Les Chroniques de l'Ordre du Condor

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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Marcowinch
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Re: Les Chroniques de l'Ordre du Condor

Message par Marcowinch »

Merci beaucoup, Isamidala :)
*** :Tao: :Zia: :Esteban: Ma fanfic MCO : La Huitième Cité :) :Esteban: :Zia: :Tao: ***
J'espère qu'elle vous plaira :D

:Esteban: Bah voyons, Pattala ! C'est pas dans ce coin-là que vit la jolie Indali ? :tongue:
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pedro
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Re: Les Chroniques de l'Ordre du Condor

Message par pedro »

bravo
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Marcowinch
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Re: Les Chroniques de l'Ordre du Condor

Message par Marcowinch »

Merci Pedro. :)
Je manque de temps pour l'écriture, mais la suite est bel et bien prévue. :)
Je la posterai ici dès que ce sera prêt.
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Re: Les Chroniques de l'Ordre du Condor

Message par Marcowinch »

En raison de différentes contraintes (et j'en ai encore à venir), j'ai eu du mal à avancer sur l'écriture, mais la première mouture du prochain chapitre est rédigée. :) Restent maintenant de moultes relectures/corrections/améliorations à y apporter.
J'espère pouvoir publier vers la mi-août.
Modifié en dernier par Marcowinch le 16 juil. 2023, 11:47, modifié 1 fois.
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Re: Les Chroniques de l'Ordre du Condor

Message par pedro2 »

merci pour l'info Marconwich.(je sais pas si t'a vu le message qui dis que j'ai perdu mon autre compte.)
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Marcowinch
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Re: Les Chroniques de l'Ordre du Condor

Message par Marcowinch »

Chapitre V : Terra Australis

Note d'Esteban : Je me demandais bien ce que Tao pouvait faire ici, dans cette pièce, pendant des heures... Il nous avait caché, à Zia et moi, qu'il écrivait un livre ! J'ai bien fait de profiter qu'il soit allé rendre visite à la famille d'Indali pour me faufiler ici : je m'en voudrai de ne pas laisser ma patte dans un si bel ouvrage ! Laissez-moi donc vous conter la suite de cette aventure... Je suis sûr que Tao ne m'en voudra pas...

Les Moluques. Fin d'après midi.
Le Grand Empereur muen vient donc d'achever une déclaration mélodramatique, comme il aime en produire à l'occasion. « Détruire le monde ! » avait-il dit. Comme si cela devait me désarçonner ! Nous tous en avons vu d'autres ! Pour lui faire plaisir, néanmoins, je lui demande donc de quoi il retourne...

« Eh bien, vois-tu, Esteban, Rana'Ori et les miens n'ont pas quitté notre monde juste comme cela, répondit Tao pompeusement tout en claquant des doigts... Cela leur a pris du temps. Bien sûr, à cette époque, ils maîtrisaient déjà les technologies qui leur avaient permis de construire les Cités d'Or, programmer des lumino-projections, communiquer à distance via des sono-boîtes et ils possédaient bien d'autres inventions encore ! Cependant ouvrir des portails, à ce moment-là, c'était encore quelque chose de très théorique...Qui plus est pour accéder à une autre dimension.
- Ils ont donc du, poursuit Zia, développer ce genre de procédé, à partir de rien...
- Oui, acquiesce l'héritier de Mû.
- J'imagine que ce n'était pas une mince affaire et que c'était un travail risqué, enchaîne Isabella.
- En effet, confirme l'ancien naacal émérite : Rana'Ori et ses sages voulaient prendre d'infinies précautions. Mais en raison de la guerre qui régnait, ils étaient aussi pressés par le temps. Plusieurs savants et ingénieurs muens sont morts lors de tests lancés trop hâtivement. Il a fallu des dizaines de prototypes avant que le premier appareil permettant d'ouvrir des portails soit opérationnel. Cet appareil, c'est le Façonneur...
- En quoi un engin permettant d'accéder à un autre endroit pourrait-il détruire le monde ? demande le Fils du Soleil.
- Un premier danger, explique Tao, serait que le Docteur réussisse tout simplement à l'utiliser pour accéder à mon royaume. Qui sait ce qu'il y ferait une fois là-bas ? Il pourrait y dérober des inventions, ou bien y être venu avec une armée et conquérir l'endroit ce qui, au passage, était le projet de Ta'Harqa, mon ancêtre, si tu te souviens bien... »
Le jeune homme tressaille à l'évocation de son aïeul maléfique, puis reprend.
« Le vrai risque, serait que Fernando commette une erreur de calcul ou de jugement, ne manipule pas le Façonneur comme il le convient et qu'il le dérègle...
- Que se passerait-il alors ? interroge l'inca.
- L'appareil est en orichalque, Zia. Comme les autres assemblages de ce métal, il est capable de se charger d'une énorme quantité d'énergie. Mal utilisé, il pourrait exploser, ce qui pourrait dévaster un continent entier et causer un grand nombre de morts. Toutefois cela serait encore le moins grave de ce qu'il pourrait se produire.
- Viens-en donc au fait, Tao ! le réprimande, agacé, le dernier des atlantes en fronçant un sourcil.
- J'y arrive, Esteban, lui répond son frère de cœur... L'appareil pourrait aussi dysfonctionner en cours d'ouverture d'un portail, provoquant ainsi une rupture entre les deux dimensions, les mondes viendraient soudain à coexister au sein du même espace, ce qui est normalement impossible. Les conséquences réelles que cela pourrait avoir sont difficiles à prévoir, mais cela détruirait à coup sûr le monde entier, tel que nous le connaissons. Peut-être même l'univers...»
A ces mots, ses amis reculent d'un pas, soudain effrayés.
« Isabella, finit Tao en regardant la bretteuse, ton père est certes un grand savant, cependant je doute qu'il parvienne à maîtriser un engin aussi complexe et puissant que le Façonneur... S'il était armé de patience, il y arriverait, avec le temps. Malheureusement, nous savons tous deux que ce n'est pas dans sa nature...
- Mais enfin ! soupire l'atlante en écartant les mains. Pourquoi ton peuple, n'a-t-il pas détruit ce machin, ce Façonneur, après avoir maîtrisé sa technique et l'avoir appliquée aux portails que nous connaissons ?
- Depuis le temps, Esteban, tu devrais savoir que les muens, ont horreur de détruire leurs inventions. Le savoir nous est précieux ! Nous préférons plutôt mettre nos technologies hors de portée. C'était le cas des Cités d'Or, par exemple, conçues pour se replier. Si je me souviens bien, le Façonneur était toutefois trop massif pour cela et le démonter aurait pris un temps considérable que mes ancêtres n'avaient pas. Ils préférèrent focaliser leurs efforts sur la miniaturisation des portails et aboutirent à ceux que nous avons empruntés. Il laissèrent donc le Façonneur en Terra Australis, en prenant soin, toutefois, de le protéger à l'aide de pièges.
- Cela n'arrêtera pas mon père, met en garde Isabella. Ambrosius lui ayant implicitement confirmé l'existence de ce dispositif, Fernando remuera ciel et terre pour se l'approprier !
- Je n'en reviens toujours pas d'ailleurs, déplore Esteban : que, même coincé au fond d'une cellule, Ambrosius parvienne encore à nous nuire !
- Oui, renchérit Zia. Même sans armure, il est toujours aussi dangereux !
- Croyez-moi, il ne perd rien pour attendre, promet Tao. Nous réglerons son cas plus tard : la priorité est de localiser le Docteur et de l'empêcher de mettre la main sur le Façonneur !
- Sais-tu où se trouve  cette invention ? demande l'inca.
- Malheureusement, pas précisément, lui répond son ami. Tout ce que j'ai lu, c'est qu'elle est en cette partie du monde que les espagnols appellent la « Terra Australis ». C'est au sud de notre position. Je me rappelle également que l'objet était assez grand, j'imagine que par précaution il a été conçu au sein d'un massif rocheux...
- Quand nous avons discuté avec lui, rappelle Isabella d'un air préoccupé, mon père a indiqué qu'il cherchait une gigantesque montagne d'or. Cela pourrait bien être ce type d'endroit. Je n'aime pas ce genre de coïncidences...
- Retournons dans l'autre monde, suggère Esteban. Rana'Ori nous dirait certainement où aller...
- Oui, c'est une bonne idée, approuve Zia. Mais n'oublie pas que le temps fonctionne différemment là-bas. Le temps que nous nous y rendions, collections les informations nécessaires et revenions ici, plusieurs mois pourraient s'être écoulés. Fernando pourrait avoir décelé le Façonneur et l'avoir activé ! C'est trop risqué...
- Mon père a sans doute avec lui des combattants, dit Laguerra, le menton dans une main, pensive... Que diriez vous de regagner d'abord Pattala ? Mendoza, Gaspard, Kushi et Athanaos nous rejoindraient en renforts...Et mon mari étant un excellent navigateur, il nous aiderait probablement à localiser notre but.
- Je n'en doute pas, Isabella, déclare Tao. Malgré tout, comme Zia l'a dit, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps...
- Bien, acquiesce le dernier des atlantes en empoignant le manche de pilotage du condor. En ce cas, mettons nous en route...Le Docteur a dit qu'il allait vers l'est. Sommes-nous sûrs, au moins, qu'il y a une terre dans cette direction ? Si jamais il n'y en a pas, le condor plongera et nous entraînera vers une mort certaine !
- Ne t'inquiète pas, Esteban, explique son ami : Rana'Ori m'a donné accès à tous les livres en sa possession et j'en ai déjà lu une grande partie. Je sais qu'il existe une terre, au sud-est.
- Attendez, tempère Zia. Partir maintenant est trop risqué : l'après midi est déjà bien avancée. Nous n'irons pas très loin.
- Zia a raison, déplore la bretteuse. Posons-nous quelque part, dans un endroit sûr, et passons-y la nuit. Nous partirons à l'aube demain.»

Et c'est ainsi qu'après une nuit un peu difficile en raison de l'appréhension, le groupe s'envole pour la Terra Australis. Ce faisant, il passe au dessus de plusieurs îles. Mais celles-ci sont en général très petites et aucune d'entre elles ne semble abriter de massif montagneux d'importance et ils n'y trouvent non plus pas trace de la belle Aztèque, le navire de leur ennemi.
Durant leur vol, les compagnons remarquent que cette partie du monde est extrêmement reculée : ils ne survolent que de rares villages et embarcations. Et quand c'est le cas, il s'agit généralement de pirogues de pêcheurs autochtones.
Au bout de quelques jours de recherches, finalement, ils aperçoivent au loin une immense bande de terre. Plus ils s'en approchent, plus celle-ci leur paraît gigantesque, s'étirant, de part et d'autre du poste de pilotage, jusqu'à dépasser leur champ de vision.

