FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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Seb_RF
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par Seb_RF »

Et de mon cotée il faut que j’avance ma relecture de tome 2 pour bien tout avoir en tête pour la suite... j'ai pas avancé....
trop d'info a assimiler ces dernier temps...
note serie:
MCO1: 18/20

Trahison/Insulte totale:
MCO2: 7/20
MCO3: 4/20
MCO4: 3/20 (et je suis "gentil" par ce qu'il y a les effets visuels)

Fanarts: viewtopic.php?f=14&t=2301 :x-):
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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Bonsoir à tous, Seb et moi nous avons pensé qu'il serait sympa de vous donner un aperçu de la suite, qui n'est pas finie!!! mais presque...encore quelques petits réglages pour finir le loooong chapitre 21, qui n'était pas censé prendre une telle ampleur, mais quand de nouveaux personnages arrivent, c'est dommage de ne pas leur donner un rôle. En tout cas, encore merci à Isaguerra d'avoir amorcé ce chapitre! (il y aura une partie 7, une partie 8 probablement, parce que j'ai trop développé la partie 6 :x-): )
Bonne lecture!


Partie 6.

Le Daimyo était un hôte prévenant. Après cette journée éprouvante, Esteban, en récompense de ses efforts de collaboration, avait été traité avec tous les égards dus à un invité de marque, et n’avait pas eu une minute à lui, entre les soins prodigués à l’occasion du bain et le dîner agrémenté par la présence de musiciennes accomplies, qui avaient déployé tout leur art pour divertir le seigneur et son prisonnier. Le jeune homme avait vite compris qu’il devait renoncer à poser la moindre question concernant le sort de Tao, s’il voulait endormir la méfiance du Daimyo, qui semblait ravi de la tournure des événements et ne cessait d’échanger des plaisanteries avec les geishas, entre deux questions sur la stratégie à adopter pour la bataille du lendemain. Esteban lui répondait avec sérieux. Après tout, il n’avait aucune idée de ce qui allait se passer d’ici l’aube, et mieux valait satisfaire le Daimyo tant que ses amis étaient encore prisonniers. Alors qu’il s’efforçait de ne pas vider une fois de plus son verre de saké, pour éviter d’être resservi aussitôt par une des hôtesses, deux jeunes gens firent leur entrée et s’installèrent de chaque côté du seigneur, manifestement ravi de leur présence.
S : Esteban-san, je vous présente mes deux fils, Yoshihiro et Yoshihisa. Yoshihiro prendra la tête de nos troupes cette nuit. Il n’a que quinze ans, mais il a toute ma confiance. Ce sera sa première bataille, et sa première victoire.
E : Mais…n’était-il pas parmi les soldats que nous avons embarqués cet après-midi ?
S : Ah ! Tout juste !
E : Je suis confus, je…
S : Un vrai guerrier s’entraine avec ses troupes ! Je suis heureux que tu n’aies pas vu de différence entre lui et les autres !
E : Excusez-moi d’insister mais, ne faisait-il pas partie du groupe sélectionné pour nous accompagner en vol ?
S : Tu as l’esprit encore clair après tout ce saké…C’est Yoshihiro qui a demandé à prendre la tête de l’expédition à la place de son frère, et naturellement j’ai accepté. Il est bien plus capable que Yoshihisa. C’est vrai que selon l’ordre des choses c’est son aîné qui aurait dû commander, mais il a su me convaincre. D’ailleurs je me demande pourquoi je n’y ai pas pensé moi-même. Confier cette expédition à Yoshihisa, vraiment, je ne sais pas ce qui m’a pris ! Ah ah !
Esteban était interloqué. Le Daimyo riait comme d’une bonne plaisanterie. A ses côtés, le jeune Yoshihiro demeurait impassible. Quant à Yoshihisa, il esquissa un sourire. Esteban constatait à présent la différence d’âge, et remarquait aussi que le cadet avait un air déterminé que n’affichait pas son aîné. Ce dernier, qui devait avoir la vingtaine, était vêtu avec élégance d’un kimono, comme son père, tandis que le cadet portait encore sa tenue militaire. Probablement avait-il préparé l’expédition du lendemain jusqu’à cette heure avancée. Remarquant la confusion de son hôte, le Daimyo tint à lui apporter quelques éclaircissements.
S : Yoshihisa prendra place avec nous dans l’oiseau d’or.
E : Mais…il n’a même pas volé avec nous aujourd’hui !
S : Ah ah ! Ne t’inquiète pas, c’est un Shimazu, il ne craint rien ni personne, ah ah ah !
Yoshihisa sourit et s’inclina en direction d’Esteban, avant de prendre la parole.
Ya : Ne vous inquiétez pas, Esteban-san, je me dois d’être à côté de père en cette occasion. Je vous remercie d’accepter ma présence dans cet engin extraordinaire. Ce sera un honneur.
S : Assez de politesses ! Tâche simplement d’être à la hauteur demain ! Je veux que tu assistes à notre triomphe et que tu retranscrives tout ça dans un poème à la gloire du clan Shimazu !
Y : C’est vrai que je n’aurais pas été aussi bien placé pour cela à la tête de nos troupes…
S : Ah ah !Vois-tu, Esteban, chaque guerrier est aussi un poète dans notre pays. Mais il semblerait que mon fils soit plus poète que guerrier….il est plus sensible à la douceur de la peau d’une femme qu’à l’odeur du sang, et préfère l’ivresse d’une nuit d’amour à celle de la bataille. C’est aussi un excellent musicien. Tiens, montre-lui !
Ya : Si tel est votre désir…
S : Regarde, il ne se fait pas prier ! Ni le tambour ni le shamisen n’ont plus de secrets pour lui, sans doute à force de faire gémir les femmes d’extase ! Ah ah ah ! Heureusement que je peux compter sur son frère !
Ce dernier semblait aussi gêné par l’attitude de son père que par celle de son aîné. Alors que celui-ci s’était levé pour s’installer près des geishas et accordait le shamisen que l’une d’elles lui avait prêté, il demanda la permission de se retirer et quitta la pièce.
S : Brave Yoshihiro ! Il ne ménage pas sa peine pour être à la hauteur ! Il ne lui reste que peu de temps avant de partir, alors que nous pouvons continuer à jouir de cette soirée. Allons, Esteban, buvons à sa santé, et à notre victoire !
Il leva sa tasse de porcelaine emplie de saké tiède et la but d’un trait tandis que résonnaient les premières notes de shamisen. La mélodie, mélancolique, enveloppa les convives. Le Daimyo Shimazu était redevenu sérieux et semblait écouter avec attention. Esteban concevait difficilement que ce guerrier qui paraissait mépriser son fils puisse être touché par la musique qui s’élevait en notes subtiles sous ses doigts fins et agiles. Le morceau dura longtemps, plongeant le jeune Atlante dans une douce rêverie, sans que le Daimyo n’interrompe Yoshihisa. Quand il eut terminé, son père se leva, les salua et sortit sans un mot, puis son fils l’imita après avoir souhaité une agréable nuit à son hôte. Laissé seul avec les jeunes femmes, Esteban crut un moment pouvoir redevenir libre de ses mouvements. Il déchanta vite : les gardes vinrent le chercher et il fut mené sous bonne escorte dans une chambre préparée pour la nuit, où l’attendait une jeune femme dont la beauté ne manqua pas de le frapper dès qu’il la vit. Il se trouvait à présent face à elle, passablement embarrassé, d’autant plus que devant la cloison de papier de riz qui fermait ce nid douillet veillaient deux gardes, sans compter ceux postés à chaque bout du couloir. Et qui savait combien d’autres se cachaient dans les pièces adjacentes, plongées dans l’obscurité ? Il était fait comme un rat. Cela ne l’aurait pas gêné outre mesure s’il avait été seul. Il aurait pris son mal en patience, et aurait tenté de se reposer un peu, en attendant le moment pour agir. Il était quasiment certain que Zia se manifesterait peu avant l’aube, quand le condor pourrait enfin décoller. Sans l’oiseau d’or, où pouvaient-ils espérer aller ? C’était leur seul moyen de fuir, tous ensemble. Mais il fallait libérer les autres. Libérer Tao. Et sortir de cette chambre. Cette fille était probablement là pour le surveiller, et l’empêcher de réfléchir à un plan. De toute façon, quel plan pouvait-il bien élaborer ? Il était à la merci du Daimyo. Il ne pouvait compter que sur l’aide de Zia. Si cette fille restait là toute la nuit, c’était un obstacle supplémentaire, mais sans doute facile à écarter. Peut-être partirait-elle bientôt, s’il la décourageait ?
A : Désirez-vous un peu de thé ?
Il sursauta. Il s’aperçut qu’il n’avait pas cessé de la fixer tout en laissant courir ses pensées. Sans attendre sa réponse, elle se pencha légèrement de côté pour remplir une tasse qu’elle lui tendit en souriant, posée en équilibre sur sa paume, la tenant délicatement de son autre main, ses doigts fins déployés telles les branches d’un arbuste printanier. Sa voix résonnait encore à l’oreille d’Esteban, enjouée et caressante à la fois. Par réflexe, il accepta l’offre. Leurs doigts s’effleurèrent, et il ressentit un frisson qui le mit mal à l’aise. Pour cacher sa gêne, il grimaça un sourire. Elle pouffa en couvrant sa bouche de sa main. Pour se donner une contenance, il commença à boire, tout en regardant autour de lui. La pièce était petite. Il allait falloir supporter la présence de cette fille dans cet espace confiné. Soudain, il tressaillit. Elle avait posé ses doigts sur la main qui tenait la tasse, et l’attirait vers ses lèvres.
A : Attendez, ce n’est pas ainsi qu’il faut boire…
Elle était si près de lui qu’il pouvait voir le grain de sa peau blanchie par la poudre de riz, humer son parfum délicat. Et il ne s’était même pas aperçu qu’elle s’était approchée. Il se recula vivement, et la tasse tomba sur le tatami. Un peu de liquide vert pâle tacha le bord du kimono rosé de la jeune femme.
A : Ce n’est rien….vous préférez sans doute quelque chose de plus fort…
Elle s’empara vivement d’un petit flacon de saké et le mit dans les mains d’Esteban avant que ce dernier ait pu réagir.
A : Buvez ! Il est tiède, c’est un délice…Pendant ce temps, si vous le permettez, je vais arranger cela…
Elle désignait la tache. Esteban regarda, machinalement, la marque laissée par sa maladresse, en proie à la confusion des sentiments, se sentant indéniablement coupable, sans être bien sûr de quoi. Il vit le pan du kimono glisser sur le tatami, s’écartant lentement pour laisser apparaître la rondeur d’un genou aussi lisse qu’un galet. Fasciné, il entendit à peine la chute, dans un froufrou de soie, du vêtement irisé qui rehaussait si bien le teint de sa compagne.
A : Buvez donc….
Il s’exécuta, et malgré lui leva les yeux tout en buvant.
A : N’avais-je pas raison ? N’est-ce pas délicieux ? Laissez-moi goûter…
Elle se penchait déjà vers lui. Une douce chaleur émanait d’elle. Il était si tentant de s’abandonner, et d’oublier pourquoi il se trouvait là, avec cette fille…il était las…il voulait se reposer, s’abreuver à cette blancheur laiteuse, poser sa joue sur cette peau moelleuse, caresser ce genou à la forme si parfaite…Elle tenait le flacon, renversa la tête pour boire, puis passa une main dans son cou, libérant sa chevelure couleur de nuit. Ce fut comme si un rideau s’était fermé, cachant la lumière qui attirait Esteban. Aussi belle était-elle, cette fille n’était rien pour lui. S’il se trouvait dans cette pièce avec elle, ce n’était que par la volonté de Shimazu, et il s’était déjà assez plié à sa volonté. C’était une autre qu’il aurait voulu avoir à ses côtés, une autre qu’il désirait, espérait et attendait, une autre, à la chevelure de jais, incomparable. Et personne ne la lui ferait oublier.
E : Attends… on va en rester là, d’accord ? rhabille-toi, s’il te plaît. Je sais que tu ne peux pas me laisser seul, mais tu vas me laisser tranquille, au moins. C’est tout ce que je demande. Tu n’auras pas d’ennuis. Tu peux rester, mais laisse-moi tranquille, d’accord ?
Elle le regardait, interdite, ne sachant que faire. De son côté, Esteban était embarrassé par ce retour à la réalité qui ne rendait pas les choses plus faciles, ni plus agréables. Il craignait d’avoir offensé sa compagne, ou de l’avoir mise dans une position délicate vis-à-vis de ses supérieurs.
E : Est-ce que tu comprends ? Je te trouve très belle, et très…désirable, mais je n’ai pas la tête à ça, c’est tout. On t’a probablement envoyée pour me distraire, mais…oh, et puis zut, je ne sais pas pourquoi tu es là, ni si tu dois rester toute la nuit, mais en tout cas on n’a pas besoin de..de...enfin…et d’abord, comment tu t’appelles ? Hein, c’est vrai, tu me parles depuis tout à l’heure, moi je te regarde comme un idiot, et je ne sais même pas comment tu t’appelles. Moi c’est Esteban, je suppose qu’on ne te l’a pas dit, ce n’est pas quelque chose que tu as besoin de savoir pour faire ton petit numéro.
A : Atsuko. Je m’appelle Atsuko. Et c’est vrai que je devais m’occuper de toi, mais puisque tu ne veux pas, c’est dommage, vraiment dommage.
Elle avait l’air désolée et déçue tout à la fois.
E : Tu vas repartir ?
A : Je suppose…
E : Tu n’as pas reçu l’ordre de me surveiller ?
Elle rit.
A : On ne m’a pas dit cela comme ça. Mais je pensais que j’allais rester un bon moment, si tu le voulais bien, ça ne m’aurait pas déplu de te voir t’endormir à mes côtés.
E : Oui, eh bien , je suis désolé de te décevoir..
A : On peut passer la nuit autrement.
E : Ah ? je vois, tu ne vas pas me laisser.
Elle rit à nouveau. Esteban se détendit. Puisqu’il était coincé dans cette pièce, complètement impuissant, autant passer le temps de manière agréable, il aurait l’esprit plus clair ensuite. Il ne se sentait pas sur ses gardes comme avec Shimazu.
A : Je peux te raconter des histoires.
E : Pour m’endormir ? Je veux bien. Mais je peux t’en raconter aussi, et c’est toi qui dormiras, et on sera tranquilles tous les deux.
A : Des histoires de ton pays ? Et de l’oiseau d’or ? Je ne risque pas de m’endormir !
E : Bon, je me sens une dette envers toi, après tout je t’ai empêchée de faire ton travail, alors je peux bien te raconter une histoire ou deux.
A : Tu es le premier homme qui me résiste…pourtant, tu avais l’air de vouloir…
E : Je..pourquoi on revient à ce sujet ?
A : Parce que ça m’intéresse, je veux connaître ton secret…
E : Mon secret ? quel secret ? Il n’y a pas de secret ! Ah, je vois, Shimazu t’a envoyée pour me faire parler !
Aussitôt il s’en voulut. Non seulement il manquait de respect envers son hôte, mais en plus il laissait entendre qu’il avait quelque chose à cacher. Le mieux était de donner à cette fille ce qu’elle demandait, et d’essayer d’en tirer quelque chose, si c’était possible. Ou de la faire dormir. La seule chose qui le dérangeait, c’était que d’autres oreilles ne manqueraient pas d’écouter ses confidences, mais après tout, cela pouvait être amusant de tromper ses adversaires, tout en passant la nuit auprès de celle qu’il aimait. Par la magie des mots, Zia serait à ses côtés, et lui donnerait la force de supporter cette épreuve jusqu’à l’aube.
E : Bon, je vais tout te raconter…je suis fiancé à une femme merveilleuse, qui m’attend à l’autre bout du monde…

