FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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Raang
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Raang »

Chapitre court, mais efficace, ça marque une pause en fait dans le récit -malgré quelques éléments ajoutés à l'intrigue- et c'est très bien écrit, seb a toujours la patate niveau inspiration et les deux (trois dans le début) écritures mêlées sont suffisant pour suivre sans encombre.
En gros, bravo les amis ;)
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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par nonoko »

Chapitre 11 : Escale à Oran. Partie 1.

Mendoza avait laissé Isabella assoupie dans la cabine. Il lui avait été impossible de rester allongé à ses côtés. Pourtant, il avait désiré ce moment ardemment pendant son périple en Sicile. Il avait cru que l’ivresse des retrouvailles suffirait à enflammer ses sens jusqu’à l’oubli de ce maudit trésor. Mais c’était le contraire qui s’était produit. Quand Isabella s’était abandonnée dans ses bras, si fragile et si déterminée à la fois, il n’avait plus eu qu’une idée en tête : la protéger, elle et cette nouvelle vie qui palpitait en elle, la protéger d’elle-même, la protéger de lui-même, la protéger de Gonzales. Il devait parler au jeune métis, d’urgence. Il devait tuer ce fol espoir qui les tenait tous deux, il devait arrêter de se mentir, et de mentir aux autres. C’était déjà la fin de l’après-midi. Demain, ils reprendraient la mer. Bientôt, ils seraient revenus à Barcelone. Si Gonzales comptait sur lui pour parler à Ruiz, mieux valait mettre les choses au clair. Et s’il comptait persuader Ruiz de faire pression sur lui, mieux valait lui enlever toute illusion. Il se dirigeait vers le San Buenaventura quand il vit justement Gonzales en descendre.
G : Ah, Mendoza, vous tombez bien ! Que diriez-vous de m’accompagner un peu en ville ? J’ai oublié que j’avais une affaire importante à régler pour le compte de Ruiz. Dans la précipitation de notre départ pour la Sicile, j’ai omis de donner certaines instructions à Fuentes, et je dois à présent m’acquitter de la tâche avant demain matin.
M : En quoi consiste votre mission ? Vous semblez bien chargé.
Disant cela, il avisait une besace que le jeune capitaine portait en bandoulière.
G : Oh, il s’agit de porter une certaine somme à un sieur Escosia, un marchand juif installé à Oran.
M : Et vous y allez seul ?
G : Fuentes m’a indiqué le chemin. Je pensais pouvoir me débrouiller, mais votre connaissance de la ville me serait sans doute fort utile.
M : Sans compter qu’il n’est guère prudent d’assurer un transport de fonds seul.
G : On m’a affirmé que la ville était sûre. La garnison espagnole patrouille de jour comme de nuit.
M : On n’est jamais trop prudent, je vous accompagne. A quelle adresse devons-nous nous rendre ?
G : Le sieur Escosia demeure près de l’église Notre Dame des Victoires, rue Jimenes.
M : Eh bien, allons-y.
Ils quittèrent le port et commencèrent à monter doucement vers l’église édifiée sur les ruines de la mosquée qui dominait autrefois la ville, sur les flancs de l’Aïdour. Progressivement, ils gravissaient quelques escaliers et des ruelles en pente qui les menaient au cœur d’Oran sous le soleil déclinant. En contrebas, la mer étincelait. Mendoza restait silencieux. Peu à peu, sa détermination faiblissait. Il pensait à l’argent que transportait Gonzales. Il pensait à l’argent qu’il devait encore à Roberto. Il pensait à sa liberté. Il pensait à Isabella, étendue sur le lit, corps flottant sur les eaux calmes du port, et qui abritait une petite mer intérieure où flottait un autre corps, minuscule, si fragile. Il devait parler. Gonzales le prit de court.
G : Comment se porte la senorita Laguerra ?
M : Très bien.
G : Votre absence ne lui a pas trop pesé ?
M : Pas le moins du monde. C’est une femme indépendante.
G : Et qui sait ce qu’elle veut.
M : Et ce qu’elle ne veut pas. En l’occurrence, elle partage mon avis sur cette histoire de trésor.
G : C’est-à-dire qu’elle ne souhaite pas vous voir prendre de nouveaux risques. Je la comprends. Vous savez, Mendoza, j’ai réfléchi, et je pense que je vais suivre votre conseil.
M : Vous allez engager des pêcheurs d’éponge ?
G : Il semble que ce soit la seule solution.
M : Vous pourriez aussi abandonner.
G : Abandonner ? Vous me connaissez mal…Et puis, je ne peux pas me permettre de laisser plus longtemps mes sœurs à la merci de mon père.
M : Et si cela tourne mal ? si vous ne reveniez pas de votre expédition ? Que deviendraient-elles ? Ne prenez- vous pas des risques inconsidérés ?
G : Ai-je le choix ?
M : On a toujours le choix.
G : Si seulement c’était vrai…Mais je respecte votre décision, Mendoza. Car vous ne m’aiderez pas, c’est bien ça ? La senorita Laguerra vous a convaincu.
M : Elle n’a pas eu à le faire. Je vous l’ai dit, j’ai déjà pris trop de risques.
G : Vous n’avez pas à vous justifier. C’est à moi de me faire une raison. Je respecte votre décision, quoique j’en sois déçu.
M : Vous avez tous les atouts pour réussir sans mon aide, Gonzales. Enfin, si la chance est aussi de votre côté.
