A la recherche de l'Empire perdu

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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Xia
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Xia »

TEEGER59 a écrit : 03 juin 2017, 18:52 Ta fanfic est bien plus intéressante que la mienne!
C'est drôle... C'est exactement ce que je me dis quand je lis ta fanfic :D
"Si seulement je pouvais arriver à la cheville de Teeger..."

Je suis très flattée de lire ton commentaire :-@

smilemma a écrit : 03 juin 2017, 23:41 J'aime beaucoup, c'est très agréable à lire et l'histoire est emmenée à la perfection ! Bravo ! :D
Merci beaucoup ! :lol: Ravie que ça te plaise
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Xia »

Chapitre 9 : Quand Ambrosius n'y comprend plus rien


Un miroir. Il lui fallait absolument un miroir.
Il n’allait pas attendre que ses amis lui aient ramené Laguerra junior pour en avoir un à disposition ! En plus, elle était bien capable de l’avoir perdu ! Toutes les femmes qu’il avait connues jusqu’ici ne lui avait apporté que le malheur. Et la fillette – il en était certain – ne ferait pas exception.
Ambroise de Sarle descendit de la nef sous un soleil resplendissant. L’atmosphère était encore plus étouffante que la veille. Il ne parvenait toujours pas à comprendre comment les autochtones pouvaient se vêtir de cette manière, sous prétexte de se protéger du soleil. Il lui semblait que leurs tuniques de lin étaient plus lourdes et plus chaudes que les vêtements des Européens. Et quelle idée de se masquer ainsi le visage !
Il se dirigea vers ce qu’il avait vu du haut du ponton : un éclat lumineux qu’il pensait être un étalage de verres.
Tandis qu’il franchissait une enceinte, Ambrosius entendit des murmures s’élever derrière lui. Un individu l’apostropha dans un dialecte local, l’obligeant à se retourner. Autour d’eux, un attroupement se formait peu à peu d’où montait un grondement, visiblement de mécontentement.
L’alchimiste fronça les sourcils. Que racontaient-ils ? Si seulement ils ne parlaient pas tous en arabe !
Le petit homme leva les mains en signe d’incompréhension :
— Je suis désolé… Je ne comprends pas…
Ambrosius n’eut pas le temps de terminer sa phrase. On lui assena un violent coup derrière la tête et il s’effondra sur le sol poussiéreux.

Il avait l’impression qu’on lui avait fendu le crâne en deux. Un liquide chaud giclait le long de sa tempe. Il reprit connaissance et réussit à ouvrir les yeux – qu’il referma aussitôt tant son sang coulait. Ambrosius entendait des éclats de voix au-dessus de lui. Et qu’on se battait aussi.
Où étaient donc Fernando et Athanaos ? Ils devraient être là maintenant. Ce n’était pas eux qui parlaient au-dessus de lui. Il ne discernait aucune de leurs voix, bien qu’il y en eût deux distinctes. La première lui était totalement étrangère. En revanche, il reconnaissait très bien la seconde même si elle s’exprimait dans une langue berbère.
Il était sauvé !
Ambroise poussa un soupir de soulagement. Même s’il n’était pas certain que son défenseur lui viendrait en aide, il savait qu’il ne le laisserait pas aux mains de ses assaillants.
La voix gronda encore en arabe pour faire fuir les agresseurs, puis s’adressa plus doucement à lui :
— Maitre Ambrosius ? Est-ce que ça va ? Maitre Ambrosius !
Il essaya d’articuler quelque chose avant de s’évanouir à nouveau.

— Vous croyez qu’il nous entend ?
— Je pense…
— Il semble être revenu à lui…
On lui tamponnait le front avec de l’eau.
Allongé sur un sofa dans la nef, Ambrosius battit doucement les paupières, puis de plus en plus vigoureusement. Il regarda tour à tour les trois visages qui l’examinaient avec attention. Fernando et Athanaos étaient visiblement soulagés de le voir réveillé. La troisième silhouette, en revanche, restait impassible.
L’alchimiste remarqua alors les bandages que son bienfaiteur portait sur le corps. Il s’était blessé en volant à son secours… Ambroise de Sarle esquissa un pâle sourire et murmura faiblement :
— Merci Isabella…

