FANFIC : "Au-delà des Mers" - republication

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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Anza
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Re: FANFIC : "Au-delà des Mers" - republication

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CHAPITRE 23

Jouer serré


Le Nazaré avait quitté l’étroit passage maritime pour à nouveau s’éloigner des côtes et rester discret. Jiménez avait repris la barre et le Capitaine de la caravelle avait gagné les cabines. Il était temps d’en savoir plus à propos des poursuivants de la Comtesse, il avait été suffisamment patient.
C’est la suivante la plus proche de la De Messy, Mary-Ann, qui vint lui ouvrir la porte. C’était une jeune femme au physique quelconque, ni jolie, ni laide, les traits du visage ressemblant à mille autres. Les cheveux châtains clairs, le teint un peu triste, d’un pâle un peu maladif, les yeux cernés, peut-être par trop d’inquiétudes et de nuits sans sommeil. Mendoza en était certain, elle était la seule à connaître les secrets de sa maîtresse. Mais elle ne s’était lié avec personne sur le bateau et demeurait aussi en retrait que la Comtesse.
Mendoza pénétra dans la cabine exigüe, plongée dans une obscurité à peine altérée par une timide lampe à huile. La silhouette d’Elizabeth de Messy se dessinait en ombre chinoise, immobile, assise sur une chaise. Mary-Ann se retira. Le Navigateur attendit que la Lady l’invite à prendre un siège, mais le silence persista jusqu’à le mettre un peu mal à l’aise. Puis, enfin, elle brisa la lourde atmosphère.
– Don Mendoza. Le moment semble venu de nous entretenir.
Il se ménagea un temps de réponse, lui aussi, afin de ne pas se mettre en position d’infériorité dans cette périlleuse conversation. Il fallait qu’il imprime son rythme, lui aussi, et qu’il ne se laisse pas dicter les respirations. Sans quoi, il se ferait « bouffer tout cru ».
– Il est temps en effet. Nous allons bientôt toucher terre et il me faut savoir à quoi m’attendre.
La Comtesse ne broncha pas. Le temps semblait ne pas avoir de début ou de fin. Seule vibraient les ténèbres au faible son de leurs souffles.
– J’ai assassiné mon époux, lâcha-t-elle finalement d’une voix dépourvue d’émotion.
Mendoza en eut le souffle coupé une fraction de seconde mais il parvint à le dissimuler sans difficulté.
– C’était un homme violent et infidèle, ajouta-t-elle. Il me battait souvent. Je l’ai surpris au lit avec une petite intrigante de bas étages. Je les ai tués tous les deux.
Un petit vertige vint ébranler l’apparent calme de notre Espagnol. Ce qui le dérangeait le plus était de constater la froideur avec laquelle Elizabeth avait relaté les faits. Elle aurait pu lui annoncer de la même manière qu’elle avait bien dormi. Il ne sut pas trop ni quoi ni comment répondre. Il ne sut pas, s’il était prévu qu’il réponde à vrai dire. Il s’était attendu à pas mal de choses, mais pas à un tel détachement face à des événements aussi graves. Les pensées de la Comtesse étaient-elles à l’image de son apparence ? Ou n’était-ce qu’un masque qu’elle s’était composé pour fuir l’horreur de sa situation ? Il se tut. Longuement. Et son silence ne sembla pas poser de problème à son imperturbable interlocutrice. Puis, enfin, il parvint à articuler une idée.
– Et votre époux était le Conseiller du Vice-roi de Nouvelle Espagne, c’est bien ça ?
– Absolument.
– Et vous réalisez qu’à l’heure où nous parlons, les émissaires du Vice-roi ont certainement déjà gagné la Cours de Charles Quint et que tout le monde est au courant de votre méfait ?
– Oui.
– Et que nous allons avoir à nos trousses les hommes du Vice-roi et ceux de Charles Quint ?
– Cette situation vous effraye-t-elle ?
Mendoza resta aussi impassible que possible avant de se lever et de la saluer d’un geste rapide.
– Il se pourrait que mon prix soit à revoir à la hausse, accepta-t-il par lui concéder.
– Je suis très riche Don Mendoza, je vous l’ai dit, votre prix sera le mien, même s’il devait subir des hausses significatives à l’arrivée.
Un plissement très fugace vint animer les sourcils du Navigateur.
– Bien…
Puis il lui tourna les talons après un petit hochement de tête. Et sortit.

