"Sa Machine Ailée" et autres histoires

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EstebanxZia
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par EstebanxZia »

Votre histoire est trop bien j’ai hâte à l’an suite !
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EstebanxZia
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par EstebanxZia »

Omg l’histoire est tellement bien faite. Je l’ai vraiment aimer es ce que vous pouvez faire une suite pour le dernier chapitre svp j’ai vraiment hâte

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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Sandentwins »

Akaroizis a écrit : 23 oct. 2019, 00:51 La problématique et l'histoire du poignard du "Héros" m'a fait un peu penser au 'subtle knife', des livres de P. Pullman. ;)
Tu connais les bons bails ;) Par contre pas de dimensions parallèles dans cette histoire, c'est un peu trop far-fetched pour le coup. à moins que...?
EstebanxZia a écrit : 24 oct. 2019, 02:10 Omg l’histoire est tellement bien faite. Je l’ai vraiment aimée est-ce que vous pouvez faire une suite pour le dernier chapitre svp j’ai vraiment hâte
Mais oui, mais oui, t'en fais pas. Il y a une suite, je ne m'arrête pas là, et t'facons quand j'aurai fini je le dirai. Merci de ta lecture, ca fait plaisir!

Par contre, j'hésite un peu. Si la Team Condor doit revisiter les Cités, est-ce que vous les lecteurs préférez un seul long chapitre de sept scénettes, ou bien sept chapitres plus courts et plus détaillés? L'un comme l'autre ca me va, c'est à vous et votre confort de lecture que je demande.


En attendant, prenez donc un petit fanart, parce que j'aime bien l'idée et je sais pas si je vais l'explorer plus en détail dans le texte.
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Sandentwins »

Vous avez voté et ce sera: sept chapitres courts. Moi ca m'arrange en fait.


:condor: Chapitre 6: Quand la Terre s'Effondre :condor:

« Prête? »

« – Prête. »

Esteban et Zia se regardèrent, et comptèrent à voix basse. À trois, ils enfoncèrent les pièces de leurs médaillons dans les encoches, et l'espace d'un instant, la terre trembla.

Rien ne se passa. Le paysage autour d'eux continuait d'exhiber ses airs de terre dévastée, de lande détruite par une catastrophe naturelle. Mais Zia était formelle: juste en dessous d'eux, quelque chose bougeait. Un mécanisme s'enclenchait dans la roche.

Et puis, au bout d'une attente qui leur sembla interminable, la lourde porte s'ouvrit, révélant un passage descendant dans la terre. Les enfants s'échangèrent un regard, et d'une décision commune, empruntèrent les marches de pierre. La porte se referma derrière eux au bout de quelques pas, les laissant dans l'obscurité; mais celle-ci ne dura pas, car de faibles lumières s'allumèrent tout le long du couloir, leur montrant la voie.

Tout avait visiblement changé. Plus de tours dorées ni de temples pavés de soleil pour les accueillir; à première vue, on aurait pu croire que la Cité d'Or s'était définitivement perdue. Et les enfants l'avaient également cru, car ils ne savaient pas quoi croire d'autre. Heureusement, la vérité savait se montrer à qui la cherchait suffisamment, et après quelques fouilles de l'endroit où la Cité se dressait jadis, ils avaient réussi à trouver ce passage secret.

Les escaliers formaient une pente ardue qui n'en finissait pas. Esteban sentait ses pieds protester, d'autant plus qu'ils avaient dû beaucoup marcher pour retrouver cet endroit soigneusement dissimulé. Au moins ils n'étaient pas dans l'obscurité totale, et il n'y avait pas de chauves-souris. Pas un signe de vie en vue, et il ne savait pas s'il devait s'en rassurer ou s'en inquiéter.

« Et s'il n'y avait plus rien? », demanda-t-il, l'anxiété parlant pour lui. « Si on ne trouve que des ruines? »

« – Alors on saura à quoi s'en tenir. Mais il nous faut essayer tout de même. »

Ils devaient essayer, bien entendu...mais ça n'en restait pas moins une expérience étrange. Qui aurait cru qu'ils retourneraient un jour sur ces lieux dont ils n'espéraient plus rien? Qu'ils retraceraient leurs propres pas depuis leur départ du Nouveau Monde, vers ce trésor que tout le monde croyait disparu? Lui-même ne s'y serait jamais attendu; c'était là la preuve que leur périple leur réservait encore bien des surprises.

Au bout d'un temps, les escaliers se firent moins raides, moins nombreux. Les murs d'orichalque terni arboraient les premières gravures décoratives, les premiers signes de leur objectif. Touchaient-ils enfin au but? Esteban surprit son cœur à battre plus vite, ses mains à trembler. La lumière s'allumait au fur et à mesure de leur avancée dans ces catacombes, et il redoutait ce qu'elle leur montrerait. Les pensées les plus folles lui vinrent en tête: et s'ils trouvaient là les restes d'un quelconque explorateur enfermé dans ces souterrains? S'ils tombaient dans un piège qu'ils n'auraient pas vu venir? Si les murs se refermaient soudainement sur eux et les écrasaient vivants? Il ne savait plus à quoi s'attendre, et se tournait naturellement vers le pire, tant et si bien que la main de Zia sur la sienne le fit sursauter brusquement.

« ...toi aussi, tu as peur? »

Esteban acquiesça, ne sachant pas quoi dire. Les doigts de Zia se serrèrent autour des siens, et il lui rendit ce geste, trouvant un peu de réconfort dans ce sentiment désormais commun. Il sentit qu'elle tremblait légèrement, elle aussi, et l'envie lui vint de la rassurer; mais pour cela faudrait-il encore qu'il soit en état de le faire. Il se contenta donc de suivre ses amis, gardant le silence et essayant de calmer ses pensées.

Un bruit leur parvint alors de l'autre bout du couloir. Esteban leva la tête, s'attendant au pire; mais un éclat vert lui indiqua que ce n'était que Pichu qui revenait vers eux.

« Cité d'Or, Cité d'Or! », pépia-t-il. « Cité d'Orrrr!! »

« – Vous entendez ça? », fit Tao. « On est tout près du but! Venez vite! »

Il prit l'autre main d'Esteban, et se mit à courir, emporté par son excitation. Et ses amis ne purent que le suivre, essayant de le rattraper pour ne pas tomber.

Lui aussi tremblait. Esteban se demanda ce qui pouvait se passer, mais se rendit alors compte au fur et à mesure de sa course que tout autour tremblait. Le sol, les murs, même la lumière vacillaient, comme le Condor au décollage. Seraient-ils prisonniers d'un tremblement de terre?! Ce fut sa première pensée, mais il se dit que Zia aurait alors réagi, qu'elle les aurait prévenus. Or, elle avait l'air tout aussi enjouée que Tao, ce qui voulait dire qu'il n'y avait là rien de dangereux. Esteban essaya de s'en convaincre, courant avec eux, guidé par les lumières murales jusqu'au bout du couloir.

Jusqu'à la grande porte d'or, qui s'ouvrit devant eux pour révéler un spectacle des plus familiers.

« On y est... »

C'était comme si elle n'avait pas bougé du tout. Dans le cocon de terre qui la maintenait hors des yeux du monde, la Cité d'Or se dressait devant eux, s'allumant progressivement comme si elle revenait à la vie. D'ici, Esteban avait une vue absolument magnifique des tours d'or, des temples, des rues pavées d'orichalque scintillant sous la lumière des cristaux qui surgissaient de part et d'autre comme un ciel étoilé. Au-dessus de leurs têtes, le dôme d'or était intact, recouvrant ce paysage d'un ciel de métal qui reflétait les milles lumières des murs et des toits; un ciel qui ne portait pas le soleil, mais qui n'en avait nul besoin.

Devant eux, tout autour d'eux, Tseila se révélait à leurs yeux ébahis, comme si elle n'avait jamais disparu.

« Elle n'est pas prisonnière de la terre. », murmura Zia. « Elle en fait partie. »

Et elle était tout simplement magnifique, pensa Esteban.

Toutefois, il leur fallut s'arracher de cette contemplation, pour redescendre au sol. En se retrouvant ainsi dans ces rues pavées d'or, Esteban se souvint de tant de choses, pas toutes heureuses mais si vives. Ça lui semblait si proche, et en même temps si distant, qu'il ne saurait dire depuis combien de temps ils en étaient partis pour la dernière fois.

« Ça doit faire...des mois qu'on ne l'a pas revue. », s'essaya-t-il.

« – Deux ans. », le corrigea Tao. « À quelques mois près, mais...c'est quand même pas rien. »

Si longtemps!? Esteban s'en surprit lui-même; le temps passait si vite… Il avait l'impression que hier encore, il n'était qu'un moinillon avide d'aventures et de légendes maritimes. Et pourtant, tant de choses s'étaient passées qu'il en perdait le fil.

Il secoua la tête, chassant ces pensées. Il n'avait pas besoin d'y réfléchir, et puis il avait autre chose à faire. Il se tourna vers ses amis.

« Et maintenant? »

« – Maintenant, on explore. Il y a forcément quelque chose que l'on a manqué lors de notre première visite. Ces Cités sont immenses, elles recèlent tellement de secrets qu'un seul jour ne suffirait jamais pour les déceler. »

Esteban regarda autour de lui, contempla ces immenses temples en briques dorées.

