Fanfic: Le monde est dans sa jeunesse.

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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yupanqui
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Re: Fanfic: Le monde est dans sa jeunesse.

Message par yupanqui »

J’aime beaucoup tes montages.
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TEEGER59
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Re: Fanfic: Le monde est dans sa jeunesse.

Message par TEEGER59 »

Ah? Je ne me suis pas foulée sur cette histoire, jusqu'à présent. Deux seulement.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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yupanqui
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Re: Fanfic: Le monde est dans sa jeunesse.

Message par yupanqui »

Ben c’est un début !
Moi je sais pas faire...
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Re: Fanfic: Le monde est dans sa jeunesse.

Message par Este »

Pareil ! Peut-être une fanfic mais je les trouve plus irréalistes les unes que les autres pour la saison 4 et moi je fais pire ! Même s'il y a de l'idée ! Alors que cela c'est excellent !
Saison 1 : 18/20 :D
Saison 2 : 13/20 :roll:
Saison 3 : 19/20 :-@ :-@ :-@
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Re: Fanfic: Le monde est dans sa jeunesse.

Message par IsaGuerra »

Passage très intéressant, j'ai particulièrement apprécié le passage :
Mendoza rengaina son arme, tapota gentiment l'épaule du lord et le récompensa d'un franc coup de tête au visage, agrémenté d'un coup de pied retourné
Et effectivement passage particulièrement violent avec les loups.
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Re: Fanfic: Le monde est dans sa jeunesse.

Message par Este »

IsaGuerra a écrit : 21 mai 2020, 18:04 Passage très intéressant, j'ai particulièrement apprécié le passage :
Mendoza rengaina son arme, tapota gentiment l'épaule du lord et le récompensa d'un franc coup de tête au visage, agrémenté d'un coup de pied retourné
Et effectivement passage particulièrement violent avec les loups.
Très violent !!
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Saison 2 : 13/20 :roll:
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Saison 4 : 20/20 :-@ :-@ :-@ :-@ :-@

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Re: Fanfic: Le monde est dans sa jeunesse.

Message par yupanqui »

Et le lord très sadique qui balance ses déchets vers les Manouches sachant pertinemment ce qui va se passer. Et se délectant de l’horrible scène.
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Re: Fanfic: Le monde est dans sa jeunesse.

Message par TEEGER59 »

Suite.

CHAPITRE 3.

Thuison, Haute Picardie.

Après trois jours de marche effectués sans encombre, malgré une pluie quasi ininterrompue, Mendoza arriva en vue de Thuison. Il avait laissé tout son saint-frusquin dans une caverne à flanc de rocher, cerné par des sapins, découverte durant le trajet.
Il se sentait plus léger sans son barda. Il se sentait aussi plus à l'aise en n'ayant plus à supporter Howard. Le capitaine espérait que le nez du lord le ferait souffrir longtemps. Il n'était pas pressé de le revoir. Un jour ou l'autre, Juan augurait qu'il serait dans l'obligation de le tuer.
Allongé dans un massif de fougères, le Catalan utilisait sa longue-vue pour scruter le faubourg. Le jour s'enfuyait et la lumière baissait rapidement. L'automne continuait à sévir, ses assauts se caractérisant par une baisse progressive des températures. Dans les vergers, les fruits pullulaient sur les branches. Les pommes rouges brillaient comme des billes d'ivoire. Quelques arbres déjà revêtaient hâtivement leur plumage éclatant de l'arrière-saison.
La bourgade, située non loin d'Abbeville, se composait d'une vingtaine de bicoques en bonne voie de délabrement, au bois piqueté et noirci par l'âge. Les bâtisses étaient entassées les unes sur les autres des deux côtés de la rue principale et par ailleurs unique, orientée est-ouest. Située non loin de la porte Marcadé, la chartreuse de Saint-Honoré n'était pas en reste non plus au niveau dégradation: après la bataille de Crécy en 1346 et suite aux luttes armées de François Ier contre Charles-Quint, le monastère fut régulièrement dévasté, lui aussi.
Après être passé tour à tour sous le contrôle des Anglais puis des Bourguignons, le pays Picard était désormais sous domination Française. Néanmoins, l'endroit demeurait sinistre et les occupations ne devaient être guère bien variées. Passant son instrument d'optique d'un bout à l'autre du village, Mendoza avisa la seule habitation un tant soit peu entretenue: l'auberge de La Couronne, probablement le seul intérêt du coin. Sur la devanture, une éloquente effigie féminine en bois verni annonçait la présence de coureuses de remparts.
Ce lieu de passage était donc une étape obligatoire pour les pèlerins en transit en quête d'un semblant de confort et de réconfort.
En tout cas, rien d'alarmant à l'horizon. Le capitaine sortit de sa cachette, récupéra son sac et s'engagea sur la pente ruisselante qui le mènerait sur la route poussiéreuse.
Le vent et la pluie l'accompagnèrent jusqu'à la porte principale de l'auberge, sur laquelle il put lire en gros caractères:
Hostellerie, Cabaret, Taverne par la permission du Roi.
*Dîner du voyageur à pied, six sols. Coucher, huit sols.
*Dîner du voyageur à cheval, douze sols. Coucher, vingt sols.

