’ai rien d’autre à vous dire !
I : Que se passe-t-il avec votre fils ?
CQ : Il ne se passe rien !
I : Gomez vous a donc rendu une pure visite de courtoisie, à l’aube ? C’est bien cavalier.
Charles Quint la foudroya du regard.
CQ : J’ai su à l’instant où on m’a annoncé votre venue que je ne pourrais pas me débarrasser de vous.
I : Mais vous m’avez laissée entrer. Dites-moi tout. A moins que vous ne me fassiez plus confiance.
CQ : Je n’ai pas à vous mêler à ça !
I : Mais vous aimeriez bien avoir mon avis. Vous ne m’auriez pas laissée entrer sans cela. Ne vous inquiétez pas pour moi, je suis déjà mêlée à cette histoire, plus que vous ne pouvez l’imaginer…Je n’ai pas choisi d’être ici, dans ce château, vous le savez bien….
CQ : Nos amis m’ont demandé de prendre soin de vous pendant que votre mari…
I : Les circonstances qui nous ont séparés n’ont rien d’ordinaire, c’est pourquoi vous avez à veiller sur une pauvre femme sans défense ! Croyez bien que je préfèrerais n’avoir jamais eu à solliciter votre aide. Du reste, je ne l’ai sollicitée que pour la sécurité de mon enfant à naître. Ma vie est liée à la sienne, momentanément, mais dès que je l’aurai mis au monde, ma vie n’aura plus d’importance, et s’il faut la sacrifier pour que vos sujets vivent en paix…
CQ : Isabella, il suffit ! Vous ne savez plus ce que vous dites ! Comment pouvez-vous parler ainsi ? Votre devoir le plus sacré est de veiller sur votre enfant, quant au reste…nous sommes là pour y pourvoir. A quoi servirions-nous, nous autres les hommes, si les femmes s’avisaient d’abandonner leur rôle pour endosser le nôtre ? Je ne sais pas m’occuper d’un nourrisson, moi ! La Nature ne m’a pas équipé pour ça ! Quant à la paix….nous la faisons et la défaisons, contentez vous d’en jouir, quand vous avez la chance de vivre dans un pays capable de la maintenir !
I : J’ignorais que je vivais dans un pays en paix. N’êtes vous pas las de vous battre ?
CQ : Vous savez très bien que si ! Mais qu’y pouvez-vous ?
I : J’ai toujours cru que vous accordiez quelque crédit à mes talents, et à présent vous voudriez que j’accepte sans broncher d’être renvoyée à mon rôle de mère ? Ce n’est pas ce dont nous avions convenu…
CQ : Dieu vous a faite ainsi ! N’êtes-vous pas heureuse de porter l’enfant de l’homme que vous aimez, que vous avez épousé, devant Dieu ? Cela ne devrait-il pas compter plus que tout pour vous ? J’avoue que je ne vous comprends pas. Vous insistez pour me servir, servir l’Empire !...Que vous importe ?!
Isabella se mordit la lèvre. Tout la ramenait à ce qu’elle fuyait. Il n’y avait pas d’échappatoire, il n’y en aurait jamais.
I : Pardonnez-moi. Vous avez raison, je vais aller me reposer. Je vous ai assez importuné.
Charles Quint la laissa partir sans une parole de plus. Leur conversation l’avait autant irrité que mis mal à l’aise. Il détestait rester dans l’ignorance de faits dont il sentait qu’on les lui cachait à dessein, quelle qu’en fût la raison, même s’il comprenait qu’il ne pouvait exiger d’autrui une complète transparence sur tous les sujets, surtout les plus intimes. Il avait laissé Isabella se comporter comme elle l’entendait , mais il ne pouvait pas attribuer cela uniquement à son état, ce qu’elle venait de lui dire en était la preuve. Quelle femme sensée…Il sourit à sa propre naïveté.
CQ : Allons, ne commence pas à penser comme les autres, en lieux communs. Tu ne la comprends pas, et elle ne veut rien te dire. Et tu crois que tu peux raisonner d’après le comportement des autres femmes ? Ta propre mère….