« C'est sans doute le continent que nous cherchons, s'exclame Isabella.
- La Terra Australis, murmure Zia, les yeux grands ouverts, la jeune femme étant surprise par l'immensité.
- Encore une nouvelle terre à découvrir ! » se réjouit un temps Esteban. « Je me demande si un jour nous les aurons toutes survolées... » Toutefois, il se rappelle presque aussitôt la raison de leur présence ici et il se rembrunit.
« Baissons notre altitude et longeons la côte, suggère Isabella. Ainsi, nous aurons plus de chances de repérer l'embarcation de mon père.»
Esteban approuvant, il incline le manche en forme de serpent. Obéissant à son injonction, l'oiseau d'or penche vers l'avant, puis traverse quelques nuages avant de se rétablir et de garder une altitude relativement basse, à quelques centaines de mètres du sol. Le fils du soleil ne veut pas risquer que leur engin soit repéré. Il lui fait donc suivre la course du soleil, d'est en ouest.
Au bout d'un moment, Zia aperçoit enfin la caravelle recherchée, qui se détache à l'horizon. L'embarcation est ancrée a la frontière d'une étrange étendue marécageuse de végétaux ligneux et de palétuviers.
L'inca le signale à leur pilote, qui braque leur appareil dans cette direction.
Trouver un endroit où se poser s'avère difficile, Esteban ignorant la profondeur de ce marais et ne voulant pas prendre le risque que le condor s'y embourbe ou pire encore, y coule. Pichu aperçoit cependant, à quelques kilomètres du navire, un banc de terre paraissant suffisamment large et épais et l'oiseau d'or parvient à y atterrir. Il s'enfonce tout de même de plusieurs pieds dans la terre vaseuse. Heureusement celle-ci s'avère assez compacte pour soutenir son poids.
«Approchons-nous du bateau discrètement », leur conseille l'ancienne espionne...
Isabella est tendue : elle n'a pas oublié le sale tour que son père lui a joué, à elle et ses amis. Jusqu'ici, un part d'elle croyait encore que les rumeurs concernant son géniteur étaient fausses ou exagérées, que ce n'était pas un individu malveillant. Mais les faits étaient malheureusement là.
« Je dois réparer les torts causés par ma famille ! se dit-elle. Fernando, que tu sois mon père ou non, n'y change rien. Il y va non seulement de mon honneur et aussi, tout simplement, de justice ! »
Toute à ses pensées, la bretteuse ne remarque pas que les autres sont descendus du condor avant qu' Esteban, les mains en porte-voix, ne la hèle. Revenant à l'instant, l'aventurière agrippe l'échelle et les rejoint.
Tao, de son côté, examine l'étrange marais qu'ils viennent d'atteindre. Il s'abaisse, se sait d'un morceau de terre et le désagrège, comme pour en apprécier la texture...
« Cette végétation, ces arbres... dit-il. Cette terre recouverte d'eau plus ou moins profonde...Tout cela, c'est de la mangrove... Cela me rappelle le marais du dieu de la pluie... indique-t-il non sans un brin d'inquiétude à la pensée des alligators rencontrés alors. Ne traversons pas à pieds ou à la nage. Ce serait bien trop risqué ! Outre les créatures qui peuvent y vivre, nous attraperions à coup sûr des maladies.
- Je comprends mais c'est gênant, grogne Isabella : contrairement au navire de mon père, nous n'avons pas de chaloupe. Ils ont du en utiliser pour débarquer.
- Fabriquons un radeau, propose Zia.
- Cela va nous prendre beaucoup de temps, objecte son ancien naacal. Et les arbres des environs n'ont pas l'air très solides...
- En effet, confirme Esteban, pensif. »
Le jeune homme réfléchit avant de s'exclamer soudain : « j'ai une idée ! Vous vous souvenez ? Nous avons toujours avec nous le traîneau que nous avions utilisé pour rejoindre Kitège, la huitième cité d'or. Il est resté dans la soûte du condor où nous l'avions rangé. Nous ne savions plus trop quoi en faire et ne l'avions pas laissé sur place alors. Il n'est pas très large mais, avec quelques grosses branches sur les côtés en guise de consolidations, il devrait flotter !
- Bien vu, Esteban, approuve Tao joyeux. Nous pourrons également utiliser de gros morceaux de bois comme des pagaies pour nous diriger... »
Ainsi, la fine troupe s'active, ouvrant le compartiment et se saisissant du radeau improvisé. Après l'avoir renforcé selon les indications du Fils du Soleil, ils s'y installent non sans de multiples précautions car celle-ci est tout de même exiguë, puis ils entreprennent de rejoindre la Belle Aztèque.
Leur traversée de la mangrove leur prend finalement peu de temps, leurs précédentes aventures les ayant déjà amenés à manœuvrer de tels esquifs et la troupe atteint enfin le bateau recherché, s'arrêtant à quelques dizaines de mètres de lui. Cachés près d'un groupe de palétuviers plus imposants que les autres, les amis observent la caravelle.
« Il n'y a que quelques hommes à bord, chuchote Esteban. Je ne vois pas le Docteur, ni l'espèce de grosse brute, ce Sanjay, qui l'accompagnait... La grande majorité de l'équipage a du débarquer...
- Contrairement à mon père et son quartier-maître, avance Isabella, les hommes que nous voyons ne me paraissent pas dangereux. Ce sont de vrais marins, pas des combattants. Tous ceux que j'observe ne portent pas d'armes. Je pense que le plus simple est d'aller les interroger...
- Cela me paraît risqué, estime Tao. Méfions-nous tout de même des apparences, Isabella...
- Le Grand Empereur de Mû aurait-il peur ? sourit le Fils du Soleil, taquin.
- Tu sais bien que non, rétorque Tao piqué au vif.
- Allons, vous deux ! soupire Zia, ne commencez pas... Tao, grâce à toi, nous savons que nous devons rechercher une zone de montagnes. Mais cela reste très vague. De ce que nous avons vu depuis les airs, ce pays est immense. Nous n'allons pas le parcourir ou le survoler au hasard ! Isabella a raison : il nous faut bien un indice...Dans sa lettre cachée, Ambrosius écrivait que son père et lui avaient diverses théories au sujet de la localisation du Façonneur. Fernando doit avoir une idée de l'endroit.
- Bien...Vous avez raison, concède l'Empereur de Mû. C'est sans doute le mieux à faire...
Utilisant leur embarcation, les amis se dirigent donc vers la Belle Aztèque.
A bord de celle-ci des marins, les voyant arriver, s'amassent et s'accoudent au pont, étonnés.
« Que faites-vous donc là, vous autres ? s'exclame bientôt le matelot auxquels ils s'étaient adressés à Ambon. Vous nous suivez ? Vous étiez pourtant partis après votre entretien avec notre capitaine...
- Visiblement, murmure Zia à ses camarades, ce loup de mer n'a pas l'air d'être informé du tour que nous a joué Fernando. Isabella a raison : ces hommes ne méritent pas un capitaine comme le leur : ce ne sont que de braves marins...
- Je déteste me jouer d'hommes honnêtes, susurre Laguerra, mais nous pouvons tourner ceci à notre avantage...
- Eh bien ? Vous avez perdu vos langues ? S'impatiente le matelot. Vous pourriez tout de même me répondre !
- Pardon, mon brave, déclare Isabella en mettant les mains en porte-voix. J'ai oublié de remettre un paquet à mon père,. C'est important : cela peut l'aider pour ses recherches... Je présume qu'il n'est pas à bord ?
- Non, confirme l'individu. Il a pris une chaloupe, des vivres et lui, le quartier-maître et quelques uns des nôtres sont partis en direction du sud-sud-est. Comment êtes vous tombés sur nous ? Vous avez un navire dans les parages ? Plus rapide que le nôtre ?
- Euh, oui, enfin, non, déclare Esteban hésitant et se frottant d'une main l'arrière de la tête. C'est difficile à expliquer... Votre capitaine vous a-t-il dit quand il pensait revenir ?
- Non, soupire le matelot. Il a dit qu'il pouvait en avoir pour un moment... Il cherche un endroit qui s'appellerait Ruluu...Urulu.. Uurlu...Quelque chose comme ça. Soi-disant que ce s'rait une sorte de montagne... Enfin, c'est ce qu'on a cru comprendre. Il aurait lu ça dans un bouquin. J'avoue que nous autres, on s'rait contents si vous trouviez notre chef et le persuadiez de revenir à bord, car nous, on ne sait pas trop quoi faire ici... On tourne en rond sur le pont à longueur de journées...
- Le Docteur, votre capitaine, ne vous a rien dit de plus ? Demande Zia.
- Non, mam'zelle, répond le loup de mer. A vrai dire, on s'inquiète pour lui : ces derniers jours, on ne comprend plus toujours ce qu'il dit : que sa montagne, elle serait « au bout du rêve » ou quelque chose comme ça...
- Au bout du rêve ? répète Tao essayant d'en deviner les implications...
- Ouais, c'est bien ce que j'ai dis ! S'impatiente le marin. On espère que le soleil ne lui a pas frappé la tête... Qu'il n'est pas tombé malade ou qu'il n'est rien arrivé quelque chose de fâcheux. Cet endroit ne nous inspire pas confiance ! Regardez ces arbres, tous tordus... On dirait qu'ils sont malades... Drôle d'endroit ! Je sais même pas si quelqu'un avant nous est déjà venu ici !
- Ne vous inquiétez pas, mon brave, nous allons à la recherche de votre capitaine, promet Isabella.
- Oui ! Merci beaucoup ! déclare chaleureusement Esteban. Vous nous avez bien aidés !
- Pas de quoi, moussaillon. Si jamais vous ne trouvez pas le Docteur, revenez s'il vous plaît nous prévenir...Qu'on puisse rentrer chez nous...
- Bien sûr ! avance Zia.