G : Merci, Mendoza, j’apprécie vos encouragements.
M : La fortune sourit aux audacieux, comme on dit. Vous faites partie des audacieux, à n’en pas douter.
G : J’avais pensé que vous en faisiez encore partie.
M : Eh bien, vous vous êtes trompé. A une autre époque, peut-être aurions-nous pu nous associer…c’est d’hommes comme vous dont j’avais besoin. Mais je suis revenu de toutes ces chimères.
G : On dit pourtant que vous avez vu des choses extraordinaires…
Mendoza s’arrêta dans un escalier de pierre. Ils étaient parvenus en vue de l’édifice religieux.
M : Extraordinaires, oui. Mais croyez-moi, Gonzales, le cœur des hommes est trop prompt à s’enflammer pour ces chimères. Seuls certains sont assez sages…
Il secoua la tête. Il pensait à Esteban. Indéniablement, Gonzales et le jeune Atlante se ressemblaient. Leur détermination, leur capacité à se dépasser les rapprochaient, de même qu’une certaine effronterie qui frisait l’insolence. Pendant les quelques jours qu’il avait passés aux côtés du jeune métis, il avait pu apprécier également son sens des responsabilités, et son attention constante aux autres. Il avait soigné sa blessure avec sollicitude, et Mendoza s’était surpris plus d’une fois à penser à la façon dont il avait été impressionné, autrefois, par les aptitudes d’Esteban, ou touché par sa sensibilité. Amusé ou énervé aussi par son culot, l’aplomb avec lequel il parvenait à imposer ses décisions aux autres. Mais au final, il s’avérait être plutôt raisonnable et sage. Gonzales, en abandonnant l’idée de le convaincre, lui, Mendoza, se montrait peut-être raisonnable, mais était-il aussi sage qu’Esteban ? Mendoza en doutait. En laissant Gonzales poursuivre seul son aventure, ne commettait-il pas une erreur ? Ne devrait-il pas rester à ses côtés, au cas où…Il haussa les épaules. Cela ne le regardait plus, à présent.
G : A quoi pensez-vous ?
M : Je pensais simplement que vous me rappelez quelqu’un…qui suit à présent sa propre route, comme vous allez suivre la vôtre…mais laissons cela, et continuons, nous sommes presque arrivés.
En haut des marches, ils tournèrent dans une petite rue bordée de maisons basses, déserte à cette heure. Le crépuscule s’était abattu sur la ville, étendant progressivement son ombre sur les bâtiments. A présent, par-delà les toits, seul le clocher de l’église, caressé par les derniers rayons cuivrés, conservait encore, pour quelques instants, ses teintes ocres. Dans les rues, en contrebas, la pénombre régnait.
M : J’ai déjà rencontré Escosia lors de mes précédentes escales. Un homme charmant. Je m’étonne qu’il ne soit pas venu au port pour traiter affaires. Je l’ai toujours rencontré là, mais si sa demeure se trouve rue Jimenes, ce doit être l’une de celles dont nous apercevons le toit là-bas, sur la droite. Contrairement à celle-ci, la rue Jimènes possède quelques maisons plus cossues et plus hautes.
G : Escosia est bien venu au port en notre absence. Mais Fuentes n’a pu lui donner satisfaction, car la somme qui lui revient se trouvait sur le San Buenaventura.
M : Eh bien, cela vous donne l’occasion de découvrir Oran, la plus belle ville du monde selon le cardinal Jimenez qui l’a conquise pour le compte de la couronne espagnole. D’ailleurs, si vos ancêtres avaient quitté l’Espagne lors de la Reconquista, vous auriez pu être oranais…
G : Et je serais moi aussi un riche marchand à qui vous apporteriez une besace remplie d’or…comme ma vie aurait été plus simple en effet !
M : Attention !
Le marin avait stoppé net son compagnon d’un geste impérieux. Ils étaient presque parvenus à l’extrémité de la rue. Encore quelques mètres et ils auraient tourné dans la rue Jimenes. Devant eux, deux hommes armés avaient surgi. Mendoza tira aussitôt son épée, en demandant à Gonzales de jeter un coup d’œil derrière eux. La retraite était déjà coupée par deux autres hommes.
M : Nous étions attendus…quel déploiement de forces pour une simple besace ! Qu’en pensez-vous, Gonzales, leur abandonnerons-nous ce qu’ils veulent ?
G : Pas s’ils ne le demandent pas plus poliment !
M : Je vais vous ouvrir le passage. Foncez rue Jimenez !
Il attaqua frontalement les deux hommes et parvint à les déstabiliser avant de se retourner pour affronter les deux autres, parant leurs coups avec habileté, tandis que Gonzales réussissait à passer les deux premiers adversaires. Il allait continuer pour tourner dans la rue quand il se ravisa. Sa besace le gênait, mais pas assez pour qu’il renonce à se battre. Il perdrait sans doute du temps à trouver la maison d’Escosia et à obtenir de l’aide, alors que Mendoza aurait sûrement rapidement besoin d’un soutien pour venir à bout des quatre assaillants. Son bras droit était certes en bonne voie de guérison, mais faiblirait sans doute vite face à une attaque pareille. Gonzales intercepta les deux premiers assaillants qui fonçaient à nouveau sur Mendoza. Ce dernier s’était positionné sur le côté de la rue afin de ne pas laisser la possibilité aux autres de l’attaquer de dos.
M : Vous voilà déjà revenu, Gonzales !