Sa propre mère, l’avait-il jamais comprise ? S’était-il même soucié de la comprendre ? On lui avait dit qu’elle était folle, il avait tenu cela pour un fait acquis, il l’avait destituée pour le bien du royaume, sans se sentir coupable de quoi que ce soit. C’était lui qui devait régner, pas elle, elle en était incapable, et le souhaitait-elle ? Il savait seulement qu’elle avait passionnément aimé son mari, qui s’était sans doute vite lassé de cette passion exclusive. Lui-même, dans sa jeunesse, avait eu bien des maîtresses, comme son père, et quelques enfants illégitimes étaient nés, comme cela arrive souvent. Mais durant les treize années de son mariage avec sa cousine Isabelle du Portugal, pas une fois il ne l’avait trompée. Il l’aimait, oui, comme sa mère avait aimé son père. Avoir rencontré l’amour dans un mariage arrangé, c’était sans doute la seule chose qui le rapprochait de sa mère. On avait vanté la fidélité de l’empereur, exceptionnelle pour un mariage arrangé. A l’époque, être fidèle à celle qu’il aimait lui avait paru une évidence, et il avait eu du mal à comprendre qu’on le louait pour une vertu qui allait de soi. Aujourd’hui, il sentait que l’amour était probablement un sentiment plus complexe que ce qu’il croyait.
CQ : Diable de Mendoza ! Bah, c’est leur affaire, mais cela me contrarie d’y être mêlé !
Il songeait pourtant que l’enfant pouvait se révéler plein de promesses, avec de pareils parents, et qu’un souverain devait toujours préparer l’avenir. Si Isabella désirait tant que cela servir l’empire, il pouvait facilement satisfaire sa demande, et faire élever l’enfant. Quant au reste, elle n’avait pas à s’en mêler, cela n’en valait pas la peine. Oui, cet enfant…il aurait de qui tenir, assurément ! Charles Quint se souvenait parfaitement qu’Isabella avait dès le début de son séjour exprimé le souhait de lui être utile. Elle était au courant des manœuvres de Philippe, lui avait dit tout ce qu’elle savait, espérant que cela l’inciterait à lui communiquer les informations que ses espions ne manqueraient pas de lui fournir sur son fils et les personnes avec lesquelles il était en affaires. Il n’avait été qu’à moitié étonné qu’elle en sache autant. Il avait promis sa collaboration, par intérêt. S’il recevait des nouvelles inquiétantes d’Espagne, il devait en avertir Isabella. Tout à l’heure, elle l’avait pris au dépourvu et il avait refusé de lui dire quoi que ce soit de son entretien avec Gomez. Il n’aurait pas dû la laisser entrer, il n’était pas prêt, il avait cru pouvoir inventer quelque mensonge sur le moment, mais il n’était plus aussi habile qu’avant à ce genre de jeu, et il avait été complètement déstabilisé de la voir surgir ainsi, sans prendre plus garde que cela à son état. Se croyait-elle si supérieure, à mépriser les lois de la nature, les lois de Dieu, à se montrer si forte, plus forte qu’un homme, plus forte que l’empereur ? Il avait ressenti le besoin de la protéger d’elle-même, à moins qu’il n’ait agi que par orgueil. A présent, il était prêt à parier qu’elle trouverait par elle-même un moyen d’obtenir les informations qu’il n’avait pas voulu lui donner. De toute façon, il n’avait pas besoin de ses conseils pour prendre sa décision, et elle ne pouvait rien faire pour sortir Philippe du pétrin dans lequel il s’était fourré.
En sortant des appartements royaux, Isabella remarqua immédiatement l’ombre tapie dans un coin, et lui fit signe de la suivre. Liselotte hésita, craignant d’avoir mal vu, mais quand sa maîtresse se retourna après quelques mètres en lançant un « oui, vous, venez ! » dans sa direction, elle fut bien forcée de se montrer. Dans la chambre, Isabella lui montra le fauteuil.