Là dessus, les compagnons saluent les matelots, puis s'en retournent au condor. Très vite, alors que le soleil atteint son zénith, l'oiseau d'or s'envole en direction du sud-sud-est.
Après quelques minutes à pleine allure, la mangrove disparaît progressivement, laissant la place à de vastes étendues, toujours pourvues de végétation, mais de plus en plus clairsemée. Il ne faut pas longtemps avant que l'immensité ne devienne presque désertique, la couleur de la terre virant de l'orange clair au foncé, puis au rouge. Néanmoins, de petits cours d'eau zèbrent toujours le terrain par endroits, apportant la vie à la région. 
« Cherchons des autochtones, avance Isabella, rompant ainsi le silence qui régnait dans l'habitacle.
- Oui, tu as raison, approuve Zia en hochant la tête. Ils connaissent certainement l'emplacement de la montagne Ruluu....
- Je vois quelques silhouettes, en bas, signale Tao. Rapprochons-nous du sol.
- Nous risquons de leur faire peur, tempère l'inca. Posons-nous plus loin...
- Je vois une chaîne de montagnes là-bas, dit Esteban en la pointant du doigt. C'est à distance, mais cela ira... »
Une fois le condor à terre, les amis débarquent à nouveau et marchant d'un bon pas, rejoignent bientôt l'emplacement indiqué par Tao.
Des traces de pas relevées par Isabella leur confirment la présence d'individus dans les parages. Forte de son expérience d'espionne, la bretteuse parvient à suivre les empreintes déjà à moitié disparues sous la poussière rouge soulevée parfois par de petites bourrasques de vent. Les trois jeunes hommes et femmes lui emboîtent le pas et chemin faisant, les compagnons remarquent la présence d'un groupe d'animaux étranges : chacun d'eux est pourvu de quatre pattes, mais deux d'entre elles, les plus proches de la tête, sont plus petites que les autres et ressemblent presque à des bras. Ces bêtes assez grandes se tiennent debout et certaines d'entre elles approchent la taille d'un être humain adulte. Chose encore plus surprenante, plusieurs ont une sorte de poche ventrale d'où sort parfois la tête d'un de leur congénère en version miniature ! Ces animaux bizarres se meuvent en bondissant sur leurs pattes arrière, arrachant parfois des herbes environnantes de leurs mâchoires. Ils n'ont pas l'air hostiles, cependant certains semblant peser près d'un quintal, les compagnons jugent plus prudent de ne pas empiéter sur leur territoire. Aussi font-ils un léger détour pour les éviter.
C'est après une bonne heure de marche que le petit groupe aperçoit un campement constitué de quelques dizaines d'abris érigés avec des branches d'arbres et revêtus de tiges végétales, sans doute pour limiter la chaleur.
«  Ces habitations me paraissent assez grandes et bâties pour durer, juge Tao. Cela m'étonnerait que ces gens soient des nomades. Si j'ai raison, ils doivent bien connaître les environs. Je crois qu'ils pourront nous renseigner...
- Tu es toujours aussi malin, Tao ! le complimente Isabella avec un petit sourire sincère. Je suis moi aussi arrivée à cette conclusion. Allons les voir...
Dire que l'arrivée de la troupe ne passe pas inaperçue serait un euphémisme : très vite et bien qu'ils sont encore loin du camp, des hommes et femmes s'approchent d'Esteban, Zia, Tao et Isabella... Les individus ont la peau noir ébène et leurs torses, leurs jambes, et parfois leurs visages, sont recouverts de différents motifs peints en blanc. Tous ne portent qu'un pagne pour seul habit et ils ont les cheveux serrés par des bandeaux couleur rouge sang. Ils tiennent en main de longues lances ou des bâtons de jet. Soudain, l'une des guerrières se saisit d'une arme formée d'une seule pièce de bois dur courbée et la projette en direction des amis ! Les compagnons, surpris et craignant pour leur vie, sursautent tout d'abord, avant de se détendre l'instant d'après quand ils imaginent le tir complètement raté, le projectile se dirigeant dans une toute autre direction que la leur. Mais leur répit est de courte durée car l'arme, continuant de fendre les airs, oblique soudain, décrit une courbe et s'approche d'eux à toute vitesse ! Le boomerang passe à moins d'un mètre du nez d'Esteban qui, instinctivement, se raidit et recule d'un pas. Fort heureusement, le projectile ne s'abat pas sur le Fils du Soleil. Au dernier moment, le morceau de bois pivote, continuant l'arc de cercle qu'il était en train de tracer, avant de revenir dans la main de la chasseresse l'ayant lancé.
« Ils ne veulent que nous intimider, chuchote Isabella à ses amis. S'ils nous avaient voulu du mal, ce serait déjà fait. 
- Oui, mais ils auraient d'y prendre autrement ! proteste le dernier des atlantes. C'est dangereux, leur truc, tout de même !
- J' imagine qu'ils n'ont pas du voir beaucoup de nos semblables jusqu'à présent, avance Zia.
- Restez où vous êtes ! Ordonne la lanceuse du boomerang, l'arme toujours en main.
- Allons, allons, Uta Uta, tempère un vieil homme à la barbe en tresse posant une main sur l'épaule du guerrier... Je crois que ces étrangers ont compris la leçon que nous voulions leur donner... Ne les effrayons pas plus qu'il n'est nécessaire... »
A ces mots, la guerrière baisse son bras, rangeant son arme du côté droit de son pagne.
« Je me nomme Kaapa, dit l'homme âgé. Je suis un Ancien de ce village. Nous sommes des Anangu. Qui êtes-vous et que nous voulez vous ?
- Je m'appelle Esteban, se présente le Fils du Sommeil sur un ton apaisé, et voici mes amis : Zia, Tao et Isabella, dit-il en les désignant tour à tour. Nous sommes des voyageurs et nous cherchons un lieu nommé Urulu ou quelque chose comme cela... Cet endroit serait sans doute proche d'une montagne.
- Ils cherchent le Grand Uluru ! S'inquiète la dénommée Uta Uta, tournant la tête vers l'ancien. C'est sacrilège ! Cela ne doit pas être permis !
- Et pourquoi donc cherchez vous ce lieu ? » reprend le sage, méfiant, un sourcil désormais froncé.
Tao réfléchit alors intensément,se doutant bien que de ses prochains mots dépend leur sort...
«Une de nos connaissances, un homme mauvais, a l'intention de profaner cet endroit. Nous voulons l'en empêcher .
- Comprenez que nous ne pouvons pas laisser n'importe qui pénétrer en ces lieux, explique le dénommé Kaapa en tournant la tête de gauche à droite, à plus forte raison des étrangers qui ne connaissent pas nos coutumes...nos traditions... 
- Expliquez-les nous, dans ce cas », propose Zia.
Le vieux sage considère la suggestion un moment puis, jaugeant sincère la curiosité de la jeune femme, s'adresse à nouveau au groupe.
«Cela ne se peut pas dans l'immédiat, reprend-il. Nous ne pouvons pas accueillir n'importe qui : nous avons déjà eu des problèmes par le passé avec certains étrangers. Si vous voulez gagner notre confiance et connaître nos croyances, nous allons vous demander de bien vouloir accomplir une petite épreuve, qui nous prouvera vos qualités...
- Ah ! Demandez-nous ce que vous voulez, rétorque Esteban, confiant et bombant le torse. Il n'y a rien que nous ne puissions accomplir !
- Ton enthousiasme fait plaisir à voir, jeune homme ! apprécie Kaapa. A moins que ce ne soit de l'arrogance ou de l'inconscience... Nous verrons bien...
- Que voulez-vous que nous fassions ? s'enquiert Tao, plus mesuré que son frère de cœur.
- Eh bien voilà, explique l'aborigène. Derrière nous, dit-il en montrant un défilé montagneux parsemé toutefois de végétation ici ou là, vit un démon...
- Un démon ? s'étonne Isabella en fronçant un sourcil.
- Oui. Voyez-vous, bien que nous soyons essentiellement des chasseurs et des cueilleurs, nous avons tout de même du bétail. Mais, rien que par ses hurlements, cette créature effraye nos bêtes dès que nous les laissons pâturer et les fait fuir. Neutralisez ce démon d'une manière ou d'une autre, apportez nous en la preuve et nous vous aiderons.
- A quoi ressemble-t-il, ce démon ? interroge Isabella.
- Cela a-t-il de l'importance ? tranche Uta Uta. Acceptez-vous cette tâche, oui ou non ? Si ce n'est pas le cas, eh bien, retournez vous en !
- La nuit va bientôt tomber, annonce Zia en voyant le soleil commencer à décliner et en s'adressant à ses amis. Ne vaudrait-il pas mieux attendre le lever du soleil pour inspecter la zone ?
- Je m'en doutais ! reprend Uta Uta en riant et regardant l'ancien : ils tremblent de peur !
- Pas le moins du monde, lui assure le Fils du Soleil, vexé. Nous avons déjà affronté deux sorcières ! Ce n'est pas un démon qui va nous effrayer !
- J'aimerai en être aussi sûr que toi, Esteban, tempère Tao. Soyons prudents tout de même !
- Soit, acquiesce Laguerra en direction des aborigènes. Nous acceptons votre épreuve !
- Cela montre déjà votre courage, approuve le vieil homme en inclinant la tête. Nous attendrons votre retour.
- Si vous revenez, grands guerriers ! persifle Uta Uta un sourire en coin.
- N'en doutez pas ! affirme le dernier des atlantes avant de commencer à marcher en direction du défilé, suivi de ses amis.
Tous dépassent bientôt les aborigènes et au bout d'une bonne heure de marche supplémentaire, atteignent la zone montagneuse.
« Tu étais bien confiant tout à l'heure, Esteban ! dit Laguerra chemin faisant. Tu n'as donc pas peur du tout ? Nous ne savons pas à quoi nous attendre, en fin de compte...
-Non, Isabella. J'ai certes été élevé dans la religion catholique, explique Esteban, et le père Rodriguez m'a souvent parlé du Paradis, de l'Enfer, du Diable et de ses démons... Mais lui et nos aventures, les adversaires que nous avons rencontrés, m'ont aussi appris que le Malin se cache plus souvent dans le cœur des hommes... Je ne crois plus aux êtres surnaturels...
- Venant de la part de quelqu'un qui fait venir le soleil sur commande, ton avis me paraît bien tranché, Esteban ! Ah ah ! Cela dit, pour ma part, je suis homme de science : je ne crois pas non plus aux démons !
- Tu n'étais tout de même pas pressé d'accepter la quête, tout à l'heure ! le taquine le Fils du Soleil.
- Chut ! Baissez la voix, vous deux, s'il vous plaît, intime Zia : nous approchons...
Soudain muets, les amis s'engagent dans le défilé, longeant l'une de ses parois rougeâtres. Le passage est généralement plutôt large, mais il se rétrécit par endroits, les obligeant alors à marcher en file indienne. Le ciel s'est obscurci, toutefois le soleil n'est pas encore couché. Par moment sa chaude lumière éclaire encore des pans de roches, mettant en évidence des aspérités.
En tête et tout en marchant, Isabella inspecte les parois et le sol, à la recherche d'indices quant à la présence de la créature. Elle doit parfois écarter de son chemin des branchages, car quelques arbres sont tout de même parvenus à pousser ici ou là.
Elle commence à s'impatienter quand, soudain, un cri strident retentit, se réverbérant sur les parois en raison de l'écho. Un hurlement à glacer les sangs, qui fige les compagnons !
« Eee-Esteban, dit Tao les cheveux encore hérissés par la surprise. Aucun homme ne peut hurler comme ça !
« Danger, danger ! Babille Pichu avant d'aller se cacher derrière son maître.
« Nous n'avons pas le choix, Tao, affirme l'Elu. Nous devons voir de quoi il retourne...
Le terrible hurlement reprend à nouveau, achevant de mettre tous les compagnons sur le qui-vive.
Et, soudain, ils écarquillent les yeux : car sur la paroi située en face d'eux, une ombre gigantesque vient d'apparaître !

