Le retour des enfants du soleil et de la lune

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Lia
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Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par Lia »

Coucou, voici une petite histoire de moi qui se passe chronologiquement après la saison 4. Bien après même. Il est possible que je fasse un chapitre 2 pour raconter la suite ^^
Merci à Marco pour la relecture et bonne lecture à vous :tongue: (sortez les mouchoirs au cas ou)

Le retour des enfants du soleil et de la lune

Esteban et Zia étaient restés très longtemps de l'autre côté, auprès des sages de Mu et d'Atlantide. Les jours, les mois étaient passés et bientôt trente ans s'étaient écoulés sans que les deux enfants ne réapparaissent, ni ne grandissent. Mais un jour, Zia eut envie de revoir ceux qu'ils avaient laissé derrière eux, il y a si longtemps. Inconscients du nombre d'années écoulées, le couple réapparu à l'endroit même où il avait disparu trois décennies auparavant. Et le monde avait changé en son absence. Des petits pas grands choses qui n'existaient pas à leur départ. Ils furent recueillis par un homme en tenue jaune et à capuche en forme de condor. Ils ne le connaissaient pas, mais lui les connaissait. Les enfants élus, ceux qui avaient voyagé aux côtés du grand maître de l'Ordre du Condor.

-Nous avons été placés ici dans l'attente de votre retour. Il craignait que vous ne soyez perdus en revenant ici, et souhaitait que vous rencontriez des personnes pouvant vous guider.

-Tao, il est encore vivant ? S'exclama Esteban.

-Oui. Il se trouve à Pattala, aux dernières nouvelles.

Esteban et Zia échangèrent un regard malicieux, leur ami avait bien rejoint l'Inde et probablement une certaine indienne. Ils émirent le souhait de le retrouver, impatients qu'ils étaient de le revoir lui et tous leurs autres compagnons. L'homme les installa dans une sorte de capsule dorée pourvue d'une hélice. Il leur en expliqua les commandes, leur assurant qu'ils arriveraient en Inde en quelques heures. Ils prirent un peu de temps pour admirer le paysage, mais furent bien vite arrivés à destination. C'est ainsi qu'ils firent leur première grande découverte qui les cloua sur place.

-INDALI !

Ils avaient remarqué que le monde avait changé en leur absence mais... En voyant qu'ils arrivaient à présent à la taille de leur amie et que cette dernière avait les cheveux grisonnants... Ils percevaient davantage le temps qui était passé. L'Indienne les accueillit avec un sourire charmant, mais son regard était teinté de tristesse. Les années avaient passées, et le temps avait fait ses ravages. Et pas que le temps, la souffrance était aussi passée par-là. Mais lorsqu'ils lui demandèrent comment allait le troisième membre du trio.

-Ah... Tao...

Les yeux d'Esteban et de Zia s'agrandirent d'horreur, craignant le pire pour le Naacal. Mais Indali eut tôt fait de les rassurer, il était vivant et allait bien. Enfin, les deux enfants eurent un doute en voyant les yeux de leur amie s'assombrir de tristesse. Oui, Tao était encore vivant, mais ils doutaient qu'il aille réellement bien. Et cela les inquiéta et les fit culpabiliser. Ils étaient partis, plein d'espoir et de confiance en l'avenir. Pensant que malgré les obstacles, leurs amis s'en sortiraient toujours. Mais maintenant...


-Indali, Zia prit les mains de la femme entre les siennes, où est Tao ? Je me doute bien qu'il a grandi lui aussi, mais nous voulons le revoir. Il est ici, non ?

-Oui Zia, il est ici.

Indali soupire, et fait mine de vouloir s'éloigner. Mais cela suffit à faire comprendre aux deux plus jeunes que non, quelque chose n'allait pas avec leur ami. Et cela ne fit que les rendre plus désireux de le voir. Où est-ce qu'il était exactement ? Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Ils pouvaient peut-être l'aider. Et il serait sans doute très heureux de les revoir. Indali acquiesça, mais paraissait toujours aussi malheureuse. Les deux enfants continuaient à l'assaillir de questions, et elle finit par les prendre chacun par une main. Son front était soucieux, et ils comprirent qu'elle hésitait. Elle voulait leur dire où se trouvait leur ami, mais hésitait en même temps. Esteban fut prit d'un doute.

-Indali, où est Mendoza ? Il est toujours ici ? Et Isabella ?

-Venez, je vais vous montrer.

Indali les éloigna de la résidence principale de l'Ordre et les emmena dans une annexe qui ressemblait à un temple. Mais il s'agissait plutôt d'une sorte de musée. L'intérieur était spacieux, et à l'entrée les éventuels visiteurs étaient accueillis par deux statues d'Esteban et de Zia. Les deux enfants affichaient une mine réjouie,

-C'est lui qui a tenu à placer ces représentations ici. Il voulait qu'on vous connaisse. Tous les deux. Et que ceux qui viennent aient une bonne image de vous. Dans ses plus mauvais jours il rajoutait « même si Esteban ne le mérite pas » mais je savais qu'il ne le pensait pas vraiment.

Les relations entre Esteban et Tao avaient toujours été un peu houleuses. Les deux s'adoraient et feraient n'importe quoi l'un pour l'autre, du moins du temps où ils voyageaient ensemble, et visiblement l'âge n'avait pas enlevé cette gentille animosité chez le Muen. Enfin... S'il était encore vivant. Parce que les paroles même d'Indali semaient le trouble chez le petit couple. Zia s'approcha de sa propre statue, et caressa le bec d'un oiseau juché sur ses épaules.

-Le petit Pichu est mort il y a deux ans, hélas. Quant à Mendoza et Isabella, ils sont par à-bas.

-Comment ? Ils habitent ici dans le musée ?

-Pas exactement, non.

Mendoza et Isabella étaient bien présents, mais sous forme de statues. Ils se tenaient fièrement dos à dos, leurs épées sorties et fixant ceux qui les regardaient comme s'ils les défiaient en duel. Un duel où seuls les meilleurs auraient une chance contre les deux redoutables combattants qu'ils étaient, à n'en point douter. C'est en regardant ce groupe statuaire qu'Indali fini par leur annoncer tristement la mort des deux guerriers. Cette annonce peina les enfants qui avaient espéré les revoir. Ils demandèrent ensuite ce qu'étaient devenus Sancho et Pedro, et la réponse fut aussi attristante que pour le couple d'épéistes. Indali les invita à faire un tour dans l'intégralité du musée. Les enfants y retrouvèrent de nombreux visages connus, parce que leur ami avait tenu à y faire représenter une fois chacune des personnes qu'ils avaient rencontrés et l'avaient marquées un tant soit peu. Des petits encarts étaient disponibles dans différentes langues... Dont l'espagnol. Et les enfants finirent par comprendre peu à peu ce qu'il s'était passé.

-Indali, une guerre ? Comment cela ?

-Tout a commencé dix ans après votre départ. Le sanctuaire de Pattala a été assailli par un groupe d'hommes habillés comme Zarès et possédant la même puissance que lui. La grande majorité d'entre nous ne savait pas se battre, et l'Ordre n'a dû sa survie qu'à la vaillance de Mendoza. Malheureusement, ce dernier n'a pas survécu à ses blessures.

***

Le décès du vaillant marin espagnol avait profondément attristé les autres membres de l'Ordre. Isabella et Tao avaient été les plus bouleversés d'entre tous. Mais ils n'avaient pas eu le temps de panser leurs blessures. Des membres du groupe qui étaient positionnés en Catalogne les informèrent que le roi Charles Quint était en train de lever une armée. Pire encore, la France, le Portugal et la Grande-Bretagne joignirent leurs forces au royaume d'Espagne. Face à cette coalition, l'Ordre du Condor ne pouvait compter que sur le soutien du rajah d'Inde et sur l'aide de quelques moines Tibétains qu'ils avaient réussi à contacter. La supériorité des technologies muennes et atlantes les aidèrent grandement durant le combat.

