Chroniques Catalanes II. La reconquista.

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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TEEGER59
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par TEEGER59 »

Suite.

Au retour de l'église, Isabella prit Juan par le bras et l'entraîna au jardin. En ce début d'automne, il se trouvait dans la plénitude de son épanouissement et, à caresser des yeux les feuilles mortes des chênes chevelus qui joncheront bientôt le sol en un tapis protecteur, la jeune femme sentait son cœur se serrer un peu. Voyant une larme perler à ses cils, Mendoza qui l'observait sans en avoir l'air serra plus fort le bras posé sur le sien:
:Mendoza: : Qu'est-ce qu'il y a?
:Laguerra: : Rien...
:Mendoza: : C'est l'avenir d'Elena qui te préoccupe?
:Laguerra: : Oui... Non... Je ne sais pas...
Le Catalan n'insista pas. Pendant un moment, les deux promeneurs cheminèrent en silence jusqu'au champ d'oliviers qui s'étendait au bas du jardin et marquait sa limite. Ils marchèrent un instant sous le feuillage argenté, puis, alors qu'ils atteignaient le Llobregat, Juan s'arrêta près d'un tronc noueux, cassa une petite branche où pendait un fruit vert et la considéra un instant avant de la tendre à sa moitié.
:Laguerra: : Pourquoi me donnes-tu ce rameau?
:Mendoza: : Parce que tu le conserveras bien plus longtemps que Bianca... Garde-le précieusement: il te fera souvenir de moi.
Soudain peinée, Isabella lui demanda:
:Laguerra: : Tu envisages de reprendre la mer après ta pénitence, c'est ça?
:Mendoza: : Non, Isa. C'en est fini pour moi des errances. Je commence à me sentir trop vieux et si tu veux me permettre de continuer à vivre dans cette maison avec toi, je n'en demanderai pas davantage à l'existence.
:Laguerra: : Alors, pourquoi ceci? Je ne saisis pas.
:Mendoza: : Ce que je veux te faire comprendre, c'est que je veux rester ici... Ce beau pays est le mien... et j'y ai enfin trouvé la paix.
Du bout des doigts, Isabella caressa la petite branche, la glissa dans son corsage puis se mit à sourire:
:Laguerra: : Cette paix dont tu viens de m'offrir le symbole?

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Mendoza enlaça sa femme qui lui tendait les bras et enfouit son visage dans son cou:
:Mendoza: : Oui.
:Laguerra: : Oh mon chéri! Nous avons tant de bonheur gaspillé stupidement à rattra...
D'un baiser, il lui ferma la bouche, la serrant contre sa poitrine avec une force qui lui arracha un gémissement. Desserrant peu à peu son étreinte, il chuchota contre la conque délicate de son oreille:
:Mendoza: : Je n'ai aimé et n'aimerai jamais que toi, Isa. Te posséder, c'est posséder toute la beauté du monde. Les anciens Grecs auraient fait de toi une statue divine, mais il faut t'avoir tenue dans ses bras pour savoir quel doux éclat tu atteins dans l'amour, et aucune femme ne m'a donné ce que j'ai reçu de ta part, princesse...
Le silence de l'aventurière inquiéta le marin:
:Mendoza: : Eh bien? Tu ne me dis rien?
Il s'écarta pour la contempler. Un instant, ils se regardèrent au fond des yeux et, dans le cœur de la jeune femme, quelque chose s'illumina. Se pouvait-il que les temps douloureux eussent pris fin et que le bonheur pût renaître? Le regard de Juan était brûlant d'amour comme il l'était durant leur toute première nuit passée ensemble... Elle lui sourit avec une tendresse infinie...
En remontant vers une terrasse que bornait le mur d'enceinte de l'hacienda, Isabella trouva Tao fort occupé à installer des ruches avec l'aide de son beau-père. Le naacal aimait les abeilles et s'intéressait depuis toujours à leur vie et à leur élevage. Il aimait à répéter que celles de Barcelone donnaient un miel sans rival dans toute la Catalogne car la forêt y jouait le premier rôle. En sarrau de toile et en sandales, les manches retroussées, les cheveux en désordre et le visage luisant, il achevait le quatrième logis destiné aux abeilles et semblait pleinement heureux.
Aucune force humaine n'avait pu le convaincre de prendre part à la messe des vignerons. En manière d'excuse, il avait dit:
:Tao: : Je préfère rester auprès de Jesabel. Je serai très malheureux si elle devait ressentir les premières douleurs de l'enfantement seule alors que je me suis absenté. Ne me demande pas de paraître à l'église.
Voyant approcher le couple, il repoussa du bras les mèches humides qui collaient à son front et lui fit un signe joyeux.
:Mendoza: : Allons voir où en est le travail de notre fils adoptif...