Il était trois heures du matin et Zia ne dormait pas. Son esprit ne la laissait pas en repos. Elle avait tout planifié, tout se passerait bien. Mais elle ne pouvait s’empêcher de vivre par avance les heures qui allaient suivre, au point qu’elle avait déjà l’impression de courir avec Esteban vers le condor. Comme l’avait dit Ichiro, il était peu probable qu’il soit détenu avec les autres. Dans ce cas, il faudrait s’aventurer dans le château. Zia avait fait dessiner des plans à son ami afin de se repérer. Il n’était pas question qu’il l’accompagne. Dès qu’il aurait libéré les autres, il se cacherait avec eux dans le condor. Elle se débrouillerait. Elle avait dû insister. Ichiro n’avait cédé qu’à regrets, et elle avait bien senti qu’il ne croyait qu’à moitié qu’elle n’avait pas besoin de son aide. S’il fallait encore veiller à ce qu’il ne joue pas les héros ! Et Marie qui avait insisté pour se rendre utile…Etre responsable de tant de vies l’accablait. En venant ici, elle n’avait pas suffisamment mesuré les risques qu’ils prenaient, tous, et elle se demandait à présent pourquoi. Cela leur avait semblé une évidence de rendre visite à leurs amis du bout du monde, comme si leur réalité seule comptait : ils allaient se marier, ils étaient tout à leur bonheur, rien de mal ne pouvait arriver. Pourtant, ils savaient que ce n’était qu’une illusion. Elle se rendit compte qu’elle avait été plus affectée qu’elle ne le pensait par les épreuves qu’ils avaient traversées ces derniers mois. Peut-être avait-elle voulu croire que le pire était derrière eux. Elle soupira. Elle n’avait rien vu venir. Son esprit lui avait joué un sale tour. Perdre Esteban était sa plus grande crainte, qu’elle refoulait au plus profond d’elle-même. Peut-être que si elle n’avait pas essayé de contrôler cette peur, si elle n’avait pas refusé de la laisser s’exprimer, elle aurait pu éviter la situation où ils se trouvaient à présent.
Ma : Zia ? Je ne te dérange pas ? Je n’arrive pas à dormir moi non plus.
Z : Marie ? Ce n’est pas raisonnable !
Ma : Ce n’est pas moi qui vais risquer ma vie tout à l’heure !
Z : Tu as raison, je devrais me reposer, mais c’est comme ça, je ne peux pas.
Ma : Je comprends. Père est toujours ainsi à la veille d’une bataille.
Z : Il te l’a dit ?
Ma : Non, s’il reste éveillé, alors moi aussi.
Z : Vraiment ? Je parie que tu finis par t’endormir.
Ma : Au début, c’est ce qui arrivait, mais à force de m’entraîner…
Z : Tu dis ça pour me prouver que tu as les capacités de te rendre utile ? Tu es tenace.
Ma : Tu as bien deviné. Tu sais, j’ai beaucoup réfléchi à ton plan. Imagine que tu te fasses prendre. Nous, nous restons là, dans le condor, sans pouvoir rien faire ? C’est ridicule.
Z : Cela n’arrivera pas.
Ma : Et si cela arrive ?
Z : Le condor quittera le château quoiqu’il arrive demain, avec ou sans le Daimyo et ses soldats à bord. Je t’accorde que j’aimerais que ce soit sans, mais si j’ai bien compris Esteban a été réquisitionné pour servir d’appui aérien contre les ennemis de ce cher Shimazu. Notre plus grand avantage, c’est qu’il ignore notre présence à bord. Alors soit tout se passe comme prévu et j’arrive à faire embarquer tout le monde avant l’aube, soit j’échoue, mais tous ceux qui seront à bord auront une chance de quitter le château demain.
Ma : Je ne suis pas convaincue du tout. Comment ferait-on ? Et une fois sortis, où irions nous ?
Z : Vous pourriez sortir par la trappe.
Ma : A quel moment ? Si j’ai bien compris, Esteban va attaquer un autre château. S’il se pose là-bas, on sort ? ça n’a aucun sens. Et Sora n’est pas en état de..
Z : Je sais ! Je sais tout cela ! Et ça ne sert à rien d’imaginer je ne sais quelle situation qui n’arrivera pas de toute façon !
Ma : Tu es bien sûre de toi. Père dit toujours qu’il faut envisager le pire, et prévoir comment agir selon chaque situation.
Z : Evidemment ! Mais tout se passera bien. Tout ce que je disais tout à l’heure c’était pour te rassurer, au cas où…
Ma : Eh bien cela ne me rassure pas du tout. Ecoute-moi, si tu échoues, je ne resterai certainement pas cachée là les bras croisés en attendant qu’on vienne me débusquer, ou que je meure de soif et de faim !
Z : Les réserves sont suffisantes pour tenir un moment. Et puis, tu peux toujours sortir si c’est nécessaire, le condor n’est pas une prison.
Elle commençait à s’amuser de l’exaltation de sa jeune amie.
Ma : Et je sortirai si tu échoues, crois-moi !
Z : Et que feras-tu ?
Ma : Ce Daimyo n’est qu’un petit seigneur, n’est-ce pas ? Je sais comment traiter ce genre d’homme.
Z : Il sera sans doute impressionné par ton aplomb, mais si tu crois qu’il va écouter une petite étrangère surgie de nulle part…
Ma : La fille de l’Empereur !
Z : Et quand bien même il daignait te prendre au sérieux, qu’as-tu à lui proposer ?
Ma : Une alliance, bien sûr ! Une protection, des armes et des accords commerciaux !
Z : Qui mettront des mois à se concrétiser, alors que demain il peut écraser son ennemi avec le condor, et nous obliger à le servir aussi longtemps qu’il voudra.
Ma : Mais si je lui fais croire que je suis venue lui proposer cet accord, qu’il a plus à gagner en vous libérant, une fois bien sûr qu’il aura remporté la victoire, tu comprends, tu n’as rien à risquer cette nuit, demain Esteban fait ce qu’il a à faire, puis j’interviens, je fais pression, je raconte que vous travaillez pour l’Empereur, que l’oiseau lui appartient, qu’il sera fort en colère d’apprendre que le Daimyo a osé s’en emparer, qu’Esteban n’a rien dit pour me protéger mais que je considère qu’il est temps que j’obtienne réparation pour l’outrage subi. Tu sais, le secret, c’est de ne pas montrer qu’on a peur, d’agir avec sang-froid, comme si on était vraiment en position de supériorité !
Z : Ecoute, Marie, j’ai promis à ton père de te protéger, et tu dois me faire confiance. Tout se passera bien. Mais je suis sûre que tu es capable d’agir comme tu l’as dit.
Ma : Tu me sous-estimes, mais tu as tort. Je te prouverai que tu as tort, tout à l’heure ou un autre jour. Je te fais confiance, mais sache que je ne crains pas de prendre des risques pour aider mes amis.
Z : Je n’en doute pas. Merci, Marie.
La jeune fille se tenait devant Zia, indécise. Elle avait dit ce qu’elle avait sur le cœur, sans que cela ait rien changé. Quand pourrait-elle enfin agir sans dépendre des autres ?
Z : Je n’agis pas seule. Chacun a son rôle, et notre réussite dépend de tous, de toi aussi. Selon le plan que nous avons décidé ensemble. Ne prends aucun risque, sans penser aux conséquences pour toi, et surtout pour les autres. Pense à ton père.
Marie acquiesça. Elle était reconnaissante à Zia de ne pas s’être moquée d’elle.
Z : Va réveiller les autres, le temps approche.

Sunichi Mizuki eut du mal à réprimer un bâillement. Il serait content quand la relève serait là. Il scruta le ciel, essayant de deviner le temps qu’il lui restait avant de pouvoir ronfler sur sa paillasse. Accroupi à ses côtés, Satoru Fujimoto soupira bruyamment avant de se lever.
Sa : J’vais m’dégourdir un peu les jambes.
Sunichi le regarder s’éloigner avec indifférence. S’il s’accroupissait, il était sûr de s’endormir sur place. Ce Satoru, il était pas fait du même bois. Et puis il se permettait des choses, comme bouger pendant le tour de garde. Il avait sans doute raison, ça ne changeait rien au fait que les prisonniers ne pouvaient pas sortir de leur trou, mais tout de même, lui, Sunichi, n’aurait jamais osé s’éloigner d’un pas. Mais il pouvait s’appuyer sur sa lance, ça lui permettait de tenir droit, et éveillé, enfin juste assez pour ne pas tomber. Il ferma les yeux un instant. Il percevait le bruit des pas pesants de son camarade.
Su : C’est pas en trainant les pieds comme ça que ça va le maintenir alerte. Moi, quand je marche comme ça, c’est que mon lit est pas loin.
Il se mit à rire bêtement. Un rire léger lui répondit.
Su : C’est ça, fous-toi de moi, tu ronflais accroupi tout à l’heure. Heureusement que j’suis là pour garder les prisonniers.
Le rire reprit, léger et cristallin.
Su : Un vrai rire de gonzesse ! Tu m’fais pitié, tiens…
Plus près de lui, un éclat le surprit, suivi d’une cascade de hoquets qui finirent en soupirs langoureux. Il retint son souffle. Il entendait à présent son camarade sautiller pesamment sur place en ahanant.
Su : Satoru ? T’es pas bien ? C’était quoi ça ?
Il ouvrit les yeux. A quelques mètres de lui, il distinguait la silhouette de son camarade qui lui tournait le dos.
Sa : Ben quoi, je m’dégourdis les jambes, ça t’empêche de dormir ?
Su : Pourquoi tu riais ?
Sa : Tu devais bien dormir dis donc, j’ai pas ri.
Su : J’dormais pas, et j’ t’ai entendu rire ! Arrête de m’faire marcher !
Sa : Eh eh eh, elle est bien bonne celle-là !
Su : Tu riais pas comme ça, tu riais comme une fille, pour te foutre de moi !
Sa : Ben tiens, t’as raison, qu’est-ce qu’en t’en sais, toi, comment ça rit une fille ? Depuis quand t’en as pas touché une ? Tu devais faire un sacré rêve, dis !
Le rire éclata à nouveau, strident.
Su : Arrête, t’es pas drôle !
Sa : Mais…j’ai rien fait…ce…c’était quoi, ça ?
Su : Te fous pas de ma gueule ! Et pis r’viens ici !
Il commençait à se sentir franchement inquiet.
Sa : Me v’là, t’avais raison, j’l’ai entendu moi aussi…Sûrement une des prisonnières. Attends, j’vais leur balancer un bon saut de pisse pour les calmer.
Su : Non…non…ça venait de..de par là ! Pas d’en bas !
Une mélopée s’éleva alors, entrecoupée de rires légers et de soupirs.
Su : Tiens, tiens, t’entends ?
Sa : T’as raison, y’a quelqu’un qui se fout de nous !
Su : Qui ? Qui ? Y’a que nous, les autres sont à leur poste, devant l’oiseau, sur les remparts, et pis, qui c’est qui peut bien rire comme ça ? C’est une femme, tu crois pas ?
Sa : Ouais…mais elle va pas rire longtemps…
Su : Attends, Satoru ! où tu vas ? Me laisse pas ! Et si, et si…
K : Viens, Satoru, viens, ah ah ah ah ah ! Je t’attends….
Su : Elle connait ton nom ! C’est un démon !
Sa : Tu viens de le dire, idiot ! Et les démons, j’connais pas !
K : Mais tu vas bientôt me connaître, j’en meurs d’envie, et toi aussi, Satoru, ouh ouh ouh !
Su : Satoru ! N’y vas pas, c’est un yôkai, j’en suis sûr ! C’est Kerakera onna, la rigoleuse !
K : Hin hin hin hin hin!
Cet éclat de rire sinistre glaça le sang de Sunichi. Satoru s’était arrêté et hésitait.
Su : Tu..tu crois pas qu’on devrait appeler à l’aide ?
Sa : Pour qu’on se foute de nous ?
K : Pour qu’on se foute de nous ? Hi hi hi hi hi !
Cette fois, le rire était cristallin et enjoué.
K : Viens, viens Satoru mon brave, Kerakera onna aime les hommes comme toi…
Su : Tu vas voir si tu vas te foutre de moi encore longtemps !
Sunichi n’eut pas le temps de le retenir, il avait couru dans la direction de la voix.
Su : Sa…Satoru !
Un bruit sourd. Puis seul le silence lui répondit.
Su : Satoru…reviens…je t’en prie ! Me laisse pas tout seul !
K : Mais tu n’es pas seul…on va bien s’amuser, toi et moi….
Le rire léger qu’il avait entendu au début lui parvint à nouveau. Il était prêt à prendre ses jambes à son cou, quand il se ravisa. C’était un coup monté de Satoru pour se payer sa tête, c’était sûr !
Su : Mon…montre-toi, la gueuse ! Qu’on, qu’on rigole ensemble ! J’ai pas peur, moi, j’ai pas peur !
Il pointait sa lance devant lui et l’agitait tout en fanfaronnant.
K : Ah ah…mais j’en suis persuadée, brave soldat…
Une silhouette émergea de l’obscurité. Il commençait à regretter ses paroles, mais était tétanisé. Il plissa les yeux pour mieux voir, tandis que la silhouette se précisait, accompagnée d’une mélopée entêtante et lugubre qui lui glaça le sang. C’était une femme, une jeune femme aux longs cheveux, d’une beauté surnaturelle, qui chantonnait en souriant sa sinistre mélodie.
K : Viens…viens à moi n’aie pas peur…kerakera…kerakera…toi et moi on rira…kerakera…
Elle était toute proche de lui, et il était incapable d’esquisser le moindre geste. Doucement, elle lui prit sa lance de bambou des mains, et il se laissa faire sans réagir, suspendu à ses lèvres, les yeux plongés dans les siens. Il entendit encore son rire cristallin, une dernière fois. Puis plus rien. Sunichi Mizuki dormait enfin, au moment où Teijo quittait la fosse. Il fermait la marche. Les autres se faufilaient déjà jusqu’à l’arrière du condor, guidés par Ichiro. Quand il se fut assuré que tous les prisonniers étaient bien là, il signala sa présence, et Indali ouvrit la trappe. Ils étaient désormais à l’abri dans le ventre de l’oiseau, à l’exception de Zia, Esteban et Tao.