Si un homme à pied voulait souper splendidement comme un cavalier, il ne le pouvait pas. À l'inverse, si un cavalier voulait dîner sobrement comme un homme à pied, il ne le pouvait pas non plus. Les lois françaises empêchaient l'un de trop dépenser, l'autre de ne pas dépenser assez...
Ayant secoué sa cape ruisselante, l'Espagnol entra dans une salle enfumée. L'auberge était bâtie sur le modèle du genre, salle en bas, chambres au premier étage, prévues pour un défoulement temporaire plus que pour un repos durable.
L'huile qui brûlait dans les lampes diffusait une odeur rance parfaitement en accord avec les effluves de sueur et de graisse de cuisine. Un établissement de piètre qualité, où chacun s'occupait de ses affaires.
Au moins, il faisait bon être à l'abri des éléments.
Laissant sa pelisse bicolore s'égoutter sur le sol couvert de sciure, le yeoman entreprit de repérer les lieux et d'en jauger les occupants. En face de lui, un comptoir occupait toute la longueur d'un mur. Au milieu de la salle, une estrade. Une femme, jeune, était en train d'y achever une danse, sous l'œil blasé de certains consommateurs. Le reste de la pièce se révélait composé d'une cheminée, d'une série de tables branlantes, aux chaises dépareillées presque toutes occupées par des individus mâles... Des aventuriers, des bûcherons fermement engagés sur la route de l'ivresse, une dizaine d'autochtones aux traits mornes, un couple de voyageurs égarés.
Le regard perçant de Mendoza balaya la salle entière avant de se reporter sur l'estrade. À y regarder de plus près, cette danseuse se révélait pleine de talent. La jeune femme alliait dynamisme, grâce et précision. Mais seule une infime partie de l'assistance paraissait s'en rendre compte.