☼☼☼

Cette nuit-là, l'esprit d'Isabella l'entraîna dans un rêve bien curieux. Devenue la Maria-Magdalena du vitrail exécuté quatre-vingt quatre ans plus tôt par le maître verrier Antoine de Lonhy, elle se trouvait enchâssée dans un des murs de la basilique Sainte-Marie-de-la-Mer où il avait été monté. Vêtue du surcot de velours blanc de ses noces, elle s'avisait soudain que ce n'était plus le Christ qui se tenait auprès d'elle, mais une femme pâle, petite et maigre, dont les cheveux noirs, tressés de perles blanches, tombaient sur une tunique de laine immaculée. Celle-ci lui dit:
:?: : Venez avec moi.
Elles se détachèrent ensemble du vitrail et gagnèrent une grande salle occupée par une table fort longue. Une foule de convives y avaient pris place.
Isabella/Maria-Magdalena se retrouva assise en face de la dame blanche et à côté d'un jeune garçon.
En tournant la tête pour lui adresser la parole, elle eut un coup au cœur. Son voisin n'était autre que Marco, son premier fils, mort depuis des années! Il lui sourit d'une façon extraordinairement gaie, confiante. Un sourire de joie pure. Puis il posa sa paume sur la main de sa mère, qui reposait sur la nappe.
La sienne était chaude et souple, alors que celle d'Isabella était raide et glacée!
La femme en blanc quitta alors son siège pour s'approcher d'eux. Avec une expression énigmatique, elle glissa à l'annulaire droit de l'aventurière une bague dont le chaton, en forme de trèfle, ne comportait plus que deux rubis...
Fixant d'un air entendu ses prunelles d'un noir scintillant sur le visage de son interlocutrice, la dame blanche fit:
:?: : Il n'y en aura pas de troisième. Jamais. Souvenez-vous-en...
Isabella se réveilla en sursaut.
Elle était dans sa chambre. À ses côtés, Juan dormait paisiblement.

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:Laguerra: : Mon Dieu! Ce n'était qu'un affreux cauchemar. (Pensée).
Une prière trouva soudain le chemin de son cœur à ses lèvres:
:Laguerra: : Seigneur, faites que ce ne soit pas un rêve prémonitoire!
Peut-être pour se prouver qu'elle était toujours vivante, elle se sentit prise d'un besoin d'activité. Elle se leva, versa de l'eau dans la cuvette, arracha plus qu'elle ne l'ôta sa nuisette de fin drap noir et entreprit de se laver aussi soigneusement que possible. Ce n'était guère facile dans si peu d'eau, et le savon grossier, fait de suif et de cendres de bois n'avait que de lointains rapports avec les exquises pâtes parfumées qui se trouvaient dans l'étuve, mais elle éprouva un réconfort à se sentir propre. Ensuite, avec son peigne, elle démêla et lissa longuement son épaisse chevelure noire, où demeurait une trace légère du parfum que Carmina y avait mis en la coiffant la veille. Elle attacha ses cheveux en une épaisse queue de cheval qu'elle sépara en deux parties afin de confectionner son immuable chignon.

Aie, bodega, bodega, brûle mon cœur et mes soucis.

MDR: Serre-là, J-C! Serre-là. Le temps de la réconciliation est venu. Je commence sérieusement à vieillir et je ne tiens pas à me trouver encombré de rancune quand je me présenterai devant le Créateur. Ce jour de noces me semble tout indiqué pour que nous fassions la paix, toi et moi!
Miguel et Juan ne s'étaient pas revus depuis le duel opposant Jaume au capitaine. Pendant l'année écoulée, Catalina, seule, avait assuré la liaison entre Barcelone et la bodega.