Fin du chapitre
Quel est donc ce démon ? Nos amis parviendront-ils à le vaincre et à localiser le Docteur ? Vous le saurez en lisant le prochain chapitre des Chroniques de l'Ordre du Condor !

Documentaire
Au XVIe siècle, l'Australie n'a pas encore été réellement découverte. D'ailleurs, même le « Theatrum Orbis Terrarum », le tout premier atlas mondial ne la mentionne pas.

OrteliusWorldMap.jpeg

Ce précieux document a été réalisé en 1570 par un savant du nom d'Abraham Ortelius et il présente le monde moderne tel que connu à l'époque. Pour le réaliser, Abraham a compilé des informations de plusieurs autres cartographes célèbres de son temps, tels que Gérard Mercator. Cet atlas a été modifié plusieurs fois, jusqu'à la mort de son auteur, à tel point qu'il existait en trente-et-une versions. Cet ouvrage eut un grand succès, car il fût traduit en sept langues.
On notera au bas de la carte la mention « Terra australis nondum cognita », ce qui signifie : « La terre du sud n'est pas encore connue ». En effet, au XVIe siècle, certaines terres n'avaient pas encore été découvertes, en tous cas officiellement, hormis par quelques explorateurs isolés.

Le Scoop de Pichu
« Mais où donc se trouvent Esteban, Zia, Tao et Isabella? demande Pichu.
- Nos amis, répond la voix off, sont actuellement dans ce que l'on appelle, l' « Outback », c'est à dire l'intérieur des terres de l'Australie. Cette région est tellement gigantesque qu'elle abrite plusieurs paysages, très différents. Les compagnons sont toutefois dans une partie très aride.

outback-australien.jpg

- Il n'y a pas d'arbre sur lequel peut se poser un cacatoès ! proteste Pichu.
- Tu trouveras bien un endroit, le rassure la voix off. L'outback est une zone difficile a traverser, ce qui explique sans doute la colonisation tardive de l'Australie. En effet, ce n'est qu'à partir du dix-septième siècle qu'elle fût véritablement explorée, notamment par la Grande-Bretagne. Une des premières choses qu'elle y construisit fût une prison. De nos jours l'Australie est dans le Commonwealth, une organisation de cinquante-six gouvernements défendant des intérêts communs et partageant une même langue et des administrations communes... 
- Ah ! Je viens de trouver un perchoir ! Babille le cacatoès. Je vais faire la sieste ! Bonne nuit, les amis !
- Dors bien, Pichu ! »

Au revoir, a bientôt !

Chapitre suivant : Tassie
Modifié en dernier par Marcowinch le 15 déc. 2023, 15:30, modifié 3 fois.
*** :Tao: :Zia: :Esteban: Ma fanfic MCO : La Huitième Cité :) :Esteban: :Zia: :Tao: ***
J'espère qu'elle vous plaira :D

:Esteban: Bah voyons, Pattala ! C'est pas dans ce coin-là que vit la jolie Indali ? :tongue:
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Message par pedro2 »

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Message par Marcowinch »

Merci Pedro2 :)
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Message par Marcowinch »

Chapitre VI : Tassie

Note de Tao : j'ai eu beau y réfléchir, je n'ai vu aucun moyen d'enlever les écrits d'Esteban de mon livre, sans risquer d'abîmer ce dernier. Je vais donc les y laisser en espérant que cela ne nuira pas à la cohérence d'ensemble... Mais bref : retournons au récit...Nos aventures sur ce continent prenaient une tournure dangereuse...

Terra Australis. Fin d'après midi.
La forme apparue sur la falaise laisse deviner une créature plus grande que ne l'était le serpent géant rencontré il y a bien longtemps, le long du fleuve amazone...
Tao, surpris, ne peut s'empêcher d'ouvrir grand la bouche. Pensant qu'il s'apprête à crier, ce qui dévoilerait à coup sûr leur position, le Fils du Soleil plaque sa main gauche sur la bouche de son ami, pour en étouffer le son. Pour sa part, Zia, s'est décalée et s'apprête à utiliser ses pouvoirs si besoin. Quant à Isabella, déterminée à protéger les trois amis, elle a déjà dégainé sa rapière. La bretteuse se place devant eux et se met en garde.
C'est alors que la créature à l'origine de leur inquiétude sort du défilé. Au grand soulagement des quatre compagnons, elle est de taille bien plus réduite que son ombre ne le laissait croire ! C'est en fait un animal de la taille d'un petit chien, avec là aussi quatre pattes, deux longues à l'avant et deux plus courtes à l'arrière... Son pelage est d'un noir soyeux et une bande blanche orne sa poitrine. Quant à sa tête, elle ressemble à celle qu'aurait une grosse souris, moustaches comprises. Cela lui donne un air sympathique et la bête semblant inoffensive, Esteban fait un pas, pour s'en approcher. D'un geste, Zia lui intime de cesser ce mouvement : ce marsupial a tout de même des griffes acérées, ainsi que quelques dents aiguisées qui dépassent de part et d'autre de sa mâchoire ! C'est manifestement un carnivore...
« Ouf ! Soupire Tao. C'est vraiment cet animal qui cause autant de soucis aux autochtones ? Il n'est pourtant pas si effrayant que cela, en fin de compte ! »
La confiance de l'Empereur de Mû se trouve cependant ébranlée l'instant d'après, quand la bête se penche sur ses pattes avant, regarde les amis d'un air menaçant et émet à nouveau son puissant cri perçant.
« Notre nouvelle connaissance n'a pas l'intention de se laisser faire ! soupire Laguerra. Tout comme moi, elle a un caractère bien trempé ! 
- Je ne veux pas faire de mal à cet animal ! dit le dernier des atlantes en dégainant à regret son poignard. Mais je ne vois pas comment faire autrement si nous voulons le ramener avec nous jusqu'aux villageois ! 
- Attends, Esteban, le retient Zia, je vais essayer de la calmer avec mes pouvoirs... »
L'inca ferme les yeux et matérialise dans son esprit la bestiole, puis se concentre pour établir une connexion avec celle-ci et y projette sa volonté.
Toutefois la bête grogne encore : elle résiste aux efforts de la muenne ! Pire : cela la fait même entrer en rage ! Ses cris stridents se font plus nombreux, et son regard devient comme complètement fou ! Elle s'apprête à bondir sur les amis !
« Reculez tous ! avertit l'inca. Cet animal a un caractère beaucoup trop affirmé. Je n'arrive pas à la rendre docile. Encore moins à la contrôler.
-Essayons la reconnaissance du ventre, suggère Isabella.»
Tout en surveillant la bête du coin de l'oeil, l'aventurière sort un sachet de son sac de voyage, en déballe un morceau de viande qu'elle lance doucement aux pieds de l'animal. Par instinct la créature recule rapidement, avant de revenir humer le parfum de la victuaille. Puis, sans attendre davantage, elle se jette dessus et commence à la dévorer à pleines dents, avec une voracité réellement impressionnante.
En peu de temps, il n'en reste plus rien ! Aucun déchet !
« Elle a tout englouti ! S'étonne le dernier des atlantes. Il m'aurait fallu plusieurs repas pour en venir à bout et elle a tout mangé en quelques instants ! »
La bretteuse recommence sa manœuvre avec un second morceau de viande, à nouveau aussitôt avalé. Ce n'est qu'à compter du troisième et après un temps d'attente que le marsupial commence à ressentir les effets de la digestion. Sa vigilance s'affaiblit et il devient plus docile. Zia tente alors à nouveau de s'introduire dans son esprit et, cette fois, y parvient. Le convainquant que les compagnons ne lui feront pas de mal, la muenne parvient à l'approcher et même le caresser. Avec d'infinies précautions, ses gants la protégeant des griffes, Isabella, soulève l'animal et le maintient dans ses bras, tel un bébé.
Ne sachant pas combien de temps cette accalmie durera, la troupe se hâte de retourner au campement pour y apporter son petit prisonnier.
Une fois arrivés, les Anangu se pressent vers eux, étonnés de leur succès. Kaapa se fraie un chemin parmi les siens et vient se placer devant la bretteuse, qui lui remet l'animal, Zia demandant toutefois à ce qu'aucun mal ne lui soit fait.
« Sois sans crainte, dit le sage tout en caressant doucement le marsupial qui, pour sa part, se met à bailler : nous connaissons Purinina depuis longtemps.
- C'est ainsi que vous le nommez ? » Demande Esteban.
Le sage acquiesce d'un hochement de tête, puis poursuit : « la quête que je vous ai confiée n'était qu'un simple test... Vous avez tenu parole et accompli ce que je vous avais demandé. Je dois avouer que j'en suis surpris. Je pensais que, dans le meilleur des cas, vous alliez juste partir et dans le pire, que vous alliez revenir avec des renforts... A vrai dire, certains des miens commençaient même à préparer leurs armes, au cas où vous auriez été hostiles. Je suis ravi de voir qu'il n'en est rien. Cette bête n'a jamais été une menace pour nous. Elle est habituée à notre présence et nous à la sienne... Je devais m'assurer que vous êtes des individus sérieux et qui tiennent parole...Peut-être même plus important que tout : vous avez pris soin de ne pas blesser cet animal, ce qui témoigne d'un grand respect pour la vie et la nature.»
Sur ces paroles Kaapa pose doucement le marsupial par terre et le relâche. La bête ne demande pas son reste et détale immédiatement, disparaissant rapidement au sein d'arbustes
« Je dois reconnaître que je me suis moi aussi trompée à votre sujet, concède Uta Uta. J'espère que vous me pardonnerez...
- Il n'y a aucun mal, acquiesce Tao en faisant une rapide révérence : votre méfiance envers les purs inconnus que nous étions à vos yeux n'était rien que de plus normale.
- Suivez moi, demande Kaapa en souriant aux compagnons, vous devez être affamés ou épuisés après votre traque. Les autres sont également curieux de faire votre connaissance, et vous avez mérité d'en savoir plus sur nos coutumes, ainsi que sur le Grand Uluru... »

