Second Chance

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Este
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Re: Second Chance

Message par Este »

yupanqui a écrit : 03 juil. 2020, 13:27 Je n’avais pas vu cette publication : pas mal cette couverture !
ziaguerra t'auras fait découvrir quelque chose !!
Saison 1 : 18/20 :D
Saison 2 : 13/20 :roll:
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yupanqui
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Re: Second Chance

Message par yupanqui »

Oui elle m’AURA
« On sera jamais séparés » :Zia: :-@ :Esteban:
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Este
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Re: Second Chance

Message par Este »

Pas mal la blague pas mal... bon je vais avouer que je suis dans le même cas que yupanqui. 8-x 8-x :roll: :roll:
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kally_MCO
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Re: Second Chance

Message par kally_MCO »

Salut, la compagnie ! Oui, je ne suis pas morte et je compte bien me remettre à travailler sur mes fictions. Aussi, je vous conseille vivement de relire le prologue et le premier chapitre de cette folle histoire avant d'attaquer celui-là.

Trois petites choses :

● Je jongle actuellement entre mes études de psychologie, quelques jobs et mes soucis du quotidien, donc écrire deux lignes en une journée est un vrai miracle. C'est pourquoi j'aimerais que vous soyez indulgents : ce chapitre n'a pas été relu et j'ai les idées peu claires, donc il est presque certain qu'il y aura de(s) (nombreuses ?) fautes d'orthographe. Désolée.

● Si vous êtes allergiques aux délires qui partent loin, je vous recommande fortement de continuer votre chemin et de ne pas vous arrêter, haha. Je tiens à rappeler que cette fiction a lieu au XXIe siècle et que les noms des personnages ont changé pour des raisons évidentes.

● Tout avis/critique constructif/ive est le/la bienvenue ! Vous êtes libres d'émettre vos propres hypothèses quant à l'enquête à partir du prochain chapitre ! :)

Sur ce, enjoy !


* * *

2. Les pieds dans la cellule

JOHN

Je fronce les sourcils, une fois ma voiture garée, et me masse le menton tout en balayant mon regard sur ce qui m'entoure actuellement.

Rien de nouveau, en soi. Une bonne vingtaine de voitures aussi polluantes que bruyantes, des passants qui hurlent à s'en décrocher la mâchoire et un immense immeuble gris clair qui me donnerait presque envie de faire demi-tour.

Presque.

Westside n'a pas changé. Froid, plein et élégant. Charmant quartier, me direz-vous.

Il faut dire que l'appel de M. Johnson, deux jours plus tôt, a su éveiller en moi des émotions qui m'étaient presque devenues étrangères. Pour commencer, la curiosité et l'étonnement ont pris possession de mon corps fatigué et fragile ; l'affaire Roberts est indéniablement l'affaire la plus complexe et intrigante du siècle, et le fait que mon patron me supplie quasiment de prendre le relai pour tenter de mettre la main sur le coupable - avant que l'étiquette "INCOMPÉTENT" ne soit définitivement placardé sur la porte de son bureau adoré - a eu le don d'attiser mon intérêt pour cette enquête. Après tout, il va sans dire que la mort du plus gros entrepreneur de Los Angeles dans des conditions plus que mystérieuses m'a aussi surpris, et le fait que toutes les forces de police n'ont pas été suffisantes pour ne serait-ce que trouver une seule piste est plus qu'interpellant - je dois bien l'admettre.

Puis, une fois le choc passé, l'incrédulité et l'appréhension se sont immiscées dans mes veines. J'avais, de toute manière, prévu de quitter la France pour revenir vivre à Los Angeles pour des raisons on ne peut plus évidentes. Alors quand le directeur du FBI m'a appris que j'allais devoir collaborer avec elle, mes sourcils se sont instinctivement haussés et la tasse de café que je m'apprêtais à savourer s'est retrouvée sur le plancher du salon de ma mère. Heureusement pour moi, elle est extrêmement compréhensive et adore faire le ménage, malgré le fait que mon père ait engagé une gouvernante il y a un mois, sur un coup de tête, après un vol qui avait pour destination l'Australie - il est pilote.

Que de coïncidences, décidément, mon vieux.

Ella Lewis. Mon ex fiancée.