G : Je n’ai pas encore eu l’occasion de vous faire la démonstration de mes talents de bretteur ! si vous mourez, je regretterai toute ma vie que vous ayez raté cela !
M : Montrez-moi donc ça, pour la tranquillité de votre âme !
Il avait à peine fini sa phrase qu’un des adversaires de Gonzales s’écroulait à terre, comme foudroyé.
M : Joli coup !
Le deuxième fut touché au bras et lâcha son épée, mais tira un poignard de sa main valide en se précipitant sur Gonzales, qui esquiva l’attaque et lui assena un violent coup de pied. L’homme s’effondra en gémissant. Alors que Gonzales se retournait pour prêter main forte à Mendoza, un projectile frôla sa tempe et se fracassa sur le mur d’en face, bientôt suivi d’un autre. Surpris, Gonzales se recula vivement pour se plaquer contre le mur et trébucha sur le corps de son premier adversaire. Déséquilibré, il tomba lourdement en arrière. En s’écrasant au sol, la besace laissa s’échapper quelques pièces. Mendoza venait de repousser un des brigands sur sa droite quand il vit Gonzales chuter. Le quatrième homme avait reculé vers le milieu de la rue quand le premier projectile avait été lancé, afin de profiter de l’effet de cette attaque surprise. Mendoza, trop occupé avec son adversaire, n’avait pas prêté attention aux projectiles lancés du toit derrière lui. Voyant Gonzales à terre et le dernier brigand prêt à se précipiter sur lui, il se porta soudain en avant afin de repousser l’homme. Son élan fut brisé net par une pierre qui l’atteignit en pleine tête. Il tituba, cherchant instinctivement un appui, tandis que le tintement du métal résonnant sur le pavé faisait exploser son crâne. Son épée s’immobilisa enfin à ses pieds. Son adversaire de droite revint à la charge, armé de deux poignards. Gonzales, toujours armé de sa rapière, roula alors sur le côté, s’empara de l’épée de Mendoza et dressa les deux pointes de ses fers pour intercepter celles des deux poignards avant qu’elles ne transpercent le marin. Mendoza s’effondra derrière lui, tandis que le jeune métis sentait sous sa gorge la pression du métal aiguisé de la lame du quatrième brigand. A genoux, les bras dressés comme un rempart contre les poignards de l’assaillant de Mendoza, il était désormais à la merci de ses adversaires. Une voix lui parvint depuis le toit.
B : Belle parade, senor ! Hélas, bien inutile !
L’homme sauta du toit. Les deux brigands accentuèrent leur pression sur Gonzales.
B : Vous pouvez baisser les bras, l’ami. Histoire de nous donner votre besace. A moins que vous ne préfériez que nous la prenions de force. Mais quelque chose me dit que vous allez être raisonnable et coopératif.
Gonzales obtempéra, posa ses armes, et, toujours sous la menace, se débarrassa de sa besace, dont s’empara aussitôt le nouveau venu, à l’évidence le chef de la bande. Le brigand blessé se releva péniblement, mais le premier homme qui avait eu affaire à Gonzales ne bougeait pas. Le chef s’approcha et le secoua d’un coup de pied, sans parvenir à le faire réagir. A ce moment-là, des soldats de la patrouille apparurent au bout de la rue. En un instant, ils se lancèrent à la poursuite des voleurs, qui s’éclipsèrent en laissant derrière eux leur camarade plus mort que vif. Il ne restait sur le champ de bataille qu’un seul homme valide. Dès qu’il fut libéré de la présence de ses assaillants, Gonzales prit appui sur son pied gauche et pivota promptement, toujours à moitié à genoux, pour porter secours à Mendoza. Ce dernier gisait à terre, inconscient. Avec précaution, Gonzales l’examina, tout en l’appelant afin de vérifier son degré d’inconscience. Il présentait une plaie sur l’arrière de la tête qui saignait abondamment, mais il ouvrit les yeux après quelques appels pressants.
G : Mendoza ! Comment vous sentez-vous ?
M : L’or…une seule pièce d’or….
G : Non, ils n’en ont pas laissé une seule…à moins que…
Il examina le sol autour d’eux et parvint à distinguer une pièce échappée de la besace et que les brigands avaient oublié de ramasser dans leur fuite.
G : Ils en ont laissé une en effet…Est-ce qu’Escosia s’en contentera ? J’ai bien peur que non, nous ferions mieux de la dépenser dans une taverne du port ! Un petit remontant ne nous fera pas de mal ! Pouvez-vous vous redresser ? Je vais vous aider.
M : La taverne…Esteban…
G : Vous n’avez manifestement pas les idées très claires ! Comment diable allons- nous rentrer ?
Il entendit soudain une porte s’ouvrir derrière lui ; des pas menus et pressés résonnèrent dans la rue déserte. Il se tourna vivement et aperçut une silhouette féminine qui venait vers eux dans la pénombre, enveloppée dans un vaste voile violet qui recouvrait sa tête et sa tunique jusqu’à ses hanches, laissant apparaître ensuite son ample sarouel. Arrivée à leur hauteur, elle prit place aux côtés de Gonzales et entreprit de l’aider à maintenir Mendoza en position assise.
H : Laissez-moi vous aider. J’ai tout vu depuis ma maison. Je suis désolée de n’avoir rien pu faire, mais je suis seule en ce moment. Les autres habitants ne bougeront pas, ils ont bien trop peur, et préfèrent s’en remettre aux patrouilles. Chacun ses ennuis, n’est-ce pas ?