Hélas, l'Espagne et ses alliés avaient beau être moins avancés technologiquement, ils étaient beaucoup plus nombreux. Et ils disposaient d'un petit groupe de simili-Zarès qui donnaient bien du mal aux combattants de l'Ordre. Isabella avaient été la combattante la plus tenace et dangereuse de tous, car elle était bien décidée à faire payer à leurs ennemis la mort de son amour. Pendant les années du conflit, Tao aussi avait changé. Il était devenu plus sombre, plus renfermé. Notamment parce que la guerre l'avait obligé à faire des choix terribles, à commencer par l'utilisation du savoir de ses ancêtres dans le cadre de conflits. Il aurait aimé que ça ne soit pas le cas, que ça n'arrive pas. Parce que la guerre était un mal, parce que l'héritage des anciens ne devait pas servir à répandre la destruction et la mort.
Mais il a dû le faire. Il a dû laisser son héritage effectuer un carnage.
Comme des millénaires auparavant.

Les années étaient passées, et l'Ordre ne faisait principalement que de se défendre, soutenu seulement par quelques alliés. Les répliques devenaient par contre de plus en plus puissantes et brutales, ne se limitant qu'aux armées et épargnant au maximum les civils. Mais les rois d'Europe devenaient de plus en plus cruels. Sancho et Pedro moururent pendant ce conflit. On raconte qu'ils seraient morts en essayant de protéger leurs femmes de l'assaut d'une troupe hispano-française. Personne n'avait jamais su la vérité, mais par amitié ceux qui les appréciaient leur laissaient le bénéfice du doute. Ces deux-là étaient des froussards de première... Mais l'Amour était source d'une grande force.

Cinq ans après le début de la guerre, Charles Quint accomplit un acte horrible. Il envoya des Incas désarmés vers Tao qui avait été localisé. Le Muen s'en était approché, en compagnie d'Isabella et Gaspard. Il avait été d'autant plus impossible à retenir qu'il avait reconnu Maïna parmi les personnes présentes. Mais alors que le Nacaal se trouvait à quelques mètres, le groupe inca et maya explosa. Des petites bombes avaient été introduites dans leurs corps sans que les malheureux ne s'en aperçoivent. Isabella s'était jetée sur Tao pour le protéger, et le duo n'avait dû sa survie qu'à Gaspard qui avait usé de son corps pour couvrir Laguerra. C'est ainsi que le conquistador repenti mourut. Donnant sa vie pour celle dont il s'était entiché jadis.

***

Zia s'était laissé tomber sur le sol, pleurant la mort de malheureux Incas victimes de la folie des puissants. Indali marqua un temps de pause dans son récit et ferma les yeux comme si elle revivait elle-même l’événement. Elle n'avait pas été présente, mais Tao lui avait raconté l'horreur de la scène avec force de détails. L'explosion retentissante qui lui avait sonné les tympans. L'odeur de poudre et de fumée dans l'air. Et surtout, surtout, les bouts de corps éparpillés aux quatre coins de la plaine. Et les visages ahuris des sacrifiés qui pour la majorité n'avaient pas eu le temps de comprendre quoique se soit.

-Mon peuple, mon pauvre peuple...

Esteban avait pris Zia dans ses bras et la berçait. Les larmes de l'Inca finirent par se tarir tandis que son regard se posait sur le groupe statuaire de Maïna et Viracocha. La fille adoptive de Papacamayo avait donc péri dans des circonstances atroces, et Tao n'avait rien pu faire. Il n'avait pas pu sauver cette fille vers laquelle il s'était senti attiré. Enfin, Zia se reprit suffisamment pour se relever. Et malgré le choc qu'ils subissaient, les enfants demandèrent à l'Indienne de continuer son récit.

***

Les Espagnols avaient été trop loin. Tao avait enduré beaucoup, avait pris sur lui pendant toutes ses années pour contenir la violence qui s'était emparé de lui lentement mais sûrement. Était-ce parce qu'il s'agissait d'innocents, de membres du peuple de Zia ou de personnes qu'il connaissait, sans doute les trois à la fois, mais le Muen avait bien failli sombrer à la suite de cela.

Pendant les cinq ans qui s'étaient écoulés, il avait mit au point plusieurs technologies de guerre, mais toutes n'avaient pas été utilisées. Tao avait gardé pour lui les plus effrayantes, craignant de reproduire l'erreur qui avait conduit à l'anéantissement des Empires de Mu et de l'Atlantide. L'une d'elle lui faisait peur, car elle ressemblait trop à ce qui avait pu causer la chute de ces deux grandes civilisations. Mais l'enfant devenu un homme n'en pouvait plus de la cruauté humaine. Il en avait été gavé et maintenant, c'était comme si elle s'était mise à bouillonner dans son corps. Il fallait que ça sorte, il fallait que toute cette souffrance jaillisse enfin pour embraser le monde.
L'Espagne allait payer pour ses crimes !

-Tao, non, tu ne peux pas faire ça ! S'exclama Indali.

Revenu au sein de son laboratoire à Pattala, le descendant de l'Empire de Mu avait été rejoint par son amante indienne qui ne l'avait jamais abandonné pendant toutes ses années. Pressentant le pire, Indali avait judicieusement suivi Tao dès son retour et avait accouru à lui lorsqu'elle avait vu où il se dirigeait. Vers ce qu'il appelait une bombe à grande portée, capable selon lui de raser une ville européenne. Avec plusieurs d'entre elles, il serait capable de causer de gros dégâts à cette Espagne maudite, là-bas. Lorsqu'il lui avait affirmé cela, Indali avait eu très peur et aurait pu s'enfuir. Elle aurait pu le faire oui, mais ça aurait sans doute sonné le glas pour des milliers de personnes. Comment aurait réagi Tao face à un tel abandon ?

-Tao, je sais ce qu'il s'est passé. Je sais ce que Charles Quint a fait... Mais tu ne peux pas châtier tout un pays à cause des crimes de son dirigeant. La grande majorité des habitants ne veulent que vivre une vie paisible.

-Eux aussi, ceux qu'il a tué, eux aussi auraient voulu vivre en paix. Mais ils n'ont pas pu. A cause de la stupide soif d'or des Espagnols. A cause de leur avidité et de leur méchanceté.

Tao aurait pu continuer plus longtemps, mais sa gorge se noua. La vision qu'il avait eu dés qu'il avait pu sortir la tête de sous le corps de Laguerra le hantait, elle le hanterait toujours. Jamais de toute sa vie il n'avait vu une pareille horreur et il ne supportait pas cela. Il tourna résolument le dos à Indali, souhaitant reprendre son œuvre de mort, mais l'Indienne l'attrapa par les épaules et l'obligea à se retourner une nouvelle fois.

-Tous ne sont pas comme ça. Répéta-t-elle avec force.

-Je pense à Zia... Elle aimait son pays et... Ils le détruisaient déjà petit feu. Les Incas et les Mayas peinaient à survivre. Et lui... Et les Espagnols...

-Pense à Esteban, à Mendoza, à Isabella.. Et même à Sancho et Pedro ! Et Athanaos, il n'était pas Espagnol peut-être ?

Le rappel de ces personnes pour la grande majorité absentes fit frémir le Muen qui commençait à faiblir. Il pensait à eux oui, leur souvenir l'habitait. Parfois, il aimerait croire que tout cela n'était qu'un mauvais rêve. Un cauchemar dont il se libérerait bientôt. Mais non, ce n'en n'était pas un. Ils étaient plongés dans une guerre à cause de l'Espagne. Une guerre qui n'avait duré que trop longtemps. Il entendait les paroles d'Indali, mais le conflit devait cesser. Ou d'autres comme Maïna seraient tués pour l'atteindre.