Il se sentait à présent beaucoup mieux, même si la tête lui tournait encore. Il était désormais prêt à reprendre la route, même si son esprit était ailleurs depuis son agression.
Ambrosius devait bien se l’avouer : la fille du Docteur l’intriguait de plus en plus. Elle possédait des connaissances que lui-même n’avait pas, savait se battre… Mais qui était-elle ? Plus le temps passait et plus il commençait à se demander si son ami ne l’avait pas emmenée avec eux à sa demande.
Pendant qu’Athanaos l’aidait à se remettre sur pieds, l’alchimiste avait saisi quelques bribes de conversation entre les deux Laguerra :
— Où as-tu déniché cette rapière ? J’ai cru comprendre qu’on n’avait pas voulu t’en vendre une.
Fernando comprit lorsqu’il vit sa fille hésiter. Elle l’avait volée ! Il préféra toutefois ne pas la réprimander. Après tout, elle avait sauvé la vie d’Ambroise. Il ne faisait aucun doute que le corps de ce dernier serait très certainement en miettes à l’heure qu’il était si elle n’était pas intervenue.
— Je suis fier de toi ma fille ! Être venue à bout de trois hommes solidement armés…
— Je n’ai aucun mérite. Je me suis entrainée en cachette avec des soldats au Portugal. Je n’ai fait qu’appliquer les leçons.
Son père poussa un sifflement admiratif.
— Et je n’étais pas toute seule, rajouta Isabella.
— Tu n’étais pas toute seule ? Pourtant, lorsqu’on est arrivé, il n’y avait que toi à côté de lui.
— Un nomade m’a aidée. C’est aussi qui m’a conseillé de partir de la madrasa.
— Mais tout de même, à sept ans…
Ambrosius les interrompit :
— Nous allons mettre les voiles. Êtes-vous prêt à partir pour Aqaba ?
Le Docteur fronça les sourcils.
— On va à Aqaba ?! Mais…
— Je croyais qu’on allait à Myos Ormos ?! le coupa sa fille qui voyait son rêve le plus cher s’envoler.
— Changement de programme. Demandez à Athanaos, je n’ai rien compris. Une histoire d’ibis et de cigognes, ou quelque chose comme ça…, dit Ambroise en haussant les épaules.
Il s’apprêtait à remonter l’échelle de sa nef quand il s’arrêta net.
Quelque chose clochait. Pourquoi avait-elle dit ça ?
— Une minute, toi ! rugit-il. Comment sais-tu qu’on devait partir pour Myos Ormos ?
Isabella rageait.
Bravo ! Elle avait tout gagné ! La phrase de trop, comme d’habitude. Il n’y avait pas un proverbe qui disait qu’il fallait tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler ? Maintenant, elle pouvait dire adieu à la reconnaissance d’Ambrosius.
Jusqu’à présent, son plan avait fonctionné à merveille. Comme prévu, elle était arrivée au moment où Ambroise de Sarle s’était trouvé en mauvaise posture – une chose qui devait bien arriver à un moment donné.
Elle voulait à tout prix les accompagner dans leur quête des secrets de Mu. Aussi, le seul moyen qu’elle avait trouvé était justement de remonter dans l’estime de l’alchimiste – jouer la carte de la divine providence en quelque sorte pour lui montrer qu’elle était indispensable. Mais ça, elle pouvait l’oublier maintenant.
Elle avait bénéficié de l’aide inespérée de Rachid – la jeune fille n’avait pas vraiment compris pourquoi, mais elle s’en contrefichait – pour faire fuir les assaillants, trop nombreux à son goût.
En revanche, elle n’y était pour rien si Ambrosius s’était attiré les foudres des musulmans en pénétrant dans l’iwan de la mosquée interdite aux profanes. S’il daignait s’intéresser aux coutumes locales et apprendre le minimum des langues comme le faisaient ses compagnons, il n’en serait pas là : avec des bandages autour du torse, un pansement sur la tête, un œil au beurre noir, un bras en écharpe et une béquille qui lui servait de troisième jambe !
— Parce qu’elle était dans la nef depuis trois jours. C’est bien ça Isabella ? demanda Athanaos, descendu quand il avait entendu son ami hurler. C’est comme ça que tu es arrivée si vite quand Ambrosius a crié ?
Devant sa lucidité habituelle, la jeune fille, penaude, ne put que hocher la tête :
— J’étais cachée dans la coque.
Fernando manqua de s’étouffer.
Cela faisait plusieurs jours qu’il se faisait un sang d’encre, et il apprenait seulement que maintenant que sa fille – qu’il croyait ne jamais revoir –, était juste deux étages sous lui !