Dans la coursive sombre, assis sur la première marche de l’escalier menant au pont, Mendoza reconnu la stature de l’Olmèque. Qui attendait, de toutes évidences. Sans dire un mot, Mendoza s’avança dans sa direction avant de s’immobiliser, tout près, les yeux levés vers le ciel étoilé qu’on distinguait au dehors.
– A ce point-là ? s’inquiéta le petit homme.
– Pire…
Mendoza soupira profondément, pensif. Il croisa les bras, comme il le faisait souvent en pareille circonstance, et demeura immobile un long moment, les yeux toujours tournés vers les petites lumières scintillantes accrochées au firmament. Puis, il se mit lentement en branle et grimpa les quelques marches qui le séparaient du pont. Calmèque le regarda s’éloigner en direction du château arrière, avant de le suivre. Une fois au calme dans la cabine du Capitaine, les deux hommes observèrent un moment d’introspection. Et puis brusquement, Mendoza rompit le silence. Sa voix était calme mais on pouvait y percevoir une pointe d’inquiétude.
– On va avoir une armée entière à nos trousses.
Calmèque ne répondit rien du tout. Il était assis sur la table, une jambe repliée sous son menton et jouait distraitement avec son poignard, le faisant tenir en équilibre quelques secondes entre ses doigts avant de le rattraper par le manche et de recommencer, comme si ce geste répété suffisamment de fois finirait par lui apporter quelques chose.
– Et j’ai la sensation qu’on n’est pas au bout de nos surprises, ajouta Mendoza après quelques minutes de réflexion.
Calmèque rattrapa son arme pour la énième fois avant de s’interrompre.
– Je sais que cette expédition représente beaucoup d’argent, mais je ne sais pas si ça en vaut le coup, lâcha l’Olmèque. J’ai une drôle d’impression…
L’Espagnol fit quelques pas dans la cabine et se servit un fond de vin, les pensées toujours bien loin. Il porta la boisson à ses lèvres et la savoura lentement, mais il était évident que ce n’était pas le vin qu’il appréciait en cet instant précis. C’était la situation qu’il jaugeait.
– Qu’est-ce qu’elle vous a dit ?
– Qu’elle avait assassiné son mari et une de ses maîtresses…
Le petit homme fit la moue. Peu convaincu.
– Et vous la croyez ?
– Je crois qu’elle m’a lâché le minimum vital mais qu’elle nous cache le principal.
Mendoza se remémora le comportement anormalement froid de l’aristocrate et sentit ses poils se hérisser sur ses bras.
– Il nous faudra être très prudents.
Calmèque rengaina son couteau et attrapa une olive qui se battait en duel avec deux petits piments dans le fond d’une petite coupelle au milieu de la table. Il mâcha lentement.
– Ca a vraiment un goût bizarre…, dit-il tout haut, j’arrive toujours pas à savoir si j’adore ou si je déteste…
Puis il enchaîna avec le cours réel de ses pensées, comme s’il avait tenté une digression pour prendre du recul.
– Et,… juste pour que je sache, on a un super plan ou on est seulement complètement suicidaires ?
La formulation fit sourire Mendoza, qui s’approcha de la table et s’empara d’un des deux piments restant.
– Moi j’adore ça !
– Les piments ou les missions-suicides ?
– Les deux ! plaisanta l’Espagnol.
Ils partagèrent un petit rire de connivence avant de reprendre leur sérieux.
– Pourquoi vous faites ça Mendoza ?
– Quoi donc ?
– Bah ça ! s’exclama l’Olmèque. Je sais pas. Financièrement, vous ne semblez pas malheureux, vous allez retrouver votre chez-vous, vous avec une jolie femme, un peu casse-couilles, mais bon… ça n’a pas l’air de vous ennuyer plus que ça, vous allez peut-être retrouver votre fille et vous avez même un joli bateau si l’envie vous vient d’aller vous encanailler sur l’océan… alors pourquoi vous lancer dans cette… folie ?
Mendoza grimaça sensiblement, le piment était très fort.
– La vache !... geignit-il en répriment une petit larme. Pourquoi ? Tu le ferais pas, toi ?
– Moi ? ironisa-t-il. Manger un de ces brûle-gueule ?
Le Navigateur lui adressa une expression entendue en cherchant du regard autour de lui quelque chose de précis.
– Là ! fit placidement Calmèque en pointant du doigt l’emplacement d’une carafe d’eau.
L’Espagnol fit trois enjambées rapides, se saisit du récipient, et but la totalité du broc sans demander son reste.
– Ostia ! jura-t-il, le piquant du piment encore très présent sur la langue. Il se défend celui-là !
Calmèque avait croisé les bras et le regardait se remettre de ses émotions gustatives.
– Moi, je suis à des années-lumière de votre situation, Mendoza. Primo, je vous appartiens et je suis obligé d’aller là où vous allez… Deuxio, moi, je n’ai rien à perdre… et je ne manquerai à personne s’il devait m’arriver quelque chose. Donc je vous repose la question… Pourquoi ?
– Parce que vois-tu Calmèque, dit-il d’une voix encore un peu éteinte par le brulant, je ne me vois pas du tout mettre mes pantoufles et me poser au coin du feu. Je préfère aller défier la mort plutôt que d’attendre qu’elle vienne me chercher dans mon lit.
Le petit homme se fendit d’un sourire facétieux.
– Oh ! Nous avons un héro !
Mendoza revint vers la table, toisant son interlocuteur avec un petit air de défi.
– Non, Calmèque. Ce qui est vraiment héroïque, c’est de manger le second piment en sachant qu’il n’y a plus une seule goutte d’eau dans cette cabine !
Et sur ce, l’Espagnol prit entre ses doigts le deuxième petit piment rouge vif avant de le porter à ses lèvres sous le regard atterré de l’Olmèque.
« Il va pas faire ça… ? »
Il vit la mâchoire de l’Espagnol se suspendre avant d’entendre l’aliment croquer sous ses dents.
« C’est officiel, il cherche la merde… »
Mendoza plissa les yeux en se pinçant les lèvres exagérément, mais pas un son ne sortit de sa bouche. Son teint vira au rouge et des larmes se mirent à couler le long de ses joues, mais toujours dans un silence absolu. Face à lui, Calmèque était partagé entre la stupéfaction la plus totale et une profonde hilarité devant les efforts que Mendoza faisait pour ne pas craquer, il ne comprenait vraiment pas à quoi ça rimait - une coutume espagnole débile ? - mais ça avait l’avantage de décrisper considérablement l’atmosphère. Mendoza prenait à présent de très nombreuses et profondes inspirations la bouche grande ouverte, sans doute dans l’espoir de se rafraichir, mais il était presqu’aussi rouge que ce qu’il avait avalé et il était de moins en moins sûre qu’il s’en sorte vivant.
– Y’a un but à cette connerie ? interrogea Calmèque qui ne comprenait pas à quoi il assistait mais qui devait reconnaître que c’était plutôt drôle.
– Je vais crever, avoua Mendoza dans un hoquettement douloureux, presque mort de rire.
L’Espagnol empoigna une bouteille de vin pratiquement vide et la termina en deux malheureuses gorgées, à regret. Mais prenant pitié de lui, Calmèque avait prit la peine d’en ouvrir une autre et il la lui tendit. Il aurait pu aller chercher de l’eau, mais à vrai dire, il était aussi mort de rire que le croqueur de piment et il estima qu’il valait mieux gérer cette « crise » en interne. Le Navigateur, les larmes cramponnées à ses joues, but goulument presque les trois quart de la bouteille avant de souffler bruyamment et de s’assoir, l’air un peu hébété. Ca passait doucement…
Les deux hommes se regardèrent un long moment. Mendoza avait cette tête de gamin content de sa connerie et Calmèque celle du complice malgré lui. Ce qui venait de se passer n’avait aucun sens, c’était même complètement grotesque sur le plan rationnel, mais sur le plan humain, c’était très révélateur.
Calmèque prit une chaise et vint la placer en face du brulé vif. Il lui prit le vin des mains et se servit un godet avant de le lui rendre et de faire teinter le métal de son récipient contre le verre de la bouteille.
– Salud !
Mendoza se contenta de lever un peu sa bouteille en guise de réponse.
Quelques minutes s’écoulèrent durant lesquelles nos deux personnages ne dirent pas un mot, se limitant à apprécier l’excellent vin qu’ils avaient dégoté. La bouteille était aveugle, aucune étiquette pour en déterminer la provenance… dommage.
– Au risque de me répéter, finit par dire Calmèque, ma question reste la même : Pourquoi ?
C’est un sourire franc et chaleureux qui lui répondit.
– Tu n’as jamais fait quelque chose de stupide juste pour voir si tu en étais capable ?
– On parle toujours du rapatriement de notre aristocrate ou de votre tentative désespérée pour prouver votre virilité en avalant ce piment ? plaisanta l’Olmèque.
– Les deux ! concéda l’Espagnol à qui l’alcool, trop rapidement ingurgité en quantité, commençait à jouer des tours, ses yeux brillant d’une lueur chaleureuse qu’ils arboraient rarement.
L’Olmèque but quelques gorgées de vin tout en réfléchissant.
– Non. En général quand je fais un truc stupide, je ne m’en rends compte qu’après coup et c’est pas pour me lancer un défi perso.
Une moue un peu dédaigneuse vint agrémenter le visage déjà comique de l’Espagnol.
– Admettons… alors dis-moi. Quelle est la chose la plus stupide que tu aie faite ?
Une mine de « dépassé par la quantité » vint arquer les sourcils du petit homme qui souffla en gonflant ses joues.
– Par ordre alphabétique ?
Mendoza rit volontiers. L’alcool combiné à la situation dangereuse qui les attendait rendait tout « sans importance », comme si on pouvait tout se permettre au vu de ce qui allait leur arriver dans les semaines à venir. Bat les masques ! Ils allaient quand-même très certainement crever d’ici peu.
– Je sais pas..., avoua Calmèque. J’en ai fait un paquet !
Il faisait dans sa tête l’inventaire de ses bourdes les plus mémorables et peinait à choisir, en toute sincérité.
– Moi je sais, annonça brusquement Mendoza, le regard inquisiteur.
Calmèque prit une mine très étonnée et pas franchement rassuré.
– Oh, dans notre passé commun… je sens que vais en prendre pour mon grade.
Mendoza s’approcha de lui et lui colla le cul de la bouteille sur la poitrine, en geste accusateur.
– Quand t’as refusé la proposition du Grand-Prêtre da la Cité d’Or et que tu l’as poignardé… ça c’était monstrueusement débile !
Le Navigateur affichait un air grave et sérieux, derrière un petit sourire indéchiffrablement pénétrant et Calmèque s’appuya plus fortement sur la bouteille pour s’approcher d’avantage de l’Espagnol et être sûre d’être bien compris. Ils se toisaient du regard, dans une atmosphère un peu étrange, flirtant entre la boutade et le règlement de compte.
– Vous avez été soldat Mendoza, vous savez ce que ça implique. Mes ordres étaient très clairs : Ramener le Grand-Héritage coûte que coûte ! Si j’avais fait ami-ami avec le Grand-Prêtre, vous pensez qu’il se serait passé quoi ? Que Menator aurait sabré le champagne et offert les petits fours ?
Calmèque s’approcha encore, la pression infligée sur son torse par la bouteille, que Mendoza ne relâchait pas d’un pouce, devenait douloureuse, mais il n’en avait que faire et Mendoza demeurait imperturbable.
– Menator aurait patienté, cinq minutes, peut-être dix… avant de péter les plombs et de transformer la cité en motte de beurre fondu à l’aide de son rayon plasma, tuant tout le monde au passage. Et ensuite, il serait descendu chercher son précieux réacteur solaire sans plus personne pour l’en empêcher. La vraie stupidité de cette histoire, c’est le Grand-Prêtre qui n’a pas jugé utile de nous prévenir que sans le vase, pas moyen de contrôler la réaction en chaîne de l’appareil…
– Si tu ne l’avais pas poignardé, je suis certain qu’il aurait justement pris le temps de vous expliquer tout ça ! rétorqua le Navigateur d’un ton acerbe.
Et Mendoza se pencha sensiblement, augmentant encore la pression de la bouteille.
– Tu sais ce qui m’a le plus révulsé quand je t’ai vu trahir cet homme ? C’est pas que tu l’aie fait, c’est que tu aie pris le temps de réfléchir avant, et que tu l’aie fait en tout état de cause, par pure cruauté.
– Pas par cruauté, opposa Calmèque. Par nécessité, nuance ! J’ai du choisir entre sa vie et la mienne. Menator n’aurait pas fait grand cas de mon existence si je n’avais pas fait ce qu’il attendait de moi ! Et il n’attendait pas de moi que je signe un traité de paix ! appuya-t-il encore.
Il s’approcha encore un peu, au seuil du supportable en terme de pression sur son sternum, et dégaina son couteau. Les yeux plantés dans ceux du Navigateur. Il effleura de la pointe de son arme l’intérieur de la cuisse de celui-ci, et imprima un mouvement précis à sa lame, faisant mine de trancher lentement sa chair, Mendoza tressaillit ostensiblement, mais laissa faire, pour le moment.
– La fémorale… facile d’accès à cet endroit. Une fois tranchée, on perd connaissance en moins de deux minutes et on se vide complètement de son sang en sept. Aucune chance de s’en sortir.
Mendoza ne le lâchait pas des yeux, concentré, et bien qu’il ne se sente pas en danger, il avait posé sa main droite sur le pommeau de son épée, prêt à dégainer au cas où. L’Olmèque remonta doucement son poignard le long du corps de l’Espagnol pour s’arrêter un peu plus haut, au niveau de l’abdomen, un peu à droite. Et appuya d’un petit mouvement sec et précis, mais il avait inversé l’orientation de son arme et ce n’est que le manche qui vint chatouiller innocemment les côtes flottantes du Navigateur. Pourtant… il y avait quelque chose de très « prédateur » dans le comportement de l’Olmèque à cet instant. Et Mendoza restait sur ses gardes.
– Les reins… des organes fragiles,… annonça Calmèque, la voix teintée d’un peu de sadisme. Habillement tranchés ils laissent quelques heures d’agonie à la victime tout au plus.
Mendoza sentit le manche de l’arme partir à la recherche d’un autre emplacement, plus au centre cette fois.
– Au choix, poumons, estomac, intestins, foie,…, poursuivit la voix atone. Tout dépend de l’inconfort et de la douleur qu’on veut infliger. Le foie est sans doute le pire. Un sang noir s’échappe de votre corps et la douleur est intolérable. La durée de l’agonie dépend de la profondeur de l’entaille, mais c’est dans tous les cas… fatal.
Il laissa un souffle se perdre de façon un peu étrange. Et il s’approcha encore, mimant le geste qu’il avait eu en poignardant le Grand-Prêtre, et d’un coup sec, il enfonça le manche de son couteau dans le côté gauche des chairs de Mendoza qui contracta instinctivement ses muscles pour parer l’intrusion. Calmèque était vraiment très très près à présent, et si la bouteille de vin ne les séparait pas, il aurait pu rejouer la scène vécue cinq and plus tôt, le Grand-Prêtre l’enlaçant avant de recevoir le coup meurtrier.
– Les poignées d’amour, taquina l’Olmèque d’une voix soudain moins sinistre, aucun organe vital dans les parages, blessure sans gravité.
Calmèque se redressa, le sourire aux lèvres, mettant fin à la pression de la bouteille sur son torse et découvrant l’expression sombre et sur la défensive de son interlocuteur. Content de son petit effet, il l’invita à se détendre en lui adressant un sourire amusé.
– Si les choses n’avaient pas mal tourné, et j’en suis le premier désolé, affirma-t-il, cet empêcheur de tourner en rond aurait été en mesure de gambader comme si de rien n’était moins de deux semaines plus tard. Mon but n’était pas de le tuer, mon but était de l’écarter de mon chemin.
Et sur ce, il rengaina son arme et posa sa main sur le culot de la bouteille pour que Mendoza cesse de la brandir contre lui. L’Espagnol tordit ses lèvres quelques secondes, pensif, avant d’obtempérer. L’alcool était toujours bien là, et c’est lui qui avait permis cette mise au point, mais Mendoza était loin d’être complètement soul. Il gardait une parfaite maitrise de ses dires et de ses gestes. Il accepta donc de baisser la bouteille et de débrayer un petit peu.
– Une fois de plus, je suis supposé croire ce qui t’arrange, remarqua-t-il.
– Croyez ce que vous voulez, mais soyez certain que si j’en avais vraiment voulu à la vie de cet homme, il serait mort.
– Mais il est mort Calmèque ! Et sans ton coup de poignard, il vous aurait expliqué pour le vase et il serait encore là !
– Mais vous écoutez ce que je vous dis ou vous restez cloisonné dans vos aprioris ? s’exclama-t-il un peu vexé. Si je ne l’avais pas fait, Menator aurait tué tout le monde et serait venu se servir lui-même ! Et la même catastrophe se serait produite mais sans plus personne pour l’enrailler et on ne serait plus là pour en parler, ni vous, ni moi ! Donc, je reconnais que je ne pensais pas que cet acte sauverait indirectement la planète, mais comme je vous l’ai dit, ça partait pas d’une irrépressible envie de massacrer un gars sans défense !
Calmèque n’avait plus du tout envie de rire et il reposa son godet vide sur la table avec humeur. Renfrogné.
Mendoza l’observa, un léger tournis caché derrière les yeux. Il avait conscience qu’il n’avait pas forcément tort, mais ça faisait longtemps que ce geste lui était resté en travers de la gorge et qu’il cherchait le bon moment pour en découdre avec l’ex-Commandant.
– Tu sais, Calmèque. Cet homme, c’était le père d’Esteban… et le gamin avait fait tout le chemin depuis l’Espagne dans le seul espoir de le retrouver.
La nouvelle consterna le petit homme qui parut revivre les événements en pensées, la mine brusquement accablée.
– Je suis désolé.
– C’est facile d’être désolé.
– Non ! Ce n’est pas si simple de porter sur la conscience une catastrophe aussi énorme ! Je suis vraiment désolé ! Quoi que vous en pensiez !
Il se leva, contrarié, et fit quelques pas dans la pièce.
– Si vous voulez tout remettre en perspective, remontons vingt minutes plus tôt, quand vous m’avez menacé de m’égorger. Vous auriez du le faire ! J’aurais poignardé personne ! lâcha-t-il avec ressentiment.
– Ca n’aurait rien changé.
– Je suis content de vous l’entendre dire ! Ca n’aurait strictement rien changé. Et vous savez pourquoi ? Parce que c’est pas moi qui donnait les ordres. Et que Menator m’aurait remplacé aussi sec.
– Tu ne peux pas te dédouaner de tout sous prétexte que tu ne faisais qu’exécuter les ordres ! objecta Mendoza.
Calmèque failli répondre avec morgue, mais les mots restèrent coincés à la lisière de ses lèvres. Il se contenta de foudroyer longuement un Mendoza au regard accusateur, puis, comme s’il ravalait progressivement sa colère, il ferma les yeux, expira profondément et se détourna. Il porta sa main à son visage et se massa l’arrête du nez puis le front avant de se diriger vers la petite fenêtre plongeant sur l’Océan et la nuit et de s’y appuyer de longues minutes en silence.
Mendoza ne le quittait pas des yeux.
Au seuil d’une très longue attente, la voix assourdie de l’Olmèque se refit entendre.
– Vous savez comment je suis devenu Commandant ?
Mendoza ne répondit pas, ce n’était pas vraiment une question. Et l’Olmèque poursuivit le fil de ses pensées.
– Un concours de circonstances. J’étais au mauvais endroit au mauvais moment, s’amusa-t-il tristement. Menator avait la réputation d’user ses seconds jusqu’à la trogne. « Commandant » était un poste qu’on quittait les pieds devant et qui n’excitait la convoitise de personne, croyez-moi.
Il fronça les sourcils et parut replonger dans un passer douloureux.
– A vrai dire, pour bien comprendre, poursuivit-il, il faut remonter plus loin.
Il se tut, cherchant visiblement ses mots, avant de se lancer, ne trouvant pas de façon de le dire qui soit meilleure qu’une autre.
– Je suis ce que mon peuple appelle un « impur », dit-il. Comprenez par-là : un métisse.
Mendoza cacha difficilement sa surprise et heureusement que le petit homme lui tournait le dos, sans quoi il aurait lu toute la stupéfaction dont le navigateur était capable. Il fouilla sa mémoire en vitesse et essaye de se remémorer à quoi ressemblait les « autres » Olmèques… mais il ne lui sembla pas que Calmèque fut si différent. A part les cheveux, mais il avait toujours pensé que tous les Olmèques auraient pu en avoir en les laissant pousser.
Depuis la fameuse soirée où l’Espagnol l’avait fait boire, Calmèque savait qu’il serait tôt ou tard contrait de faire la lumière sur certains événements. Le moment était-il arrivé ? Sa voix reprit lentement, un peu résigné.
– La particularité de ma naissance a fait de moi un objet de curiosité, de recherches et d’expériences durant de nombreuses années. Le fait est que c’est sur base de ma génétique que Menator a pu créer son retardateur de vieillissement.
Il se tut une nouvelle fois et ferma les yeux.
Voilà une phrase à laquelle l’Espagnol n’était pas certain d’avoir tout compris, le mot « génétique » lui étant complètement étranger. Mais il ne l’interrompit pas.
– Jusqu’à mes vingt-deux ans, je ne fus qu’un larbin au service de Menator, un domestique dont il ponctionnait sang et moelle épinière régulièrement pour se faire transfusions et greffes, histoire de se rafistoler. J’étais juste une fontaine de jouvence sur pattes, à la fois nécessaire et vital tout en étant à ses yeux la manifestation de ses échecs, de ses remords, de ses rancœurs,… de ses frustrations… son égo a toujours eu beaucoup de mal à accepter que je ne sois pas le fruit de ses recherches à lui. Et que j’étais peut-être son seul espoir et le début d’une réponse qu’il n’avait, de son côté, jamais trouvée. Ah ! fit-il avec une triste ironie, Menator et son orgueil !
Calmèque ne fut pas plus claire à ce niveau et à part un silence indécis, il finit par ne pas en dire plus. Mendoza de son côté n’en loupait pas une miette et notait, patiemment dans un coin de sa mémoire les éléments sur lesquels il ne manquerait pas de demander des explications, plus tard. Cette histoire de fontaine de jouvence sur pattes avait de quoi interpeller, par exemple.
– En tant qu’impur, continua l’Olmèque, je n’avais aucun droit, je n’avais ni nom, ni existence légale et pas non plus la permission de parler ou d’avoir accès à l’instruction. Et Menator ne manquait pas une occasion pour passer ses nerfs sur moi. Je le haïssais à un point que vous auriez bien du mal à comprendre et en même temps, il était la seule personne que je connaissais et qui m’adressait parfois la parole. Ce que je ressentais à son égard à l’époque était très paradoxal. Comme une sorte de parent maltraitant, mais qu’on aime quand-même parce qu’il est tout ce qu’on a.
Il soupira.
– La seule chose qui m’ait sauvé, c’est que j’étais curieux, et que dès qu’il avait le dos tourné, je furetais dans ses livres, et à force, je suis parvenu à apprendre à lire tout seul. Ca m’a ouvert un autre monde, celui de la connaissance. Et ça m’a permis de m’évader un peu de mon quotidien triste et froid, enfermé dans ce sous-sol.
La flamme de lampe à huile se mit à danser dans un petit crépitement, le combustible commençait à manquer et bientôt la flamme allait s’éteindre. Quelques secondes plus tard, la lampe rendit l’âme, laissant à la lumière de la lune le soin d’éclairer timidement l’intérieur de la cabine de poupe. Une lueur blafarde faisant ressortir les volumes de façon inquiétante et offrant aux ombres plus d’importance qu’elles n’en avaient.
– Un jour, reprit le petit Olmèque, le ton un peu terne, Menator a échappé à un assassina perpétré par le Commandant en poste de l’époque. Après ça, il est devenu plutôt parano et il ne faisait plus confiance à personne. Parallèlement, il s’était aperçu que je savais lire et il en avait été à la fois furieux et impressionné, mais de ce fait, sur un coup de tête, c’est moi qu’il a nommé pour remplacer le Commandant déchu. Il pensait avoir un ascendant absolu sur moi et il a cru mettre en place une pièce qu’il maîtrisait parfaitement.
– Ce n’était pas le cas ? demanda brusquement Mendoza, sortant Calmèque de son récit de façon un peu abrupte. Il mit d’ailleurs un instant à reprendre pied. Il s’était retourné et dévisageait l’Espagnol au travers de l’obscurité. Cherchait-il sur le visage de ce dernier quelque chose qu’il peinait à trouver ?
– Comme je vous l’ai dit, répondit-il d’une voix douce, il était pour moi comme un père. Souvent injuste, parfois cruel, mais il était tout ce que j’avais. Il était tout mon univers alors que pour lui je n’étais que…
Il chercha le bon terme et s’amusa de sa métaphore.
– Qu’un caillou dans sa chaussure avec lequel il était contraint de marcher.
Et il termina son analogie dans un petit rire amer.
– Ca ne répond pas à ma question, remarqua gentiment l’Espagnol.
Calmèque mit quelques secondes avant de formuler une réponse plus directe.
– Je ne sais pas vous, Mendoza, mais je ne suis pas de ceux qui commettent des parricides. Quoi qu’il en coûte.
Voilà qui était plus clair, en effet.
Calmèque avait conscience que sa petite histoire n’excusait rien, mais c’était la première fois de sa vie qu’il mettait des mots sur tout ça, son vécu, sa nature, sa relation étrange avec son vieux Maître et l’ambigüité de l’affection qu’il lui portait. Il s’était souvent demandé si ce vieil homme borné et rongé par l’amertume avait, malgré tout, fini par l’apprécier un peu, secrètement. Il se souvenait qu’il l’avait espéré, tandis qu’il était encore enfant, et qu’à mesure que le temps passait, il avait dû accepter de n’être rien pour le scientifique, si ce n’était un instrument. Il en avait alors fait son deuil, nourrissant aussi discrètement que possible son attachement à sens unique. Cherchant dans chaque geste, chaque regard un infime signe qui trahirait les sentiments du vieil homme, mais rien ne vint, jamais.
Le regard bas, toujours loin dans ses pensées, Calmèque revint lentement s’assoir sur la chaise près de l’Espagnol.
– Le père d’Esteban, lâcha-t-il dans un souffle.
Il eut un petit sourire fade. Mendoza ne pipait mot. Il ne voulait pas interrompre ce long soliloque. Voilà que l’Olmèque revenait sur cette information, « le père d’Esteban ». Cette révélation avait-elle été l’étincelle qui avait induit son récit ? Peut-être.
– J’avais remarqué que le Grand-Prêtre avait un timbre de voix légèrement différent quand il s’adressait à Esteban, révéla-t-il, toujours songeur. C’était tout juste perceptible, une infime variation de ses harmoniques qui lui conférait quelque chose de plus… profond. Je l’avais remarqué, mais dans le tumulte des événements, je n’y avais pas prêté attention. C’était donc ça…, se dit-il dans un souffle.
Et c’était précisément ça, que Menator n’avait jamais eu à son égard. Il avait toujours stupidement espéré, même jusque-là, que Menator ait pu dissimuler son affection parce qu’il ne pouvait se permettre d’apprécier un impur, mais cette révélation était une sorte de coup de grâce. Une évidence qu’il avait refusé d’accepter. Si le vieil homme avait eu un temps soi peu d’affection à son égard, aussi minime soit-elle, il l’aurait forcément entendu, un jour… mais il n’en était rien. D’une certaine façon il l’avait toujours su, mais avait espéré. Mais ne dit-on pas que l’espoir est le dernier rempart de ceux qui n’en ont point d’autre ?
Il ferma les yeux. Rompu. Et se tut un long moment.
Face à face, les deux hommes se regardaient plus vraiment, chacun plongé dans leurs propres méandres. Des ombres leur avaient pris la main et les avaient emmenés, loin. L’alcool aidait, à n’en pas douter, à rendre l’atmosphère un peu intemporelle et cotonneuse. Propice aux souvenirs et aux remises en questions de tout et de rien. Ce genre de moments qui vous plongent dans une mélancolie à la fois annihilante et enveloppante. Une sorte de réconfort impalpable. Que seul le souffle d’une respiration peut suspendre.
Calmèque s’interrogeait sur tout ça, sur ce qu’il avait dit mais aussi pourquoi il l’avait fait et à qui. Qu’est ce qui le poussait à raconter ce genre de choses à cet Espagnol ? Espérait-il son absolution ? Un instant il se demanda s’il ne cherchait en Mendoza ce qu’il avait désespérément cherché en Menator sans jamais le trouver : un lien. Certes, il ne voyait pas en Mendoza une figure paternelle, mais cet homme était ce qui se rapprochait le plus d’un ami et à bien y réfléchir, c’était le premier qu’il avait.
– Vous me détestez ? demanda brusquement l’Olmèque.
Le Navigateur releva sa tête pour dévisager le personnage assis en face de lui. Il lui trouvait une expression étrange. Et il préféra être franc.
– Non, dit-il doucement. J’ai du ressentiment par rapport à certains événements, mais je sais que le contexte nous avait placés dans des camps opposés et que faire un procès d’intentions est aussi douloureux qu’inutile, on devrait éviter de remettre ces événements sur le tapis à l’avenir, conclut-il. Par contre, dit-il avant de conclure, en plantant ses yeux dans ceux de l’Olmèque. Toi, tu te détestes.
Calmèque fronça les sourcils. Et Mendoza poursuivit après une courte pause.
– Tu es quelqu’un de complexe Calmèque, tu as un côté très fière de ce que tu es, de tes capacités, de ton intellect et de tes connaissances et une autre partie donne l’impression qu’elle pourrait se vomir toute entière si elle le pouvait. C’est déroutant parfois.
Et comme l’expression de l’Olmèque devenait de plus en plus consternée, Mendoza cru bon de donner une preuve de ses dires.
– C’est comme ta relation avec Erin.
Calmèque roula brusquement des yeux vers le plafond.
– Mais il ne se passe rien entre Erin et moi !
– Oh si Calmèque ! Il n’y a peut-être rien de consommé, mais il se passe bel et bien « quelques chose » !
L’Olmèque soupira lourdement.
– Mais enfin Mendoza, vous l’avez regardée ? Et vous m’avez vu ? Il ne vous semble pas qu’il y a comme une sorte de « léger » décalage ? Soyons sérieux ! C’était marrant au début, mais ça ne va nulle part cette histoire. Je suis pas idiot.
– Sabotage ! rétorqua platement Mendoza.
Calmèque fit claquer sa langue comme il le faisait souvent en signe de mécontentement.
– C’est facile à dire pour vous du haut de votre mètre quatre vingt-quinze et de votre belle gueule, siffla amèrement Calmèque. Mais j’aimerais vous y voir si vous étiez moi ! On n’a pas vraiment la même marge de manœuvre !
Mendoza sourit, de ce petit sourire énigmatique qui a avait le chic d’énerver beaucoup de monde. Et il laissa planer un silence agaçant.
– Jusque hier encore, commença-t-il au bout d’un temps un peu trop long au goût de l’Olmèque, j’étais plutôt de ton avis Calmèque, jusqu’à ce que tu me racontes brièvement l’histoire d’Erin, et là j’ai compris. J’ai compris comment l’improbable était devenu possible.
La stupéfaction vient s’ajouter à la longue cohorte d’émotions contradictoires qui animaient l’Olmèque en cet instant précis. Et Mendoza se mit en devoir de s’expliquer.
– Erin est une jeune femme atypique qui s’est vue trahie par tout ce que l’Homme, au sens masculin du terme, peut représenter en ce bas monde : père, frère, époux, et sans doute une ribambelle de prêtres et d’évêques qu’on a dû mettre dans la combine pour la mettre en disgrâce, obtenir son divorce et l’enfermer.
Il laissa un moment son explication trouver son chemin avant de poursuivre.
– Et elle a, en désespoir de cause, voulu rejoindre le Nouveau Continent en espérant y trouver un endroit où ce qu’elle était n’était plus une malédiction. Elle n’y est jamais arrivée, mais elle t’a trouvé toi. A ses yeux tu représentes ce « Nouveau Monde » qu’elle rêvait d’atteindre et tu es suffisamment différent que pour lui laisser espérer que tu n’es pas un homme à l’image de ceux qui ont essayé de la briser. En gros, conclut-il, c’est ta profonde différence qui fait que tu as toutes tes chances avec Erin… et si j’étais toi, je ne la laisserais pas filer…
Et de conclure après un bref instant de réflexion.
– Maintenant c’est toi qui vois. Si tu préfères rester enfermé dans ta peur et laisser les coudées libres à ton misérable petit saboteur…
Sur ce, il se releva en faisant mine de défroisser son pantalon, l’air de rien, et sentit que le moment était venu de mettre un terme à cette conversation un peu trop intimiste à son goût.
– Bon, je vais prendre l’air, conclut-il. Ce vin est occupé à me prendre en traitre.
Calmèque s’offusqua.
– Vous allez me planter là ? Comme ça ? Après les bombes que vous venez de me lâcher ?
– Bah oui ! C’est le moment où tu réfléchis à ce que je t’ai dit. Et puis, des bombes tu m’en as lâchée quelques unes aussi, remarqua le Navigateur.
– Mais…
Mendoza avait la main posé sur la poignée de la porte et consentit à dire une dernière chose avant de prendre le large.
– Calmèque, moi je crois que tu devrais considérer que la seconde partie de ton existence a commencé il y a trois mois et que… tu devrais te laisser une chance de vivre. Qui sait, tu pourrais être agréablement surpris !
Modifié en dernier par Anza le 08 juin 2021, 11:59, modifié 1 fois.
8) Fane absolue de la 1ère saison, certes imparfaite, mais avec tant de qualités qu'on peut lui passer beaucoup de choses !
Perso préféré : Calmèque, cherchez pas, mon psy a jeté l'éponge ! MDR