-D'accord... Alors je n'en n'utiliserais qu'une. Contre Madrid.

-Parce que tu crois qu'il n'y a que des soldats et des décideurs là-bas ?!

Cette réplique avait eu raison des dernières velléités de destruction de Tao. Il y avait des innocents partout, même dans la capitale de ce pays contre lequel il s'était si brutalement mis en colère. Désormais désemparé, le Naacal avait regardé plusieurs fois successivement son arme de mort puis la jeune Indienne. Sentant qu'il redevenait enfin lui-même, Indali lui prit les mains pour lui parler d'une voix douce. Malgré la peur qu'il lui avait inspiré au début de leur conversation, elle voulait croire que celui qu'elle aimait était toujours présent. Là, quelque part. Meurtri par l'horreur de trop et ayant besoin d'aide.

-Je comprends que tu sois triste et en colère contre ces puissances. Moi aussi je le suis. Mais si tu assassines des innocents, tu deviendras comme eux.

-Il faut que ça s'arrête Indali, maintenant...

-Nous trouverons une solution, j'en suis sure. Nous tiendrons.

-Non... Non... Je ne tiendrais pas... Tao posa ses mains sur les épaules de son amie en gémissant.

-Quoi ?

-Je ne tiendrais pas Indali... Parce que là, maintenant, j'ai oublié... j'ai oublié l'honneur du peuple de Mû! Je l'ai trahi !

Et Tao s'était effondré, en larmes, dans les bras d'Indali qui s'était laissé tomber sur le sol avec lui. Elle l'avait bercé et consolé jusqu'à ce qu'il se calme, et cela avait pris du temps. Tao avait même réclamé Esteban et Zia de temps à autres, et l'indienne lui promit de rester à ses côtés. Une chose en lui avait été brisée à ce moment-là.
En ce jour qui aurait pu être terrible pour le pays de Cervantès.

A défaut de marquer le début de la fin pour l'Espagne, le jour où Tao failli commettre l'irréparable fut le point de départ pour le renversement de la situation. Tao, Isabella et Indali formèrent un petit groupe qui fut chargé de s'introduire dans l'Alcazar royal de Madrid pour atteindre le roi Charles Quint. Le but était de l'enlever pour l'emmener à Pattala et discuter avec lui. Le groupe atteignit son but, mais se heurta à une autre personne. Le véritable cerveau derrière tout cela: Ambrosius lui-même !

Comme Tao et son Ordre, Zarès et ses sbires avaient guidé dans l'ombre les puissances auprès desquelles ils pouvaient agir. Mais si le jeune Muen avait agit pour la paix et le progrès de la science, celui qui avait un temps était son modèle agissait pour son propre profit, sa propre gloire. Charles Quint n'était une marionnette qu'il agitait à sa guise pour diriger les puissants d'Europe.et il avait juré de mettre à bas le précieux ordre de Tao pour s'emparer une bonne fois pour toute de la sagesse de Mu.

La confrontation entre le Muen et le Français plus qu'être un combat entre un père et un fils adoptif, était surtout un duel d'esprits. Tao représentait peut-être ce qu'avait été Ambrosius jadis, un jeune plein de rêves et aimant découvrir et apprendre toujours plus. Et Zarès représentait ce que Tao aurait pu devenir. Ce en quoi il aurait pu se transformer si, par exemple, Indali avait échoué à le raisonner lorsqu'il avait voulu punir l'Espagne pour le meurtre de dizaines d'Incas et de Mayas. La science pour le bien commun et la science pour son propre profit s'étaient confrontées. Et finalement, Zarès avait été vaincu. Tué par Isabella qui mourut, heureuse d'avoir tranché la tête de celui qui à coup sûr était le meurtrier véritable de Mendoza. Dans un dernier souffle, elle avait demandé à Indali et Tao de ne pas pleurer, mais de veiller à ce que l'héritage de Mu et d'Atlantide soit bien utilisé.

La chute définitive de Zarès ne marqua pas la fin total du conflit. Il fallu soigner un roi d'Espagne affaibli par des années de gavage de drogues. Il fallu ensuite apaiser les autres puissances qui s'étaient elles aussi mises en guerre contre Pattala. Des accords avaient été signés, des armistices conclus. L'Europe fut pacifiée et l'Inde pansa ses plaies.

***

Un long silence accueilli la fin du récit d'Indali. Esteban et Zia avaient du mal à reprendre pied sur terre, tant le récit de leur amie les bouleversaient. La majorité de ceux qu'ils avaient connus étaient morts. Les peuples d'Amérique du sud avaient été lourdement impactés par le conflit. Indali essuya des larmes qui commençaient à couler sur ses joues. Son récit avait éveillé en elle de douloureux souvenirs. Elle termina d'une voix tremblante.

-Après la guerre, l'Ordre est resté dans l'ombre et a continué à œuvrer auprès des puissances pour les apaiser. Il a veillé à ce que plus jamais une guerre pareille ne se reproduise et veille à maintenir des esprits éclairés au pouvoir. Zia, ton peuple n'est pas tout à fait mort. Tao a mis un point d'honneur à lui rendre ses terres et à le protéger. Et il a réussi. Les Incas et les Mayas possèdent leurs terres, aujourd'hui encore.

-Il... Il a fait ça ?

-Oui, il le voulait. Pour toi surtout, il me l'a dit. Je crois que de tout ce que la guerre a engendré, c'est l'une des seules choses qui le réjouisse vraiment.

L'Espagne aussi avait survécu bien sûr, mais elle n'est pas encore consciente de la dette qu'elle a auprès d'une jeune indienne qui avait sû calmer à temps l'ire d'un esprit scientifique qui s'était laissé emporter par l'horreur que ce pays avait déchaînée.

-Et maintenant, où est-il ? Interroge Esteban.

-Esteban...

-Pourquoi tu ne veux rien nous dire ?!

Indali ferma les yeux, avant d'inspirer et d'expirer. Elle ne savait toujours pas si ce qu'elle avait fait était une bonne idée. Mais il fallait finir.

-J'ai hésité... Esteban. Zia. Tao est ressorti marqué de cet horrible conflit. Je vous ai dit qu'il avait sauvé les Incas pour toi Zia, et c'est vrai. Mais je crois que c'était aussi pour se racheter. Il ne se sentait plus digne de rien et surtout pas de l'héritage de ses ancêtres après tout ça. Après ce qu'il a failli faire subir à l'Espagne surtout. Les années qui ont suivi la chute de Zarès ont vraiment été éprouvantes pour nous.

-Il...

-Il a souffert. Il a été brisé et l'est encore aujourd'hui. Et s'il savait que je vous ai tout raconté, il serait dans tous ses états. il... Il avait peur de votre retour. Il ne m'a révélé cela que récemment, mais je le sentais. Vous revoir l'aurait ravit, mais l'aurait aussi glacé d'effroi.

-Mais pourquoi ?

-Esteban, intervint Zia, je crois que c'est notre regard qu'il craignait. En revenant ici, nous risquions d'entendre parler de tout cela. Et...

-Et il ne le voulait pas. Il ne veut pas que vous le jugiez, et il ne veut surtout pas entendre des paroles de condamnations de votre part. Le temps où vous étiez à ses côtés a été la meilleure période de sa vie. Toutes les épreuves que vous avez traversé ensemble n'étaient rien... Parce qu'au final, vous étiez toujours aussi proches. Les trois inséparables. Les enfants élus liés par une amitié inébranlable.