Soulagée que cette seconde rencontre avec les autochtones se passe mieux que la précédente, la petite troupe s'engage à la suite du sage et pénètre dans le campement indigène. Là, elle s'assoit à même le sol autour d'un feu de camp et elle est vite rejointe par d'autres membres de la tribu, qui lui servent également un repas composé de savoureux morceaux de viande issus de la chasse du jour, accompagné de pêches rouges appelées des quandong. Les amis se préparent à faire bombance, jusqu'à ce qu'on leur présente de gros insectes et des racines ! Ils se regardent un instant, dubitatifs, mais, soucieux de ne pas vexer leurs hôtes, ils surpassent leur réticence et avalent ces plats surprenants, qui au final s'avèrent plutôt bons. Tandis qu'ils mangent, les habitants, très curieux, ne peuvent s'empêcher de les dévisager avant que Kaapa ne s'éclaircisse la gorge, à la fois pour rappeler aux siens que cela ne se fait pas et aussi pour reprendre la parole...
« Le Grand Uluru..., déclare-t il. Cette montagne que vous recherchez... C'est un monolithe et l'endroit le plus sacré de mon peuple et ce, depuis d'innombrables générations. Son accès et encore plus son inspection, sont formellement interdits. Même les nôtres ne s'y rendent que rarement, car ce lieu est empreint de forces spirituelles incommensurables, qui dépassent l'entendement !
- Qu'entendez-vous par là ? Demande Tao d'un ton empressé, trahissant sa curiosité coutumière.
- Eh bien, jeune homme, les récits de nos ancêtres, que nous nous transmettons oralement, nous ont rapporté qu'il y a très, très longtemps, à plusieurs reprises, des grands rayons de lumières colorées jaillirent des flancs de la montagne, parfois accompagnés d'un vacarme dépassant de loin celui des plus grands orages ! Un tumulte ressenti à des lieues à la ronde, faisant trembler les arbres et fuir toutes les bêtes ! Des légendes font, quant à elles, état d'individus mystérieux, vêtus de longues robes aux couleurs des arcs-en-ciel, qui se seraient extraits des contreforts avant d'y retourner plus tard chargés d'objets magiques... Bien d'autres phénomènes inexpliqués sont originaires de cet endroit, qui pour nous est, à n'en pas douter, un point d'importance, de manifestation du Temps du Rêve...
- De quoi ? demande Zia, interloquée.
- Du Temps du Rêve, intervient Uta Uta un petit sourire aux lèvres, la guerrière étant amusée par la méconnaissance de l'inca. C'est le moment où le monde a pris forme..L'origine de la vie. C'est à cette époque, que les Tjuritja, les ancêtres que nous vénérons, ont fondé notre société...Notre mode de vie...
- A vrai dire, reprend Kaapa d'un ton professoral, c'est plus qu'un « moment »... C'est plus compliqué que cela... Je ne sais pas si vous pourrez comprendre... ajoute-t-il en tournant la tête de gauche à droite...
- Comment cela ? Interroge Esteban.
- Je vais tâcher de ne pas être trop abstrait. Voyez vous, le Temps du Rêve n'est pas terminé. Il existe toujours... Ce n'est pas que le passé : pour nous, cet âge recouvre également le présent et le futur... Et ce n'est pas qu'un instant : c'est également un lieu...au sein duquel les trois temporalités se mêlent, représentant ce qui fût, ce qui est et ce qui sera, mais aussi ce qui aurait pu être... Et lorsque nos vies s'achèvent, selon nos coutumes, nous rejoignons nos ancêtres, dans ce grand « Tout », afin de participer avec eux à la consolidation du monde et guider nos descendants. »
Voyant l'air interdit des amis, visiblement perturbés par ses dires, l'ancien se lève se s'éloigne un instant, pour leur laisser le temps d'assimiler ces connaissances.
« Là, je suis perdu, se désole le fils du Soleil tournant la tête vers sa bien-aimée. Je ne comprends plus rien !
- Esteban, chuchote Zia. J'imagine que ces croyances sont issues d'un accès à un autre monde, dont les ancêtres des anangus auraient été témoins ...Sans doute pour le continent des muens. Rappelle toi comme tu étais surpris quand nous avons rencontré pour la première fois Rana'Ori et les naacals, tous bien vivants ! Toi et moi n'aurions jamais pensé qu'un autre univers coexistait avec le nôtre...
- Si, confie Tao, l'artefact que nous cherchons, le Façonneur, est bien caché au sein de cet « Uluru », comme je le suppose, son fonctionnement réclame de la puissance et il a pu provoquer les manifestations d'énergies, ces « forces spirituelles » que Kaapa a évoquées, ce bruit et ses vives lumières... Quant aux mystérieux individus mentionnés, leur description ressemble bien à celle des naacals.
- C'est donc bien aux pieds de cette montagne que nous devons nous rendre ! enchérit Isabella. Cela explique ce que le marin nous a révélé hier. D'après lui, Fernando lui avait assuré que sa montagne d'or serait « au bout du rêve ». Les écrits dont dispose mon père contiennent probablement la transcription de vieilles légendes en lien avec ce que nous venons d'entendre ? Ce « Temps du Rêve » ? »
Au bout d'un moment Kaapa revient, et les convives finissent leur repas.
«A voir vos airs décidés, reprend le sage, j'imagine que vous voulez malgré tout voir Uluru ?
- Oui, s'il vous plaît, implore le Fils du Soleil les mains jointes.
- Bien, soupire l'ancien. Puisque vous semblez être des personnes convenables... C'est à l'est-sud-est d'ici. A près de deux jours de marche. Le terrain est essentiellement plat, donc il est possible de s'y rendre facilement. A titre tout à fait exceptionnel, je veux bien vous autoriser à vous y rendre... Mais vous n'irez pas seuls : nous vous y accompagnerons. Vous ne pourrez pas dépasser l'entrée d'Uluru. Quand nous nous sommes rencontrés, vous avez indiqué y chercher un être malfaisant. Nos guerriers le feront... Si cet homme a foulé notre terre sacrée, nous l'en chasserons...
- Et s'il a profané l'endroit, promet Uta Uta d'un air menaçant, il en assumera les conséquences... Notre chaman pointera le Kurdaitcha sur lui !
- Le Kurdaitcha ? demande Tao. Qu'est-ce donc ?
- C'est un bâton magique en os, répond la guerrière... Toute personne pointée par cette relique voit les mauvais esprits et la mort s'abattre sur elle...
- Un os magique mortel ? répète l'Empeur de Mû, très sceptique.
- Ça...me paraît tout à fait légitime », acquiesce rapidement Isabella pour faire diversion, que l'aborigène ne remarque pas l'incrédulité un brin narquoise du jeune homme. Bien que non superstitieuse, la bretteuse s'inquiète pour son père : la menace de la sanction paraît assez claire pour être prise au sérieux...
Soucieuse de dissiper la soudaine tension venant de s'installer, Zia s'enquiert auprès de Kaapa des traditions des siens. Son stratagème, doublé d'une vraie curiosité pour le sujet, fonctionne, car le vieil homme qui voit pourtant clair dans le jeu de la muenne, s'y prête de bonne grâce...
Très vite, l'atmosphère se détend et les invités ne voient plus le temps passer, plongés qu'ils sont dans les récits de leur hôte, captivés par ce peuple, son respect de la terre et sa mythologie. Certaines histoires semblent dater de milliers d'années... La nuit est désormais complète et de nombreuses étoiles scintillent dans le ciel. Stupéfait, Tao apprend ainsi des indigènes différentes lois et présages concernant la chasse ou la cueillette, en fonction de la position des astres dans le ciel.
Enfin, les aventuriers assistent à plusieurs chants et danses, des représentations musicales enjouées exercées avec des instruments bizarres, en forme de flûtes tordues, ainsi qu'à des mimes témoignant, s'il en était besoin, de la grande camaraderie régnant entre les membres de la tribu...
Au moment d'aller se coucher, les invités se rendent dans un abri mis à leur disposition et s'y installent confortablement
Alors que Tao, Zia et Isabella s'assoient, Esteban, lui, reste debout. Gêné, hésitant, il fait les cent pas... Ayant déjà deviné ce qui le taraude, l'ancienne espionne l'encourage d'un signe de tête à prendre la parole. L'atlante croise le regard de l'aventurière, fait la moue un instant, soupire, puis s'exécute :
«Zia, Tao, les interpelle-t-il. Cela ne me plaît pas d'agir ainsi, mais je crois que nous allons devoir fausser compagnie à nos hôtes...
- Pourquoi cela ? demande l'inca.
- S'ils nous accompagnent jusqu'à Uluru, nous ne pourrons pas agir librement. En outre, ils risquent d'être en danger : le Docteur est prêt à tout pour arriver à ses fins et je suis sûr qu'il n'hésitera pas à les agresser ou pire à les tuer, si besoin.
- En effet, confirme la bretteuse. Et de manière simplement pragmatique, nous ferions aussi le voyage bien plus rapidement en condor qu'en marchant.
- Tu as raison, approuve Tao : chaque jour peut compter.
- Les Anangu, ajoute Zia pensive : ils n'ont sans doute jamais eu affaire à des espagnols armés de pistolets ou de mousquets. Malgré leurs compétences martiales, ils pourraient être massacrés. Cela ne doit pas arriver : personne ne doit souffrir à cause de nous ou de la folie du Docteur ! C'est d'accord. C'est pour le mieux, se console-t-elle. En ce cas, attendons que tout le monde se soit assoupi, puis rejoignons le condor.»

C'est ainsi qu'après un petit moment, Tao sort le premier la tête de l'habitation. L'homme regarde à droite et à gauche puis, après avoir vérifié que personne ne surveille l'endroit, en sort, et se met à marcher à pas feutrés en direction de l'extérieur du camp, suivi de ses compagnons. Le ciel étoilé leur donne une bonne visibilité, aussi leur crainte de trébucher sur quelque chose et d'ameuter les aborigènes disparaît vite. Ils prennent toutefois mille précautions pour ne pas être découverts et avancent ainsi jusqu'à ce qu'ils entendent des voix s'approchant. Les amis se figent, ne sachant que faire. Pichu s'apprête à faire diversion en babillant, mais Tao lui saisit le bec, doucement mais fermement, pour l'en dissuader et lui intime le silence. Utilisant son pouvoir, Zia déplace des bûches du feu de camp situé non loin. Le vacillement de luminosité ainsi que la perturbation du crépitement des flammes attirent les quelques natifs qui s'éloignent, laissant le champ libre aux fugitifs...
Après une courte marche, ces derniers regagnent l'oiseau d'or et s'y installent. Le condor ne pouvant voler de nuit, ils se relaient donc pour dormir tout en veillant à tour de rôle que personne ne l'approche. Puis, dès les premières lueurs de l'aube, le volatile se charge d'énergie et ils décollent, s'élançant vers l'est-sud-est.

