@ Anne
Je te rejoins sur "Into Eternity", il y avait pas mal de choses fascinantes dans ce film ! Et les questions de perception du message, de visuel, d'écriture étaient par moments à mourir de rire, à d'autres angoissantes ou encore fascinantes (un peu dans le dilemme des fameux codages envoyés par la NASA concernant l'humanité).
Ce que j’ai trouvé intéressant, c’est d’essayer de créer des parallèles entre différents sites inexpliqués et les différentes civilisations du monde. Les êtres humains me fascinent à bien des niveaux et ce docu a éveillé cette petite étincelle en moi.
C'est bien le problème ! Ce que le docu oublie de préciser, c'est que le vocabulaire qu'on applique partout est directement issu de notre culture.
Que lorsque les Espagnols débarquent en Amérique (mais le problème est sans doute le même en Asie avec ceux qui y vont - Portugais, Anglais, etc...) et qu'ils sont confrontés à quelque chose qui "ressemble à", ils lui donnent le même nom. Que s'ils parlent de "pyramide", et si l'égyptologie s'est infiltrée énormément en Amérique du XVIIe au XIXe siècle, c'est avant tout un problème de vocabulaire greco-romain, indo-européen et chrétien.
"Momie", "Pyramide", et tout ce qui s'en suit. Que si, globalement, il y a des similitudes, très vite on tombe sur des différences architecturales, de procédés de momifications, d'écriture glyphique (je préfère ce terme à celui de hiéroglyphique que d'autres emploient, trop calibré Egypte justement).
Celui qui m'avait fasciné à ce sujet, c'est Jung ("Métamorphoses de l'âme et ses symboles" en particulier). Il faut s'accrocher pour le suivre, mais c'est fascinant : démonstration psychologique (mais à ce niveau, ce serait plus proche de l'Anthropologie) de réflexes humains, de conditionnements symboliques allant bien au-delà du complexe d'Oedipe de Freud. En gros, mettre toutes les religions sur le même pied, et face à face les récurrences.
Tout n'est pas à prendre à la lettre, Jung peut être remis en question sur différents points, mais le postulat de départ et la démonstration sont impressionnants.
Du coup, quand le docu lance l'assertion : regardez, le monde est le même, donc il y a potentiellement communication, ça me hérisse. Et pourtant je suis d'accord sur le postulat : l'être humain réagit de façon similaire. Mais c'est le fait de sa psyché et de son rapport au monde. Toutes les résurrections prennent trois jours, tous les dieux bénéfiques sont en hauteurs, on trouve partout un "enfer" et un "paradis", et du coup, architecturalement, socialement, on trouve des récurrences. De la même façon en art, en philosophie, en criminologie, etc.
Ainsi, le docu sur les pyramides m’a apporté cette idée nouvelle que le meilleur moyen de réussir à transmettre quelque chose de manière immuable des millénaires plus tard, est de se baser sur des constantes de l’univers. Les mathématiques et la géométrie sont une bonne solution. Admettons que l’hypothèse d’une génération passée qui aurait construit les pyramides soit juste (je ne vois pas ce qui l’injustifierait d’ailleurs, une théorie est une théorie). Quel aurait été le meilleur moyen pour une civilisation passée de transmettre un message à la suivante ? En utilisant l’immuable et l’incontestable. La géométrie de cette planète et de l’univers sont des faits qui ne varient pas (à moins d’un bouleversement majeur dans l’univers). Les planètes, les étoiles ne disparaitront pas toutes en même temps du jour au lendemain. L’univers a son propre cycle qui peut servir de repère. Donc l’idée d’inclure des données aussi immuables dans des constructions qui traverseront les âges me parait vraiment intelligente pour faire passer un message. (je ne sais pas si je suis très claire...)
C'est justement là que j'ai l'impression que tu t'es faite avoir par leur montage.
Le truc n'est pas la spécificité égyptienne, c'est l'immuable de l'univers.
C'est-à-dire que toute l'avalanche de chiffres qu'ils nous balancent est purement fausse. Ce qui compte, ce sont les proportions. Or, Pi, Phi, et toute la bande n'ont pas besoin d'être connus pour être employés. Si je trace un cercle, je sous-entend Pi. Si j'organise des échelles de grandeur, je tombe sur Phi.