À ce moment là, je me suis amusé à imaginer l'état dans lequel serait Missy* quand elle apprendrait que l'homme qu'elle méprise probablement plus que tout allait l'épauler et travailler avec elle pour essayer d'élucider le mystère de l'année. J'ai ri en secouant la tête, le dos enfoncé dans le canapé, avant de soupirer longuement. Je savais - et je sais toujours - à quoi m'attendre. Ce que j'ai fait, la raison de notre séparation brusque... c'est impardonnable, et la probabilité que cette tornade brune veuille m'assassiner avant de me faire avaler mes bijoux de famille par les trous de nez égale les deux cents pourcents. Et j'exagère à peine. Ella est la femme la plus colérique et calculatrice que je connaisse, et rares sont ceux qui n'ont pas eu à subir ses foudres.

C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles je l'estime et l'admire autant.

Enfin, une montée d'adrénaline, mêlée à une certaine excitation, se sont emparées de mes membres, alors que mes pupilles scrutaient avec attention les dossiers que m'a fait parvenir l'assistant de M. Johnson ; comptes-rendus, photos, liste des suspects, rapports des policiers et inspecteurs... tout y était. J'ai souri de manière instinctive et totalement incontrôlée. L'envie de revoir Ella et de m'expliquer a alors atteint son paroxysme. Ces onze derniers mois ont été assez difficiles, et il s'agit de l'occasion parfaite. Après tout, nous nous sommes rencontrés il y a des années lors de notre première mission ensemble, pour ensuite nous revoir le même soir à notre cours d'escrime commun.

Je sais que je ne mérite ni son pardon ni son attention, et encore moins son amour. Mais si l'agent Lewis est aussi téméraire que sarcastique, elle n'en demeure pas moins intelligente et dotée d'une grande patience - oui, c'est possible, malgré son caractère bien trempé.

De toute manière, je n'ai plus rien à perdre, et je ne compte pas faire machine arrière et la laisser partir une seconde fois, alors que mon cœur la réclame inlassablement, douloureusement - si niais soit-il.

Oh, mais tu as toujours été un grand romantique, John Morris.

Je secoue la tête, balayant les propos de ma chère conscience d'un geste de main imaginaire, et m'extirpe de ma voiture avant de m'aventurer à l'intérieur du grand bâtiment. L'air fraîchement pollué de cette ville et les expressions hypocrites et blasées de ces charmantes personnes m'ont vraiment manqué.

Mes documents en mains, l'expression figée et sévère, je m'engouffre dans l'ascenseur et presse le premier bouton, avant de reporter mon attention sur le miroir devant moi. J'arrange le haut de ma veste en cuir et passe une main dans ma tignasse brune fraîchement lavée. Les portes s'ouvrent finalement et une scène plutôt cocasse s'offre à moi.

Indiana, l'assistante personnelle - si je me souviens bien - d'Ella se trouve sur le pas de la porte de son appartement, ses cheveux roux en bataille et les joues roses, vêtue d'un tailleur blanc et noir, comme à son habitude. Elle semble irritée, puisqu'elle tripote son sac à main pendant quelques secondes avant de lever les yeux. La bouche grande ouverte, elle étouffe un cri de sa main gauche sur sa bouche et s'avance vers moi, tandis que je croise les bras et hausse un sourcil en me rapprochant de la porte.

- Vous, euh... Monsieur, punaise, fait-elle, les lèvres pincées. Vous êtes vraiment de retour parmi nous...

Elle fronce les sourcils et me jauge du regard un instant.

- Ella est à l'intérieur, reprend-elle, retrouvant son sérieux, bien que ses yeux pétillants et ses mains tremblantes d'excitation et de surprise trahissent son état d'esprit. Je viens de lui faire parvenir des renseignements supplémentaires concernant la victime, le crime en lui-même et les deux suspects qu'elle compte interroger demain après-midi. Les médecins continuent d'étudier ce cas de très près et j'espère que votre présence nous aidera à y voir plus clair, M. Morris.

Indiana me sourit faiblement, et je peux voir dans ses grandes billes vertes toute la haine qu'elle me voue, ce qui est compréhensible étant donné son amitié étrange avec sa supérieure. En guise de remerciement, je m'approche d'elle et hoche lentement la tête, un léger sourire aux lèvres.