In : Vous avez réussi !
Elle se mordit presque aussitôt les lèvres. Tao n’était pas là. La mission de Zia allait donc se prolonger. Même si elle savait qu’il y avait peu de chance pour que les deux étrangers soient gardés avec les autres prisonniers, elle avait voulu y croire.
Ic : Tout s’est bien passé, comme prévu. Il n’y a plus qu’à attendre…
Tei : J’ai vraiment cru que c’était Kerakera onna, vous m’avez fait peur !
Az : Idiot, tu crois à ces contes de bonne femme ? En tout cas, c’était très bien fait, c’est vrai.
Mar : Je ne croyais pas Zia capable de ça, elle a été épatante !
Ta : Teijo a raison, j’y ai cru moi aussi un moment !
Mar : Pff, vous les hommes…y’a que vous pour croire aux yôkais !
Az : A ce genre de yôkai tu veux dire…
Tei : Et toi, soeurette, t’aurais eu envie de croiser la route de quel yôkai ?
Az : Aucun, imbécile ! Ils sont tous plus repoussants et effrayants les uns que les autres !
Mar : Je suppose que c’est toi qui as eu l’idée, Ichiro. Grand-père nous racontait souvent toutes ces histoires d’esprits, et tu me disais que pour nombre de tes camarades, ce n’étaient pas que des histoires…
Ic : C’est vrai. Zia a été parfaite. J’espère qu’elle va s’en sortir pour la suite…
In : Elle va s’en sortir, crois-moi. Elle a bien des talents cachés.
Ic : Je sais…mais…
Mar : Elle va essayer de trouver Esteban et Tao toute seule ? Mais c’est de la folie ! Ichiro !
Ic : Tais-toi, c’est assez dur de devoir rester ici sans rien pouvoir faire.
Ma : Trève de discussions ! La première partie du plan s’est parfaitement déroulée, et je veillerai personnellement à ce qu’aucun de vous ne ruine la suite en voulant jouer les héros ! Zia a dit que nous devions tous rester cachés jusqu’à ce qu’elle revienne avec Esteban et Tao, et c’est ce que nous allons faire ! Mais ne restons pas dans cette soute, Sora est tout seul en haut, et avec Indali nous vous avons préparé quelques rafraichissements. J’imagine que votre séjour dans les geôles de ce Shimazu n’ont pas du être des plus agréables.
Personne n’osa protester. La jeune étrangère les impressionnait presqu’autant, avec sa blondeur et son autorité, qu’un yôkai qui aurait voulu les tirer par les pieds pour les faire trébucher et les forcer à boire du saké jusqu’à plus soif.

Zia n’avait pas attendu qu’Ichiro ait emmené le petit groupe jusqu’au condor pour filer vers le château. Elle avait repéré au passage deux soldats qui montaient la garde devant le bec de l’oiseau. Si le Daimyo redoutait qu’Esteban lui fausse compagnie, il devait l’avoir fait surveiller étroitement, et probablement le tenait-il enfermé le plus éloigné possible de l’oiseau d’or. Quant à Tao, il pouvait tout aussi bien être dans une cellule sur les coursives que dans un cachot secret avec Esteban, ou séparé de lui. Elle penchait pour la seconde hypothèse, car elle n’avait pas constaté la présence du jeune Muen aux côtés d’Esteban dans la journée. Cela ne lui facilitait pas la tâche. Dans moins d’une heure le soleil serait levé, ce qui signifiait qu’ils pourraient fuir avec le condor, mais ce qui compliquerait ses recherches. Ichiro lui avait indiqué quelles parties du château pouvaient abriter des prisonniers, mais elle risquait de perdre trop de temps à tout explorer, sans compter qu’elle multipliait les risques de se faire prendre. Elle y avait réfléchi toute la nuit, en essayant de se mettre à la place du Daimyo, mais au moment d’agir elle se sentait plus démunie que jamais. Elle décida pourtant de se diriger vers la partie réservée aux appartements seigneuriaux. A la place du Daimyo, elle aurait voulu garder ce prisonnier précieux sous la main. Avec un peu de chance, Tao serait là aussi. Le nombre de gardes ne devait pas être si conséquent. Comme Ichiro le lui avait dit, la plupart des effectifs étaient préposés à la défense extérieure, au niveau des murs d’enceinte. Puisqu’ils étaient déjà au cœur du château, là où se situait le donjon principal, les soldats n’étaient pas les plus nombreux. En raison de cette stratégie, il était très difficile pour l’ennemi de parvenir jusque là, et pour quiconque l’aurait voulu, de s’échapper, mais pour Zia, cela représentait un avantage non négligeable. En fonction des estimations d’Ichiro, elle avait préparé suffisamment de munitions, et elle n’avait pas l’intention de manquer ses cibles. Elle espérait simplement que sa tenue serait assez discrète pour lui permettre de se fondre dans la nuit, qui cédait peu à peu la place aux lueurs encore vagues de l’aube. Esteban n’aimait pas la voir vêtue de sombre, mais elle avait tenu à conserver dans sa garde-robe des vêtements pratiques dans ce genre de situation, tout en espérant n’avoir pas à les revêtir. Son cœur s’était serré quand elle s’était changée, mais à présent elle gardait son esprit fixé sur son objectif, délivrer Esteban, délivrer Tao, sauver la vie de tous les êtres dont elle avait la responsabilité. Un à un, les gardes tombèrent sans avoir eu le temps de comprendre ce qui leur arrivait, sans remarquer l’ombre qui se glissait parmi eux. Zia visait parfaitement, et le sommeil était quasi-immédiat. Quand elle fut dans les couloirs déserts, elle se détendit légèrement. Ce ne serait sans doute pas compliqué de trouver la pièce où était détenu Esteban.

Tao ruminait dans sa cellule de deux tatamis. Son impuissance l’exaspérait au plus haut point. Certes, il n’avait eu à se plaindre de rien à son retour au château. On l’avait nourri convenablement. Et on l’avait laissé tranquille, trop tranquille. Il n’en pouvait plus. Il avait bien essayé d’engager la conversation avec ses gardes en faisant coulisser le shoji de papier. On lui avait mis une lame sous le nez, et enjoint d’un regard à refermer la porte. Il ne voyait rien de ce qui se passait à l’extérieur, car la pièce n’avait pas de fenêtre. Quand donc Esteban le rejoindrait-il ? Sans aucune information, il ne pouvait que faire des hypothèses sur ce qui se passait à l’extérieur des murs de sa cellule. Il n’était certain que d’une chose : il était encore en vie. Mais pour combien de temps ? Il décida de ne commencer à s’inquiéter que si on venait lui apporter la tête d’Esteban sur un plateau, et s’endormit sur cette pensée réconfortante. Un cauchemar le réveilla. Ce même maudit cauchemar où il perdait tous ceux qu’il aimait et se retrouvait seul face à une menace qu’il ne parvenait pas à identifier, mais qui le cernait de toutes parts. Alors, il se mit à ruminer, pour éviter de cauchemarder. S’en prendre à lui-même, à Esteban et à la terre entière l’empêchait au moins de glisser dans l’abîme. Soudain, il perçut des cris, et tout s’agita autour de lui. On sonnait l’alerte. Il se figea. La panique s’empara de lui. Ils partaient sans lui. Il allait rester seul, à jamais, dans cette cellule étroite. Il avait été trop bête, d’attendre sagement et prudemment, de compter sur les autres ! Ils partaient sans lui ! De rage, il creva d’un coup de poing la fine paroi de papier qui le séparait des gardes. Un instant plus tard, on le traînait dans les couloirs sans ménagement.

Peu avant l’aube, le Daimyo Shimazu s’était éveillé d’un bref somme, entrepris après le départ de ses troupes au milieu de la nuit, comme l’avait suggéré le gaijin. Yoshihiro avait fière allure dans sa tenue de combat. Il avait adressé à son père un bref salut, sobre et digne. Il serait bientôt temps qu’ils partent eux aussi à bord de l’oiseau d’or, en compagnie de quelques soldats aguerris, et de Yoshihisa. Il avait fait appeler Akira Tokitaka. Il lui avait donné l’ordre de préparer deux des prisonniers pour une exécution. Le lieutenant était libre de choisir, n’importe qui ferait l’affaire, du moment que cela impressionnait le gaijin. Bien sûr, l’exécution n’aurait lieu qu’en cas d’échec de l’expédition. Il était inutile de tirer tout le monde de la fosse, une petite mise en scène suffisait. Et il fallait garder des otages au cas où, pour plus tard, selon la façon dont les relations avec le gaijin évolueraient. Akira Tokitaka avait donc précédé la relève, et découvert la fosse vide. Rien n’avait pu réveiller Sunichi Mizuki et Satoru Fujimoto, pas même les cloches de l’alerte.

Zia était parvenue à l’angle d’un couloir faiblement éclairé. Deux gardes étaient postés devant une porte à la moitié du couloir. Avec un peu de chance, elle avait trouvé ce qu’elle cherchait, mais la garde lui paraissait bien mince. Tout était calme. Si des hommes étaient postés dans les pièces voisines, elle devait redoubler de prudence. Malgré la pénombre, elle visa juste, et les deux gardes s’effondrèrent sans bruit, l’un après l’autre. La jeune femme se glissa alors jusqu’à la porte, le cœur battant. Tomber juste dès la première tentative lui paraissait trop beau, mais elle avait déjà parcouru plusieurs couloirs vides, et d’après les indications d’Ichiro elle ne tarderait sans doute pas à trouver l’escalier qui menait à l’étage supérieur, celui où résidait habituellement le Daimyo. Soit Esteban se trouvait effectivement au même étage que le seigneur, soit il était à l’étage inférieur, et dans ce cas…avec une infinie précaution elle fit coulisser le shoji. L’obscurité régnait dans la pièce, et seule la faible lumière du couloir lui permettait de distinguer une forme allongée. Elle vit un pied nu et sourit. Elle l’aurait reconnu entre mille. Elle se glissa dans la pièce et referma le shoji derrière elle. C’est alors qu’elle se rendit compte qu’elle n’entendait pas seulement la respiration calme d’Esteban, mais aussi celle, plus légère, d’une autre personne. Et elle ne la reconnaissait pas. Après des années passées auprès d’Esteban et Tao, elle savait distinguer leur souffle, et cette respiration n’était pas celle de Tao. Un sentiment étrange l’envahit. Elle ne s’était pas préparée à rencontrer cette situation. Elle scruta la pénombre que l’aube naissante teintait de gris, et peu à peu distingua des flaques plus claires, un bras nu allongé, des jambes repliées qui dépassaient de ces flaques claires, qu’elle identifia bientôt comme un vêtement qui enveloppait une forme aux longs cheveux défaits, flottant sur le tatami. Et au creux de cette forme, de cette femme, reposait Esteban, recroquevillé sur lui-même, comme s’il n’avait osé s’allonger auprès de la femme ; mais sa tête était posée près de ses cuisses, à elle. Zia ne pouvait détacher son regard de ces deux êtres couchés si près l’un de l’autre et qui ne se touchaient pas, mais dont les corps offraient une posture telle qu’elle avait l’impression que la femme protégeait le jeune homme, et elle en fut jalouse, d’une jalousie subite dont la violence la cloua sur place, sans pouvoir esquisser le moindre geste, l’esprit vide et le cœur en flammes. Soudain, l’alerte brisa le silence, mais Zia ne bougea pas avant qu’à l’autre bout de la pièce, un shoji ne coulisse pour laisser place à un garde qui ne réalisa pas immédiatement que la femme qu’il avait face à lui n’était pas la même qui était censée se trouver avec le prisonnier. Quand il cria pour l’arrêter, elle s’enfuyait déjà, en refermant violemment le shoji derrière elle.