Ambrosius ne pouvait s’empêcher de rire intérieurement.
Isabella était peut-être la fille de Fernando, mais question caractère, ils ne se ressemblaient pas du tout. Loin de là. Elle était prête à tout pour parvenir à ses fins, quoi qu’il en coûte. Au fond, elle était exactement comme lui.
Regardant devant lui, une main gantée posée sur le gouvernail, il tendit l’oreille. Peut-être que cette fois-ci, il comprendrait quelque chose.
Athanaos réexpliquait la raison pour laquelle il voulait se rendre à Aqaba :
— La nuit de la pleine lune, avant qu’Ambroise ne nous réveille en évoquant de la lumière, j’ai fait un rêve…
Il leur parla de l’ibis d’Aah, du bélier de Khnoum et de la cigogne Benu. En revanche, il se garda d’évoquer le chien rouge du désert. L’alchimiste en avait déduit qu’il s’agissait d’un avertissement. Un avertissement déjà donné par la bohémienne rencontrée deux ans plus tôt.
C’était aussi la raison pour laquelle il ne s’était pas opposé à ce qu’Isabella soit internée à Ormuz. L’éloigner d’Ambrosius et de Fernando lui avait paru être la meilleure solution – même s’il se doutait que leurs rapports en pâtiraient –, et il commençait à regretter qu’elle soit parvenue à rester auprès d’eux. Si le fameux traitre aux cheveux roux était Fernando de Lagurra, le Grec savait qu’il n’avait aucun souci à se faire : jamais il ne toucherait à sa fille. En revanche, si c’était Ambroise de Sarle…
— Dans la composition de l’Être dans l’Ancienne Égypte, l’ibis représentait l’akh, le bélier symbolisait de ka et la cigogne personnifiait le ba, murmura Isabella pour elle-même. Akh-Ka-Ba… Aqaba !
— Qu’espères-tu trouver là-bas ?
— Comment veux-tu que je sache ? Je ne suis pas encore prophète, Fernando ! rétorqua l’Anatolien, blessé dans son amour-propre.
— Ne te vexe pas. C’est juste que j’aurai préféré aller en Égypte…
— Moi aussi, renchérit sa fille dans une moue.
— Mais on va y aller ! Les prochaines étapes sont Éléphantine et Alexandrie, annonça leur ami.
— Éléphantine, c’est à cause de la gazelle et de l’antilope ? demanda Laguerra.
— Oui. La gazelle représente la déesse Satis et l’antilope sa fille Anoukis. Si on y ajoute le dieu Khnoum, on obtient la triade d’Éléphantine.
— Évidemment ! C’est d’une limpidité…, fit le Portugais qui ne pensait pas un mot de ce qu’il disait.

