Les ailes déployées
Il fût un temps où les dieux et les déesses régnaient en maître sur la Terre, l'air et la mer. Un temps ancien, encore étudié par les époques contemporaines, où l'art et la beauté étaient amis et amants. Un temps ancien ayant enfanté les plus grandes légendes que le monde porte encore dans ses mémoires. Chacun, enfant comme adulte, était bercé par la des exploits surhumains et fantastiques de ces modèles de grandeur malgré les zones d'ombres et la laideur. Ceux des noms familiers tels que Zeus, Poséidon, Hadès, Athéna, Aphrodite, Hermès... et bien encore d'autres.
Ils étaient rois et reines des cieux, maîtres des Hommes qui leur accordaient la gloire d'un chant ou d'un poème, la tragédie ou la passion d'une pièce, l'honneur des prières et des images. Tous les dieux s'y plaisaient à ce doux spectacle, cette sensation revigorante qu'était d'avoir à sa disposition sacrifices et honneurs. Même les dieux les plus modestes ne refusaient pas ce léger caprice. L'humain était de toutes façons bien assez étrange et amusant pour qu'on ne se lasse pas du spectacle.
Pourtant, une seule déesse restait silencieuse. Pas par vanité comme Zeus, pas par orgueil comme Athéna, pas par exil comme Hadès. Elle attendait juste son moment. Elle ne cherchait pas la gloire, elle était de toutes façon bien trop modeste pour elle. Elle ne cherchait pas l'admiration, son talent restait caché pour ne pas éblouir les Hommes. Le temps passa. Lentement. Longuement. Au fur et à mesure du temps, les dieux avaient finis par mourir en même temps que leurs adorateurs. Ils n'étaient plus que des mots sur des pages, des incertitudes de l'histoire. Des contes un peu extrêmes par moment, mais surtout la chance à la jeune timide de déployer ses ailes. Zeus ne surveillait plus le ciel, l'Olympe était vide.
Elle rejoignit une petite communauté d'hommes, de femmes et d'enfants qui adoraient des légendes. Incas, cette fois-ci, elle les connaissait bien ces dieux-là. De bons amis. Enfin, elle eut l'occasion de dévoiler son pouvoir ! Mais...Elle fut d'abord modeste.
Quelques démonstrations. Quelques avant-goûts. Et pourtant, cela suffisait pour ravir les rêveurs affamés de magie en ces temps de pénuries. Les Hommes étaient devenus un peu plus sombres, un peu plus violents. Mais toujours aussi fascinant à observer. Depuis le ciel ils ressemblaient à des grésillements sur un écran de télévision, parfois blancs, parfois noirs, souvent gris. Souvent, en l'attente de son Eldorado, elle revenait fouler les pierres blanches mais désormais froides du mont Olympe (que certains imaginent à New-York désormais). Elle passait de temps en temps sa main sur les colonnes de ses frères et de ses sœurs,et soupirait. Au fond, elle aimerait juste faire plaisir aux autres. Elle aimerait bien pouvoir faire ce qui lui plaisait. Vint alors d'étranges énergumènes. Un petit garçon un peu joufflu. Un navigateur aux idées folles. Un tigre du Bengale. Un chat à l'accent anglais. Et tant d'autres. Qui étaient ces personnes ? D'abords de simples collaborateurs, puis des admirateurs. Elle eut enfin l'occasion de déployer ses ailes et de les laisser refléter le soleil. Manier les mots avec se précision et son talent inné. Faire rêver quiconque la croisera sur Internet ou autre part. Nonoko étincelait. Et, même si les années passent, le Soleil et sa lumière étaient loin de s'éteindre. Bon anniversaire, Nonoko.
Ton simple serviteur, Maître Raang