G : Je vous remercie. J’ai besoin de soigner mon ami. Sa plaie à la tête saigne abondamment.
H : J’habite juste à côté. Vous êtes les bienvenus.
M : Comment vous appelez-vous ?
G : Ah ! Enfin une parole sensée ! Vous m’avez fait peur, Mendoza !
H : Je m’appelle Hava.
M : Vous êtes…juive ?
La femme ne répondit pas tout de suite, semblant consulter du regard Gonzales. Ce dernier l’encouragea d’un signe de tête.
H : Oui. Les Espagnols tolèrent encore quelques Juifs à Oran.
M : Vous connaissez un certain Escosia ? Nous devions nous rendre chez lui, c’est à deux pas…pourriez-vous…
G : Nous verrons cela plus tard, il faut vous soigner ! Vous êtes incorrigible !
M : Je ne veux pas importuner cette dame…elle a dit qu’elle était seule.
G : Vous avez tout entendu ! Parfait, quelques points de suture et ce mauvais coup ne sera plus qu’un mauvais souvenir ! Mademoiselle, aidez-moi, s’il vous plaît.
A eux deux, ils remirent doucement Mendoza debout, tandis que ce dernier protestait.
M : Laissez-moi tranquille Gonzales, un pansement fera l’affaire !
G : Taisez-vous, ou je vais croire que vous êtes plus sérieusement touché, à force de radoter.
Avec précaution, ils marchèrent jusqu’à la porte de la maison et pénétrèrent dans un modeste patio au centre duquel se trouvait un petit bassin. Hava les guida jusqu’à une pièce donnant sur le patio, et qui faisait manifestement office de cuisine. Ils installèrent Mendoza sur une chaise. Quelques instants plus tard, Hava aidait Gonzales à soigner la plaie de Mendoza. Elle avait laissé glisser sur ses épaules le voile dont elle s’était enveloppée pour sortir, découvrant sa longue chevelure brune et bouclée, presque noire, irisée de reflets cuivrés, simplement attachée par un ruban au bas de la nuque. Mendoza, qui s’efforçait de se distraire de la douleur qui lui vrillait le crâne, remarqua, tandis qu’elle vaquait entre la chaise et la table, où était posée une bassine d’eau, l’éclat délicatement doré de sa peau à la lueur de la bougie, ses lèvres pleines et parfaitement dessinées, ses yeux verts amande, si pâles qu’ils donnaient à son regard une intensité toute particulière. Les boucles encadraient un visage fin, aux pommettes saillantes, marqué par la vie. Elle n’était manifestement plus de la première jeunesse, à moins que les épreuves l’aient vieillie prématurément, car il émanait de tout son être une force et une grâce qui rappelaient celle de Gonzales. Mendoza se souvenait à quel point Zia avait été frappée de l’élégance naturelle qui transparaissait dans les moindres gestes de ce dernier, lorsqu’il les avait salués à Barcelone. Hava revêtait en ce moment à ses yeux le même charme que celui qui se dégageait du jeune métis. Son caraco soulignait ses formes. Mendoza sentait encore l’énergie avec laquelle elle l’avait soulevé, la fermeté avec laquelle elle lui avait pris la main. Une douleur fulgurante le ramena à la réalité, il tressaillit violemment et étouffa un cri.
G : Pardonnez-moi, Mendoza, je vous ai fait mal ! Le bandage vaut ce qu’il vaut, et n’arrêtera que temporairement le saignement.
Mendoza maugréa.
M : Je m’en doutais un peu. Ces plaies à la tête sont une vraie peste. Mais je tiendrai le coup jusqu’à ce que nous soyons rentrés au port, ne vous inquiétez pas. Allons, il est temps de prendre congé, nous avons abusé de l’hospitalité de notre hôtesse, et il faut encore passer voir Escosia, pour lui expliquer où est passé l’argent qu’il attendait. Je suppose que nous devrons lui payer ça sur notre solde à notre prochaine escale.
G : Ma négligence seule est en cause, si je n’avais pas oublié de m’acquitter de ma mission avant notre départ en Sicile…
M : Vous savez très bien que c’est moi qui ai précipité notre départ. Je n’entends pas me soustraire à mes responsabilités.
G : Mais vous avez été blessé !
M : Et vous m’avez sauvé la vie… Vous avez de bons réflexes…nous aurions pu y rester tous les deux. C’était un véritable guet-apens.
G : Effectivement, je me demande comment ils ont pu savoir…
M : Nous verrons cela plus tard, j’ai bien peur que mon cerveau ne fonctionne au ralenti ce soir. Hâtons-nous d’aller chez Escosia.
Il s’était levé, mais vacilla légèrement. Hava le retint.
H : Vous devriez rester encore un peu.
Sa voix était douce, mais ferme.
G : Elle a raison, je peux aller voir Escosia seul, il n’y a plus aucun danger à présent. Attendez-moi-là. Je préfère que vous vous reposiez avant de redescendre au port.
Mendoza n’eut pas le temps de protester. Gonzales partait déjà, tandis qu’Hava exerçait une légère pression sur l’épaule du marin afin de l’inviter à s’assoir à nouveau.