Du condor, chacun entendit l’alerte. Dans les minutes qui suivirent, ils espérèrent voir surgir Zia, Esteban et Tao. Personne ne disait mot. Les minutes passèrent. Indali et Marie se rendirent à la porte du cockpit, en vain. Aucun bruit n’en parvenait, personne ne s’y trouvait. Alors Indali courut jusqu’à la soute, et Marie la suivit.
Ma : Qu’est-ce que tu fais ?
In : Je veux voir ce qui se passe ! Tu as entendu, il y a un problème !
Ma : Attends, tu ne vas pas ouvrir la trappe tout de même ?!
In : Juste assez pour me rendre compte de la situation. Tu as bien vu qu’on peut contrôler le degré d’ouverture. Personne ne remarquera rien.
Ma : Qu’est-ce que tu en sais ? Tu nous mets tous en danger ! Zia a dit qu’on devait rester cachés, c’est le seul avantage qu’on ait ! Cette alerte, ce n’est peut-être pas pour Zia, ils ont pu s’apercevoir de l’évasion.
In : Peut-être, mais cela ne va pas faciliter les choses pour Zia…
Ma : Ecoute, je sais que ce n’est pas facile pour toi de rester là à attendre, mais c’est la meilleure chose que nous ayons à faire. Esteban fera décoller le condor quoi qu’il arrive, Zia a dit que le Daimyo voulait l’utiliser à son profit, tu t’es rendu compte aussi bien que moi de tous les vols qu’on a faits hier ! Alors on va attendre qu’il décolle, et on va se coller l’oreille à cette fichue porte comme Zia et on avisera ensuite, d’accord ?
In : Oh, et puis zut !
Ic : Marie a raison, Indali. Cette alerte signifie seulement qu’ils ont découvert la fuite des prisonniers. Pas qu’ils ont découvert Zia. C’est vrai que ça va être plus compliqué pour elle de revenir au condor avec Esteban et Tao maintenant que tout le château est réveillé. Chaque minute compte. Mais tant que nous ne sommes pas assurés que nous ne courons plus aucun danger, nous ne devons pas nous montrer.
In : Il ne s’agit pas de nous montrer ! Mais d’entendre ce qui se passe, au moins !
Ma : Nous avons entendu l’alerte, et c’est bien assez. De toute façon, nous ne pouvons rien faire !
Ic : Taisez-vous ! C’est la voix du Daimyo !
Mariko, Tadashi, Teijo et Azami les avaient rejoints.
Ta : Vous avez entendu vous aussi ? Il doit être sacrément furieux !
Mar : Je le serais aussi à sa place…
Tei : Eh eh, je serais curieux de savoir ce qu’il dit !
Az : Facile, il promet de tuer les traitres qui nous ont permis de nous enfuir. Si ça se trouve, les deux gardes vont être exécutés.
Ta : Pauvres bougres…on aurait dû les prendre avec nous.
Mar : Oui, personne n’a pensé à eux…
In : Mais ils n’ont rien fait !
Ic : Justement…mais je ne crois pas qu’ils vont être exécutés. Le Daimyo a trop besoin d’hommes en ce moment.
Ta : Avec le condor, il n’en a plus autant besoin que ça…
In : Comment pouvez-vous rester là à parler sans agir ?
Sans que quiconque ait pu l’en empêcher, la jeune Indienne entrouvrit la trappe. Tous se turent. L’ouverture était infime, mais on entendait à présent distinctement les paroles du Daimyo.

Zia se rendit compte de son erreur lorsqu’elle vit devant elle les escaliers menant à l’étage supérieur, celui du Daimyo. Elle reconnut sa voix, il serait bientôt là. Derrière elle, la retraite était maintenant coupée, si elle revenait sur ses pas, elle tomberait sur des gardes venus avertir leur seigneur, qui arrivaient en courant. Elle vérifia ses munitions, hésita, sa main tremblait. Plus que quelques secondes et ils seraient là, devant et derrière elle, et elle se sentait incapable de faire face. Pourtant elle devait prendre une décision. Elle jeta un regard derrière elle. Elle était certaine d’être passée devant des cloisons qui ouvraient sur des chambres, et non devant un simple mur. Et aucune lumière ne s’était allumée dans ces chambres qui bordaient le couloir. Elle s’engouffra dans l’une d’elles au moment où les gardes apparaissaient au bout du couloir, et se pelotonna dans un coin à côté de la porte. C’est alors qu’elle se rendit compte que la chambre était occupée. Elle jouait de malchance. Un homme s’était dressé sur son céans et regardait dans sa direction. Elle s’apprêtait à lancer une de ses fléchettes soporifiques quand la voix du Daimyo retentit, juste devant la porte.
S : Yoshihisa ! Yoshihisa !Qu’est-ce que tu fais à dormir encore !
Zia suspendit son geste. Si le Daimyo s’avisait d’ouvrir la porte pour vérifier que ce Yoshihisa dormait, et constatait que son sommeil n’était pas ordinaire, elle risquait d’être découverte. Elle estima rapidement le nombre d’hommes dans le couloir. Trop nombreux. Alors elle vit l’homme qui lui faisait face poser un doigt sur ses lèvres. L’instant d’après, elle entendit sa voix.
Ya : Excusez-moi père, j’arrive…
S : Il n’y a pas d’excuse ! Tu n’as pas entendu l’alerte ? Les prisonniers se sont échappés !
Ya : Je dormais si bien…
Tout en répondant, il s’était approché de la cloison et s’apprêtait à la faire coulisser quand elle fut violemment poussée sur le côté, passant à quelques centimètres de Zia.
S : Toi seul peut songer à dormir en pareil cas ! Tu n’as donc aucune honte ? Mon propre fils !
Dans l’encadrement se dressait le Daimyo Shimazu, frémissant de fureur.
S : Habille-toi donc et rejoins nous, ou plutôt, va au diable, espèce de bon à rien ! Je parie que tu as passé la nuit vautré avec des filles comme à ton habitude !
G : Sire, sire !
C’était le garde qui avait surpris Zia.
S : Qu’y a-t-il ? Ne me dis pas que tu as laissé filer le gaijin !
G : Non sire, mes hommes le surveillent mais…il y avait une femme, une étrangère, dans la chambre du prisonnier...j’ai essayé de la rattraper, mais elle a disparu…ou alors elle est allée dans cette partie du château…
S : Une étrangère ?! Fouillez tout ! Quant à toi, Yoshihisa, dépêche-toi de me rejoindre dans la cour, il va y avoir du spectacle ! Faites venir les deux étrangers, et Atsuko !
Il se retourna vers son fils une dernière fois.
S : C’est toi qui m’as conseillé d’envoyer Atsuko auprès du gaijin. Si jamais je découvre qu’elle m’a trahi, je te considère comme responsable !
Ya : Mais enfin c’est ridicule, je ne comprends pas…
Son père s’éloignait sans prêter attention à ses paroles.
Il referma rapidement la cloison. Zia ne put que murmurer un faible merci. Il lui intima l’ordre de se taire.
Ya : Toutes les chambres vont être fouillées, celle-ci comprise. Faites-moi confiance, je vous en prie. Venez ici.
Elle le regarda sans comprendre.
Ya : Ils vont fouiller les placards. Mais vous serez sur le futon.
Il l’attira alors et l’allongea près de lui. Les hommes avaient commencé à fouiller les chambres voisines. On entendait le bruit des cloisons coulissantes des placards ouverts sans ménagement. Yoshihisa se coucha sur Zia en s’excusant et rabattit la couverture sur leurs corps qui n’en formaient désormais plus qu’un.
Ya : Je suis désolé. Je ne peux que vous demander encore d’avoir confiance.
Elle acquiesça et ferma les yeux. Si cela devait mal tourner, elle utiliserait ses dernières fléchettes. Elle aurait voulu être déjà en train de courir vers Esteban. Elle regrettait de ne pas avoir réagi plus tôt. Elle aurait pu filer pendant que les gardes fouillaient les autres chambres. Mais filer où ? Pour quoi faire ? Soudain, elle eut peur de se retrouver face à Esteban. Elle le revit, couché près de cette fille. Et si cette image allait désormais la poursuivre ? Tao. Il y avait Tao. Elle ne pouvait pas l’abandonner. Ni abandonner les autres. Elle devait décoller. Ils l’attendaient. Elle devait les sauver. Sauver Esteban…des larmes se mirent à couler sur ses joues. Pourquoi s’était-elle enfuie ? Elle aurait facilement pu se débarrasser des soldats et fuir avec lui. Elle avait tout gâché, si stupidement. Mais lui…qu’avait-il fait ? Pourquoi doutait-elle de lui ? Elle se mit à frapper le corps de l’homme qui la protégeait, croyant frapper Esteban, puis le serra fort dans ses bras comme si elle avait peur de le perdre. Surpris, Yoshihisa ne sut comment réagir à cette étreinte inattendue. Au même instant, on frappa à la porte, un garde demandait la permission d’entrer. Le jeune homme bredouilla qu’on le laisse tranquille, qu’il était occupé.
G : Ordre de votre père. Nous devons fouiller.
Ya : Eh bien fouillez, mais ne me dérangez pas outre mesure !
Il plongea son visage sur celui de Zia pour le cacher tout en se laissant aller à cette étreinte qui le dispensait de trop feindre.
Un garde entra, tandis que l’autre restait posté à la porte.
G : Toutes mes excuses, sire…
Il fouilla rapidement, en s’efforçant de ne pas regarder vers le futon.
G : Nous vous laissons, sire…
Yoshihisa se dégagea peu après leur départ, saisi d’une émotion indéfinissable, où la peur se mêlait au désir et à la tristesse. Il avait sur ses lèvres le goût des larmes de Zia. Ils attendirent, allongés l’un près de l’autre, que les bruits de la fouille cessent et que les pas décroissent dans le couloir.
Ya : Que comptez-vous faire, seule ? Vous n’avez aucune chance.
Z : Il ne me reste que deux prisonniers à délivrer, et je sais où ils sont désormais.
Ya : Dans la cour, vous serez une cible facile.
Z : Je vous remercie de votre aide, mais je n’ai pas besoin de vos conseils.
Ya : Vous êtes troublée…cela m’inquiète… Ils se sont éloignés, mais ce n’est peut-être qu’une ruse. Je ne sais pas s’ils ont été vraiment dupes…Peut-être ont-ils été chercher mon père…
Z : Vous allez venir avec moi. Désormais, vous êtes mon otage. Fermez votre yukata et sortons.
Ya : Quoi ?
Z : Votre père veut vous voir dans la cour. Il veut du spectacle, c’est ce qu’il a dit, non ? Allez, debout ! J’ai perdu assez de temps !
Ya : Pas si fort ! Vous êtes folle !
Z : Votre père détient deux de mes amis. Vous serez ma monnaie d’échange, au cas où.
Ya : J’ai bien peur de faire une piètre monnaie d’échange. Je n’ai guère de valeur à ses yeux, comme vous avez pu l’entendre.
Z : Vous… oubliez cette idée, ce serait une bien mauvaise façon de vous remercier…Adieu !
Il la retint par le bras.
Ya : J’ai envie de voir comment réagira mon père, allons-y.
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par Akaroizis »

Superbe. C:
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

Saison 1 : 18.5/20
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par yupanqui »

Merci pour cette belle suite.
Vivement les parties suivantes.
Ne pleure pas Zia : tu vas vite retrouver ton Esteban et lui montrer que tu veux bien mieux qu’une belle Japonaise.
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Akaroizis, Yupanqui, merci, ça fait toujours plaisir de faire plaisir.
Comme j'ai eu un peu de temps aujourd'hui, j'ai fini de retravailler la partie 7, donc j'espère une publication prochaine, après relectures, corrections et éventuelles modifications. De toute façon il va falloir que je termine ce chapitre bientôt. Au plus tard début juillet (voilà pour les annonces de délai, mais je ne garantis rien!)
Patientez bien!
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par Akaroizis »

Nous ne sommes pas pressés !
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Akaroizis a écrit : 19 juin 2019, 10:04 Nous ne sommes pas pressés !
Tu es sûr que tu es un koala et pas un paresseux? :x-): Mais tu as raison, un peu de lenteur dans ce monde hyper-stressé/pressé ça fait du bien.
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Message par Akaroizis »

Mon cousin l'paresseux a bien des qualités, dont celui d'être patient. :x-):
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Eh bien pour une fois je ne vais pas trop abuser de votre patience et j'espère que le coeur fragile des êtres de la famille des koalas et autres paresseux ne va pas s'arrêter de battre à cause de la publication si soudaine de la suite (mais pas de la fin, il y aura bien une partie 8 8))
Partie validée par Seb, donc j'espère que les autres admirateurs de Zia y trouveront aussi leur compte. ;)