« Ce qui veut dire qu'on a pas mal de pain sur la planche. Je pense qu'on va devoir se séparer. »

Une perspective peu alléchante, mais dont il leur faudrait user s'ils ne voulaient pas rester ici des semaines durant.

« Je vais aller voir la bibliothèque. », dit Tao. « S'ils ont des copies de tous les anciens ouvrages du monde, alors il doit forcément y avoir quelque chose qui m'aidera à décoder le Livre des Cycles. »

« – Quant à moi, je vais voir la salle du trône. », continua Zia. « J'ai un bon pressentiment. »

« – Très bien. On se retrouve à l'entrée d'ici... »

Il regarda autour de lui, et s'aperçut que sous terre, ils n'auraient aucun moyen de voir le temps passer. Pas de soleil, pas d'étoiles, pas même de sablier. Il fit une moue dépitée.

« ...j'aimerais tant que Karsha soit là. », soupira-t-il. « Lui au moins sait toujours quelle heure il est. »

Zia eut un petit sourire.

« Allons, Esteban. N'oublie pas ce qu'il a dit: les dons de son peuple sont les mêmes que les tiens. Tu peux le faire aussi, en théorie. »

Il haussa les épaules, et essaya sans grande conviction de repérer la position du soleil même à des lieues sous terre. Et comme il s'y attendait, il n'y arriva pas.

« En théorie. », soupira-t-il. « Disons qu'on se retrouve dès qu'on aura trouvé quelque chose d'intéressant. On n'aura qu'à le crier; avec tout cet écho, on s'entendra forcément. »

« – Ça me semble correct. »

« – Qu'est-ce que tu comptes aller voir en premier? »

« – ...je ne sais pas vraiment. Disons que je verrai bien. »

S'il n'avait pas de plan, il n'aurait pas de mauvaises surprises. Zia et Tao n'eurent pas l'air très convaincus, mais n'en dirent rien, et se mirent en route. Quant à Esteban, il prit une direction au hasard, et descendit la rue dorée.

Quelle ironie du sort. Il avait voulu faire tant de choses lors de sa première visite de la Cité d'Or, et maintenant qu'il l'avait à sa disposition, il ne savait pas quoi faire. Mais les circonstances étaient différentes, et son état d'esprit avait beaucoup changé entre temps: là où il n'aurait autrefois vu que de l'or et des mystères, il voyait désormais des réponses à ses questions qui se cachaient comme des lézards dans l'herbe.

Longeant un mur, il laissa ses doigts caresser les pierres scintillantes, si lisses au toucher. Que les marins de Barcelone n'auraient-ils pas donné pour pouvoir se trouver ici-même, et avoir une telle chance! Une seule de ces briques leur apporterait richesse et renommée, et il y avait dans cette Cité plus d'or encore que dans les coffres du roi d'Espagne. Esteban se laissa séduire un instant par la pensée d'une telle fortune, s'imaginant duc ou prince de son propre royaume, avant de revenir à la raison. Ce n'était nullement de l'or qui pavait ces rues, n'en déplaise aux hommes cupides comme le seigneur Jabbar; de plus, il ne saurait jamais dépenser une telle richesse, lui qui avait ses habitudes d'ascète. Il donnerait tout aux pauvres et aux nécessiteux, gardant tout juste assez pour vivre confortablement. Sans doute serait-ce le meilleur usage possible de cet or.

« ...mais qu'est-ce que je raconte? », se dit-il soudainement.

Heureusement que personne ne pouvait entendre ses pensées, sinon quoi on l'accuserait bien vite de penser comme un Espagnol. Cet or ne lui appartenait certainement pas, d'où se permettait-il de le dépenser ainsi? Il eut honte de lui-même, se sentant rabaissé au niveau de Gomez, Gaspard ou des autres qui n'avaient pas plus d'aspiration que l’appât du gain.

Soupirant, il éloigna sa main du mur, et regarda au détour d'un croisement. Tous les bâtiments se ressemblaient tant, si ce n'était pour les glyphes obscurs qu'ils arboraient sur leurs façades. Des inscriptions semblables à celles des codex incas qu'ils avaient trouvés il y a si longtemps, et dont il ne pouvait pas déchiffrer le sens. Il entra dans une petite bâtisse au hasard, et n'y trouva rien que des blocs d'orichalque de différentes formes. Du mobilier, peut-être? Il haussa les épaules, et poursuivit son exploration.

Le peuple de Mu avait des goûts étranges en matière d'aménagement. Toutes ces maisons avaient l'air habitables à première vue, mais un coup d’œil plus approfondi montrait que ce n'était qu'une impression. Elles étaient plus ou moins vides, meublées du strict minimum, décorées sommairement. Au bout d'un moment, Esteban prit un tout petit peu de hauteur, afin d'avoir une meilleure vue de la Cité; un rapide calcul lui montra que si toutes ces constructions étaient de la même fabrique, Tseila pourrait accueillir en son sein près d'un millier de personnes. De façon temporaire, sans doute, car si la Cité ne manquait pas de lumière ni d'énergie, ses habitants ne dureraient guère sans nourriture ni notion du temps; l'air était probablement limité sous terre, et un test rapide lui affirma que ces blocs d'orichalque n'étaient guère de confortables lits.

Au moins en avait-il appris quelque peu, aujourd'hui. Tao était sûrement plongé dans des livres rarissimes, Zia occupée à retracer son héritage de Princesse, Pichu à être adorable; et quant à lui, il s'improvisait inspecteur du bâtiment et errait sans but dans les rues. Quelle noblesse, vraiment!

Il soupira, se rassit sur sa couchette improvisée, et s'affaissa quelque peu. Il savait bien que les réponses qu'il cherchait ne lui tomberaient pas dessus comme ça...mais quand même, il aurait bien voulu qu'on lui donne quelques indices. Qu'on lui dise que faire, où regarder, qu'on ne le laisse pas livré à lui-même et à ses milliers de questions qui refaisaient surface dans son esprit.

« Au moins...on sait que rien ne disparaît jamais vraiment. », se dit-il.

Il voulait essayer de se rassurer, de se convaincre que la ville des abysses n'était pas perdue. Karsha et les siens étaient toujours vivants. Peut-être étaient-ils revenus à leurs habitudes, à leur mode de vie submergé. Peut-être même avaient-ils retrouvé le Kalium grâce à sa clé, et avaient-ils réussi à escorter les rescapés vers la surface. Peut-être qu'Esteban les retrouverait, et réussirait à prouver qu'il était bel et bien un héros.

Prouver à qui? Il ne le savait pas, et n'avait pas envie de savoir. Il devait le prouver, c'est tout. Le reste n'était que détails.

Il se releva, se décidant d'aller explorer un peu plus. Au dehors, rien n'avait visiblement changé, mais Esteban avait l'impression qu'il y avait quelque chose de différent. Est-ce...est-ce que les lumières du ciel se déplaçaient comme le soleil? Ce n'était pas improbable. S'il avait plus de temps sous la main, il aurait définitivement envie de le vérifier. Mais il semblait bien que la Cité ne soit pas d'humeur à se refermer subitement, ce qui était une bonne nouvelle pour une fois.

Il continua donc sa marche, guidé par un instinct qu'il ne comprenait guère. Aucune voix ne venait portée par l'écho, ce qui signifiait qu'il avait encore tout le temps de fouiller à sa guise. Et c'est ce qu'il fit pendant un temps, sans trop de pensées en tête; mais il sentit alors quelque chose qui attira son attention.

Un bruit. Un faible ronronnement, comme celui du Grand Condor. Il haussa un sourcil, et essaya d'en trouver la source, se repérant à l'oreille malgré l'écho. Et au bout d'un moment, il tomba sur quelque chose qu'il ne pensait pas voir de sitôt.

Une fissure dans le mur qui entourait la Cité d'Or s'étendait sur plusieurs mètres de hauteur, formant une ouverture assez large pour y ramper. Esteban s'approcha, et entendit le bruit venir de là-dedans. Se risquerait-il à y pénétrer? Il regarda derrière lui, et voyant que personne ne se précipitait sur lui pour l'en empêcher, il prit une profonde inspiration et se fraya un passage dans la faille.

Ce n'était pas tant un tunnel creusé par une main humaine, qu'un espace naturel entre de larges roches. Il avait du mal à s'y avancer, et plus d'une fois il se crut coincé entre les pierres, mais il tint bon et progressa peu à peu, s’enfonçant plus loin dans la terre. Le bruit se faisait plus fort, et s'accompagnait désormais d'une chaleur étrange. Étouffante.

Lorsque Esteban parvint au bout de son exploration, il transpirait de toutes parts. L'air était rare dans cette galerie, mais il arrivait à voir; quelque chose émettait de la lumière. Il continua de ramper, respirant lentement pour ne pas épuiser l'air, et se prépara au pire; mais au détour d'un coude de roche, il se retrouva face à quelque chose qu'il n'avait jamais vu, mais reconnut aussitôt.

Le réacteur solaire.