Gonzales trouva sans peine la demeure du sieur Escosia, qui le reçut avec une grande amabilité. C’était un homme de taille moyenne mais de belle prestance, au visage auréolé d’une abondante chevelure rousse qui lui donnait une allure léonine. A l’annonce de l’attaque qui avait visé son visiteur, il pâlit, et s’enquit aussitôt de son état. Gonzales lui répondit qu’il allait bien mais qu’il avait dû laisser Mendoza blessé aux soins d’une voisine, et que le contenu de la besace avait malheureusement été volé. Il fallut alors parler affaires. Escosia ne comprenait pas comment une chose pareille avait pu se produire. Il regrettait de ne pas s’être déplacé à nouveau dans l’après-midi, mais il avait été occupé et n’avait pu se libérer quand il avait appris la nouvelle de l’arrivée du San Buenaventura. Il s’était entretenu avec Fuentes quelques jours auparavant au sujet de la somme qu’il attendait de Ruiz, mais devant l’ignorance du marin, il n’avait pas insisté. Il avait toute confiance en Mendoza, qu’il avait rencontré à maintes reprises, et en Ruiz, qu’il connaissait par quelques voyages d’affaires effectués à Barcelone. Et si Ruiz avait confié son argent à Gonzales, alors il ne pouvait qu’avoir confiance en Gonzales. Il fallait à présent trouver un terrain d’entente. Gonzales proposa la solution de Mendoza, en omettant de préciser que ce dernier entendait prendre sa part de responsabilité dans la perte de la somme et son remboursement. Un engagement fut signé, qui devait être honoré au prochain voyage. Escosia promit de tout faire de son côté pour tenter de retrouver les coupables, bien qu’il y eût peu d’espoir. Gonzales lui donna le signalement le plus précis possible de leurs assaillants, au cas où il n’aurait pas l’occasion de le faire avant de quitter Oran le lendemain matin. Escosia proposa encore de faire venir un médecin afin d’examiner Mendoza, mais le jeune métis le rassura : il possédait à bord du San Buenaventura tout le matériel nécessaire, et l’état du capitaine ne requérait que quelques points de suture, qu’il allait s’empresser de faire lui-même, et beaucoup de repos. Puis il prit congé de son hôte, qui le regarda partir dans la nuit en lui souhaitant un bon voyage de retour à Barcelone.
Un instant plus tard, Gonzales toquait à la porte de la maison de Hava. Le silence régnait dans la rue, et aucun bruit ne lui parvint de l’intérieur. Il attendit un moment, et comme personne ne répondait, il prit le parti d’entrer. Le patio, plongé dans l’obscurité, était vide, le silence régnait. Il gagna la pièce où il avait laissé Mendoza en compagnie d’Hava. Elle était également vide. Sur la table se trouvaient toujours la bassine d’eau et les linges rougis de sang. La bougie achevait de se consumer. Gonzales s’approcha, et trouva près d’elle un petit mot, qu’il lut attentivement avant de le glisser dans son pourpoint et de ressortir précipitamment.
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TEEGER59
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par TEEGER59 »

c'est génial!
Nous avons une belle brochette d'auteurs dans ce forum!
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par nonoko »

Merci, Teeger, effectivement il y a de quoi lire! Brochette, embrocher, hum..Faudrait pas que ça dérapière...
"On savoure mieux ce qu'on a désiré plus longtemps, n'est-ce pas Mendoza?"
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par nonoko »

Chapitre 11, Partie 2.


Isabella avait une faim de loup. Assise face à Alvares, elle ne pouvait penser à autre chose qu’au dîner qui les attendait. Elle se moquait bien d’avoir à supporter une fois de plus les conversations de ses compagnons, et ne se souciait même pas du retour de Gonzales à la table commune. Ses retrouvailles avec son amant avaient décuplé son appétit. Elle espérait toutefois qu’elle n’éprouverait plus une faim pareille dans les jours suivants.
A : Voulez-vous que nous commencions, senorita ? Il se fait tard, et il est fort impoli de faire attendre une dame.
I : Ne vous inquiétez pas pour moi. Mais j’aimerais bien savoir où ils sont tous passés.
A : Je vous l’ai dit, j’ai simplement aperçu le capitaine Mendoza partir vers la ville en compagnie de Gonzales, mais je n’en sais pas plus. Fuentes est peut-être au courant.
A ce moment-là, Fuentes, le Second du San Buenaventura, entra dans la cabine. C’était un homme jovial qui les salua chaleureusement en se frottant les mains, se réjouissant déjà de se mettre à table.
F : Excusez-moi pour le retard ! Je pensais attendre le retour de Gonzales, par politesse, mais je n’y tenais plus ! Il aura sans doute été retenu à dîner chez Escosia !
A : Ah, ils sont partis rendre visite au sieur Escosia ? C’est à propos de cette somme qu’il attendait ?
F : Oui, c’est bien cela. Mais le capitaine n’est pas là ?
A : Ils sont partis ensemble.
F : Je vois…Eh bien, senorita, qu’en pensez-vous, devrions-nous les attendre ? Vous souhaitez sans doute avoir le plaisir de diner en compagnie du capitaine, vous devez en avoir assez de notre conversation limitée !
Isabelle sourit aimablement.
I : Au contraire, vous avez su me distraire habilement pendant ces quelques jours, et je vous en remercie. Et je vous avoue que j’ai très faim, tout comme vous, si je ne m’abuse. Aussi je propose que nous commencions sans plus attendre, nous ne sommes même pas sûrs qu’ils dineront ici, comme vous l’avez fort judicieusement remarqué.
F : Ah ! Ah ! Ah ! merci, senorita, vous savez parler aux hommes, vous ! Eh bien, bon appétit !