I : Votre place préférée, j’insiste.
Liselotte prit place, tétanisée. Comment allait-elle expliquer son renvoi à sa famille ?
I : Votre impertinence me plaît. L’Empereur devrait vous trouver un autre emploi, il est dommage qu’il ne sache pas mieux ce que valent les femmes.
L : Ne lui dites rien !
I : Comment ? Vous ne rêvez pas d’être espionne ?
L : Je ne sais pas ce qui m’a pris…
I : Ma mauvaise influence, sans doute…ne craignez rien, je n’ai aucune raison de me plaindre de vous, ni de raconter que vous aimez vous cacher au détour d’un couloir. Chacun est libre d’aller et venir à sa guise, de s’arrêter où il veut, pourvu que cela ne nuise à personne.
L : Je n’avais pas l’intention de vous nuire !
I : Vraiment ? Vous êtes donc si curieuse de mes agissements ?
Liselotte ne répondit pas et baissa la tête, honteuse.
I : Allons, ne faites pas la Pandore prise en flagrant délit d’ouverture de boîte ! Apulée, dans ses Métamorphoses, nous enseigne que si la belle Psyché n’avait pas eu la curiosité de vérifier si son mari était un horrible serpent comme le lui disaient ses sœurs, elle n’aurait jamais su qu’il s’agissait en fait de Cupidon…elle a connu sa vraie nature, elle n’a plus vécu dans le mensonge, et après bien des épreuves, elle a mis au monde son enfant, la divine Volupté….N’a-t-elle pas eu raison d’être curieuse ?
La servante hocha timidement la tête.
I : Vous voyez, il n’y a aucune honte à vouloir faire ce qu’on vous interdit. Cupidon ne voulait pas que sa femme connaisse son identité, il lui avait interdit d’essayer de le voir, il ne venait auprès d’elle que la nuit, et elle se croyait heureuse. Mais ce genre de bonheur n’est qu’une illusion. Si on vous cache quelque chose, il faut absolument chercher à savoir la vérité, comprenez-vous ? Quoi qu’il en coûte ! Sans se sentir coupable du mal que cela peut générer ! Tout vaut mieux que de vivre dans le mensonge ! Pandore a ouvert la boîte, elle a libéré tous les maux de la terre, et elle a bien fait ! Eve a croqué la pomme, et cet imbécile d’Adam a tremblé, et Dieu les a chassés, les a punis, et nous souffrons d’avoir voulu savoir ! N’est-ce pas ridicule ?
Liselotte regardait sa maîtresse avec effarement. Comment osait-elle tenir de pareils propos ? Elle ne craignait donc rien ? Pour qui se prenait-elle ? Elle lui parlait librement, tenant des propos effrayants. Etait-ce parce qu’elle croyait qu’on pouvait tout dire devant une servante, sans que cela prête à conséquence ? Etait-ce du mépris, de la folie, ou une marque de confiance ?
I : Qu’en pensez-vous ? Ne croyez-vous pas que la curiosité est une bonne chose, la meilleure, et qu’il vaut la peine de connaître la vérité, quel qu’en soit le prix ?
L : Je..je ne sais trop….
Pourquoi lui disait-elle tout cela ? Elle tournait les choses de telle sorte, qu’on avait l’impression qu’elle avait raison, même si toute votre éducation vous disait le contraire. Se moquait-elle d’elle ? Voulait-elle la piéger, lui faire avouer sa faute pour mieux la dénoncer ? Mais cela n’était pas nécessaire, puisqu’elle l’avait surprise dans le couloir. Etait-ce sa façon de la punir, en lui faisant admettre des idées blasphématoires ?
I : Vous ne savez pas, et pourtant vous rêvez d’être à ma place, n’est-ce pas ? Vous êtes jalouse de ma liberté, et vous en avez assez de servir les autres sans avoir une quelconque once de pouvoir sur eux. Si vous connaissiez mes secrets, vous auriez l’impression de détenir une part de pouvoir. Vous en feriez bon ou mauvais usage, selon ce qui vous paraîtrait être votre propre intérêt. Je veux vous aider à être plus libre. Vous allez faire quelque chose pour moi, mais sans autre contrepartie que de gagner un peu de liberté, parce que vous saurez un peu plus de quoi ce monde est fait.