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Re: FANFIC : "Au-delà des Mers" - republication

Message par Anza »

Voilà voilà, ce chapitre 23 qui me posait problème, j'ai dû le réécrire à 50% et certainement que j'y apporterai, avec le temps, encore des modifications. En l'état, une grosse partie est donc un premier jet, ça donne peut-être une impression de moins "abouti" ou alors c'est juste dans ma tête MDR
Le chapitre 24 est OK, donc ça ne traînera pas ;)

Ha oui, je voulais rebondir (un peu tard) sur ta réflexion Teeger, concernant Noa qui serait la mère de Zia... et bien, il faut que tu gardes à l'esprit que cette fic a été écrite entre 2011 (pour le début) et 2015 pour la reprise, et je n'avais pas trop aimé la saison 2... donc cette fic fait complètement abstraction de la "Blue Spirit' suite".
Donc, non, Noa n'est pas la mère de Zia (je ne spoile pas puisque le chapitre 23 lève le voile), mais je ne manquerai pas d'éclaircir des points qui doivent encore vous paraître sombres (Mendoza a bien l'intention de cuisiner vous savez qui, là il laisse couler mais... c'est pas le genre à lâcher le morceau... quand Medodo recule, ce n'est que pour prendre de l'élan :lol: :lol: :lol: )

A ce ci près que si tu veux écrire une fic, Teeger, où Noa serait effectivement la mère de Zia et que notre jeune élue/Xmen serait la demi-soeur de Cal... t'es sûre de ton coup-là ? Moi je suis pas fondamentalement contre, ça pourrait être une révélation un peu délirante :tongue:
Petite précision : Noa n'a pas de super pouvoirs, c'est juste un être réincarné qui a des capacités hors normes mais qui ne sais, en définitive, rien faire d'impossible. L'idée c'est, qu'effectivement Atlantes et Hivians ne soient plus compatibles (génétiquement) depuis des siècles à l'époque où se passe mon histoire, les deux races sont presque devenues 2 espèces qui ont trop dérivé l'une par rapport à l'autre. Mais comme Noa est une réincarnation d'un être universel et légendaire dont la génétique était à l'Origine du Monde dans sa globalité, son ADN peut s'associer à tout, puisqu'elle est l'Origine de TOUT. C'est pour cette seule raison que le métissage fonctionne avec elle et avec personne d'autre.
Il serait peut-être intéressant de mieux creuser ce personnage, mais je ne voulais pas alourdir l'histoire avec une trop longue histoire parallèle. Je voulais aussi introduire le fait que Noa n'était, en principe, pas autorisée à avoir des enfants... mais c'est vrai que je ne le stipule nulle part. Peut-être devrais-je trouver le moyen de l'introduire qqp.
8) Fane absolue de la 1ère saison, certes imparfaite, mais avec tant de qualités qu'on peut lui passer beaucoup de choses !
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Message par Anza »