15..PNG

Toutefois, son joli visage reflétait un manque d'enthousiasme certain. Difficile de lui en vouloir, étant donné la qualité du lieu et des spectateurs.
Les conversations qui avaient baissé d'un ton à l'arrivée de Juan reprirent. Son air rude et sa vêture parlaient pour lui. Un mercenaire. Rien alarmant. Un mercenaire, en route pour le sud.
Délaissant la mare qui s'était formée à ses pieds, Mendoza se dirigea vers le comptoir, où il demanda aussitôt des nouvelles de son contact.
Le tenancier était Français. On disait d'eux qu'ils étaient les plus polis des hommes. On devrait ajouter que les tenanciers étaient les plus polis des Français. Dès qu'on entrait dans un relais, on était accueilli par sa gracieuse figure. À la vérité, quand on ne payait pas sa dépense, il faisait conduire son hôte tout droit en prison, ou du moins faisait saisir son cheval, s'il en avait un.
Celui-ci faisait exception à la règle. C'était un employé maigre au teint olivâtre qui débita d'un ton monocorde, éraillé par l'abus de ses propres produits:
:x : Blaise le Borgne? Il d'vrait pas tarder. Z'avez qu'à l'attendre. Vous voulez manger? Une chambre pour vous r'poser?... Une fille?
:Mendoza: : Je vais prendre une table. J'ai soif.
:x : Installez-vous. On va v'nir prendre la commande.
Alors que Mendoza cherchait une place, la danseuse sauta de l'estrade et vint le rejoindre d'un pas alerte.
:cry: : Bonsoir, beau brun. Qu'est-ce qui t'amène par ici? Tu me payes un verre?
Même sans les clochettes à ses chevilles soulignant chacun de ses pas, il aurait dû reconnaître son origine à la qualité de sa danse. Une Gitane. Que faisait-elle sur sa route, celle-là? Avait-elle un rapport avec les autres, ceux du campement?
:Mendoza: : Non, probablement pas. (Pensée).
Les Tziganes étaient des errants. On en trouvait partout sur le Vieux continent: en Serbie, en Roumanie, en France, en Suisse, en Hongrie, en Allemagne, jusqu'à la Baltique. Ils avaient même traversé la Manche pour s'installer en Angleterre.
La jeune femme se présenta:
:cry: : Je me nomme Macumba*. Et toi?
Le Catalan lui donna son identité factice de Yeoman:
:Mendoza: : Mendson.
De petite stature, le haut de sa chevelure ondulée atteignit le milieu de la poitrine de l'Espagnol, Macumba avait un visage en forme de cœur, un nez mutin, légèrement retroussé et parsemé d'une nuée de taches de rousseur. Ses lèvres pleines se fendaient d'un éclat engageant. Toutefois, si ses yeux amande avaient la douceur d'une biche, ils se voilaient surtout d'une indicible peine.
Elle vibrait de solitude, et sa tristesse résignée était palpable, du moins pour Juan. Un air de mélancolie poignante qui déformait sa beauté, altérait sa spontanéité. Elle ne correspondait décidément pas à cet endroit.
Elle glissa vers lui dans un bruissement d'étoffes colorées, accompagné du tintement de ses clochettes et celui des bracelets ornant ses poignets.
Mac: Mon beau, je vais bien m'occuper de toi.
:Mendoza: : Pas besoin de lancer le grand jeu, ma belle. La bagatelle ne m'intéresse pas. Je passe la nuit ici et je repars.
Mendoza n'avait guère l'esprit aux amourettes. Elle lui lança un regard pénétrant mais ne sembla pas s'offusquer de son intonation brusque.
Mac: Suis-moi. Si tu veux te reposer, commence par t'asseoir...
Elle désigna l'une des rares tables encore libres, au beau milieu de la salle. Peu désireux de s'installer à un endroit aussi exposé, Juan refusa d'un ton sans réplique:
:Mendoza: : Non, pas celle-ci! Je préfère celle qui est là-bas.
Il venait d'opter pour une table à l'écart, près du mur. La meilleure place selon lui.
Mais elle était occupée par un couple improbable. Un Flamand et un Suisse.
Mac: Elle n'est pas libre, ta table, et ceux-là, ça m'étonnerait qu'ils veuillent te la laisser!
:Mendoza: : C'est ce qu'on va voir...
Sans attendre, Mendoza traversa la salle et alla se planter devant les deux hommes. Ces derniers le toisèrent en retour, prêts à répondre au moindre geste hostile. La tension emplit soudain la pièce de son parfum pimenté.
Tous les regards convergeaient vers le trio. Le Flamand à la toison d'ébène et le Suisse blond fixaient toujours le mercenaire qui les toisait en retour de son regard sombre.
Tendue comme la corde de l'arc que le Suisse avait accroché derrière lui, Macumba examinait intensément la scène. De Mendson, elle ne voyait que la nuque, couverte de beaux cheveux bruns courts, ainsi que ses épaules, fort bien développées, lui fallut-il reconnaître.
Le silence étouffant menaçait d'exploser à tout moment. Même l'ombrageux Côme, le propriétaire des lieux, installé à l'étage à sa place favorite, resta dans l'expectative.
Et le grand guerrier continuait de fixer les deux hommes attablés, sans rien dire. En cas de besoin, il les neutraliserait avant même qu'ils n'aient touché leurs armes.
Sans se consulter, les deux comparses se levèrent de concert en évitant de croiser les yeux de l'étranger.
Le Suisse saisit prudemment son arc et son carquois, le Flamand leur paquetage, et ils filèrent sans un mot, sans claquer la porte, sans même un regard en arrière.
Le reste de la clientèle expira bruyamment, de soulagement pour certains, de dépit pour d'autres, mécontents d'avoir manqué le spectacle d'une altercation. Le flot de conversations reprit, l'atmosphère fut de nouveau bourdonnante.
Mendoza ôta sa cape encore mouillée, qu'il plaça à sécher sur un banc, s'installa dos au mur, comme il convenait à un homme prudent. Sans se faire voir, il fit ensuite apparaître un stylet qu'il glissa près de lui, du côté gauche. Il recouvrit l'arme d'un pan de sa pelisse étalée.
D'un mouvement de tête, il indiqua à Macumba une place libre à sa droite, afin de conserver une vue dégagée de la salle.
D'un ton admiratif, la Gitane l'apostropha:
Mac: Tu as chassé un fantassin Flamand et un archer Suisse, comme ça, sans même te battre. Quel est ton secret?
Curieusement, le capitaine se sentait détendu en sa présence. Sans pour autant se départir de sa méfiance. Cette avenante jeune femme allait probablement tenter de le tromper. Cette auberge pouvait se transformer en une véritable chausse-trappe.
:Mendoza: : Tu ne les as pas vraiment bien regardés. Jamais un Flamand ne s'approcherait si près d'un Suisse. Sauf pour l'égorger. Et jamais un archer ne garderait son arc tendu, avec cette humidité, alors qu'il ne va pas s'en servir. Cela abîme les cordes et altère la précision. N'importe quel Suisse le sait. Non, ce n'était certainement pas un véritable Helvète. Et l'autre me semblait fortement métissé pour être Flamand. Deux simulateurs, voilà tout.
Mendoza n'ajouta pas qu'en agissant ainsi il avait démontré au reste de la salle qu'il valait mieux éviter de l'importuner.