Terra Australis. Fin de matinée.
Tous ont bien dormi, cependant le dernier des atlantes est encore rongé par la culpabilité d'avoir fait faux bond aux Anangu et son pilotage, sans conviction, s'en ressent. Isabella comprend ce qui le tourmente, pose une main sur son épaule et par quelques mots tente d'apaiser l'esprit de l'aventurier.
« Être adulte, dit-elle, c'est savoir faire des choix parfois difficiles... Les enjeux sont grands, Esteban... Tu as pris la bonne décision.» Ces paroles aident le Fils du Soleil, qui sourit à son amie, mais elles ne lui donnent pas bonne conscience pour autant. L'atlante parvient toutefois à se reconcentrer sur ses manoeuvres et bientôt, grâce aux indications de Kaapa. Ils parviennent à destination.
Le monolithe, l'Uluru, apparaît devant eux, majestueux. C'est un formidable roc rougeâtre, complètement isolé de tout sur des lieues à la ronde. Chaque passage d'un nuage ou d'un autre fait chatoyer les couleurs de la montagne. Voyant ce spectacle, tous, dans l'habitacle du condor, n'ont aucun mal à croire qu'un paysage pareil ait donné lieu à tant de croyances et de légendes...
Le Fils du Soleil pose délicatement leur appareil sur le sol, en prenant soin de ne pas écraser les très nombreuses fleurs le parsemant.
Les compagnons descendent de l'engin et entreprennent de marcher vers leur destination quand, soudain, un énorme bruit retentit. Un tintamarre aux accents métalliques, en provenance de la montagne sacrée et qui monte encore progressivement en puissance...
« Il l'a fait ! S'inquiète Tao. Il l'a fait ! Le Docteur a réussi à activer le Façonneur ! »

Fin du chapitre
Le Docteur va-t-il réussir ses sombres projets ? Va-t-il mettre l'univers en danger ?
 Vous le saurez en lisant le prochain chapitre des Chroniques de l'Ordre du Condor !

Documentaire
« Ayers Rock » est l'autre nom d' « Uluru », un grand monolithe de grès trônant au cœur de l'Australie dont il est, depuis relativement récemment, l'un des principaux endroits touristiques. Haut de près de trois cents cinquante mètres, il n'a été exploré par les européens qu'en 1873. Les points d'eau qui l'entourent en ont fait un lieu de vie pour la faune locale, mais il est aussi parsemé de grottes, dont les parois, couvertes de peintures rupestres des aborigènes ont achevé d'en faire un lieu de légende...

Uluru.jpg

Le Scoop de Pichu
« Quel est ce drôle d'animal ? Demande Pichu en volant au dessus du marsupial.
- C'est un diable de Tasmanie », répond la voix off.

Diable.jpg

« Il n'a pas l'air diabolique... s'interroge le cacatoès.
- Ce sont les premiers européens arrivés en Australie qui l'ont nommé ainsi, terrorisés qu'ils étaient par son cri à glacer les sangs. Depuis, le diable de Tasmanie a presque disparu de ce pays et ne vit plus que dans le sud. Les australiens le surnomment affectueusement « Tassie ». Mais fais attention, Pichu, à ce qu'il ne t'attrape pas : cet animal dévore absolument tout de ses proies. Tout, y compris les os !
- Euh, je vais un peu m'éloigner ! Je crois que j'ai quelque chose à faire... Babille le volatile.
- C'est plus prudent... »

Au revoir, a bientôt !

Chapitre suivant : Le Temps du Rêve
Modifié en dernier par Marcowinch le 04 avr. 2024, 17:22, modifié 1 fois.
*** :Tao: :Zia: :Esteban: Ma fanfic MCO : La Huitième Cité :) :Esteban: :Zia: :Tao: ***
J'espère qu'elle vous plaira :D

:Esteban: Bah voyons, Pattala ! C'est pas dans ce coin-là que vit la jolie Indali ? :tongue:
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Re: Les Chroniques de l'Ordre du Condor

Message par Marcowinch »

Chapitre VII : Le Temps du Rêve

Note de Zia
Tao m'a proposé d'écrire la fin de ce récit. C'est avec plaisir que j'ai accepté. L'initiation à l'écriture reçue lors de ma période de servitude en tant que dame de compagnie auprès de la reine d'Espagne n'aura finalement pas été inutile...