- Ravi de vous revoir aussi, Indiana, dis-je. Merci pour ces renseignements, je comptais justement m'entretenir avec l'agent Lewis à ce sujet et discuter avec elle du premier suspect interrogé. Assurez vous que la police se charge bien de vérifier une dernière fois les anciens comptes en banque de M. Roberts, ainsi que ceux de ses derniers investisseurs.

Elle acquiesce, plaçant une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille, avant de répondre sur un ton faussement posé et enthousiaste :

- Entendu. Bon après-midi, M. Morris. Je suis toujours disponible si Ella... enfin, Mademoiselle Lewis a besoin de moi ou d'une quelconque information supplémentaire. Au plaisir de vous avoir revu.

Je secoue la tête, alors qu'elle me contourne habilement et monte dans l'ascenseur. Les femmes et leurs faux-semblants. Indiana était la seule personne au courant de ma relation avec le bras droit de M. Johnson. Pour des raisons évidentes, nous nous devions de la garder secrète afin de ne pas perdre nos places respectives au sein du FBI. Et Dieu seul sait à quel point j'ai dû ramer pour gagner la confiance et le respect d'Ella Lewis avant que les sentiments ne s'en mêlent.

Et nous y voilà.

Je pousse un léger soupir, me redresse et exerce une pression sur la sonnette, la mine sérieuse. Cette affaire me turlupine depuis plus de dix jours et le fait que même Ella semble douter, d'où la présence de son assistante, me laisse encore plus perplexe. Soudain, une paire de talons hauts manque de m'arracher un œil et finit par atterrir sur le mur d'en face, alors que la porte s'ouvre à la volée, m'arrachant un soubresaut.

- Où sont ces maudits témoignages ?!

Ella dans toute sa splendeur.

Mon cœur rate un battement, et se comprime péniblement l'espace d'un instant dans ma poitrine, quand mon ex apparaît devant moi, vêtue d'une combinaison noire moulante, les cheveux attachés en un chignon décoiffé. Haletante, elle serre les dents, ses yeux noirs perçants lançant des éclairs à tout ce qui l'entoure actuellement. Du coin de l'œil, je peux voir que son appartement est toujours assimilable à un zoo ravagé par deux tsunamis consécutifs. Le rangement, ainsi que les tâches ménagères en général, n'ont jamais fait partie de ses points forts.

J'affiche un sourire en coin et m'avance vers elle, tandis que son expression change du tout au tout, la colère et la frustration laissant place à une surprise totale avant d'être rapidement remplacée par un masque authentique de mépris.

- Monsieur Morris, crache-t-elle, les yeux plissés.

- John. Voyons, Ella, nous nous connaissons depuis des années. Je suis ravi de te revoir et...

- Agent Lewis, me reprend-elle sévèrement. Nous sommes de simples collègues de travail pour cette mission, M. Morris. Inutile de passer par la familiarité. Une fois le coupable arrêté, notre collaboration prendra fin et vous pourrez de nouveau quitter Los Angeles sans un mot ou un au revoir convenable. Vous pouvez entrer, nous avons beaucoup de choses à faire.

Joignant le geste à la parole, Ella s'écarte pour me laisser entrer à l'intérieur de son appartement, son visage impénétrable, avant de refermer la porte et de me contourner pour aller s'asseoir en tailleur sur son fauteuil rouge préféré. Pris de court, je reste stoïque pendant un moment.

Ma pomme d'Adam roule difficilement dans ma gorge et une vague de déception, mêlée à de la frustration, m'enveloppe. Sa réaction ne me surprend pas du tout, et est totalement légitime : ses allusions ne m'ont pas échappées, de même que sa lèvre inférieure tremblotante. Ella est la personne la plus passionnée et rigoureuse que je connaisse. Son travail doit toujours être minutieusement fait, ses missions achevées et couronnées de succès indiscutables et sa loyauté n'a d'égal que sa détermination.

Elle semble donc motivée à mener cette mission à bien, mais veut avant tout me faire disparaître de sa vie une nouvelle fois le plus vite possible, d'où son détachement et sa dureté.

Elle n'a pas essayé de te castrer, cette fois, estime toi heureux d'avoir obtenu cette réaction après un an de séparation.

