Les Mystérieuses Cités d'Or - Saison 4 (fanfic)

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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zaza59
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Re: Les Mystérieuses Cités D'Or - Saison 4 (fanfic)

Message par zaza59 »

Super comme d'habitude vivement le chapitre 5!!!! :D
La vie est courte alors profites en !!!:D
:Laguerra: :Mendoza:
Tout seul tu vas plus vite, avec lui tu vas plus loin

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Xia
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Re: Les Mystérieuses Cités D'Or - Saison 4 (fanfic)

Message par Xia »

kally_MCO a écrit : 24 mars 2018, 20:03
Xia a écrit : 23 mars 2018, 17:05 Ambrosius, un gros sac poussiéreux avec des ailes de chauve-souris ??? Tu ne crois pas que tu y vas un peu fort, là ? :x-):
Mais j'y pense au fait... ton Diego n'aurait pas un lien de parenté avec le "fidèle sous-fifre de Pizarro" de la saison 1 par hasard ?
Moi, y aller trop fort ? Noooonnn, pas du tout ! En plus, c'est pas moi qui dis ça, c'est Diego :tongue:
C'est qui, ce sous-fifre ? :x-):
Je parlais d'Alvarez, le compagnon de Pizarro, qu'on voit dans les épisodes 8, 9 et 10 de la saison 1 : https://www.lescitesdor.com/personnages ... 1/Alvarez/ (c'est pas moi qui dis ça, c'est Routard :tongue: ) :x-):
La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre (Tatanka Iyotaka)

Ma fanfic sur la préquelle des Mystérieuses Cités d'or, c'est par ici

MCO 1 : 20/20
MCO 2 : 14/20
MCO 3 : 15/20
MCO 4 : 19/20
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Re: Les Mystérieuses Cités D'Or - Saison 4 (fanfic)

Message par kally_MCO »

Eh bah... qu'est-ce qu'il était moche, lui... Rien à voir avec mon Diego d'amour ! :tongue:
— Regarde toi : la finesse d'une enclume et la loyauté d'un bigorneau !
— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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Re: Les Mystérieuses Cités D'Or - Saison 4 (fanfic)

Message par Aurélien »

Enfin c'est pas pire que les olmèques 8-x 8-x
Les Mystérieuses Cités d'or

Die geheimnisvollen Städte des Goldes

The mysterious cities of gold

Las misteriosas ciudades de oro

As cidades misteriosas de ouro
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kally_MCO
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Re: Les Mystérieuses Cités D'Or - Saison 4 (fanfic)

Message par kally_MCO »

Aurélien a écrit : 27 mars 2018, 18:26 Enfin c'est pas pire que les olmèques 8-x 8-x
Beurk, beurk, beurk !
En plus, ils me faisaient peur...
— Regarde toi : la finesse d'une enclume et la loyauté d'un bigorneau !
— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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Re: Les Mystérieuses Cités D'Or - Saison 4 (fanfic)

Message par Seb_RF »

kally_MCO a écrit : 29 mars 2018, 18:49
Aurélien a écrit : 27 mars 2018, 18:26 Enfin c'est pas pire que les olmèques 8-x 8-x
Beurk, beurk, beurk !
En plus, ils me faisaient peur...
c'était juste le but :roll: :x-):
note serie:
MCO1: 18/20

Trahison/Insulte totale:
MCO2: 7/20
MCO3: 4/20
MCO4: 3/20 (et je suis "gentil" par ce qu'il y a les effets visuels)

Fanarts: viewtopic.php?f=14&t=2301 :x-):
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Re: Les Mystérieuses Cités D'Or - Saison 4 (fanfic)

Message par kally_MCO »

Chapitre 5

Gaspard arborait désormais un rictus de satisfaction, teinté d’une certaine fierté, et un air condescendant. Mendoza n’allait assurément pas tarder à disparaître, et ce de manière définitive. Il pourrait alors s’enrichir à sa guise, et, une fois les dernières cités d’or trouvées, il épouserait la Señorita Laguerra. Tous ses rêves de gloire et de richesses allaient finalement se concrétiser. Dorénavant, tout irait pour le mieux – du moins, pour lui.