CHAPITRE 24

Un pari, un dindon et un gagnant


Matinée, le Capitaine tenait la barre. Ils gagneraient le port de Mahon, la capitale de Minorque, en fin de journée. Le ciel était clément et le soleil ne tapait pas trop dur, comme ça pouvait parfois être le cas dans ces eaux.
Leur trois mois et demi de quasi huit-clos allaient prendre fin d’ici une dizaine d’heures. Mendoza avait hâte de gagner la terre, une brusque envie de toucher le sable et d’observer la mer depuis un autre point de vue. Envie d’un bon lit aussi, celui de sa cabine commençait à singulièrement lui meurtrir les vertèbres. Il observait distraitement son petit monde lézarder sur le pont et profiter des derniers moments de calme. Tous savaient, que la suite des événements serait tout autre.
Marinchè taillait le bout de gras avec Catherine. Celle-ci n’avait pas l’intention de suivre sa maîtresse jusqu’en Angleterre. Elle projetait de poser ses bagages en Italie, où elle avait de la famille. Elle aurait volontiers renseigné son amie Inca sur les actions passées et desseins futurs de La Lady, mais en toute franchise, elle les ignorerait complètement. Tout ce qu’elle avait pu confirmer c’est qu’Élisabeth de Messy et ses trois dames de compagnie avaient fui le Palais du Vice Roi précipitamment lors d’une nuit, n’emportant que le strict minimum et gagnant en toute clandestinité le port de Lima. Catherine n’en savait pas plus et son rang ne lui permettait guerre de faire parler l’aristocrate. Marinchè était convaincue qu’elle disait vrai, Catherine était de nature très franche et directe et c’était sans doute ce qui avait permis que les deux femmes s’entendent.
Quelques matelots un peu rêveurs, appuyés au bastingage de proue de tribord, se perdaient dans la contemplation du retour. Andres, le jeune mousse, était heureux de toucher terre lui aussi. Il se tenait auprès du Second, Jimenez et de Calmèque, le sourire accroché aux lèvres comme un porte-manteau.
– Señores, dit-il s’adressant à ses deux supérieurs avec beaucoup de respect, vous croyez que le Capitaine va nous garder ? C’est que, c’est pas si souvent qu’on a une aussi bonne place.
Jiménez se tourna vers son interlocuteur, le visage inexpressif, comme d’habitude.
– Et bien, je ne pense pas qu’il ait l’intention de se séparer du Nazaré, je suppose donc qu’il lui faudra conserver un équipage. Il haussa les épaules. Mais c’est plutôt à lui qu’il faudrait le demander.
Le jeune mousse parut à moitié rassuré.
– De toutes façons, nous serons bientôt tous fixés sur nos missions futures, ajouta Calmèque. Ne t’inquiète pas trop Andres. Et il lança au jeune homme un petit clin d’œil qui en disait long.
Un sourire radieux ré-illumina le visage du mousse qui s’éloigna beaucoup plus léger.
– Tu sais des choses que j’ignore ? interrogea calmement Le Second du navire.
– Mendoza fera la lumière sur tout ça d’ici peu, mais à ce que j’aurais plus ou moins compris il va demander aux hommes qui veulent demeurer à bord de rester. Il compte sur un certain nombre de marins qui désireront retourner à terre pour une plus longue période pour réduire naturellement les effectifs. Si le petit veut rester, il aura sa place, conclut-t-il.
Calmèque adopta une position afin de protéger un peu ses yeux du soleil. Il était encore bas et tombait pile au mauvais endroit. C’était agaçant.
– Après je crois qu’il a l’intention de faire suivre les côtes espagnoles et françaises par le Nazaré, par l’ouest, afin de nous ménager une retraite par les eaux, au cas où. Il n’en a pas dit beaucoup plus. Tu sais comment il est, fit-il avec un certain amusement.
Effectivement, Jiménez savait.
A cet instant, notre charmante irlandaise fit son entrée, le visage un peu fermé, et vint s’intercaler sans crier gare antre les deux hommes, jouant un peu des coudes pour se faire une place.
– Vous permet que je m’introduis, lâcha-t-elle sur un ton un peu pincé.
A la main, elle avait son archet, mais pas son violon. Jiménez et Calmèque lui lancèrent de concert un regard interloqué. Elle n’avait pas l’air de bonne humeur.
Les yeux fermés mais de toutes évidences énervée, elle se tut quelques seconde pour ménager ses effets. Puis elle se tourna face à l’Olmèque, l’air pas commode et tapota nerveusement son archet contre la balustrade du bateau.
– Toi et moi on a un bœuf à peler !
« Le bœuf à peler » aurait pu être drôle, mais là… elle n’avait pas envie de rire et Calmèque s’abstint de relever la délicieuse faute de linguistique en tentant de se soustraire de ce mauvais pas par un mensonge. Depuis que Mendoza lui avait dit le fond de sa pensée à propos d’Erin, ça l’avait mis encore plus mal à l’aise, comme si, aussi longtemps que rien n’était possible, c’était gérable mais qu’une fois que les choses devenaient palpables, ce n’était plus possible. Du coup, ça faisait presque deux jours qu’il évitait soigneusement la donzelle, avec la voix de Mendoza, qui s’était invitée dans le fond de sa caboche pour lui suriner en boucle « sabotage ! ». Il fit la grimace et lança un air très appuyé à Jiménez, le prenant à témoin.
– Ca tombe vraiment mal Erin, j’aurais adoré qu’on ait cette discussion, mais il se trouve que je devais justement aller faire l’inventaire de l’arsenal avec Jiménez.
L’Espagnol s’empressa de répondre.
– Mais c’est pas grave, assura-t-il, je vais le faire tout seul.
Calmèque lui lança un regard noir et Jiménez eut du mal à réprimer un petit rire moqueur avant de s’en aller.
– Je vous laisse à votre « pelage de bovin », conclut-il.
L’Olmèque aurait bien rattrapé Jiménez pour lui dire ce qu’il pensait de son odieux lâchage et de son manque de solidarité masculine, mais devant lui il y avait Erin, martelant le balustre de son archet avec une régularité de métronome. Pas contente.
De son côté, tout à son aise, Le Second partit rejoindre le Capitaine, le sourire en coin. Il gravit les quelques marches qui menaient au sommet du château arrière, où se trouvait la barre, et adressa à son supérieur un rapide petit salut en hochant la tête. L’autre Espagnol lui rendit sa politesse très posément avant de prendre la parole.
– Elle a l’air remontée, constata-t-il en parlant de la musicienne.
– Je viens d’abandonner notre Atlante dans une fâcheuse position, avoua-t-il, mais il est comme quelqu’un qui apprend à nager, il faut le pousser à l’eau. Il va se débattre un moment jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’il a pieds.
Mendoza s’amusa de la vision très personnelle de son subalterne, mais ne put que se ranger à son idée.
– J’ai peur qu’il ne boive la tasse quelques fois avant quand-même, remarqua-t-il amusé.
Une petite mine facétieuse vint compléter le faciès de Jiménez.
– Ca nous est tous arrivés.
Non loin de là, Calmèque et Erin se faisaient toujours face.
– Je ne pas l’intention de me donner en spectacle.
Et elle pointa son archet en direction de son interlocuteur, un poil menaçante.
Décidément, ça faisait la deuxième fois en peu de temps qu’on l’invectivait à coup d’objet, pensa l’Olmèque. D’abord Mendoza avec sa bouteille et maintenant Erin et son archet. Fallait-il y voir le signe de quelque chose ?
– Je t’attends donc en bas dans mon cabine ! conclut-elle en brandissant toujours son arme sous le nez du petit homme.
Calmèque devait bien avouer que cette altercation était principalement de sa faute, mais il n’était pas sûr d’avoir envie de se voir prendre en défaut de la sorte et il lui opposa un silence de mauvaise grâce, croisant les bras. La jeune femme ne se laissa en aucune manière démonter et, baissant son bout de bois de quelques centimètres, elle l’appuya très légèrement par deux fois juste au-dessous de la salière de l’Olmèque.
– Et t’as intérêt à venir, sinon, tu ne m’adresser plus jamais la parole !
Et ce étant dit, elle cessa de brandir son archet à la manière d’une cravache, se détourna fièrement, et disparut en direction de la coursive interne du Nazaré. Calmèque soupira les dents serrées, et dès qu’elle fut hors de vue, il se mit immédiatement en devoir d’aller régler ses comptes avec Jiménez. Et tandis qu’il montait encore les marches menant au petit pont supérieur, il invectiva le Second avec fiel.
– Alors Eugène ? attaqua-t-il, sachant que le Second détestait qu’on l’appelle par la version française de son prénom. On est content de soi ?
– Ne le prends pas comme ça, Amigo, lança l’autre sans se laisser ébranler par sa mauvaise humeur de circonstance. C’est pour ton bien. Il faut que tu arrêtes cette « Rumba de l’Esquive » avec la Señorita ! Et que tu te jettes à l’eau !
– Et que tu boives un peu la tasse, ajouta Mendoza avec un calme olympien.
Jiménez sourit.
– Oui. Et tu verras que finalement, malgré vents et marrées, tu as pieds ! renchérit-il, sûr de lui, comme s’il venait d’énoncer de profondes paroles philosophiques.
Calmèque les observa tour à tour. Mendoza s’évertuait à regarder droit devant lui pour ne pas avoir à croiser le regard de l’Olmèque et Jiménez avait fermé les yeux.
– Vous faites dans la métaphore aquatique aujourd’hui ? s’enquit l’autre sur un ton pincé.
– On est marins, répondit Mendoza, toujours les yeux au loin.
– On est marrants, renchérit Jiménez, qui avait avalé un clown.
Et les deux navigateurs pouffèrent de rire ensemble, comme deux sales gosses, devant la mine affligée de leur vis-à-vis.
– C’est ça, vous avez raison ! Noyez le poisson et gardez le cap ! ironisa l’autre. C’est encore ce que vous faites le mieux !
Et il tourna les talons avec humeur.
Tandis qu’il s’éloignait, il entendit encore, dans son dos, les deux Espagnols partirent d’un éclat de rire et, désireux de leur clouer le bec, il pivota brusquement et lança son poignard qui vint se planter, pile au milieu de la barre, dans un bruit sec. Les deux hommes se turent un court instant. Jiménez se pencha vers son Capitaine. Goguenard.
– Tu crois qu’il a visé ?
– Je préfère croire que oui, s’amusa Mendoza.
– Et si je reviens pas, leur lança Calmèque, c’est que j’avais PAS pieds !
Jiménez se saisit du couteau et l’ôta de son point d’impacte.
– Tu devrais peut-être le prendre avec toi, héla-t-il à la boutade, à l’attention de l’Olmèque. Tu pourrais en avoir besoin.
Et sur ce, il prit son hélant et relança la lame qui vint se planter dans l’encadrement de la porte menant aux entrailles du navire, juste au moment où Calmèque y arrivait. Sans un mot, il récupéra son arme et la rengaina hargneusement. Et sans plus se retourner, il leur adressa un doigt d’honneur avant de disparaître.
– Je crois qu’on l’a énervé, remarqua Mendoza avec une pointe de sarcasme.
– La Rousse va nous le calmer.
– Y’a rien de moins sûre, objecta Mendoza.
– Mais si ! Tu vas voir.
Le Capitaine fit la moue, une moue facétieuse.
– A combien est la cote ? demanda-t-il.
– Seize contre un, annonça Jiménez. Seize contre un qu’il ne la touche pas avant qu’on touche terre, ajouta-t-il. Il n’est pas trop tard Mendoza… tu peux encore te joindre à nous.
Le Navigateur esquissa un petit rictus et réfléchit un instant, soupesant le pour et le contre.
– OK, j’en suis ! Cent pesos qu’il conclut. Non, deux cents ! se ravisa-t-il.
– He he he, ricana Jiménez, c’est noté ! Mais tu vas perdre !
– T’as parié contre ? s’étonna Mendoza
– Évidement ! Notre bonhomme a du cran pour pal mal de chose, mais pas pour ça !
– Tu viens pourtant de leur offrir une opportunité.
– Si j’avais rien fait, le jeu n’était plus drôle. Et puis le doute, ça relance la machine et ça fait monter les enchères ! La preuve, fit-il en tapotant l’épaule de Mendoza.
A cet instant, Montoya héla le Second et lui adressa un signe de tête interrogatif auquel Jiménez répondit en levant le pouce. L’autre en parût satisfait et partit rejoindre quelques matelots attroupés, attendant un retour.
Mendoza eut un regard en direction de sa Marinchè qui avait assisté à l’altercation avec l’Olmèque avec étonnement. Il lui fit comprendre qu’il n’y avait rien de grave et elle reprit sa conversation avec Catherine.

