FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Raang, tu veux que mon petit coeur fragile lâche? Un message du Grand Inspirateur, Maître Raang! Cela faisait si longtemps! :-@
Tu as raison, un anniversaire pareil, ça se fête! Un an déjà... :roll:
Merci pour ces nouvelles, et tiens nous au courant de tes créations: tes textes sont toujours des moments forts, c'est d'ailleurs pour ça que tu as réussi à susciter l'intérêt et à lancer cette aventure. Et nous voilà tous comme des galériens à tenter de faire avancer le navire malgré nos diverses obligations, surtout Chaltimbanque qui a la pression pour ses commentaires du tonnerre de Brest!

Akar, Teeger, et tous les autres, merci de continuer à lire, la suite va arriver, bientôt...
"On savoure mieux ce qu'on a désiré plus longtemps, n'est-ce pas Mendoza?"
Unagikami mon amour
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Seb_RF
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par Seb_RF »

Le temps passe si vite....

Joyeux anniversaire a la Fic!


d’ailleurs ça me fait penser qu'il fraudais qu'on lui trouve un titre... mais je n'ai que des idée cliché :cry: ....
note serie:
MCO1: 18/20

Trahison/Insulte totale:
MCO2: 7/20
MCO3: 4/20
MCO4: 3/20 (et je suis "gentil" par ce qu'il y a les effets visuels)

Fanarts: viewtopic.php?f=14&t=2301 :x-):
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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Allez, je ne vais pas exercer plus de pression sur Chatchat, cette partie est prête depuis longtemps. ;)

Cinquième partie.

Esteban, Tao et Nacir veillaient près du feu allumé au bord de la falaise, à quelques mètres du trésor, quand ils avaient aperçu un navire émergeant des ténèbres, et se dirigeant vers l’île. Aussitôt, Esteban avait bondi.
E : C’est elle !
T : Attends un peu, on n’est pas à l’abri d’une erreur.
E : Mais qui veux-tu que ce soit, bon sang !
T : Je ne sais pas, un navire égaré, attiré par notre feu…
E : Regarde ! Ils nous font signe !
On distinguait en effet à présent comme un fanal qui se balançait sur le pont du navire ; quelqu’un devait agiter une lanterne.
E : Je descends sur la plage !
N : Moi aussi ! On ne sera pas trop de deux pour les accueillir !
T : Eeeeh….et si c’est un piège ? Et s’ils arrivent par les terres pour prendre les lingots ? Vous me laissez tout seul ?
E : Les lingots, c’est ce que veut Hava, non ? Alors elle les prendra et te laissera tranquille, mais si tu veux t’amuser à les surveiller….
T : Non, non, mais c’est juste que…vous ne trouvez pas bizarre qu’elle nous les ait fait monter ici, et qu’elle arrive par la mer ?
Esteban ne l’écoutait déjà plus. Il s’était accroché à la corde qui leur avait servi à hisser les lingots, et Nacir était en train de le faire descendre. Le naacal haussa les épaules et soupira.
T : Bon…je suppose que tu veux que je t’aide à descendre ensuite…
N : Oui, s’il te plaît Tao. Et toi, comment…
T : Ne t’inquiète pas pour moi, je me débrouillerai. Et si je dois affronter Hava seul, je saurai faire face !
Quelques instants plus tard, Esteban et Nacir scrutaient l’horizon depuis la plage. Indéniablement, le navire, une petite galère comme celles que les pirates affectionnaient en raison de sa maniabilité et de sa vitesse, manoeuvrait pour s’approcher des côtes. La houle grandissait, rendant l’approche plus difficile. La galère se stabilisa à une distance encore importante de la plage. La chaloupe fut préparée.
N : Ils vont débarquer. Qu’est-ce qu’on fait ?
E : On ne bouge pas. Je ne comprends toujours pas leurs intentions.
Il jeta un œil en arrière, vers la falaise. Tao se tenait toujours près du feu, et comme eux observait la mer.
E : Pfff…il pourrait au moins regarder derrière lui, au cas où Hava chercherait à le surprendre.
N : Regarde !
Le cri de Nacir focalisa à nouveau son attention sur la galère.
N : Ce sont eux, j’en suis sûr ! Mendoza et Gonzales !
Il désignait deux silhouettes dont l’une était aisément reconnaissable à la cape que le vent plaquait sur le corps de son propriétaire.
E : J’ai vu. Ils vont donc débarquer avec eux. C’est parfait.
Ils assistèrent à l’embarquement des deux hommes dans la chaloupe, en compagnie du rameur.
N : Trois personnes, seulement ? Le rameur serait cette femme ? Elle viendrait seule ? Si elle compte sur nous pour lui charger les lingots dans sa chaloupe…
E : Non, ce n’est pas le rameur, regarde, elle se tient sur le pont. Enfin, je crois, parce qu’à cette distance… Tout de même, cela n’a aucun sens. A moins qu’elle ne nous envoie simplement un messager. Mais un seul, alors que nous sommes deux, enfin, trois en comptant Tao…je n’aime pas ça…c’est trop beau, elle nous rend ses prisonniers alors qu’elle n’a pas la rançon, qu’elle n’a même pas vérifié que nous avions bien toute la somme…
N : Elle nous fait confiance, nous n’aurions pas allumé le feu si nous n’avions pas réuni la rançon.
E : Mais nous pourrions lui tendre un piège.
N : Dans ce cas, elle préfère peut-être ne pas approcher de notre navire…ou de la plage.
E : Je vais dire à Tao de descendre, tout ça ne me dit rien qui vaille.
Il se tournait pour appeler son ami, quand Nacir lui agrippa le bras.
N : La femme ! Elle lance un signal !
E : Quoi ?!
Ils virent Hava abattre son bras. Le rameur sauta de la chaloupe. Ils entendirent le cri de Mendoza. Le sang d’Esteban se glaça. Il crut apercevoir une étincelle : on allumait une mèche ? Elle allait tirer sur l’embarcation ? Au lieu de cela, Mendoza disparut brusquement à sa vue, puis ce fut au tour de Gonzales de basculer dans les flots. Nacir s’était déjà précipité. Esteban resta figé quelques secondes, incapable de réagir. Puis il fonça à son tour. Depuis la falaise, Tao vit ses deux amis plonger à la rescousse des prisonniers. Aussitôt, il entreprit de descendre le long de la corde, se brûlant les mains dans sa hâte de toucher le sol. Avec cette mer agitée, même s’ils parvenaient à repêcher les deux malheureux, ils auraient toutes les peines du monde à les ramener sur la terre ferme, il fallait venir à leur secours avec la chaloupe du Solaris : pourquoi Esteban n’y avait-il pas pensé, au lieu de se précipiter sans réfléchir ? La chaloupe était sur la plage, juste à côté de lui ! Après avoir atterri brutalement sur les galets, il fonçait vers l’embarcation quand la détonation du canon de la galère le surprit, manquant le faire trébucher. Bon sang, voilà qu’elle leur tirait dessus à présent ! Il se redressa, tremblant de rage, prêt à reprendre sa course, à peine capable de se demander où le boulet avait bien pu frapper. C’est alors qu’il comprit : au loin, à sa gauche, se profilait la masse puissante de la galère de Romegas.

Le chevalier abaissa sa longue vue. Ainsi, elle cherchait à l’intimider, et à gagner du temps pour pouvoir filer. Il était encore hors de sa portée, mais il ne s’en laisserait pas compter par cette diablesse. Il donna ses ordres, et la galère bondit en avant. Hava ne lui échapperait pas, cette fois. Elle ne pourrait pas le battre de vitesse, même si elle avait de l’avance : sa galère ne faisait pas le poids. Et son canon non plus.

Tao ramait de toutes ses forces. Si les deux galères se mettaient à se tirer dessus, il ne restait plus qu’à prier pour ne pas se trouver dans leur ligne de tir, ce qui n’était pas évident avec cette mer agitée qui emportait la chaloupe sabordée où s’accrochait Gonzales en direction de la galère maltaise. Hava, quant à elle, filait contre le vent à une vitesse étonnante, tandis que Tao avait toutes les peines du monde à rejoindre ses amis. Il commençait à se demander s’il n’aurait pas été préférable de rejoindre le Solaris II, qui se trouvait ancré à sa gauche. Au train où ça allait, il en était maintenant plus proche que de Gonzales. Mais monter à bord et manœuvrer lui ferait perdre un temps trop précieux. Il jetait de temps à autre des regards désespérés en arrière, tentant de repérer ses amis. Mais à chaque fois, il n’apercevait que la chaloupe qui coulait inexorablement. Sa vue se brouillait, tandis que les larmes lui montaient aux yeux. Il serra les dents, et mit toute sa rage dans ses coups d’aviron.

Quand le plancher s’était dérobé sous ses pieds, Mendoza s’était concentré sur sa survie. Il n’y avait rien à comprendre. Le temps des explications viendrait, quand il aurait repris pied à terre et qu’il tiendrait Hava sa merci. A moins qu’il lui faille attendre d’être en enfer, comme elle le lui avait murmuré. Il se cogna contre la coque de la chaloupe, chercha une prise, en vain. Quand il refit surface, l’embarcation n’était qu’à quelques centimètres, mais il ne put se donner assez d’élan pour l’atteindre avant qu’une vague ne l’éloigne de lui. Sa cape, son épée le gênaient, tout autant que ses chaînes et ces cordes qui enserraient ses poignets. S’il parvenait à les couper, il aurait une chance…il prit une profonde inspiration, et chercha à les entailler de sa lame, tandis qu’il tentait de surnager en battant des pieds, mais sans réelle efficacité. Impossible d’entamer les cordes suffisamment pour se détacher. Il se concentra, s’acharna, cherchant son souffle, crachant, coulant. Il s’épuisait, et les cordes lui résistaient toujours. La chaloupe était loin. S’il pouvait se rapprocher de la côte…Il trouverait peut-être un rocher, un appui. Mais comment lutter contre les flots implacables, dans ces conditions ? Il essaya pourtant. Cela ne pouvait pas se terminer ainsi. Il sourit ironiquement. Combien de fois s’était-il trouvé dans une situation pareille ? Le voilà qui rejouait la même pièce, avec la même pensée. Cette fois, c’était Hava la spectatrice. La rejoindre en enfer…c’était tentant. Il n’était que rage et souffrance, comme elle. Isabella…ne valait-il mieux pas la laisser en paix ? Il espérait seulement qu’elle n’était pas là, non, pas là pour assister au spectacle elle aussi. Rage et souffrance…Isabella n’y échapperait pas, sûrement pas, il n’y avait rien à faire, plus à rien à faire, non, pas même à demander pardon…

Quand Nacir constata que Mendoza ne remontait pas, cette fois, il plongea dans la direction où il l’avait vu disparaître, priant pour le retrouver. Il aperçut une masse ondulante à quelques mètres de lui, bientôt engloutie par les ténèbres sous-marines. Il comprit qu’il venait de voir disparaître la cape du capitaine, qui coulait à pic. Trop tard, il arrivait trop tard ! Il accéléra sa descente, il fallait qu’il intercepte le corps, coûte que coûte. Soudain, quelque chose frôla sa joue, se plaqua sur son cou. Instinctivement, il chercha à s’en débarrasser. Il réalisa alors que ce qu’il touchait n’était pas une algue, mais un morceau de tissu. Il referma aussitôt sa main et s’arc-bouta pour stopper sa plongée et tenter de tirer sur la cape, en espérant qu’elle n’était pas en train de flotter entre deux eaux sans son propriétaire. La difficulté qu’il éprouva à le faire acheva de le conforter dans sa certitude d’avoir retrouvé Mendoza ; il lâcha la cape et replongea plus profondément ; dès qu’il eut agrippé ce qui semblait être l’épaule du capitaine, il tenta de remonter le plus rapidement possible, tout en confortant sa prise en passant son bras sous celui du noyé. Jamais la surface ne lui avait paru si lointaine. Tandis qu’il battait vigoureusement des jambes pour se propulser, et qu’il repoussait de sa main libre des murs d’eau derrière lui, jusqu’à ce que son bras durcisse comme la pierre, la cape se rabattit sur son épaule droite. Ce fut sa teinte d’un bleu sombre et luisant, tranchant sur l’éclat métallique des flots qu’une lumière blafarde commençait à éclairer, qui attira immédiatement l’attention d’Esteban. Il vint aussitôt prêter main forte à Nacir. Le jeune pêcheur d’éponge soutenait à grand peine le corps pesant du noyé, s’efforçant de lui maintenir la tête hors de l’eau. En quelques brasses, Esteban fut à ses côtés.
T : Esteban, par ici !
Une détonation couvrit son appel : Romegas ripostait. Un boulet provoqua une énorme gerbe d’eau à quelques mètres du navire d’Hava, puis une salve se déclencha, sans faire mouche. Esteban, en tournant la tête pour voir ce qui se passait, remarqua son ami qui lui faisait de grands gestes. Derrière lui, sur la droite, émergeant de la fumée des canons, une galère aux couleurs de l’Ordre de Malte s’approchait à toute allure.