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Avant de s'installer devant la table servie, le mari d'Isabella tendit donc la main, puis donna l'accolade à son frère qui la lui proposait.
Ils s'exécutèrent tous deux sans chaleur excessive, mais avec le même désir d'oubli et d'apaisement.
Elle était loin l'époque où l'hidalgo en voulait à son cadet. L'union de Modesto et de sa nièce lui fournissait l'occasion de régler une affaire de famille reléguée par les récents événements dans un passé reculé.
Levant sa coupe d'argent finement ciselé, il conclut d'un air satisfait:
MDR: Que Saint-Vicente (Vincent), patron des vignerons, nous protège tous!
Au sortir de la très simple cérémonie souhaitée par Elena, les quelques parents et amis conviés à partager le repas de ce mariage s'étaient retrouvés à l'hacienda.
La semaine des vendanges achevée, où seuls les cépages tardifs restaient encore à rentrer, on avait pu songer à fixer la date des épousailles.
Il fallait se hâter, tout en évitant les jours de pénitence imposés à Juan. Aussi, choisit-on le mardi suivant la Saint-Dionisio (Denis), date qui convenait à chacun.
Octobre était beau et chaud. Trop chaud même, après les touffeurs estivales. Tout le monde attendait la pluie, avec impatience et une certaine anxiété. La dernière averse avait été bien trop brève.
Blond comme le vin de paille, l'air léger d'arrière-saison circulait allègrement sous un dais de ciel nuageux. De nombreux paysans en profitaient pour chasser dans les vignes dépouillées.
La luminosité était telle qu'on distinguait, bien au-delà du Llobregat, aux flancs des lointains coteaux de l'autre versant de la vallée, les sillons rectilignes que traçaient des laboureurs.
Entre l'été torride et l'hiver que certains prédisaient rude, ce doux automne rappelait par sa limpidité celui de l'année précédente auquel, pourtant, on s'efforçait de ne pas songer...
En plus des gens de l'hacienda, les seuls invités étaient Julio et ses enfants adoptifs, ainsi que, venue tout exprès de Barcelone, Raquel, emmenée par les De Rodas.
La grand-mère de la mariée avait tenu à revêtir elle-même sa petite-fille de la chemise de soie safranée et du bliaud en fine toile cramoisie, brodé de guirlandes fleuries, qu'elle avait fait faire à son intention et apportés en grand arroi dans un encombrant coffre de voyage.
Drapée avec art sur la tête d'Elena, un voile épais couvrait les nattes soyeuses entremêlées de rubans rouges et blancs. Durant la messe, les villageois et les tenanciers des environs, qui s'étaient déplacés en grand nombre, avaient bien un peu chuchoté, mais la dignité des nouveaux époux, leur rapprochement poignant et insolite avaient frappé les imaginations et mis une sourdine aux commérages.
Mesurant le courage nécessaire à la formation d'une pareille alliance, beaucoup d'assistants avaient préféré ne pas approfondir les causes de ces étranges noces.
Revenus chez eux, parmi leurs proches, Modesto et Elena se tenaient à présent, de part et d'autre du siège où Juan avait pris place, près de la table en forme de U, dressée pour la circonstance dans la cour.
Avant de commencer à dîner, les convives trinquaient donc en buvant à la santé du couple nouvellement uni, quand un chevaucheur en provenance de Bavière se présenta au portail du domaine.
Suant et couvert de la poussière des chemins, il apportait un message de l'Empereur. Ce dernier écrivait à sa fille pour lui annoncer que les protestants tentaient de s’opposer à la concentration de ses troupes en Allemagne du Sud par une série d’escarmouches.
La campagne, commencée dès le 31 août, fut longue et fertile en rebondissements. Charles Quint était redevenu la proie de la goutte qui le tenaillait impitoyablement. Il n'en chevauchait pas moins, à moitié couché sur sa monture, la jambe enveloppée d'une sorte de sac, la voix étouffée par la souffrance. On le voyait en cet état, indifférent aux boulets, bravant la mort, donnant ses ordres aux généraux, s'occupant des soldats chez lesquels sa popularité devint immense. Cet homme paradoxal avait évité les champs de bataille durant sa jeunesse et s'était plu à briller dans les tournois, les corridas. Il se conduisait maintenant en héros alors que les infirmités accablaient son âge mûr.
Il y avait d'autant plus de mérite qu'il se refusait aux exploits spectaculaires. Il subit ainsi un furieux bombardement en interdisant à ses troupes de bouger. Fidèle à sa tactique de la guerre à l'italienne, où l'habileté manœuvrière remplaçait l'acharnement meurtrier de telle sorte que l'adversaire se retrouvait vaincu presque sans effusion de sang, l'Empereur voulait éviter les affrontements.
Une nouvelle armée arriva de Flandres sous le commandement de Van Buren, un impétueux capitaine descendant d'un fils naturel de Philippe le Bon. Elle lui donna l'avantage numérique et lui permit de manœuvrer le long du Danube avec la maîtrise d'un champion d'échecs. Maintes fois, ses généraux, jugeant l'occasion propice, le pressèrent, le supplièrent de livrer une bataille rangée. Mais Charles Quint ne cessa de refuser.
