Suite :
La jeune catalane se réveilla en sursaut, elle passa le dos de sa main sur son front pour en essuyer la sueur qui y coulait. Sofia regarda l'heure inscrite sur son réveil, elle fut surprise en voyant qu'il était déjà presque neuf heures, malgré son étrange rêve elle avait relativement bien dormi.
Elle se leva pour aller prendre son petit déjeuner mais avant cela Sofia échangea sa petite robe de coton couleur pollen pour celle d'une mousseline d'un vert presque émeraude, elle noua la petite ceinture qui allait avec autour de sa taille et en fit un joli flot, elle passa ensuite ses souliers bruns. Sofia se rendit ensuite devant son miroir afin de pouvoir brosser son épaisse chevelure, elle souffla légèrement sur sa mèche bleue qui lui retombait devant les yeux afin de la remettre en place.
Maintenant prête, Sofia descendit prendre un petit déjeuner rapide puis tout de suite remonta dans la mansarde. Pendant qu'elle rangeait, Sofia ne pouvait dévier son regard de la malle qu'elle avait ouvert hier, elle se demandait pourquoi ses grands-parents entreposaient un trésor entier là caché des yeux de tous. Alors qu'ils devraient l'exposer au moins dans le rez-de-chaussée.
Afin de ne pas se perdre, Sofia ne triait que carton par carton. Elle passait le balai avant de reposer les paquetages à leurs nouvelles places et à l'aide d'un crayon noir elle avait inscrit ce que chaque boîte contenait afin que quiconque monterait dans ce grenier en quête d'un objet pourrait le trouver plus aisément. Elle y passa tout le temps qu'il lui était attribué en cette journée.
Dans le milieu de l'après midi, elle fut rejoint par son grand-frère qu'elle n'avait, jusqu'à présent, vu uniquement lors du déjeuner. Elle discerna qu'il avait dans sa main un autre livre.
« J'espère que tu vas m'aider à ranger un peu et non me regarder faire pendant que tu lis.
- Non ne t'inquiètes pas je vais t'aider. Et ce livre c'est pour toi.
- Pour moi ?
- Oui. Ce que tu m'as dit cette nuit quand tu es venue dans ma chambre, ça m'a intrigué alors ce matin j'ai demandé à abuelito de me laisser parcourir sa bibliothèque et je t'ai trouvé ce livre. Je suis impressionné, abuelito possède une grande collection de livres qui traitent le sujet des Incas. J'en ai survolé quelques uns et quand j'ai vu celui là je me suis dit qu'il pourrait t'intéresser.
- Vraiment ?
- Oui, il y a un grand chapitre sur les quipus. J'espère qu'il te plaira.
- Merci grand frère, c'est gentil d'avoir cherché ce livre pour moi. Je le lirai ce soir »
Sofia, qui s'était avancée, déposa un petit baiser sur la joue de son frère et posa le livre qu'il lui confiait en sécurité.
Pendant le reste de la journée, frère et sœur rangèrent ensemble, déplacèrent les meubles comme ils le purent. En ouvrant un carton ils tombèrent sur de nombreuses peluches et ne purent s'empêcher de jouer avec quelques instants.
Alors que la journée s'achevait, Pablo redescendit pour aider sa grand-mère à finir de préparer le dîner. Sofia, quant à elle, récupéra le livre confié par son frère et voulu descendre à son tour mais au moment d'entamer sa descente elle regarda une dernière fois la malle. Repensant à ce qu'elle avait vu à l'intérieur ainsi qu'à ce que son frère lui avait dit pendant la nuit, elle reposa les pieds sur le sol du grenier et se dirigea vers le coffre, l'ouvrit à nouveau et se saisit des ficelles entremêlées avant de se rendre dans sa chambre pour poser les deux objets sur son lit. Une fois fait, elle alla dîner.
Tellement absorbée par ses pensées sur ce qu'elle pourrait découvrir en lisant ce livre, Sofia ne mangea que très peu. Peut être que cela ne serait que des chiffres et pourtant elle sentait que c'était important... Elle devait sans doute se faire des idées, elle devait éviter de penser que des choses fabuleuses pourrait lui arrivait si elle déchiffrait ce fameux quipu. Elle n'était pas le personnage principal d'un de ses contes de fées qui la passionnaient tant... Elle n'était qu'une simple petite fille parmi tant d'autres. Mais ce n'est pas ça qui l'empêcherait de s'occuper ce soir avec ces cordelettes.