Esteban et Zia restèrent muets et attristés, surtout. La période dont ils parlaient leur semblait être hier pour eux. Mais le récit d'Indali et l'être entier de la femme vieillissante leur montrait à quel point le temps était passé. A quel point ceux qu'ils avaient aimé avaient soufferts, sans eux. Abandonnés et contraints à des choix affreux.

-Pendant que vous étiez auprès de vos ancêtres, vous avez pu rester purs et innocents, alors lui s'est sali les mains. Il s'est senti souillé par l'horreur de la guerre à laquelle il a failli contribuer. Les crimes de nos ennemis ne sont pas des excuses. Les actes de réparations ne suffisent pas. Même après toutes ses années, il n'est pas en paix avec lui-même.

Esteban sentait que quelque chose allait venir, mais n'arrivait pas à savoir quoi. Zia elle percevait, comprenait. La crainte qu'avait leur ami à leur égard. Une crainte terrible, qui la faisait souffrir. Oui, ils auraient pu être révoltés, voir ressentir de la répulsion après tout ce qu'ils avaient entendus de la bouche d'Indali. Leur ami n'était plus ce qu'il avait été. Il avait changé, alors que eux étaient restés les mêmes. Purs et sans tâches. Et l'affection qu'il leur portait toujours le rendait encore plus sensible à leur jugement.

-Si je vous ai tout raconté c'est pour que vous ne l'appreniez pas par une mauvaise personne, pour que vous sachiez réellement ce que nous avons vécu après votre départ. Esteban. Zia. S'il vous reste encore un peu d'amitié pour lui après tout ce que vous avez entendu, alors n'allez pas le revoir. Retournez d'où vous venez. Je cacherai votre retour à Tao, afin qu'il reste dans l'ignorance pour toujours. Malgré ce qu'il a fait et voulu faire, j'aimerais qu'il finisse ses jours avec tous ces bons souvenirs des moments qu'il a passé avec vous.
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par nonoko »

Quelle terrible histoire! Il va falloir un petit voyage dans le temps pour remettre de l'ordre dans tout ça, je suppose que tu n'es pas assez cruelle pour laisser Esteban et Zia dans cette situation. Quant à Tao, il ne méritait pas ça...
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par TEEGER59 »

Bonne idée, Nono!
Genre un remake de retour vers le futur pour corriger tout ça.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Atlanta
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Message par Atlanta »

oh.. c'est tellement triste... est ce qu'il y aura une suite, ou bien :cry: ... Tu es douée.
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par isamidala »

Magnifique texte mais tellement triste.... :?
:Esteban: :Zia:
Aides-nous Esteban puisque tu es le Fils du Soleil !
:Esteban: :-@ :Zia:
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Lia
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par Lia »

nonoko a écrit : 08 avr. 2022, 20:45 Quelle terrible histoire! Il va falloir un petit voyage dans le temps pour remettre de l'ordre dans tout ça, je suppose que tu n'es pas assez cruelle pour laisser Esteban et Zia dans cette situation. Quant à Tao, il ne méritait pas ça...
Merci à toi et à Teeger, je pense faire une suite où Esteban et Zia vont essayer de corriger la situation... Mais va falloir attendre un peu le temps que j'arrive à tout écrire ^^
Atlanta a écrit : 09 avr. 2022, 10:46 oh.. c'est tellement triste... est ce qu'il y aura une suite, ou bien :cry: ... Tu es douée.
Merci à toi, oui donc il devrait y en avoir une qui va arriver.
isamidala a écrit : 09 avr. 2022, 22:11 Magnifique texte mais tellement triste.... :?
:Esteban: :Zia:
Merci, je suis contente que ce premier chapitre ai plût malgré la tristesse ambiante dans le texte.
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Message par Atlanta »

Lia a écrit : 11 avr. 2022, 08:44
nonoko a écrit : 08 avr. 2022, 20:45 Quelle terrible histoire! Il va falloir un petit voyage dans le temps pour remettre de l'ordre dans tout ça, je suppose que tu n'es pas assez cruelle pour laisser Esteban et Zia dans cette situation. Quant à Tao, il ne méritait pas ça...
Merci à toi et à Teeger, je pense faire une suite où Esteban et Zia vont essayer de corriger la situation... Mais va falloir attendre un peu le temps que j'arrive à tout écrire ^^
Atlanta a écrit : 09 avr. 2022, 10:46 oh.. c'est tellement triste... est ce qu'il y aura une suite, ou bien :cry: ... Tu es douée.
Merci à toi, oui donc il devrait y en avoir une qui va arriver.
isamidala a écrit : 09 avr. 2022, 22:11 Magnifique texte mais tellement triste.... :?
:Esteban: :Zia:
Merci, je suis contente que ce premier chapitre ai plût malgré la tristesse ambiante dans le texte.
of ! Je n'attends qu'un retour vers le futur pour sauver l'honneur du peuple de mu et le moral de leur dernier descendant !
et aussi la vie de nos bretteurs préférés, accessoirement ^^
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par Lia »

Je me suis donc laissée convaincre par le voyage dans le temps, et voici donc le second chapitre de ce qui devait être initialement un One, voir Two-shot. Je peux vous dire qu'il y aura en fait 4 chapitres environ, mais ça m'étonnerais que ça aille plus loin :lol: J'espère que cette seconde partie vous plaira autant que la première ;)
Bonne lecture !

Chapitre 2 :L'amertume des regrets

Tao était encore vivant, mais où était-il ? Eh bien, pendant tout le temps où Indali avait discuté avec Esteban et Zia, il était resté dans son laboratoire. Les armes de guerre avaient depuis longtemps été remisées, voir détruites pour les plus dangereuses.C'était notamment le cas des fameuses bombes qui avaient failli causer tant de mal à l'Espagne. Le Muen avait depuis créé de nombreux objets facilitant la vie quotidienne et avait transmis les connaissances nécessaires à quelques savants triés sur le volet pour qu'ils parviennent à avancer de leur côté. L'enfant des Étoiles avait pris garde à ne pas laisser émerger un second Ambrosius, et espérait avoir réussi.

Lorsqu'Indali et les élus le trouvèrent, il était en train d'astiquer les pattes du Grand Condor. Indali expliqua aux deux revenants que c'est ce qu'il faisait lorsqu'il était pris d'un élan de mélancolie. Cela l'avait pris dès la fin du conflit contre Zarès, et s'était apaisé entre temps, jusqu'à la mort de son perroquet. Tao était toutefois prié de se restreindre aux parties les plus basses de l'appareil depuis qu'il avait glissé sur le bec de l'oiseau d'or et failli s'écraser au sol. Indali avait été très claire sur ce qu'elle ferait, qu'il survive ou meurt à cause d'une chute des sommets de l'oiseau.

Esteban et Zia échangèrent un regard peiné, ne sachant pas comment ils allaient aborder leur ami. Ils avaient souvent discuté de ce qu'ils lui diraient lors de leurs retrouvailles en route vers Pattala, mais justement... Ils n'étaient pas encore à Pattala lorsqu'ils l'avaient fait. Ils n'avaient pas conscience de l'avoir abandonné alors qu'il vivait un véritable enfer.

-Indali, s'inquiéta Zia, tu crois qu'il va réagir comment ?

-Attendez-moi là, je vais déjà le faire descendre du Condor.

L'Indienne rejoignit le Muen, et les deux discutèrent alors que l'homme regagnait le plancher des vaches. Indali fit un signe discret alors que son interlocuteur lui tournait le dos pour faire venir les enfants à eux. S'ils n'avaient pas changé d'avis. Même si elle avait compris en les voyant qu'ils souffraient plus qu'autre chose,elle se sentirait triste de savoir qu'ils étaient partis. Mais deux petites silhouettes rejoignirent bientôt les adultes, alors que Tao se retournait après avoir inspecté l'une des pattes du Condor.