Il était toujours actif, brillant d'une lumière bleue artificielle et émettant une chaleur si forte qu'il faillit s'évanouir. Mais aucune odeur suspecte ne trahissait la présence de gaz toxique, et sa peau ne fondait pas; toutefois, il resta sur ses gardes alors qu'il s'approchait, rampant dans la cavité creusée par la folie de cette même machine il y a deux ans de cela. La roche tout autour de l'appareil était fondue, portant encore les traces de son passage à l'état liquide, comme du beurre après le passage d'un tisonnier brûlant. Heureusement, le réacteur était maîtrisé, comme le montrait le vase illuminé au cœur de la colonne de verre.

Un doute frappa alors Esteban, et il regarda autour de lui. Et c'est là qu'il le vit, gisant à terre: un morceau de métal fondu, presque méconnaissable, mais qui gardait suffisamment sa forme pour qu'on puisse la deviner. Et c'est alors que les souvenirs lui revinrent en mémoire, comme pour l'assaillir.

À l'époque, il ne le savait pas encore. Lorsqu'il avait entendu la décision du Grand Prêtre de se sacrifier pour stopper le réacteur solaire, il avait essayé de l'en empêcher, par pure compassion. Il lui avait alors dit ces mots si énigmatiques, et lui avait touché la joue d'une main si chaleureuse, que des mois plus tard, Esteban se posait encore des questions. Et puis il avait appris la vérité, et son cœur s'était définitivement brisé à l'idée que ses doutes, que cette possibilité si infime, que ce et si…? soit bel et bien avéré.

Depuis, le temps avait atténué cette blessure, et les retrouvailles l'avaient presque guérie. Mais malgré tout, Esteban gardait en lui les marques du sacrifice de son père, des marques que rien ne saurait effacer.

Il ramassa le morceau de métal, ramassa ce qui avait autrefois été le masque du Prêtre. Sans savoir pourquoi, il le porta à ses yeux, et la chaleur de l'or lui titilla les sourcils, mais il ne s'en soucia pas. Le masque était trop difforme pour tenir tout seul, et l'un des yeux avait tant fondu qu'il ne servait plus à rien; mais sur le coup, sans savoir pourquoi, Esteban se sentit un peu mieux. Il ferma les yeux, s'adossa à la roche fondue, et laissa la chaleur du réacteur l'envahir, mouiller sa chemise de plus belle, le faire étouffer dans cette minuscule grotte. Il se pelotonna sur lui-même, tentant de faire le vide dans son esprit, toujours guidé par une pulsion inconnue. Comme s'il voulait se mettre à la place de son père, essayer de vivre ce qu'il avait vécu, souffrir comme il avait souffert.

Le réacteur était sans danger, et ne risquerait pas d'exploser, de le brûler ou de l'intoxiquer. Mais Esteban se rappelait encore de la catastrophe qui avait frappé le Bouclier Fumant, qui avait causé tant de pertes. Il avait aidé Athanaos dans son laboratoire, et il avait vu de ses propres yeux les conséquences de ce jour fatidique. Sa peau brûlée, son visage calciné, son œil qui ne verrait plus jamais, ses doigts dépourvus de chair par endroits. La vision d'horreur de ces cicatrices s'était gravée dans son esprit, et lui avait donné nombre de cauchemars terribles dont il se sentait coupable. Il n'aurait jamais pu empêcher la catastrophe par lui-même, mais il restait dans son esprit cette idée intempestive qu'il aurait tout de même pu essayer; il aurait pu raisonner Calmèque avant qu'il ne s'empare du Grand Héritage, il aurait pu empêcher le Grand Prêtre de descendre dans la montagne, il aurait pu insister et aller à sa place…

Il aurait pu se montrer digne de ce qu'on attendait de lui…

Il essaya de chasser ces pensées, mais elles revinrent plus vite encore. Esteban s’aperçut qu'il pleurait, mais il ne savait pas si c'était de douleur ou de tristesse. Le métal chauffé commençait à lui faire mal, et il voulut s'en défaire, mais il se refusa ce droit. Il avait forcé son père à souffrir ainsi et pire encore, il était donc juste qu'il souffre de la même manière. Il pressa son visage contre ses genoux, et l'or brûlant s’enfonça dans sa peau, menaçant de laisser sa marque. Le vrombissement du réacteur lui paraissait à la fois si lointain et si fort, et l'envahissait comme le sifflement intempestif du silence. À travers ce bruit, il entendait à peine ses propres sanglots, les marques de sa propre faiblesse, de cette douleur qui lui parvenait, qui était si cruelle mais en même temps comme purificatrice, et dont il était sûr qu'elle saurait chasser ces horribles pensées, ces cauchemars, cette culpabilité, et tout ce qui lui rongeait le cœur depuis des mois, des années même…

Et c'est alors qu'il l'entendit. Au travers de cette cacophonie, il entendit une voix du dehors. Elle l'appelait.

Il releva la tête, ouvrit les yeux. La lumière du réacteur lui fit cligner plusieurs fois des paupières, et il retira le masque hâtivement, tendant l'oreille. C'était la voix de Tao qui l'appelait, et celle de Pichu qui y faisait écho. Il regarda autour de lui, comme perdu, et se souvint de là où il se trouvait, et de ce qu'il faisait. Et il en ressentit une certaine confusion, mais surtout une immense honte.

À quoi est-ce qu'il pensait, enfin? Qu'est-ce qu'il faisait donc ici? Est-ce qu'il essayait de se laisser mourir!? Le dégoût s'empara de lui, et il se sentit soudainement sale, comme s'il avait commis un grave crime. À tous les coups, il restait encore assez de gaz nocif dans les parages, qui même s'il ne l'avait pas tué, s'était amusé à embrouiller son esprit.

Oui. C'était forcément ça.

Il jeta un œil au réacteur, une fois habitué à sa lumière. Il valait mieux l'éteindre, pour ne pas qu'il risque de se réveiller et de reprendre sa folie. Sans savoir comment, il s'en approcha, passa sa main sur la surface chaude du métal, sur les boutons et cadrans et autres commandes dont il n'avait aucune idée du fonctionnement. C'est alors que ses doigts rencontrèrent une petite fente sur le côté, et le reste lui vint naturellement.

Il retira son médaillon, dont le disque solaire manquait pour le moment. Il l'inséra comme une clé, et quelques boutons s'allumèrent. Sans savoir comment, il en pressa quelques uns au hasard, suivant son intuition, et le réacteur s'affola en catastrophe– avant de ralentir, pour finalement s'éteindre.

Le laissant dans le noir total.

Son visage ne le brûlait plus. Il entendit les voix une fois encore, et décida de revenir sur ses pas, tâtonnant pour se repérer. Il trouva la faille assez rapidement, et s'y laissa descendre, faisant attention de ne pas se blesser sur les roches. Comme son père l'avait probablement fait il y a deux ans, cherchant la lumière malgré ses blessures et son état.

Ses pieds touchèrent enfin terre, et il retrouva l'éclat de la Cité d'Or, qui l'accueillit comme le soleil lui-même. Et un instant plus tard, deux bras le serrèrent de toutes leurs forces.

« Esteban!! », s'écria Tao. « On te cherchait partout! Mais où est-ce que t'étais passé, enfin? Et qu'est-ce– mais, tu pleures? Qu'est-ce qui ne va pas? »

Il voulait répondre, essayer de parler, mais ses mots n'arrivaient pas à se former. Donc il garda le silence, et serra plus fort, espérant faire passer le message. Tao finit par se taire, et le laisser faire, comprenant d'une certaine façon.

Il ne savait plus pourquoi il pleurait. Mais ça lui faisait du bien, donc il ne s'en priva pas. Toutefois, il lui fallait relever la tête au bout d'un temps, ce qu'il fit à contrecœur. Pichu se posa sur son épaule, offrant de petits gazouillis de réconfort, et Tao le regarda avec une inquiétude des plus sincères.

« Tout va bien. », répondit Esteban au bout d'un moment. « J'ai juste...j'ai juste eu un moment de faiblesse. »

Il remit son médaillon à son cou, et vit qu'il avait gardé en main le masque déformé. Tao s'en aperçut, et ses yeux passèrent du masque à son visage, mais il ne put formuler la question qui lui brûlait l'esprit. Ce n'était pas le moment.

« ...tu me cherchais? », demanda Esteban, espérant changer de sujet. 

« – Ah...oui. Zia a trouvé un mécanisme, mais elle a besoin de ton aide pour l'activer. Tu es sûr que ça va? »

Esteban acquiesça, espérant que son mensonge ne se verrait pas. Puis il pressa le pas, comme pour forcer la page à se tourner.

Ne sachant que faire du masque, il le mit à sa ceinture. Il ne voyait aucune raison de le garder, pas même pour le ramener à son père. Mais une fois encore, il ne pouvait pas s'en empêcher.

Il se demanda l'espace d'un instant si ses actions, ses pensées étaient encore les siennes. Et puis il décida de ne pas s'en faire, car ça pourrait attendre.

Ils avaient toute leur vie devant eux, après tout.





...putain ca se voit que j'étais pas d'humeur ce soir là. Pauvre Esteban qui fait du self-harm mental maintenant.
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par EstebanxZia »

C’est vraiment intéressant je crois que je ne pourrai pas dormir à cause qu’en j’ai hâte à la suite
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Sandentwins »

EstebanxZia a écrit : 26 oct. 2019, 00:06 C’est vraiment intéressant je crois que je ne pourrai pas dormir à cause qu’en j’ai hâte à la suite
Tu peux aller dormir, désormais.