Et en plus, elle avait compris le charabia du Grec !
Décidément, il n’était pas au bout de ses surprises.
Ambrosius laissa Athanaos prendre la barre et descendit tant bien que mal dans la pièce principale, un lieu qu’il chérissait plus que tout au monde. Là étaient rangés ses livres, encyclopédies et autres ouvrages qu’il jugeait utile à leur quête. C’est-à-dire plus d’une centaine d’écrits.
Là aussi se trouvait l’antique Livre des Sept Langages que Fernando avait réussi à déchiffrer.
Son regard se posa sur les deux nouveaux venus. La pyramide et la boussole. Qu’allait-il bien pouvoir faire d’elles ? La boussole – en orichalque, si on s’en tenait aux explications de Laguerra – était petite, de la même taille que les boussoles habituelles utilisées par les marins. Rien de plus simple que de la glisser dans une poche de sa chemise. Mais le cône bleuté ? Il était beaucoup plus encombrant et l’alchimiste craignait de le voir se briser s’il venait malencontreusement à basculer sur le plancher.
Peut-être lui faire une place entre deux œuvres ? Oui, ce serait le mieux… mais le problème restait le même : s’il prenait un livre avec maladresse, la pyramide tomberait. C’est pourtant ce qu’il fit en attendant de trouver une solution plus adéquate.
— Platon, Virgile, marmonna-t-il en séparant le Timée et les Géorgiques, je vous confie mon trésor… Prenez soin de lui.
Satisfait de lui, Ambrosius s’approcha de la boussole, qu’il n’avait pas osé toucher jusque-là.
Elle était magnifique !
Finement ciselée, elle portait en son centre l’emblème de l’Ordre, d’où partaient des rayons, semblables à ceux du Soleil.
Seize rayons… Athanaos et Laguerra devraient pouvoir me dire ce que ça signifie…
Ambroise de Sarle éprouva un pincement de jalousie. Athanaos et Laguerra. C’étaient toujours eux qui trouvaient la réponse à une énigme qui leur barrait la route. Jamais lui.
L’alchimiste l’ouvrit.
Les quatre coins cardinaux y figuraient avec une aiguille de direction s’alignant sur le champ magnétique. Rien de plus normal pour une boussole. Mais il était fortement intrigué par l’absence d’aiguille d’inclinaison. Et à quoi pouvait bien servir les roues dentées qui étaient sur le cadran ?
Il referma l’objet et grimpa les marches qui menaient au pont, bien décidé à avoir une explication. Des éclats de rire fusaient. Le Grec tenait toujours le gouvernail à l’avant de la nef, tandis que Fernando et Isabella plaisantaient sur le château arrière.
Ambrosius rouvrit l’appareil de mesure et s’avança vers Athanaos.
Non. La question allait attendre.
L’alchimiste ne comprenait pas. Comment est-ce qu’un objet en orichalque pouvait pointer un être humain ?
Il se déplaça sur le bateau. Une hypothèse s’était échafaudée dans son esprit. Mais tantôt elle était vérifiée, tantôt elle était controversée. Comment se faisait-il que, lorsqu’il s’approchait d’Athanaos, l’aiguille montrait son ami, alors que, lorsqu’il s’en éloignait, elle pointait vers Laguerra ?
— On peut savoir ce que tu fais ? s’enquit le Docteur.
Ambrosius leva la tête et vit trois paires d’yeux ahuris.
— Rien, répondit-il précipitamment.
— Tu ferais mieux de redescendre. Ils ont dû te donner un sacré coup ! décréta Athanaos.
Regardant leur ami rejoindre l’étage inférieur, les trois autres échangèrent une œillade intriguée.
— C’est normal qu’il fasse des va-et-vient ? interrogea Isabella.
— Pas vraiment, fit son père dans une moue dubitative.

Ambroise de Sarle était incapable de mettre un nom sur ce qu’il ressentait.
Était-ce simplement le désespoir de ne pas savoir interpréter seul ce qu’il se passait ? Ou alors la colère de savoir qu’il était tenu dans l’ignorance, alors que les autres semblaient être liés par un secret ? Ils étaient trois à recherche les savoirs perdus de l’empire de Mu – Athanaos l’avait lui-même rappelé quelques jours auparavant. Pourtant, il était seul dans le flou le plus total.
Dans les deux cas, il était furieux. Il leva les yeux vers le trio au-dessus de lui.
Le trio…
L’alchimiste fronça les sourcils.
L’aiguille avait désigné Athanaos en premier, c’était indéniable. Mais vers qui s’était-elle tournée ensuite ?
Vers Laguerra père ? ou Laguerra fille ?
Modifié en dernier par Xia le 30 juin 2021, 18:59, modifié 1 fois.
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par nonoko »

J'ouvre les paris: vers Laguerra fille, cette gamine de sept ans est beaucoup trop avancée pour son âge: soit elle n'a pas vraiment sept ans, soit elle est tombée dans une potion d'orichalque quand elle était petite....
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Xia »

Merci nonoko pour le fou rire que tu m'as donné avec Isabella tombée dans une potion d'orichalque !
Obélix, sors de ce corps !!!
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Xia »