Il sembla à Esteban qu’ils ne parviendraient jamais à atteindre la chaloupe, et quand enfin ce fut le cas, il n’en éprouva pas le moindre soulagement. Il laissa Nacir se hisser dans l’embarcation pour aider Tao à tirer Mendoza hors de l’eau. Les quelques secondes où il sentit peser dans ses bras le poids du corps inerte de cet homme à qui il devait la vie lui parurent une insupportable éternité. Il allait monter à son tour quand il vit Nacir se préparer à replonger. Bon sang, il restait Gonzales ! Esteban l’avait parfaitement vu accroché quelques instants auparavant à une planche qui émergeait encore, avant que son regard ne soit attiré par la cape de Mendoza et qu’il ne vienne aider Nacir.
E : Laisse, j’y vais !
Il se retourna et constata que la mer était vide. Il plongea, tentant de se souvenir de l’endroit exact où il avait vu Gonzales pour la dernière fois. Heureusement, l’aube lui facilita la tâche, et il aperçut bientôt distinctement sous l’eau, à quelques mètres, le jeune métis qui s’efforçait de refaire surface, tandis que la chaloupe sombrait définitivement. En quelques secondes, il fut auprès de lui et lui passa un bras autour de son cou pour l’aider à remonter, et l’entraîner vers le salut.

A bord de la chaloupe, Nacir, après avoir libéré les mains de Mendoza en tranchant ses liens, lui prodiguait les soins qu’on lui avait appris depuis les premiers jours où il s’était entraîné à plonger, mais ses efforts restaient vains. Quand Esteban et Gonzales s’accrochèrent à la chaloupe, Nacir reprenait son souffle, le visage contracté. A ses côtés, Tao prit le relais, s’efforçant de répéter les gestes qu’il venait de voir le jeune pêcheur accomplir. La chaloupe, dont les rames pendaient inutilement dans l’eau, dérivait dangereusement.
R : Attrapez cette corde !
Nacir leva la tête. La galère de l’Ordre était maintenant tout près. Les mains en porte-voix, le chevalier les hélait. Nacir attrapa la corde jetée, et quelques instants plus tard, les marins maltais hissaient les rescapés et leurs sauveteurs. Tao était le dernier à rester dans la chaloupe, et quand les autres furent à bord, il détacha la corde, reprit les rames et s’éloigna. Dans l’agitation qui régnait, Esteban ne remarqua pas tout de suite que son ami n’était pas là. Il regardait, comme dans un rêve, Nacir reprendre les mêmes gestes, penché au-dessus du corps de Mendoza , qu’on avait allongé sur le pont avec précaution, la tête renversée en arrière. Gonzales reprenait son souffle, assis à quelque pas, sans quitter des yeux Nacir. Un marin vint couper ses liens. Il le remercia à peine, entièrement absorbé par ce qui se jouait sous ses yeux. Nacir s’arrêta, comme découragé. Esteban s’attendait à ce qu’il reprenne ses insufflations, mais les secondes passaient, et Nacir ne bougeait pas. La voix de Romegas retentit, attirant l’attention d’Esteban.
R : Mais que fait-il ?!
Le jeune Atlante vit le chevalier hausser les épaules et se détourner du bastingage. C’est alors qu’il remarqua l’absence de Tao, qui ramait en direction du Solaris II.
E : Tao ! Non !
R : Qu’est-ce qui lui a pris ? Je ne vais pas ralentir ma course pour lui permettre de nous rattraper avec son navire. Nous risquerions de nous faire distancer.
Esteban se tourna vers son interlocuteur et s’adressa à lui d’une voix blême.
E : Et vous, qu’est-ce que vous comptez faire à présent ?
R : Mais…donner une bonne leçon à cette femme ! Elle ne m’échappera pas, croyez-moi ! Elle va payer pour ses crimes !
E : Parce que vous croyez que c’est ça que je veux ? que c’est ça que j’attends ? Mais à quoi ça va servir, hein, dites-le moi, à rien, absolument à rien ! Elle l’a tué, vous entendez, et même si vous réussissiez à pulvériser son navire, à le réduire en miettes, à transpercer cette femme de part en part et à jeter son cadavre dans la mer, cela ne le ramènerait pas à la vie ! Elle l’a tué !

Il se tut, comme stupéfait de sa propre violence, et de cette vérité qu’il venait de hurler. Les mots venaient de donner une réalité à ce qu’il pressentait, à ce qu’il redoutait depuis qu’il avait vu Nacir abandonner, mais qu’il avait refusé de formuler jusque-là, même en pensée. Lentement, il s’éloigna de Romegas, qui le regardait soudain avec pitié. Autour de lui, tous se taisaient. Nacir avait suspendu ses gestes, et gardait la tête baissée. Quand Esteban fut près de lui, il se leva sans un mot, et s’éloigna sans un regard. Gonzales vit Esteban s’agenouiller près du corps, et le contempler en silence, les poings serrés, pendant à ses côtés. Il aurait juré que le jeune homme luttait pour retenir ses larmes. Il se retint de sourire. Comme cette scène était touchante, ce chagrin tout en retenue lui conférait une intensité et une solennité remarquables. Quelle belle mort il avait réservée à Mendoza ! Il s’en était fallu de peu qu’il ne succombe lui aussi, mais cela ne faisait que rendre sa victoire plus savoureuse. Quel plaisir d’être en vie, de respirer tandis que ce cher capitaine n’était plus qu’un cadavre promis à la putréfaction ! Brave Nacir, qui avait réussi à le sauver des eaux, afin qu’il reçoive un dernier hommage avant de retourner à l’élément marin. Gonzales veillerait à ce que les funérailles soient dignes d’un homme tel que lui, si difficile à éliminer. Le chevalier Romegas ferait un excellent prêtre pour l’office. Soudain, Esteban s’anima, et frappa de ses poings la poitrine de Mendoza, lentement d’abord, puis de plus en plus fort, comme pris de folie. Romegas se précipita pour faire cesser ce spectacle pénible, et s’empara des bras du jeune homme pour le tirer en arrière. Esteban se débattit sans un mot, et alors que le chevalier le trainait en lui intimant l’ordre de se maîtriser, il asséna au corps sans vie un violent coup de pied en plein cœur, provoquant un soubresaut du cadavre. Tous se figèrent, horrifiés par l’outrage. Romegas lâcha Esteban, qui resta assis, tremblant. Il n’avait pas voulu ça, non, il voulait juste…ne pas céder à la douleur, et il avait cédé à la colère, de la façon la plus brutale qui soit, devant tous. Que devaient penser tous ces hommes ? Mais après tout, il s’en fichait, qui étaient-ils pour le juger, eux qui ne connaissaient même pas Mendoza, qui ne savaient pas qui il était, ni ce qu’il représentait pour lui. Mendoza l’avait sauvé en mer au péril de sa vie autrefois, il l’avait sauvé du désespoir à la mort du Père Rodrigues, il avait apaisé son chagrin, apaisé ses craintes, il lui avait donné confiance en lui, il l’avait aidé à devenir l’homme qu’il était, et lui avait rendu son père. A présent, Esteban, seul face à son deuil, s’était montré incapable d’un comportement digne de celui qui lui avait tant appris. Si pitoyable qu’il était, il ne méritait aucune pitié. Il se prépara à se lever, mais se ravisa. Tant pis pour ce que l’on penserait de lui, il ne pouvait quitter Mendoza ainsi. Alors, doucement, il s’agenouilla, se pencha et souleva le torse du noyé délicatement pour passer son bras derrière son dos en une dernière accolade. Tandis qu’il serrait le corps déjà glacial contre le sien, il ferma les yeux et murmura : «Adieu. Pardonne-moi ». Il frissonna. De l’eau de mer coulait dans son cou. Après quelques secondes, il desserra son étreinte. Un nouveau soubresaut agita le cadavre. Esteban se figea, retint son souffle, et colla son oreille sur la poitrine de Mendoza, pris d’un fol espoir. Il battait. Son cœur battait. Sans plus attendre, il le recoucha et recommença les insufflations. Il sentit qu’on le tirait en arrière, il entendit Romegas crier.
R : Vous êtes fou ! Cela suffit ! Il est mort !
Mais Nacir s’interposa.
N : Laissez-le !
Gonzales s’était redressé, le cœur battant. Si Esteban ne cessait pas cet acharnement ridicule, il était prêt à intervenir, mais il fallait le faire en douceur, avec doigté, pas comme ce rustre de Romegas, pour éviter de compromettre la suite de sa mission. Esteban continuait. Gonzales pâlit. Il essayait de réfléchir à toute allure. Esteban s’arrêta. Gonzales vit alors Mendoza cracher brutalement de l’eau. Un murmure s’éleva autour d’eux.
E : Il est vivant, Nacir, il respire…
En un bond, Gonzales était debout.
G : Non ! C’est impossible ! Ni Nacir ni Tao ne sont parvenus à le ranimer tout à l’heure ! Cela fait trop longtemps ! Esteban, c’est inutile, il ne reviendra pas parmi nous !
Mais Esteban ne prêta pas attention à ses paroles.
E : Une couverture, vite ! Il faut le réchauffer ! Nacir, aide-moi !
Le jeune pêcheur d’éponge s’agenouilla à son tour, et constata l’impossible.
N : Chevalier Romegas ! Faites ce qu’il vous dit ! Nous allons le sauver !
Romegas dégrafa sa cape noire pour en couvrir Mendoza. En se redressant, il se signa, puis se précipita vers sa cabine pour aller chercher une couverture. Gonzales, incrédule, s’approcha à son tour, le visage cireux. Dans ses yeux de feu brillait plus intensément que jamais une flamme haineuse, et sa bouche se déformait sous l’effet d’une rage mal contenue. Heureusement, personne ne le remarqua, car tous étaient occupés à s’émerveiller du miracle. « Quels imbéciles ! » songea le jeune métis. « Ne savent-ils pas que seule la Nature est à remercier ? Mendoza, ne crois pas t’en tirer, Dame Nature n’a pas encore dit son dernier mot…je parie que tu ne survivras pas, ou alors pas sans séquelles, et si jamais cela ne devait pas être le cas, alors je te jure que je me substituerai à la Nature, et cette fois, rien ni personne ne m’empêchera de te précipiter en enfer ! »
A ce moment-là, un éclair zébra le ciel, si bas que tous en furent éblouis, puis une détonation assourdie leur rappela qu’ils étaient en situation de combat.