:condor: Chapitre 7: Quand le Ciel s'Embrase :condor:

« Voyons voir...si je me souviens bien, c'était comme ça... »

Tao toucha d'autres symboles sur le panneau de verre, les fit glisser sur le côté, semblant y lire des instructions que ses amis ne comprenaient pas. Il dut s'y reprendre à deux fois, mais au bout d'une minute, l'ascensionneur s'ouvrit devant eux, montrant la voie.

« Et voilà! Je vous avait bien dit que ce serait facile. »

« – C'est sans doute pour ça que ça t'as pris une bonne minute pour nous ouvrir. »

Tao fit la moue, n'appréciant guère voir ses efforts ainsi taquinés. Roulant des yeux, il s’avança le premier dans le grand tube de verre, et presque aussitôt celui-ci se mit en route, l'emportant dans les airs vers le plafond.

« Tout de même... », dit Zia, le regardant monter ainsi. « Ça me fera toujours tout drôle de revenir sur nos pas. On ne s'imagine jamais qu'on va y retourner! »

« – Sans doute. »

La porte s'ouvrit à nouveau, et Zia y entra à son tour, se faisant emporter dans un tourbillon de tissu orange. Esteban détourna pudiquement le regard, plus par politesse qu'autre chose, et attendit quelques secondes le temps que le courant d'air se calme.

« Cité d'Or, Cité d'Orrr! Esteban content? »

Il se contenta de hausser les épaules, regardant Pichu voleter autour d'un air enjoué. Qu'il était bon de ne jamais avoir à penser plus loin que le bout de son bec.

« Un peu. », répondit-il. « Allez, ne reste pas derrière, tu t'exciteras plus tard. »

Esteban s'engouffra à son tour dans le tube de verre, alors que Pichu prenait un peu d'avance sur lui. Il ferma les yeux, essaya de ne pas penser au sol qui se déroba soudainement sous ses pas, à son corps ballotté par le vent puissant qui le souleva en l'air, à la hauteur à laquelle il s'élevait peu à peu. Ferme les yeux, n'y pense pas. Compte lentement, n'aie pas peur. Ne pense pas au vent qui s'arrête brusquement, à la chute que tu encours si jamais le mécanisme se casse et que le vent s'évapore. N'y pense pas, n'y pense pas…

« Esteban? »

Il hésita à ouvrir un œil, mais les mains de Zia sur ses épaules l'y poussèrent. Il n'avait même pas remarqué le sol qui était reparu sous ses pieds.

« Tout va bien. On y est. »

Il lui fallut un bon moment pour sortir de son état de panique passagère, mais heureusement, il y parvint. Il fallait croire que certaines choses ne changeraient jamais.

Tout autour d'eux, il n'y avait qu'un épais brouillard blanc qui recouvrait le paysage comme de la neige. Esteban fit quelques pas hésitants, mains tendues devant lui pour ne pas se heurter à un mur, et se dit qu'on attendrait certainement de lui qu'il y fasse quelque chose. Mais au même moment, un bruit étrange attira son attention.

« ...vous entendez? »

Les enfants regardèrent autour d'eux, tentant de trouver la source de ce lent clapotis qui leur parvenait aux oreilles. Mais il n'y avait pas d'eau en vue, rien que du brouillard.

Tout du moins, le croyaient-ils.

« Regardez! En haut! »

Ils levèrent la tête, et se figèrent sur place.

À plusieurs mètres au-dessus d'eux, le plafond bougeait. Un plafond rouge, mouvant, qui par moments envoyait de grosses gouttes fumantes dans leur direction. De la lave en fusion! Ils se trouvaient tout juste sous le volcan, et allaient se faire brûler vifs!

« ...quelque chose ne va pas. »

Paniqué, Esteban regarda Zia, qui elle n'avait pas bougé. Elle fixait cette mare de lave d'un air curieux, nullement pressée par la menace du magma bouillant qui pourrait tomber à tout moment.

« Je vais te dire ce qui ne va pas: on va tous finir en volailles rôties si on ne déguerpit pas au plus vite! »

« – Aahh! Pas rôties! Alerte, alerte!! »

Pichu se réfugia dans les bras de Tao, qui lui non plus n'avait pas bougé, regardant frénétiquement autour de lui en quête d'une sortie. Mais Zia se contenta de sourire.

« Mais non, voyons. Regardez: on ne craint absolument rien. »

Elle leur montra un petit caillou qu'elle avait ramassé dehors. Elle le lança en l'air aussi fort que possible, et il finit par retomber au sol, chassant un peu de brouillard dans son impact.

« C'est bien ce que je pensais... »

« – Quoi donc? Qu'est-ce que tu penses? »

« – Regarde autour de toi, et tu comprendras. »

Tout autour, le brouillard se dissipait peu à peu, chassé par la chaleur de la lave. De fins filets de vapeur s'en échappaient, descendant vers eux pour ramener l'éclat de l'orichalque au paysage, révélant les murs et les ailes de la Cité tout autour d'eux.

Comme un oiseau d'or sortant de son œuf, elle se dévoilait, sortait du brouillard. Les murs aux reflets de cuivre se dressaient peu à peu, s'étendaient hors du flou et de l'inconnu, les oiseaux de jade prenaient leur envol tout autour d'eux. Sous un ciel de feu qui chassait cette blancheur fantomatique, Badalum reprenait vie, comme illuminée par le soleil.

Une impression qui ne cesserait jamais d'être magique.

« Je ne comprends pas. », dit alors Tao. « Pourquoi est-ce que la Cité est sous la lave? Et... »

Il regarda le plafond incandescent, regarda une bulle de magma qui éclatait, et retombait vers le haut.

« Et normalement, la vapeur monte, elle ne descend pas. Qu'est-ce qui se passe? »

« – Moi aussi, ça m'a frappée. Mais l'explication est simple. »

Zia lança le caillou à nouveau, et se concentra pour le maintenir en l'air. Il flotta, continua de monter, avant de soudainement échapper à son contrôle et retomber vers le plafond de lave.

« La Cité est bâtie sur un volcan. Mais depuis tout à l'heure, je n'arrivais pas à sentir la terre sous nos pas...car elle n'y est pas! »

Elle sourit, frappée d’ingéniosité. Et lentement, Esteban comprit également.

« Donc...le volcan est à l'envers? »

« – Presque. C'est nous qui sommes la tête en bas. »

Tao eut un frisson de panique.

« Mais on va tomber! Comment est-ce qu'on peut être en train de marcher au plafond? »

« – Je ne sais pas. Mais lorsqu'elle se replie, la Cité est retournée, et un mécanisme la maintient ainsi. C'est sans doute comme ça que l'on arrive à marcher. »

Elle fit quelques pas vers la place centrale, regardant autour d'elle. Ses cheveux tombaient vers ses pieds, montrant qu'il y avait bel et bien une force invisible qui les maintenait dans le bon sens.

« Est-ce que c'est comme ça que les gens imaginaient l'autre bout du monde? », se demanda Esteban. « Des villes entières de gens qui marchent à l'envers? »

« – Quels idiots, vraiment. Mais ce n'est pas de la superstition, cette fois: c'est simplement un autre prodige de mes ancêtres! »

Au moins Tao s'était vite remis du choc. Esteban roula des yeux, avant de le suivre à travers les ailes de la Cité.

Elle n'avait pas changé. Sous le feu de la lave (sur le feu?), elle rayonnait d'un éclat roux qui donnait à ses oiseaux l'allure de phénix surgissant de leurs cendres, prenant leur envol vers un ciel de crépuscule. Ils étaient visiblement sous la terre, les tours d'or cachées dans la poche de lave, et pourtant on y voyait comme en plein jour. De temps à autre, un filet de vapeur leur descendait dessus, avant de se faire happer par cette gravité artificielle et de rebrousser chemin, comme une nuée de poissons argentés.

Si la pensée de tomber vers le haut infligeait encore un rien de vertige à Esteban, au bout d'un moment il parvint à se rassurer, voyant que ses amis marchaient, sautaient sans crainte. Il lâcha donc le pan de mur auquel il se tenait fermement, et se mit en route, non sans une dernière hésitation. Il fallait faire confiance au peuple de Mu: jamais les Cités ne leur feraient de mal. Du moins, pas intentionnellement.

Ne sachant que faire, il décida de suivre Zia, dont les découvertes seraient certainement plus intéressantes que Tao et sa lecture des runes gravées de part et d'autre. Elle semblait savoir où elle allait, avec toutefois quelques tâtonnements.

« ...tu penses qu'on va avoir plus de succès que la dernière fois? », s'aventura-t-il à demander.

« – Je ne sais pas. Nous n'avons rien trouvé de concluant, mais...je ne m'y attendais pas. Sans doute nous faut-il visiter les sept Cités afin de trouver ce que l'on cherche. »

« – Ça me semble une perte de temps. Pourquoi ne pas nous avoir tout dit dès le départ? On n'aurait pas à y revenir une nouvelle fois... »

Elle se contenta de sourire.