-Tu vois Indali...

Indali ne saurai pas ce qu'elle était sensée voir, parce Tao remarqua enfin la présence des deux Élus à leurs côtés. Il resta sans voix et ses jambes le lâchèrent, si bien qu'il s'effondra sur le sol. Esteban et Zia ne tardèrent pas à le rejoindre et à l'étreindre de leurs bras en pleurant. Le Muen resta sans voix, le dos collé contre la patte du Condor. Puis, il observa les deux jeunes accrochés à lui. Ils étaient exactement pareils que dans ses souvenirs. Tao fini par frotter le dessus des crânes d'Esteban et de Zia.

-C'est incroyable, vous n'avez pas pris un centimètre...

-Toi en revanche qu'est-ce que tu as vieilli. Répliqua Esteban.

Le Muen renifla plusieurs fois, avant de presser les deux enfants contre son cœur. Les effusions durèrent un long moment, et même lorsqu'elles furent terminées, Esteban et Zia refusèrent de quitter leur ami d'un seul centimètre. Comme s'ils craignaient qu'une nouvelle séparation ne provoque une catastrophe. Les retrouvailles s'éternisèrent jusqu'à tard dans la nuit, et auraient pu durer jusqu'à l'aube si Indali et Tao n'avaient pas éprouvé le besoin de dormir. Ils n'avaient plus 13 ans. Cette remarque avait attiré des larmes dans les yeux des deux élus qui les avaient courageusement refoulées.

Deux semaines passèrent, durant lesquelles Esteban et Zia restèrent à Pattala. S'ils avaient passés les premiers jours dans une joie relative, ils n'avaient pas mis longtemps à remarquer le fossé qui s'était créé entre leurs amis et eux. Indali et Tao les adoraient et étaient vraiment heureux de les revoir. Mais ayant grandi et élevé l'enfant de Mendoza et Laguerra, né 5 mois après la mort de son père, ils avaient tendance à gratifier leurs cadets de gestes affectueux. Et si cela aurait pu passer de la part d'autres adultes, ça ne passait pas avec eux. En plus, il y avait souvent de longs silences, une ambiance pesante s'installait. La guerre que les Élus avaient manquée planait au-dessus d'eux.

-Alors Esteban, qu'est-ce que tu dis de tout ça, hein ?

Le groupe se promenait une nouvelle fois parmi les bâtiments de l'Ordre. En moins de 30 ans, il avait eu le temps de se renforcer et de s'installer tout autour du Temple Mémoire qui constituait donc le cœur de la structure. Et beaucoup d'amélioration avaient été apportés notamment sur le plan défensif. On ne savait jamais, après tout. Tao détaillait quelques-unes de ses trouvailles à Esteban et Zia, tentant de dérider le jeune garçon à l'humeur sombre. Il essaya d'appuyer sur cette vieille rivalité liée à leurs deux peuples.

-Il y a même des trucs que j'ai repris des Atlantes ! Tes ancêtres n'étaient pas si nuls Esteban.

Hélas, le Naacal commit l'erreur de frotter les cheveux d'Esteban, encore une fois. La fois de trop, car l'Espagnol se déroba et fila à travers les rues du petit village dans lequel habitait les membres de l'Ordre. A la mine de Tao, il ne comprenait pas ce qu'il avait fait de mal. Indali fit signe à Zia de rester avec le chef de l'Ordre, tandis qu'elle rejoignait le fils du Soleil.

-Ce n'est pas contre toi Tao, tu sais... Nous t'aimons beaucoup, et Indali aussi. Mais... Vous avez passé 30 ans sans nous... Vous avez... Enfin tu sais... Mais pour nous, eh bien...

Elle se triturait les mains et se dandinait. Zia sentait la tristesse de son ami

-Pour nous, ça ne fait que quelques semaines seulement que nous avons accompli notre quête. Tu viens à peine de nous dire que tu voulais créer cet Ordre. C'est magnifique d'ailleurs Tao. C'est du beau boulot.

-Oh tu sais... Je n'ai pas fait ça tout seul. L'Ordre doit aussi beaucoup à Indali. Et aux autres. Sans eux... J'aurais échoué...Et...

Zia se précipite vers son ami pour se serrer contre lui, le coupant dans son élan. Il ne fallait pas qu'il déprime, Esteban et Zia souffraient eux aussi et avaient besoin qu'il soit fort pour les soutenir. Tao s'agenouilla et pris la petite Inca dans ses bras.

-Je suis heureux de vous retrouver, après toutes ses années.

-Nous changerons les choses, Tao. Tu resteras toujours notre ami.

Pendantce temps, Indali consolait également Esteban. L'Espagnol regrettait bien évidemment d'avoir fui face au geste affectueux de son ami,mais il ne pouvait pas supporter cela. Tao et lui avait toujours eut cette amitié teintée plus ou moins de rivalité. Même s'il était soûlant parfois, il aimait se chamailler avec le Naacal au fond.

-Je n'arrive pas à m'y faire... Même si je sais qu'il n'y peut rien et que je le considère comme un ami... Il n'est plus le même Indali. Il a changé, et Zia et moi n'avons même pas été là pour l'aider.Pour vous aider.

-Esteban, je te comprends. Je crains que Paolo ne nous ait inculqué de mauvaises habitudes lorsqu'il vivait avec nous.

-Indali...Comment il est ce Paolo ?

-Le portrait craché de son père, mais le caractère de sa mère. Il est en mission pour l'Ordre, mais si vous restez assez longtemps, vous le verrez peut-être.

-Je suis désolé Indali. Pour tout à l'heure. Je n'aurais pas dû agir ainsi.

-Je ne t'en veux pas Esteban, comme je te l'ai dit tout à l'heure, vous n'y êtes pour rien. Personne ne savait ce qu'il se passerait une fois que vous aurez franchi ce portail. Nous ne pouvons plus défaire le passé Esteban.

-Ah oui ?

Esteban et Zia restèrent encore un peu dans le village du Condor, et rendirent visite à un Athanaos vieillissant mais toujours vivant.Puis, ils demandèrent à leur ami la permission d'emprunter le Grand Condor pour voyager, prétextant vouloir aller faire un tour chez les Incas. Mais lorsque l'oiseau d'or se fut envolé dans les cieux, ce ne fut pas pour rejoindre le pays de Zia. Bien que cette dernière aurait voulu revoir son peuple, ils étaient tombés d'accord avec Esteban. Ils avaient mieux à faire. Dans la dimension, ils pénétrèrent dans un bâtiment composant la Cité dorée de Tseila.

-Tu es sûr que tu sauras le faire marcher, Esteban ?

-Mais oui, l'un des sages Atlantes me l'a expliqué. Alors, tu vois, on prend ce grand cadran qui est là... On pose nos mains dessus, et on lance les aiguilles en pensant très fort à Tao.

Tout en parlant, Esteban manipulait le cadran en faisant tourner les aiguilles. Bientôt, un tunnel en spirale apparu, et l'Espagnol stoppa sa manœuvre. Les deux enfants furent éblouis, et lorsque leur vue revint... Ils se trouvaient dans une sorte de laboratoire. Le laboratoire de leur ami qu'ils désiraient sauver. Et ils le virent affalé dans les bras d'Indali, pleurant à chaudes larmes sur l'honneur de ses ancêtres qu'il avait bafoué. Cette phrase leur brisa le cœur, et leur indiqua clairement qu'ils se trouvaient au moment où l'Indienne avait empêché Tao d'accomplir un acte qu'il aurait regretté toute sa vie. Esteban serra les mâchoires, tandis que Zia enfouissait son visage dans son cou.

-C'est là qu'il a vraiment été détruit, d'après Indali. Souffla Esteban en berçant son amie qui peinait à retenir ses pleurs.