Décontenancée, la belle brune battait itérativement des paupières, tout en considérant l’alchimiste d’un air intrigué. De toute évidence, il divaguait, lui aussi. Les hommes étaient, après tout, selon Laguerra, tous dépourvus de toute forme d’intelligence. Zarès ne faisait pas exception à la règle. Cependant, Isabella ne l’avait encore jamais vu entrer dans une rage aussi intense. Bien que garder son sang-froid ne fasse pas partie de ses points forts, il ne s’était encore jamais énervé au point de se venger sur ses précieux outils de travail – du moins, pas en présence de la fille de son ancien meilleur ami.

– Vous me demandez donc de tuer un défunt ? s’enquit la jeune femme, une main posée sur sa hanche, non sans une pointe de sarcasme.

– Il n’est pas mort ! vociféra Ambrosius, hors de lui. Le double médaillon, ils l’ont pris ! Il n’est plus là !

– Quoi ?! s’exclama soudainement Gaspard, les yeux écarquillés.

Les pupilles d’Isabella se dilatèrent, sous l’effet de la surprise, et son cœur rata un battement. Les paroles du Français étaient loin d’être, comme elle l’avait pensé, absurdes. La disparition du double médaillon était forcément liée à la présence des six aventuriers en Amérique. A qui d’autre profiterait le vol du bijou ? Personne. Ils étaient donc vivants. Mais comment ? Personne n’aurait pu survivre à une telle chute. C’était vraisemblablement impossible. Mille et une interrogations se bousculaient dans l’esprit de Laguerra, mais son cerveau semblait ne vouloir se concentrer que sur une seule information : ils n’étaient pas morts. Pourtant, l’espace d’un instant, elle se surprit à vouloir qu’ils le soient. Cela pouvait paraître paradoxal, mais cette nouvelle éveillait en elle autant de sentiments positifs que de sentiments négatifs.

– Tao avait raison. Je me suis laissé aveugler par mes sentiments pour vous !

– Laisse tomber, elle est avec Ambrosius.

– C’est une espionne, je vous dis !

– Qu’est-ce qu’elle fait là, elle ?

– Je… je ne pourrai jamais vous faire confiance.


Ils la détestaient – ou du moins, c’était ce qu’Isabella croyait. Cette dernière se rendit alors compte que cela constituait une bonne chose. Oui, c’était une bonne chose. Dorénavant, tout serait plus simple.

Pas d’attache.

Le regard de Diego alternait entre les visages des trois individus présents dans la pièce. Il s’attarda sur celui de sa meilleure amie, et il se mit à détailler chacun de ses traits. Indéchiffrable, comme toujours. Il lui adressa alors un doux sourire, chose qu’elle lui aurait rendue s’ils ne se trouvaient pas en présence de deux parasites. Il était adorable.

– Ils vont me le payer !

Le son strident de la voix de Zarès retentit une nouvelle fois. Il jeta le dernier livre qu’il tenait en main avec hargne et férocité.

– N’ayez crainte, messire Ambrosius. Mendoza recevra bientôt le châtiment qu’il mérite, intervint Gaspard.

Exaspéré par les comportements des deux hommes, Diego leva les yeux aux ciel.

– Très bien. Dans deux jours tout au plus, Mendoza ne sera plus que de l’histoire ancienne.

Les trois paires d’yeux dérivèrent vers la jeune femme. Si ceux de l’alchimiste et du marin exprimaient du soulagement, mêlé à une certaine satisfaction, les yeux du brun étaient emplis de surprise.

– Parfait. Je sais que tu ne me décevras pas, Laguerra, finit par lâcher Ambrosius d’un ton étrangement calme, tout en reposant la fiole rosée qu’il s’était apprêté à détruire une seconde plus tôt sur la table.