« La dernière fois, nous étions jeunes et insouciants. Mais maintenant, nous devons faire mieux. »

« – Comment ça, faire mieux? »

Elle ne répondit pas, et descendit un large escalier sans l'attendre. Il la suivit, et sa mémoire lui joua quelques tours avant qu'il ne reconnaisse l'endroit.

La fabrique de Condors était éteinte, désormais. La gigantesque vasque en son centre était vide de tout orichalque, et les barres de cristal inertes. Aucun Condor n'avait vu le jour depuis leur dernière visite, et ils n'avaient pas à se demander à qui la faute.

Ils avaient été si stupides.

Zia prit le chemin de droite, suivant le canal vers une autre pièce. Au bout de quelques marches, ils purent voir la provenance du métal: trois tubes de verre suspendus en l'air, qui brillaient d'étincelles dorées. Seuls deux d'entre eux contenaient quelque chose: de purs monceaux d'orichalque liquide, scintillant de mille feux. Le troisième était vide, le verre brisé.

« C'est donc ici qu'Ambrosius a dérobé la matrice d'orichalque... »

Les deux autres flottaient toujours, mais elles avaient cessé de goutter dans le canal, ce qui mettait un terme à toute future production. Zia contempla ce spectacle, une main sur son cœur comme si elle se rendait compte de ce que ce vol avait entraîné.

« Les hommes sont prêts à commettre d'horribles atrocités au nom du pouvoir. », dit-elle. « Voler, tuer, profaner ne sont que routine. »

Esteban baissa la tête. Leur parcours serait-il toujours entravé par la cupidité des adultes? Leur chemin toujours semé des embûches du pouvoir et de la convoitise? Il ne savait plus quoi penser, lui qui était si familier avec ce monde-là, au point que lui-même se mette à penser de même.

« On n'y peut rien. », dit-il. « C'est le monde où nous vivons. »

Zia se tourna vers lui, silencieuse pendant un moment.

« Ce n'est pas vrai. »

Il leva les yeux, interloqué.

« On peut toujours y faire quelque chose. », continua-t-elle. « On peut réparer le mal qui a été fait. On peut effacer nos erreurs, et celles des autres. »

« – Je veux bien te croire...mais comment? »

Elle sourit, de sa manière si énigmatique. Puis, elle chercha sous sa robe, et tira des plis de son jupon un petit cylindre en fer. Esteban ouvrit de grands yeux.

« Tu avais ça sur toi depuis tout ce temps!? »

« – Ne sois pas bête. », rit-elle. « Je la gardais dans le Condor. »

Elle dévissa le couvercle, et lui montra le contenu: un morceau d'orichalque liquide, pareil aux deux autres qui se trouvaient ici.

« Mais...où est-ce– »

« – Les alchimistes l'ont retrouvée dans le fort de Patala. Quand j'ai parlé à Athanaos de notre intention de revenir aux Cités, il me l'a confiée pour que je la ramène à sa place. »

Elle posa la boîte par terre, et se recula. Elle prit une profonde inspiration, et la matrice d'orichalque se souleva lentement de son carcan de fer, flottant dans l'air. Esteban la regarda faire avec appréhension; au bout d'un moment, il se rendit compte qu'elle avait du mal. La matrice retomba dans la boîte, et elle rouvrit les yeux.

« ...tout va bien? »

« – Oui. C'est juste que...vu que nous marchons à l'envers, j'ai un peu de mal à me repérer. »

Elle se massa la tempe, comme prise d'une migraine. Esteban se rapprocha, et lui tint la main.

« Tu veux que je le fasse? »

« – Non, il ne faut pas la toucher à mains nues. Qui sait comment elle réagira. »

Elle sortit la couronne de sa poche, et la coiffa.

« Par contre...si tu pouvais m'éviter de tomber, je t'en serais très reconnaissante. »

« – D'accord. »

Il se posa derrière elle, et la prit par la taille alors qu'elle réessayait. Le diadème semblait amplifier ses capacités, et lui donner une meilleure perception de ses alentours. Esteban se contenta de la tenir solidement, pour ne pas qu'elle défaille dans ses bras, durant les quelques secondes que l'opération dura. Heureusement, rien de mal ne se passa, et elle se releva indemne.

« Ce n'était rien de bien difficile. », sourit-elle, retirant la couronne.

La matrice d'orichalque, désormais remise à sa bonne place, reprenait peu à peu vie, la machinerie tout autour s'activant pour la connecter au système. Zia regarda l'orichalque se remettre à goutter tout doucement dans le canal, les trois matrices se synchroniser.

« Tu fais des progrès. », commenta Esteban. « Au début, tu ne pouvais même pas la mettre sans t'évanouir. »

« – Une fois qu'on s'y habitue, c'est assez simple. »

Taquine, elle la posa sur la tête d'Esteban, qui ne bougea pas. Il cligna des yeux, s'attendant à recevoir les mêmes dons que Zia, mais rien ne se passa.

« ...décevant. »

« – Ah bon? Dommage. »

Il la retira, et la lui redonna.

« Je crois que ça ne fonctionne que sur les princesses de Mu. Désolé, votre Majesté. »

« – Allons, relevez-vous, mon brave. Gardez vos ronds de jambe pour le banquet royal. »

Ils s'échangèrent un petit rire, contemplant toujours la remise en marche du système. Toutefois, Esteban gardait l'esprit pensif, ce qui ne passa pas inaperçu.

« Tu es fâché? », demanda Zia.

« – Fâché? Non, jamais. »

Il détourna le regard, cherchant ses mots.

« Peut-être...un peu jaloux. », avoua-t-il.

« – Tu sais bien que toi aussi, tu as des dons extraordinaires. Même s'ils sont différents. »

« – Hein? »

Pensait-elle vraiment que c'était ça qui l'inquiétait?

« ...ce n'est pas ce que je veux dire. »

Il regarda le métal doré se mettre à couler lentement, former une petite rivière vers la vasque.

« Alors quoi? Tu sais bien que je n'aime pas te voir si préoccupé. »

« – C'est juste que... »

Il soupira.

« Tu sais toujours quoi faire. Tu es venue ici avec un but, et tu l'as accompli; alors que moi... »

Qu'il se sentait si mal de se plaindre! Mais elle le regardait, désormais; il n'avait pas le choix.

« Moi, je ne sais rien de ce que je dois faire. J'ai l'impression de tourner en rond, et je me demande où est-ce que cette quête nous mènera. »

Il se sentait coupable de ne pas être au même niveau qu'elle, qui avait toujours été son égale. Et maintenant, voilà qu'il l'embêtait avec ses problèmes! Il se détourna, voulut repartir, mais la main de Zia sur son épaule l'arrêta.

« Esteban. »

Il se força à la regarder.

« Tu te trompes. Moi non plus, je ne sais pas où l'on va. »

« – Pourtant, tu sais ce qui va arriver, non? »

« – Au contraire. Je ne peux pas prédire l'avenir, Esteban. Si je le pouvais, tu penses bien qu'on n'en serait pas là. »

Son sourire avait disparu, et Esteban s'en sentit à nouveau coupable. Mais elle ne le lâcha pas.

« Moi aussi, j'ai peur de l'avenir. Je ne sais pas dans quoi est-ce qu'on se lance. Mais je sais qu'il nous faut avancer, sinon on ne le saura jamais. »

Elle se baissa, et ramassa le cylindre de fer vide, le referma.

« Je n'ai pas de grand plan de prévu. Je n'ai pas plus d'influence sur l'avenir que toi. Mais j'essaie de faire tout mon possible pour qu'il nous arrive de bonnes choses. »

Elle l'invita d'un geste à sortir, et il la suivit.

« Tu nous a pourtant sauvés plus d'une fois. »

« – Toi aussi, tu nous a sauvés. Tao aussi, Mendoza aussi, tout le monde nous a aidés. On s'aide les uns les autres, tu te souviens? On ne peut pas demander à une seule personne de sauver tout le monde. »

Les doigts d'Esteban effleurèrent le fourreau du poignard.

« ...je me souviens. »

Elle le regarda, et sembla remarquer cette expression qui lui assombrissait le visage. Lentement, elle lui prit la main, éloignant ses doigts de l'arme.

« N'y pense plus, Esteban. Contente-toi de faire ce que tu fais de mieux, et tu y verras plus clair. »

« – Dans des moments pareils, je me demande encore ce que je sais faire. »

Zia sembla réfléchir pendant un moment.

« Je pense que tu as besoin de te changer les idées. », dit-elle.

« – Comment ça? »

« – Tu as beaucoup de potentiel que tu ne sais pas utiliser, et j'ai besoin d'aide pour des choses que je ne sais pas faire. Est-ce que tu saisis? »

Esteban cligna des yeux.

« ...un peu. »

« – Parfait. »

Et elle lui mit la boîte vide dans les bras.

« Je sens qu'il y a tant à faire dans cette Cité qu'on va devoir y rester plusieurs jours. Est-ce que tu veux bien ramener ça au Condor, et nous rapporter quelques couvertures? »

« – ...c'est donc ça, mon potentiel inexploré? »

Elle eut un petit rire.