Ne pouvant pas supporter les larmes de Tao, la jeune fille actionna elle-même les aiguilles et les fit tourner longtemps. Longtemps. Et le trajet fut également plus long. Ils arrivèrent bientôt dans ce qui semblait être une forêt. Esteban fronça les sourcils, perdu.

-Zia,où est-ce qu'on est ?

-On dirait... Son île. Tu te souviens ? Regarde cette cabane là-bas !

Zia fut interrompue par les pépiements d'un oiseau dont la voix ne lui était pas inconnue. Les deux enfants virent apparaître un cacatoès vert qui volait bas. Ne prêtant aucune attention aux enfants, le perroquet se tourna vers l'endroit d'où il provenait en lâchant :

-N'oublie pas l'honneur de Mu !

Cette phrase perçante reçue une réponse en écho.

-Mu ! Mu !

Ébahis,Esteban et Zia virent crapahuter vers le perroquet un petit enfant à la peau noire qui ne devait pas avoir plus de 3 ans. Le petit était vêtu d'une tunique rouge et avait déjà sa coupe de cheveux très reconnaissable quoique plus courte qu'elle ne le sera dans le futur.L'enfant se tourna soudain dans la direction où se trouvaient ses futurs meilleurs-amis, sans paraître les voir. Ce qui ne l'empêcha pas de se gratter la tête d'un air pensif.

-Mais... Mais...

-Oh, regarde Esteban, il est adorable ! S'extasia l'Inca.

-MAIS IL EST TROP PETIT !

-Il est heureux !

L'Espagnol failli lâcher le cadran qui leur permettait de voyager dans le temps. Le tunnel réapparu et en quelques secondes, les enfants se retrouvèrent face à Rana-Ori. Dans le futur... Ou le présent, ils ne savaient plus très bien en fait. Les Élus réalisèrent qu'ils n'auraient peut-être pas dû agir dans le dos de la princesse de Mu. Mais quelque part, ils ne regrettaient ce qu'ils avaient fait. Parce qu'ils avaient vu le Tao enfant, et s'il ne les avait pas remarqué, il leur avait offert un solide réconfort. Quand il avait regardé vers eux, ils avaient pu voir dans ses yeux la même étincelle de curiosité et de joie qu'ils lui avaient connu. Et qui s'était ternie chez son lui adulte. En les contemplant, la princesse se lança dans une explication.

-Ceci est un Tempus. Il nous a permis d'entrevoir des brides du futur avant que notre Empire ne s'effondre. C'est grâce à lui que l'Empereur a construit les 6 cités d'ors, et que nous avons pu laisser des messages un peu partout. Nous vous avons vu, choisi et guidé.

-Alors, toutes ces prophéties ? Ces messages ? Ces mécanismes qui ne semblaient attendre que notre arrivée ? Et même nos médaillons.

-Tout cela, c'est grâce à cet appareil, Zia. Nous avons fait notre maximum pour vous mener jusqu'à bon port.

-Mais vous n'avez rien fait pour le protéger par la suite ! Il est votre descendant et il vous admire ! Tout ce qu'on savait de votre peuple avant d'arriver ici, c'était principalement grâce à lui qu'on le savait ! Vous savez combien de jours et de nuits il a passé à nous parler à nous parler des merveilles de ses ancêtres ? La guerre qui l'a brisé, vous auriez pu la voir ! S'exclama Esteban.

-Je sais... Mais le futur...

-Le futur n'était PAS écrit lorsque nous vous avons rejoint.

-Esteban...Nous n'avons pas pu vous protéger de tout, calme ta colère. Nous n'avons pas décidé de vous infliger les séparations avec vos pères respectifs. Ton enlèvement à toi Zia, par les Espagnols. Vos péripéties, les ennemis que vous avez rencontrés... Rien de tout cela n'est de ce fait. Nous n'avons pu que placer des petits indices, des petites aides... Enfin, plus ou moins grandes. Le Solaris et le Grand Condor ne sont pas de petites choses, vous en conviendrez.

-Et il n'y avait vraiment rien à faire pour nos amis ?

Esteban et Zia contemplaient la dernière dirigeante de l'Empire de Mu avec un regard qui n'allait pas avec leur âge. Un regard où se mélangeaient la détresse et la frustration. Malgré toute l'amitié prodiguée par leurs amis du futur, ils n'arrivaient pas à se sentir bien. Pire, c'était précisément cette absence de reproches qui rendait leurs remords plus douloureux.

-Le futur... Non pardon, le temps en général n'est pas un long fleuve tranquille s'écoulant dans un seul sens. Il est constitué de multiples embranchements, chacun menant vers une finalité différente. Nous n'avons fait que placer des repères afin de vous aider à vous diriger. Mais c'est vous, et vous seuls qui avez fait en sorte d'arriver à ce port-ci. Mais il existe une force qui empêche qui le veut de modifier le temps à sa guise. C'est une bonne chose. Qui sait ce que des personnes malintentionnées feraient d'un tel pouvoir.

Esteban et Zia comprenaient les paroles de l'impératrice, mais elles leurs paraissaient tranchantes comme un couperet. Ce blocage qui empêcherait n'importe qui de modifier le temps, leur enlevait tout espoir d'améliorer la situation. Rana-Ori qui les regardaient avec un bon sourire et des yeux chaleureux s'approcha d'eux et les prit par la main. Comme une grande sœur l'aurait fait pour consoler des cadets malheureux.

-Mes enfants, ne pleurez pas. Tout espoir n'est pas perdu. Il existe certains endroits dans le cours du temps où de petites améliorations peuvent être effectuées. Et vous, vous les enfants Élus êtes particuliers. Vous disposez d'un champ de possibilité bien supérieur au nôtre. Et vous avez le pouvoir de modifier davantage la trame de l'Histoire. Plus que nous-mêmes.

-C...Comment est-ce possible ? Balbutia l'Inca.

-Je ne sais pas, mais cette particularité en plus de beaucoup d'autres fait partie des raisons qui nous ont poussé à vous choisir. Non Esteban, non Zia, nous n'avons rien pu faire pour sauver votre Naacal et vos amis. Mais vous, vous en êtes capable. Vous pouvez les aider,les sauver du malheur qui plane sur eux.

-Comment ?

-En remontant le temps. Je vous renverrais grâce au Tempus plusieurs mois après votre arrivée ici. Cela ne causera aucun problème, car cette dimension est en dehors des règles qui régissent le temps. Mais je dois vous prévenir, mes amis, que votre retour là-bas... Risque d'engendrer certains remous. Des événements risquent nécessairement de s'enclencher. Bons ou mauvais.

-Zia, tu as compris ?

-Oui, nous ne sommes pas censés être présents au moment où nous allons arriver. J'imagine que c'est comme si une pierre tombait brusquement dans un cours d'eau, sur lequel flottait une branche d'arbre. L'impact modifierait son parcours quel qu'il devait être à la base.

Esteban croisa les bras et pris un air pensif, tâchant de s'imaginer la scène décrite par son amie. Puis, son regard s'éclaire et il claqua ses doigts, avant de se tourner vers les deux femmes et de déclarer qu'ils devaient partir. Tout de suite. La peine qui avait envahi son regard s'estompait un peu à la perspective de pouvoir changer le destin de tous ses amis.

-Je dois vous avertir d'une chose, mes chers amis, il y aura un prix à payer si vous réussissez. C'est ainsi... Nul ne peut modifier impunément le court de l'Histoire. Vos actes devront entraîner des conséquences.

-Quel prix ? Demanda Zia.

-Une séparation. Esteban et toi ne pourrez rester ensemble, du moins pendant quelques années. Je suis désolée. Partez, si vous le souhaitez toujours. Et bonne chance dans cette nouvelle quête.