Partie 7

La cour était en effervescence. Les hommes préposés à la surveillance des enceintes extérieures avaient été redéployés pour aider à la traque des évadés, et étaient rejoints peu à peu par les gardes qui avaient cherché Zia sans succès. Au fur et à mesure qu’ils faisaient leur rapport au Daimyo, la fureur de ce dernier augmentait. A quelque pas de lui, trois silhouettes agenouillées, les mains liées dans le dos, étaient fermement maintenues tête baissée, et attendaient leur sort. Un peu plus loin, Akira Tokitaka achevait d’interroger Sunichi Mizuki et Satoru Fujimoto, qu’on avait réussi à tirer de leur sommeil. Puis il rejoignit son seigneur.
A : Les deux gardes affirment avoir vu et entendu Kerakera onna. Ils ne savent rien d’autre.
S : Les imbéciles ! Et comment était-elle d’après eux ?
A : Ils n’ont pas bien vu, c’était une silhouette sombre, avec de longs cheveux, mais elle leur a paru très belle.
S : Depuis quand un yôkai est-il censé être beau ? ! C’était elle, évidemment, l’étrangère ! Elle ne partira pas sans eux…quant aux autres prisonniers, ils n’ont pas pu sortir du château !
A : En effet, le château est si bien gardé…mais les effectifs étaient moins nombreux cette nuit en raison de l’expédition…
S : Je suis sûr qu’ils sont encore là ! Nous allons les trouver ! Quant à elle, tu vas voir qu’elle va bientôt se montrer ! As-tu interrogé Atsuko ?
A : Elle affirme être restée toute la nuit avec le gaijin, comme convenu. Les gardes postés dans les chambres adjacentes ont confirmé les avoir entendus discuter longuement…
S : Discuter ! Vraiment ?! Et de quoi ?
A : Ils n’ont pas tout saisi, mais il était beaucoup question d’une femme, que le gaijin aurait laissée au loin, mais avec laquelle il doit se marier…
S : Au loin ! Quel fourbe ! Je ne sais pas comment elle est entrée ici, mais elle n’en sortira pas vivante, ni lui non plus !
A : Si je puis me permettre, nous avons besoin de lui…votre fils est parti avec notre armée..
S : Tu me prends pour un idiot ?!
A : Non, non, veuillez m’excuser sire…
S : Réfléchis avant de parler !
A : Oui…oui…et, et que dois-je faire d’Atsuko ? Et des deux gardes ?
Le Daimyo lui lança un regard noir sans lui répondre, puis s’éloigna en direction des trois silhouettes.
S : Alors, Esteban-san, il parait que tu n’as été capable que de parler avec la belle Atsuko ? Tu me déçois…rester insensible à une fille pareille…. C’est la favorite de Yoshihisa…mais tu ne seras pas indifférent à sa mort, je parie…
E : Si vous croyez que faire couler le sang peut apaiser votre colère…
S : Je n’ai pas besoin de tes leçons !
Il le gifla violemment.
E : Et il est inutile de me forcer à faire décoller le condor. J’ai l’intention d’honorer ma parole.
S : Comment oses-tu parler d’honorer ta parole alors que tu m’as trompé !
Une deuxième gifle siffla.
S : Mais tu as raison, Atsuko n’a pas à payer pour tes erreurs, elle est trop précieuse. Ton ami, en revanche…
T : Vous n’avez pas fini avec vos menaces ? Si vous continuez vous allez énerver Esteban et il ne voudra plus décoller, c’est moi qui vous le dis ! Ce sera bien fait pour vous !
E : Tao ! Non !
La troisième gifle fut pour Tao.
T : Vous feriez mieux de me remettre dans ma cellule et de partir faire ce que vous avez à faire, quoi que ça puisse être, inutile de vous embêter pour moi, je suis très patient, et la nourriture est excellente. Regardez, le soleil se lève, il est temps, non ?
S : Tais-toi, impertinent !
La quatrième gifle sonna Tao mais il rit.
T : Ah ah, si ça peut vous défouler, allez-y, mais je connais de meilleurs moyens, il faudra que je vous en parle un de ces jours…
E : Tao, ne sois pas stupide, arrête !
T : On voit bien que c’est pas toi qui n’as eu personne avec qui parler depuis deux jours !
Le Daimyo s’accroupit à la hauteur de Tao.
S : Puisque tu es si malin, dis-moi quel intérêt j’ai à te maintenir en vie.
T : Si je meurs, quel intérêt Esteban a-t-il à vous obéir ? Je suis votre otage, oui ou non ?
S : Tu sais que mes autres otages se sont envolés ? Qu’il y a une fille qui les a délivrés ? Et que tout ce petit monde doit être encore là, à guetter le moment où je partirai avec mes meilleurs hommes…je n’ai pas envie qu’ils m’échappent, ni toi non plus. Et si ça se trouve, vous êtes tous à la solde de mes ennemis, et c’est une stratégie pour s’emparer de mon château…alors je ne partirai pas, non, pas tant que je ne vous aurai pas tous à ma merci, toi, ton ami, cette fille, et ces traitres qu’elle a délivrés !
T : Vous êtes un grand paranoïaque, vous ! Je vous promets qu’on n’en a rien à faire de votre château, on est attendus pour un mariage, alors si vous aviez l’amabilité de nous rendre le marié après votre petit tour en condor, on vous laisse tranquille, c’est tout simple !
S : Gardes ! Emmenez-le devant le condor et préparez-vous ! Et vous tous, où que vous vous cachiez, regardez bien ! On ne défie pas impunément le Daimyo Shimazu !
E : Non, arrêtez, je vous en prie, sire, Tao a raison, nous ne cherchons pas à vous nuire, soyez clément, n’oubliez pas que vous êtes à l’aube d’une grande victoire ! Votre peuple vous en sera reconnaissant, nous vous en serons reconnaissants !
S : Toi et ton ami avez été bien traités, et voilà comment vous me remerciez ! Vous accordez plus d’importance à un tas de misérables traitres qu’à l’honneur de servir le clan Shimazu ! Vous avez trahi ma confiance pour les sauver, eux ! Regarde bien, la fille, c’est la dernière fois que tu vois ton ami vivant !
Obéissant aux ordres, les gardes entraînèrent Tao vers le condor.

Ichiro en avait assez entendu.
Ic : Il va le tuer! Teijo, aide-moi !
Depuis que Zia lui avait exposé son plan, il avait cherché un moyen de sortir discrètement en cas de nécessité, sans rien dire. Il avait repéré une corde dans la soute, qui lui permettrait peut-être de descendre à terre. Il courut la prendre, puis ordonna à Teijo d’ouvrir légèrement plus la trappe, afin qu’il puisse se glisser dehors le long de la corde.
Ma : Qu’est-ce que vous faites ?!
Ichiro demanda à Teijo de tenir l’extrémité de la corde tandis qu’il la lançait au dehors.
Ic : Refermez derrière moi et ne sortez pas !
Mar : Ichiro, non, arrête !
Il avait déjà disparu. On entendit le bruit d’une légère chute. Teijo se retourna pour demander à Tadashi de tenir la corde. Il avait l’intention de suivre Ichiro. Tadashi prit la corde puis la tira prestement à l’intérieur et referma la trappe.
Tei : Qu’est-ce que tu fais ? On ne peut pas le laisser risquer sa vie seul !
Ta : Tu as raison, mais il y a sûrement un autre moyen de nous rendre utiles. Et si nous mourrons tous, à quoi tout cela aura-t-il servi ? Le Daimyo aura eu ce qu’il voulait.
Tei : Il va tous les tuer !
Ta : Tu n’as pas compris ? Il a besoin d’Esteban. Et il essaie d’attirer Zia dans un piège. Mais si elle ne se montre pas…
Mar : Tadashi a raison. Indali, tu n’as aucune idée de la façon dont nous pourrions les aider ?
Indali semblait pétrifiée. Elle voyait déjà la tête de Tao rouler sur le sol.
Ma : Indali ? Mariko, je crois que j’ai une idée. Indali, tu sais, ce que tu m’as montré l’autre jour ? Indali !
La jeune indienne se reprit brusquement.
In : Venez avec moi !