« Je plaisante, enfin. Je ne serai pas ce genre de princesse, tu sais bien. »

Elle voulut reprendre la boîte, mais Esteban se détourna, faisant la moue.

« Que tu crois, Princesse. Tu en as décidé ainsi, et en tant que ton simple écuyer, je me dois d'obéir. »

« – Esteban, reviens. C'était pour rire! »

« – Que nenni! Je prends mon devoir très au sérieux, tu sais. En tant que Héros de la prophétie, je me dois d'aider les autres, car j'ai la noble destinée de porter le linge des rois de Mu. Alors en avant, pour la gloire de l'Empire! »

Et il sortit d'un pas militaire si comique que Zia ne put se retenir d'éclater de rire. Et en effet, il eut un petit sourire lui aussi, car si sa destinée se limitait vraiment à ce genre de courses, alors il aurait besoin de s'entraîner.

C'était toujours mieux que de tourner en rond.

« Tu ne vas pas croire ce que j'ai trouvé! », lui dit Tao, surgissant d'apparemment nulle part. « J'ai étudié le mécanisme qui nous maintient au sol, et je crois savoir comment il fonctionne! »

« – Tu m'en vois ravi! », répondit Esteban, la main sur son pauvre cœur surpris.

« Et ce n'est pas tout! J'ai vérifié les inscriptions sur les murs du temple au nord, et elles concordent avec celles de mes livres! Il me faudra un peu de temps pour les étudier, mais d'ici quelques jours, je pense pouvoir les déchiffrer entièrement. »

« – Je ne sais pas si on a apporté assez de provisions pour plusieurs jours... »

« – Oh, c'est pas un problème. Tiens. »

Il fouilla dans sa manche, et en tira des sortes de baies dorées. Esteban haussa un sourcil.

« Qu'est-ce que c'est? »

« – J'en sais rien. On en a trouvé qui poussaient sur un mur. Pichu et moi on a goûté, et elles sont comestibles. »

Esteban hésita à en prendre une, l'examinant. Il la mangea au bout d'un moment, et ne sentit rien de spécial sinon un petit goût de cerise.

« Est-ce qu'il y a un jardin ici aussi? »

« – Je ne sais pas. Je crois bien qu'elles n'étaient pas là la dernière fois. »

Ils regardèrent autour d'eux, et en effet, ils virent qu'entre les murs d'or et les oiseaux de jade, quelques plantes avaient poussé depuis leur dernière visite.

« C'est quand même incroyable que même à cette altitude, il y ait de la vie. »

« – Ou alors, la Cité est vivante. Comme la cité-jardin, tu te rappelles? »

« – Quand je te dis qu'on ne manque pas de choses à découvrir! »

Tao lui tapota le dos, et retourna à ses recherches, pour décoder un autre morceau de runes. Esteban le regarda faire, puis continua sa route vers le Grand Condor, posé au dehors. Sur le chemin, il remarqua d'autres petites plantes sur les murs, dont il cueillit les fruits en passant. Au moins la question des provisions était réglée.

Il se dit au moins que s'il n'arrivait pas à accomplir la volonté des Cités d'Or, il pourrait toujours se reconvertir en cueilleur de cerises. De toutes les perspectives qu'on lui offrait, celle-ci était sans doute la moins improbable.
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Amaya
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Amaya »

J'ai trop de retard sur cette fanfic, mais je vais me rattraper !

Je posterai un avis final une fois qu'elle sera terminée !
Cependant, je vais probablement faire des avis par chapitre aussi à titre perso et de rappels. Si tu veux les avoir, n'hésite pas à me le dire ;)
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par EstebanxZia »

J’espère qu’il y’a une suite 😍
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Sandentwins »

Heureusement, la voici.

:condor: Chapitre 8: Quand l'Océan s'Enfonce :condor:

« C'est plutôt une bonne chose qu'on puisse revenir sur nos pas. », fit Tao, étirant ses bras. « J'ai tant manqué la dernière fois! »

« – Au moins, on pourra te faire visiter, vu qu'on a pris un peu d'avance. »

Les trois enfants s'avancèrent dans le couloir tant bien que mal, malgré l'eau qui leur parvenait aux mollets. Il fallait croire que la Cité sous-marine ne s'était toujours pas remise de leur dernière visite, au grand bonheur des poissons multicolores qui peuplaient désormais l'étang infini qui leur faisait face. Un paysage assez étrange en somme, mais dans l'esprit des Cités.

« La dernière fois, c'était un rien plus sec. On aurait pu prendre une ombrelle...les Japonais en font de très belles. »

« – Ce n'est pas ton genre. Depuis quand est-ce que tu as peur de te mouiller? »

Esteban haussa les épaules, regardant un petit poisson lui nager entre les pieds. Quelle sensation bizarre de se dire qu'ils n'avaient jamais vu d’êtres humains auparavant, et semblaient n'en éprouver aucune peur. Si seulement le reste du monde pouvait être aussi harmonieux!

La salle avait beau être en partie inondée, elle n'en perdait pas sa beauté. Dans les reflets d'azur, les statues de dragons de mer semblaient bouger, remuer les nageoires et les antennes au gré des mouvements de l'eau. Au centre de la pièce, la gigantesque statue jumelle du Thallios trônait en maître, régnant sur cet afflux de vie sous-marine qui avait envahi l'espace depuis la dernière fois. Une fine pluie tombait sur eux comme un rideau de gouttelettes, brillant de mille couleurs sous les lumières du plafond. Des plantes et des algues avaient poussé sur l'orichalque submergé, rajoutant de la chlorophylle à ce camaïeu de bleu et d'or qui les entourait, faisant ressortir l'éclat de la nature qui reprenait peu à peu sa place en ces lieux, comme pour leur rappeler qu'un jour ou l'autre eux aussi s'y reviendraient.

Ainsi lovée dans sa coquille de roches, Sûndagatt la submergée s'offrait à eux comme une perle d'humilité.

« Ça va être compliqué de se déplacer. Tu as une idée? »

Zia, qui était occupée à doucement caresser les quelques poissons qui nageaient vers elle, releva la tête.

« Je dois t'avouer que...je n'en sais rien. Je ne vois pas comment on pourrait respirer sous l'eau. »

Tao eut un petit rire.

« Ah, si seulement on avait un charmant jeune homme sous la main. De préférence avec de belles lèvres, hein, Esteban? »

« – Tais-toi donc! » répondit ce dernier, embarrassé.

Il n'avait pas envie de repenser à ce moment de...d'échange culturel vécu avec Karsha. Pour son peuple, c'était peut-être un moyen banal de partager leur air en plongée; mais pour lui, c'était le début de toute une remise en question de son monde. Et il n'avait pas envie d'y repenser maintenant, surtout quand ses amis pouvaient le voir.

« Et puis, je te signale qu'on est pas venus ici pour se payer du bon temps. On a une mission, je te rappelle! Alors on va l'accomplir, et sortir d'ici au plus vite. Toute cette pluie commence à me monter à la tête. »

« – Oh, tout de suite, hein. Si cette pluie t'embête, t'as qu'à y faire quelque chose, ô Fils du Soleil! »

« – Calmez-vous, tous les deux. On ne va pas recommencer! Faisons comme d'habitude: chacun va de son côté, et le premier qui trouve quelque chose prévient les autres. »

Zia se détacha des petits poissons, et se mit en route.

« Et pas de chamailleries! Je vous ai à l’œil. »

« – Nous, nous chamailler? Je ne nous vois pas du tout faire ça. »

Elle roula des yeux, et leur tourna le dos. Tao regarda autour de lui, levant un bras pour se protéger de la bruine.

« Bon. Moi, j'ai la suite du Conte à lire. Autant m'y mettre, le dernier segment m'a pris trois jours. »

Il se tourna vers Esteban.

« T'es sûr que tu peux rien faire pour cette pluie? Je sens que ça va vite nous taper sur les nerfs...ou nous rendre malades. »

« – Je ne peux pas appeler le soleil s'il n'y a pas de soleil. », répondit-il, comme une évidence. « On est à des lieues sous la mer, la lumière ne passe pas. »

Tao haussa les épaules, comme pour lui céder ce point-là.

« Si t'essaies jamais, aussi...bon, t'auras fait de ton mieux. »

Et il s'en alla à son tour, Pichu sur l'épaule. Esteban resta donc seul dans le hall, soupirant.

« C'est facile pour toi. », marmonna-t-il tout bas. « On voit bien que personne t'a jamais forcé à rien. »

Il regarda le plafond, les lumières qui y brillaient à travers le rideau de pluie. Comment est-ce que des torches pouvaient s'enflammer dans une telle humidité? Ou bien était-ce là une technologie muenne bien trop avancée, à laquelle il ne comprenait rien sinon les grandes lignes? Sûrement. Il n'avait pas très envie de se poser la question.

Mais au bout d'un moment passé à regarder le ciel, en se demandant comment arrêter cette pluie, celle-ci s'atténua peu à peu, jusqu'à disparaître complètement. Esteban cligna des yeux, interloqué, mais se dit que c'était une bonne chose en somme. Il se fraya un passage entre les poissons et les algues, et poursuivit sa route.