☼☼☼

Macumba contemplait les traits sévères de son interlocuteur.
Mac: Toi aussi tu as une peau trop mate pour porter un nom Anglais... Mendson... C'est ça... À d'autres! (Pensée).
Elle avait du mal à ne pas baisser les yeux devant ce regard si intimidant. C'était lui qu'elle attendait. La vision l'en assurait. La Gitane se mourait à petit feu dans cet univers confiné mais aujourd'hui, l'attente, cette attente désespérée, insupportable, prenait fin. C'était lui!
Le serveur, un brun maigre aux cheveux emmêlés, aux vêtements froissés, arriva sur ces entrefaites, apportant un répit opportun à la jeune femme troublée. Après avoir essuyé la table d'un chiffon au moins aussi crasseux que le sol, il demanda à la danseuse:
:?: : Hé, Macumba! Une bouteille de ginglet, comme d'habitude?
La jeune femme touchait un pourcentage sur chaque boisson commandée par ses proies. Elle avait pour instructions de leur faire choisir le vin le plus cher, par ailleurs largement coupé d'eau par Côme.
Mac: Non, Natole. Nous allons prendre une fiasque d'eau-de-vie avec deux chopes de bière glacée. De la blonde de Saint Rieul. Ne trafique rien, ou mon nouvel ami va se mettre en colère. Et apporte un plat de saucisses... Allez! Qu'attends-tu? Bouge!
Natole faillit se rebeller devant ce manquement aux règles établies par Côme Fournier. Toutefois, un coup d'œil au capitaine suffit à le dissuader. Mendoza avait haussé un sourcil et son expression était éloquente. Le serveur fila sans un mot en serrant les mâchoires.
Mac: Eh bien, Mendson, veux-tu que je te lise l'avenir? Je suis douée, tu sais...
:Mendoza: : Laisse mon avenir tranquille... Je cherche un homme. Un borgne au crâne rasé. Tu le connais?
Alors qu'elle se préparait à répondre, la quiétude de la salle fut une nouvelle fois troublée.
Dans un fracas de métal, sept hommes en armes, vêtus de surcots arborant la croix de Bourgogne sur des cottes de maille resplendissantes, firent irruption dans la salle. Ils ne mettaient pas la malpropreté au nombre des vertus militaires.