Romegas revenait avec une couverture quand il vit l’éclair toucher le navire d’Hava, qui les avait distancés et se trouvait désormais hors de portée des canons de la galère maltaise.
R : Qu’est-ce que….
Il jeta la couverture en direction d’Esteban, sortit sa longue vue, et constata que la galère d’Hava était légèrement touchée : des cordages avaient été sectionnés, et une de ses voiles pendait désormais, inutile.
R : Parfait ! Nous allons pouvoir les rattraper facilement ! Mais qui a bien pu…
Un nouvel éclair se produisit, éblouissant les passagers, et la galère trembla légèrement.
R : Que se passe-t-il, bon sang !
La surprise passée, il vit que la poupe de son navire était endommagée. Le bois fumait.
R : Eteignez- moi ça !
E : C’est Tao !
Esteban s’était levé pour constater que le Solaris II était désormais derrière eux. Tao n’avait pas pu s’empêcher d’utiliser son canon, dont il ne maîtrisait à l’évidence pas complètement le fonctionnement. Qu’est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ? Soudain, Esteban comprit : c’était la façon dont son ami réagissait à la mort de Mendoza. Mais à présent, tout était différent, et si Tao continuait, il risquait de provoquer une catastrophe, et il serait bien difficile d’en expliquer la cause à Romegas. Il fallait l’arrêter.
R : Quel genre de canon possède donc votre navire ? Il semble être de très grande portée…
E : Tao a essayé d’apporter quelques améliorations à un canon ordinaire, mais j’ai bien peur qu’il soit plus doué pour les cloches sous-marines que pour les armes…écoutez, chevalier, puisqu’il nous suit, Nacir et moi, nous allons le rejoindre, pour prendre soin de Mendoza , et vous laisser poursuivre Hava seul, cela vaudra mieux. Ainsi pourrons nous nous mettre en route pour Porto Conte. Je veux ramener Mendoza auprès d’Isabella le plus vite possible, et nous ne savons pas si son état ne risque pas de se détériorer brusquement, cela tient du miracle qu’il soit encore en vie…
R : Très bien, cela me semble en effet la meilleure chose à faire. Préparez la chaloupe !
Il se tourna vers Gonzales.
R : Eh bien, monsieur, remerciez le Seigneur pour la grâce qu’il vous a accordée. Vous avez eu plus de chance que ce malheureux capitaine ! Je suis heureux d’avoir pu vous venir en aide, même si mon intervention n’a pas été des plus efficaces jusqu’à maintenant. Mais sachez que je vais faire tout mon possible pour vous rendre justice, et capturer cette diablesse qui n’a que trop nui ! Et si je ne puis la capturer, eh bien je lui ferai payer d’une façon ou d’une autre ses crimes ! J’espère que votre retour en Espagne se passera sans encombres.
E : Ne vous inquiétez pas, nous serons prudents.
R : J’aurais aimé vous escorter mais…
E : Hava risquerait de vous échapper. Faites pour le mieux, chevalier ! Gonzales, vous sentez vous prêt ?
C’était la première fois qu’il lui adressait la parole depuis qu’il l’avait sauvé.
Gonzales le fixa. Il semblait indécis.
G : Si quelqu’un pouvait trancher mes chaînes d’un coup de hache, je me sentirais beaucoup mieux.
R : Bien sûr, nous allons arranger ça tout de suite.
Pendant qu’il donnait ses ordres afin que les chaînes des deux prisonniers soient brisées, Gonzales s’approcha d’Esteban.
G : Ecoutez, je vous dois la vie. Mais je ne supporte pas que cette femme s’enfuie après ce qu’elle a fait. Je vais rester sur ce navire. Je le dois, pour Mendoza. Comprenez-moi.
Esteban acquiesça. La décision de Gonzales le surprenait, mais il sentait qu’il aurait pu lui-même partir avec le condor pour pulvériser le navire d’Hava. Ce sentiment l’insupportait, il détestait plus que tout éprouver pareille chose, mais il ne parvenait pas à faire taire la voix de la vengeance, et ne se sentait pas la force de persuader un autre de lutter contre ce qui le submergeait lui-même. Partir avec Mendoza, le plus vite possible, retrouver la présence rassurante de Zia, c’était tout ce qui comptait. Alors les démons du passé le laisseraient en paix.
On vint délivrer le jeune métis de ses chaînes. Esteban retourna près de Nacir, qui achevait d’envelopper Mendoza dans la couverture.
E : Comment va-t-il ?
N : Pas fort, il n’a toujours pas repris conscience.
E : Je vais le conduire auprès de Zia le plus vite possible. Elle saura quoi faire. Tu rentreras avec Tao à bord du Solaris. Nacir…tu l’as sauvé. Je ne te remercierai jamais assez.
N : Nous l’avons sauvé. Si j’avais pu le ranimer à bord de la chaloupe, son cœur n’aurait pas cessé de battre....
E : Sans toi, il serait resté au fond de l’eau trop longtemps pour avoir la moindre chance. Allons, viens, ne perdons pas plus de temps, la chaloupe nous attend, et il faut arrêter Tao avant qu’il ne fasse une nouvelle bêtise. Cette accalmie ne me dit rien qui vaille, il doit être en train de bricoler de nouveaux réglages.
N : Esteban, j’ai réfléchi…je reste moi aussi.
E : Comment ? Mais…rien ne t’y oblige !
N : Je sais, mais je ne peux pas les laisser se battre sans même savoir pour qui ils le font. Moi, je le ferai pour Mendoza, et pour Isabella, et crois-moi, si je peux contribuer d’une façon ou d’une autre à la capture de cette femme, je le ferai. Ne me retiens pas.
E : D’accord. Mais sois prudent. On se revoit à Porto Conte.
N : Je vais t’accompagner jusqu’au Solaris, votre secret sera mieux gardé ainsi.
Un marin s’approcha pour asséner un coup de hache sur la chaîne qui avait failli être fatale à Mendoza. Les deux jeunes gens s’écartèrent pour le laisser faire, puis transportèrent le noyé jusqu’à la chaloupe. Nacir échangea un mot avec le rameur, qui lui céda sa place.
N : Attendez-moi, chevalier Romegas, je me joins à votre expédition !
R : Tous les braves sont les bienvenus, mais faites vite !
N : Je ne serai pas long, regardez, Tao nous a presque rattrapés !
Le Solaris II n’était effectivement plus qu’à une centaine de mètres. Gonzales observait attentivement le navire, dont Tao avait déployé les voiles. Avec la faible luminosité de ce début de matinée au ciel couvert, elles étaient d’un beige aussi terne que possible. Tao apparut sur le pont, puis disparut subitement. Quelques secondes après, les rames cessèrent de fendre les flots, et le navire continua sa course en glissant lentement jusqu’à se trouver à la hauteur de la chaloupe.

Avant de monter à bord, Esteban étreignit brièvement son nouvel ami, qui l’aida à caler sur son dos le corps pesant de Mendoza, alourdi par les étoffes dont il était enveloppé. Puis il grimpa l’échelle de corde en le tenant fermement, tandis que Nacir rejoignait la galère maltaise. Tao, sans un mot, aida Esteban à se débarrasser de son fardeau. Il restait agenouillé près du corps, le visage grave, quand Esteban l’apostropha.
E : Bon, tu ne vas pas rester planté là comme ça, tu vois bien qu’il respire ! Pourquoi crois-tu qu’on l’a emmailloté comme ça ?
T : Vous avez réussi…alors que moi j’ai échoué lamentablement…
E : Oui, c’est vrai, tu n’es pas doué pour le bouche à bouche, et tu vises très mal. Comment as-tu pu confondre la galère de Romegas avec celle d’Hava ?
T : J’avais une poussière dans l’œil…tiens, elle m’embête toujours…
Il s’essuya les yeux de sa manche.
E : Mais grâce à toi, Romegas a une chance de rattraper Hava, même si ça ne me plait pas beaucoup, d’autant plus que Nacir a voulu l’accompagner.
T : Et Gonzales ? Où est-il celui-là ?
E : Figure-toi qu’il veut se venger d’Hava. Après ce qui s’est passé, je le comprends tout à fait. Il est avec Romegas.
T : Très bien. Alors on est tranquilles. Tu sais, je ne l’aurais pas laissé monter à bord. Je pensais qu’il rentrerait avec Romegas. Et toi aussi.
E : Et toi ? tu serais parti tout seul à la poursuite d’Hava, c’est ça ?
T : Oui…
E : Oublie ça ! Conduis nous au condor, je ramène Mendoza à Porto Conte. Toi, prends ton temps, et mets le Solaris en lieu sûr. Je reviendrai te chercher, et on fera semblant de l’avoir laissé au port de L’Alguer, comme la dernière fois, sinon Romegas serait bien capable de demander à voir ton fameux canon. Tu l’as impressionné, tu sais.
T : Pardonne-moi, Esteban, j’ai pris des risques inconsidérés.
E : Tu n’avais plus toute ta tête…mais vu les circonstances…je ne peux pas t’en vouloir.
T : Il va s’en sortir, n’est-ce pas ?
E : Une fois qu’il sera aux mains de Zia, nous n’aurons plus à nous en faire ! Allez, en route ! Romegas est déjà loin, lui.
Pendant que Tao manoeuvrait, Esteban entreprit de frictionner Mendoza comme il le pouvait. Dès qu’ils seraient dans le condor, tout irait mieux, il pourrait lui retirer ses vêtements trempés, et l’envelopper dans une de ces douces couvertures en alpaga que Tao affectionnait tant, c’était autre chose que cette couverture rêche donnée par Romegas, sans compter que sa cape noire était plus empesée qu’une soutane, et rendait les mouvements d’Esteban difficiles. Heureusement, le soleil commençait à percer le plafond de nuages bas, qui se dissipait peu à peu, et les réchaufferait bientôt. Esteban leva les yeux vers le ciel, et réalisa que le Solaris était en train de doubler le cap Kefali. C’est alors qu’il repensa au trésor qu’ils avaient abandonné là. Le feu était éteint. Il scruta le haut de la falaise. Il aurait dû apercevoir le sommet du tas de lingots qu’ils avaient déposé là pendant la nuit. Depuis la plage, on le voyait distinctement, quand Tao le surveillait encore. Esteban balaya l’emplacement du regard plusieurs fois, mais il dut se rendre à l’évidence : le trésor n’était plus visible, il avait été emporté, probablement pendant qu’ils étaient tous occupés à sauver les deux prisonniers. Ainsi Hava avait réussi son coup. Hava…était-elle seulement sur la galère que poursuivait Romegas ? Ils avaient cru la voir, mais n’avaient aucune certitude. Et si elle était bien à bord, qui était venu sur la falaise, et comment ? Où se trouvait le trésor à présent ? Esteban haussa les épaules. Peu lui importait d’obtenir des réponses. Il voulait juste que Mendoza ouvre les yeux.
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Seb_RF
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par Seb_RF »

Et voici la fin du chapitre Bonne lecture a tous ;)

Sixième partie.


Philippe regardait le parchemin se consumer dans l’âtre. Des nouvelles inespérées, mais qui devaient rester secrètes. Comment avait-on su qu’il était en route pour Bruxelles ? Il se demanda un instant s’il faisait le bon choix, mais chassa bien vite ses doutes : on n’obtient rien sans risques. Certes, il avait la désagréable impression que son informateur épiait aussi ses faits et gestes, et savait tout de lui, alors que lui ne savait rien de son associé. Encore le terme ‘associé’ était-il un bien grand mot. Pour l’instant, cela ne restait qu’un vague accord, fondé sur des promesses qui tardaient à se concrétiser. Mais la lettre qu’il regardait brûler lui donnait bon espoir d’aboutir à un résultat concluant, qui impressionnerait son père, ainsi que tous ses ennemis. « Les matériaux seront bientôt entre nos mains. Ce n’est plus qu’une question de jours. » Cependant, rien de concret pour l’instant, et il devait encore avancer des fonds : « Avons besoin d’argent pour assurer la réussite de l’entreprise. » Il avait déjà payé, beaucoup. Mais cela en valait la peine. Les plans qu’il avait vus étaient prodigieux. Il n’avait trouvé personne pourtant capable de les comprendre, jusqu’à ce que cet homme se présente. La lettre acheva de se consumer. Demain, il verrait son père. Et lui montrerait de quoi il est capable.