Il tendait déjà le bras pour s’emparer de la soupière, quand Gonzales fit irruption dans la pièce.
F : Ah, Gonzales, vous voilà enfin, nous allions commencer sans vous ! Escosia ne vous a donc pas retenu à dîner, quel dommage pour vous ! La table d’un marchand est toujours bien garnie !
A : Mendoza n’est pas avec vous ?
Gonzales semblait avoir couru. Tout en s’efforçant de reprendre son souffle, il leur raconta l’attaque dont ils avaient été victimes, et termina en sortant de son pourpoint le papier qu’il avait trouvé dans la maison d’Hava. En plantant son regard dans celui d’Isabella, il le tendit à la jeune femme.
G : Je suis désolé, senorita Laguerra, quand je suis revenu dans cette maison, ils avaient disparus, en laissant ceci. J’ai eu un instant l’espoir de trouver Mendoza ici, mais…
Isabella s’empara lentement du papier et resta quelques secondes suspendue au regard de Gonzales, n’osant lire la confirmation de ce qu’elle voyait dans les yeux du jeune métis. Puis elle se reprit, ce n’était pas le moment de flancher.
A : Que dit ce billet, Gonzales?
G : Nous devons réunir avant minuit cinq mille reales si nous voulons revoir Mendoza vivant.
F : Vous plaisantez ? Où allons-nous trouver une somme pareille ? Vous venez déjà de vous faire voler cinq cent ducats !
A : Comment connaissez-vous cette somme ?
F : Qu’allez-vous insinuer ? Escosia était venu me voir, vous le savez bien, justement pour s’enquérir de cette somme !
I : Taisez-vous ! La vie d’un homme est en jeu !
Isabella s’était levée brusquement.
I : Nous n’avons que deux heures, messieurs, que proposez-vous ?
A : Il faut prévenir la garde !
I : Impossible, nous ne saurons où est retenu Mendoza que lorsque nous aurons remis l’argent. Je ne veux prendre aucun risque.
A : Mais, senorita, nous ne pouvons pas nous permettre de payer…l’argent que nous transportons n’est pas à nous, et nous en avons besoin pour nos transactions, sans compter que nous n’aurons jamais assez, vous savez bien que nous échangeons principalement des marchandises !
F : Nous pourrions leurrer ces voleurs…où devez-vous remettre l’argent ?
G : Dans la même maison.
A : Eh bien, il suffit de la faire encercler !
G : Et nous ne reverrons jamais Mendoza.
F : Allons donc, une de ces canailles parlera bien !
G : Vous vendez la peau de l’ours avant de l’avoir tué, j’en ai bien peur. Leur guet-apens était d’une redoutable efficacité, nous avons failli y rester, ne l’oubliez pas. Nous n’avons pas affaire à des amateurs.
F : Qui vous dit que cette demande de rançon provient de la même bande ?
G : Allons Fuentes, vous m’aviez affirmé que la ville était sûre, et voilà qu’elle recèlerait dans chaque maison des bandes de brigands différentes ! Il est évident que cette Hava est de mèche avec les autres, et les soldats de la patrouille n’ont pas été fichus de les rattraper !
A : Vous êtes-vous rendu à la garnison pour en savoir plus ?
G : Non, vu la situation, je me suis empressé de revenir ici pour tenter de réunir cette somme. Nous n’avons pas de temps à perdre. Je prends la responsabilité d’utiliser une partie des fonds restant à bord du San Buenaventura, mais comme vous l’avez dit nous ne pouvons pas nous permettre de tout utiliser, à moins de rentrer directement à Barcelone.
A : C’est inenvisageable ! Nous avons déjà pris du retard à cause de votre expédition en Sicile, et nous sommes attendus à Alméria. Nous sommes en train de tromper la confiance de nos clients, et de mettre en péril notre entreprise !
I : Ne sera-t-elle pas véritablement en péril si le capitaine Mendoza n’est plus à la tête de la flotte ? Vous savez très bien ce que vous lui devez ! Avez-vous oublié que Ruiz a choisi de s’associer à nous à cause de la réputation de Mendoza ? Sans lui, personne n’aurait confié ses marchandises à la Santa Catalina, et encore moins au San Buenaventura ! Votre ingratitude me dégoûte ! Vous êtes comme tous les autres, vous ne pensez qu’à votre propre intérêt, vous êtes un égoïste et un lâche ! Et je me passerai de votre autorisation pour piocher dans l’argent dont nous disposons !
Furieuse, Isabella allait quitter la pièce pour mettre sa menace à exécution quand Alvares la retint.
A : Senorita ! Attendez, je ne sais pas ce qui m’a pris, acceptez mes excuses, je vous en prie…Nous allons faire le nécessaire, mais j’ai peur que nous ne disposions pas de toute façon d’une somme pareille…
I : Alors, il va falloir emprunter ! Escosia ne refusera pas de nous aider ! Messieurs, m’accompagnerez-vous ou dois-je me débrouiller toute seule ?