Chapitre 10 : L’alchimiste


Automne 1517, Ormuz, colonie portugaise

La mélancolie ne quittait plus Ambrosius.
Il commençait à regretter sa résolution. Après sa découverte des fonctions de la boussole, il avait choisi de laisser opérer le temps, espérant que quelqu’un émette une hypothèse – qu’il saurait fausse – quant à son fonctionnement. Mais voyant qu’aucune explication ne venait, il avait finalement dû se résigner à son malheur de l’ignorance.
À bord de la nef, l’humeur de ses camarades n’était guère meilleure.
— Si cela continue ainsi, nous allons finir comme les Atlantes et les Muens, soupira Fernando qui regardait la pluie, accoudé au dos d’un fauteuil, la tête entre les mains.
— Solon a dit que les deux continents ont été engloutis en l’espace d’un jour et d’une nuit…, marmonna le Français en haussant les épaules.
— Dans ce cas, encore cinq jours et tu pourras comparer ta nef à l’arche de Noé !
— Pour ça, il vous faudrait des animaux ! claironna Isabella.
Elle ravala ses paroles en voyant les regards noirs que lui envoyaient Ambroise et son père.
La fillette était la seule à se réjouir du mauvais temps qui les obligeait tous à rester dans la pièce principale.
Depuis plusieurs semaines en effet, « Laguerra junior » arpentait la précieuse bibliothèque du navire. Elle n’avait pu résister à l’envie de découvrir une grande partie des ouvrages. C’était au détour d’Utopia de Thomas More qu’Athanaos lui avait proposé une leçon d’alchimie.
— C’est bien. À présent, rajoute le basilic.
La plante fut jetée dans le récipient de ferraille qui leur servait de casserole. S’ensuivit une explosion qui fit sursauter Ambrosius, hors de lui :
— Seigneur ! Mais à quoi vous jouez tous les deux ?! Si vous voulez mettre le feu à ma nef, vous êtes bien partis !
— Arrête de ronchonner. C’est juste une expérience.
— J’espère quand même qu’ils ne sont pas en train de nous préparer le repas. C’est leur tour, cette semaine.
Fernando se tut quand il vit ce que sa fille tenait dans les mains.
— C’est tout simplement… immonde ! Heureusement qu’on ne va pas boire ça !
Il considéra une nouvelle fois les fioles contenant un liquide – si on pouvait appeler cela un liquide – d’un ton terre de sienne avec une grimace de dégoût. Il reprit, livide, quand il vit les regards amusés de son ami et d’Isabella :
— Rassurez-moi… Vous ne comptez tout de même pas nous faire avaler ce… cette potion ?!
— Mais bien sûr que si, répondit Athanaos, qui dut se faire violence pour ne pas éclater de rire lorsqu’il vit un nuage nauséeux passer sur le visage de Laguerra.
La fillette ferma les flacons avec un bouchon et les secoua énergiquement d’une main experte. Ambrosius l’observa faire avec un mélange d’admiration et d’appréhension. Elle semblait savoir ce qu’elle faisait et cela ne le laissait sans une certaine inquiétude.
Où avait-elle donc appris à faire cela ? Il en était certain : ce n’était pas au Portugal.
— C’est Ambroise qui nous en a donné l’idée, expliqua le Grec.
— Moi ? Je ne me souviens pas d’avoir suggéré quelque chose.
— Oui. Enfin non : c’est l’idée d’Isabella.
— Lorsque vous vous êtes attiré les foudres des musulmans, vous n’avez pas compris ce qu’ils vous disaient…
— Exact, confirma le Français qui ne voyait pas très bien où elle voulait en venir.
— Cette potion vous permettra – à tous les deux, précisa-t-elle en regardant son père, de comprendre et de parler les langues du monde.
— Les langues du monde ? Toutes les langues ? demanda Fernando, ahuri.
— Toutes, confirma Athanaos.
— Impossible… Cela n’existe pas ce genre de potion…, murmura Ambrosius.
— Eh bien mon ami, nous avons le plaisir de t’annoncer qu’Isabella et moi vous avons concocter une nouvelle recette. À qui l’honneur ? demanda-t-il en leur tendant les deux fioles.
Laguerra et Ambroise de Sarle échangèrent un regard.
— Vous dites qu’il s’agit d’une de vos inventions…, commença le Docteur, sur un ton hésitant.
— Lequel de vous l’a essayée ? demanda Ambrosius, formulant à voix haute les pensées de son ami.
— C’est qu’on n’a pas vraiment envie d’être empoisonnés, vous comprenez…
Merci pour l’encouragement, Papa ! pensa Isabella pour qui il s’agissait du premier apprentissage.
Elle échangea une œillade embarrassée avec le Grec. Devaient-ils leur révéler leur don ?
— Vous me faites confiance en tant qu’alchimiste ? répondit simplement Athanaos.
— Hum…
— Fernando la boira en premier.
— Hein ?! Pourquoi moi ?
— Parce que c’est la fille qui a préparé ce… cette solution et je doute fort qu’elle laisserait son père s’intoxiquer, affirma le Français.
À l'inverse de moi.
Le Docteur lui jeta un regard noir, prit la petite bouteille de verre et but cul-sec.
Mais contrairement à ce qu’il s’attendait, il ne perçut qu’un vague arrière-goût de…
— C’est normal que je sente de la cacahouète ? demanda-t-il après un instant d’hésitation.
— De la cacahouète ?! Ça a un goût de cacahouète ?! s’exclama Ambroise.
— Oui. La cacahouète doit t’évoquer quelque chose ou un souvenir qui t’est cher. Pour Ambrosius, en revanche, ce sera très certainement un autre parfum.
Celui-ci fronça les sourcils. Hormis son nom, il n’avait rien compris de ce que visiblement devait être une explication. Son regard s’illumina soudainement : la potion marchait !
— Quelle langue ? interrogea-t-il, les yeux brillants d’excitation.
— Chinois, fit malicieusement Isabella.
Ambroise de Sarle lui arracha la deuxième fiole qu’elle tenait entre les mains et la vida d’un trait.
— Att…
Athanaos n’eut pas le temps de traduire ce qu’il avait dit à Fernando en mandarin que déjà une grimace de dégoût se dessinait sur le visage de l’alchimiste.
Il pensait se délecter avec de la cacahouète salée. Au lieu de cela, il se retrouvait avec une saveur qu’il espérait ne plus jamais sentir dans sa bouche.
— Épinard.
— Épinard ?! Qu’est-ce que tu peux bien avoir comme souvenir heureux qui soit en rapport avec des épinards ? s’étonna Laguerra, après que sa fille ait fait une lumière.
Ambrosius sourit.
— L’année dernière, j’ai eu l’immense honneur de rencontrer le grand Leonardo Da Vinci dans son manoir du Cloux à Amboise. Il m’a invité à partager son repas avec lui. Comme vous le savez, il est végétarien, donc nous avons été servis avec des épinards.
Il continua, perdu dans ses souvenirs :
Homme, si vous êtes vraiment, comme vous le décrivez, le roi des animaux, – j’aurais dit plutôt le roi des brutes, la plus grande de toutes ! – pourquoi prenez-vous vos sujets et enfants pour satisfaire votre palais, pour des raisons qui vous transforment en une tombe pour tous les animaux ? La Nature ne produit-elle peut-être pas en abondance des aliments simples ? Et si vous ne pouvez pas vous contenter de tels aliments simples, pourquoi ne préparez-vous point vos repas en mélangeant entre eux ces aliments de façon sophistiquée ? Ah ! Un grand homme, vraiment !
— Principe que tu suis bien sûr à la lettre ! ricana Fernando.
— Et toi ? La cacahouète ?
— Le jour où j’ai rencontré Kamala…, fit-il tendrement, laissant à sa fille et ses amis le loisir d’imaginer la provenance du parfum.