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Loin de là! Leurs habits; les mille découpures de leurs manches, de leurs trousses et de leurs jarretières; leurs corselets d’acier soigneusement fourbis, témoignaient assez de leur coquetterie. Chez les soldats, aucun uniforme standard n’existait encore mais chaque capitaine chargé de recruter et d’organiser sa compagnie imposait souvent le sien.
Traînant un homme entravé, ils le jetèrent au sol, devant eux.
Leur meneur, un sous-officier au maintien rigide, un dur à cuire aussi droit, aussi solide qu'un chêne, apostropha le serveur qui officiait au comptoir.
:shock: : La Garde Wallonne de l'Empire!
:evil: : Ils ne manquent pas de culot! Oser s'aventurer en Picardie alors que le territoire ne leur appartient plus depuis la mort du Téméraire*...

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Stupéfaite, la danseuse ôta machinalement son diadème et demanda:
Mac: Que viennent-ils faire par ici?
Se contraignant au calme, Mendoza, qui se posait la même question, répondit:
:Mendoza: : Nous n'allons pas tarder à le savoir.
Le militaire annonça à la cantonade:
:?: : Nous avons capturé un ennemi de l'Empire! Le connaissez-vous? A-t-il des fréquentations, des amis? Ce traître a avoué devoir rencontrer quelqu'un ici, ce soir.
:shock: : Non, sergent. Il a bien pris une chambre, hier, en payant d'avance. Mais je l'ai toujours vu seul. J'ignore s'il devait voir quelqu'un ici. Ce n'est pas un habitué.
Apostrophant les buveurs, le sous-officier reprit:
:?: : Et vous? Regardez cet homme, lui connaissez-vous des complices?
Le prisonnier, à la silhouette trapue, portait une tenue de mercenaire flamande, maculée et déchirée. Sa figure ensanglantée laissait entrevoir une particularité: un bandeau couvrant son œil gauche. Le droit était à demi fermé par les coups. Le Catalan jura intérieurement:
:Mendoza: : Par la malepeste! Le borgne!