Les deux enfants acceptèrent spontanément le prix, et demandèrent à la princesse de les envoyer aussi proche que possible du moment où ils étaient partis. Six mois après donc. Rana-Ori actionna les aiguilles et les y envoya. A peine les silhouettes des deux élus s'étaient-elles estompées qu'une voix résonna dans la cité de Tseila.

-Esteban ! Zia !

Le couple avait eu un mauvais pressentiment, surtout Tao, après le départ. Le grand maître de l'Ordre avait activé une sorte d'émetteur qu'il avait installé sur le Condor pendant la guerre,craignant que l'on tente de s'emparer de lui. Ce radar lui avait permis de localiser l'engin volant près du portail, et cela n'avait fait que renforcer ses doutes. Avec Indali, il s'était donc lancé sur les traces des deux Élus... Mais était visiblement arrivé trop tard.

-Ils sont partis...

-C'était leur possibilité, leur choix.

-Mais...

-Ils savent Tao, je les aie avertis.

Le Naacal se laissa tomber au sol, aux pieds de Rana-Ori, plein de détresse. Il n'avait pas su voir à temps

-Que se passe-t-il Tao ?

-Ils ont remontés dans le temps, Indali... Mais selon les textes qui en parlent, cela ne peut se faire sans un sacrifice. Ils devront se séparer de quelque chose d'important, d'une partie d'eux-mêmes.

-C'est cela, soupira l'impératrice attristée, et dans leur cas... Il s'agira de vivre loin l'un de l'autre. Pendant trois années au moins.

Cette annonce fit l'effet d'un coup de tonnerre. Ils ne pouvaient pas imaginer leurs amis ne plus se revoir pendant toutes ces années.Connaissant les deux, ils souffriraient atrocement. Avaient-ils réellement pris la mesure de l'acte qu'ils comptaient accomplir ? Ils pouvaient tout aussi bien ne le réaliser que trop tard... Tao baissa les yeux, n'osant pas regarder sa princesse. Il savait qu'il avait trahit les valeurs de son peuple jadis et se sentait toujours coupable... Mais en même temps il lui reprochait d'avoir abandonné Esteban et Zia. De ne pas avoir fait plus pour les dissuader de faire ce qu'ils avaient décidé de faire. Le passé était de toute façon écrit, et vouloir le changer restait trop dangereux. Qui sait quelles complications naîtraient ne serait-ce qu'à cause du retour des deux enfants élus à une époque où ils n'étaient plus censés être là. Et cette condition injuste qu'ils avaient si facilement acceptée. Non, il ne pouvait pas laisser faire cela.

-Rana-Ori, le Naacal se relève mais garde la tête baissée, je ne peux pas les laisser payer ce prix. Ils culpabilisent, j'en suis sûr, et devront affronter de nouvelles épreuves pour nous sauver. Pour protéger tous ceux qui ont soufferts à cause de ce conflit. Ils ne méritent pas d'être séparés.

-Que peut-on faire, Tao.

C'était une question, sans en être vraiment une. Comme si Rana-Ori n'attendait que cela, que son Naacal lui propose une solution, une alternative. Comme s'il était encore digne de sa confiance malgré tout ce qu'il avait fait. Tao releva brièvement les yeux, tandis quel a main d'Indali s'insérait dans la sienne, et croisa le regard de la petite princesse de Mu. Son regard était confiant et affectueux.C'était bizarre, mais ça l'encourageait à continuer.

-S'il vous plaît, princesse, laissez-moi payer ce prix à leur place.

-Comment ?

-Pour que la balance s'équilibre, un sacrifice doit être accompli. Quelqu'un doit se séparer d'une part importante de lui-même. Princesse, laissez leur amour à mes amis, et prenez ma vie à la place. Je vous la donne, afin qu'ils ne soient pas séparés.

Un silence se fit à cette déclaration, mais avant que la princesse mueenne ne puisse reprendre la parole, Indali se mit à parler.

-Princesse, prenez aussi la mienne. Pendant toutes ses années j'ai accompagné Tao, et je veux continuer à le faire. Ils sont deux à vouloir nous sauver, nous serons donc deux à veiller à ce qu'ils n'aient rien à rembourser.

-...La vie, mes amis, est l'une des choses les plus précieuses qu'un être vivant puisse donner. Et elle l'est d'autant plus lorsqu'elle est offerte avec pureté et simplicité. Votre sacrifice... Est accepté, et tiendra lieu de paiement en lieu et place de celui d'Esteban et de Zia. Je veux également vous assurer d'une chose. Que cette continuité soit effacée ou non, votre mort n'aura qu'une faible incidence sur les « vous » de ce nouveau présent.


***


Esteban et Zia s'étaient donc retrouvés peu de temps après leur départ. Six mois après en réalité. Ils étaient dans la jungle proche du temple Mémoire, là où Tao avait décidé d'installer son précieux ordre du Condor. Les deux enfants furent bien vite rejoints par Pichu qui fila vers eux en clamant leur nom bien fort. Le perroquet se retrouva bien vite câliné, ce qui le rendit très heureux. Après ces joyeuses retrouvailles, il fut temps de décider ce qu'ils allaient faire ensuite. Ils étaient de retour, et le court du temps avait dû se modifier. Mais où aller ?

-Nous pourrions essayer de retrouver Tao. Proposa Zia.

-Tao !Tao !

Mais Esteban n'était pas vraiment d'accord. Lui aussi avait très hâte de revoir son ami, d'autant plus que ce dernier ne serait pas aussi marqué que sa version adulte. Mais d'un autre côté, s'ils le revoyaient ils risquaient d'être tenté de tout lui raconter. Hors, comment réagirait-il en apprenant que dans un futur, qui disparaîtrait certes, il envisagerait sous le coup de la colère d'utiliser une arme capable d'anéantir un pays aussi grand que l'Espagne. Si Tao ne portait pas les habitants de ce pays dans son cœur à quelques exceptions près, il pourrait aussi se désespérer d'être capable de trahir à ce point les valeurs pacifiques de ses ancêtres. Mais Pichu les avait vu, et ce que le perroquet savait, son maître finissait par l'apprendre. Ainsi, Esteban fini par accepter, sans répondre immédiatement aux questions qu'il lisait dans les yeux de Zia.

-Zia, lui murmura l'Espagnol une fois le perroquet au loin, surtout on ne parle pas du futur à Tao. Au moins tant que nous n'avons pas stoppé Ambrosius une bonne fois pour toute.

-Mais nous ne savons pas où il se trouve.

-Indali nous a dit qu'il manipulait Charles Quint, non ? Alors c'est qu'il va forcément se retrouver en Espagne un jour ou l'autre.

Zia ne répondit pas, réalisant sur le coup que si leur ennemi se trouvait là-bas, alors elle serait obligée d'y retourner, dans ce pays où elle avait vécu enfermée dans une prison dorée. Une vague de crainte la pris, et elle serra la main d'Esteban dans la sienne, le temps de se reprendre. Elle devait se montrer courageuse, elle n'était plus la petite fille faible que Mendoza avait enlevée à la barbe de tous les soldats du palais. Et elle n'était plus seule. Ils finirent par arriver devant le temple Mémoire après avoir traversé ce qui commençait à ressembler à un petit village indien. Le volatile pénétra dans le monument en piaillant, et les deux enfants finirent par entendre les récriminations de leur ami qui venait d'être dérangé. Le Muen sorti en grondant son ami à plumes, mais s'interrompit en voyant qui se trouvait à l'entrée.

-ESTEBAN ! ZIA ! Mais depuis quand êtes-vous revenu ?!