Je dépose ma veste près de l'entrée, jauge furtivement le reste de son sanctuaire du regard - rien n'a changé et c'est bien la seule chose qui me rassure à cet instant -, et vais la rejoindre. Une montagne de dossiers divers jonche sa petite table basse, deux ordinateurs sont posés sur le sol et je remarque qu'elle tient une photographie dans sa main droite et son légendaire carnet doré dans l'autre.

Je décide alors de mettre fin à ce silence des plus ridicules, décidé à apaiser certaines tensions avant de commencer à travailler :

- Ella, c'est absurde. On ne va tout de même pas se vouvoyer et utiliser nos noms de famille respectifs pour communiquer pour je-ne-sais-combien-de-temps, alors qu'on se connaît depuis...

- Plusieurs années, et je connais le refrain, Morris, me coupe-t-elle, sa voix rauque et empreinte de sarcasme m'arrachant presque un sourire.

Elle relève ensuite des yeux plissés vers moi, une grimace déformant sa bouche.

- Nous avons énormément de travail, alors j'aimerais que tout soit clair dès le début pour éviter une quelconque distraction qui nous empêcherait d'avancer.

- Ella, répliqué-je fermement, mes yeux plongés dans les siens. Oui, nous allons être amenés à nous côtoyer quotidiennement pour une durée indéterminée et à communiquer pour le bien de cette mission. C'est pourquoi j'aimerais qu'on mette notre différend de coté et que tu arrêtes de faire mine de ne pas me connaître. On a déjà mené un nombre incalculable de missions à bien, ensemble, et celle-ci ne fera pas exception. Alors ce sera John pour toi, et Ella pour moi.

Elle baisse les yeux un instant avant de les lever au ciel, et de caler une mèche brune derrière son oreille gauche. Ses traits sont toujours aussi durs, mais ses épaules se relâchent quand elle lâche un souffle, les lèvres pincées, signe que sa raison et son professionnalisme viennent de l'emporter sur ses émotions et sa rancœur non dissimulée.

Je souris franchement, et tente d'attraper sa main dans un geste délicat, mais elle se dérobe brusquement avec un regard noir.

Dans tes dents, inspecteur.

- Très bien, Morris. Je ne vais pas te vouvoyer, et tu ne mérites, de toute façon, aucune forme de respect supplémentaire. Mais nous sommes de simples collègues, alors garde tes distances et ton sérieux, et je garderai mes poings. Est-ce bien clair ?

Elle incline la tête et me coule un regard sévère, qui me suggère d'acquiescer sans broncher. Les sourcils froncés, je passe une main dans mes cheveux. Je dois bien avouer que son comportement me frustre et m'attriste grandement, mais je ne peux pas lui en tenir rigueur et j'admire son sérieux et son calme, alors je hoche fermement la tête et m'installe près d'elle, sur le sol. Je réprime - non sans difficulté - un rire quand elle me lance naturellement :

- Si tu as soif, sache que mon affreuse voisine sera ravie de t'accueillir chez elle. Sa vie sociale est encore plus vide que mon frigo et elle est totalement fan des bruns bodybuildés accros aux dessins animés datant de 1980.

- Je n'en doute pas, Missy*. Je sais que l'hospitalité ne fait pas partie de tes principaux atouts et je vais prendre la dernière partie de ta phrase comme un compliment, réponds-je avec un clin d'œil.

Je vois ses membres se tendre, alors qu'elle dépose son petit cahier sur la table blanche, mais elle ne rebondit pas là-dessus, à ma grande surprise. Légère déception, aussi.

Me faisant enfin face, elle exhale un souffle, sa voix claire et assurée rompant le silence embarrassant qui régnait sur la pièce.

- Tu as reçu les photographies ?

J'acquiesce et m'empare, à mon tour, de mes documents : les rapports et différentes photographies des médecins légistes, ainsi que le témoignage du célèbre majordome d'Ambroise Roberts. Je fronce les sourcils de plus belle et réponds :

- En effet, et il faut avouer que plusieurs petites choses ont retenu mon attention.

Intriguée, Ella se penche vers moi. Elle se mord l'intérieur de la joue dans un geste adorable.