A : Sire ! Là-bas !
Akira Tokitaka pointait du doigt deux personnes qui émergeaient de l’ombre du donjon. Yoshihisa, couteau sur la gorge, marchait devant Zia.
S : Regardez un peu ça…cette mauviette se fait mener par le bout du nez par une femme !
Il donna l’ordre de suspendre l’exécution, et le soldat baissa son sabre.Les gardes maintenaient fermement Tao, à quelques pas devant le condor. Ichiro s’était glissé derrière une des pattes et surveillait la scène, attendant le moment propice pour intervenir. L’apparition de Zia offrait une diversion bienvenue, mais elle constituait une cible malgré son otage. Les murs d’enceinte étaient percés de multiples meurtrières, et tous les hommes n’avaient sûrement pas quitté leur poste pour participer aux recherches, sans compter que les soldats qui entouraient le Daimyo pouvaient très bien intervenir. Ichiro ne parvenait pas à imaginer que Zia tuerait sans hésiter le fils du Daimyo, ou s’en servirait comme bouclier. Il ne comprenait pas sa stratégie. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il fallait tirer ses amis de là, et Tao en priorité.
S : Approche un peu, femme, que je te voie mieux !
Ya : N’en faites rien !
E : Zia !
Il fut incapable d’articuler un mot de plus, terrassé par son impuissance. Il aurait voulu se persuader que la jeune femme savait ce qu’elle faisait, mais un frisson de terreur le parcourut, à la voir ainsi aller au-devant du danger. Il ne parvenait pas à se réjouir de son intervention providentielle, il ne parvenait pas à garder confiance dans la force de sa fiancée, car il voyait sur son visage non pas la sérénité qui la rendait si puissante, mais une détermination farouche, presque sauvage, qui contrastait avec son calme apparent.
Zia continua à avancer. Yoshihisa sentait le couteau sur sa gorge, mais la main de Zia ne tremblait pas.
S : Ce visage…Te voilà enfin…Tu ne manques pas de culot, étrangère, mais cette fois ta témérité causera ta perte, et celle de tes amis !
Z : Je tiens la vie de votre fils entre mes mains.
S : Peuh ! Si tu crois que ça m’impressionne ! Je parie que tu n’es pas capable de le tuer ! De toute façon, ce ne serait pas une grande perte !
Z : Vous avez raison, ce n’est pas mon habitude de faire couler le sang. Il y a bien d’autres moyens d’obtenir ce que l’on veut, sans employer la violence. Ce sont les faibles qui se conduisent en brutes.
S : Comment oses-tu ! Archers, préparez-vous à tirer !
Zia abaissa la main qui tenait le couteau et poussa Yoshihisa sur le côté. Sombre silhouette solitaire, elle faisait face au Daimyo, sans bouger. Les archers avaient bandé leur arc.
En proie à une rage grandissante, Yoshihisa fixait son père. Il s’efforça de maîtriser sa voix pour éviter de trahir sa colère.
Ya : Votre emportement nous fait perdre du temps. Yoshihiro a besoin de nous. Libérez Esteban et son ami, et partons accomplir notre devoir.
S : Pourquoi ne captures-tu pas l’étrangère ?
Ya : Un grand général sait maîtriser sa colère. Il use de la force à bon escient, et s’assure la loyauté de ses alliés par un comportement exemplaire et juste.
S : Ainsi , tu as retenu quelques unes de tes leçons. Tu me surprends, je croyais que seule la musique et la poésie t’intéressaient. Et les filles.
Ya : Quand il s’agit de l’intérêt du clan…
S : Tais-toi ! Je sais très bien quel est ton intérêt ! Tirez !
Les archers, suspendus à cet ordre, frémirent en obéissant, glacés par le geste qu’ils avaient pourtant l’habitude d’effectuer d’instinct, sans se poser de question. Esteban hurla en tentant de se dégager, en vain. Autour de Zia , les flèches fusèrent, sans atteindre leur cible. Elles s’étaient toutes fichées dans le sol à quelques centimètres des pieds de Yoshihisa. Ce dernier était à terre et regardait, sans comprendre, Zia, qu’il avait essayé de protéger de son corps quelques secondes auparavant. Elle l’avait violemment repoussé et se tenait toujours à la même place. Son visage affichait un calme qui lui parut irréel. Le Daimyo la regardait sans comprendre, il ne voyait qu’une chose : elle le mettait en échec. Il réitéra l’ordre de tirer. Ichiro, qui était resté caché derrière une patte du condor, décida alors d’agir et fonça sur le groupe qui entourait Tao, devant le condor, en hurlant, ce qui eut pour effet de faire hésiter un instant les archers, troublés. Les flèches partirent pourtant, tandis qu’Ichiro esquivait les coups de sabre et que le Daimyo ordonnait à Akira Tokitaka d’intervenir. Il s’empressa d’obéir. Une flèche l’interrompit dans son élan, et d’autres virent semer la pagaille parmi les soldats, surpris de les entendre siffler à leurs oreilles ou se ficher à leurs pieds. La stupéfaction régnait à présent dans la cour. Tous regardaient Zia, toujours immobile. Nulle nouvelle flèche ne l’entourait. Aucune ne l’avait atteinte. Ichiro bouscula les gardes et n’eut pas de difficulté à leur faire lâcher Tao. Les autres ne réagirent pas. Ichiro se mit à reculer avec son ami vers l’arrière du condor, tout en coupant ses liens.
Ic : C’est Zia qui a détourné les flèches ?
T : C’est son petit talent caché…mais si elle en abuse…tout ça ne me dit rien qui vaille.
Ic : En tout cas c’est efficace !
T : Profitons-en pour délivrer Esteban !
Ic : Je m’en charge, mets-toi à l’abri !
T : Tu veux rire ? J’ai besoin de me dégourdir les jambes ! Oh non, c’est un coriace, celui-là !
Le Daimyo, qui ne se préoccupait plus d’eux, était resté figé tel une statue face à Zia. Soudain, il tira son sabre et courut dans sa direction. Yoshihisa bondit sur ses pieds pour s’interposer.
Ya : Père ! Ne faites pas ça !
Le Daimyo s’arrêta devant lui.
S : C’est ainsi que tu as choisi de mourir...fidèle à toi-même, préférant une fille à l’honneur du clan !
Ya : J’agis dans l’intérêt du clan. Notre avenir dépend maintenant de ces étrangers. Yoshihiro…
S : Yoshihiro vaut mille fois mieux que toi !
Le sabre fendit l’air, mais ne parvint qu’à entamer la chair du jeune homme sans lui transpercer la poitrine. Le Daimyo eut un instant l’impression que l’arme lui résistait, puis elle lui échappa des mains et vola à quelques mètres de là. La cour résonna des cris de stupéfaction des soldats.
T : Bien joué Zia ! C’est le moment ! Allons-y !
Le Daimyo se sentit trembler. Il lui fallait réagir, mais il ne parvenait plus à faire le moindre geste. Il avait l’impression de dépenser toute son énergie à se maintenir debout, droit, face à cette étrangère impassible qui le défiait tout en restant aussi immobile qu’une statue. Malgré la douleur, Yoshihisa eut la présence d’esprit de courir vers le sabre et de le ramasser.
S : Soldats ! Préparez vos mousquetons !
Un murmure parcourut les hommes. Tous ne possédaient pas d’arme à feu, que le Daimyo réservait plutôt pour le champ de bataille. Ceux qui en étaient armés comprenaient ce qu’on attendait d’eux, mais comment allaient-ils tirer si leur seigneur restait ainsi face à l’étrangère ? Alors le Daimyo, lentement, se mit à reculer. Zia sourit, et ce sourire le glaça. Esteban vit aussi ce sourire, presque une grimace. Son angoisse s’amplifia à voir ce masque plaqué sur le visage tant aimé. Zia se transformait, dangereusement.
E : Sire ! Arrêtez, je vous en prie ! Libérez-moi, et partons sans plus tarder ! Zia ! Zia, écoute-moi, tu n’es pas obligée de faire ça, ne reste pas là comme ça, je t’en supplie !
Ya : Ecoutez-moi, tous !
La poitrine ensanglantée, le jeune homme brandissait le katana de son père.
Ya : Qu’y a-t-il de plus important que la paix et la justice? Nous avons la possibilité aujourd’hui d’obtenir la paix, alors battons-nous pour cela ! Tout ce que cette femme veut, c’est la justice, alors donnons-la lui ! Vous, libérez Esteban-san ! Et vous, laissez ces deux hommes tranquilles ! Cessez tous de rechercher les prisonniers ! Nous avons mieux à faire ! Notre armée attend notre soutien ! Allons-nous laisser ces braves affronter seuls le clan Ito ?
S : Abattez-le ! Abattez-les, tous ! Tokitaka ! qu’est-ce que vous attendez pour arrêter ces hommes ! Les prisonniers s’échappent !
Il venait de repérer Ichiro et Tao. Akira Tokitaka, bien que blessé par une des flèches détournées par Zia, réagit enfin aux cris de son seigneur, comme s’il se réveillait d’un cauchemar, et lança ses hommes sur Ichiro et Tao, tandis que les soldats qui retenaient Atsuko et Esteban se préparaient à recevoir leurs assaillants, qui se retrouvaient pris au piège, à présent que l’attention des soldats n’étaient plus détournée sur Zia et le Daimyo. Mais personne n’avait encore tiré. Les soldats hésitaient entre les cibles multiples que le Daimyo avait désignées, et étaient troublés par les paroles de leur jeune seigneur.
Ya : Ne tirez pas !Tokitaka ! Rappelez vos hommes !
S : Tirez, tirez, obéissez à votre seigneur ! Yoshihisa a raison Tokitaka, rappelez vos hommes, qu’ils laissent le champ libre pour les tireurs ! Ah ah ah !
Il riait à gorge déployée, quand il sentit une tension sur son bras gauche, qui se souleva sans que ce soit l’effet de sa volonté. Soudain, la protection qui recouvrait son avant-bras fut arrachée et s’écrasa au sol à quelques mètres de lui. Son rire mourut aussitôt. Le même phénomène se produisit sur son bras droit. Zia le regardait fixement. Il tremblait. Elle se mit à rire doucement.
S : Kerakera onna…Cette fille…cette fille est un démon !
Z : Non. Quand admettrez-vous que votre fils a raison ? Je veux que vous nous rendiez justice, à mes amis et à moi. Vos sujets ont le droit de savoir que vous reteniez abusivement des personnes innocentes et que vous vous en serviez comme otages, en prétextant qu’elles étaient des traitres, ce que je conteste. Ichiro, un soldat loyal, s’est révolté contre la cruauté dont ses supérieurs ont fait preuve pour recruter davantage d’hommes pour une guerre sans fin. Il a sauvé un enfant. Que penseraient vos sujets de son acte courageux ? Cette vérité vous dérange, et elle vous dérange d’autant plus qu’Ichiro est l’ami d’étrangers contre lesquels vous gardez une rancune tenace, pour des faits qui remontent à dix ans. Et même quand ces étrangers se disent prêts à vous aider, vous vous obstinez à leur faire payer ce qu’ils vous ont fait dans le passé. La vérité, c’est que vous faites passer votre vengeance avant l’intérêt de vos sujets. Que vous êtes prêt à sacrifier votre propre fils pour cela. Je vous ai dérobé votre sabre il y a dix ans, je le reconnais. Je m’en excuse, même si j’avais de bonnes raisons de le faire. Vous m’en voulez, à juste titre, mais de quel droit voulez-vous faire payer les autres pour cela ?
S : Tu m’as humilié, et tu oses réclamer justice !
Z : Je réclame la justice pour mes compagnons, et pour votre fils !
S : Mon fils n’est qu’un traitre ! Et toi, tu dois payer ! Tu m’as humilié une fois de plus !
Z : Je n’ai fait que me défendre contre votre colère, et défendre votre fils. Sans violence. Je reconnais que j’ai fait évader les prisonniers, et que j’ai tenté de délivrer mes deux amis. J’aurais sans doute réussi si…mais les choses ont tourné autrement. Pourtant, il ne tient qu’à vous de dénouer la situation. En faisant cesser la violence. Car vous voyez que vous ne pouvez rien contre moi. Et vous savez que nous pouvons beaucoup pour vous, et pour vos sujets. Si vous voulez agir dans l’intérêt de tous, laissez-nous libres.
S : Je n’ai aucune leçon à recevoir d’une étrangère. Mais j’apprécie que tu aies reconnu tes torts. Tu ne mesures pourtant pas l’ampleur du mal que tu as causé. Rien ne peut racheter ta faute. Tirez ! Tirez, vous dis-je !
Un murmure s’éleva parmi les hommes. Certains se préparèrent. Les soldats qui entouraient Esteban, Ichiro et Tao s’écartèrent. Deux nouvelles plaques de l’armure du Daimyo s’arrachèrent et retombèrent avec fracas aux pieds de Zia. Il hurla. Un soldat tira en direction de la jeune femme, sans succès. Ses cheveux, soulevés par le souffle de la balle, frémirent un instant. Ce premier tir, hasardeux, en déclencha d’autres, par réflexe. C’est alors que d’autres projectiles se mirent à fuser, et que des éclairs emplirent le ciel matinal. Des soldats tombèrent, d’autres lâchèrent leurs armes, aveuglés par des flashs de lumière éblouissante. Bientôt, la panique s’empara des hommes.
Tao : Ne respirez pas ! Fermez les yeux et courez vers le condor !
E : Détache-moi, je vais chercher Zia !
Tao : Prépare-toi plutôt à décoller ! Je me charge de Zia ! Ichiro, détache-le !
E : Tao !
Le jeune Muen filait déjà, au grand dam de son ami, qui s’inquiétait autant pour lui que pour sa fiancée. Mais Tao avait raison, il fallait être prêt à décoller au plus vite, et sortir de ce cauchemar. Les balles sifflaient autour d’eux, de façon sporadique, et comme si elles partaient dans tous les sens, sans viser qui que ce soit en particulier. Ichiro coupa les liens d’Esteban en toussant, tant la fumée était épaisse à présent.
E : Essaie de ne pas respirer, ou tu vas tomber comme ceux-là !
Il désignait quelques soldats étalés à terre, vaincus par les gaz soporifiques.
Ic : Epargne ta salive toi aussi ! C’est bon, on file !
Une nouvelle explosion salua leur fuite en avant. Ils entendirent Tao crier.
T : Indali, arrête, c’est trop dangereux !
Un instant plus tard, ils étaient parvenus au pied de l’oiseau d’or.
E : Passe devant !
Esteban s’apprêtait à grimper à la suite d’Ichiro quand il entendit Tao crier le nom de Zia. Il se retourna. La cour était étrangement calme. On n’entendait plus aucun tir, plus aucune détonation. La fumée se dissipait. Certains soldats, qui s’étaient jetés au sol pour se protéger, relevaient prudemment la tête. Certains étaient toujours debout, complètement immobiles, ne sachant que faire. La plupart dormaient. Mais la seule chose que vit Esteban, c’était que Zia ne se tenait plus à la place où elle était restée dressée face au Daimyo depuis son apparition dans la cour du château. Tao était agenouillé au-dessus d’un corps. Esteban ne vit pas le Daimyo, à quelques pas de là, dépouillé de son armure, et comme statufié. Il ne vit pas non plus Yoshihisa, le sabre de son père à la main, courir vers le corps inerte. Il ne voyait que son amour, brisé. Déjà il était auprès d’elle, sans avoir eu conscience de s’être déplacé pour la rejoindre. Elle était là, devant lui, les yeux fermés, ses cheveux étalés autour de son visage paisible. Il tomba à genoux. Elle semblait dormir. Elle ne réagit pas quand il effleura sa joue. Il glissa ses doigts tremblants sur ses lèvres. Le souffle de sa bien-aimée fit vibrer son cœur. Une pression sur son épaule le fit sursauter.
T : Elle n’a rien, à mon avis. Elle est épuisée. Aide-moi.
Esteban, sans un mot, le repoussa. C’est seul qu’il avait l’intention de porter Zia jusqu’au condor. Tao n’insista pas. Pendant que son ami soulevait la jeune femme, il se retourna. Il eut l’impression que le temps s’était arrêté. Les soldats encore debout restaient figés, dans l’attente d’un ordre. A quelques mètres, le condor avait gardé son bec ouvert, mais personne n’était visible dans le cockpit. Ichiro était redescendu au pied de l’escalier, après avoir ordonné aux autres de rester à l’abri. Mais personne dans la cour ne semblait faire attention à l’oiseau d’or. Tous avaient les yeux rivés sur le Daimyo désarmé et dépouillé de son armure, et sur son fils, katana en main, qui s’était arrêté à quelques pas des trois étrangers.