☼☼☼

Absorbé par la scène qui se déroulait devant lui, Juan ne vit pas Macumba le détailler avec minutie. Cet homme mystérieux éveillait en elle un écho inconnu mais irrésistible. Elle avait le Don. Le don de clairvoyance. Lorsque celui-ci se manifestait, ses yeux pénétrants pouvaient lire à travers les gens. Plus ou moins bien selon les individus. À l'évidence, don ou pas, l'aura de Mendson était pleine de violence, de colère. Tout l'opposé d'une proie facile.
Elle avait un choix à faire et se décida sans hésiter. Le Don, son intelligence et son charme en faisaient d'habitude une vigie idéale pour Fournier. Eh bien, cette fois, ses atouts allaient servir à lui faire quitter cette infâme prison.
Mac: C'est donc lui, l'homme que tu voulais rencontrer! Oh, ne t'inquiète pas, Mendson, je ne vais pas te trahir. Nous autres Gitans n'avons rien de commun avec les soldats de l'Empire. Ni avec aucune autre puissance, d'ailleurs! Sois-en sûr. Qu'importe la destination, nous avons toujours été persécutés...
Courroucé par le manque de collaboration, le sous-officier maugréait:
:?: : Alors, comme ça, personne ne veut coopérer!
Dans cette région, ce n'était pas de sitôt qu'on aiderait les forces impériales si on prenait la peine de se souvenir des horreurs commises par le dernier des ducs de Bourgogne*.
:?: : Tant pis pour vous, tas de vermines! Les choses vont bientôt changer, je vous préviens. Dès demain, le noble Pero Laxo, questeur de l'Empire, viendra vous poser ses questions. Par la Sainte Croix, il saura bien régler cette histoire!
Se tournant vers le prisonnier affalé, il lui asséna un violent revers de son gant renforcé d'acier.
:?: : Et je doute que cela te plaise, sale espion! Dommage que l'Empereur ne soit pas en campagne. Ses inquisiteurs sauraient te faire parler!
Le sous-officier reprit pour la salle:
:?: : Dès demain, je fais établir des barrages. Bientôt, très bientôt, l'Empire régnera ici. Pour votre plus grand bien. Alors, à demain, les pouilleux...
Les soldats furent salués par un brouhaha de voix irrités. La présence des troupes de Charles Quint dans la région, un de ses questeurs, l'arrivée annoncée de force d'occupation... Les langues allaient bon train, soupesant les causes et les conséquences d'un tel bouleversement. Ce n'était pas bon pour les affaires annexes de Fournier, ni celles des autres bandes de moindre importance. Plusieurs petits groupes ainsi que quelques individus isolés se levèrent aussitôt pour quitter le pays. L'auberge se vida d'un tiers de ses clients. La Picardie, constituant une marche frontière de la France, offrait un vaste choix de destination vers le sud pour ceux désireux d'éviter l'Empire et ses lois.

☼☼☼

Mendoza bouillonnait, même après le départ des soldats. Il avait reconnu le nom du questeur.
:Mendoza: : Pero Laxo! (Pensée).
À cette évocation, une irrépressible envie de tuer l'avait saisi.
Macumba s'en rendit compte. Sa main fraîche effleura spontanément celle du Catalan. Il n'aurait supporté un contact plus appuyé sans frapper en retour, d'instinct. Néanmoins, la délicatesse du geste apaisa sa furie.
:Mendoza: : Finalement, je vais faire appel à tes services. Je veux savoir où sont cantonnés ces gardes Wallons. Ils n'ont aucun fortin dans le coin, n'est-ce pas? Ils doivent donc avoir établi un campement aux abords de la grand-route afin de contrôler les allées et venues. Peux-tu me trouver le renseignement?
Mac: As-tu de quoi payer?
Tout en songeant au moyen de s'entretenir avec le borgne, le capitaine assura:
:Mendoza: : L'argent ne fait pas partie de mes problèmes actuels.
Mac: J'aime entendre ce genre de propos.
C'était un mensonge. La danseuse avait décidé de continuer à jouer son rôle d'entôleuse, en attendant l'instant idoine pour évoquer sa vision.
Mac: Je vais envoyer quelqu'un. Ah, voici notre commande!
Alors que le serveur déposait verres et bouteilles sur la table, Macumba lui glissa quelques mots à l'oreille. Natole opina d'un air attendu et disparut en cuisine.
Mac: C'est fait. Ça va prendre un peu de temps. Savoure ta boisson. Dès que j'aurai le renseignement, tu pourras payer.
Mendoza apprécia la saveur complexe de l'eau-de-vie. La morsure de l'alcool s'accomodait parfaitement au goût fumé des saucisses trop cuites.
Que le destin pousse Pero Laxo à sa portée si rapidement le laissait songeur. Pero, un des Compagnons d'Armes.
La jeune femme scruta intensément Mendson avant de lâcher:
Mac: Tu vas le tuer, c'est ça?
:Mendoza: : De qui tu parles, chica?
Vigilant, le regard sombre de l'Espagnol parcourait la salle. Il semblait peu se soucier de la Gitane. Attitude qui la surprit, car d'ordinaire elle plaisait. Trop à son goût. Heureusement, Fournier ne l'obligeait pas à s'enjailler avec les clients. La vieille Amalberge et Messaline la libertine se chargeaient de cette tâche peu reluisante.
Mac: Du questeur. Tu vas le tuer, n'est-ce pas?
Mendoza ne prit pas la peine de lui répondre.
:Mendoza: : Intéressante question... (Pensée).
Il était en train de la soupeser: allait-il vraiment tuer Pero Laxo? Cette pensée lui fit quitter la réalité. Il se retrouva plongé dans le passé.