— Si on ne peut pas obtenir les plans de ta future invention, nous pourrions peut-être prévoir nos déplacements à venir, suggéra Fernando. À la lueur d’une bougie, on devrait pouvoir lire les cartes… Isabella le fait bien, avec ses livres…
— Oui, au moins on ne perdra pas de temps, renchérit Athanaos. On doit bien trouver une piste pour notre quête de Mu…
— Chut ! Pas devant elle ! le coupa Ambrosius.
— Pourquoi, pas devant elle ? Je le lui ai dit, si c’est ça qui t’inquiète.
— Qu… Com… Pourquoi, Athanaos ? balbutia le Français, qui ne comprenait décidément plus du tout ses agissements.
— Rappelle-toi de ce que nous a dit maitre Orang : le premier Ordre du Sablier a disparu car il n’en restait aucun membre. Or nous ne savons pas ce que nous réserve l’avenir, Ambrosius, alors je préfère qu’Isabella connaisse l’existence de l’Ordre et soit son quatrième Gardien.
— Autant le crier sur tous les toits, ronchonna Ambroise de Sarle.
Pourtant, il devait bien l’avouer : son ami avait raison. Mais tout de même…
— C’est une fille !
— Évidemment que c’est une fille. Ne me dis pas que tu ne l’avais pas encore remarqué !
— Fernando, je crois que le problème n’est pas que ta fille soit une fille, mais plutôt qu’Isabella soit une femme… C’est bien ça, Ambrosius ?
Ce dernier se contenta d’hausser les épaules. Inutile de le cacher plus longtemps.
— Eh bien oui ! Les femmes doivent rester à leur place : c’est-à-dire à la maison, élever les enfants et tenir le ménage !
— Non mais je rêve ! Quel misogyne ! siffla Laguerra entre ses dents.
— Détrompe-toi, Ambrosius ! Ça n’a pas toujours été le cas. Dans l’Antiquité par exemple : bon nombre de femmes ont occupé une place importante dans la société, à l’image d’Hypatie. D’ailleurs, je ne serais pas étonné qu’elle ait été un membre de l’Ordre.