Le repas fini, la catalane fila dans sa chambre et s'installa directement sur son lit avec le journal sur ses jambes, le quipu devant elle à droite, le livre provenant de la bibliothèque de son abuelito pile en face ainsi que son carnet de note et son porte-plume sur sa gauche. Elle commença par parcourir l'ouvrage, son regard s'arrêta sur un dessin, celui d'un espèce de petit totem debout sur une petite estrade tenant dans chacune de ses mains comme un serpent, sa tête était entouré de plumes. Sofia lut alors qu'il s'agissait du dieu Viracocha, le dieu créateur des Incas ainsi que leur roi de la foudre et des tempêtes. Mais, ne s'intéressant pas vraiment à lui, la jeune fille feuilleta les autres pages jusqu'à atteindre le chapitre qui l'intéressait tant, celui traitant du quipu.
Elle apprit alors que pour coder les quipu il fallait tout d'abord s'équiper d'une corde principale, celle où toutes les autres cordelettes seraient rattachées pour ensuite être nouées selon trois sortes de nœuds différents. Dans le cadre de la gestion économique et démographique Inca, de simples nœuds représentaient les unités, des nœuds plus complexes représentaient les dizaines ; ceux-ci était en fait des nœuds simples auxquels plusieurs tours avaient été ajoutés, et enfin pour représenter les centaines les quipucamayocs, traduit en maître des quipus, se servaient de nœuds de huit.
- Noeud Quipu.png (39.45 Kio) Vu 4632 fois
Sofia comprit aisément que sur chaque petite ficelle le compte ne pouvait atteindre que 999 mais juste après elle put lire qu'afin de rallonger les entiers il suffisait de rajouter une ficelle sur la première.
La catalane continua de consulter les pages du chapitre et découvrit qu'il existait de nombreuses combinaisons possible avec un mélange des couleurs, de la matière et de la façon de faire les nœuds sur les fils et que par conséquent il était possible d'écrire certains messages plus ou moins court formés de manière syllabique.
Toutes ces informations assimilées, Sofia se lança dans le déchiffrage de son quipu. Elle l'étala devant elle et en suivant les codes, l'espagnole put comprendre qu'il ne s'agissait pas de comptes mais d'un message.
« Calme toi Sofia, papa te l'a répété les contes de fées ça n'existe que dans les livres... Et puis ça ne doit pas être très intéressant... »
Néanmoins, elle continua son décryptage, à chaque petite corde Sofia associait une petite retranscription dans son carnet. Cela lui prit pas moins de deux heures et quarante-trois minutes pour reproduire en espagnol le message contenu dans les boucles. Une fois la dernière retranscription réalisée, Sofia posa le quipu sur le petit journal et se saisit son carnet de note pour lire ce qu'elle avait écrit.
Lorsque Koyolite étoile brillante répondra à l'appel du cœur pur il rejoindra les enfants du Soleil et de la Lune pour réveiller la flamme du serpent ailé.
« Mais... Ça n'a aucun sens... Ça ne veut rien dire... »
La jeune catalane, s'admonestant mentalement cas elle se doutait qu'elle n'obtiendrait pas grand-chose, fut effectivement déçue de cette traduction...
Insatisfaite et fatiguée, Sofia décida de se coucher et d'oublier cette histoire. Elle rangea son porte-plume dans sa boîte, puis l'empila avec le livre de son grand-père et son cahier sur son chevet. Puis elle prit en main journal et le quipu et continua de les contempler.
Sofia laissa échapper un soupir lorsque son œil fut attiré à sa fenêtre. Sans bouger, elle aperçut une gigantesque lumière d'un bleu azur si vif qu'elle ne put la regarder plus longtemps elle se cacha les yeux avec ses mains.
Ce phœnix bleu disparut aussi vite qu'il était apparu, Sofia était médusée par ce qu'elle croyait avoir vu, elle se rendit même compte que ses bras tremblaient sous le poids de son corps... Elle se sentait soudain comme dans du coton, elle avait l'impression que son cœur n'était plus à sa place dans sa poitrine elle ne le sentait plus battre... La pièce tournait autour d'elle, la catalane préféra s'allonger, espérant que cela calmerait peut être son corps et son esprit, et par instinct serra contre elle la première chose qu'elle eut sous la main, autrement dit le duo d'antiquités. Sofia écrasa autant qu'elle le pouvait son buste avec le journal et serrait le quipu jusqu'à se planter ses ongles dans la paume de la main... Elle se sentait horriblement mal, incapable de faire le moindre geste ou d'extérioriser la moindre parole.
N'ayant plus la force de lutter contre ce mal étrange, Sofia se laissa sombrer dans les abîmes de la nuit.
Puis ce fut le trou noir, plus rien...