Au petit matin, Philippe arrivait à Bruxelles, sans s'être fait annoncer. Son père, prévenu au dernier moment que son fils demandait audience, vint l'accueillir dans la grande salle par pure convenance. Il était plutôt remonté contre l'impudence de son fils : comment osait-il se présenter devant lui de si bon matin sans même avoir envoyé une missive annonçant sa prochaine visite ? Charles ne voyait qu’une explication à un tel comportement : c’était une pure provocation. Il commençait à douter sérieusement du choix qu’il avait fait en nommant Philippe régent d’Espagne.
Ph : Bonjour père, comment allez-vous?
CQ : Ma foi, fort bien Philipe, mais trêve de politesses, que fais-tu ici, ce n'est pas une visite de courtoisie, ça doit être important pour que tu ne te sois pas fait annoncer. Je n’ose croire autrement que tu aurais osé te présenter devant moi dans ces conditions.
Philipe prit un air outré, espérant jouer les innocents.
CQ : Et cesse de prendre cette mine ridicule. Je n’ai pas de temps à perdre.
Ph : Très bien père, je vois que vous n'avez pas perdu la main. Je venais m’entretenir avec vous de la visite que m’ont rendue ces trois jeunes gens que la populace qualifie d'élus de Dieu.
CQ : Je vois,... mais cela nécessitait-il vraiment que tu entreprennes un tel voyage, de plusieurs jours, de Madrid à Bruxelles, et par ces temps troublés qui plus est ? Ce n’est pas très prudent. Tu aurais pu te faire capturer par nos ennemis. Tu as pris des risques inconsidérés, et pour quoi ? Pour me raconter que tu as rencontré trois personnes de peu d’importance, qui ne nous peuvent être d’aucune utilité, mais où as-tu donc la tête, mon pauvre Philippe ?
Ph : Attendez ! Je tenais à vous annoncer en personne que notre entrevue s'est très bien passée, et que grâce à ces jeunes gens, nous allons obtenir une science militaire au-delà de nos espérances !
Charles Quint esquissa un léger sourire.
Ph : Ah ! Je vois que j’ai éveillé votre intérêt !
CQ : Oui, je t’en prie, continue...
Ph : Très bien, donc étant donné les moyens dont nous allons bientôt bénéficier, je souhaiterais que vous me laissiez le contrôle des armées de tout l’empire, et bientôt, nous connaitrons une victoire éclatante contre la France et tous nos opposants...
CQ : Hum, ce n’est pas une demande anodine que tu me fais là…Et quels arguments concrets as-tu pour me convaincre ? Je ne me contente pas de vagues promesses. Dis- moi, de quels moyens ces jeunes gens t’ont-ils doté ?
Ph : D’armes impressionnantes je dois dire…
Charles avait ri intérieurement durant toute la conversation, mais il était temps de mettre un terme à la plaisanterie. Philippe dépassait les bornes, et son insolence devait être punie. Oser demander ainsi le contrôle de toutes les armées !
L’empereur répondit d’un ton sarcastique.
CQ : Ah, je me disais bien aussi, que s’ils t’avaient laissé leur grand oiseau, qui est au passage leur logement, tu n’aurais pas demandé à avoir autant d’hommes sous tes ordres. En effet qu’as-tu besoin d’une armée si tu possèdes une telle machine ?
Philipe se taisait, cherchant à comprendre. De quoi parlait donc son père ? Comme s’il lisait dans ses pensées, Charles Quint insista.
CQ : Mais oui, tu sais bien, leur machine est un vrai palais, des plus confortables…en plus d’être une arme formidable.
Ph : Mais comment pouvez- vous savoir cela, ils ne m’en ont pas parlé…
CQ : C’est très simple, j’ai eu l’honneur de monter à bord il y a un environ deux mois, lorsqu’ils sont venus pour me parler de ton comportement irrespectueux à leur égard. D’ailleurs je me demande pourquoi tu as attendu tout ce temps pour venir me parler de cette fameuse visite, si elle avait eu une issue si favorable pour toi. Ce n’est pas ce que j’ai cru comprendre, d’après leur point de vue à eux.
Philipe déchanta, et prit un air étonné.
CQ : J’ai appris en effet que tu prends un jeune homme Espagnol que j’estime fort valeureux et vertueux, pour un homme cupide et sans honneur ! Il suffit pourtant de le regarder pour le comprendre, pour voir que son cœur est déjà pris et que ni l’or ni le pouvoir ne lui feront changer ses opinions… Surtout que lui et ses compagnons sont déjà bien plus puissants que notre empire à eux seul… Comment n’as-tu pas conscience de cela ? Décidément, tu n’es pas encore prêt pour ce poste, il te reste encore trop de choses à apprendre.

Quelques minutes plus tôt, Marie se réveillait. Sa domestique l’avertit de la visite si inhabituelle de son frère, qui avait fait une entrée remarquée au château. La jeune fille accueillit cette nouvelle avec enthousiasme, sans réfléchir à son caractère déplacé, ni même penser qu’il pouvait s’agir d’une visite motivée par une affaire importante : cela faisait plus d’un an qu’elle n’avait pas vu son frère. Elle quitta aussitôt sa chambre sans prendre la peine de se vêtir convenablement.
Elle arriva devant les deux hommes toute souriante comme la jeune fille qu’elle était, et surprit la fin de leur conversation.

41_Marie au réveil.png

Elle comprit aussitôt qu’ils parlaient d’Esteban, mais les reproches de son père l’inquiétèrent. Son visage se ternit quand elle entendit son frère répliquer avec véhémence.
PH : Son cœur est déjà pris ?! Par cette misérable esclave, laissez-moi rire, vous croyez que je n’ai pas reconnu notre ancienne servante ! Je peux lui offrir bien meilleure femme et vous le savez !
Marie était consternée ; elle perdit d’un seul coup toute l’estime qu’elle pouvait éprouver pour son grand frère ; le pouvoir changeait-il les hommes à ce point ? Elle ne l’aurait jamais cru capable de proférer de telles paroles. C’était donc ce qu’il pensait de Zia ? Elle ne put s’empêcher de protester.
M : Je t’interdis de la traiter ainsi ! Philippe, mon frère, je ne t’aurais jamais cru capable d’une telle bassesse, Zia est mille fois plus digne et respectable que tu ne le seras jamais !
Charles et Philipe tournèrent leur tête vers la jeune fille dans un même mouvement de surprise. Sans se sentir le moins du monde gênée, ni par sa tenue, ni par ses paroles, Marie se dirigea vers son père pour le saluer respectueusement. Charles lui rendit son salut, tandis que Philippe laissait éclater sa colère.
Ph : Comment oses-tu t’adresser ainsi à moi ! Et dans cette tenue ! Je te somme de te taire, et de t’habiller correctement ! Père, comment pouvez-vous tolérer pareil laisser-aller ? Je vois qu’il serait utile que je m’occupe davantage des affaires de l’empire, et de notre famille !
CQ : Cela suffit! Cesse de te mêler de ce qui ne te regarde pas, et adopte un langage plus mesuré, ta sœur a raison, tu dépasses les bornes !Tu as beau occuper ta fonction, tu es encore très loin de la mériter ! Au passage, tu ferais mieux de me dire la vérité concernant tes projets, au lieu de me faire croire que tu vas obtenir honnêtement une puissance considérable. Je sais parfaitement que tu n’as rien obtenu de ces trois jeunes gens, mais on m’a informé que tu avais d’autres plans en tête. Je te préviens, je ne te laisserai pas agir inconsidérément, ni dépenser l’argent du royaume en pure perte. Quant à tes exigences concernant le commandement des armées, je vais tâcher d’oublier que tu as jamais proféré pareille demande. Tu n’es pas obligé de me parler maintenant, mais réfléchis bien. Et si tu t’obstines à vouloir me tromper, tu en subiras les conséquences. Tu es prévenu.
Ph : Eh bien, puisque vous savez tout, vous savez que je risque de vous surprendre, père ! Adieu, et n’ayez crainte, je vais réfléchir !
CQ : Philippe ! Prends garde, mon fils, méfie-toi de ceux qui te promettent monts et merveilles…
Philippe regarda le souverain sans mot dire, puis tourna les talons.
Après qu’il eut quitté la pièce, Marie s’approcha de son père, et lui prit le bras.
M : Je ne l’avais jamais vu ainsi…Que croyez-vous qu’il va faire à présent, père ? Je m’inquiète pour lui, et pour vous.
CQ : N’aie crainte, Marie, il va réfléchir, j’en suis sûr. C’est ce qu’il a de mieux à faire, mais il faut attendre que son orgueil blessé cesse de le tourmenter. S’il pouvait avoir ta sagesse…
M : Je suis sage, parce que vous m’instruisez. Racontez-moi tout ce qui s’est passé, je vous en prie. De quels projets parliez-vous ? Je veux comprendre…
CQ : Entendu, mais à condition que tu ailles te faire vêtir sans plus attendre !
Marie se regarda dans un miroir situé non loin d’elle, puis elle partit en courant vers ses appartements, sous le regard amusé de son père.



ps: l'apparence de Marie vas bientôt être mis a jour, celle ci est bien trop ancienne ;)


Au revoir a bientôt ...
note serie:
MCO1: 18/20

Trahison/Insulte totale:
MCO2: 7/20
MCO3: 4/20
MCO4: 3/20 (et je suis "gentil" par ce qu'il y a les effets visuels)

Fanarts: viewtopic.php?f=14&t=2301 :x-):
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TEEGER59
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par TEEGER59 »

Partie 5: du grand art!
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Voici encore un peu de lecture, pour fêter le retour de Ra Mu ;) Tant pis, je grille mes cartouches pour le 12...

Chapitre 19 : Aveux.

Première partie.