- Comme ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

Retrouvant peu à peu mon sérieux, je me racle la gorge, et continue :

- L'arme du crime n'a pas été retrouvée, c'est bien ça ?

- Non, en effet, souffle-t-elle en secouant la tête. Mais je ne vois toujours pas où tu veux en venir.

Ella fronce les sourcils, tandis que je pointe l'une des photos, sous ses petites fentes inquisitrices.

- Ambroise Roberts a été poignardé sept fois, Ella. Sept fois, reprends-je, la mine grave. Les premières blessures étaient handicapantes, mais pas mortelles. Il est mort aux alentours de 21 heure, et son majordome est tombé sur son corps ensanglanté une heure et quinze minutes plus tard. Il a été poignardé au niveau de la poitrine, du ventre, du bas-ventre et une fois au niveau de la gorge. Le coup fatal. Mais plusieurs choses me laissent perplexe.

Je marque une pause, tentant de faire le tri dans toutes les informations que j'essaie de communiquer à Ella, alors que cette dernière me fixe attentivement, passant sa langue sur sa lèvre, les traits de son visage exprimant tout l'intérêt qu'elle porte à mes observations. Elle commence à comprendre, et c'est avec un sourire satisfait que je poursuis ma tirade explicative :

- Son majordome nous a donné les noms de toutes les personnes qu'il a vues s'introduire dans la chambre de M. Roberts à un moment donné pendant la soirée. Cependant, on sait maintenant que le meurtre a commencé bien avant 21 heure et s'est poursuivi après 21 heure, alors que la victime était déjà morte à partir de 21 heure et 20 minutes - approximativement. Tu n'as pas l'impression que...

- Mais bien sûr !

Ella se redresse brusquement, prise d'une illumination, les mains sur les hanches.

- Aucun cri n'a été reporté. À aucun moment le majordome ne s'est douté de quelque chose alors que plusieurs personnes se sont introduites dans la chambre de son patron.

Nous échangeons un bref regard, alors que le fessier de Missy* vient délicatement se poser sur la petite table, en face de moi. Je me redresse légèrement, mon regard parcourant méticuleusement la fiche sur laquelle figure le fameux témoignage. Intéressant.

- Ce qui pourrait donc signifier deux choses, continue mon ex. Le première : le coupable a agi très vite aux alentours de 21 heure, prenant bien soin de dissimuler le corps gravement blessé de la victime sous le grand lit quand les dernières personnes qui ont cherché à le voir sont entrées avant de quitter la pièce sans que le majordome ne le remarque, laissant ainsi le corps inerte de M. Roberts joncher le sol. La deuxième : la plupart des témoignages sont truffés de mensonges, et Ambroise Roberts a soit essayé d'appeler au secours et personne ne l'a entendu - voulu l'entendre ou l'aider - soit sombré dans un sommeil artificiel provoqué par une substance sur laquelle nous devons absolument mettre la main.

Sourire aux lèvres, j'opine, ravi de voir que notre facilité à nous comprendre et à travailler ensemble soit toujours présente. Je m'humecte délicatement la lèvre inférieure, et enchaîne sérieusement :

- Dans tous les cas, il est évident que la plupart des témoignages qui nous ont été fournis sont partiellement, voire totalement, factices. Il faut être prudents et attentifs dans ce genre d'affaires et nos prédécesseurs n'ont visiblement pas cherché à creuser plus loin, Ella.

Les bras croisés, elle jette un regard en biais à son horloge jaune foncé, accrochée au mur d'en face, pensive. Dans ses yeux, je peux lire ce qu'elle pense actuellement : "mais quelle bande de crétins incapables". Quelques jurons lui échappent, alors que je la scrute d'un œil amusé, parcourant rapidement son corps. Elle est toujours aussi fine, mais ses bras et ses jambes me semblent légèrement plus robustes et musclés ; je sais qu'Ella pratique quotidiennement de la boxe dans la salle de son frère, en plus de nos entraînements spéciaux et de ses marathons interminables tous les samedis matin. Je sens un trou se former dans ma poitrine.

Pratique-t-elle toujours de l'escrime ? Et si oui, a-t-elle trouvé un autre partenaire à sa hauteur ? D'autres questions fusent dans mon esprit, me valant un soupir imperceptible mais lourd, alors que je me fais violence pour ne pas penser au fait que je n'ai pas été là pour voir s'opérer tous ces changements.