Aucun n’osa se dérober. Les boscos des deux navires furent prévenus et quelques hommes d’équipage se proposèrent pour accompagner la petite troupe, tandis que les autres avaient reçu l’ordre de se préparer à toute éventualité. Pareille situation ne s’était jamais produite par le passé, et chacun y allait de son commentaire. Les langues se délièrent pour médire sur le nouveau capitaine, tenu responsable de cette mésaventure. Tout le monde semblait avoir oublié la façon dont Gonzales les avait menés à bon port en mer tyrrhénienne. Beaucoup voyaient déjà la prime promise par Mendoza leur passer sous le nez, et préparaient des arguments pour qu’on fasse rembourser la somme perdue à Gonzales, sans qu’ils aient à se serrer la ceinture. D’autres, principalement les marins de la Santa Catalina, qui ne comptaient sur aucune prime spéciale, étaient prêts par loyauté envers leur capitaine à se priver d’une partie de leur solde. Isabella avait insisté pour porter elle-même l’argent. Elle se méfiait à présent de tout le monde, et se tenait prête à défendre sa vie contre quiconque tenterait de lui voler la rançon. Elle avait été particulièrement déçue par Alvares, en qui elle avait jusque-là toute confiance. Elle aurait bien envoyé Fuentes prévenir la garde au cas où, mais elle tenait à l’avoir à l’œil. Quant à Gonzales, c’était le seul à avoir voulu rassembler immédiatement la somme, mais pouvait-elle vraiment lui faire confiance ? Il était le seul témoin, et elle n’avait d’autre choix que de le croire sur parole. Lorsqu’ils débouchèrent dans la rue qui avait été le théâtre de l’attaque, elle constata qu’il n’avait pas menti : les traces de la bataille étaient encore là, même si le brigand qui avait été grièvement blessé par Gonzales avait disparu, sans doute emmené par ses acolytes. A la lumière de sa torche, Isabella vit les traces de sang, remarqua les débris de tuiles lancées depuis le toit, repéra la pierre qui avait frappé Mendoza, une pierre de bonne taille, aux arêtes marquées. Puis ils se rendirent chez Escosia. Comme elle l’avait espéré, ce dernier ne fit aucune difficulté à leur prêter contre une reconnaissance de dette de quoi compléter la rançon. Isabella tint à signer elle-même le document. Escosia lui parut sincère quand il raconta la visite de Gonzales et déplora le malheur qui frappait Mendoza. Il proposa d’envoyer un de ses domestiques prévenir les soldats de la patrouille, mais Isabella l’en dissuada, du moins pour le moment. Il restait quarante minutes avant minuit, et elle ne voulait rien tenter avant de savoir où était Mendoza.
Le billet demandait à ce que la rançon soit déposée sur la même table, dans la pièce où Mendoza avait été soigné. Ils pénétrèrent prudemment dans la maison, en laissant quelques marins de garde dans la rue, et suivirent Gonzales. La bougie s’était consumée depuis longtemps, mais là encore, Isabella put constater que Gonzales avait dit vrai. Elle se déchargea de son fardeau et le posa à l’endroit demandé, après avoir poussé la bassine d’eau qui encombrait toujours la table. Machinalement, elle prit un des linges dont le jeune métis s’était servi pour épancher le sang, le garda quelques secondes en main puis le jeta rageusement dans un coin de la pièce.
F : Et à présent, senorita, que faisons-nous ?
I : Nous attendons ici.
G : Mais personne ne se risquera à prendre l’argent si nous sommes là ! Il faut sortir !
I : Combien de temps reste-t-il avant minuit ? Trente minutes, tout au plus. Je ne partirai pas d’ici avant.
A : Qu’espérez-vous ? Que ces brigands se présentent à vous et vous indiquent aimablement où se trouve le capitaine Mendoza ?
I : S’ils ne sont pas des lâches, qu’ils se montrent !
G : Allons, senorita, ce sont des lâches, vous le savez bien. Alvares a raison, ils ne se montreront pas, surtout devant des hommes armés. Nous risquons simplement de mettre en péril Mendoza. Retournons au navire, ils y feront certainement porter un nouveau billet dès qu’ils auront la certitude qu’ils peuvent récupérer l’argent sans risque.
I : Non, je veux qu’ils me donnent l’information en face. Vous pouvez partir, je resterai.
G : Vous ne savez pas ce que vous dites, je ne vous laisserai certainement pas seule dans une situation pareille !
A : Ni moi non plus !
F : Allons, soyez raisonnable ! Ou nous vous ferons sortir de force !
Elle le foudroya du regard.
I : Vous êtes bien pressé de me voir sortir d’ici, Fuentes…
Un silence glacial s’abattit. Fuentes ne savait que répondre à cette phrase pleine de sous-entendus. Il sentait que la moindre parole pouvait se retourner contre lui. Elle insista.
I : Vous ne dites rien ?
A : Qu’insinuez-vous, Senorita ? Vos soupçons sont une insulte ! Gonzales a raison, vous ne savez plus ce que vous dites ! Nous comprenons votre angoisse, mais je vous prie de croire que nous sommes loyaux envers vous, et envers Mendoza. Ne vous avons-nous pas protégée pendant cette escale ?
I : Je sais me protéger seule. Sortez donc, tous, je resterai.
Elle tira sa rapière.
G : Et si nous allions vérifier que personne ne se cache dans les pièces voisines ? il doit bien y avoir deux ou trois autres pièces donnant sur le patio.
A : Je n’ai pas l’intention de me retrouver nez à nez avec ces brigands ! Nous avons convenu que nous déposerions la rançon comme ils l’exigeaient, afin qu’ils nous livrent en retour l’information dont nous avons besoin pour retrouver Mendoza. Nous sommes en train de compromettre la réussite de l’opération en restant plus longtemps ! Si la senorita Laguerra ne veut en faire qu’à sa tête, cela la regarde ! Mais je ne prendrai pas davantage de risques inutiles, ni pour moi, ni pour le capitaine Mendoza !