Jusqu’au dernier moment, Esteban avait appréhendé le retour au condor, craignant à tout instant de voir surgir un danger imprévu. Mais les côtes d’Anticythère étaient totalement désertes, et le Solaris II parvint sans problème à la crique fermée qui abritait l’oiseau d’or. Pendant le court trajet, sous l’effet des frictions vigoureuses d’Esteban, le noyé avait paru se ranimer peu à peu, recrachant péniblement l’eau de mer qui encombrait ses poumons. A présent, il reposait, toujours inconscient et totalement nu, dans la lumière chaude du cocon d’orichalque que lui offrait le ventre du condor, étroitement enlacé par le jeune Atlante qui tentait de le réchauffer tout en goûtant par la même occasion un moment de repos réparateur. La couverture en alpaga les enveloppait tous les deux de sa douce chaleur. Esteban ferma les yeux. Il n’avait pas dormi depuis deux nuits, et les nuits précédentes aux côtés de Zia l’avaient toujours laissé en alerte. La respiration de Mendoza était encore chaotique, mais à le tenir ainsi serré contre lui, Esteban sentait que leur énergie à tous les deux se reconstituait peu à peu, ou du moins il voulait le croire. Il s’efforçait de faire le vide dans son esprit, et de ne se concentrer sur rien d’autre que ce corps à réchauffer, car à chaque fois que sa pensée s’échappait, elle le ramenait immanquablement en arrière, dans la peur et la froideur opaque de la pénombre glauque au goût salé, et son cœur s’emballait. Mais il avait l’impression que Mendoza, même au seuil de la mort, lui communiquait sa force. Bientôt, ils quitteraient l’île funeste d’Anticythère. Tao était déjà en route. Il avait préféré partir aussitôt après avoir aidé Esteban à transporter le corps jusqu’au condor, et avait décliné son offre de prendre un peu de repos, avant de conseiller à Esteban de souffler un peu, et d’ajouter : « Avec la tête que tu as, tu vas faire peur à Zia, et je parie qu’elle ne voudrait pas serrer dans ses bras un type trempé comme toi. Et puis, Mendoza a besoin de toi. » Esteban s’était récrié, il voulait partir dès que possible. Tao avait secoué la tête : « Qu’il soit ici ou à Porto Conte, ça ne changera pas grand-chose, en revanche tu ferais mieux de penser un peu à toi aussi. Je te connais, Esteban. Prends le temps de souffler, après ce qui s’est passé. » Il était parti sans ajouter un mot de plus. Esteban avait hésité, mais au moment où il allait se diriger vers le cockpit, s’était ravisé, plus par crainte de laisser Mendoza seul que par volonté de suivre les conseils de Tao. C’est alors qu’il avait senti le poids de la fatigue s’abattre sur lui, tandis que les larmes lui montaient aux yeux, ces larmes qu’il avait si longtemps refoulées, et qui se mirent à rouler sur ses joues. Alors, il accueillit la fatigue comme une libératrice, qui le lavait de toute colère et de toute peur. Puis il se déshabilla, et s’abandonna comme un enfant perdu et désorienté qui cherche le réconfort d’une présence protectrice. Ses larmes cessèrent peu à peu quand il réalisa qu’il n’était plus cet enfant terrorisé, mais que c’était à lui à présent d’offrir le réconfort de ses bras protecteurs à l’homme qui l’avait fait naître une seconde fois en l’arrachant à l’étreinte de la mer.

Quelques heures plus tard, Esteban préparait son approche dans le ciel de Porto Conte, impatient et anxieux à la fois. Il lui tardait de retrouver la présence rassurante de Zia, mais il devait redoubler de prudence. Si le chevalier d’Aubusson avait renforcé sa surveillance depuis la dernière fois, il serait sans doute plus compliqué d’entrer en contact avec elle. Pourtant, il ne pouvait se permettre ni de se montrer prématurément, ni de garder sa présence secrète trop longtemps, dans l’intérêt de Mendoza, et peut-être d’Isabella. Cette dernière avait sûrement besoin d’être rassurée, et Esteban, qui venait d’expérimenter lui-même les effets puissants d’un choc émotionnel intense qui avait ravivé bien des souvenirs douloureux, craignait pour la jeune femme, enceinte, les conséquences d’une angoisse semblable à celle qu’elle avait dû affronter par le passé, au risque de perdre la raison. Il savait Zia capable de l’apaiser, en temps normal. Mais les visions qui l’assaillaient inexplicablement la fragilisaient elle aussi. Esteban réalisa alors que l’homme qui se noyait dans les cauchemars de Zia ne pouvait être que Mendoza. Et si Zia avait eu une nouvelle vision de cette scène macabre, avant qu’elle se produise, il n’osait imaginer dans quel état cela avait pu la plonger. Quant à Isabella…les deux jeunes femmes avaient certainement parlé ensemble de ces fameuses visions. Il regretta soudain d’avoir écouté Tao. Pourquoi n’avait-il pas décollé plus tôt ? Il s’était conduit en égoïste, et Tao était un imbécile ! Puis il réfléchit : n’avait-il pas voulu d’abord revenir à Porto Conte au plus vite, pour se rassurer lui-même, parce qu’il comptait sur Zia pour le faire, et pour s’occuper de Mendoza ? Avait-il songé seulement une seconde à elle, à son angoisse face à ses visions ? Non. C’est quand il songeait à Zia comme la personne qui pouvait l’aider qu’il avait été égoïste, et pas quand il était resté auprès de Mendoza. Il soupira. De toute façon, les regrets et les justifications ne servaient à rien. Et puis, n’était-il pas à présent plus fort, n’avait-il pas trouvé une sorte de paix ? Au lieu de revenir vers Zia le cœur gonflé de chagrin, de colère et de haine, en quête de consolation, il se sentait au contraire capable d’éponger toutes les souffrances, toutes les angoisses.

*****************************
Le chevalier d’Aubusson errait parmi les ruines nuragiques, essayant de trouver dans sa marche solitaire la paix que lui procurait généralement le contact avec la Nature, l’œuvre de Dieu, quand il leva les yeux vers le ciel, prêt à lancer vers l’immensité une prière muette. C’est alors qu’il vit passer un oiseau qui lui parut d’une taille gigantesque, et d’un éclat inhabituel. Il fronça les sourcils, troublé. Son cerveau se mit à fonctionner à toute allure, à la recherche d’une explication rationnelle. Etait-il victime d’une illusion d’optique ? L’oiseau planait en direction des bois, mais sa taille n’en restait pas moins impressionnante, même si elle diminuait en raison de l’éloignement. Mû par une impulsion soudaine, le chevalier se mit à courir, sans cesser de regarder l’oiseau extraordinaire. Etait-ce une réponse à sa prière ? Il se traita aussitôt d’idiot. Il n’avait même pas formulé sa prière, comment Dieu pouvait-il y répondre déjà ? Et comment croire que Dieu ait quelque chose à voir dans cet événement ? Seuls les hommes, dans leur orgueil, étaient capables de produire des machines qui rivalisaient avec la Création, ils avaient construit des navires de toute sorte pour braver les mers, et cherchaient depuis toujours à voler. Cet oiseau n’en était pas un, c’était impossible. Son éclat évoquait le métal, quant à sa taille…Se pouvait-il que des hommes se trouvent à l’intérieur ? Il était à présent au-dessus des bois. Gabriel le vit plonger et disparaître, non sans avoir replié ses ailes et montré deux appendices qui lui semblèrent être des pattes. Il s’arrêta un bref instant pour reprendre son souffle, puis repartit sans hésiter en direction des bois, sans plus se poser de questions.

Après avoir vérifié que l’état de Mendoza était resté stable durant le vol, Esteban décida qu’il était temps d’aller repérer les lieux. Avec un peu de chance, en cette fin d’après-midi, tous les occupants de la maison seraient à l’intérieur, et il pourrait s’approcher sans crainte d’être surpris. Bien sûr, il aurait été plus prudent d’attendre la tombée de la nuit, mais son impatience reprenait le dessus, d’autant plus qu’il doutait à présent de la nécessité de prendre toutes ces précautions : il pourrait toujours inventer un mensonge à l’intention du chevalier, si ce dernier devait constater sa présence, prétendre que Tao et Romegas s’occupaient de l’échange, et qu’il avait décidé de revenir auprès d’eux pour leur annoncer qu’ils avaient trouvé le trésor, et que tout se passait bien. Il sortit du condor, fort de sa résolution. Ce n’était pas ce chevalier qui l’empêcherait de parler à Zia, et de rendre Mendoza à Isabella comme il le lui avait promis, le plus vite possible. Certes, leur expédition n’avait pas été une réussite complète, mais il était revenu, et il tardait à Esteban d’annoncer la bonne nouvelle. Il se dirigeait vers la ligne sombre des arbres qui fermaient la clairière où il s’était posé, quand il vit surgir devant lui le chevalier d’Aubusson. Il s’arrêta net, tandis que ce dernier continuait à s’avancer vers lui d’un pas décidé, la main posée sur la garde de son épée. A quelques pas d’Esteban, il s’arrêta à son tour, et interpella le jeune Atlante d’une voix forte.
GA : Que signifie ceci ? Je vous ai vu sortir de cet…oiseau. Expliquez-vous, et vite !
E : Très bien. Par où commencer ? Il y a tant à vous expliquer…
GA : Etes-vous seul ? Où sont les autres ? Qu’avez-vous fait de ce pauvre Nacir ?
E : Nacir ? Oh, il est resté avec le chevalier Romegas, qui a l’intention de capturer Hava.
GA : Je ne comprends pas : l’échange a déjà eu lieu ? Comment le savez-vous ? Vous ne pouvez pas être déjà revenu…
Les questions se bousculaient dans la tête du chevalier.
E : Chevalier, je crois qu’il vaut mieux que nous discutions à l’intérieur. Vous comprendrez mieux.
GA : Une minute ! Vous ne m’avez pas répondu : êtes-vous seul ? Qui me dit que vous ne me tendez pas un piège en m’attirant dans votre…machine volante ?
E : Bien, nous avons déjà fait une bonne partie du chemin : je ne suis pas un sorcier, et cet oiseau est bien une machine construite de la main des hommes, qui fonctionne grâce à l’énergie solaire. Une technologie avancée, certes, mais pas impossible. Et à l’intérieur ne se trouve qu’une personne : le capitaine Mendoza, que j’ai ramené d’Anticythère.
GA : C’est impossible ! Vous ne pouvez pas…
E : Vous avez vu le condor voler, n’est-ce pas ?
GA : Oui, mais…
E : Il peut parcourir de longues distances à une vitesse bien supérieure à celle d’un navire. Je reviens d’Anticythère, et je vais vous en donner la preuve, si vous voulez bien me suivre. Après tout, c’est une chance que vous soyez là : j’hésitais à laisser Mendoza seul, et je me demandais quel mensonge j’allais bien pouvoir inventer pour justifier ma présence si vous me surpreniez aux abords de la maison, comme la dernière fois. Vous me facilitez les choses.
GA : L’autre soir…c’était vous !
E : Eh oui, avec le condor, je peux faire des aller-retours en un temps record. Venez.
Le chevalier hésitait encore, portant ses regards tantôt sur le condor, tantôt sur le jeune homme qui lui faisait face, et lui souriait.
E : Vous n’avez rien à craindre.
GA : Qui êtes-vous ?
E : Vous saurez tout, bientôt. Faites-moi confiance.
GA : Pourquoi avez-vous essayé de pénétrer dans la chambre de la senorita Laguerra ?
E : Tout simplement parce que je voulais lui parler, ainsi qu’à Zia. Pour leur annoncer que nous avions trouvé le trésor.
GA : Vous avez utilisé cette cloche mise au point par votre ami ?
E : Euh…ce n’est pas exactement une cloche, mais c’est un engin capable d’aller sous l’eau. Nous ne pouvions pas vous en dire plus, alors, nous avons inventé cette histoire de cloche sous-marine, parce qu’il existait déjà des légendes à ce sujet, que vous connaissiez certainement. Je suis désolé de vous avoir menti. Et de vous avoir fait courir inutilement.
GA : Je vois…C’est fascinant. Eh bien, Esteban, puisque vous vous excusez, j’accepte vos excuses, et je prends le risque de vous croire. Votre visage respire l’honnêteté, et vous m’inspirez confiance, bien que j’aie toutes les raisons du monde de me méfier de vous. Je vous suis. Mais dites-moi, pourquoi hésitiez-vous à laisser le capitaine Mendoza seul ? Est-il blessé ? Craignez-vous que quelqu’un ne le surprenne en voulant pénétrer dans votre machine ?
Tandis qu’ils se mettaient en route, Esteban fournit quelques explications à son interlocuteur.
E : Personne ne peut pénétrer dans le condor si j’en ai verrouillé l’accès, avec ce médaillon. Zia en porte un également, vous ne l’avez pas remarqué ?
Il lui montrait le pendentif qui ne le quittait jamais.
GA : Oui, je l’ai vu. Cela signifie-t-il que vous seuls, cette jeune fille et vous, pouvez avoir accès à l’oiseau ?
E : Exactement. Ne vous inquiétez donc pas, Mendoza est en sécurité. Mais il est vrai qu’il n’est pas au mieux de sa forme. Si quelqu’un est fourbe dans cette histoire, c’est bien cette femme, Hava.