T : Laissez-nous passer.
Ya : Ne partez pas.
T : Ne partez pas ?!
Il voulut ajouter quelque chose, mais la colère l’en empêcha, et il continua à avancer, bousculant Yoshihisa au passage. Ce dernier ne tenta rien pour arrêter Esteban, du moins, il ne trouva le courage de parler que quand il n’eut plus à soutenir le regard du jeune homme.
Ya : Esteban-san, attendez ! Je vous en prie…
Il ne put rien dire de plus, conscient de l’absurdité de la demande qu’il s’apprêtait à formuler, au vu des circonstances. Il n’y avait plus qu’à les laisser partir, et accepter que le manque de sang-froid dont son père avait fait preuve entraîne la perte du clan Shimazu. Détournant son regard d’Esteban et Tao, Yoshihisa se dirigea vers le Daimyo. Lorsqu’il fut parvenu devant lui, il lui présenta le katana en s’inclinant.
Ya : Permettez que je vous accompagne pour porter renfort aux troupes de Yoshihiro. Ou faites de moi ce qu’il vous plaira.
Quand le seigneur se décida à parler, sa voix fut à peine audible.
S : Va dire à Esteban-san que le Daimyo Shimazu se retire et cède sa place à son fils aîné. Demande-lui s’il accepte de porter cette nouvelle ainsi qu’une proposition de paix au fief du clan Itô.
Incrédule, Yoshihisa se redressa et chercha à croiser le regard de son père. Il n’y lut rien d’autre que la franchise . Alors il courut vers le condor. Les soldats réagirent en reprenant leurs armes, mais aucun ordre ne vint. Ichiro, en voyant arriver le jeune homme sabre en main, cria pour prévenir Esteban, et se mit en devoir de le protéger.
Ya : Non ! N’ayez crainte ! Esteban-san, écoutez-moi une dernière fois, et moi, le Daimyo Yoshihisa Shimazu, successeur de Takahisa Shimazu, je respecterai votre décision , quelle qu’elle soit.
Ic : Le Daimyo Yoshihisa Shimazu ?
Cette fois, le jeune seigneur parla de façon à être entendu de tous.
Ya : Mon père vient d’abdiquer. Toutefois, il souhaite que je porte en son nom cette nouvelle et une proposition de paix au clan Itô. Esteban-san, tous les membres du clan Shimazu vous seraient infiniment reconnaissants si vous acceptiez d’aider à la réussite de cette mission, qui apportera paix et prospérité à notre région. J’abandonne toutes les poursuites contre les prisonniers, et je fais serment d’assurer la sécurité de tous vos amis pendant l’accomplissement de cette mission.
Un nouveau murmure s’éleva dans la cour. Les soldats observaient le Daimyo Shimazu pour trouver confirmation des dires de son fils. Alors il ordonna d’une voix forte qu’on lui apporte son écritoire afin de rédiger les documents au plus vite. Esteban s’était arrêté au pied de l’échelle d’accès, sur laquelle se trouvait déjà engagé Tao.
T : Esteban, dépêche -toi ! Tu ne crois tout de même pas ce conte ? Nous n’avons aucune obligation envers qui que ce soit ici !
Esteban serra Zia contre lui. Il avait eu tellement hâte de l’arracher à cet endroit où elle avait pris tant de risques pour lui, mais aussi pour eux tous, et à présent, il hésitait. Il repensait à ses paroles face au Daimyo. Elle avait appelé à faire cesser la violence, et la violence avait cessé. Le Daimyo s’était incliné, et avait pris cette décision extraordinaire. Il ne s’agissait plus de vaincre le clan Itô, mais de faire cesser la guerre. Esteban avait conscience que s’il acceptait la mission, il sauverait bien des vies. S’il refusait, quel serait le sort des troupes de Yoshihiro ? S’il était vaincu, le clan Itô déferlerait probablement sur Kagoshima. Pouvait-il laisser ainsi ces gens à leur sort, alors qu’avec le condor, il avait de grandes chances de persuader les ennemis d’hier d’accepter une paix qui ne se ferait au détriment d’aucun parti ? Et s’il refusait, quel avenir offrait-il à ses amis ? Il ferait d’eux des exilés, qui perdraient tout et devraient recommencer une autre vie, ailleurs, mais où ? Le Daimyo leur offrait sa clémence, et une chance de vivre en paix sur leur terre natale. Il n’avait pas le droit d’être égoïste. Zia lui en aurait voulu. Zia…était-ce une preuve d’égoïsme que de vouloir la soustraire à l’homme qui avait voulu la tuer ?
T : Esteban ! Filons avant qu’il soit trop tard ! Ne fais pas confiance à ce type !
Une petite voix se fit alors entendre du cockpit.
Ma : Eh bien moi je ne suis pas de ton avis, Tao. Je sais reconnaître un homme sincère quand j’en vois un.
A la stupéfaction de tous, la jeune fille blonde se montra, et s’adressa à Yoshihisa.
Ma : Daimyo Shimazu, je vous ai écouté attentivement et je vous ai observé, et vos paroles ainsi que votre conduite m’ont convaincue que vous aviez l’âme noble, et que vos intentions étaient bonnes. Quant à votre père, je crois qu’il a enfin retrouvé ses esprits et je rends hommage à sa sagesse et à l’intérêt qu’il porte à son peuple. Seul un grand seigneur est capable de reconnaitre ses erreurs. Aussi je ne saurais que trop encourager Esteban à accomplir cette mission.
Y : Que..Qui êtes vous ?
T : Marie, non ! Ne dis rien, bon sang !
Elle l’ignora superbement.
Ma : Je suis Marie de Habsbourg, fille aînée de Charles Quint de Habsbourg, roi des Espagnes, de Naples, de Sicile et de Jérusalem, empereur du Saint Empire Germanique, et je me place sous votre protection le temps que la mission soit accomplie.
T : Quoi ?! Esteban, dis quelque chose !
Le jeune homme restait muet. Alors les autres passagers du condor qui étaient restés cachés se montrèrent et Mariko s’adressa au jeune Daimyo Shimazu.
Mar : Sire, nous vous remercions de nous accorder votre pardon et nous nous plaçons aussi sous votre protection. Nous prierons pour que votre mission réussisse.
Tao acheva de gravir l’échelle à toute allure et bondit dans le cockpit.
T : Qu’est-ce qui vous prend tous ? Zia vient de risquer sa vie pour vous ! Elle vous a sauvés, elle nous a sauvés, Esteban et moi, et vous voudriez rester dans ce maudit château, à la merci d’un homme qui nous a tous mis en danger ? Et toi, Marie, de quel droit prends-tu de pareilles initiatives ? Nous sommes responsables de ta sécurité ! Ici c’est nous qui décidons !
La jeune fille pâlit. Tao frémissait de colère. Il se tourna vers la trappe et appela Esteban.
T : Dépêche-toi de monter et de faire décoller le condor !
Puis il s’adressa à nouveau au groupe.
T : Vous avez pris des risques insensés ! Je ne permettrai pas que vous agissiez à nouveau ainsi ! Indali ! C’était très dangereux ! Tu aurais pu te brûler, vous auriez tous pu vous brûler ! Ne refais jamais ça !
La jeune Indienne ne l’avait jamais vu ainsi. Il se passa une main dans les cheveux puis se tourna brusquement pour aider Esteban. Ce dernier avait obéi instinctivement à l’ordre de son ami et chargé Zia sur son épaule pour pouvoir rejoindre le cockpit. Tao le délesta du corps de sa bien-aimée afin qu’il puisse plus facilement prendre pied à bord, et allongea la jeune femme inconsciente sur une des banquettes. Tous attendaient un mot du jeune Atlante, mais Esteban se sentait incapable de parler. Il se sentait perdu sans Zia, plus que jamais, tout en ressentant aussi un immense besoin de la protéger. A présent qu’il était à bord avec elle, tout aurait dû lui paraître plus évident, et pourtant, il ne parvenait pas à prendre une décision. Ichiro ne l’avait pas suivi. Le frère de Mariko regardait Yoshihisa s’éloigner. Tous à bord entendirent le nouveau seigneur ordonner aux soldats de se préparer à partir en renfort des troupes de Yoshihiro. Ichiro tourna le dos au condor et s’éloigna lui aussi. Il lui était impossible de se soustraire à son devoir. Même s’il désapprouvait la guerre, les méthodes de ses supérieurs, leur cruauté et celle du Daimyo, il ne pouvait pas partir lâchement, au moment où se jouait l’avenir du clan Shimazu, et de tous ceux qui en dépendaient. Sora était à l’abri, en sécurité, Azami aussi , ainsi que Mariko, Tadashi, Teijo, c’était tout ce qui comptait, et ses amis avaient suffisamment risqué leur vie pour eux tous. Mais lui, Ichiro, ne partirait pas, ne quitterait pas sa terre natale sans se battre pour la protéger. Il voulait continuer à veiller sur la tombe de son grand-père, sur le sanctuaire de l’otsurobune.
A : Ichiro !
Azami l’avait rejoint.
A : Si tu restes, alors moi aussi.
I : Je mourrai peut-être aujourd’hui. Ne te soucie plus de moi, je t’en prie.
A : Je ne supporterais pas de vivre en ignorant ce qui t’est arrivé. Je ne quitterai pas Kagoshima. Peu m’importe où tes amis veulent me conduire, je n’irai pas.
A bord, Teijo s’inclina profondément devant Esteban et Tao.
Te : Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour nous, mais je dois vous quitter. Esteban, veille bien sur Zia. Moi, je veillerai sur ma sœur. Adieu !
Il partit, sans qu’Esteban réagisse. Tao était comme pétrifié. Mariko consulta son mari du regard, mais elle savait déjà que leurs cœurs étaient accordés. Tous deux s’approchèrent d’Esteban.
Mar : C’est mieux ainsi. Quoi qu’il arrive, notre vie est ici, et nous ne pouvons nous montrer ingrats envers notre nouveau Daimyo. Il nous a assurés de sa protection. Vous, partez, ce n’est plus votre affaire. Nous vous remercions pour tout, sincèrement. Grâce à vous, les choses ici vont peut-être s’arranger.
Ta : Mariko a raison. Nous devons avoir confiance en notre nouveau seigneur. Si nous ne le faisons pas, qui le fera ?
Ils souriaient. Esteban avait le cœur déchiré. Il ne pouvait se résoudre à partir alors que l’avenir de Kagoshima était si incertain, mais l’idée de venir indirectement en aide à l’homme qui avait voulu tuer Zia le révulsait. Il laissa Mariko et Tadashi descendre sans un mot.
Ma : Esteban, je comprends ce que tu ressens. Mais je crois que la haine t’aveugle.
T : Marie, ça suffit !
Ma: Vous oubliez à qui vous vous adressez, Tao ! Je pourrais vous tenir rigueur de votre façon de me parler !
T : Je me moque bien de cela ! A cause de vous, petite princesse, nos amis ont pris une décision insensée ! Vous pouvez être fière ! Alors merci de vous taire !
Ma : Ils sont assez grands pour décider tout seuls ! Et j’estime m’être exprimée de façon plus sensée que vous tout à l’heure, quand vous nous avez reproché de vous avoir aidés ! Certes, nous avons pris des risques, mais qui ne l’aurait pas fait en pareille situation ? Et vous devriez vous excuser envers Indali, elle ne mérite pas votre colère !Elle nous a montré comment manipuler ces produits soporifiques qu’elle avait préparés avec Zia, quant à cette poudre explosive si puissante de votre invention, la ma, la mané…
T : la magnésie !je n’ai pas inventé cette poudre, je l’ai améliorée pour obtenir une meilleure luminosité, pour mon….oh, pourquoi je dois me justifier ?! en tout cas, elle ne devait pas servir comme arme !! Indali, tu savais bien que vous risquiez de graves brûlures !
In : Et toi, tu risquais de mourir !!
Tao n’avait jamais entendu Indali élever la voix ainsi. La jeune femme, au bord des larmes, le bouscula pour sortir du condor.
Mar : Je vais prendre l’air moi aussi. Excusez-moi, messieurs. D’un pas décidé, elle se dirigea vers l’ouverture.
T : Attends ! Tu ne peux pas faire ça !
Il tenta de lui barrer le passage. Elle le toisa avant de descendre.
Mar : Je ne reçois d’ordres que de mon père, de Zia ou d’Esteban. Mais je ne me sentirais pas fière d’abandonner des amis et des alliés quand ils ont besoin de moi. Zia avait dit que quoi qu’il arrive, le condor décollerait, avec ou sans soldats à bord. Je suis prête à céder ma place aux soldats. Indali et moi avons été enfermées trop longtemps et vous savez que je souffre du mal de l’air !
Elle disparut par l’ouverture. Tao explosa.
T : Esteban, tu as entendu ça ?! Et tu vas laisser faire ?!
E : Et toi, tu ne cours pas après Indali pour la retenir ?
T : Je…et Marie, je la ramène de force ?
E : Ne change pas de sujet !
T : Je ne change pas de sujet, c’est toi !
Brusquement, Esteban se dirigea vers l’échelle.
E : Reste auprès de Zia ! Je m’occupe de tout, puisque c’est ce que tu veux !
A cet instant, Tao regretta de ne pas pouvoir décoller, seul, pour mettre Zia à l’abri. Puis il réalisa que, dans sa colère, il oubliait Indali. Alors il la chercha des yeux. Elle s’éloignait du condor en compagnie de Marie. Il regrettait ses paroles. Pourquoi n’avait-il pas su lui parler, la retenir ? Il allait courir après elle, quand un faible bruit attira son attention.

Une fois au pied du condor, Esteban évalua la situation. Les troupes se rassemblaient. Il aperçut Teijo, Ichiro et Tadashi au milieu des soldats. Mariko et Azami se tenaient non loin. Personne ne faisait attention à elles. Marie entraînait Indali d’un pas décidé vers Yoshihisa, qui regagnait le château pour se préparer. Quant au Daimyo, il avait cessé de rédiger les documents et se tenait immobile sur son siège, comme étranger à toute l’agitation qui l’environnait. En quelques pas, Esteban rejoignit Marie et Indali. La jeune Indienne était manifestement bouleversée, et se laissait mener par la princesse.
E : Où comptez-vous aller comme ça ?
Ma : J’ai dit à Zia que quand je voudrais sortir, je sortirais ! Et le moment est venu !
E : Marie, ne faites pas l’enfant, je vous en prie, venez !
Ma : Que craignez-vous donc ? Vos amis vont vaincre le clan Itô, regardez-le se préparer au combat ! Vous pouvez partir tranquille, nous sommes en sécurité dans ce château. Et nous ne voulons pas repartir sans rien avoir vu de ce pays, à part un temple et une maison en ruines, n’est-ce pas Indali ? Oh ! Daimyo Yoshihisa !
Interpellé par la princesse, le jeune homme se retourna. Il ne put cacher sa surprise en voyant les trois étrangers. Aimablement, il afficha un sourire las.
Ma : Je suis confuse de vous déranger en de pareils moments, mais nous accordez-vous la permission de rester ici jusqu’à ce…
Elle se tut, gênée, ne sachant soudain comment terminer. Son cœur battait la chamade, tant elle craignait la réaction d’Esteban face à sa conduite téméraire. Elle avait honte, et détourna la tête, consciente d’être allée trop loin. Le Daimyo la regardait sans comprendre. Puis il interrogea Esteban.
Ya : Esteban-san, éclairez-moi : qu’attendez-vous de moi ? Que puis-je faire pour ces jeunes femmes ? Le temps presse et…
Il n’acheva pas, de peur de prononcer des mots qui auraient donné au jeune étranger l’occasion de confirmer sa décision négative, malgré les paroles de sa blonde compagne, qui ravivaient une lueur d’espoir. Esteban se taisait. Le Daimyo esquissait un salut pour prendre congé quand il se décida à parler.
E : Oui, le temps presse. Allons rejoindre votre frère. Je vous demande simplement d’assurer la sécurité de ces jeunes femmes et de mes autres amis pendant notre absence.
Marie sourit discrètement et serra la main d’Indali. Cette dernière était trop bouleversée pour manifester une quelconque réaction. Tao était resté à bord, c’était tout ce qu’elle comprenait. S’il ne la rejoignait pas, comment supporterait-elle cette nouvelle séparation ?
Ya : Esteban-san….. Veuillez croire que je vous serai éternellement reconnaissant de cette décision. Je vous jure que vos amis seront traités avec tous les égards. C’est un honneur pour moi de vous avoir à mes côtés dans ces moments délicats et cruciaux pour l’avenir de notre famille, de notre région, de nos sujets.
Il s’inclina profondément. Quand il se redressa, Esteban surprit un rictus de douleur sur son visage, qui s’effaça presque aussitôt derrière un sourire.
Ya : Et à présent, veuillez m’excuser. Je vais faire le nécessaire, et me changer. Je ne peux décemment pas vous accompagner dans cette tenue.
Il se retira, et Esteban, en le regardant s’éloigner, mesura toute la force de ce jeune homme dont il avait admiré la veille au soir les talents de musicien, et qui avait tenu tête à son père pour les protéger, tous.
Ma : Esteban, oh, comment vous témoigner mon admiration…
E : J’espère juste ne pas faire une énorme erreur !
Il tourna les talons brusquement pour se diriger vers le Daimyo Shimazu. Quand il fut devant lui, il fit appel à tout son sang froid pour rester calme.
E : Achevez donc vos documents, si ce n’est pas encore fait. Malgré tout ce que vous nous avez fait subir, je suis prêt à venir en aide au clan Shimazu. Mais je jure que s’il arrive la moindre chose à mes amis en mon absence, le clan Shimazu en paiera les conséquences. Vous avez pu constater que nous avons des moyens de nous défendre que vous ne maîtriserez jamais. Nous en avons aussi pour attaquer, et croyez-moi, il faut souhaiter que nous n’ayons jamais à nous en servir contre vous.
Le Daimyo ne répondit pas, se contentant de hocher la tête. Ce n’était pas le moment de se réjouir de cette aide accordée contre toute attente, ni de s’offusquer de ces menaces. Esteban venait de lui montrer un nouveau visage, qui l’impressionna et le dissuada d’ajouter quoi que ce soit. Sous-estimer ses adversaires est toujours une erreur fatale. Il avait sous-estimé Esteban, il avait sous-estimé cette fille, il avait sous-estimé son propre fils. Il avait été humilié, mais il comprenait bien qu’il ne devait s’en prendre qu’à lui-même. Abdiquer lui avait paru la seule façon de surmonter sa honte tout en étant utile une dernière fois au clan. Selon l’issue de l’expédition, il déciderait de son propre sort. Il voulait vivre jusque là pour savoir s’il avait agi pour le mieux, ou précipité la chute du clan Shimazu. Il se remit à écrire, tandis qu’Esteban partait avertir Ichiro, Teijo et Tadashi de sa décision. Ils tentèrent d’abord de le faire changer d’avis, puis quand ils comprirent que c’était vain, ils voulurent l’accompagner. Esteban refusa tout net, très fermement, et leur demanda de rester pour veiller sur les jeunes femmes. Ils seraient plus utiles ainsi qu’au milieu de soldats expérimentés. Teijo et Tadashi finirent par accepter, mais Ichiro ne voulut rien savoir, et Esteban céda. Azami accepta la décision d’Ichiro, fière de lui, et soulagée que son frère se soit montré raisonnable, lui qui n’avait aucune expérience des combats, tout comme Tadashi. Mariko en revanche eut plus de mal à accepter que son frère, qu’elle venait à peine de retrouver, prenne de nouveaux risques, mais elle cacha ses craintes, et déclara qu’elle prierait pour la réussite de la mission.
Ta : Je m’associerai à ses prières. Quand la tempête s’éloigne et que l’horizon s’éclaircit, c’est l’occasion idéale pour une pêche miraculeuse !