Une cellule éclairée par des torches. L'action semblait se dérouler au ralenti. Un groupe de jeunes gens en demi-cercle contemplait avec dégoût un de leurs frères d'armes gisant sur un lit, les bras liés dans le dos. Chacun des compagnons arborait la même livrée immaculée, verte chamarrée d'or sur les courbes des coutures. Seule celle du captif aux cheveux bruns différait. Le sang l'avait teintée de rose. Un des aspirants, debout, les mains sur les hanches, se tenait légèrement en retrait des autres. Son regard passait de l'un à l'autre des protagonistes, se repaissant sans vergogne des émotions violentes engendrées ce soir par ses propres soins. Un autre élève, Pero Laxo, se pencha sur le captif pour le railler. Il lui décocha ensuite un brusque coup de pied, inondant son visage tuméfié d'un nouveau flot de sang. Les autres se mirent à rire devant le regard impuissant, peiné puis désespéré du supplicié...

Mac: Hé, Mendson, reviens parmi nous!
Une salle d'auberge enfumée, des gens autour de lui en train de converser. Une jolie jeune femme lui souriant amicalement.
Mendoza sursauta puis reprit brutalement contact avec la réalité. Ce n'était pas la première fois qu'il vivait ce genre de cauchemar. Le canevas pouvait varier, mais c'était toujours la même horreur, la même souffrance.
D'un ton sec, l'ex-matelot de Magellan reprit:
:Mendoza: : Je veux deux montures. Des bonnes. J'ai de quoi payer. Tu peux arranger cela?
Mac: Tout est possible à Thuison. Si effectivement tu as de l'argent...
:Mendoza: : J'en ai suffisamment, mais n'imagine pas pouvoir m'escroquer. Tu n'es pas de taille.
Mac: Je n'ai aucune envie de m'attaquer à toi, Mendson. Ni d'aider qui que ce soit à le faire. Inutile de me menacer...
Mendoza estima que le ton tranquille de la jeune femme sonnait juste. Il en fut surpris.
:Mendoza: : Une sage décision.
Il reprit une gorgée d'alcool. La bière glacée inonda son palais, remplaçant l'union sulfureuse des saucisses épicées et de l'eau-de-vie par une vague désaltérante.
Le serveur revint alors en possession du renseignement désiré. Juan paya l'information, rengaina son stylet, remit sa cape à peine sèche et ordonna à Macumba:
:Mendoza: : Les chevaux... Conduis-moi...