Il lui raconta rapidement les événements du matin. Gabriel était tellement outré qu’il ne pensa même pas à s’étonner de tout ce qu’il découvrait : l’échelle pour grimper à bord, le cockpit et ses baies vitrées qui offraient une vue panoramique sur les bois qui les entouraient, la paroi qui se dérobait pour laisser place à un couloir secret, lequel conduisait à une pièce fermée par une autre de ces parois étranges faites de ce même métal doré qui étincelait partout dans cette machine. Au moment où ils pénétrèrent dans la chambre où reposait Mendoza, ce dernier était en proie à une quinte de toux qui se calma dès qu’il eut expectoré un peu de liquide plus ou moins clair, qu’Esteban s’empressa d’essuyer.
E : Je suis confus de vous demander ce service, mais, tant qu’il n’aura pas repris conscience…
GA : J’ai beau être le secrétaire du Grand Maître de l’Ordre, je n’en suis pas moins comme tous mes frères au service de ceux qui souffrent. Dieu m’a envoyé vers vous pour que je vous apporte mon aide. Ce n’est pas un hasard si j’ai vu votre oiseau juste au moment où je m’apprêtais à adresser une prière au Seigneur. Il m’a répondu avant même que je le fasse, parce qu’il sait où doit être la place de chacun. Et la mienne est ici, auprès de votre ami, comme je l’ai été auprès de sa compagne.
Il posa sa main sur l’épaule d’Esteban et prit le linge que ce dernier tenait encore.
GA : Avant que vous n’alliez la rejoindre, je dois vous avertir. Son état la rend fragile émotionnellement. Ces derniers temps ont été éprouvants. Même si elle possède une grande force de caractère et ne se laisse pas facilement ébranler, elle a atteint les limites de ce qu’elle pouvait endurer. Il ne serait pas judicieux de lui apprendre ce qui s’est passé, du moins, pas encore. Et il serait sans doute plus sage d’attendre que le capitaine soit en état de la rejoindre. Votre amie sera probablement de cet avis. Un certain Ruiz est venu nous rendre visite…bref, elle vous racontera cela mieux que moi.
Esteban opina. S’il avait pu partir en courant à l’instant, il l’aurait fait, car ce que lui disait le chevalier d’Aubusson venait de raviver ses craintes.
E : Je reviens dès que possible.
GA : Attendez ! Prenez toutes les précautions pour qu’Isabella ne vous voie pas, je vous en prie.
E : Je serai prudent. Le seul risque, c’est qu’elle ait vu le condor.
GA : C’est fort peu probable. Elle est alitée depuis hier.
E : Je verrai Zia en dehors de la maison, ne vous inquiétez pas.
GA : Une dernière chose ! Allez-vous m’enfermer ici ? Pourrai-je sortir de cette machine en cas de nécessité ?
E : Aucun problème, je vais vous montrer. Mais soyez sans crainte, je ferai vite. Et si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites comme chez vous.
GA : Mais si quelqu’un venait ?
E : Il ne pourrait entrer, à moins que vous ne lui ouvriez. Par contre, si l’état de Mendoza venait à se dégrader…
GA : Ne vous inquiétez pas, il est entre de bonnes mains. Et j’irai vous prévenir si je le juge nécessaire.
E : Merci.

****************
S’il n’avait pas été entre ces murs étranges, le chevalier d’Aubusson aurait pu se croire à Malte au chevet de quelque malade. Mais le lieu où il se trouvait n’avait rien d’ordinaire, pas plus que l’homme sur lequel il veillait. Voilà donc à quoi ressemblait ce fameux capitaine qui avait les faveurs d’Isabella. Il n’était pas surpris. Il était tel qu’il l’avait imaginé. Une femme comme elle ne pouvait choisir qu’un homme comme lui. C’était dans l’ordre des choses. Bâti comme il l’était, il ne faisait aucun doute qu’il se remettrait, même s’il paraissait mal en point. A cette pensée, Gabriel se morigéna. Dieu était le seul juge. Depuis qu’il était à son service au sein des chevaliers Hospitaliers, il avait vu mourir bon nombre d’hommes vaillants, aussi solides que des rocs, et il savait qu’il fallait rester humble, toujours. Mais ce Mendoza…non, il ne fallait pas qu’il meure. C’était de la part de Gabriel un vœu parfaitement égoïste, une façon de soulager sa conscience. Il demanda pardon à Dieu, sans conviction, et tâcha de se justifier : cela valait mieux pour tout le monde, l’enfant à naître, la mère, et lui-même, Gabriel d’Aubusson, secrétaire du Grand Maître de l’Ordre, qui avait délaissé ses fonctions pour des motifs certes charitables, mais pas complètement honnêtes, et Dieu le savait. Mendoza s’agita. Sa respiration était encore malaisée, mais sa température avait bien remonté, trop peut-être. L’hyperthermie pouvait succéder à l’hypothermie, et mettre en péril la survie. Le chevalier vérifia le pouls et tenta d’évaluer la température de son patient en posant sa main sur son front. Ce contact, pourtant effectué en douceur, arracha un gémissement au capitaine. Il ne s’agissait probablement que d’une coïncidence, mais le chevalier d’Aubusson en fut troublé. La fièvre semblait avoir gagné le convalescent, mais elle n’était que modérée. Peu à peu pourtant, l’état de Mendoza commença à inspirer une inquiétude grandissante à son infirmier, qui s’alarmait de constater que son patient s’agitait de plus en plus, comme en proie à un mauvais rêve, gémissant et proférant des bribes de paroles à peine audibles, formant une suite incohérente de sons qui mettaient le chevalier mal à l’aise. Pour tenter de le calmer, il lui prit la main, mais fut surpris de la force avec laquelle Mendoza serra soudain son pouce dans ses doigts. Même s’il avait voulu retirer sa main, il ne l’aurait pu. Plus inquiétant, le corps du capitaine se tendit comme sous l’effet d’une souffrance intense. De sa main libre, il agrippa brutalement le bras du chevalier, qui sursauta violemment. Presque simultanément, ce dernier crut entendre Mendoza prononcer le nom de cette femme : Hava. Puis le capitaine relâcha son bras, desserra ses doigts, sa respiration devint moins chaotique. Il ouvrit les yeux.
Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu’il n’était pas dans sa prison, et plusieurs minutes pour parvenir à maintenir ses yeux ouverts. Il était donc sauvé. Il se trouvait dans le condor. Il se souvint qu’il avait agrippé le bras de quelqu’un. Ce ne pouvait être Hava. On l’appelait, mais cette voix lui était inconnue. Pourtant, il était sûr à présent d’être dans le condor. Il se força à regarder celui qui lui parlait, mais ce mouvement lui donna la nausée. Sa tête lui faisait mal, ses tempes battaient. Il avait la sensation d’étouffer.
GA : Restez calme. Vous êtes en sécurité. Tout va bien.
M : Non…
GA : Vous irez mieux bientôt. Vous revenez de loin.
M : Qui êtes-vous ?
GA : Ne parlez pas. C’est trop tôt. Je me nomme Gabriel d’Aubusson, chevalier de l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean, secrétaire du Grand Maître Juan de Homèdes, pour vous servir.
Mendoza laissa le temps à ces informations de pénétrer sa conscience, puis il laissa vagabonder sa pensée. L’Ordre de Malte…cet homme, à Benghazi…il ne ressemblait pas à celui-là…peu importait, Isabella avait dû réussir à les faire intervenir…le trésor…pourquoi le condor était-il là ? Gonzales avait dit qu’Esteban était sur la plage…qui l’avait sauvé ? Et Gonzales ? Avec effort, il articula son nom.
GA : Il est sain et sauf, mais il a voulu tenter de capturer cette criminelle avec l’aide de notre navire. Le jeune Nacir est resté lui aussi. Dieu fasse qu’ils reviennent bientôt.
Hava…cette criminelle. Oui, c’en était bien une, de la pire espèce. Ainsi, il ne la rejoindrait pas en enfer, pas encore. Peut-être allait-elle devoir l’attendre longtemps. Il allait retrouver Isabella…malgré lui, il prononça son nom. Le chevalier crut qu’il voulait lui demander de ses nouvelles.
GA : Vous verrez la senorita Laguerra bientôt. Nous sommes à Porto Conte. Cependant, j’ai préféré demander à votre jeune ami, Esteban, de la tenir à l’écart, le temps que vous soyez remis. Comprenez bien, cette attente a été éprouvante, et je ne voulais pas qu’elle s’inquiète inutilement. Mais à présent que vous avez repris conscience, tout est différent. Il vous faudra juste encore un peu de patience…
Un peu de patience ? Qu’entendait-il par « attente éprouvante » ? Mendoza s’agita, cherchant à se lever, mais une main ferme le repoussa, doucement. Le chevalier d’Aubusson réalisa qu’il en avait trop dit, et se reprocha son imprudence.
GA : Il faut vous reposer encore.
Mendoza murmura encore plusieurs fois le prénom de son amour trahi, en proie à une soudaine angoisse, malgré les paroles rassurantes que le chevalier lui répétait d’une voix égale. Sa poitrine le brûlait, une main invisible broyait son cœur.
GA : Elle va bien. Reposez-vous. Vous la verrez bientôt.
Le capitaine finit par perdre à nouveau conscience. Ce réveil inespéré laissait au chevalier un goût étrange. Il plaignait cet homme qui avait frôlé la mort de la plus ignoble façon, mais l’entendre répéter ainsi le nom de son amante le mettait mal à l’aise. Il avait eu l’impression d’entendre ce qu’il ne devait pas entendre, comme lors d’une confession. Il avait toujours détesté la confession, qui permettait de pénétrer dans l’intimité des âmes, car il ne parvenait pas à prendre assez de distance par rapport aux aveux qu’on lui confiait, et qui résonnaient en lui de façon troublante, éveillant ses doutes sur son engagement. Et que penser de la façon dont le nom d’Hava avait surgi de la bouche du noyé ? Il avait beau se dire que le traumatisme subi expliquait tout, que le capitaine avait agrippé son bras comme pour se raccrocher à quelque chose, ou parce qu’il croyait saisir son bourreau, dans un désir de vengeance, il n’en était pas moins profondément troublé.