Dans la nature nouvelle qui reprenait lentement ses droits, les décorations d'or et de verre ressemblaient à des arbres globuleux, poussant dans une mangrove peuplée de mille créatures inconnues. À chaque instant, ses pieds frôlaient un poisson ou un crustacé qu'il n'avait jamais vu auparavant, et dont il se demandait même s'ils étaient vraiment natifs de la région. Il avait entendu parler, lors de leur parcours à travers le désert, de poissons qui pouvaient assécher leurs corps et s'enfouir dans le sable afin de survivre l'aridité et reparaître comme par magie à la saison des pluies. Passée la moindre petite averse, tout reprenait alors vie, les plantes se hâtant de fleurir et les animaux de proliférer, durant ce court instant de liberté avant que tout ne se fane et se déshydrate à nouveau. Un cycle éternel, un recommencement obstiné, quelque peu poétique en soi.

Peut-être que les Cités d'Or agissaient ainsi. Elles se cachaient, se refermaient sur elles-mêmes, et une fois le moment venu, fleurissaient et s'ouvraient au monde l'espace d'un instant. Mais jamais elles ne mourraient. En somme, c'était là un message inspirant, la preuve qu'il ne fallait jamais renoncer, et toujours s'accrocher au plus petit espoir.

C'en était presque un peu convenu, mais Esteban avait l'habitude.

Son exploration fut simple: fouiller les petits bâtiments, enclencher quelques mécanismes pour voir ce qu'ils faisaient, en apprendre plus sur l'ancienne technologie muenne à sa façon. Il n'avait jamais été doué pour les explications techniques, et préférait mettre la main à la pâte pour comprendre comment les choses fonctionnaient. Pourquoi rester prostré sur un bureau à se faire dicter des connaissances abstraites, alors que le monde entier l'attendait au dehors de ces murs? C'était un miracle qu'il eût appris à lire, énergique comme il était.

Mais ce talent-là ne lui servirait pas à grand-chose dans sa situation actuelle. Beaucoup de murs portaient des gravures, des inscriptions recouvrant des pans entiers, mais elles étaient toutes rédigées dans la langue de Mu, et parfois dans une autre qui ressemblait à l'écriture japonaise qu'il avait vue à Kagoshima. Il fixa le mur un moment, essaya de repérer les caractères qu'il connaissait déjà, mais tout ce qu'il savait de la langue de Mu se limitait à quelques syllabes éparses. Il se félicita lorsqu'il arriva à en déchiffrer deux mises bout à bout, même s'il n'avait aucune idée de leur signification. Celui-là voulait dire « terre », et celui-ci...non, à moins que c'était « en dessous »? En dessous de...qu'est-ce que c'était, celui-là, déjà? On aurait dit une espèce de fleur. « Sous les fleurs »? Il avait le sentiment que ce n'était pas ça.

« ... »

Oh, quel dilemme que celui-ci. Mettre sa fierté de côté, ou bien rester confronté à ce mystère? Il n'avait pas très envie de s'abaisser à ce niveau, mais...c'était quand même frustrant de se contenter de devinettes, quand la réponse à ses questions se trouvait certainement quelque part sur ces murs. Bon, peut-être pas ce mur là, perdu au milieu de tant d'autres plus grands, mais...mais n'avait-il pas le droit à un peu de curiosité, lui aussi?

Il soupira, sentant venir la suite, et se prépara à envoyer sa fierté dormir avec les poissons alors qu'il se mit à cueillir quelques cerises dorées sur les plantes alentour. Sans surpasser les algues et plantes marines, elles étaient assez courantes ici aussi, d'une couleur plus claire que leur variété chinoise. Puis, une fois qu'il en eut ramassé une bonne poignée, il se mit en route.

Descendre dans les zones immergées de la Cité semblait impossible, même en nageant. Esteban s'y essaya toutefois, plongeant sous l'eau en chassant toute une nuée de poissons effrayés. Il descendit lentement un escalier, usant de mouvements simples mais efficaces comme le faisait Karsha, laissant l'eau le porter au lieu de la repousser. La lumière sous l'eau lui parvenait atténuée, teinte d'un bleu-vert qui rajoutait à l'atmosphère étrange qui régnait dans ce lieu reconquis par la végétation marine. Il essaya d'ignorer la sensation déplaisante des algues et des poissons qui le frôlaient à chaque seconde, restant en haut du couloir immergé pour ne pas s'emmêler dedans. Il n'y avait pas d'air ici, et il devait se hâter s'il voulait respirer à nouveau. Un bras après l'autre, à travers l'azur et la faible lumière.

Lorsqu'il parvint au bout, il tomba sur une salle immense décorée de dragons de mer, aux murs couverts d'étagères et de rouleaux. Soulagé, il se dirigea vers la surface, heureusement sans encombres, et inspira une profonde gorgée d'air marin. Tels étaient les avantages d'avoir passé son enfance dans une ville portuaire, se dit-il en nageant vers des gradins à l'air libre.

S'asseyant, il regarda autour de lui. Il avait trouvé la bibliothèque de la Cité, qui était pour la majeure partie sous l'eau. Il eut une pensée de compassion pour les scribes et les copistes qui avaient passé des années à écrire tous ces ouvrages magnifiques, pour voir leur travail ruiné par une inondation. Quelle idée, aussi, de construire une bibliothèque sous la mer!

« Ah, te voilà. »

Il se retourna, et vit Tao qui venait vers lui, plusieurs rouleaux sous le bras.

« Je commençais à me demander ce que tu faisais. Alors, la pêche est bonne? »

« – Sans doute. », répondit Esteban, chassant une mèche mouillée de devant ses yeux. « Si j'avais su, j'aurais apporté des vêtements secs. »

« – Moi je trouve que ça te va bien. Mais viens là quand même. »

Il emmena Esteban vers l'une des statues, qui les regardait de ses yeux vides. Le prenant par la manche, il le plaça juste en dessous de la bouche du reptile, quitte à ce qu'il plie un peu les genoux pour y tenir.

« ...qu'est-ce que tu fais? »

« – Ne bouge pas. »

Il ne bougea pas, se contentant de hausser un sourcil devant la conviction de son ami. D'ailleurs, comment se faisait-il que Tao soit aussi sec?

Un léger bruit retentit au-dessus de lui, et les yeux de la statue s'allumèrent. L'instant d'après, Esteban sentit ses cheveux et ses manches flotter, et constata avec stupéfaction que toute l'eau qui les trempait s'envolait en fines gouttelettes. Il resta ainsi quelques secondes, à regarder ses habits se sécher progressivement, avant que la statue ne redevienne inerte et que le bruit ne se taise, le laissant parfaitement sec quand bien même il venait de sortir de l'eau.

« ...épargne-moi juste la tirade sur tes ancêtres. », fit-il en se relevant, tâtonnant ses vêtements.

« – Je pense qu'à ce stade, tu auras constaté leur génie toi-même. », sourit Tao, tout excité. « C'est une machine pour sécher les livres, au cas où la Cité se fait inonder. »

« – C'est plutôt pratique. Si on en avait un comme ça, on n'aurait plus à faire sécher notre lessive sur les ailes du Condor. »

Il sourit un peu, regardant autour de lui.

« Tu as trouvé ce que tu cherchais? »

« – En effet! J'ai trouvé la suite du Conte des Temps Anciens, mais je bloque un peu sur certaines parties. Heureusement, j'ai pu trouver un lexique. »

Il montra le rouleau qu'il avait sous le bras.

« Et toi? T'as trouvé ta raison de vivre? »

« – Oh...pas encore, non. »

Il eut un petit rire, sachant que c'était risible. Même si au fond, il ne se sentait pas si bien que ça.

Tao se rassit, dépliant ses rouleaux et ouvrant son livre, sur lequel il avait visiblement griffonné tout un autre paragraphe. Esteban savait qu'il essayait d'obtenir une histoire complète, dont les chapitres étaient disséminés au hasard des Cités, mais il ne savait pas vraiment de quoi elle parlait.

Il s'assit à côté de lui, le regardant se murmurer à lui-même, consulter ses notes, comparer les textes entre eux. Qu'il avait l'air d'un érudit, ainsi plongé dans ses écrits à marmonner des mots dans une langue ancienne! Qu'il avait l'air concentré, déterminé à trouver le sens de ces glyphes obscurs, à trouver ce qu'il cherchait depuis des semaines déjà!

« ...hé, Tao? »

Celui-ci s'interrompit, le regardant. Esteban ne savait pas vraiment comment enchaîner, et détourna le regard un instant.

« ...tu veux bien m'apprendre à lire la langue de Mu? »

Il fallait croire que cette question interloquait grandement le jeune naacal, car il haussa les sourcils si haut qu'ils faillirent s'envoler. Il fixa Esteban un moment, comme s'il s'attendait à une blague, et Esteban essaya de soutenir ce regard du mieux qu'il put. Pour se montrer convaincant, il sortit les baies dorées de sa poche.

« En échange, je t'ai amené ton dîner. »

Il y eut un long silence, si long et si gêné qu'on aurait pu le couper au couteau. Tao regarda son livre, son ami, son perroquet comme s'il cherchait une réponse; et ce ne fut qu'au bout d'un long moment qu'il s'y essaya.

« Tu sais que tu as ta propre langue, pas vrai? »

Esteban haussa les épaules.