Toutefois, l'agent Lewis m'extirpe de mes pensées en me tendant son ordinateur portable avant de m'annoncer d'une voix grave, sourcils froncés :

- Il faut qu'on étudie le cas de l'assistante personnel de plus près dans la semaine, je verrai ça avec Hugo et Indiana demain matin, de toute façon. Étant donné que toutes les caméras de surveillance étaient hors d'usage durant la semaine du meurtre, aucun enregistrement ne va pouvoir nous aider - à croire que toutes ces fichues forces supérieures souhaitaient la mort de ce type. Je vais examiner les photographies envoyées par les médecins pour tenter de déterminer s'il existe une seule arme qui a servi à commettre le crime ou si...

Je l'interromps, sachant qu'il s'agit de sa spécialité :

- Plusieurs couteaux et poignards correspondent à plusieurs types de coups et lésions.

La bouche entre-ouverte, elle me fixe pendant quelques secondes, les traits plus détendus, toujours sur la table.

- Oui, c'est...

Ella secoue ensuite fermement la tête en se mordant la lèvre, ce que je trouve assez cocasse et amusant. Nos cinq d'écart ne se font même pas ressentir dans ce genre de situations ou moments de complicité totale.

- C'est ça, concède Ella d'une voix éraillée et moins grave. Mais pour le moment, je voulais revenir sur le cas de Tom, l'interrogatoire d'hier m'a laissée perplexe et confuse, alors j'ai décidé de faire une petite recherche et je suis tombée sur l'affaire de Rose.

Mes yeux se posent alors sur l'écran de l'ordinateur sur lequel est affiché un fichier Powerpoint visiblement volumineux et riche en informations concernant l'affaire de la petite Rose. Une affaire qui date de huit ans.

- Hier, je suis tombée sur une photo pendant ma visite chez notre premier suspect. Avant ton arrivée.

Son ton plein de reproches et ses yeux de chats plissés ne m'ont pas échappé. J'ai d'abord tenu à examiner moi-même la scène du crime, hier après-midi, avant de me rendre chez le jeune Tom avec Ella, comme convenu. Je procède toujours de cette manière afin d'adapter mes questions - et leurs tournures - à chaque suspect potentiel ou officiel. Je pensais qu'elle procédait toujours de la même façon, mais je me suis manifestement trompé sur ce point, ce qui m'a valu d'être pris dans des embouteillages monstrueux pendant plus de trois-quarts d'heure et d'arriver en retard chez le jeune homme. Inutile de préciser que ma charmante collègue a immédiatement décidé de quitter les lieux à mon arrivée, me laissant réinterroger Tom tout seul.

Sacrée Ella.

- De quoi parles-tu ? demandé-je avec curiosité en me massant le menton, sentant ma barbe de trois jours crépiter sous mes doigts.

- Tom était sur cette photo, explique la-ma brune en roulant des yeux. Sa mère et Rose étaient avec lui.

Interloqué, je relève des yeux étonnés vers elle.

- J'ai demandé à un agent de retourner chez eux aujourd'hui, prétextant qu'il devait poser des questions supplémentaires à Mathew, son oncle. Il a réussi à prendre la photographie en photo et à me l'imprimer à temps, d'où la visite de mon assistante que tu as dû croiser dans l'immeuble. D'après mes recherches, Rose Anderson était en fait la filleule de la mère de Tom il y a plusieurs années. Cette petite orpheline a ensuite été adoptée par sa famille et s'est énormément rapprochée de Tom, qui semblait la considérer comme sa petite sœur. Comme tu dois déjà le savoir, elle est morte à l'âge de huit ans le 18 avril 2010 à cause d'un cancer du sang qui n'a pas pu être pris en charge. Deux ans plus tard, les géniteurs du jeune garçon sont décédés dans un accident de voiture, laissant Mathew Kaling, son oncle, l'élever seul en tant que seul responsable légal et parent.