Tao tendit l’oreille. Le bruit venait de derrière la porte du cockpit. Quelqu’un semblait frapper faiblement des coups. Sans prendre le temps de réfléchir, Tao alla ouvrir, tout autant soulagé qu’énervé d’être distrait de ses préoccupations.
L’enfant eut un mouvement de recul quand la porte s’ouvrit et laissa apparaître un homme étrange qu’il ne connaissait pas. Tao ne comprit pas immédiatement qu’il avait affaire à Sora. Il avait complètement oublié sa présence, et en eut d’abord honte, puis il se rendit compte avec colère que ceux qui auraient dû se soucier en priorité du garçon étaient encore plus à blâmer. Décidément, tout le monde perdait la tête et oubliait ce qui importait le plus ! Sora le fixait, pétrifié. Il se rappela alors que le petit ne l’avait jamais vu. Il se rendit compte que Sora avait peur même s’il tentait de n’en rien laisser paraître. Il s’efforça d’adoucir son visage qui devait laisser transparaître la colère qu’il ne parvenait pas à faire taire.
T : Hum, je m’appelle Tao, et je suis un ami de Zia, qui t’a soigné. Tu es Sora, n’est-ce pas ? Je suis un ami d’Ichiro aussi. Tu te rappelles d’Ichiro ?
Sora ne bougea pas.
T : N’aie pas peur, je suis là pour veiller sur ta sécurité, comme Ichiro. Et…hum…tu es en sécurité.
Il s’interrompit. Qu’allait devenir ce garçon ? Il n’en avait aucune idée. Il fallait le conduire auprès d’Ichiro, ou au moins de Mariko. Ou alors l’emmener avec eux ?
Sora avait perçu son trouble. Il chercha à voir ce qui se trouvait derrière cet homme qui tentait de le rassurer sans être crédible. Il aperçut une forme allongée. Un corps, qui ne bougeait pas. Il entendit des bruits de voix, des cris, des ordres. L’homme lui mentait. Il n’était pas en sécurité. Et cet endroit inconnu n’avait rien de rassurant.
T : N’aie pas peur… tu n’as pas l’air bien…tu as encore de la fièvre ? Je..je vais aller chercher Ichiro, mais tu ne bouges pas d’ici, d’accord ? Je vais refermer la porte, comme ça tu seras tranquille.
Il regretta aussitôt ses dernières paroles. Sora fonça en avant pour s’échapper. Tao eut juste le temps de l’intercepter. Le garçon se débattit vigoureusement
T : Fais moi confiance ! La cour est pleine de soldats ! Tu dois rester ici !
Sora parvint à se dégager. La terreur se lisait à présent dans ses yeux.
T : Oublie, oublie ce que je viens de dire ! Tout va bien !
Il lui tendit la main, mais l’enfant recula.
Ic : Sora !
Quand il reconnut son sauveur, le jeune garçon se précipita dans ses bras.
T : Bon sang, Ichiro, heureusement que j’ai pas eu à aller te chercher… je commençais à me dire que j’étais pas doué avec les enfants…
Ic : C’est toi qui es allé le réveiller ?
T : Non, il était là, derrière la porte, il cherchait à sortir. On l’avait complètement oublié. Il a eu peur de moi.
Ic : Je vous présente mes excuses à tous les deux.Tao, tu as dû te demander ce que tu devais faire de lui. Sora, je te présente Tao, c’est un ami.
Le garçon jeta un regard en coin à Tao, qui s’efforça de sourire. Ichiro passa sa main sur le front de Sora, puis s’agenouilla à sa hauteur.
Ic : On dirait que la fièvre est tombée Bon, écoute-moi Sora, je sais que tu as peur et que tu te demandes où tu es, mais tu n’as plus rien à craindre. Nous allons sortir d’ici toi et moi, et je te laisserai avec ma sœur, et les personnes qui se sont occupées de toi, tu te souviens un peu ?
Sora ne répondit rien.
Ic : Moi, ensuite, je pars faire la paix avec le clan Ito. J’accompagne notre nouveau seigneur, Yoshihisa Shimazu. Tu comprends, bientôt ce sera la paix. Toi, tu vas m’attendre ici, au château, on s’occupera bien de toi.
Sora se détacha brusquement de lui.
Ic : Je ne te ferai jamais de mal, tu le sais, n’est-ce pas ?
Sora baissa la tête.
Ic : Alors, suis-moi, ou Mariko va venir te chercher elle-même, et crois-moi, ma sœur n’aime pas qu’on la fasse attendre.
Sans rien ajouter, il tourna le dos au jeune garçon et partit. D’abord indécis, Sora le suivit, après avoir jeté un regard inquiet sur Tao. Ce dernier s’était crispé en entendant Ichiro. Il s’efforça pourtant d’adresser un sourire encourageant à l’enfant. Sora ne put s’empêcher de s’arrêter devant Zia.
T : Elle dort. Elle t’a soigné, puis elle a aidé Ichiro cette nuit, et elle est épuisée.
Sora hocha la tête pour signifier qu’il comprenait. Dehors, le soleil matinal était éblouissant. En voyant depuis le cockpit la cour du château en pleine effervescence, Sora hésita encore mais Ichiro ne se retourna pas, ne s’arrêta pas pour l’attendre ou l’encourager à descendre. Alors l’enfant rassembla son courage. La curiosité prenait peu à peu le pas sur la peur. L’éclat du condor lui faisait oublier qu’il se trouvait dans le château, un endroit où il n’avait jamais imaginé pouvoir pénétrer un jour. Il était émerveillé par les courbes dorées et se croyait à l’intérieur de quelque statue de divinité. Le tableau de bord attira brièvement son attention, mais Ichiro avait déjà disparu, et Sora se hâta de le rejoindre. Au pied de l’oiseau d’or, son sauveur le présenta à Mariko. Il crut reconnaître à ses côtés deux figures familières, qui se réjouirent de le voir. C’étaient Indali et Marie. Il se souvenait de leurs visages, comme dans un rêve. Elles étaient si étranges qu’il pensait qu’elles n’étaient pas réelles. Pourtant, elles étaient devant lui et lui souriaient.
Ic : A présent, je vais te laisser. Mariko, Indali et Marie vont s’occuper de toi.
So : Et l’autre fille ?
Ic : L’autre fille ? Ah, Zia…
So : Tao m’a dit qu’elle se reposait…
Ic : Eh bien..oui…tu as retrouvé ta langue, tant mieux !
In : Te souviens-tu de nous ? Je suis heureuse que tu ailles mieux. Ichiro t’a expliqué ? Tu vas rester avec nous quelques heures ici, au château.
Sora acquiesça. Toute peur l’avait quitté à présent. Indali lui sourit encore, puis regarda en hauteur, espérant voir Tao. Peut-être allait-il descendre ? Des soldats s’approchèrent, et
le groupe se mit à l’écart, pour ne pas gêner l’embarquement des hommes que le daimyo avait choisis la veille. Certains soldats victimes des gaz soporifiques gisaient encore à terre, endormis, d’autres se relevaient. Yoshihisa avait pris soin, avant de se retirer pour revêtir son armure, d’ordonner qu’on les prévienne de la situation afin d’éviter tout problème, aussi quelques hommes couraient à travers la cour pour accomplir cette tâche. Le Daimyo Shimazu, imperturbable au milieu de cette agitation, achevait de rédiger les documents nécessaires à l’accomplissement de la mission. Sora observait la scène sans comprendre, quand le seigneur releva la tête et croisa le regard de l’enfant. Au même moment, Esteban et Yoshihisa arrivèrent, accompagnés d’Atsuko. Le Daimyo Shimazu les regarda s’approcher du groupe où se trouvait l’enfant. Puis il se leva. Sora sentit son cœur battre plus fort. Une main se posa sur son épaule. C’était Ichiro.
Ic : Sora, salue notre nouveau seigneur.
Le jeune garçon remarqua alors l’homme en armure qui se tenait près de lui. Instinctivement, il recula, et glissa un regard inquiet vers l’autre homme qui arrivait d’un pas décidé.
Ya : C’est donc toi le garçon qui est à l’origine de tout cela. Et toi, tu es l’homme qui l’as sauvé. Protéger les innocents est un noble but. J’espère être capable de persévérer dans cette voie où tu t’es engagé le premier.
Ichiro s’inclina, profondément ému. Sora n’osait plus bouger.
Ic : Seigneur, je ne suis pas digne….
Ya : Tu as plus de dignité que je n’en ai eue de toute ma vie…
Marie ne put s’empêcher d’intervenir.
Ma : Sire, votre humilité vous honore, mais point trop n’en faut !
Surpris, Yoshihisa se tourna vers elle. Confuse, elle tenta de cacher son trouble du mieux qu’elle put, en se maudissant de ne pas avoir tenu sa langue. Le jeune Daimyo lui sourit aimablement.
Ya : Je n’ai aucune raison de me surestimer. Jusqu’à présent, j’ai servi davantage les arts que mon clan. Et peut-être est-ce parce que j’ai compris aujourd’hui où se trouvait la véritable beauté que je pourrai continuer à prendre plaisir à la musique et à la poésie, et à procurer ce plaisir à d’autres.
Marie lui rendit timidement son sourire. Elle était impressionnée par le calme et la douceur du jeune homme tout autant que par ses paroles. Même son père ne lui paraissait pas être aussi admirable.
Ya : J’espère être en mesure de vous distraire ce soir, pour fêter l’avènement de la paix. En attendant, Atsuko-san veillera sur votre bien -être. Vous pouvez lui demander ce qu’il vous plaira.
La jeune femme s’inclina devant ses hôtes.
S : Trève de mondanités ! La paix ne se fera pas si facilement. Méfie toi de cet enragé de Itô, il est plus retord et têtu que tu ne le penses, sinon, il y a bien longtemps que j’aurais pu en venir à bout ! Tiens ! Et j’espère que tu as écouté hier soir ce que j’expliquais à ton frère et à Esteban-san !
Le daimyo Shimazu tendait à son fils les documents qu’il venait d’achever de rédiger. Les deux hommes se jaugèrent un instant, le père dépouillé de son armure et de son titre, le fils équipé de tous les attributs de son nouveau rang, puis Yoshihisa prit le rouleau des mains de son père.
Ya : J’ai écouté et entendu, comme toujours. Vous pouvez être tranquille.
Le père fit un bref signe de tête comme pour marquer sa satisfaction. Il allait se retirer quand il remarqua que Sora le fixait.
S : Tu es fils de paysan, toi. Yoshihisa ! Rappelle bien à ton adversaire qu’il ne faut jamais négliger les paysans. Les seigneurs ne sont rien sans eux.
Ya : Je n’y manquerai pas. Esteban-san, embarquons, si vous le voulez bien.
Esteban s’était tenu à côté de Yoshihisa sans dire un mot. Il savait que Tao l’observait. Il avait vu les regards furtifs d’Indali en direction du cockpit. Mais Tao ne s’était pas manifesté. Le moment était venu de le mettre devant le fait accompli. Indali s’approcha du jeune Atlante.
In : Il vaut mieux qu’il parte avec vous. Tu pourrais avoir besoin de lui. Ne t’inquiète pas pour moi.
E : Je ne m’inquiète pas, et de toute façon il n’en fait qu’à sa tête !
In : Et Zia ?
E : Je…je ne peux pas la laisser ici, je suis désolé.
Sans attendre la réaction d’Indali, il entreprit de gravir l’échelle. Il avait l’impression d’agir en égoïste, en gardant Zia auprès de lui. Mais il ne se sentait pas la force de la laisser, même auprès d’Atsuko.
T : Te voilà enfin !
E : Où est Zia ?!
T : Qu’est-ce que tu imagines ? Tu croyais que j’allais la laisser au milieu de ces soldats que tu comptes embarquer ? Elle est dans sa chambre. Alors, tu l’emmènes en campagne ?
E : Exactement, que ça te plaise ou non !
Il invita Yoshihisa et ses hommes à monter et se mit aux commandes.
T : Ne te gêne surtout pas pour moi ! En tout cas, je n’ai pas l’intention de rester plus longtemps dans ce château, le séjour n’y fut pas des plus plaisants.
E : Et Indali ?
T : Tout le monde n’est pas incapable de supporter une courte séparation.
Yoshihisa arriva, et Tao l’aida à prendre pied dans le cockpit. Son armure, bien que plus légère que les lourds harnachements occidentaux, et conçue pour faciliter les mouvements, gênait malgré tout le jeune homme peu habitué à la porter. Il remercia Tao. Ce dernier lui indiqua le siège où il pourrait prendre place aux côtés d’Esteban, et s’assit sur le siège resté libre.
Ya : Je suppose que votre admirable amie est à l’abri dans une partie de cet oiseau qui est restée cachée à nos regards.
T : Exactement. Et inutile de vous inquiéter pour elle. Esteban sait ce qu’il fait. Du moins je l’espère.
E : Zia pourra ramener le condor jusqu’ici, au cas où je ne pourrais pas le faire moi-même.
T : Parfait ! Nous voilà rassurés ! Et voilà qui donne bonne conscience à notre pilote !
Constatant que l’équipage prévu était au complet, Esteban procéda brusquement au décollage.
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par TEEGER59 »

de façon sporadique... :x-): :x-): :x-):
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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