« Je sais bien, mais...je ne sais pas la parler. »

Qu'il avait été confus, quand les habitants de la ville sous-marine avaient commencé à lui parler en ancien atlante pour n'obtenir de lui qu'un visage des plus perplexes! Une autre déception qu'il leur avait fait vivre, et qui prouvait bien qu'il n'était pas celui qu'ils attendaient.

« Donc...tu veux apprendre la mienne? »

« – Ben...oui, pourquoi pas? »

Que de tensions entre eux en cet instant même. Esteban pouvait déjà sentir venir la bonne vieille querelle refaire surface dans l'esprit de Tao, et se prépara au pire. Juste pour être sûr, il continua de lui offrir un peu de fruit, s'essayant à sourire un peu malgré sa gêne.

« C'est juste que... »

Oh, grands Sages, nous y voilà.

« ...tu n'es pas très bon quand il s'agit d'apprendre. »

Esteban cligna des yeux.

« Qu'est-ce que tu veux dire? »

« – Réfléchis un moment. Tu me demandes vraiment de te coller un livre sous le nez et de te faire réciter par cœur l'alphabet muen? »

« ... »

Esteban remua vaguement les mains, essayant de transmettre sa pensée sans grand succès. Sentant ses efforts le rendre ridicule, il se contenta de soupirer.

« Bon, t'as raison, c'est peine perdue. »

Il se rassit sur les marches d'or, bras sur les genoux, et se contenta de regarder les poissons nager entre les rayons. Il savait bien qu'il n'aurait jamais la patience de subir l'apprentissage de Tao, mais...il aurait au moins voulu essayer.

Tao sembla remarquer son état d'esprit, et n'eut pas l'air très à l'aise. S'asseyant près de lui, il sortit le livre doré, et l'ouvrit à la page sur laquelle il travaillait.

« Je vais lire le texte et te montrer les sons, puis traduire pour te donner le sens. Si je vais trop vite, n'hésite pas à me le dire. »

Esteban acquiesça, se penchant plus près. Lentement, Tao commença sa lecture, montrant chaque caractère du doigt pour associer image et prononciation, traduisant phrase par phrase. Esteban se sentit un peu perdu au début, mais au bout d'une page ou deux, ils trouvèrent un bon rythme de lecture. Et peu à peu, au fil des traductions, le monde de ces runes étranges lui sembla déjà plus accessible, ainsi que l'histoire qu'elles renfermaient.

Au fil des temps, des ères et des âges, au fil des battements d'ailes, viendra un moment où l'oiseau ne se posera plus. Attiré par le vent, par l'appel des cieux, il ne voudra plus connaître la terre, il oubliera qu'il s'y est jamais posé. Empli d'arrogance, il s'attirera la haine des siens, et ils le chasseront de leur nid. Mais si son cœur est pur, il continuera, et son visage par trois fois regardera le soleil, et en fera sa demeure.

Quelle poésie magnifique, pensa Esteban. Il ne savait pas si c'était le texte lui-même ou bien la façon qu'avait Tao de le raconter, mais il y avait là quelque chose de si beau qu'il pouvait à peine l'approcher, et encore moins l'exprimer.

« Et...qu'est-ce que ça veut dire, concrètement? », demanda-t-il une fois la lecture finie.

« – Je n'en suis pas sûr. Je me suis dit que ça avait un rapport avec le Grand Condor, mais le Condor ne peut pas ressentir d'arrogance. »

« – Alors c'est peut-être nous, l'équipage? »

« – Peut-être. »

Il posa son crayon, s'étira un peu après une heure ou presque passée à lire à voix haute. Il accepta volontiers une baie dorée, et aussitôt sa faim s'évapora.

« Tiens. Si tu veux t'entraîner. »

Et il lui tendit un petit livre relié de cuir.

« C'est une sorte de livre pour enfants, en muen et en latin. Je sais pas si ça peut t'aider, mais juste au cas où. »

Esteban feuilleta quelques pages, admira la calligraphie des deux langues disposées côte-à-côte.

« C'est un bon début. Merci encore. »

Et il sourit, se sentant un peu mieux par rapport à d'habitude. Tao le remarqua certainement, car il lui rendit ce sourire.

« Mais va pas croire. Ce ne sont que les signes du premier niveau, il y en a de plus complexes encore. »

« – Oh, je finirai bien par te rattraper un jour. Au moins il te restera l'honneur. »

Tao lui donna un léger coup de rouleau sur la tête, avant de retourner piocher d'autres ouvrages. Esteban rangea le livre sous son bras, prit une profonde inspiration, et replongea dans le couloir immergé. Il lui était un peu plus difficile de nager ainsi, mais il pourrait le faire, du moment qu'il ne se prenait pas les pieds dans les algues. Juste au cas où, il sortit son poignard pour se libérer en cas de besoin, mais heureusement, il n'eut pas à en faire usage.

Il reparut dans une autre pièce, décorée de poissons d'or et d'herbes marines. À voir sa disposition, il se dit qu'il s'agissait d'une salle de réception, où les dignitaires en visite s'asseyaient sur ces espèces de tables pour déguster un somptueux banquet de poissons et de fruits de mer, préparés à la mode japonaise. Et il lui serait très facile de se prendre pour un prince en visite dans l'un de ses châteaux, reçu à la cour du duc des mers afin d'y consulter la bibliothèque; mais il n'avait pas envie qu'on le surprenne. Il le garderait pour une autre fois, car pour l'instant, il avait bien envie de voir de quoi parlait ce livre.

Toutefois, il aurait mieux valu qu'il fasse attention, car en voulant tenir le livre d'une main et rengainer sa dague de l'autre, celle-ci manqua sa cible et tomba au sol avec un horrible écho métallique qui le fit sursauter.

« Ah, hijo de– !! », se surprit-il à lâcher.

Du calme, Esteban, voyons! Pas la peine d'imiter les marins du port pour si peu de chose. Il laissa son cœur se calmer un peu, et se pencha pour ramasser le poignard, qui avait un peu glissé sur le sol humide. Et c'est là qu'il le vit.

La lame pointait un pan de mur juste devant lui, décoré d'autres petits poissons. Or, entre les bas-reliefs se trouvaient d'autres inscriptions énigmatiques, qui pour une certaine raison semblaient différentes du reste. Et Esteban ne put s'empêcher d'être interpellé, sans savoir pourquoi.

Il s'assit, posa le livre sur ses genoux, et examina les quelques lignes qu'il avait devant les yeux. Des caractères tout simples, qui contrastaient avec les idéogrammes lumineux qui tapissaient le reste de la salle. Il se dit que s'il parvenait à les traduire, il aurait déjà franchi un grand pas dans son apprentissage.

Il prit son temps. Il compara les runes à celles notées dans son livre, et se servait de la traduction latine pour en deviner le sens. En sachant qu'il ne comprenait le latin que vaguement, ce fut une assez longue entreprise, pour laquelle il se força un peu. Il voulait se rendre utile, il devait se rendre utile, et aider Tao dans ses recherches serait le meilleur moyen d'avancer. Et s'il devait se former à sa propre manière, autant s'y mettre tout de suite.

À force d'examiner les runes sur le mur, il se rendit compte d'un détail. Elles n'étaient pas imprimées sur le métal avec de la lumière, comme toutes les autres; elles avaient été gravées dessus avec un outil. Il ne savait même pas que c'était possible, et pourtant il avait le résultat sous les yeux. Un résultat qu'au bout de plusieurs tentatives, il parvint à déchiffrer tant bien que mal.

« Après la pluie, brille le soleil. »

Qu'est-ce que ça voulait bien dire? Pourquoi quelqu'un se serait-il amusé à graver de telles généralités sur le mur de la Cité d'Or? Sans doute l'un des ouvriers s'était-il amusé durant la construction, quitte à vandaliser une telle merveille. Quel manque de respect, vraiment.

Toutefois...il fallait dire qu'il n'avait pas tort. Le soleil revient après la pluie, c'était là un beau message. Il ne savait pas qu'en faire, mais sur le coup, il ne s'en soucia pas.

Au dehors, la mer semblait plus sombre, même si à cette profondeur ça ne voulait rien dire. Est-ce qu'il se faisait tard? Il n'avait aucun moyen de savoir, et même en essayant de sentir le soleil, il n'y arrivait pas. Mais mieux valait rejoindre Zia et Tao pour ne pas trop se perdre. La dernière fois, ils étaient restés séparés des heures durant, et ç'avait été un vrai cauchemar pour se retrouver.

Toutefois, il commençait à s'y habituer. À force de passer des jours entiers dans les confins des Cités d'Or, il comprenait peu à peu ce que c'était que l'aventure.
:condor: Le meilleur personnage de toute la série, c'est la mère d'Esteban.:condor:

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Aurélien
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Re: "Sa Machine Ailée" et autres histoires

Message par Aurélien »

Ben dis donc ! Cette suite est une fois de plus encore très réussie ! Vraiment chapeau bas !

N'empêche faire apprendre le mu à Esteban est je dois dire un des plus grands défis que Tao au eut à accomplir ! Mais bon peut être seront-il un jour totalement comme des frères !
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Die geheimnisvollen Städte des Goldes

The mysterious cities of gold

Las misteriosas ciudades de oro

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