C'est totalement idiot, mais le problème est le même si tu prends deux feuilles, une de format A5, l'autre de format A2. Sans référent, aucun. Tu vois deux feuilles, la matière est la même, la texture, le grain. Donc tu cherches un rapport. Jusqu'au moment où, en pliant A2, tu arrives au format A5. Là, on nous bassine avec des chiffres sur les pyramides. Mais peu importe finalement de savoir que A4=21x29,7 pour savoir que A2=16xA5.
Ici, le rapport est de 1 et racine de 2 (qui permet le fameux 21xRacine2=29,7, la base étant A0=1m²).
Du coup, toute la mise en scène sur une pseudo-connaissance des égyptiens, une fois encore, n'est rien de plus qu'un compas et une équerre.
Et pour ce qui est des astres, peu importe le point indiqué par le Sphinx, n'importe quel point fonctionnerait de la même façon vis-à-vis du zodiaque.
Pour le reste, le calcul des équinoxes ou des cycles lunaires/solaires/etc, et du même coup la question des orientations N-S-E-O, c'est un classique des civilisations quelles qu'elles soient. Rien de très scientifique, juste une faculté d'observation bien plus poussée et un besoin de créer des cycles.
De la même façon que le passage du calendrier julien au calendrier grégorien se fait au XVIe. Parce qu'on réalise tout à coup que les cycles des astres est inchangé mais que le printemps ne tombe plus le 20-21 mars, mais début avril. Pourquoi ? parce que le cycle a été mal calculé, et que l'année doit être calculée différemment pour éviter ce léger décalage au bout de plusieurs décennies/siècles (de la même façon que le calendrier grégorien aura provoqué un décalage dans le calcul du temps d'ici quelque chose comme 10000 ans ou plus, sachant qu'un décalage se créé de 1 jour tous les 3000 ans - de mémoire).
une partie qui avance des faits qui sont ensuite commentés par différents spécialistes (et là on en a un panel quand même, des professionnels reconnus qui sont issus de différents domaines : scientifiques, architectes, géologues, ethnologue, blabla).
Mais c'est bien le problème. Ils ont été malins : ils fournissent 2 figures tutélaires en particulier, le spécialiste (décédé depuis) égyptologue et académicien (il me semble) et l'architecte du Louvre. Ils filent un homme "à tuer" : Adam, l'archéologue-égyptologue (comme par hasard ayant pondu 2 bouquins pour lutter contre les théories ufologistes, ce que le docu ne montre pas, vu que s'il avoue dès le départ être partisan des hommes verts, cela apparaîtrait comme une lutte de caste). Et pour le reste, aucun égyptologue, aucun historien. D'accord, des ingénieurs, des spécialistes. Certains vendus à la cause du Troisième type ("téléphone maison" et le reste), ce que le docu ne dit pas non plus ; les autres, une fois encore, sont comme Einstein face à sa montre : le mécanisme marche, mais il faut le démonter pour le comprendre. Or, les instruments dont ils disposent pour le démonter ne sont pas les bons.
On les met devant le fait accompli : les pyramides sont là. Et eux de répondre : oui, et je ne sais pas comment car mes instruments ne le permettent pas.
Je vais prendre un exemple tout bête dans mon domaine : l'histoire et l'image. Aujourd'hui, lorsque je vois une cochenille, je sais que c'est un insecte. Au XVIIe, un Français, Joseph Thierry de Ménonville l'a décrit comme un élément végétal. Pour les précolombiens, la cochenille est avant tout un colorant qui sert pour peindre les murs ou les codex.
Le problème est exactement le même : un problème de référent, et d'usage.
Le même qui se pose avec les astres en fait. Aujourd'hui, l'Astronomie est un domaine de spécialistes. En Egypte ancienne, tout le monde voit les astres, et il y a également des spécialistes. Le constat est le même : je vois des étoiles. L'interprétation varie du tout au tout.
Ce que fait ce documentaire finalement, c'est de nous rappeler qu'on a inventé l'électricité, que du coup les étoiles nous paraissent magiques. Alors que ce devrait être le contraire.