L : Je n’ai pas besoin de savoir…laissez-moi, je vous en prie…
I : Tu luttes encore, c’est normal. Tu n’as appris qu’à obéir, mais tu as déjà prouvé que tu n’avais pas peur au point d’obéir à tout, en toute circonstance. Tu voulais bien savoir pourquoi j’étais chez l’Empereur tout à l’heure ?
Le tutoiement surprit Liselotte autant que la question, directe. Bien sûr qu’elle voulait savoir, mais dans quel piège cette femme voulait-elle l’attirer ?
I : Un homme est venu, de Barcelone, pour parler à l’Empereur. Une affaire qui concerne à n’en pas douter son fils, et l’avenir même de l’empire, mais cet entêté de Charles Quint ne veut pas l’admettre, et quand je lui ai proposé mes services, il m’a renvoyé à mes affaires de femme, comme si je ne devais plus servir qu’à enfanter !
Cette femme avait perdu la raison : parler ainsi de l’empereur, prétendre le servir, dans son état, et se mêler des affaires de l’empire ?
I : Bref, je sais qu’il veut me ménager, mais cela m’insupporte. Je suis tout à fait capable de penser, même avec un enfant dans le ventre, et si Gomez est venu apporter des informations importantes, je dois les connaître !
Liselotte n’y comprenait rien, mais elle commençait à se rendre compte du potentiel de la situation. Sa maîtresse avait besoin d’elle, pour une fois, elle lui avait proposé de faire quelque chose pour elle, et cela n’était sûrement pas une chose aussi anodine que lui apporter une tasse de thé ou l’aider à retirer ses bottes.
I : Gomez est sûrement encore au château, il n’est pas arrivé à l’aube pour repartir aussitôt, le voyage est épuisant, et s’il est venu en personne, cela devait être important, urgent. Charles Quint aura donné des ordres pour qu’on accueille cet hôte inattendu, il doit être quelque part, à se restaurer ou se reposer. Tu vas aller te renseigner, ne reviens pas avant de savoir exactement où il se trouve. Voilà, tu sais à présent, tu es libre d’accepter ou non cette mission. Si tu acceptes, fais-le pour toi, pas pour moi.
L : J’accepte.
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par TEEGER59 »

Charles Quint, la voix de la sagesse.
Merci pour ces deux carrés de chocolat.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

TEEGER59 a écrit : 03 avr. 2022, 12:46 Charles Quint, la voix de la sagesse.
Merci pour ces deux carrés de chocolat.
Tout le plaisir est pour moi, moi aussi j'aime bien le chocolat, merci! ;)

Au fait, s'il y a des amateurs pour donner un visage aux nouveaux personnages, you're welcome aboard!
Et pas besoin de maîtriser des outils informatiques pour ça, moi je suis incapable de faire des modélisations comme Seb, ni de dessiner avec un logiciel, ni de faire des montages, comme certaines spécialistes très douées, chacun fait comme il veut, comme il peut, du moment que c'est créatif!
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par Raang »

Je ne vais pas bouder mon plaisir de pouvoir lire le nouveau cru des vignes NONOKO :x-):
En termes d'histoire je suis un peu largué, mais en terme de narration et de qualité d'écriture je suis toujours époustouflé par ton talent :D
"Notre monde a été bâti dans l'or et dans le sang"-Raang alias Rayan, 2017
Mes fanfictions (hors MCO)https://www.fanfiction.net/u/7150764/Raang
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par TEEGER59 »

C'est vrai que c'est du lourd! NONO, vainqueur par K-O!

La rouste du siècle!
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Modifié en dernier par TEEGER59 le 03 avr. 2022, 13:51, modifié 1 fois.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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