☼☼☼

La nuit encore jeune et toujours pluvieuse, ils sortirent pour remonter la rue vers l'est. Le temps n'incitait pas à la promenade. Personne ne traînait dehors. Macumba avait passé un châle afin de se protéger du froid. Il lui fallait presque courir pour combler les grandes enjambées de l'Espagnol.
Elle tira le bras du capitaine, le souffle heurté par sa course:
Mac: L'écurie est en bas de la rue. Je t'emmène voir Maréchal. Tu devras traiter avec lui. Je ne toucherai aucun pourcentage sur la vente. Je ne fais que l'intermédiaire, c'est tout... Maréchal présente au moins un avantage: il ne parlera à aucun des membres de l'Empire. Mais sache qu'il fait partie de la bande de Fournier. Thuison leur appartient... Ils vont être tentés de te voler. Fais attention!
:Mendoza: : Pourquoi me prévenir? Tu travailles sans doute pour ce Fournier toi aussi, n'est-ce pas?
Mac: C'est un porc! Il me tient captive depuis trois ans. À sa merci. Il se sert de moi pour détrousser les clients. Mais je suis de ton côté.
La jeune femme prit une inspiration avant d'enchaîner d'une traite:
Mac: J'ai le Don. J'ai eu une vision, je dois venir avec toi. Tu dois m'emmener.
Elle lâcha ce flot d'informations aussi vite que possible, craignant d'essuyer un cinglant refus.
:Mendoza: : Et pourquoi m'encombrerais-je de toi?
Macumba hésita un instant avant de lancer:
Mac: Tu vas avoir besoin de moi pour atteindre la cité au-delà des Pyrénées... Tu ne l'atteindras jamais sans mon aide...
La dextre de Mendoza surgit sans prévenir pour la saisir à la gorge d'une étreinte de fer.
:Mendoza: : Que sais-tu? Parle, si tu veux vivre!
Il relâcha un peu sa prise pour lui permettre de respirer. La Gitane ne s'affola pas. Le Don parlait.
Mac: Tu dois te rendre à Barcelone pour le jour saint de la justice. Tu dois y accomplir une tâche très importante. Je n'en sais pas plus. Mon talent n'est pas très puissant. Il va et vient, sans prévenir. Je t'en prie! Tu vas avoir besoin de mon aide. Je ne te trahirai pas, tu dois me croire! Nos destins sont liés!
Ses yeux doux le suppliaient.
:Mendoza: : Nous verrons. Je vais y réfléchir. En attendant, je te jugerai sur tes actes. Tu vas me présenter à ton Maréchal, ensuite, tu me laisseras faire. Dans l'écurie, reste à ma droite. Ne passe pas devant moi. À aucun prix.

À suivre...

*
*C'est bon! Vous pouvez la chanter vu que vous y avez pensé:
*Charles le Téméraire: arrière grand-père paternel de Charles Quint et dernier duc de Bourgogne "officiel".
*Après 1465, Charles le Téméraire, qui avait peu de confiance dans le bon vouloir des habitants d'Abbeville, envoya pour les contenir le sire d’Esquerdes avec un corps de trois mille hommes. D’Esquerdes entra dans la cité par surprise, et les désarma. Peu de temps après, le duc, au mépris des franchises municipales, fit construire une forteresse dans l’enceinte de la ville; les bourgeois s’indignèrent; d’Esquerdes fit exécuter les plus notables et brûla plus de dix-sept cents maisons, appartenant à ceux qui tenaient le parti français. La mort de Charles le Téméraire vint heureusement mettre un terme à ces violences, et la ville rentra avec joie sous la domination de la France.
Modifié en dernier par TEEGER59 le 11 juin 2020, 09:20, modifié 2 fois.
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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yupanqui
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Re: Fanfic: Le monde est dans sa jeunesse.

Message par yupanqui »

Passionnant.
Ça commence à s’animer et il y a du suspens.
J’aime bien le discernement de Mendoza concernant le faux Flamand (c’est pas celui du forum ?) et le faux Helvète.
Joli petit clin d’oeil à Jean-Pierre Mader (qui chantait aussi « Disparu » au son de bandonéons): ah les chants des années 80 ! Tu dois écouter Génération 80 sur Nostalgie !
Et Esméralda transformée en Macumba. (Heureusement ce n’est pas Mélissa de Julien Clerc).
« On sera jamais séparés » :Zia: :-@ :Esteban:
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Este
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Re: Fanfic: Le monde est dans sa jeunesse.

Message par Este »

T'es sûr que c'est Jean-Pierre Mader ??
Saison 1 : 18/20 :D
Saison 2 : 13/20 :roll:
Saison 3 : 19/20 :-@ :-@ :-@
Saison 4 : 20/20 :-@ :-@ :-@ :-@ :-@

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