Ainsi, le monarque en campagne n'était pas le seul grand absent au mariage de sa petite-fille. Tao, pourtant présent sur le domaine, tenait compagnie à son épouse alitée. Au terme d'un accouchement qui avait mis ses jours en danger, Jesabel avait donné naissance, la nuit précédente, à une petite fille. En y repensant, le père de la jeune maman, s'écroula sur un des bancs qui entourait la table et fit:
Luis: Je suis maudit! Maudit! Je n'aurai jamais d'héritier mâle! Ma petite parcelle de vigne tombera entre des mains étrangères!
Carmina protesta:
Carmina: Grâce au ciel, notre fille est encore bien vivante! Elle pourra toujours te donner une autre fois le garçon que tu désires tant!
Tapant du plat de la main sur la table qui tressauta dans un bruit d'étains heurtés, Luis s'écria:
Luis: Cela reste à voir! Tout comme moi, tu sais que Jesabel a failli passer durant ses couches! Elle ne pourra plus avoir d'enfant!
Isabella tenta de calmer le jardinier en lui faisant remarquer que la naissance de la petite Floreana, survenue le jour même d'un mariage dans la famille, lui paraissait de bon augure; que nul ne pouvait savoir si la santé de la jeune mère avait été ébranlée au point de lui interdire tout espoir futur de maternité; qu'enfin il n'était pas bon d'accueillir l'arrivée d'un nouveau-né en lui faisant grise mine; mais aucun de ces arguments ne toucha le grand-père.
Rouge comme un coq fâché, opposant une résistance rageuse aux consolations qu'on lui prodiguait de toutes parts, il ne cessa plus, pendant tout le repas, de fulminer contre la malchance qui le poursuivait.
Assis l'un près de l'autre, ainsi qu'il convenait, les mariés, pendant ce temps, s'entretenaient à mi-voix. Les éclats de voix de Luis ne semblaient guère les impressionner.
Entre l'apprenti, au regard amoureux, et la jeune fille brune, précautionneusement enveloppée dans son voile, une sorte de complicité s'installait.
Lorsque Isabella avait fait part à sa fille de la demande en mariage de Modesto, celle-ci ne s'était pas récriée. Sans tergiverser, elle avait alors donné son accord à un projet que ses parents, de leur côté, n'envisageaient qu'avec réserve.
Elena avait déclarer à sa mère:
Elena: Pourvu d'un père, l'enfant pourra naître et grandir normalement. N'était-ce pas ce que tu voulais, maman? Je ne pense pas éprouver de difficultés à témoigner de l'affection à celui qui m'aura tirée d'un si mauvais pas. Dès à présent, je le considère comme mon meilleur ami.
Au cours de la semaine de leurs brèves fiançailles, les deux jeunes gens parurent s'entendre à merveille. Ils parlaient souvent ensemble, toujours avec confiance. La musique et le chant, mais surtout de leur avenir qui, désormais, leur serait commun, leur fournissait bon nombre de sujets de conversation, mais aussi maintes preuves de goûts et d'aspirations partagés.
À la veille des noces, Catalina avait dit à son amie:
Cat: Que veux-tu, Isa? Il l'aime! Si elle ne lui rend pas encore la pareille, il est bien possible qu'elle se laisse peu à peu gagner par la contagion d'un sentiment si sincère. Et puis, qui sait... Ne peut-on pas tomber amoureux de l'amour qu'un autre vous porte! Surtout dans le cas d'Elena, trop intelligente pour ne pas reconnaître qu'il ne lui est guère possible d'inspirer d'autre attachement...
D'abord réticent, Mendoza, lui aussi, avait fini par admettre que ce gendre imprévu présentait certains avantages.
En outre, Miguel et sa femme proposaient de renouveler, d'une Toussaint à l’autre et pour trois ans supplémentaires, le contrat de Modesto, mais cette fois-ci, en tant qu'ouvrier.
Son statut de neveu par alliance n'avait pas influencé l'hidalgo. C'est le sérieux du jeune homme et son travail exemplaire qui avaient plaidé en sa faveur.
MDR: Au début de leur installation, ces enfants, s'ils le désirent, pourront rester ici et loger dans l'une des maisons prévues pour les ouvriers. Ainsi, ils ne seront pas trop dépaysés.
:Laguerra: : Je pense que tu vas leur rendre là un fort grand service, Mig'. Il est sans doute préférable pour ma fille et son mari de ne pas quitter le cocon familial. C'est ici que demeurent leurs meilleurs souvenirs...
C'était donc de leur future existence à l'hacienda que s'entretenaient les jeunes époux, sans trop s'émouvoir des manifestations de désappointement et de colère auxquelles se livrait le jardinier.
En fin de compte, le repas se déroula comme prévu.
On avait fait asseoir le chevaucheur au bout d'une des tables, à la place qu'on laissait toujours vacante pour le voyageur ou le pèlerin envoyé par Dieu...
Julio, qui se trouvait à la droite d'Isabella, lui dit:
Julio: Maintenant que votre fille est entre de bonnes mains avec Modesto, il n'est plus question de l'unir à Enrique. Vous ne me tourmenterez plus avec ceci...
:Laguerra: : Cependant, nous avons d'autres enfants et un mariage est toujours possible: celui de Chabeli et de Pablo...
Le meunier, pencha son grand nez sur le morceau de pain tranchoir qu'il avait devant lui, et ne répondit pas tout de suite.
Avant de relever un front soucieux, il absorba plusieurs morceaux de sanglier en marinade, accompagnés de châtaignes rôties. Jetant un regard lourd de reproche à sa voisine, il soupira:
Julio: Par tous les saints, pourquoi faut-il que vous soyez aussi entêtée?
:Laguerra: : Parce que cela me tient à cœur. J'ai pu, ces derniers temps m'assurer que mon fils et votre Chabeli se plaisaient mutuellement. Voudriez-vous rendre ces deux enfants malheureux?
Julio: Les unir ne me semble pas une bonne idée.
:Laguerra: : Pourquoi donc? Une alliance entre nos familles vous répugne-t-elle à ce point?
Julio secoua la tête. Dépit et fascination se partageaient son âme meurtrie.
Il dévisagea un instant celle qui le traitait si mal. En dépit de tout, les traits fins, les yeux sombres, le front surmonté en cette journée de fête d'un bandeau orné d'orfroi continuaient à exercer sur lui un pouvoir que rien n'avait pu entamer. Ni les rides naissantes, ni les quelques cheveux blancs qui filetaient d'argent le lourd chignon brun... Non plus que la fidélité sans faille envers un autre.
Julio: Vous savez fort bien ce que j'en pense et pourquoi je le pense. Oui, par Saint-Martin, vous le savez depuis toujours! Avant que vous ne partiez à l'aventure avec le docteur Laguerra, nous étions promis l'un à l'autre...
Autour d'eux, les conversations allaient bon train.
Aussi fière qu'heureuse d'une union qui la rapprochait de façon inespérée de la famille Mendoza, Miranda parlait avec Raquel et Carmina. Diego taquinait sa nouvelle conquête, rencontrée lors de la dernière veillée. Miguel tentait de rassénérer Luis en lui versant à boire.
Enrique, Consuelo, Joaquim, Paloma, Cora et Dolores s'agitaient sur leur banc. Des fous rires irrépressibles les secouaient tour à tour. Profitant du relâchement de toute surveillance, ils se gorgeaient de châtaignes.
Mendoza envisageait avec Catalina l'avenir des nouveaux mariés qui, de leur côté, continuaient à causer.
Pablo et Chabeli, par ailleurs, devisaient avec animation, sans se douter le moins du monde qu'ils se trouvaient au centre des propos du meunier et de son ancienne promise.
:Laguerra: : Chassez une fois pour toutes de votre esprit les fantômes de notre jeunesse. J'espérais n'avoir jamais à vous le signifier, mais, puisque vous y tenez, Julio, sachez donc que vous avez toujours été le seul à imaginer certaines choses... Le seul à les espérer, le seul à y croire.
Elle posa une main ferme sur la manche de son interlocuteur.
:Laguerra: : Oubliez, mon ami, oubliez des rêves impossibles. Revenez enfin à la réalité. Cherchez-vous une nouvelle épouse... Acceptez de donner Chabeli, quand l'heure sera venue, en justes noces à Pablo!
Le meunier jeta entre ses dents:
Julio: Dieu me damne! Vous avez une vocation de marieuse! Eh bien, puisque vous vous y intéressez, apprenez que je ne me remarierai jamais. Quant à Chabeli, je ne suis pas pressé de la voir quitter le moulin. Elle tient comme il faut son rôle de maîtresse du logis et je ne saurais par qui la remplacer.
:Laguerra: : Elle tiendrait encore mieux son propre ménage. Je vous croyais bon, Julio. Ne me détrompez pas en vous montrant, pour une fois, égoïste au point de sacrifier le futur bonheur de votre fille à je ne sais quelle rancœur!
Julio: Je serais peut-être bon, comme vous le dites, si je n'étais pas si morfondu. Comment songer aux autres quand on est soi-même mal en point?
Isabelle sourit de contrariété. Avec force, elle lança:
:Laguerra: : S'il fallait attendre d'être heureux pour s'occuper de ceux dont on est responsable, on ne s'en soucierait pas souvent!
Elle ne put continuer, car toute la tablée réclamait à présent aux nouveaux conjoints musique et chansons de noces. Miguel renchérit:
MDR: Il faut vous exécuter.
On passait des pâtés de carpes, des rissoles, des tourtes aux pommes, mais quand Elena se leva pour chanter, chacun s'immobilisa.
Ce fut dans un grand silence que sa voix pure s'éleva, accompagnée par la flûte d'argent de son époux. L'air et les paroles composés par ce dernier faisaient preuve d'un art très sûr.
Plusieurs autres pièces interprétées soit par l'apprenti soit par sa jeune femme, soit en duo, se succédèrent. Modesto passa un bras autour des épaules d'Elena et l'attira contre lui.
Ce fut sur cette vision réconfortante que l'aventurière demeura ce soir-là, après le départ pour Barcelone de ses invités. Un avenir prometteur semblait devoir s'ouvrir devant le nouveau couple et l'enfant d'Elena était sauvé... Ce mariage impromptu se révélerait peut-être meilleur que certaines unions longuement préparées.
Après que le pas des chevaux se fut éloigné, Miranda constata d'un air satisfait:
Miranda: Sur ma tête, mon fils et votre fille paraissent fort bien s'accorder! Qui aurait dit, du temps de leur enfance, que nous les marierions un jour? La vie me surprendra toujours!
Fermant le portail, Isabella remarqua:
:Laguerra: : Ce qui me frappe le plus, c'est que la rencontre de Modesto et l'infortune d'Elena débouche sur quelque chose qui ressemble à une sorte de tendre et solide entente. Vous avez raison, Miranda, l'existence est imprévisible. Dieu seul sait ce qui nous convient. Nous autres, pauvres créatures, nous nous égarons le plus souvent.