Pas encore vraiment décidé à affronter ses démons, Calmèque restait devant la porte de la cabine d’Erin, incertain. Elle avait pourtant été claire, s’il ne s’expliquait pas, il ne faudrait plus espérer lui parler à l’avenir. Il était donc obligé de se rendre. Ou alors il la perdait définitivement. Était-ce ce qu’il voulait ? Préfèrerait-il ne pas avoir à se poser ce genre de questions ? Reprendre son petit train-train sans s’encombrer de ces émotions perturbantes ? Peut-être était-ce mieux après tout ? Plus facile à gérer ? Moins troublant. Il eut une œillade en direction de sa cabine, deux portes plus loin à droite. Juste quelques pas, et on en parlait plus. Hésitation. Il se sentait tortiller ses doigts de nervosité.
« C’est n’importe quoi cette histoire !» se surina-t-il.
Nouveau regard vers la porte de sa cabine et machinalement, lâchement, il se sentit amorcer son premier pas vers sa retraite. Mais le destin en décida autrement, et avant même qu’il n’ait le temps de bouger réellement, la porte de la cabine de la musicienne s’ouvrit et la jeune femme apparut. L’air toujours un peu renfrogné. Il se statufia, pris sur le fait. Mais le fait de quoi ? D’être là ou de s’enfuir ? Avait-elle compris qu’il avait décidé de capituler ? Elle ne dit rien, en tout cas pas de suite. Et puis après quelques instants, elle se décida.
– Tu entres ou tu rester planté dans le couloir ?
C’était foutu.
Il entra. Le regard baissé. Il entendit qu’elle refermait la porte derrière lui. Piégé.
Seuls.
Elle le contourna et s’assis à quelques pas, sur son lit. A côté d’elle, son violon et quelques feuilles couvertes de portées et de notes, raturées de partout. Une compo ? Peut-être. Cela n’avait pas d’importance en ce moment à vrai dire. Inutile de laisser son cerveau partir en digression. Il fallait rester concentrer, ce ne serait pas facile. A ce stade, il fouilla sa cervelle à la recherche d’un truc à dire, histoire d’amorcer un semblant de conversation, mais il se fit la réflexion que sa tête était désespérément vide et que les deux hémisphères qui s’y battaient en duel si farouchement d’habitude avaient préféré prendre le large… Tiens… lui aussi, il faisait dans la « métaphore aquatique ». Toutes ces conneries d’échappatoire ne le préparèrent pas à encaisser le premier coup. Parce que soudain, la petite voix claire de la rouquine tinta d’une façon qui ne lui ressemblait pas. Ca manquait de profondeur, de douceur aussi. C’était un peu froid. Presque vide. Un son « amorphe ».
– C’est quoi ton problème ? Interrogea-t-elle.
Aïe, si ça démarrait comme ça, ça allait être compliqué de prendre le temps de ménager ses remparts et de riposter habilement.
« Mais qui parle d’habileté ? On s’en fout d’être habile ou non, là faut juste que tu survives ! Après on verra. »
Il prit son courage à deux mains et affronta ses yeux. Ses deux ravissants yeux bleus à tomber par terre. Ca se voyait qu’il n’en menait pas large ? Que cette conversation allait se résumer à quelques balbutiements à peine intelligibles et qu’il aurait grand peine à savoir ce qu’il aurait dit ou compris ?
Heureusement, la jeune femme sembla ne pas s’en rendre compte et poursuivit un peu sans attendre sa réponse.
– Ca fait deux jours, quand je vais à droite, tu vas à gauche ! Quand je veux te voir, tu as un truc super important à faire,… tu m’éviter tout le temps…! Je veux une explication, Right now !
Elle se figea, face à lui, attendant résolument une réaction… qui tardait à venir. Il sentit qu’elle s’impatientait. Il la vit se préparer à se montrer plus incisive et il parvint à la prendre de court.
– J’ai peur, dit-il simplement, contrit.
Les yeux d’Erin s’arrondirent comme ceux d’une chouette et elle resta interdite durant quelques secondes intemporelles.
– Tu as peur ? répéta-t-elle avec une voix à nouveau plus en phase avec sa personnalité, mais où l’étonnement prenait toute la place. De moi ? s’inquiéta-t-elle finalement.
Calmèque aurait préféré être n’importe où plutôt que là, mais il y était, et il y avait fort à parier qu’il ne pourrait pas sortir de cette pièce sans avoir offert le fond de sa pensée. Il fallait qu’il trouve le moyen d’expliquer tout ça sans passer pour un cinglé. Il essaya de « rassembler ses éloquences en fuite ».
– Non, pas de vous… plutôt de ce que vous représentez, tenta-t-il de formuler.
Il essaya d’étayer un peu son explication et parvint à aligner une série de mots pas forcément très cohérents, une sombre histoire de « pas l’habitude, de désarmement et de mal à l’aise qui filait la nausée et empêchaient de dormir… », mais Erin n’écoutait déjà plus, elle le regardait de façon étrange, se débattre avec son semblant d’excuse et sa gêne croissante, un évanescent petit sourire perdu au coin des lèvres. Elle le trouvait infiniment touchant à essayer de se confondre en un ramassis de confusions incompréhensible pour toute personne ne se trouvant pas dans sa tête. Elle se leva et s’approcha. Il recula. Un pas, deux pas, trois pas… cabine minuscule… quatre pas… mur.
Il se tut, de toute façon elle n’écoutait plus rien. En même temps qui aurait pu la blâmer, il n’était pas sûr de comprendre lui-même ce qu’il racontait, jamais il n’avait été si embrouillé.
Elle était vraiment près, bien trop près. Cette fille et les distances sociales, c’était vraiment un souci. Il vérifia si y’avait pas moyen de s’enfoncer un peu dans la paroi, sait-on jamais… mais non… il était bien boqué.
– Là par exemple, vous voyez, articula-t-il la voix mal assurée, vous me mettez très mal à l’aise.
– Ah oui ? fit-elle d’une voix ingénue. Moi j’en ai marre que tu me vouvoie, déclara-t-elle.
– Ah…
« 1 partout ? »
A combien de centimètres pouvait-elle se trouver ? Dix ? Quinze max ? Comment était-il sensé gérer ça ?
Et puis elle sentait bon. Si bon… merde !
– Si tu me vouvoies encore, renchérit-elle, une seule fois, je…
Elle fut coupée net dans sa phrase par l’indexe de l’Olmèque qui vint se poser sur ses lèvres, lui intimant de se taire. Son expression venait brusquement de se muer en quelque chose d’étrange et Erin fronça les sourcils. Il avait l’attention attirée par un élément extérieur. Elle se concentra et l’entendit aussi. De légers grincements, des froissements ténus,… Elle sourit de façon très malicieuse et tandis que l’Olmèque esquissait un mouvement en direction de la porte, elle le retint en se collant à lui. Et comme cette petite diversion lui avait happé l’esprit, il en fut presque surpris. Il se figea et il arrêta de respirer quand il sentit ses lèvres s’approcher de son oreille. Ce qu’elle lui susurra l’acheva littéralement.
– Chuuuut… ils ont parié sur nous… que tu me touches pas avant de toucher terre, comme ils dire, s’amusa-t-elle. Ils surveillent l’investissement, remarqua-t-elle. Mais je parié le contraire… et je vais gagner…, assura-t-elle dans un souffle.
Un putain de coup de massue, voilà ce que c’était ! Il ne sut pas quoi faire ou répondre et elle profita de leur proximité pour lui déposer un léger baiser dans le cou. Parce qu’elle en avait très envie et que la gêne dans laquelle ça le plongeait la récréait énormément. Elle fut surprise par la texture de sa peau et resta comme en apesanteur quelques secondes. Puis, elle reprit son ton taquin.
– Respire, lui dit-t-elle en chuchotant, frôlant une dernière fois sa peau par plaisir. C’est mieux pour le santé…
Puis elle se recula, les yeux rieurs et il la vit sur-articuler quelque chose en silence, pointant la porte du doigt. Il fronça les sourcils, pas encore bien remis de son contact avec la miss et un peu la tête à l’envers. On ne pouvait pas dire que c’était désagréable mais les circonstances étaient tellement brusquement dérangeantes qu’il ne savait pas trop quoi ressentir, ou alors il ne trouvait pas le mot pour définir ce qu’il ressentait. C’était tout lui ça, s’inquiéter de la sémantique dans un moment pareil ! C’est alors qu’il l’entendit chuchoter.
– Easy Money !
Il n’avait pas la moindre idée de ce que ça pouvait vouloir dire, mais à en juger par son expression, ça semblait beaucoup lui plaire. Et puis brusquement il sut. Les quelques éléments du puzzle venaient de trouver leur place et avant même que le premier son ne sorte de sa bouche, il comprit ce qu’elle s’apprêtait à faire et il se sentit blêmir. Il se serait bien jeté sur elle pour la faire taire, mais c’était trop tard. Et elle poussa son premier soupir, puis un second, puis un petit gémissement, puis quelques mots en anglais en soupirant d’aise, le tout allant en s’intensifiant.
Absolument et complètement abasourdi par ce qui se passait devant lui, il prit de plein fouet tout l’envergure du mot « inconvenante » et il se prit le visage dans ses mains, dépassé. Il se tourna vers le mur et laissa tomber son front contre la paroi en fermant les yeux, mort de honte. Jamais il ne s’en remettrait… et l’autre derrière qui n’en finissait pas d’en rajouter. Au dehors, dans la coursive, il entendit quelques jurons et des bruits de pas s’éloigner. Il se tourna à demi vers elle, le visage à mi-chemin entre l’atterrement et la réprobation, l’adjurant du regard de s’arrêter. Mais rien n’y fit et elle poursuivit son petit manège lascif et embarrassant, histoire d’être crédible sans doute mais aussi surtout parce que ça l’amusait pas mal. Il regarda autour de lui, impuissant, et d’un coup, une idée ! Et il s’empara de son violon resté sur le lit. Elle se pétrifia instantanément. Tandis qu’il se saisissait d’une des chevilles de la mécanique d’accordage et se mettait à la tourner lentement, sur-tendant la corde aigüe dans un bruit strident, il vit son expression devenir aussi dur qu’on pouvait l’imaginer et elle lui lança un regard noir.
– Don’t ! grinça-elle le plus bas possible en brandissant son indexe en signe d’avertissement.
Mais Calmèque continua de torturer la malheureuse corde qui ne tarderait pas à céder s’il ne s’arrêtait pas. Et d’un coup elle se jeta sur le lui, essayant de sauver son précieux instrument. Mais il parvint à le mettre hors de sa portée à la dernière seconde et couchés l’un sur l’autre, ils se toisèrent du regard un temps qui parut interminable.
– Dépêche-toi de jouir, lui ordonna l’Olmèque tenant toujours l’instrument en otage. Ou ton « mi » n’en sera plus jamais un ! menaça-t-il d’un ton qui ne donnait pas envie de tergiverser.
Les deux yeux couleur azur s’étirèrent en une ligne de mépris et elle obtempéra de très mauvaise grâce. Elle se redressa sensiblement et poussa un gémissement et quelques hoquettements de conclusion, oh combien convaincants. L’instant d’après, elle tendit sa main sèchement en direction de l’Olmèque, attendant qu’il exécute à son tour sa part du marcher. Et il lui rendit « la prunelle de ses yeux ». Elle le récupéra et se hâta de détendre la malheureuse corde malmenée… le boyau avaient tenu par miracle… et elle soupira de soulagement.
– C’était pour rire, lui lança-t-elle sur un ton de reproche tandis qu’elle vérifiait rapidement que son instrument sonnait toujours normalement.
– Ouais bah moi ça m’a pas fait rigoler, rétorqua-t-il.
Elle caressa deux ou trois fois en sourdine les cordes de son fiddle avec les crins de son archet.
– Je pensais partager les gains avec toi, mais tu mérites pas, renchérit-elle, très contrariée.
Elle boudait.
Lui aussi.
Quelques minutes s’écoulèrent. Dans une atmosphère tendue au possible.
– Fait chier ! maugréa-t-il finalement en se levant rageusement au bout d’un moment.
Ne trouvant vraiment plus rien à rajouter. Dégoûté, il se dirigea vers la porte.
– Tu pas sortir si vite ! opposa-t-elle, craignant que le subterfuge ne soit démasqué.
– Je sors si je veux !
Mais il se statufia un éclair de seconde en ouvrant le battant.
Les bras croisés, le sourire en coin, Mendoza était adossé au mur opposé en regard de la porte. Parfaitement silencieux.
L’Olmèque se renfrogna.
– Erin… j’ai peur que tu ne sois obligée de partager tes gains avec quelqu’un d’autre ! lâcha-t-il sarcastiquement et de très mauvaise humeur, avant d’obliquer vers sa propre cabine et d’y disparaître en claquant exagérément la porte.
Modifié en dernier par Anza le 08 juin 2021, 12:00, modifié 2 fois.
8) Fane absolue de la 1ère saison, certes imparfaite, mais avec tant de qualités qu'on peut lui passer beaucoup de choses !
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CHAPITRE 25

De Messy


Sa cabine éternellement plongée dans les ténèbres, la flamme vacillante d’une bougie pour seule compagne, Elizabeth de Messy observait le résultat de son tirage étalé sur la petite table. Devant ses yeux, des cartes aux symboles inquiétants semblaient grimacer en l’observant. Des sortes de runes aux allures sinistres peuplées de figures macabres, alignées selon un schéma précis. La Lady effleura l’une d’elle, une curieuse expression pendue aux lèvres. Elle frissonna et parut éprouver une forme de plaisir malsain à ce contact. Elle ferma les yeux et exhala un soupir d’extase. Dans un coin de la pièce, les pupilles fixes de Mary-Ann scrutaient la scène. Figée dans une expression dérangeante où se mêlaient peur et effroi. Assise contre le mur, les plis de sa robe l’auréolant de douceur, dans un camaïeu de beige et de blanc, on ne remarquait pas tout de suite le discret filet de sang qui perlait de ses lèvres entrouvertes, presqu’avec délicatesse, rendant un peu de couleur à ce tableau blafard.
Depuis combien de temps la poitrine de Mary-Ann ne se soulevait-elle plus sous l’effet de sa respiration ?
Depuis combien de temps était-elle prostrée là, sans vie, telle une poupée de chiffons ?
La lueur de la bougie faisait danser sur son visage des ombres qui semblaient lui rendre vie par moment, mais quand la lumière venait froidement faire scintiller la lame qui lui traversait la gorge de part en part, plus aucun doute n’était possible et elle redevenait juste un cadavre raide et glacé, tassé dans un coin en attendant qu’on le fasse disparaître.
Elizabeth obliqua un regard vide à l’attention du bout de viande froide qui traînait non loin d’elle.
La traversée touchait à sa fin et cette jeune femme, qui en savait beaucoup trop, ne lui aurait plus été d’aucune utilité. Il allait maintenant falloir s’en débarrasser. Elle eut une pensée pour ses quatre chiens. Quatre molosses à l’appétit vorace qui s’étaient tant de fois chargé de dévorer les restes de ses méfaits. Il faudrait qu’elle s’en procure de nouveaux.
Modifié en dernier par Anza le 08 juin 2021, 12:01, modifié 1 fois.
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Message par TEEGER59 »

Impressions et corrections.

CHAPITRE 23.

Bouffer tout cru :arrow: :x-):
J’ai assassiné mon époux :arrow: Ça commence bien! :lol:
C’était un homme violent et infidèle. Il me battait souvent. Je l’ai surpris au lit avec une petite intrigante de bas étages. Je les ai tués tous les deux. :arrow: Tu es pardonnée, dans ce cas.
Et,… juste pour que je sache, on a un super plan ou on est seulement complètement suicidaires ? :arrow: Excellente question.
vous avec une jolie femme, un peu casse-couilles, mais bon… ça n’a pas l’air de vous ennuyer plus que ça :arrow: Mais MDR!
:Mendoza: : La vache ! (geignit-il en réprimant une petit larme) :arrow: Petite nature! :x-):
:Mendoza: : ...je ne me vois pas du tout mettre mes pantoufles et me poser au coin du feu. Je préfère aller défier la mort plutôt que d’attendre qu’elle vienne me chercher dans mon lit. :arrow: Jolie formule.
– Oh ! Nous avons un héros !
:Mendoza: : Non, Calmèque. Ce qui est vraiment héroïque, c’est de manger le second piment en sachant qu’il n’y a plus une seule goutte d’eau dans cette cabine ! :arrow: J'ai éclaté de rire!
Y’a un but à cette connerie ? (interrogea Calmèque qui ne comprenait pas à quoi il assistait mais qui devait reconnaître que c’était plutôt drôle).
:Mendoza: : Je vais crever, (avoua Mendoza dans un hoquetement douloureux, presque mort de rire). :arrow: Il n'est pas le seul!
:Mendoza: : Admettons… alors dis-moi. Quelle est la chose la plus stupide que tu aies faite ?
Bas les masques ! Ils allaient quand-même très certainement crever d’ici peu.
:Mendoza: : Quand t’as refusé la proposition du Grand-Prêtre de la Cité d’Or et que tu l’as poignardé… ça c’était monstrueusement débile ! :arrow: Pas faux!
– Vous avez été soldat Mendoza, vous savez ce que ça implique. Mes ordres étaient très clairs : Ramener le Grand-Héritage coûte que coûte ! Si j’avais fait ami-ami avec le Grand-Prêtre, vous pensez qu’il se serait passé quoi ? Que Menator aurait sabré le champagne et offert les petits fours ? :arrow: :x-): :x-): :x-): Champomy pour tout le monde! Y'a des gosses!
:Mendoza: : Tu sais ce qui m’a le plus révulsé quand je t’ai vu trahir cet homme ? C’est pas que tu l’aies fait, c’est que tu aies pris le temps de réfléchir avant, et que tu l’aies fait en tout état de cause, par pure cruauté.
Pourtant… il y avait quelque chose de très « prédateur » dans le comportement de l’Olmèque à cet instant. Et Mendoza restait sur ses gardes. :arrow: Ouais, changement de ton, là...
Les poignées d’amour, taquina l’Olmèque d’une voix soudain moins sinistre, aucun organe vital dans les parages, blessure sans gravité.
Calmèque se redressa, le sourire aux lèvres, mettant fin à la pression de la bouteille sur son torse et découvrant l’expression sombre et sur la défensive de son interlocuteur. Content de son petit effet, il l’invita à se détendre en lui adressant un sourire amusé. :arrow: Jolie démonstration pour faire comprendre au capitaine qu'il ne voulait pas tuer Athanaos.
Jusqu’à mes vingt-deux ans, je ne fus qu’un larbin au service de Menator, un domestique dont il ponctionnait sang et moelle épinière régulièrement pour se faire transfusions et greffes, histoire de se rafistoler. :arrow: Il est sympa, pépé Ménator!
Menator a échappé à un assassinat perpétré par le Commandant en poste de l’époque.
:Mendoza: : Toi, tu te détestes. :arrow: On se le demande.
:Mendoza: : Tu es quelqu’un de complexe Calmèque, tu as un côté très fier de ce que tu es...
:Mendoza: : Oh si Calmèque ! Il n’y a peut-être rien de consommé, mais il se passe bel et bien « quelque chose » !
C’est facile à dire pour vous du haut de votre mètre quatre vingt-quinze et de votre belle gueule :arrow: Tu l'as dit, bouffi! Plus beau que Mendodo, tu meurs!