Diego lança un regard furtif à Laguerra, l’air de demander « quelqu’un pourrait m’expliquer ce qui se passe, ici ? ». Elle articula alors un simple « plus tard » avant de reporter son regard sur l’alchimiste calmé. Il s’était assis sur une chaise, et ses traits s’étaient radoucis. Il exhala un long souffle, comme pour se débarrasser de la fumée laissée par le feu ardent qui l’avait animé quelques secondes plus tôt.

– Je vous conseille de verser un peu d’eau sur votre crâne, messire Ambrosius, commença Diego, dont le ton et la posture trahissaient de l'amusement, combiné à une insolence non dissimulée. Il fume. Et puis, ce serait dommage de perdre les derniers cheveux qu’il vous reste.

Malgré lui, Gaspard pouffa de rire. Bien que quelque peu dépassée par les événements, Isabella lâcha elle-même un léger rire étouffé. Ravi de constater que ses paroles avaient eut l’effet estompé, l’Espagnol guettait la réaction du Français, un demi-sourire jouant sur le visage. S’il était furieux, Ambrosius n’en laissait rien paraître. Il avait besoin de lui. Diego était le seul à pouvoir le mener jusqu’aux gemmes, et il ne pouvait pas se permettre de laisser passer l’occasion de mettre la main, et ce dans les plus brefs délais, sur les pierres qui le conduiraient à la cinquième cité. Il ne le pouvait pas.

– Je vois que tu n’as pas perdu ton sens de l’humour, répondit le concerné en s’efforçant de lâcher un rire aussi faux que ses pièces « d'or ».

Toujours aussi honnête, songea Isabella en secouant légèrement la tête. Roulant des yeux, le grand brun quitta la pièce, sans dire un mot de plus.

– Hé ! Mais où va-t-il comme ça, lui ? Et puis, c’est qui, lui, déjà ? fit le marin espagnol.

– Silence, Gaspard ! siffla l’alchimiste, arrachant un sourire discret à la belle brune. De toute manière, il faut que je m'entretienne seul avec Laguerra.

– Mais, messire Am…

– Partez !

L'Espagnol se retira, non désireux de contrarier une nouvelle fois son maître. Laguerra fronça les sourcils.

– Vous désiriez vous entretenir avec moi ?

Il se fendit d’un hochement de tête en guise de réponse. Sous les pupilles inquisitrices de l’aventurière, ledit savant sortit la grande carte qui leur avait valu une expédition en Égypte, et la déposa sur la grande table.

– Elle est belle, n’est-ce pas ? demanda-t-il au bout de quelques secondes de silence.

– Il s’agit d’une carte, répondit-elle sobrement.

Le visage d’Ambrosius se ferma.

– Gaspard m’a dit que tu avais embrassé Mendoza quand nous étions à Kûmlar, répliqua-t-il du tac au tac, la prenant au dépourvu. Est-ce vrai ?

La bouche de Laguerra s’entrouvrit aussitôt, répercussion de son étonnement. L’image de l’Espagnol, mêlée à toutes les insultes qui lui étaient connues, embaumait l’esprit de l’aventurière, engendrant la hausse graduelle de la température de son sang. Animés par de nouvelles flammes, ses iris noirs se cadenassèrent à un point imaginaire, tandis que ses poings – qui ne demandaient qu’à entrer en collision avec la chose qui faisait office de visage à Gaspard – se serrèrent.
Prenant un air désinvolte, et usant de ses prodigieux talents d’actrice, elle répliqua :

– Vous m’aviez bien demandé de gagner la confiance des enfants ? Eh bien, j’ai simplement tenté de faire la même chose avec Mendoza.

Zarès la considéra un instant, un sourcil haussé, la jaugeant de ses yeux analytiques, avant d’acquiescer, manifestant sa compréhension.

– Bien… Excellent même… fit-il en se massant le menton de sa main droite. C’était très intelligent de ta part, je dois l’admettre.

Quelque peu déconcertée par la confiance du savant à son égard, Isabella plissa les yeux, heureuse d’avoir hérité de la capacité innée de son père à user du mensonge lorsque la situation en présentait la nécessité.

– Je suis fier de toi, ajouta le Français, un mince sourire sournois fendant ses lèvres. Bon, ceci étant dit, je voulais te montrer une chose, l’informa-t-il en désignant la grande feuille rectangulaire.