À suivre...
Modifié en dernier par TEEGER59 le 05 nov. 2019, 22:57, modifié 1 fois.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Akaroizis
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par Akaroizis »

Mince alors. Faut lire ça, de suite.

C'est une très belle publication... Comme d'habitude ! :x-): ^^
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

Saison 1 : 18.5/20
Saison 2 : 09/20
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Ma présentation : viewtopic.php?f=7&t=80&p=75462#p75462
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yupanqui
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par yupanqui »

Bravo Teeger.
Merci pour ces 2 beaux passages.
« On sera jamais séparés » :Zia: :-@ :Esteban:
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TEEGER59
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par TEEGER59 »

Suite.

Six semaines plus tard, il devint évident que la vachère ne s'était pas trompée car le jeune ménage paraissait de plus en plus solide. Mendoza en avait même fait la remarque:
:Mendoza: : Entre nos enfants, tout semble bien se passer...
Miranda: Par Notre-Dame, quelle femme ne serait pas heureuse avec un mari comme celui-là! Mon fils est aux petits soins pour votre fille et paraît sans cesse remercier le ciel de lui avoir octroyé une pareille épouse!
Se tournant vers Isabella, Juan avait conclu:
:Mendoza: : Que vouloir de plus? Elena est sans doute mieux mariée que beaucoup d'autres. C'est une grande grâce que nous avons reçue en l'occurrence. Ce doit nous être un réconfort dans la situation actuelle.
L'automne, en effet, se terminait mal. Des pluies torrentielles avaient succédé à la sécheresse de l'été. Depuis de longues semaines, il ne cessait de tomber des cordes. Le Besòs et le Llobregat, les deux fleuves proches de Barcelone avaient débordé et s'étaient répandu dans les villages alentours, dans les champs, les vignes, les prés de la vallée.
Bien des maisons de Sant Joan Despí et de El Prat de Llobregat voyaient leurs celliers ou leurs caves inondés. Des taches de moisissure souillaient les murs dont certaines assises étaient menacées. L'inquiétude des habitants montait avec la crue qui comblait les fossés creusés au pied de leurs fortifications en planches. Des échaffaudages avaient été emportés.