Les trois amis se retrouvèrent, heureux de se revoir après tant de temps séparés. Tao possédait toujours cette étincelle de curiosité et de vitalité qui le caractérisait, mais il paraissait aussi avoir accumulé de la fatigue. Comme ses amis s'en inquiétaient, il les rassura en leur précisant que ce n'était pas facile de créer un Ordre. S'ils parvenaient à recruter des gens, il y avait encore tout à faire et à installer. Ils commençaient seulement à en voir le bout, et cela surtout grâce à l'aide des habitants du village d'Indali et du rajah.

-Vous devriez voir tout ce qu'il y a à l'intérieur de ce temple, c'est fantastique ! Des centaines d'inscriptions à déchiffrer et de choses à découvrir !

-Et tu es parvenu à sortir de là avant la nuit malgré tout cela. Mais je ne devrais pas m'étonner quand je vois qui est avec toi.

Cette voix... Esteban et Zia sautèrent dans les bras d'Indali qui venait d'arriver à son tour. Les embrassades continuèrent, jusqu'à ce que les deux Élus lâchèrent la jeune indienne.

-Dites,alors racontez-moi les amis, où êtes-vous allé ? Vous avez pu rencontrer ce Naacal que vous aviez vu la première fois ? Et les 7 Cités d'ors, vous avez pu tout voir ? Tout visiter ? Qu'est-ce que vous avez découvert ? Est-ce que... Un doigt se posa fermement sur la bouche du Muen.

-Tao,voyons, ils viennent à peine de revenir, laisse leur le temps de se reposer un peu. D'ailleurs toi aussi tu devrais souffler un peu.

-Mais...Je veux savoir !

-Tu es debout depuis l'aube et le crépuscule arrive. En plus ça va faire une semaine que tu partages ton temps entre l'étude de ces inscriptions et les décisions à prendre pour l'Ordre.

Le Naacal gonfla ses joues, mais ne répondit rien. Indali le fixait d'un air menaçant, et c'était suffisant pour qu'il se tienne tranquille. Tao fini par baisser les yeux, déçu, avant de relever la tête vers Esteban et Zia qui pouffaient dans leur coin. Avant d'éclater franchement de rire. Les quatre amis firent le tour du campement et Tao présenta les nouvelles recrues à Esteban et Zia. Certains venaient de l'Ordre du Sablier, car ils avaient été déçus de la nouvelle politique du roi de France à leur égard. D'autres étaient des sages indiens ou des moines tibétains principalement. Pichu perché sur son crâne, Tao donna ensuite les dernières nouvelles de leurs amis absents.

-Mendoza et Laguerra sont en mission, mais ils reviennent dans deux jours. Gaspard entraîne des villageois qui sont volontaires pour nous aider à nous défendre au cas où. Nous ne sommes pas encore très nombreux... Et même si le Rajah est de notre côté, des ennemis peuvent apparaître. Et... Zarès est encore dans la nature, après tout.

Il frappa ses mains l'une contre l'autre, n'ayant pas l'air de remarquer le frisson qui avait parcouru ses deux amis à ce nom si plein de promesses désastreuses.

-J'oubliais Esteban, ton père nous a rejoint ! Viens, son laboratoire est par-là !

Le soir venu, Esteban et Zia purent s'isoler pour discuter ensemble. Ils étaient réellement heureux de se retrouver, là, au sein d'un groupe en pleine construction et si plein de promesses. Mais ils n'arrivaient pas à oublier la menace que Zarès faisait planer sur eux tous, et ne savaient pas ce qu'ils devaient faire maintenant. Retrouver Zarès oui... Mais comment ? Avaient-ils la certitude qu'il se trouvait bien en Espagne ? Et puis... Il y avait cette décision d'Esteban de maintenir leur ami à l'écart. Autant pour lui éviter de souffrir que pour le garder en sécurité. Et puis, il devait s'occuper de l'Ordre du Condor à présent. Mais ça ne les empêchait pas de culpabiliser. Ils sentirent quelque chose les frôler, et une tête noire apparue juste entre leurs épaules.

-Ça va vous deux ?

-TAO ! Commença Esteban en s'écartant brusquement.

-Très bien oui ! Pourquoi ?

-Je ne sais pas... Je vous trouve l'air bizarre. C'est...

-Rien ! Ce n'est rien. Juste de la fatigue, je t'assure. Tu sais, ils ne sont pas très nombreux non plus dans l'autre dimension, et nous n'avons plus l'habitude d'être aussi entouré. Nous allons nous reposer, on se reverra demain. Bonne nuit à toi Tao !

Esteban attrapa Zia par la main après avoir fini sa dernière phrase et la tira à sa suite. Tao leur souhaita une bonne nuit en souriant et en précisant qu'il avait fait préparer un coin rien que pour eux. Mais la bonne humeur qu'il affichait s'estompa après le départ de ses deux amis. Non, ce n'était pas que de la fatigue qu'il voyait sur leurs visages. Mais ils ne voulaient pas lui en parler... Peut-être avaient-ils juste préféré profiter du moment présent. Ils étaient partis pendant six mois après tout. Tao retourna chez lui, mais à peine eut-il refermé la porte qu'un fort sentiment de malaise l'envahi. Son souffle s'accéléra et son corps se cogna contre la porte avant de glisser sur le sol. Pendant quelques minutes il resta immobile, incapable de comprendre ce qu'il lui arrivait. Le malaise disparu peu à peu, mais il continuait de trembler et son esprit restait oppressé. Une petite tête plumée vint se coller contre la sienne, le sortant de son immobilisme.

-Tao malade ?

-Non mon petit Pichu, je ne suis pas malade. Je crois que je suis juste épuisé, comme Indali l'affirmait. Je ne dors plus assez.

Tao caressa la tête de son perroquet qui resta collé à lui. Le mal-être était passé, mais un sentiment d'urgence persistait. Non seulement ce qu'il venait de se passer était incompréhensible, mais en plus il ne se sentait pas tranquille. Un danger planait quelque part... Il était en danger. Lui ou l'Ordre qu'il était en train de créer. Étais-ce en lien avec le retour de ses amis ? Ces questions le taraudèrent jusqu'à tard dans la nuit, si bien qu'encore une fois il n'eut pas l'air de s'être bien reposé. Mais Indali ne le réprimanda pas, pour la simple et bonne raison qu'elle n'était pas venue. En discutant avec elle deux jours plus tard, ilavait appris qu'elle avait été prise du même malaise que lui à peu près au même moment. Mais contrairement au Naacal, il y avait eut des témoins en la personne de ses parents qui avaient insisté pour la garder à la maison un jour ou deux.

Le mystère s'épaississait, et Tao n'aimait pas ça. Ce n'était pas le genre de mystère qu'il aimait résoudre qui lui faisait face.

Quelques jours plus tard, près du Grand Condor.

-Tu es sûr qu'il le faut, Esteban ?

-Nous n'avons pas le choix, c'est notre seul piste. Nous ne pouvons pas rester inactifs, à attendre qu'il attaque. Il sera peut-être trop tard.

Esteban prit les mains de sa bien-aimée dans les siennes, et l'entraîna vers l'oiseau d'or.
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par Marcowinch »

Un très bon chapitre !
Plus joyeux que le premier... ;)
J'ai hâte de lire la suite....
*** :Tao: :Zia: :Esteban: Ma fanfic MCO : La Huitième Cité :) :Esteban: :Zia: :Tao: ***
J'espère qu'elle vous plaira :D

:Esteban: Bah voyons, Pattala ! C'est pas dans ce coin-là que vit la jolie Indali ? :tongue:
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Re: Le retour des enfants du soleil et de la lune

Message par isamidala »

Chapitre génial j'adore vraiment bravo ! 🙏🙏⚘️
Aides-nous Esteban puisque tu es le Fils du Soleil !
:Esteban: :-@ :Zia:
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