Ambroise de Sarle laissa ses amis plancher sur les cartes maritimes. Athanaos leur avait montré un parchemin qu’il avait obtenu à Séville grâce à un jeune garçon. Le Docteur et lui avaient dès lors échafaudé bon nombre d’hypothèses quant aux lieux où ils pourraient trouver des indices. Mais le Français se moquait pas mal de savoir où ils passeraient. Il ferait comme à son habitude : les laisser se fatiguer à parler entre eux, leur demander la route à suivre au dernier moment et le tour était joué !
Pour l’heure, il se devait de contenter son ego. Le Grec avait évoqué une femme membre de l’Ordre du Sablier – une femme ! Bien qu’il eût fait semblant de connaitre son nom – surtout de ne pas passer pour un imbécile devant Fernando –, il brûlait de savoir de qui il s’agissait.
Il regarda sa bibliothèque. Dans quel livre chercher ? Il se maudit de ne pas avoir pensé à faire un index des sujets évoqués dans les ouvrages.
J’en connais une qui va se faire un plaisir de me faire ça !
Ambrosius prit les Histoires d’Hérodote. Il le feuilleta rapidement avant de le refermer et le reposa sur l’étagère. Trop tôt. L’Histoire Auguste de Marius Maximus connut le même sort.
Ses yeux s’attardèrent sur la silhouette d’Isabella, assise dans un fauteuil, et esquissa un sourire. Il savait qu’elle avait lu la moitié de la bibliothèque durant les dernières semaines. Avec un peu de chance…
— Dis-moi…, avança-t-il.
Il attendit qu’elle lève la tête vers lui pour continuer :
— Le nom d’Hypatie t’évoque-t-il quelque chose ?
Son regard s’illumina.
— Hypatie ? Oh, mais bien sûr ! C’est mon personnage antique préféré !
Ambroise lui fit signe de baisser la voix. La jeune fille comprit sa demande muette et poursuivit, essayant de dissimuler le rictus qui était venu malgré elle :
— Hypatie d’Alexandrie était une mathématicienne et une philosophe qui a vécu dans l’Égypte grecque du Vème siècle. Elle a été assassinée par les chrétiens pour paganisme selon certains. Elle a dirigé l’école néoplatonicienne d’Alexandrie et aurait découvert l’orbite elliptique de la Terre.
Le petit homme n’en croyait pas ses oreilles. C’était une femme qui avait souligné ce point crucial du système héliocentrique !
Vème siècle, Alexandrie, chrétiens…
Il comprenait mieux à présent pourquoi Athanaos pensait qu’Hypatie avait été membre de l’Ordre. Et aussi pourquoi celui-ci avait disparu si le dernier membre était une femme.
Aucune jugeote pour anticiper les choses !
Raison aussi pour laquelle il fallait un quatrième Gardien. Ils étaient des hommes, quand même !
Au moins, j’ai fait une économie de temps et d’énergie, songea-t-il.
Modifié en dernier par Xia le 30 juin 2021, 19:15, modifié 2 fois.
La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre (Tatanka Iyotaka)

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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Ra Mu »

Hypathie! :-@
Cela me rappelle le film Agora.
Une savante oubliée, comme beaucoup femmes, hélas.
Et même au XVI siècle, c'est un temps bien dur pour une fille comme Isabella.
- On s'est tout de même embrassés, cela ne signifie donc rien?
- HEIN? T'as embrassé Ambrosius?
- *soupir* Allez, déblaie!
HOP HOP HOP! :x-):
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Akaroizis »

J'adore ton univers. 8)
La potion a-t-elle marché, finalement ? ^^
Et c'est bien, tu n'as pas laissé tombé ta fic.

Je précise que grâce à toi, j'ai découvert Hypathie. Merci ! ;)
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Xia »

Merci !
Oui Ra Mu : c'est en revoyant Agora que l'idée m'est venue de faire d'Hypatie un membre de l'Ordre... :D
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par miami27270 »

J'adore cette fanfic !!!! Elle est géniale !!!!❤️❤️Continue comme ça !
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Re: A la recherche de l'Empire perdu

Message par Xia »

Merci beaucoup miami ! Ravie que ça te plaise ;)
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