Le chant des Gardiennes

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Xia
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Le chant des Gardiennes

Message par Xia »

Le chant des Gardiennes ou les mémoires d'une reine



À l'attention du lecteur



Cette nouvelle fanfiction, écrite en parallèle avec À la recherche de l’Empire perdu, est inspirée de divers mythes et légendes, issus de plusieurs civilisations passées.
Ne vous étonnez donc pas si vous dénichez au fil des lignes quelques incohérences avec les découvertes faites pas nos amis les scientifiques…
La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre (Tatanka Iyotaka)

Ma fanfic sur la préquelle des Mystérieuses Cités d'or, c'est par ici

MCO 1 : 20/20
MCO 2 : 14/20
MCO 3 : 15/20
MCO 4 : 19/20
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Xia
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Re: Le chant des Gardiennes

Message par Xia »

Prologue


Été 1535, quelque part sur les rives de la Mer du Sud

— Euh… Comment dire… Tu aurais peut-être pu demander à quelqu’un d’autre, non ? Quelqu’un d’un peu plus… enfin d’un peu moins…
— Grand ?
— J’aurais plutôt dit « gros », marmonna Esteban avec une moue.
Son amie éclata d’un rire sonore tandis que sa main caressait la surface de l’eau.
— Tu aurais préféré un lion ? ironisa-t-elle en se retournant vers le jeune garçon.
— Ç’aurait été plus judicieux, tu ne crois pas ? Étant donné la situation…
Zia haussa les épaules.
— En attendant, ce sont elles qui ont répondu. Pas les lions.
— Oui, mais là, elles sont beaucoup ! Une ça va, deux passent encore, mais quinze… ça ne me rassure pas vraiment.
— Cesse donc de geindre ! Elles sont les mémoires de la Terre, c’est bien connu. Tu voulais des réponses, on va les avoir.
— Les éléphants aussi, ils ont une bonne mémoire ! En plus, on aurait revu Tao si tu avais interrogé l’éléphant de Gurjan à Pattala !
La fille de Papacamayo soupira de lassitude.
Comment pouvait-il penser que tous les animaux représentaient leur espèce ? Autant dire qu’elle pouvait appeler le Soleil et Esteban lever les pierres sans couronne !
L’Atlante renchérit :
— Et si quinze éléphants remuaient la queue, ça ne ferait pas des vagues hautes de trois mètres !
Conscient qu’il perdait la face devant celle qu’il aimait, il chercha désespérément un moyen honorable de sortir d’une situation devenue – malgré lui – inconfortable.
— Pardonne-moi. Elles me rappellent juste un mauvais souvenir…
Un mauvais souvenir qui t’a pourtant été bien utile pour naviguer sur le Solaris !
La jeune Inca était loin d’être dupe. Elle ne le savait pas aussi peureux ! Cette pensée lui arracha un sourire en coin.
— Il me semblait pourtant que c’était toi qui voulais en savoir plus. Et tu m’as également dit – pas plus tard que ce matin – que ce n’était pas la princesse qui allait nous répondre, ni ses Naacals et que, par conséquent, il fallait demander à quelqu’un d’autre !
Ils vouaient une admiration sans bornes à la fille du dernier empereur de Mu. Rana’Ori était une jeune femme cultivée et d’une gentillesse qu’aucun d’eux n’avait connue qu’alors. Mais surtout, ce qui avait profondément touché les enfants était l’aura qui émanait d’elle. Ils avaient eu l’étrange sensation, indescriptible, que ses paroles ne sortaient pas de sa bouche, mais venaient d’un autre temps, d’un autre âge.
Mais si elle répondait avec plaisir aux interrogations des Élus, elle semblait chercher à s’esquiver à certaines d’entre elles en leur donnant des bribes d’informations ou en les réfutant évasivement. D’autres fois encore, elle attendait sciemment que l’un des six autres Sages approche et les interrompe pour commencer sa phrase.
— Ou alors, c’est que nous ne sommes pas encore prêts, avait suggéré Zia quelques jours auparavant.
— Pas encore prêts à entendre le récit du déluge ?! Que tout le monde connait ?! Non. Il y a forcément une autre raison.
Ils étaient d’accord sur ce point. Et c’était justement cette raison qu’ils voulaient à tout prix connaitre.
— Oui. Mais tu ne crois pas que ça peut être assimilé à… une violation ?
— Ce n’est tout de même pas de notre faute si ça s’est passé pendant le déluge !
— C’est vrai… Mais justement, ça ne s’est peut-être pas passé pendant le déluge…, insista-t-elle.
Ils avaient alors échangé un regard.
Elle avait raison, songeait-il. Comme toujours.
Si cela s’était effectivement passé avant l’engloutissement de Mu et que Rana’Ori taisait ses souvenirs, remuer le passé sans son accord équivalait à une violation.
Ni plus, ni moins.
Et ils ne valaient pas mieux que la dernière génération de leurs peuples.
Debout sur la plage, la main dans la sienne, Esteban regarda Zia. Ses cheveux de jais flottaient dans le vent et ne reflétaient nullement le mal-être que ressentait la jeune fille.
— Tu es sûre ?
— Pas vraiment. Mais on en a déjà parlé.
— Tu veux que je reste ?
— Non, Esteban. C’est gentil à toi, mais je préfère être seule. Et comme ça, tu ne pourras pas être tenu pour complice si je suis démasquée.
Le fils du Soleil se figea. Sans le vouloir, ils avaient tendu l’atmosphère en se remémorant la gêne occasionnée par sa proposition. La gaieté naturelle qu’ils avaient encore quelques instants plus tôt s’était évaporée.
— Comment ça, « si je suis démasquée » ?
Son amie eut un sourire crispé.
— Nous ne savons pas jusqu’où s’étendent les pouvoirs de Rana’Ori. Ni même ceux des Naacals. Qui te dit qu’ils ne remontent pas neuf mille ans en arrière chaque soir ? Je ne sais pas non plus sous quelle forme ces réponses me seront données… Je veux dire, précisa-t-elle en voyant son air interloqué, qu’il est possible que je sois à ses côtés et qu’elle sente ma présence…
Il déglutit péniblement.
Ce n’était pas prévu, ça !
— Vas-t-en, s’il te plait…, murmura la jeune sorcière.
Elle attendit quelques instants qu’Esteban, hésitant et peu rassuré de la laisser sur une petite ile de la Terra Incognita – qu’il n’était même pas certain de retrouver en cas de problème –, emboite son médaillon dans celui de la princesse et disparaisse dans les méandres des chemins d’Agartha.
Désormais seule, la Muenne s’assit, prit une poignée de sable fin et s’amusa à la faire s’écouler. Elle contempla l’horizon. Elles étaient à présent une vingtaine, d’un blanc immaculé comme les quatre trempulwake amérindiennes qui emmenaient les défunts vers l’au-delà. Toutes de la même famille. Elle le savait, le sentait.
Lentement, elle s’allongea et ferma les yeux. Le vent lui effleurait le visage, semblable à une douce caresse, pendant qu’un sentiment de plénitude l’envahissait. Elle se sentait infiniment bien. Tandis qu’elle posait les mains sur son ventre, son esprit se détendit et sa respiration ralentit peu à peu.
Alors la Mère du Bako l’entendit.
Elle entendit la douce mélodie que la famille marine produisait. En communion avec ces majestueuses créatures, elle écouta et laissa le chant des baleines la plonger dans un sommeil profond et réparateur.
Le murmure des gardiennes de la mémoire des océans répondit enfin à son appel.
La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre (Tatanka Iyotaka)

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