:arrow: J'ai beaucoup aimé cette petite conversation.

CHAPITRE 24.

À la main, elle avait son archet, mais pas son violon. :arrow: Elle va nous jouer du "air violon", l'ancêtre du "air guitare"! :lol:
Les yeux fermés mais de toute évidence énervée, elle se tut quelques seconde pour ménager ses effets.
Il va se débattre un moment jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’il a pied. :?: Alors Calmèque? On joue dans la cour des grands!
Ça nous est tous arrivés.
Je t’attends donc en bas dans mon cabine ! :arrow: Va-t-il se passer des choses? Ça lui ferait tellement de bien, à la crevette! :lol:
Il faut que tu arrêtes cette « Rumba de l’Esquive » avec la Señorita ! Et que tu te jettes à l’eau ! :arrow: Oh oui! À l'eau, la crevette! :lol:
- Oui. Et tu verras que finalement, malgré vents et marrées, tu as pied !
- Vous faites dans la métaphore aquatique aujourd’hui ? :arrow: C'est un peu ça l'idée!
:Mendoza: : On est marins, (répondit Mendoza, toujours les yeux au loin).
– On est marrants, (renchérit Jiménez, qui avait avalé un clown). :arrow: :x-): :x-): :x-):
- Et si je reviens pas, (leur lança Calmèque), c’est que j’avais PAS pied !
Jiménez se saisit du couteau et l’ôta de son point d’impact.
Et sur ce, il prit son élan et relança la lame qui vint se planter dans l’encadrement de la porte menant aux entrailles du navire, juste au moment où Calmèque y arrivait. Sans un mot, il récupéra son arme et la rengaina hargneusement. Et sans plus se retourner, il leur adressa un doigt d’honneur (Sympa :lol: ) avant de disparaître.
:Mendoza: : Y’a rien de moins sûr.

BOYS WILL BE BOYS: :x-): :x-): :x-):
:Mendoza: : À combien est la côte ?
– Seize contre un, (annonça Jiménez). Seize contre un qu’il ne la touche pas avant qu’on touche terre, (ajouta-t-il). Il n’est pas trop tard Mendoza… tu peux encore te joindre à nous.
Le Navigateur esquissa un petit rictus et réfléchit un instant, soupesant le pour et le contre.
:Mendoza: : OK, j’en suis ! Cent pesos qu’il conclut. Non, deux cents !
– He he he, (ricana Jiménez), c’est noté ! Mais tu vas perdre !
:Mendoza: : T’as parié contre ?
– Évidement ! Notre bonhomme a du cran pour pas mal de chose, mais pas pour ça !
:Mendoza: : Tu viens pourtant de leur offrir une opportunité.
– Si j’avais rien fait, le jeu n’était plus drôle. Et puis le doute, ça relance la machine et ça fait monter les enchères ! La preuve, fit-il en tapotant l’épaule de Mendoza. :arrow: Les hommes! :x-):

À cet instant, Montoya héla le Second et lui adressa un signe de tête interrogatif...
À ce stade, il fouilla sa cervelle à la recherche d’un truc à dire, histoire d’amorcer un semblant de conversation, mais il se fit la réflexion que sa tête était désespérément vide et que les deux hémisphères qui s’y battaient en duel si farouchement d’habitude avaient préféré prendre le large… :arrow: Euh! C'est à dire que... euh... comment dire... La crevette va-t-elle se noyer? :D
Elle était vraiment près, bien trop près. Cette fille et les distances sociales, c’était vraiment un souci. :arrow: Et encore, il n'y avait pas la Codid au XVIème siècle! ;)
Il vérifia si y’avait pas moyen de s’enfoncer un peu dans la paroi, sait-on jamais… mais non… il était bien bloqué.
- Moi j’en ai marre que tu me vouvoies.
Elle fut coupée net dans sa phrase par l’index de l’Olmèque qui vint se poser sur ses lèvres, lui intimant de se taire.
Un putain de coup de massue, voilà ce que c’était ! :arrow: J'imagine bien Calmèque dire: "je ne suis pas un objet sexuel, une love machine!" :x-):
– Easy Money !
Il n’avait pas la moindre idée de ce que ça pouvait vouloir dire... :arrow: Normal, Terminator 2 n'était pas encore sorti! :x-):
Il se tourna vers le mur et laissa tomber son front contre la paroi en fermant les yeux, mort de honte. Jamais il ne s’en remettrait… et l’autre derrière qui n’en finissait pas d’en rajouter. :arrow: Je suis pliée en deux! Erin veut bien le pognon, mais pas coucher avec Calmèque! Faut pas déconner, non plus!
– Don’t ! grinça-elle le plus bas possible en brandissant son index en signe d’avertissement.
Elle se redressa sensiblement et poussa un gémissement et quelques hoquetements de conclusion, oh combien convaincants.

J'ai bien ri durant ce chapitre. Le suivant fait froid dans le dos.
Merci pour ce moment de détente. Je repars à mes écrits!
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Message par Anza »

Champomy pour tout le monde ! Y'a des gosses !
J'étais morte de rire :lol: :lol: :lol:
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Message par Anza »

CHAPITRE 26

Loumen aka Menator


Les événements s’étaient brusquement accélérés en quelques mois et la situation était devenue plus tendue qu’on ne pouvait l’imaginer. Loumen n’avait pas encore découvert le pot aux roses concernant les expériences de son cadet, mais on pouvait sentir son souffle se rapprocher dangereusement de la vérité.
En ce jour, Loumen avait convoqué la plupart des habitants d’Apuchi à une sorte de réunion extraordinaire. Ils étaient tous réunis dans l’immense salle du cristal, curieux de comprendre la raison de cette demande. Les théories allaient bon train, certains convaincus que le vieux scientifique allait enfin leur faire part de la réussite de ses travaux, ce qui aurait été une nouvelle, oh combien soulageante.
Loumen attendait en retrait que l’ensemble des occupants de la base aient pris place afin d’entendre ce qu’il avait à annoncer. Il avait retourné le problème dans sa tête un millier de fois et c’était la seule solution qu’il avait trouvée. Faisait-il fausse route ? Avait-il un autre choix ? Il fixa le sol, profondément absorbé par des pensées compliquées. Non, il n’avait plus le choix, il ne pouvait plus reculer, il avait plus que jamais besoin d’avoir les coudées parfaitement libres, maintenant qu’il se livrait, en plus d’une course contre la montre pour la survie de son peuple, à une bataille contre son corps et la maladie qui le grignotait jour après jour et qui, bientôt, le réduirait à l’impuissance. Le cancer s’était métastasé dans son foi et bientôt il s’insinuerait partout, anéantissant la seule chance pour les siens. Il inspira profondément. Il était temps de prendre les choses en main. Il s’avança, aidé d’une canne, passant de l’ombre à la lumière et il sentit tous les regards se poser sur ses frêles épaules. Il balaya tristement l’assemblée du regard. Combien d’âme ces murs renfermaient-ils ? Il avait oublié. En fait, non, la vérité c’est qu’il ne s’en était jamais vraiment soucié et maintenant que la fin venait ricaner à ses oreilles, il prenait conscience de certains de ses manquements.
-Mes amis, commença-t-il d’une voix qu’il voulait la plus ferme et forte possible, ce n’était pas le moment de prêter le flanc. Une grande tragédie frappe notre peuple en ce jour.
Il se tut pour laisser aux uns et aux autres un instant pour prendre conscience des enjeux de cette annonce. Puis il poursuivit.
-Un groupe de dissidents fanatiques a propagé un virus mortel dans notre Capitale il y a quelques jours et… à l’heure où je vous parle, mis à part quelques rares survivants de cette catastrophe, nous sommes les derniers représentants de notre race.
Une rumeur d’effroi et quelques voix s’élevèrent. La stupeur avait étendu sa main froide sur tous les visages.
Loumen continua, essayant de ne pas se laisser envahir par l’émotion.
-J’ai donc décidé de nous couper de Sitnalta définitivement afin de nous laisser une chance de nous en sortir. La ville a été mise en quarantaine par les autorités et il y a peu de chance que nous puissions y retourner dans un avenir proche. Depuis plus de vingt-quatre heures, plus aucune communication ne nous parvient. Il semblerait que nous soyons complètement livrés à nous-mêmes.
Le vieil homme enchaîna.
-En ce jour je prends donc officiellement le titre de « Roi » de ce qu’il reste de notre ethnie et mon nom de couronnement sera « Men-Ator », telle que le veut notre coutume.
« Vous n’avez pas le droit de faire ça ! s’insurgea un Atlante à sa droite, sortant brusquement de son hébètement avec trop de véhémence. Il faut faire des élections ! »
Aussitôt, quelques gardes fendirent la foule et vinrent sans ménagement procéder à l’arrestation du protestant.
L’Atlante hurla au scandale et une quantité d’autres voix s’élevèrent dans un brouhaha discordant. Mais une détonation fit taire tout le monde. Le protestant venait d’être froidement abattu par un des militaires. Le regard de Loumen se durcit.
-Toute rébellion sera écrasée sans ménagement. Je refuse qu’Apuchi soit une autre Sitnalta. Je serai sans pitié. Il nous faut survivre et pour ce faire, nous devons faire front commun. L’heure n’est plus à une pseudo-démocratie laxiste ! Je trouverai le moyen de nous faire traverser les siècles, je vous en fais le serment, mais vous devez me faire une confiance aveugle ! Ceux d’entre vous qui ne sont pas d’accord peuvent s’en aller, je ne retiens personne !
Menator jouait son joker, soit tout le monde s’inclinait, vaincu, soit la plupart quittait le navire. Mais il y avait fort à parier que le gros d’entre ses sujets n’oserait pas bouger le petit doigt. Il avait les militaires de son côté et les autres étaient une poignée de scientifiques peu préparés à d’éventuels conflits. Et puis, où auraient-ils été ? Dehors ? Le moindre Atlante se risquant à sortir de leur base aurait été rapidement fait prisonnier par une tribut locale pour finir de façon peu enviable, sacrifié à un dieu quelconque.
Plus personne ne protesta. Dans un silence glacial, les yeux se tournèrent vers le sol.
Les jeux étaient faits.
Satisfait, un léger rictus vint animer la commissure droite des lèvres du vieux scientifique.
A quelques pas, Kiémen avait pris la nouvelle comme une gifle. Son frère ne l’avait en rien tenu au courant de cette histoire. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il lança un regard désespéré à son jeune collaborateur qui le lui rendit. Ils cherchèrent des yeux le Lieutenant Zamis, espérant pouvoir trouver auprès du militaire quelques explications. Mais il avait été posté à l’autre extrémité de la grande salle, près des issues, sans doute avait-il reçu des ordres précis. Il avait le visage sombre et Kannan cru y déceler une vive inquiétude. Le généticien eut une amorce de mouvement en direction de son ainé, mais celui-ci ne lui adressa pas même un regard et, pivotant sur lui-même, la démarche difficile, il disparut, absorbé par un mur de gardes infranchissable.
Que venait-il de se produire ? Kiémen n’arrivait pas à trouver une base solide pour déposer ses pensées, les analyser calmement. Perdu, comme quasiment tout le monde certainement. Ne venaient-ils pas d’assister à un coup d’État ? Si c’était bien le cas, ils étaient en danger, lui, Kannan et tous les gens impliqués dans ses recherches. Son frère ne tarderait plus à contrôler absolument tout, insinuant la peur en chaque personne et ouvrant la porte à la délation. Discrètement, Kannan fit comprendre à son ami qu’il avait l’intention de descendre dans leur laboratoire. Il avait compris, lui aussi, ce que ce brusque événement impliquait. Il fallait qu’ils discutent au plus vite. Le jeune homme s’approcha de Kiémen tandis que tous, autour d’eux, commençaient à reprendre pied, lentement, dans un chuchotement grandissant et effaré.
-Je vais essayer de parler à Zamis, je vous rejoins en bas, glissa le jeune homme à l’oreille de Kiémen.
Le scientifique acquiesça en silence.
Ils se séparèrent, laissant leurs congénères remonter à la surface, lentement, après ce coup de massue.
Dès que ce fut possible, Kannan tenta d’approcher le Lieutenant Zamis. Ce dernier, avec quelques hommes en armes, empêchait toute retraite vers l’extérieur aux occupants de la base en condamnant une des principales issues. Quand il vit arriver le laborantin, il lui fit signe d’attendre et de se retrouver ailleurs. Le jeune homme comprit que la prudence était de mise et que le Lieutenant n’était pas maître de ses mouvements pour le moment. Kannan obtempéra. Nerveux, il sortit de la Salle du Cristal et gagna en toute discrétion les sous-sols de la base. Kiémen le précédait de peu.
-« Je ne retiens personne », ironisa Kannan d’un ton mauvais en paraphrasant Loumen tandis qu’il pénétrait, très remonté, dans le laboratoire sous-terrain. Tu parles ! Zamis et la plupart des militaires sont postés aux différentes issues comme des cerbères. Je serais bien étonné que quelqu’un puisse vraiment sortir, cracha-t-il.
Il se tourna, l’air ahuri et passablement énervé vers le généticien.
-Mais on vit quoi là ? C’est quoi ce délire ? Un virus… j’y crois pas une seconde ! Vous avez essayé de lui parler ? finit-il par demander en désespoir de cause après une avalanche de questions qui n’attendaient aucune réponse.
Mais Kiémen restait muet, la mine grave, les yeux tournés vers la petite salle plongée dans l’obscurité où H1 dormait depuis de longs mois. La grossesse était pratiquement arrivée à terme et ce qui aurait du être un immense bonheur serait entaché de façon indélébile par cet événement sans précédent. Dans son champs périphérique, il vit le laborantin s’approcher d’un ordinateur et tenter de se connecter au réseau mais, toute forme de communication avait été coupée avec la Capitale et ses efforts restèrent vains. Il le vit pester.
-Cet espèce de fils de pute complètement mégalo nous a coupé du monde ! s’emporta le jeune homme avant d’envoyer valser un dossier qui traînait là et qui fit les frais de sa colère.
-Vous m’écoutez ? s’en prit-il à Kiémen.
-Calme-toi, tâcha d’apaiser un peu le vieil homme.
-Me calmer ? C’est une blague ? Mais j’ai de la famille, moi, à Sitnalta ! Et je comptais bien les revoir un jour ! J’ai pas signé pour finir ma vie dans ce vieux volcan glauquissime ! Vous avez peut-être pris l’habitude, vous, d’être sous le joug de votre taré de frangin, mais pas moi !
Le laborantin s’en voulu dans la seconde d’avoir été si injuste et il aurait voulu pouvoir revenir quelques secondes en arrière pour effacer son dernier reproche, mais c’était trop tard. Heureusement, Kiémen était un homme qui avait appris à ne pas monter dans ses tours et à passer l’éponge sur bien des débordements. Il se contenta de lui sourire tristement, l’air résigné.
-On va trouver une solution, assura ce dernier.
A cet instant, leur attention fut attirée par la porte du sas principal qu’on ouvrait, grâce au code d’accès connu de peu. Le lieutenant Zamis pénétra dans la pièce. Empressé. Kannan parut brusquement soulagé en le voyant.
-C’est explosif là-haut, se contenta-t-il de dire.
-Mais enfin ! C’est quoi cette histoire ? Tu étais au courant ? Pourquoi t’as rien dit ?
-Je n’ai été mis au courant qu’il y a deux heures à peine et depuis, interdit d’entrer en contact avec qui que ce soit, se défendit-il. Loumen a bien préparé son coup.
-Mais, si les militaires n’étaient pas de son côté, rien de tout cela ne serait possible ! opposa Kannan.
-Les deux tiers partagent sa vision des choses, fit-il la voix étranglée.
Les deux scientifiques l’observèrent. Il avait l’air très ébranlé par les événements.
-Que s’est-il passé Lieutenant ? interrogea Kiémen.
Le militaire mit un temps avant de répondre.
-Ceux qui ont manifesté leur opposition ont tous été abattus sans sommation. Djetho et Kobias sont morts…
Kannan et Kiémen prirent l’information de plein fouet et Kannan qui s’était levé, se laissa retomber sur sa chaise, détruit. Djetho et Kobias étaient deux proches amis du Lieutenant qui faisaient partie de la poignée de personnes au courant du projet H1. L’étau se resserrait.
-Et… cette histoire de virus ? demanda Kiémen.
Zamis sembla revenir une seconde sur terre en entendant la question du vieil homme.
-Je ne sais pas, avoua-t-il. Je trouve l’hypothèse plausible quoi que peu probable. Je crois surtout que ça l’arrange bien de couper les ponts. On sait tous les trois qu’il ne supportait plus les incursions et la main mise de la famille Tiz-Altis sur ses travaux. De cette façon, il nous prend en otages et s’assure de mener sa barque comme il l’entend. Il a tout à y gagner ! On est tellement loin de tout, on peut supposer que personne ne viendra jusqu’ici pour venir voir ce qui se passe, pourquoi on ne donne plus signe de vie, et puis si ça se produit, l’envoyé sera sûrement « bien » accueilli.
Il se tut avant de conclure avec morgue.
-Reste plus qu’à espérer que Loumen ne fasse pas de vieux os !
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8) Fane absolue de la 1ère saison, certes imparfaite, mais avec tant de qualités qu'on peut lui passer beaucoup de choses !
Perso préféré : Calmèque, cherchez pas, mon psy a jeté l'éponge ! MDR