*****************************
Isabella se leva avec précaution. Elle avait besoin d’air. Cela faisait trop longtemps qu’elle était allongée. Afin de pouvoir rester tranquille, elle s’avança à pas de loups vers la fenêtre. Il était hors de question d’attirer l’attention de ses garde-malades, surtout Gabriel, qui avait insisté auprès de Zia pour qu’elle ne sorte pas de son lit, et encore moins de sa chambre. Il est vrai qu’elle les avait tous alarmés avec sa crise de nerfs, et qu’elle s’était réveillée en pleine nuit d’un cauchemar particulièrement éprouvant. Elle avait lutté de longues minutes pour reprendre son souffle. Sa poitrine lui faisait mal, oppressée par un poids invisible, et son ventre se contractait douloureusement. Elle se souvenait qu’Indali avait tenté de l’apaiser en lui massant le dos avant de la forcer à se recoucher ; puis elle lui avait tenu la main, lui parlant doucement, avant de l’inviter à caler sa respiration sur la sienne, lente, profonde ; peu à peu son corps avait cessé de la faire souffrir, et elle n’avait plus senti que ses larmes sur ses joues. Puis elle s’était endormie à nouveau. Au matin, Zia avait déjà préparé pour elle de nouvelles tisanes sédatives, et elle avait encore dormi. Mais elle était à présent bien éveillée, et les souvenirs de la veille commençaient à la harceler à nouveau. Elle s’était donnée en spectacle. Pire, le chevalier d’Aubusson en avait été témoin. Elle ne se souvenait pas l’avoir vu près d’elle, mais elle était certaine d’avoir senti contre sa joue la toile empesée de sa cape, avant de sombrer tout à fait. Il avait dû la porter jusqu’à sa chambre. Il était présent à son chevet quand elle avait repris connaissance. Elle revoyait son visage dévoré d’inquiétude, elle entendait sa voix douce, pleine de sollicitude. Il lui avait fait boire une des préparations de Zia. Elle se tenait derrière lui, et semblait bouleversée. Pauvre Zia ! Que de soucis, que de souffrances inutiles elle lui causait ! Elle et Esteban auraient dû être occupés à des préparatifs d’une toute autre nature. Le bonheur se refusait-il donc à eux aussi ? Tout cela, par sa faute, celle de Mendoza…Ne pas penser à lui, non, ou alors le tourbillon des questions sans réponse allait reprendre et l’entraîner à nouveau vers l’abîme. Elle prit une profonde inspiration, et ouvrit la fenêtre avec mille précautions. L’air était chargé d’une chaleur humide, mais il lui parut délicieusement frais en comparaison de la moiteur étouffante de sa chambre. En contrebas, la mer miroitait sous le soleil. Comme il aurait été plaisant de s’y plonger, cela faisait trop longtemps qu’elle ne s’était pas abandonnée dans les eaux tièdes de la Méditerranée. La dernière fois remontait à…son cœur se glaça soudain, au souvenir de sa baignade à Lampedusa. Son dernier souvenir heureux. Ils avaient payé cher ce petit moment de bonheur qu’il lui avait offert. La culpabilité vrilla son cœur. Elle étouffa un gémissement et détourna son regard de la baie miroitante, levant les yeux vers le ciel, mais l’éclat du soleil l’aveugla. Elle ferma les yeux, tourna la tête. Quand elle les rouvrit, elle vit l’oiseau d’or glissant vers les bois. Son cœur bondit. Tremblante, elle se recula, puis elle s’empara prestement de ses vêtements, s’habilla et sauta sans un bruit sur la corniche en dessous de la fenêtre. Le choc ébranla son corps, mais elle décida de ne pas en tenir compte, et continua prudemment sa progression. Bientôt, elle courait aussi vite qu’elle le pouvait en direction des bois, ignorant que le chevalier d’Aubusson l’avait précédée.

Ce n’est que lorsqu’elle allait atteindre la clairière qu’elle les vit. Face à face, Esteban et Gabriel se parlaient, mais elle ne pouvait saisir leurs paroles. Haletante, elle s’arrêta et se cacha, indécise. Devait-elle se montrer ? Avant qu’elle ait pu prendre une décision, elle les vit s’éloigner en direction du condor. Elle aurait voulu soudain courir pour les rattraper, mais elle se sentit défaillir. Sa course avait épuisé ses dernières forces, elle n’avait rien mangé depuis des lustres, la tête lui tournait, et elle entendait distinctement son pouls battre, ses oreilles résonnaient d’une pulsation puissante qui étouffait tous les autres sons. Ils disparurent à l’intérieur. Elle devait les rejoindre. Elle devait savoir. Esteban était-il revenu seul ? Pourquoi faisait-il monter le chevalier à bord ? Après de longues minutes, elle se remit en route, en marchant d’un pas lourd. Elle était presque parvenue au condor quand elle entendit des voix. Instinctivement, elle pressa le pas pour se cacher, passant à côté du bec ouvert de l’oiseau pour atteindre l’abri d’une patte. Que dirait Gabriel, s’il la voyait ? Il la ramènerait à sa chambre, il l’enfermerait. La tête lui tournait dangereusement, elle devait s’assoir, là, sur cette patte. Ils revenaient, ils allaient sortir. Sa vision se brouillait, elle ne parvenait plus à penser. Un vertige la prit. Elle chercha un appui, elle devait savoir, il ne fallait pas qu’elle s’évanouisse, pas avant de savoir s’il était à bord. Elle vit Esteban descendre et s’éloigner en courant, le bec se referma. La jeune femme glissa à terre, inconsciente.

*****************************
Indali était assise sur le banc de pierre et massait son cou douloureux, quand elle entendit qu’on l’appelait discrètement. En grimaçant, elle tourna la tête, croyant avoir reconnu la voix d’Esteban. Elle vit alors sa tête qui dépassait du muret, puis sa main qui lui faisait signe d’approcher. Elle se hâta de le rejoindre.
In : Esteban ! Mais qu’est-ce que tu fais là ! Le chevalier…
E : Il est au condor, mais il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Appelle Zia pour moi, sans alerter Isabella. Elle ne doit pas savoir que je suis là. Je vais aller me cacher dans la remise.
In : Quoi ?!Mais…
E : Fais ce que je te dis !
Indali obtempéra sans plus poser de questions, et pendant qu’elle regagnait la maison, Esteban sauta par-dessus le muret et courut à la remise. Zia était en train de préparer de nouvelles infusions quand Indali entra, l’air préoccupé, une main sur son cou.
Z : Que se passe-t-il ? Tu reviens bien vite ? Tu peux encore te reposer, tu sais..Oh, toujours cette douleur ! Laisse-moi voir…
In : Non ! Ce n’est pas ça !
L’exclamation étouffée d’Indali surprit Zia. La jeune indienne s’approcha vivement, et glissa quelques mots à l’oreille de son amie.
Quand Zia ouvrit la porte de la remise, Esteban se tenait devant elle. D’un même élan, les deux fiancés se jetèrent dans les bras l’un de l’autre et se serrèrent, longuement, comme s’ils avaient voulu ne plus faire qu’un. Puis Esteban relâcha son étreinte et remonta sa main droite pour caresser les cheveux de Zia tendrement. La jeune femme leva son visage vers lui.
Z : Esteban…
E : Ne dis rien, Zia, je sais…c’est fini, tout va bien…
Lentement, il pencha son visage vers le sien, et embrassa ses lèvres tièdes, s’enivrant de son souffle. Elle lui rendit son baiser, passionnément, jetant ses bras autour de son cou, passant ses mains dans ses cheveux, ébouriffant au reste sa crinière en bataille. A bout de souffle, il se dégagea, plus amoureux que jamais, les yeux brillant d’un désir inassouvi auquel répondait l’éclat de ceux de Zia. Ils se sourirent.
Z : Tu es tout décoiffé…
E : Et toi, tu es toujours aussi belle…
Z : Tu es parti si peu de temps…
E : Une éternité…sans toi.
Elle rit.
Z : Ne sois pas ridicule !
E : Zia…Ces derniers jours m’ont rappelé à quel point je tenais à toi.
Z : Parce que tu l’avais oublié ?
Elle avait répliqué d’un ton taquin, mais Esteban la serra à nouveau dans ses bras, éperdument. Puis il se remit à parler.
E : L’échange ne s’est pas passé comme prévu. Mendoza a failli mourir. Il est dans le condor, avec le chevalier d’Aubusson. Il m’a vu, je lui ai tout raconté. Il veille sur Mendoza. Mais il m’a dit qu’il fallait garder le secret, dans l’intérêt d’Isabella. Comment va-t-elle réellement ?
Z : Le chevalier t’a averti à juste titre, il faut la ménager, mais elle ira mieux très bientôt, n’aie crainte. Pour l’instant, elle dort. Indali m’a enseigné quelques recettes, et nous a aidés à prendre soin d’elle. Et elle a été d’un grand soutien.
E : Je t’ai laissée seule, pardonne-moi.
Z : C’est inutile, tu as agi comme tu le devais. Et puisque c’est fini, tout ira mieux désormais. Tu n’auras plus à t’inquiéter pour moi. Mais raconte-moi tout, comment va Mendoza, que s’est-il passé ? Les visions étaient terrifiantes. Je ne savais plus à quoi m’attendre, j’avais l’impression que la mort risquait de tous vous emporter. Et j’étais là, impuissante…Mais je n’ai jamais perdu espoir.
E : Comment peux-tu supporter tout ça ?
Z : C’est ainsi, je n’y puis rien. Et à chaque fois, j’ai l’impression que je sors plus forte, comme d’une épreuve que je parviens à dépasser.
E : C’est certain, tu es la plus forte…et moi, je me suis complètement laissé dépasser.
Z : Tu dis n’importe quoi, comme d’habitude. Allez, raconte-moi tout.
Ils s’assirent sur le sommaire matelas de paille qui avait été préparé pour le chevalier, et Esteban raconta, sans omettre aucun détail. Il avait tant attendu ce moment. Il avait cru qu’en partageant le souvenir de ses angoisses, il serait soulagé, mais il se rendait compte à présent qu’il n’avait plus besoin d’apaisement, car il l’avait déjà trouvé plus tôt, à bord du condor. Zia avait raison. Lui aussi sortait plus fort de cette épreuve. Il en avait pourtant traversé bien d’autres auparavant, et des plus terribles. La colère, le remords et la culpabilité avaient souvent été au-rendez-vous, et ses victoires avaient eu un goût amer. Il se sentait désormais capable de dompter seul la violence qui se déchaînait en lui , en acceptant sa fragilité et celle des autres.
Z : Tu vas repartir chercher Tao ? Et je m’inquiète pour Nacir.
E : Je pourrais survoler la zone…mais tant que Mendoza n’aura pas repris connaissance, je ne bougerai pas d’ici.
Z : Allons voir ce qu’il en est !
E : Attends ! Quelqu’un vient !
Elle se levait, quand Indali fit irruption dans la remise.
In : Isabella ! Isabella est partie !
Esteban sauta sur ses pieds et fondit sur elle, l’empoignant et la secouant.
E : Qu’est-ce que tu lui as dit ? Pourquoi ?
Z : Esteban, arrête !
Il réalisa soudain qu’il faisait mal à la jeune indienne et la lâcha, confus. Toujours sa maudite impulsivité ! La colère allait s’emparer de lui, il était prêt à sortir comme une furie, mais il parvint à se maîtriser, et à parler calmement.
E : Je m’excuse, Indali, je ne voulais pas te faire mal. Que s’est-il passé ?
In : J’ai entendu du bruit dans la chambre, des coups secs, j’ai pensé qu’on avait laissé la fenêtre ouverte et, comme le vent s’est levé, qu’ elle s’était peut-être refermée brutalement. Cela risquait de réveiller Isabella, alors j’ai entrouvert la porte pour vérifier. La fenêtre battait bien, et je suis entrée pour la fermer. Mais Isabella n’était pas dans la chambre. Je ne comprends pas, j’étais dans la pièce à côté…
Z : Elle aurait sauté par la fenêtre ?
In : C’est la seule explication, l’un de nous l’aurait vue autrement !
E : Mais quand est-elle partie ? Et pourquoi ?
Z : Tu crois qu’elle t’a vu venir ici ?
E : Tu as dit qu’elle dormait…Et puis, elle ne serait pas partie comme ça !
In : Elle a peut-être vu le condor…
E : Bon, Indali, tu restes ici, au cas où elle reviendrait. Nous, nous allons au condor, et si elle n’y est pas, nous aviserons.