Ziacprght.jpg

Terra Australis. Au pied du Grand Uluru. Début d'après midi.
Le vacarme couvre en grande partie la voix de Tao, mais son inquiétude se lit sur son visage. Suivi de Pichu, puis de ses amis, l'Empereur de Mu se met à courir en direction du Grand Uluru. Dans son empressement, il manque à plusieurs reprises de trébucher sur le sol irrégulier, qui arbore ici ou là des petites buttes de terre traîtresses recouvertes d'herbes...
Bientôt, la troupe arrive au pied du majestueux monolithe et au bout de quelques instants à en examiner fébrilement la paroi de part et d'autre, localise une anfractuosité suffisamment large pour s'y engouffrer un à la fois. Isabella insiste pour passer la première, ce qui ne plaît pas au Fils du Soleil. Comprenant toutefois l'impatience de la bretteuse à retrouver son père, l'atlante se soumet à sa décision. C'est à la suite de l'aventurière qu'il s'engage, suivi de Zia, Tao et Pichu, tous à la queue leu leu.
Dans le défilé, l'air est frais, ce qui fait trembloter les aventuriers. Cependant, il n'y fait pas noir car une vive lumière dorée provient de l'autre extrémité. Les compagnons progressent ainsi sur une cinquantaine de mètres, avant que le passage ne se rétrécisse et qu'ils doivent se faufiler pour continuer d'avancer.
« Comment Fernando, avec son fauteuil roulant, a-t-il bien pu passer par ici ? s'étonne Esteban. J'ai déjà du mal à croire que la grosse brute qui l'accompagne ait pu le faire, avec son gabarit...
- Je ne sais pas, répond Tao en haussant les épaules... Il est vrai que c'est curieux : ils ont probablement emprunté un autre chemin. Peut-être aurions nous du faire le tour d'Uluru pour trouver un accès plus facile ?
- Chuuut ! » souffle Isabella, ce qui fige les deux hommes. « Taisez-vous, tous les deux : je crois que nous approchons... »
En effet, l'issue du tunnel s'élargit et au prix de dernières contorsions, les amis débouchent un à un dans une vaste caverne, au cœur même du monolithe. La cavité s'étend sur plus d'une centaine de mètres de longueur et plusieurs dizaines de hauteur et l'endroit est baigné d'une vive lumière jaune, émise par un immense pilier cylindrique situé en son centre. Le chatoiement qui en émane est toutefois si intense qu'il est impossible de distinguer l'autre moitié de la colonne, même en plissant les yeux. Le pied de l'appareil, quant à lui, est en orichalque le plus pur et abrite plusieurs panneaux de commande, agrémentés de boutons dont certains rectangulaires, ou carrés ou encore circulaires. Ces boutons s'allument ou s'éteignent en alternance.
A gauche de ces claviers se trouve un escalier comportant quelques marches et similaire à celui du portail des anciens qui mena jadis les amis à Chambord.
Son palier donne sur une grande plateforme, de plus de dix mètres de rayon, au dessus de laquelle s'étend le fameux halo lumineux, qui va jusqu'à frapper le plafond de la caverne... Mais quelque chose ne va pas et Tao le remarque immédiatement : l'aura n'est pas répartie de manière homogène et semble palpiter de manière irrégulière. En outre, sa couleur varie, passant du blanc le plus pur au jaune, voire même au vert clair. De petits éclairs sont également parfois projetés de part et d'autre de la structure, frappant occasionnellement les parois.
Toute absorbée qu'elle est par le spectacle s'offrant à ses yeux, la troupe ne remarque pas tout de suite Fernando qui, engoncé dans son fauteuil roulant, tapote fébrilement sur un pupitre.
« Cela ne va pas ! Cela ne va pas ! s'énerve-t-il. Je dois pourtant être près du but...
- Maître ! l'interpelle Sanjay tout en désignant d'un doigt les compagnons, nous avons été suivis ! C'est votre fille et les trois avortons...
- Isabella ? Dit le Docteur en levant enfin la tête de son pupitre puis la tournant vers les arrivants. Tao, Zia, Esteban ? Encore vous ! Ce n'est pourtant pas le moment de me déranger ! Allez-vous en ! Débarrassez le plancher !
- Père ! Qu'as-tu fait ? » s'inquiète Isabella qui bien que n'étant pas une scientifique, se rend bien compte que le Façonneur ne fonctionne pas comme il le devrait.
«Bah ! Maugrée l'intéressé. Cette maudite machine muenne ne se laisse pas contrôler facilement ! Il me faudrait plus de temps pour l'étudier, mais je n'en ai pas : mes hommes, ces imbéciles, n'ont pas pris assez de nourriture pour établir un camp plus pérenne ici... Je les ai envoyés en chercher davantage... Je me demande où ils sont bien passés... Dans l'intervalle, j'ai réussi à mettre en marche cet engin. Toutefois, j'ai du appuyer sur un bouton inapproprié, car je ne parviens plus à l'arrêter...
- Docteur, tu es encore à jouer avec des forces qui te dépassent ! raille le Fils du Soleil. Comme lorsque tu as voulu t'allier aux olmèques... Tu n'as pas changé d'un iota. Laisse faire Tao ! Un scientifique compétent et précautionneux saura comment enrayer cela...
- C'est gentil, Esteban, apprécie son meilleur ami en hésitant. Hum... j'aimerai en être aussi sûr que toi. Je ne connais que les grands principes de cet appareil... »
L'ancien naacal s'en approche mais lorsqu'il arrive au niveau de Fernando ce dernier, piqué au vif dans son égo, le repousse d'un geste du bras.
« Bas les pattes ! s'exclame-t-il. J'y parviendrai seul ! Sanjay, débarrasse moi d'eux ! Ils me gênent ! »
Le colosse acquiesce d'un hochement de tête avant de saisir un des couteaux pendus à ses flancs et de s'avancer vers l'Empereur de Mû d'un air menaçant.
« Tao !» s'inquiète Zia.
D'instinct, l'inca utilise ses pouvoirs pour repousser l'homme de main et parvient à le faire tomber à terre, donnant à son ami le temps de se dégager, ce qu'il fait aussitôt.
Bien que surpris, Sanjay se ressaisit vite, relevant un genou et empoignant sa sarbacane. De son autre main, il ramasse une poignée de terre qu'il lance en direction de la muenne. Celle-ci n'a malheureusement pas le temps de s'écarter. Temporairement aveuglée par les particules, l'infortunée ne remarque que trop tard l'attaque suivante du moluquois : un petit projectile, soufflé de l'arme ennemie, vient se ficher dans son bras droit.
L'inca ressent aussitôt une légère douleur, suivie d'un engourdissement rapide.
« Ziaaa ! hurle le Fils du Soleil en se ruant immédiatement auprès de son épouse.
-Je m'occupe d'elle, Esteban !» lui promet Laguerra qui l'a devancé.
Tandis que l'atlante, qui a dégainé ses lames, veille à ce que Sanjay n'approche pas, la bretteuse examine l'inca et son bras, qui est en train de prendre une vilaine couleur violacée...
«Je reconnais le poison dont cette fléchette était enduite, affirme l'aventurière. Je crois que, dans sa besace, Zia a des plantes médicinales qui pourront la sauver...
- Merci, Isabella ! » Clame Esteban, soulagé. « Je vais m'occuper de cette brute ! » Fronçant un sourcil et se tournant vers Sanjay, le dernier des atlantes s'exclame : « toi, tu vas regretter ce que tu viens de faire ! »
Imperturbable, le colosse replace rapidement une fléchette dans sa sarbacane et tire une nouvelle fois, cette fois en direction du Fils du Soleil. Ses réflexes aiguisés par des mois d'entraînement avec Mendoza, Esteban réagit et pivote juste avant l'impact : sa cape virevolte et le projectile vient se ficher dans sa doublure.
«  Pas mal, gamin ! admet la brute avec un sourire en coin, avant de ranger sa sarbacane et saisir un nouveau couteau. J'aime quand on me résiste ! La défaite n'en est que plus cuisante ! »
Là-dessus, le mastodonte se rue en direction de l'atlante.
« Tao, occupe toi de la machine ! Lui intime son ami. Il faut l'arrêter ! C'est la priorité ! »
Faisant entière confiance à son ami, l'ancien naacal s'approche à nouveau de Fernando.
« Docteur, dit-il, vous voyez bien que ce que vous avez fait a endommagé l'engin et requiert de grandes connaissances de la technologie muenne ! Je suis Empereur de Mû ! ajoute-t-il solennellement. Laissez moi faire ! En retour, je vous donnerai l'or que vous voulez ! C'est promis ! »
A la mention du métal précieux, la cupidité de Fernando prend le dessus sur le scientifique, qui suspend ses manipulations. Profitant de cet instant, Tao appuie sur deux boutons aperçus plus tôt. Le façonneur commence alors à se calmer, semblant sur le point de s'arrêter.
« Non ! rugit de colère le docteur, se ressaisissant ! Tu ne saboteras pas mes efforts ! Éloigne-toi de ce pupitre ! ajoute-t-il en poussant rudement par terre l'ancien naacal, puis en frappant du point le panneau de commandes, ce qui réactive la machine et son fonctionnement erratique. Je vais en finir avec toi ! promet le membre de l'Ordre du Sablier. Tu m'as assez importuné !»
Agacé à son tour, Tao dégaine son arbalète blanche, la charge et la pointe en direction de Fernando.
« Docteur, assure t-il, je ne veux pas vous faire de mal. Ne serait-ce que par respect envers Isabella, qui est mon amie. Mais si vous m'y forcez, je n'hésiterai pas à tirer. La survie du monde est plus importante. En faisant n'importe quoi, vous êtes sur le point de détruire l'univers !
- Détruire l'univers, rien que cela ! raille le Docteur. Faut-il que tu exagères pour arriver à tes fins ! Je vais simplement recueillir ce à quoi j'ai droit : la richesse, le pouvoir !
- Je ne veux pas tirer sur une personne infirme, Docteur. Ne m'y forcez pas !
- Infirme ? rit le Docteur. Il est vrai que j'ai perdu mes jambes lors de l'effondrement de la base d'Apuchi et que, depuis, je me déplace essentiellement grâce à ma chaise roulante... Cependant, je t'assure que je suis tout à fait capable de me défendre et vaincre un énergumène comme toi, monsieur le soi-disant Empereur de Mû ! »
Sur ces paroles, Fernando exerce avec ses bras une poussée contre les montants de son siège. L'effet de levier qui en résulte entraîne également un mouvement de bascule. Le torse du Docteur se redresse et à la grande surprise de Tao, l'homme entreprend de se lever de son siège ! Le gringsing qui recouvrait encore ses jambes tombe par terre, mettant en évidence deux moignons engoncés dans des sortes de fines jambes de métal évoluées, pourvues de nombreux rouages et reliées, via des tuyaux, à un boitier situé dans le dos du Docteur.
Se tenant à présent droit comme un « i », le scientifique savoure la surprise de son ennemi.
« Un exosquelette ! S'exclame Tao.
« Oui, en effet, glousse le Docteur. Tu pensais probablement qu'Ambrosius était le seul à connaître la technique de ces armures ? Comment crois-tu que j'ai pu recruter des hommes de main ? De tels imbéciles ne suivraient jamais quelqu'un d'invalide à leurs yeux. J'ai du leur montrer l'ampleur de mes talents... »
Là-dessus, Fernando, porté par ses jambes métalliques, fait quelques pas en direction de Tao puis, son équilibre garanti, bondit vers lui !
Le jeune homme tire mais, désarçonné par cette révélation, il manque sa cible et son arbalète lui échappe aussi même des mains ! Il évite de justesse un puissant coup de pied décoché par le Docteur. Tout comme l'exosquelette d'Ambrosius, celui de Fernando lui donne une excellente force et une grande mobilité : le scientifique s'apprête déjà à frapper de nouveau.
Toujours aussi vif, Tao comprend immédiatement qu'il n'a aucune chance contre un tel ennemi : Mendoza avait déjà eu des difficultés à vaincre Ambrosius et le navigateur était pourtant un combattant entraîné ! L'Empereur de Mû n'a pas reçu l'entraînement dont a bénéficié Esteban. La fuite semblant être la meilleure option, l'ancien naacal détale, courant autour du Façonneur.
Amusé par cette tentative vaine à ses yeux, Fernando le poursuit, gagnant rapidement du terrain. Désespéré, Tao se retourne et décide de courir le risque d'utiliser à son tour la technique du roseau, qu'il a déjà vu Esteban pratiquer. Sa mémoire aidant, il réalise parfaitement le mouvement quand son ennemi arrive à portée l'envoyant valdinguer en direction du halo lumineux. Malheureusement, avant de disparaître complétement dans le halo, Fernando parvient à saisir la cheville droite de Tao grâce à son fouet et l'y tire à son tour.
Au sein de la colonne de lumière un vent puissant, similaire à celui des ascensionneurs de Badalom règne. Il a tôt fait de séparer les deux hommes. Il les fait tournoyer, les contours de la réalité s'effaçant pour laisser place à autre chose... Un monde, non, plusieurs, défilent autour d'eux tels autant de paysages...