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Re: FANFIC : "Au-delà des Mers" - republication

Message par Anza »

Tu parlais de Covid avec les distances sociales et bien voilà : Madame est servie ! ;)
8) Fane absolue de la 1ère saison, certes imparfaite, mais avec tant de qualités qu'on peut lui passer beaucoup de choses !
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Re: FANFIC : "Au-delà des Mers" - republication

Message par Anza »

CHAPITRE 27

Quand les canons font plouf


Le neuvième boulet de canon fendit les airs et vint s’abîmer dans l’eau, à une quinzaine de mètres du Nazaré sous le regard médusé de l’entièreté de l’équipage. La panique, qui avait dans un premier temps animé le navire, avait à présent fait place à une circonspection difficilement descriptible. Les quelques minutes nécessaires entre deux tirs s’écoulèrent et une nouvelle salve fut ordonnée depuis les remparts du port Mahon. Une petite ville fortifiée, faisant office de capitale à l’île de Minorque. La trajectoire du projectile, à présent connue de tous, fut suivie par autant d’yeux que comptait la caravelle. Et… plouf !
Nos trois compères n’avaient pas encore ouvert la bouche et assistaient, dubitatifs, à leur agression minorquine.
– Madre de Dios, se lamenta Jiménez. Mais à quoi ils jouent ?
– Ôtez-moi d’un doute, commença Calmèque un poil sarcastique. Un canon, ça se règle, non ? On peut pas ajuster le tir quand on voit qu’on fait pas mouche ?
– Ils sont bourrés, je vois que ça, assura Jiménez.
– Ou ils n’ont pas envie qu’on approche, opposa Mendoza, les yeux fixés sur la côte, la voix songeuse.
– Franchement, j’espère que c’est ça ! assura Calmèque. Sans quoi ça expliquerait pourquoi votre civilisation stagne misérablement depuis des siècles…
Mendoza et Jiménez obliquèrent des yeux tous deux vers l’Olmèque, réprobateurs, et le petit homme fit mine de ne rien remarquer, un sourire narquois au coin des lèvres, mais depuis l’épisode du pari avec Erin, les deux navigateurs avaient tacitement accepté de faire amende d’honorable… du moins pour un certain temps. Aussi se turent-ils l’un et l’autre, même si l’envie de la répartie cinglante leur brûlait les lèvres. Mendoza inspira profondément avant de s’en retourner à ses réflexions.
Il vissa ses yeux sur les tourelles fortifiées du fort. Il devait s’être produit quelque chose de grave sur l’île pour que tout navire soit ainsi menacé du pire.
Encore quelques minutes.
– Jetez l’ancre ! ordonna-t-il brusquement.
L’ordre fut transmis et l’imposante amarre fut jetée à l’eau dans un bruit de chaîne et de craquement de bois.
Mendoza ne quittait pas l’île des yeux. Il attendait.
Aucun autre boulet ne fut envoyé et un silence prit possession des berges. Puis il se produisit ce à quoi Mendoza s’attendait, quelques âmes s’animèrent sur la jetée du port et un frêle esquif fut mis à l’eau.
– On va savoir…, lâcha-t-il.
Un seul homme à son bord, muni de rames, le marin remonta lentement avec sa barque jusqu’à atteindre une distance de respect de la caravelle, puis il ramena les rames à l’intérieur de l’embarcation et se leva. Mis ses main en cornet autour de sa bouche et cria aussi fort que ses poumons le lui permettaient.
– Qui êtes-vous et d’où venez-vous ?
Mendoza s’approcha du balustre de tribord et répondit de la même manière.
– Je m’appelle Juan Alejandro Mendoza Alvarez, je suis un ami du Comte Alazar y Carcaño. Nous avons passé plus de trois mois en mer et nous venons de Lima. Mon équipage et moi-même serions honoré de pouvoir accoster sur votre île afin de s’y ravitailler et de reprendre des forces.
L’autre se tut. Il les observait tour à tour, visiblement méfiant. Calmèque avait préféré rester en retrait, estimant qu’il valait mieux ne pas exposer sa tête étrange au premier abord.
Dans la barque, le marin prit son temps, comme estimant le pour et le contre. Il remit ses mains en porte-voix.
– Vous n’êtes pas passés par le continent ?
– Non ! répondit Mendoza d’une voix ferme. J’avais promis à mon ami de passer le voir dès mon retour et Minorque est notre première escale espagnole ! Que se passe-t-il ? finit-il par interroger, alors qu’il commençait à entrevoir le problème mais n’en laissait rien paraître.
Doucement ballotté par les flots, la petite barque ne mettait pourtant pas en péril l’équilibre du marin qui semblait avoir grande habitude. Il mit encore quelques instants avant de satisfaire la curiosité de son interlocuteur, cherchant des yeux une quelconque preuve de mensonge. Tendant l’oreille, dévisageant chaque passager. A part de l’étonnement, il ne discernait rien de symptomatique sur les visages de l’équipage de la caravelle et il se détendit progressivement.
– Vous n’avez aucun malade à bord ? s’inquiéta-t-il encore.
« C’était donc bien ça. » pensa Mendoza.
Il se voulu rassurant, comprenant les enjeux de toute cette mascarade.
– Non l’Ami, tout le monde se porte très bien. Tu as ma parole.
L’homme sembla réfléchir encore un peu.
– Je vais monter à votre bord pour m’en assurer, navré de devoir mettre votre parole en doute mais…
– Je comprends parfaitement, rassura Mendoza. Vous êtes mon invité, conclut-il en inclinant poliment la tête tout en faisant discrètement signe à Calmèque de se planquer quelque part. L’Olmèque prit une expression lasse et partit en direction des cales en traînant un peu des pieds.
« Et voilà, ma vie repasse en mode furtif… »
Le marin dans la barque se réjouit de la réaction du Capitaine et lâcha un pâle sourire de soulagement avant de se rassoir, de reprendre ses rames et d’amener son embarcation à hauteur de la caravelle. Il fut accueilli par Mendoza comme s’il avait été un personnage de marque.
– Je m’appelle Albañil, fit-il quand il fut sur le pont en tendant la main au maître des lieux.
Mendoza lui rendit une poignée franche et l’invita à lui expliquer la situation en lui faisant visiter son navire.
– Une épidémie de suette miliaire, lâcha enfin l’envoyé de l’île. Elle ravage tout le sud de l’Espagne depuis plusieurs semaines. Nous avons été épargnés et nous essayons de le rester.
– Je vois, fit Mendoza, le ton sombre.
La suette était une vraie plaie qui emportait la plupart de ses victimes et se propageait à la vitesse de la foudre.
Albañil voulu voir chaque personne et chaque cabine, guettant le moindre signe suspect, mais au bout d’une demi heure, il fut rassuré. Personne ne présentait aucun des symptômes caractéristiques. Bien au contraire, les gens de ce bateau paraissaient en parfaite santé et les lieux étaient tenus avec une rare propreté. Il fallait dire que Calmèque y était pour quelque chose et qu’il s’était employé à essayer de faire maintenir un minimum d’hygiène sur ce rafiot. Au début l’équipage avait un peu grincé des dents et puis finalement, nombre d’entre eux avaient fini par reconnaître qu’il était plus agréable de maintenir un endroit propre plutôt que de dormir dans sa merde.
Sur la fin de sa visite, Albañil était tellement soulagé qu’il ne demanda pas à voir les cales où l’Olmèque attendait la fin de son exile.
Ils remontèrent tous sur le pont et c’est, parfaitement apaisé que l’émissaire minorquin sortit un pavillon blanc de sa poche et l’agita à l’attention des remparts du port, signe convenu que tout allait bien.
Discrètement, Jiménez quitta la passerelle et gagna les profondeurs du navire tandis que Mendoza se chargeait des manœuvres maritimes et du protocole d’accostage.
Accompagné de bruits de pas, le petit escalier de bois, menant aux profondeurs, grinça, et la silhouette élancée de Jiménez se découpa dans la faible lumière des lieux. Un petit sourire facétieux se dessina sur son visage.
– Hey Cal ! T’es dans la cale ?
Et il rit seul de son jeu de mot facile.
– Faut vraiment que t’arrête l’humour Eugène… lâcha la voix toute proche et un peu agacée de l’Olmèque.
Jiménez sursauta et se retourna, découvrant le petit homme qui passait calmement devant lui.
– Je t’avais pas vu…
– Et oui… mi gargouille, mi ninja.
– Mi quoi ?
– Laisse tomber…
– Toi tu es de mauvais poil parce que tu dois te cacher…, constata Jiménez.
– Non ? Tu crois ?
Ils empruntèrent tous deux le petit escalier pour remonter à la surface.
– Une épidémie alors ? s’enquit Calmèque auprès du Second.
– Oui… apparemment. Mais l’île est sûre.
– Quelque chose me dit que ça va encore me retomber sur la gueule cette histoire...
Jiménez ne répondit pas, pas certain de comprendre où voulait en venir l’Olmèque. En même temps, quand il était de mauvaise composition et peu enclin à faire des efforts pour se faire comprendre, Calmèque utilisait souvent des mots auquel Jimenez ne saisissait pas grand-chose, aussi s’était-il habitué à se faire une idée globale sans trop chercher à chipoter sur les détails, surtout quand l’autre n’était pas à prendre avec des pincettes, comme en cet instant.
– Le gars n’est plus à bord je suppose ?
– Non, il reprenait sa barque en sens inverse quand je suis descendu te chercher.
Calmèque soupira en remontant, visiblement très contrarié.
Jiménez trouva étrange qu’il se formalise autant pour cette histoire de cale. Il devait y avoir autre chose. Quand à l’épisode avec Erin, ils s’étaient largement « expliqués » la veille.
Il fit la moue puis haussa les épaules et récupéra son air habituel de statue humaine découpée au silex, il comprendrait peut-être plus tard.
Ils gagnèrent le pont et vinrent à la rencontre de Mendoza qui était aux commandes, majestueux derrière sa barre. Il adresse un regard rapide à ses deux comparses avant de se re-concentrer sur leur entrée dans le port, puis sans crier gare, il se tourna vers Jiménez.
– Tu nous mets pas trop enclavé qu’on puisse rapidement partir toutes voiles dehors si nous devions prendre la fuite le cas échéant, précisa-t-il en faisant comprendre à son Second qu’il le laissait maître de la suite des opérations. Puis il obliqua vers l’Olmèque.
– Nous faut qu’on parle !
Ils descendirent au calme dans la cabine de poupe.
Quand ils furent seuls, Calmèque se mit directement sur la défensive.
– Mettons les choses au point ! Je n’ai que cinq litres de sang, je dois en garder un peu pour moi alors NON ! Je ne peux pas immuniser tout l’équipage !
Mendoza s’assit à demi sur la table de la cabine et croisa ses bras très calmement, un air à la fois surpris, impressionné et amusé sur le visage.
– Intéressant, lâcha-t-il laconiquement. Tu pourrais faire ça ?
Calmèque ne put cacher un léger tressaillement.
« Oupsss »
Et il réalisa, dépité, que jusqu’à cette seconde, cette possibilité n’avait même pas effleuré l’esprit de l’Espagnol et qu’il avait donc manqué une bonne occasion de se taire. Comment se passer, soi-même, la corde autour du cou ?
Maintenant, il fallait réussir à noyer le poisson. Mais face à un finaud comme Mendoza, c’était pas gagné.
– Bah…, fit-il l’air de pas y toucher, je viens de vous dire que non.
Et le regard de l’Olmèque se fit fuyant, cherchant un élément du décor qui pourrait lui servir de bouée de sauvetage.
– Oui mais pour combien de personnes « ce ne serait pas possible » ? insista un peu lourdement l’Espagnol, une soudaine mine étrange vissée au visage.
Calmèque soupira, vaincu. Il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même et l’agacement du début faisait à présent place à l’abattement.
– Je sais pas, finit-il pas répondre.
Il voulu rajouter quelques chose, mais renonça. Il avait l’impression que tout ce qu’il pourrait dire finirait par se retourner contre lui. Il préféra ne pas aggraver la situation.
Mendoza eut un petit sourire énigmatique et esquissa une moue à la signification sibylline avant de se saisir de quelque chose sur la table et de le lancer sans animosité en direction de son interlocuteur. Calmèque eut à peine le temps de voir arriver l’objet dans sa direction et de le rattraper au vol, interloqué.
– C’est pas de sang dont je voulais te parler, quoi que je garde cette info dans un coin de tête, ça peut servir. Mais je voulais te parler de ça, pointant l’objet du menton, il avait déjà recroisé ses bras sur son torse.
Calmèque observait ce qu’il avait entre les mains. C’était un livre, épais, couverture sombre avec une inscription devenue illisible, effacée par le temps et les manipulations. Il l’ouvrit et le parcourut distraitement, sans chercher à comprendre.
– T’en es où dans l’apprentissage de notre système d’écriture ? l’interrogea Mendoza. Ce dernier savait qu’il avait continué à s’exercer de son côté pour passer le temps.
L’Olmèque prit un air détaché.
– Ca va…
En fait ça allait très bien, l’écriture utilisée par les Européens était très facile à maîtriser.
Mendoza sourit de ce petit sourire entendu qui lui était propre et qui voulait dire « Puisque nous savons tous deux ce que nous savons que nous savons… passons à la suite. »
– Je veux que tu lises ça ! ordonna-t-il.
Calmèque ne cacha pas son manque d’enthousiasme.
– Ne le prenez pas mal Mendoza, mais si c’est votre journal intime, ça m’intéresse moyen…
Le Navigateur laissa s’échappé un petit rire amusé. Avant de redevenir plus sérieux, presque solennel.
– C’est la Sainte Bible Calmèque…
Le petit homme faillit s’étrangler.
– Quoi ? Vous voulez que je lise le tissu d’inepties qui est le fondement de votre religion débile ?
Dans la foulée, il ouvrit l’ouvrage et en tourna les pages en rafales.
– Et c’est tout en Latin en plus !
– Un nouveau défit ! Ca devrait t’amuser !
– Non ça m’amuse pas ! Vous plaisantez j’espère?
– Pas du tout !
Mendoza se leva et se dirigea vers la porte, signe que la réunion était terminée.
– Et interdiction de descendre de ce bateau tant que je ne t’en donne pas la permission, ajouta-t-il sur un ton qui se voulait sans appel.
Calmèque resta médusé, le livre entre les mains et Mendoza le planta là en quittant lentement les lieux, se remémorant une partie de leur conversation volontairement à haute voix.
– Intéressant cette histoire de sang… vraiment…
Puis il ajouta alors qu’il était déjà à quelques mètres.
– Et pour ta gouverne, notre civilisation ne stagne pas misérablement depuis des siècles !...