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De l'hacienda, on découvrait un paysage inconnu. Le spectacle familier du fleuve, des cultures ou des pâturages avoisinants, s'était transformé. Une sorte de lac était apparu, d'où n'émergeaient que les plus grands arbres, les maisonnettes construites par les voisins au bout de leurs terrains, et le clocher de Sant Joan Despí, dont le cimetière entourant l'église se trouvait immergé, ce qui avait forcé le prêtre à enterrer ses paroissiens au champ des Cercueils, hors d'atteinte de la montée des eaux.
Les Catalans logés dans des bâtisses inondables avaient dû se réfugier sur les toits de leurs chaumières, avant qu'on allât les chercher en barques.
Plus au sud, du haut de sa motte de terre nommée la montagne Sant Ramón, le village de Sant Boi de Llobregat dominait encore la nappe liquide, mais on n'en voyait plus que les bâtiments. Les potagers, les vergers, les vignobles avaient disparu. C'était un sujet de désespoir incessant pour Miguel, dont l'unique consolation était que ses concurrents voyaient leurs ceps également noyés.
Située à mi-pente du coteau, la bodega De Rodas ne craignait rien, mais le pré et la chènevière reposaient, eux aussi, sous plusieurs pieds d'eau. Seul le toit du lavoir semblait flotter à la dérive.
Une odeur de fange et de marécage stagnait au-dessus des terres submergées. L'odorat sensible d'Isabella en souffrait beaucoup. Aux soucis causés par les conséquences de ce déluge, s'ajoutaient pour elle des relents nauséeux.
Le ciel gris de novembre se reflétait tristement dans la vaste étendue ondoyante qui lui servait de miroir. Des scintillements métalliques luisaient à perte de vue.
Au moindre souffle de vent, de courtes vagues grises s'ourlaient d'un peu d'écume. Sous le crépitement de la pluie, une infinité de grosses bulles glauques crevaient à la surface de la lagune malsaine qu'était devenue la vallée.
Des cadavres de vaches, de moutons, de poules, de chèvres, dérivaient par endroits, ou s'accrochaient aux branches entremêlées, aux troncs flottants que survolaient de longs vols de corbeaux et d'oiseaux de proie. D'un air soucieux, Mendoza prédit un soir:
:Mendoza: : La famine guette. Nous serons peut-être réduits ici même, si le diable s'en mêle, à disputer ces carcasses aux charognards!
:Laguerra: : Nous avons des réserves, mon chéri. Nous pouvons encore tenir longtemps. La pluie finira bien par s'arrêter de tomber.
Elle estimait que son mari voyait à présent, bien plus facilement qu'autrefois, les choses en noir. Aussi s'appliquait-elle, malgré ses propres craintes, à lui présenter les faits sous leur meilleur aspect.
Sans se laisser détourner de son propos, le capitaine continua:
:Mendoza: : Bien des pauvres gens commencent à manquer de vivres. Après la sécheresse de cet été et les trombes d'eau actuelles, bon nombre d'entre eux n'ont déjà plus de provisions. Que vont-ils devenir si l'hiver se montre rigoureux?
:Laguerra: : Ceux qui possèdent un peu plus partageront avec ceux qui seront démunis. N'est-ce pas ce qui nous est prescrit? J'ai commencé à faire porter aux villages alentours quelques paniers de poissons fumés ainsi que plusieurs sacs de fèves ou de lentilles. Sur ordre du vice-roi, ton frère approvisionne Barcelone en vin. Julio fournit la farine.
:Mendoza: : Il ne faudrait cependant pas que cette crue dure trop. Le spectre de la disette est un des plus affreux qui soit... La dernière crise de subsistance est encore bien proche!
Ils se tenaient tous deux dans la cave qui faisait office de tonnellerie où Isabella venait de plus en plus souvent rejoindre son époux.
Sur ces entrefaites, Modesto entra, apportant des merrains pour la fabrication de fûts en bois.
Modesto: Ce sont les derniers.
Le maître de chai, chargé d'entretenir les barils et les muids, avait également appris ce métier sur le tard car après les vendanges, l'activité dans les chais tournait au ralenti.
Sans interrompre la "mise en tulipe", le travail d'assemblage circulaire auquel il se livrait, Juan indiqua d'un geste à son gendre où poser sa charge et le remercia brièvement.
Une puissante odeur de chêne brûlé emplissait l'atelier. En cette saison, bien qu'il fît plus humide que froid, la chaleur des feux allumés pour le cintrage des futures barriques paraissant la bienvenue, on laissait fermée la porte qui donnait sur l'extérieur.
Mendoza prit une planche, vérifia qu'il n'y avait ni nœud ni aubier, puis la positionna. Par principe, pour équilibrer les forces sur le tonneau, il encadrait généralement une large douelle par deux plus petites, réunissant ainsi dans un fragile équilibre les vingt-cinq à trente pièces en tronc de cône.
C'était toujours avec le même intérêt qu'Isabella assistait aux différentes opérations que son homme exécutait avec l'habileté et la sûreté de main d'un maître.
:Laguerra: : Comment a-t-on pu imaginer de faire tenir un liquide dans un montage de morceaux de bois fort difficile à assembler? La plus grande partie des inventions humaines figurait déjà dans la nature: la maison, c'est la grotte, le bateau, c'est le tronc d'arbre qui flotte, même la roue, c'est le soleil qui roule dans l'espace. Le récipient naturel, c'est l'amphore, le vase fabriqué à l'image d'une pierre creuse, en moulant l'argile humide, ou bien c'est l'outre que l'on trouve toute faite en creusant la peau d'un bouc. Mais la barrique est bien une invention de poètes, l'imagination d'un peuple de rêveurs, insoucieux du temps et de la vie pratique, nos ancêtres les Celtes... (Pensée).
Penché sur son ouvrage, Mendoza continuait à disposer les douelles, une par une, les mettant à leur place jusqu'à ce que le tour fût achevé. Puis, à l'aide d'un marteau et d'une chasse, il positionna les premiers cercles provisoires sur le haut du tonneau. Le cercle de bouge au centre, puis au-dessus le cercle de collet et enfin le cercle de talus à l'extrémité supérieure.
:Mendoza: : Voilà! Il est debout.
La carcasse ainsi formée fut mise à chauffer sur un brasero alimenté au bois de chêne avec les chutes.