Suivant le regard de l’alchimiste, Laguerra inclina légèrement la tête, étudiant la fameuse carte. Ambrosius y posa son index droit et, habité d’une concentration extrême, se mit à exercer des mouvements circulaires.

– Shamballa… Sûndagatt… Kûmlar…

Il parcourait le monde de ses doigts, énumérant les différentes cités découvertes par les enfants et lui-même, ayant mémorisé leurs noms, ainsi que leurs emplacements. La jeune femme demeurait silencieuse, désirant savoir où l’homme que son père lui avait jadis présenté comme étant son oncle voulait en venir. La carte était semblable à beaucoup d’autres, elle ne présentait – de prime abord – aucune spécificité apparente permettant de la distinguer d’une autre ; cependant, sa couleur dorée qui, sous l’effet des rayons du Soleil, offrait un magnifique tableau lumineux, où tournoyaient, dansaient et se mélangeaient différents tons de jaune d’or, la rendait unique, de même que ses pouvoirs.

– Et enfin, Arnalia, conclut-il en relevant le menton, la cinquième cite d’or. Nous connaîtrons bientôt son emplacement grâce aux gemmes, une fois que Diego nous les aura remises.

Elle opina, impatiente d’en finir avec cette interaction dépourvue d’intérêt.

– En effet. Ainsi que l’emplacement des trois dernières cités.

Un rictus animant le bas de son visage ridé, il déclara :

– Les recherches de ton père se sont finalement avérées très utiles…

Piquée au vif, Laguerra sentit chacun de ses muscles se crisper.

Demeurer maîtresse absolue de ses émotions.

Un souffle imperceptible s'échappa alors de ses lèvres, et, le visage fermé, elle mit terme à leur discussion, jugeant bon de s’isoler, ne serait-ce qu'un court instant :

– Il faut que j’y aille. Il n’y a plus de temps à perdre. Si les enfants et les Espagnols sont bien en Amérique, nous devons à tout prix mettre la main sur les gemmes et repartir avant qu’ils n’en apprennent l’existence.

Ceci étant dit, elle contourna le savant, et, au moment où elle s’apprêtait à gagner l’étage supérieur, elle l’entendit dire :

– N’oublie pas ta mission concernant Mendoza. Ne t’inquiète pas, tu ne seras pas seule : tu auras toute une armée à ta disposition. Ils ne devraient pas tarder à arriver, de toute façon. Et veille à ce que Diego honore bien sa promesse.

Un frisson la saisit.

– Entendu.

L’esprit et l’âme agités, elle inhala une grande bouffée d'air frais, une fois en haut. Elle balaya rapidement la machine volante du regard, à la recherche de son meilleur ami. Elle finit par le repérer, et ses yeux s'attardèrent sur sa grande silhouette. Il semblait ailleurs, dans un autre monde, voisin du leur. Proche et éloigné à la fois. Une autre galaxie, lointaine, et pourtant accessible à tous, et à toutes. Comme deux âmes sœurs, torturées, tourmentées. Touchées par la plus cruelle et redoutable des maladies : l’amour. Le vrai. Proches et éloignées à la fois. Si la distance opérait une séparation physique, leurs cœurs s’unissaient, se réunissaient, et se retrouvaient. Car leurs âmes étaient liées. Proches. Si le destin s'entêtait à maintenir une proximité entre eux, leurs cœurs se fuyaient, s'enfuyaient, et s'évitaient. Car ce sentiment leur était, jusqu’à lors, inconnu. Éloignés.

Et c’était cette même maladie qui avait touché Isabella Laguerra et Juan-Carlos Mendoza.