Pendant ce temps, Esteban, armes dégainées, se débrouille comme il peut pour éviter les assauts de Sanjay. Ce dernier essaie en alternance de le poignarder ou de l'agripper. Heureusement, Le Fils du Soleil, plus mince et par conséquent plus rapide, réussit à esquiver. Le dernier des atlantes sait que le moindre coup d'un individu aussi musclé pourrait mettre fin à ses jours. Tour à tour, Esteban recule, pivote, se décale sur la droite ou la gauche, ou encore contre-attaque. Le jeune homme s'efforce d'être imprévisible, ainsi que Mendoza le lui a enseigné. «Il faudra que je me muscle, pense-t-il, comme Gaspard me l'a conseillé : je fais pâle figure face à cette montagne.... » Se disciplinant, il chasse cette distraction, juste au moment au Sanjay rate de peu son visage.
Perdant son appui, Esteban se trouve forcé d'effectuer un demi-cercle, puis de s'éloigner en courant, là-aussi en direction du Façonneur, le Moluquois à ses trousses...
« La technique shaolin ne fonctionnera pas contre lui, se dit le jeune homme, réfléchissant à toute allure: il est du même acabit que Tétéola : beaucoup trop imposant. Il m'écraserait sous son poids ! »
Une autre idée lui vient cependant : il décide de profiter du halo lumineux qui se trouve derrière lui pour remplacer le soleil et aveugler son adversaire avec les reflets jouant sur ses lames. Il réussit et le colosse grogne, parvenant tout de même à saisir l'atlante au niveau du cou. Il commence à l'étrangler !
Le Fils du Soleil ne parvient plus à respirer. Il se démène pour se défaire de l'emprise de Sanjay et il lui assène de grands coups de pieds dans le ventre, ce qui n'a malheureusement pas d'effet. Le manque d'oxygène commence à lui faire tourner la tête et il ne parvient plus à réfléchir comme il le faudrait !
C'est alors qu'un claquement retentit, suivi d'un grognement. Rouvrant un œil à demi, l'espoir d'Esteban renaît : profitant de ce que Sanjay lui tournait le dos, Isabella a utilisé son fouet pour lui enserrer le cou à son tour. Afin de pouvoir se défaire de la lanière de cuir, le moluquois n'a d'autre choix que de libérer Esteban de son étreinte. Il choisit de le faire sans ménagement et il propulse le jeune homme à son tour dans la colonne de lumière où Tao et le Docteur ont disparu précédemment.
Le Fils du Soleil, encore a demi-inconscient, se met à flotter et dériver au sein du halo. Il parvient à ouvrir les yeux mais sa vision se trouble. Il ne voit plus ce qui se trouve de l'autre côté de la colonne. Il lui semble à présent voir une myriade de paysages distincts, fragmentés, évoquant des lieux totalement inconnus. Se pensant dans un rêve tel que celui qu'il avait fait à bord de l'Esperanza et dont il avait gardé de vagues souvenirs, l'atlante se frotte les yeux. Il lui paraît entendre la voix de Tao, résonnant dans sa tête, toutefois il ne saurait dire d'où elle provient.
« Tao ! Tao ! Où es-tu ? » appelle-t-il.
Malheureusement, aucune réponse ne lui parvient... Dans une tentative désespérée de toucher à nouveau le sol, l'atlante se contorsionne, essayant de s'appuyer, comme si cela était possible, sur l'espèce de matière lumineuse au sein de laquelle il évolue. Ses efforts n'ont cependant pas l'effet escompté et au contraire, il dérive encore davantage, traversant à présent les différents paysages, comme s'il lui était possible d'atteindre ces différents lieux.
Perdant toute notion du temps, l'homme tente de raisonner : « le Façonneur est un prototype pour les voyages, tel que l'étaient les portails des anciens, se rappelle-t-il. Il y a forcément un moyen d'en sortir...Je n'ai pas vu d'emplacement pour médaillon à l'entrée de l'engin et il n'y a rien pour se guider ici... J'imagine donc qu'il faut se concentrer sur l'endroit que l'on cherche à atteindre. Oui, ça doit être ça ! Ca doit fonctionner sur le même principe que celui des bracelets que Byzas nous avait donnés par le passé ! »
Esteban referme immédiatement les yeux et entreprend de matérialiser dans son esprit la caverne du grand Uluru. Mais, tandis qu'il est sur le point d'y parvenir, le son d'une voix lui fait perdre instantanément tous ses moyens, toute sa concentration. Une voix féminine, tendre, douce, aux accents incas...Qui n'est pourtant pas celle de Zia... Au fond de lui-même, le dernier des atlantes est sûr d'avoir déjà entendu cette voix...non : de l'avoir toujours connue. « Esteban, entend-il. Estebaaan... »
Intrigué, le Fils du Soleil tourne la tête, apercevant au loin l'image d'un monde parsemé de hautes montagnes aiguisées, à la manière de celles de la Cordillère des Andes... Ne pouvant résister à cet appel, il pivote et, se déplaçant mieux désormais au sein du halo, il réussit à s'approcher un peu de la vision. Au bout de quelques instants il distingue, au pied de la montagne, une jeune femme, accroupie dans l'herbe verte... Bientôt encore plus près, le dernier des atlantes remarque à présent les atours de l'inca. Vêtue d'une tunique en laine d'alpaga teinte en bleu, elle arbore de longs cheveux fins, noirs, ceints par un bandeau rouge vif. Brodé, le tissu sépare des nattes soyeuses, tombant de part et d'autres le long d'un visage délicat. Des yeux noisette, un nez aquilin et un doux sourire...La vue de ce visage frappe Esteban aussi fort qu'une révélation. C'est la femme que lui a décrite Athanaos, lorsque tous deux se trouvaient au lac Lamou ! Mais, même sans la description donnée par son père, Esteban l'aurait reconnue... C'est comme si l'image de cette inca avait toujours fait partie de lui...
Restant un moment interdit, il secoue un bref instant la tête...
« Maman !?! s'exclame-t-il enfin d'une voix étranglée par l'émotion.
- Esteban ? Ah ! Te voilà ! Semble lui répondre l'inca en tendant les bras. Approche ! Tu sais bien que tu ne dois pas t'éloigner de moi... Viens à mes côtés, mon fils... Profitons encore un moment de la générosité d'Inti, le Dieu Soleil, qui nous fait cadeau de ses rayons aujourd'hui...»
Incapable de résister, Esteban s'approche encore, tout près maintenant de traverser l'espèce de miroir lui présentant la vision.
«C'est... C'est...C'est impossible ! Se met-il soudain a bégayer à la manière de Sancho. Maman, c'est bien toi ? »
Les paumes de ses mains effleurent le miroir aux contours azurés et il lui semble que, de l'autre côté, la femme, qui lui sourit toujours, les touche également.
Esteban déglutit et s'apprête à traverser quand, soudain, l'inca attrape un jeune garçon dans ses bras. Ce bambin ressemble en tous points à l'atlante. Enfin, quand il n'avait que quelques années.... La Vestale du Soleil commence à jouer avec l'enfant, le soulevant dans les airs et le reposant à plusieurs reprises. A chaque fois le bambin, heureux, délivre de grands éclats de rire capables de percer les tympans. Puis, au bout d'un instant, l'inca pose délicatement l'enfant en travers de ses genoux et entreprend de lui conter une histoire : une des légendes de leurs dieux.
Esteban reste là, coi, incapable de détacher son regard de cette scène... De ce qu'il aurait pu vivre... En d'autres circonstances... Soudain, il se remémore les paroles de Kaapa, le sage aborigène : « Le Temps du Rêve n'est pas qu'un instant : c'est également un lieu...au sein duquel les temporalités se mêlent : ce qui fût, ce qui est et sera et aussi ce qui aurait pu être... »
Il paraît maintenant clair à l'atlante que ce qu'il voit se déroule vraiment. Mais dans un autre temps, un autre monde, une autre dimension. Comme celle où vivent Rana'Ori et les naacals. Pour autant, malgré cette compréhension, Esteban est fasciné par ce qu'il voit et en son for intérieur, il se réjouit du bonheur de cet enfant et de celui de sa mère qui est, d'une façon, aussi la sienne... D'une certaine manière, il en est même apaisé.
Pourtant, bien qu'il ne s'en rende pas compte, le Façonneur sorti complètement de son esprit, se comporte de façon alarmante ! Zia qui a été depuis soignée par Isabella, a repris connaissance et s'est relevée, ne peut que le constater... Ne s'étonnant pas vraiment de voir au sol le corps sans vie de Sanjay, vaincu entretemps par la bretteuse, la muenne se dirige vers le pupitre. Elle est inquiète, ne voyant plus du tout son mari ni son frère de coeur. Rengainant sa rapière, Isabella la rejoint, elle aussi soucieuse pour ses amis ainsi que pour son père.
Un jeune homme émerge soudain de la colonne, titubant. L'aventurière le tient pour qu'il ne chute pas et finit de l'extraire du halo.
« Tao ! » s'exclament, réjouies, les deux femmes, ainsi que Pichu, lui laissant à peine reprendre son souffle.
L'Empereur de Mû leur sourit également, mais Isabella, ne tenant plus, ne peut s'empêcher de l'interroger : « sais-tu où est passé mon père ? » Lui demande-t-elle.
Tao se rembrunit un instant, avant de lui répondre :
« Quand j'ai réussi à me défaire de la lanière de son fouet qui m'enserrait la jambe, nous avons été séparés... Je l'ai toutefois revu un instant, plus tard... Il était subjugué par une scène qui se déroulait dans une sorte de grand oculus. Je ne m'en suis pas approché, mais il me semble bien y avoir aperçu Marinche dans celui-ci. Fernando a progressé vers cette fenêtre et est entré dans cet espace. Il a alors disparu de mon regard...
- Tu veux dire qu'il aurait rejoint Marinche ? s'étonne Zia.
- Oui, c'est ce que je crois, approuve l'Empereur de Mû. Enfin... la Marinche de cet autre monde. Car il est impossible qu'il s'agisse de celle que nous connaissons...
- Cela me surprend beaucoup, tique Isabella pourtant un peu apaisée. Mais nous savons que mon père tenait à elle... Il faut croire que, finalement, mon père adorait autre chose que l'or !
- Oui, acquiesce Tao. Je crois que, parmi les innombrables réalités alternatives, le façonneur nous a montré celles que nous souhaitions le plus voir... Au plus profond de nous... Pour ma part, l'artefact m'a montré un endroit dans lequel ma famille était toujours là, bien vivante... J'ai eu beaucoup de mal à me défaire de cette vision. A ne pas franchir l'ouverture pour rejoindre les miens. Enfin, mes proches de cet autre monde...Si je n'avais pas l'esprit si rationnel, j'aurai moi aussi disparu pour toujours. »
Une main se pose soudain sur son épaule, le faisant sursauter. Elle appartient au Fils du Soleil qui vient de réussir à les rejoindre et a visiblement entendu les paroles de son ami.
« Quant à moi, ajoute-t-il, j'y ai vu ma mère, heureuse... Je suis content de savoir que, dans son autre monde, tout se passe pour le mieux.
- J'imagine, dit Zia avec un sentiment de tristesse mêlé d'espoir, que si j'entrais à mon tour dans ce halo, je verrai à nouveau mon père... Mais ce ne serait qu'un leurre...
- Probablement, confirme son aimé. Cependant, affirme Esteban d'un ton rassurant, je crois que, où qu'il soit, Papacamayo pense à toi... Qu'il est toujours à tes côtés...
- Nous devrions quitter cet endroit, annonce Laguerra. Avant d'être trop tentés de nous plonger dans ces autres réalités et risquer de perdre de vue ce que nous avons déjà et ce à quoi nous tenons le plus...
- Oui, approuve Zia rassérénée. Cependant, désactivons le Façonneur ! Il ne faudrait pas que quelqu'un puisse le remettre en fonctionnement. »
A ces mots, l'Empereur de Mû s'active et il rejoint le tableau de commandes. Se basant sur sa mémoire  relative à l'artefact ainsi qu'à son encyclopédie, il ne lui faut que quelques minutes pour mener sa tâche à bien.
« C'est fait ! annonce-t-il bientôt joyeux à la cantonade tandis que le halo baisse en intensité avant de s'éteindre à tout jamais.
- Bravo, Tao ! Lui lance Isabella.
- Oui. Et contrairement à la dernière fois, Tao n'a pas fait tout exploser ! le taquine Esteban avec un clin d'oeil.
- Maintenant, il ne nous reste plus qu'à retourner à Pattala ! approuve l'aventurière. J'avoue qu'il me tarde de revoir Tyrias et Soledad et bien sûr mon mari ! Vous savez, je crois que nos enfants sont la chose la plus difficile que Mendoza ait à gérer !
- Ah ! Ah ! Je comprends ton impatience, Isabella, rit Esteban. Mais il nous reste encore deux choses à faire, pour mettre un terme à toute cette histoire : retourner voir les marins, à qui nous avons promis de donner des nouvelles de leur capitaine, puis rentrer dans ton empire, Tao et donner à Ambrosius ce qu'il souhaitait soi-disant si ardemment : un procès ! »

Fin du chapitre
Quel sera le sort d'Ambrosius ? Vous le saurez en lisant le prochain chapitre des Chroniques de l'Ordre du Condor !

Documentaire
Selon des scientifiques et les théories quantiques, les particules qui composent la matière peuvent très bien occuper plusieurs états en même temps. C'est à dire l'état solide, liquide, ou gazeux pour les plus connus, mais il en existe d'autres... Si l'on suit ce raisonnement en l'étendant à l'ensemble des particules de notre univers, des réalités alternatives à la nôtre pourraient donc exister. Une étude a même été publiée en ce sens en octobre 2014 par le très sérieux Centre de Dynamique Quantique de Griffith et de l'université de Californie. Selon les chercheurs qui en sont à l'origine, les mondes parallèles seraient des variations du nôtre et interagiraient avec lui. Le professeur Wiseman de l'université Griffith affirmait ainsi qu'il ne serait pas impossible que, dans un autre univers, « l'Australie ait été colonisée par les Portugais »...

Au revoir, a bientôt !

PS : Merci à Souls pour le dessin de Zia ! :)
*** :Tao: :Zia: :Esteban: Ma fanfic MCO : La Huitième Cité :) :Esteban: :Zia: :Tao: ***
J'espère qu'elle vous plaira :D

:Esteban: Bah voyons, Pattala ! C'est pas dans ce coin-là que vit la jolie Indali ? :tongue:
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