***********************
Isabella s’assit péniblement. Elle n’allait pas attendre qu’Esteban revienne, ça non. Le dépit, la colère et la détresse se disputaient son cerveau embrumé. Elle se remit debout. Il lui fallait trouver un moyen d’attirer l’attention de Gabriel, mais comment faire alors que ses jambes la soutenaient à peine et que sa tête ne cessait de tourner ? Elle resta un long moment appuyée contre la patte du condor, à attendre d’être assez vaillante pour s’approcher du bec. Assez vaillante ! Elle s’était rarement sentie aussi mal, mais sa détermination n’en était que plus forte. Elle fit quelques pas mal assurés. Si elle pouvait trouver une branche, pour frapper la paroi…sans son fouet et son épée, elle était bien démunie. Mais elle n’aurait jamais la force de soulever quoi que ce soit, encore moins de frapper. Elle était séparée de lui par cette maudite carcasse d’orichalque, c’était trop rageant ! Car il était à l’intérieur, elle l’aurait parié ! Pourquoi n’était-il pas sorti, puisque le chevalier savait tout ? Ce maudit Gabriel avait sûrement raconté à Esteban qu’il fallait la ménager, qu’il fallait la préparer….Elle n’était pas en sucre, bon sang, elle en manquait juste cruellement ! Le chevalier l’avait abrutie de potions, avec la complicité de Zia et d’Indali. Quand elle le verrait, elle lui dirait ses quatre vérités. Elle leva la tête vers le cockpit, et crut distinguer un mouvement à l’intérieur. Un fol espoir la prit. Elle s’efforça de prendre du recul pour mieux voir. Le chevalier d’Aubusson ! Elle tenta de crier, mais sa gorge était trop nouée pour laisser sortir un quelconque son. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était de se trouver dans son champ de vision. Pas question d’agiter les bras en l’air, son ventre lui tirait trop quand elle les levait, et ils semblaient peser dix tonnes. Le chevalier s’était installé au poste de pilotage, très bien ! Elle parcourut les quelques mètres nécessaires pour se trouver parfaitement visible, face au condor, et attendit. Elle voyait le chevalier examiner le tableau de bord, se pencher à droite et à gauche. A quoi jouait-il ? Espérait-il faire décoller l’engin ? Soudain, le bec s’ouvrit. Le chevalier se retourna, sans doute pour constater qu’il avait actionné la commande adéquate. Il allait donc sortir et la verrait ! Mais il se pencha à nouveau vers l’avant. Le bec se referma. Le cœur d’Isabella battait à tout rompre. Elle vit le chevalier se lever. Il allait quitter le cockpit, sans la voir ! Tétanisée, elle était incapable de bouger. Il lui faudrait donc s’assoir là, ou plutôt se laisser tomber sur le sol caillouteux parsemé d’une maigre végétation, et attendre le retour d’Esteban. Soudain, elle remarqua que le chevalier revenait vers le tableau de bord. Avait-il oublié quelque chose ? C’est alors qu’il se figea. Il l’avait vue. Elle se laissa tomber sur le sol, étendit ses jambes devant elle et s’appuya sur ses bras. Le bec s’ouvrit à nouveau, et le chevalier accourut.
GA : Isabella ! Que faites-vous ici !
Elle prit le temps de quelques respirations profondes avant de répliquer d’une voix faible, mais peu amène.
I : Je vous retourne la question…ce n’est pas vous que je suis venue voir. Où est-il ?
GA : J’avais pourtant donné des instructions à Esteban…
I : Je suis la seule fautive. Répondez-moi. Je veux le voir.
Le chevalier soupira, et entreprit de l’aider à se relever.
GA : Ce que femme veut…
I : Epargnez-moi vos réflexions. Répondez.
Elle eut du mal à supporter d’être remise en position verticale.
GA : Vous allez encore faire un malaise, vous n’êtes pas raisonnable !
I : J’en ai déjà fait un tout à l’heure.
GA : Vous avez besoin de manger un peu.
I : Je ne vous le fais pas dire. Vous ne m’avez administré que des tisanes.
GA : Taisez-vous, ou vous ne pourrez pas monter. Et pour vous répondre, le capitaine Mendoza est là. Vous le verrez, bientôt, si vous êtes raisonnable.
Elle obéit, rassemblant ses forces pour grimper, tandis qu’il la soutenait de son mieux. Une fois à l’intérieur, elle lui indiqua brièvement où trouver un peu de nourriture. Tao gardait toujours une boîte de biscuits secs dans son laboratoire pour tenir le coup lors de ses longues veilles. Elle ne pouvait faire un pas de plus, ni parler davantage. Elle avait compris que Mendoza ne viendrait pas, et n’insista pas davantage. Il était là, cela seul comptait. Après avoir grignoté quelques biscuits, elle se sentit un peu mieux, assez pour se lever elle-même. Elle adressa un signe de tête au chevalier.
GA : D’accord. Mais avant que je vous conduise à lui, vous devez savoir qu’il est encore faible. Je vous rassure, il n’est pas blessé, mais il est tombé à l’eau. Il a repris conscience il y a peu. Si cela n’avait pas été le cas, je ne vous aurais pas permis de le voir.
Elle le fusilla du regard.
I : Je me serais passée de votre permission.
GA : Il est fiévreux, et vous vous seriez inquiétée.
I : Croyez-vous donc que je n’aurais pas été plus inquiète sans le voir ? Quel genre d’homme êtes-vous donc ?
GA : Je n’agis que dans votre intérêt, soyez-en assurée.
I : Je vous demande pardon. Je suis stupide et injuste. Mais allons le voir, je vous en prie.
Il lui prit la main, le visage grave.
GA : Vous êtes toute pardonnée.

Il la conduisit avec précautions jusqu’à la chambre. Mendoza reposait, les yeux clos. Isabella tourna la tête vers le chevalier, l’interrogeant du regard.
GA : Je vais vous laisser. Si vous avez besoin de mon aide, je ne serai pas loin. Il va mieux, je puis vous l’assurer.
I : Merci pour tout, Gabriel.
Il hocha la tête, et repartit vers le cockpit. Elle s’avança, le cœur battant, et s’assit auprès de lui, à la place que Gabriel avait occupé avant elle, sur un petit tabouret placé près du lit. Elle le contemplait sans oser le toucher, de peur de le faire disparaître. N’était-elle pas en train de rêver ? Non, son ventre criait encore famine, et le goût sucré des biscuits emplissait encore sa bouche. C’est alors que le petit être qui grandissait en elle se manifesta, la faisant sursauter. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait senti ses petits coups légers comme des bulles. Mais cette fois, ils étaient plus impérieux. Sa peau se souleva sous l’effet d’une pression exercée de l’intérieur. Elle en resta interdite. La sensation, inédite, se renouvela. Elle se figea, guettant le prochain coup. Elle réalisa qu’elle ne s’était plus préoccupée de son enfant, jusqu’à l’oublier, sauf dans ses cauchemars. Et comme s’il avait compris qu’elle le refoulait de ses pensées, il s’était tapi en elle, s’était fait si discret qu’il ne l’avait plus dérangée. Mais à présent, il reprenait ses droits, il réclamait son attention. Elle en fut d’abord contrariée, puis elle sourit. Elle prit la main de son amant endormi, et la posa doucement sur son ventre, qui bondit à ce contact délicieux.
I : Juan, réveille-toi, nous sommes là. Nous t’attendions.
Il bougea la main, lui procurant un frisson de plaisir quand ses doigts caressèrent sa peau. Après de longues minutes où elle le contempla, entre espoir et anxiété, il ouvrit les yeux.
I : Tu es revenu…
Il se tourna vers elle. Le sourire d’Isabella s’effaça devant ce visage sans expression, ces yeux sans éclat qui la regardaient comme s’ils ne la voyaient pas . Quand il retira sa main de son ventre, elle retint son souffle. Alors, lentement, Mendoza porta sa main vers le visage d’Isabella, effleurant doucement ses joues, ses lèvres, puis il l’attira jusqu’à son propre visage et referma les yeux. Elle déposa un baiser sur chacune de ses paupières, puis sur son front brûlant, sur ses lèvres enfin, qui s’entrouvrirent à ce doux contact. Puis, laissant couler ses larmes, Isabella se glissa auprès de lui et l’enlaça en sanglotant.

**********************
Quand Esteban et Zia parvinrent au condor, ils constatèrent que le bec était toujours ouvert. Esteban poussa un juron, puis fonça à l’intérieur, prêt à réprimander le chevalier d’Aubusson pour son imprudence. Il trouva ce dernier penché sur le tableau de bord. Le chevalier se retourna brusquement quand il réalisa que quelqu’un se trouvait derrière lui.
GA : Oh, Esteban, vous m’avez fait peur !
E : A quoi jouez-vous ? Pourquoi avoir laissé le bec ouvert ?
GA : Oh…vous ne l’avez donc pas ouvert à l’instant ?
E : Non !
GA : C’est un regrettable oubli de ma part, veuillez me pardonner, mais j’étais si préoccupé par l’état de la senorita Laguerra…
Z : Comment va-t-elle ?
GA : Elle est auprès de lui. Je crois qu’il n’y a plus aucune raison de s’alarmer.
Esteban poussa un soupir de soulagement et s’affala sur la banquette. Zia s’assit à son tour.
GA : Esteban, si nous reprenions là où nous en étions tout à l’heure ? J’aimerais tant comprendre le fonctionnement de cette fabuleuse machine !
E : Pour que vous alliez tout raconter au Grand Maître de l’Ordre ?
GA : Je vous jure que non ! Et je n’ai qu’une parole ! Je garderai votre secret, quoi qu’il m’en coûte !
E : Hum….vous m’avez l’air d’être un honnête garçon, et je crois que je peux vous faire confiance. Qu’en penses-tu, Zia ?
Elle hocha la tête en signe d’approbation. Ils échangèrent un sourire complice. L’enthousiasme du chevalier d’Aubusson leur réchauffait le cœur, après tant d’événements dramatiques.
Z : Mais avant cela, jeunes gens, il va falloir retourner prévenir Indali, qui doit être morte d’inquiétude. Qui s’y colle ? Pourquoi pas vous, chevalier ?
E : Zia a raison, ce sera votre pénitence pour la frayeur que vous nous avez donnée tout à l’heure.
GA : J’accepte de bonne grâce. Loué soit le Seigneur qui nous a tous réunis aujourd’hui. Puisse-t-il veiller sur ceux qui sont encore loin de nous.
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par TEEGER59 »

Des retrouvailles au poil!
Tout est dans la retenue, sans chichis. C'est toujours aussi bien écrit.
En bref, j'adore!
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par Akaroizis »

Superbe ! :)


(l'argumentation est toujours aussi présente, n'est-ce pas ma chère ?) :tongue:
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

Saison 1 : 18.5/20
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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Akaroizis a écrit : 04 nov. 2017, 16:46 Superbe ! :)


(l'argumentation est toujours aussi présente, n'est-ce pas ma chère ?) :tongue:
Bon, j'accepte le compliment, mais c'est bien parce que c'est toi! :tongue:
TEEGER59 a écrit : 04 nov. 2017, 15:57
Des retrouvailles au poil!
Tout est dans la retenue, sans chichis. C'est toujours aussi bien écrit.
En bref, j'adore!
Si tu savais le temps que j'y ai mis, c'est pas raisonnable :roll: Mais si le résultat plaît, tant mieux!
"On savoure mieux ce qu'on a désiré plus longtemps, n'est-ce pas Mendoza?"
Unagikami mon amour
"It was a skyfall, and a rebirth, a bloody honeymoon, for both of us"
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Ra Mu
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par Ra Mu »

nonoko a écrit : 04 nov. 2017, 20:06 Voici encore un peu de lecture, pour fêter le retour de Ra Mu ;) Tant pis, je grille mes cartouches...
:D Cartouches grillées? Mais quel feu d'artifice!
nonoko a écrit : 04 nov. 2017, 20:06 Si tu savais le temps que j'y ai mis, c'est pas raisonnable :roll: Mais si le résultat plaît, tant mieux!
Nan, t'es pas raisonnable, je confirme, mais serais tu Nonoko si tu ne l'étais pas. 8) Quel Chat-pître....
- On s'est tout de même embrassés, cela ne signifie donc rien?
- HEIN? T'as embrassé Ambrosius?
- *soupir* Allez, déblaie!
HOP HOP HOP! :x-):
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