Buvant littéralement les paroles d'Ella, mon regard toujours accroché au document informatif qui se présente à moi, je plisse les yeux, le corps tendu. Voilà qui change bien des choses... Je dois bien le reconnaître, le travail d'Ella ne cessera jamais de me surprendre et la pertinence de ses recherches nous a toujours été primordiale et déterminante dans toutes nos missions. L'affaire Rose est donc indirectement liée à l'affaire Roberts, ce qui me confirme une nouvelle fois que cette enquête constitue un nouveau défi pour nous.

- Attends, lâché-je après quelques minutes. Le 18 avril... Bon sang.

- Effectivement. Aussi surprenant et déroutant que ça puisse paraître, les dates concordent, me dit Missy* lentement, le souffle court. Elle est morte le 18 avril 2010. Roberts est mort le 18 avril 2018, soit huit ans plus tard. Et Tom fait partie des dernières personnes à avoir vu et entendu Mister Ambroise. Un véritable conte de fée, j'attends l'apparition de Cendrillon et de Naveen.

Un rire sarcastique et presque nerveux roule dans sa poitrine moulée, tandis qu'une pensée traverse mon esprit. Ma main s'écrase sur la table, et mes paupières se mettent à battre d'elles-mêmes.

- Le témoignage de Tom mentionne le fait qu'il ait vu deux amis monter les escaliers après lui, juste avant son départ.

- Deux camarades de classe, me corrige sournoisement Ella.

Quoi ?

- Non, dis-je en secouant la tête. Il m'a bien parlé de deux amis. Lisa et Tyler Stone ne fréquentent pas la même université que lui et n'étaient pas dans sa classe au lycée.

Je lui souris malicieusement, sachant que je perds de plus en plus de points, malgré moi.

- Il m'a bien parlé de deux camarades, rien de plus, et manière évasive, Morris. Il s'agit donc d'un mensonge délibéré, reste à savoir s'il aura son importance. Punaise.

Elle attrape son carnet doré dans un geste fluide, marmonnant quelques insultes qui me sont sûrement destinées.

- Nous devons aller les interroger dans la semaine, c'est impératif et il faut être méthodique à partir de maintenant, me lance-t-elle avec détermination.

Je m'apprête à répliquer quand une réalisation vient me frapper de plein fouet.

Lisa et Tyler.

Lisa et Tyler.

Lisa et Tyler, alias mes deux petits apprenti inspecteurs il y a deux ans.

Bon sang, pas eux.


* * *
Missy*

Il s'agit d'une référence au fameux Señorita (Miss en anglais), mais c'est aussi un jeu de mot qui renvoie au terme "mistake", soit erreur en anglais. John l'appelle comme ça parce qu'Ella (notre Isabella du XXIe siècle) est très maladroite par moments et il s'amusait à la surnommer Miss à leurs débuts.
— Regarde toi : la finesse d'une enclume et la loyauté d'un bigorneau !
— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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Re: Second Chance

Message par Xia »

Jella le retour !!! Enfin :tongue:

kally_MCO a écrit : 12 janv. 2021, 01:42 Si vous êtes allergiques aux délires qui partent loin, je vous recommande fortement de continuer votre chemin et de ne pas vous arrêter
Bon, bah... bonne continuation ! Je :arrow:
:x-):

kally_MCO a écrit : 12 janv. 2021, 01:42 Elle n'a pas essayé de te castrer
Merci pour ce délicieux moment de fou de rire :lol:
La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre (Tatanka Iyotaka)

Ma fanfic sur la préquelle des Mystérieuses Cités d'or, c'est par ici

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Re: Second Chance

Message par ziaguerra »

Ahhhh je suis tellement contente que tu continues cette fic !!! J’adore les récits policiers, et en plus avec ces deux inspecteurs, je suis aux anges ! :-@
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Re: Second Chance

Message par Tina3008 »

Je suis tombée sur cette fiction il y a quelques jours et je n'ai qu'une seule chose à dire: J'ADORE! 😍 j'ai hâte de lire la suite!
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Re: Second Chance

Message par Este »

Merci pour le retour !! Je savoure autant !!
Saison 1 : 18/20 :D
Saison 2 : 13/20 :roll:
Saison 3 : 19/20 :-@ :-@ :-@
Saison 4 : 20/20 :-@ :-@ :-@ :-@ :-@

Perso préféré : Laguerra
Couple préféré : Mendoza et Laguerra
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