28.PNG

Le capitaine aspergea alors son fût bourguignon régulièrement, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, pour éviter que la matière première ne se fende à cause de la sécheresse provoquée par la chaleur. L'action du feu et de l'eau devait en assouplir les fibres. La partie basse, encore évasée, sera alors enserrée avec un câble tendu à l'aide d'un instrument à manivelle jusqu'à ce que les douelles se rejoignent également de ce côté.
Pour changer les idées de son époux, Isabella lui dit en souriant:
:Laguerra: : Sais-tu que je suis impressionnée par ton travail?
:Mendoza: : Ah oui?
Elle hocha la tête et désigna sa dernière réalisation.
:Laguerra: : Regarde le poli de la douve, la justesse de l'assemblage, la façon harmonieuse de la panse corsetée de cercles de bois ligaturés d'osier jaune ou rouge. Ce sont des objets d'art! Ton savoir-faire est comparable aux artisans qui travaillent le verre afin de composer les vitraux dans les églises. J'éprouve autant d'admiration à contempler tes œuvres, tout comme je suis fascinée devant la verrière translucide et colorée représentant Maria-Magdalena quand je me rends à la basilique de Barcelone...
Elle avait parlé d'une traite, sans y penser. Soudain, le songe oublié fait au début de l'automne lui revint en mémoire. Elle frissonna.
Que lui avait donc déclaré la petite femme aux cheveux noirs en lui passant au doigt cette bague en forme de trèfle qui ne comptait plus que deux rubis au lieu de trois?
Une phrase nébuleuse... : "Il n'y en a que deux. Il n'y en aura plus de troisième! Ne l'oubliez pas!"
Elle se rappelait fort bien s'être en vain demandé au réveil ce que signifiaient les deux pierres rouges qui restaient. Que représentait ce chiffre? Deux quoi? Deux douzaines d'années? Deux ans?
Elle se secoua. Avec précipitation, elle dit:
:Laguerra: : Il faut que je retourne voir ce que font Paloma et Joaquim. Je reviendrai plus tard.
L'aventurière sortit en toute hâte, comme si elle avait eu le diable aux trousses, laissant son époux occupé à poser les différents cercles à la fin du cintrage.
De l'extérieur, on pouvait l'entendre percuter à coups espacés l'intérieur du fût afin d'en aligner les douelles...

À suivre...
Modifié en dernier par TEEGER59 le 09 nov. 2019, 00:26, modifié 2 fois.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par yupanqui »

Encore une énigme... Teeger la reine du suspense et des rebondissements...
Modifié en dernier par yupanqui le 08 nov. 2019, 13:25, modifié 1 fois.
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par Akaroizis »

Rah, cette fin en suspense ! Je plussoie Yupanqui. ^^
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par yupanqui »

2 feuilles de trèfle ? 2 enfants ? 2 amants ? 2 mois à vivre ?
2 chances ?
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par Akaroizis »

yupanqui a écrit : 08 nov. 2019, 23:35 2 feuilles de trèfle ? 2 enfants ? 2 amants ? 2 mois à vivre ?
2 chances ?
J'ai déjà ma petite idée, sur ce qui va se passer ensuite. J'espère pas, mais tout me pense à y croire. :(
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par yupanqui »

Ouais, notre Tigresse n’aime pas quand c’est « un peu beaucoup trop calme ».
Elle n’aime pas que le romantisme dure trop longtemps.
Jamais d’accalmie de longue durée ni de paix durable.
Il faut que ça bouge et que ça se bagarre (pour le dire en langage soft et pudique...)
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Re: Chroniques Catalanes II. La reconquista.

Message par Akaroizis »

:lol:
C'est le moins qu'on puisse dire ! :tongue:
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