Une épidémie de suette, cette simple nouvelle avait glacé Erin d’effroi. Cette maladie avait fait des ravages dans son pays à plusieurs reprises et cette saloperie avait emporté sa grand-mère bien des années plus tôt, la privant de la seule personne de sa famille auprès de laquelle elle se sentait comprise. Sa mort avait laissé à jamais un énorme vide dans son cœur. Et puis il y avait eu cette dispute stupide au sujet de ce pari… elle détestait les disputes. Elle soupira et une profonde tristesse assombrit son visage, d’habitude si insouciant, et ses pensées et ses regrets vinrent happer sa joie de vivre pour un moment. Son violon était posé sur sa couche, tout près d’elle et comme incapable de gérer son émotion autrement, elle le porta à son épaule et se mit à faire pleurer son instrument de façon tellement triste que n’importe quelle âme en aurait été bouleversée. La plainte monta jusque sur le pont et chacun se figea un instant. Tous avaient perdu à un moment de leur vie un être cher, emporté par la maladie ou la malchance, tous avait des blessures et des regrets et tous pouvaient ressentir la douleur de l’instant. Le navire entrait en rade, glissant lentement sur les eaux claires, des marins venaient à leur rencontre pour aider à accoster et amarrer l’élégante caravelle. La complainte devint un élément du décor et s’imprima à jamais dans les esprits de tous, à la fois triste, immuable et magnifique.
Marinchè était là, aussi belle qu’à son habitude, vêtue simplement mais pas trop, un savant mélange de nouveau monde et d’ancien. Elle avait su tirer le meilleur profit des quelques vêtements offerts par les femmes de La Myrta et de quelques autres prêtées par Catherine, elle savait se mettre en valeur, y’avait pas à dire. Son attention était focalisée sur son ami Olmèque dont le regard s’était porté vers les cabines dès l’instant où les premières notes de violon leur étaient parvenues. Il ne fallait pas être devin pour voir qu’il ne vivait pas bien la situation et qu’il faisait au mieux pour ne pas y penser, quand c’était possible, mais là…
Elle s’approcha sans précipitation, avec beaucoup de dignité.
– Tu devrais aller la voir, dit-elle simplement en arrivant à sa hauteur.
– C’est ça oui, grogna-t-il. Qu’elle aille au diable !
– Stupide ! assena-t-elle sans équivoque. Vous êtes comme ça, vous, les hommes, vous passez votre temps à faire exactement l’inverse de ce que vous avez envie de faire, juste par orgueil… Vous avez l’orgueil-idiot chevillé au corps et la taille des oreilles n’y change visiblement pas grand-chose !
Calmèque se renfrogna un peu, estimant qu’il était dans son bon droit et peu disposé à se faire faire la morale.
– J’ai des circonstances atténuantes.
– Oui, concéda-t-elle d’une voix douce. Mais n’oublie jamais que des « Erin » il n’y en a pas cinquante et que parfois ravaler son orgueil peut aider à ne pas passer à côté de l’essentiel ! Personne n’est parfait Cal. Personne.
Et sur ce, elle le laissa tranquille et gagna la passerelle qui était placée, en ce moment-même, entre le navire et le quai. Elle avait hâte de refouler la terre ferme ! Ces longs mois en mer l’avaient rassasiée de l’eau pour un moment !
L’équipage plaça la passerelle de bois et les uns après les autres, sous les regards de Mendoza et Jiménez, descendaient avec bonheur. Quand tous eurent à peu près quitté le navire, Mendoza fit signe à Calmèque de venir le rejoindre pour lui adresser une dernière recommandation.
– La Comtesse semble ne pas vouloir descendre, je m’en doutais. Garde-un œil sur elle, elle ne m’inspire pas confiance.
– Comme ça on est deux, avoua l’Olmèque qui trouvait depuis le début que la comtesse avait quelque chose de dérangeant.
L’Espagnol fit mine de s’en aller, mais se ravisa une seconde pour ajouter une dernière chose.
– Et bonne lecture !
Calmèque fit la grimace.
– Non mais vous déconnez… c’est vraiment nécessaire ?
– Oh que oui ! Il faut que tu saches contre quoi tu risques d’avoir à te défendre. Il faut connaître son ennemi mieux que ses amis Calmèque, on ne t’a pas appris ça ?
– Un résumé dans une langue que je comprends, et je vous vénère jusqu’à la fin de ma vie ! tenta-t-il de négocier.
L’espoir d’esquive du petit homme fit sourire notre Navigateur et il s’en fut pour de bon en secouant la tête négativement. Toujours content de pouvoir l’asticoter un peu !
Au loin, derrière les éclats de voix du port qui avait repris vie, on entendait toujours le violon d’Erin, plus déchirant que jamais. Calmèque repensa aux paroles de l’Indienne. Il faudrait qu’il médite là-dessus. Mais pour l’heure, c’était trop tôt, trop frais, trop humiliant… enfin, c’est comme ça qu’il l’avait vécu. Et il serra les dents et partit en direction de la cuisine. Il avait un petit creux.
Ortega avait été un des premiers à toucher terre et la cuisine était déserte. Calmèque laissa errer son regard de-ci de-là à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent. Son choix s’arrêta sur une fin de « jamón serrano » maintenu sur un porte-jambon dont il entreprit de se découper quelques tranches. Ca ferait l’affaire. On pouvait leur reprocher beaucoup de choses, mais ces Espagnol produisaient la meilleure viande salée qui lui ait été donné de gouter dans toute sa vie ! Un délice ! Avec un morceau de pain sorti du four le matin-même et ça valait tous les plaisir du monde !
Il savourait son petit en-cas quand une fugace odeur désagréable vint lui gâcher son plaisir. Il s’interrompit, se concentra sur les odeurs alentour, plus rien… peut-être Ortega avait-il fait tomber un petit morceau de viande quelque part qui était occupé à mal tourner… et comme l’odeur ne réapparût pas, il laissa tomber. Il n’avait pas envie de se mettre en chasse après un bout de nourriture avariée. Il le signalerait à Ortega et puis c’est tout. Chacun son boulot. A cette pensée, il lui revint à l’esprit qu’il allait devoir se taper plus d’un millier de pages d’âneries en Latin. Et il souffla de lassitude rien qu’à l’idée. Au loin, il entendit le violon d’Erin qui venait de se taire. Il avait espérer que l’épaisseur de la paroi du four de la cuisine lui permettrait de ne pas trop entendre l’instrument de la Rousse, mais peine perdue…
Encore aurait-il fallu qu’il arrive à ne pas y penser…
Re-peine perdue…
« Pourvu qu’elle ne reste pas sur le bateau… »
La perspective d’un tête-à-tête forcé ne l’enchantait guère.
Il s’accorda encore quelques minutes avant de décider de retourner à la cabine de Mendoza pour récupérer le maudit bouquin qu’il avait laissé sur la table avant de sortir, espérant qu’il s’était agit d’une mauvaise plaisanterie du Navigateur.
Au moment où il sortit de la cuisine, il s’immobilisa. A quelques mètres de là, Erin s’apprêtait à prendre la passerelle pour quitter le bateau. Trop tard, elle l’avait vu. Ils s’observèrent comme des chiens de faïence durant des secondes qui parurent interminables. Puis elle détourna la tête avec une pointe de dédain, visiblement peu disposée à débrayer la première. Et elle descendit du navire sans plus un regard.
Comme ça, c’était clair !
Modifié en dernier par Anza le 08 juin 2021, 12:02, modifié 1 fois.
8) Fane absolue de la 1ère saison, certes imparfaite, mais avec tant de qualités qu'on peut lui passer beaucoup de choses !
Perso préféré : Calmèque, cherchez pas, mon psy a jeté l'éponge ! MDR

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Re: FANFIC : "Au-delà des Mers" - republication

Message par TEEGER59 »

Impressions et corrections.

CHAPITRE 26.

Le cancer s’était métastasé dans son foie...
:Menator: : Je serai sans pitié. :arrow: On a pu le constater!
:Menator: : Je trouverai le moyen de nous faire traverser les siècles... :arrow: Pari réussi quand on sait que pépé Loumen à 12000 ans! :lol:
:Menator: : Ceux d’entre vous qui ne sont pas d’accord peuvent s’en aller, je ne retiens personne ! :arrow: Mais dehors les Romanos!
Le moindre Atlante se risquant à sortir de leur base aurait été rapidement fait prisonnier par une tribu locale pour finir de façon peu enviable, sacrifié à un dieu quelconque. :arrow: Sort peu enviable, en effet.
-Cet espèce de fils de pute complètement mégalo nous a coupé du monde ! :arrow: :x-): Non mais quel langage, ces Olmèques!
-Vous avez peut-être pris l’habitude, vous, d’être sous le joug de votre taré de frangin, mais pas moi ! :arrow: Taré! Ce n'est pas peu dire!
-Ceux qui ont manifesté leur opposition ont tous été abattus sans sommation. Djetho et Kobias sont morts… :arrow: Je ne comprends rien à la politique de Ménator! Il veut sauver son peuple mais exécute le peu de ressortissants encore "vivants".
-Reste plus qu’à espérer que Loumen ne fasse pas de vieux os ! :arrow: Tu m'étonnes, Simone! Hélas, ce ne sera pas le cas...

Toujours intéressante, la Génèse des Olmèques...

CHAPITRE 27.

Et… plouf ! :arrow: :x-): Dans le c**, la balayette (et pour Manonellemende: le manche et l'étiquette avec!)
... les deux navigateurs avaient tacitement accepté de faire amende honorable… du moins pour un certain temps.
:Mendoza: : Je m’appelle Juan Alejandro Mendoza Alvarez... :arrow: Ah bon!?!
Calmèque avait préféré rester en retrait, estimant qu’il valait mieux ne pas exposer sa tête étrange au premier abord. :arrow: Sage décision.
... nombre d’entre eux avaient fini par reconnaître qu’il était plus agréable de maintenir un endroit propre plutôt que de dormir dans sa merde. :arrow: Pour sûr!
Sur la fin de sa visite, Albañil était tellement soulagé qu’il ne demanda pas à voir les cales où l’Olmèque attendait la fin de son exil.
– Hey Cal ! T’es dans la cale ? :arrow: :x-): Toujours aussi comique, le Jiménez!
-Quelque chose me dit que ça va encore me retomber sur la gueule cette histoire... :arrow: C'est Calmilero! :lol:
:Mendoza: : Nous faut qu’on parle ! :arrow: Ho, ho! Ça va ch***!
Mais face à un finaud comme Mendoza, c’était pas gagné. :arrow: Et ouais! Non seulement beau mais ayant un cerveau! :lol:
– Ne le prenez pas mal Mendoza, mais si c’est votre journal intime, ça m’intéresse moyen… :arrow: :x-): Parle pour toi, la crevette! Moi, ça m'intéresse!
Toujours content de pouvoir l’asticoter un peu ! :arrow: Pour mon plus grand plaisir!
Un délice ! Avec un morceau de pain sorti du four le matin-même et ça valait tous les plaisir du monde ! :arrow: Tu me donnes faim! Comme quoi, c'est très bien écrit!
Comme ça, c’était clair ! :arrow: Aïe, aïe, aïe! La suite au prochain chapitre.

... mais la partie "voyage " a ma préférence. Que va-t-il se passer à terre, maintenant?
Modifié en dernier par TEEGER59 le 24 janv. 2021, 22:52, modifié 1 fois.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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