Le quart d’heure sonna au clocher de l’église toute proche. A cet instant, un bruit sec se fit entendre au-dessus d’eux. Isabella éleva aussitôt sa torche vers le plafond, mais un paquet d’étoffes s’abattit sur la flamme et s’embrasa immédiatement en longs flambeaux qui retombèrent bientôt un peu partout. Isabella tenta de se débarrasser d’un tissu en flammes qui s’était posé sur son bras. Gonzales intervint et le balaya de la main pour éviter une brûlure trop importante à la jeune femme, puis s’empara de la torche. Alvares et Fuentes tentaient de leur côté d’éteindre le feu qui commençait à prendre dans la pièce en piétinant les morceaux d’étoffe enflammés. Isabella et Gonzales aperçurent alors une ouverture dans le plafond, par laquelle était en train de disparaitre le sac contenant la rançon. Isabella lâcha sa lame pour dégainer son pistolet et visa l’ouverture, mais la trappe se rabattit avant qu’elle ait eu le temps de tirer. Elle tira néanmoins, et la balle s’enfonça dans le bois.
I : Bande de lâches ! Où est Mendoza ?!
A : Senorita, il faut partir ! La table a pris feu !
I : Et la bassine ? servez-vous de la bassine, bon sang !
Fuentes fut le premier à réagir et renversa l’eau sale sur les flammes, qui s’éteignirent dans un grésillement. Il ne restait désormais que quelques flammèches à étouffer dans la pièce, emplie à présent d’une fumée qui les fit tousser. Gonzales prit Isabella par le bras et chercha à l’entraîner dehors.
G : Ne restons pas là, senorita, je vous en prie, cela ne sert plus à rien.
I : Non ! Nous ne savons pas...nous ne savons pas…
Elle résistait de toutes ses forces. Minuit sonna au clocher de Notre Dame des Victoires. Soudain, la trappe s’ouvrit à nouveau et se referma aussitôt, tandis qu’un petit morceau de papier tombait en voltigeant à travers la fumée.
A : Ils sont encore là !
G : Nous avons une chance de les coincer si nous trouvons comment accéder à l’étage ! Sortons !
Il se précipita dehors et entreprit de trouver un escalier, mais il n’en trouva pas, et toutes les portes donnant sur le patio étaient closes. Alvares et Fuentes le rejoignirent bientôt, soulagés de respirer enfin l’air extérieur. Pendant ce temps, Isabella ramassait le billet tombé à terre. Gonzales réapparut dans la pièce, décidé à tenter de passer par la trappe. Il bondit sur la table et entreprit de soulever le panneau de bois, en vain.
I : Ne perdons pas plus de temps, Gonzales. Mendoza n’est pas ici, alors pourquoi vous acharner en pure perte ?
Le jeune métis sauta au sol.
G : Vous savez enfin où il est ?
I : Au ravin Blanc. Nous voilà bien avancés ! Nous ne serons pas trop pour fouiller toute la zone !
G : Il n’y a aucune autre indication ?
I : Non !
Elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Elle sortit brusquement et passa devant Alvares et Fuentes en leur ordonnant de la suivre. Une fois dans la rue, elle leur révéla ce qu’elle savait, autant dire pas grand -chose. Il leur faudrait sans doute du temps avant de trouver l’endroit exact où Mendoza avait été abandonné par ses ravisseurs, si ceux-ci ne s’étaient pas moqués d’eux. Alvares proposa une nouvelle fois d’avertir la garde. Cette fois, Isabella accepta sans discuter. Elle avait cru que la fin du cauchemar était proche, mais elle avait maintenant l’impression qu’il ne faisait que commencer. Le ravin Blanc faisait plus de deux kilomètres de long et entaillait les flancs de l’Aïdour par des falaises abruptes tranchées dans une roche blanche. Il débouchait dans le ravin de Raz el Aïn, au fond duquel coulait l’oued dont les eaux alimentaient la ville.
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par TEEGER59 »

ah, là, là! Que de suspense!
C'est magistralement bien écrit!
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Message par nonoko »

Merci Teeger, je posterai la fin sous peu...
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Akaroizis »

Oui, c'est presque parfait puisque rien n'est parfait. Et cela dans de nombreux points, et également (chose rare) au niveau orthographiquement parlant :tongue: !

Sinon merci de faire beaucoup de chapitres merveilleux sur Mendodo et Isabella, ça me fera moins de travail pour réécrire x)
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par nonoko »

Ne confonds pas orthographe et coquilles, je me suis aperçue que des lettres parasites apparaissaient parce que je tape au hasard sur le clavier pour rallumer l'écran, je ferai plus attention désormais! :tongue:
A part ça merci pour ton commentaire, ça fait toujours plaisir, mais dis-moi, tu réécris toujours la fic en mode parodique? Et dire que j'essaie d'être sérieuse... :roll: :x-):
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Akaroizis »

Et bin sort ton ordinateur de veille en appuyant sur ctrl, ça résoudra ce problème ! ;)

Et sinon oui, enfin je ne l'écris pas encore, mais j'ai des idées et je commencerai à continuer à l'écrire aux grandes vacances, donc pas avant la fin du tome 2 je pense. Et continuez d'écrire très sérieusement, ça m'aide pour faire encore plus drôle :tongue:
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