Le regard perdu dans la contemplation des nuages qui s'estompaient au fur et à mesure des secondes qui s'écoulaient, laissant apparaître un beau ciel dégagé, Diego demeurait immobile. Plus dur qu’une roche. Inébranlable. Laguerra savait que revoir l’alchimiste le mettrait dans cet état. Cet état où il perdrait cet enthousiasme et cette vivacité qui le caractérisaient. Elle se rapprocha alors de lui, et lui pressa affectueusement le bras, lui arrachant un soubresaut. Le brun pivota la tête vers l'aventurière, et un sourire vint instantanément éclairer son visage. Il se sentait incroyablement chanceux d’avoir Isabella dans sa vie, incroyablement chanceux de l’avoir de nouveau avec lui.

– Tout va bien ? demanda-t-elle d’une voix douce.

Il passa un bras autour de ses épaules, l’attirant à lui, ayant besoin de la sentir contre lui. Elle ne se déroba pas, et savoura l'étreinte, prise d'une vague de chaleur.

– Mieux maintenant, avoua l'Espagnol.

Elle ne répondit pas. Diego remarqua le pli qui sillonnait le front de son amie, ainsi que l’expression qui habillait son visage. Il sut alors qu’elle n’allait pas bien.

– Isa ?

Aucune réponse ne lui parvint.

– Isabella ? Veux-tu m’épouser ?

Le silence régnait toujours, troublé par quelques bruits lointains.

– Laguerra ? Ambrosius vient de se suicider !

La jeune femme semblait toujours être plongée dans un état second où régnait réflexion, méditation, et souvenirs.

– Isabella Laguerra !

Son exclamation l'extirpa de sa rêverie. Elle releva promptement une expression surprise vers le grand brun, reprenant contact avec la réalité.

– Excuse-moi, tu disais ?

– Qu’est-ce qu’il y a ? Ça ne va pas ? demanda-t-il d’un ton doux, empreint d’inquiétude, tout en exerçant des mouvements circulaires sur l’avant-bras de la belle Espagnole.

Laguerra fronça les sourcils, fixant un point au loin.

– Ton père te manque-t-il ?

Elle l’avait visiblement pris au dépourvu. Instinctivement, Àlvarez comprit. La question de son amie n’avait fait que confirmer ses suppositions. Il n’y avait qu’une seule personne – ou du moins, l’évocation de cette personne – capable de plonger Isabella dans cet état, et il le savait.

– Oui… Et toi ? C’est ton père, c’est ça ?

Le mutisme de la brune lui indiqua qu’il avait, en effet, vu juste.

– Il me manque, Diego, concéda-t-elle, les traits marqués par le chagrin.

Il resserra son étreinte avant de planter un baiser dans ses cheveux.

– Je sais. Mais je sais aussi qu’il n’aimerait pas te voir dans cet état. Maintenant, si tu le veux bien, fais-moi un grand sourire, sinon, c’est moi qui vais me mettre à pleurer, et je te préviens : tu seras forcée de me réconforter !

L’aventurière esquissa un faible sourire.

– Voilà qui est beaucoup mieux, sourit-il, satisfait. Et puis, tu sais, quand ça n’a va pas, dis-toi juste que… je suis là, moi !

– C’est bien là la raison de mon chagrin, le charria-t-elle.

Il emprunta un air vexé.

– Hé ! Retire immédiatement ce que tu viens de dire !

Elle pouffa de rire face à son expression boudeuse, les sombres tableaux qui l’habitaient s’estompant progressivement.

– Alors, dis-moi, quel est ton plan ?

– Quoi ? fit-elle, confuse.

– Ce Mendoza, commença l’Espagnol. Je sais que tu ne comptes pas le tuer.

Ses paroles firent à Laguerra l’effet d’un jet d’eau glacée. C’était un violent retour à la réalité. Elle se trouvait – une nouvelle fois – dans une situation pour le moins délicate, où s’affrontaient sentiments, principes, et raison nourrie d’objectifs. Deux choix s’offraient à elle : exécuter les ordres de Zarès, et ainsi briser l’intégralité des principes que l’on lui avait enseignés depuis son plus jeune âge, sans bien évidemment tenir compte de cette chose inconnue qui remuait son bas-ventre ; ou bien désobéir, et ainsi mettre en péril sa mission. Et ça, elle ne pouvait en aucun cas se le permettre. Rien ne lui importait davantage que son objectif. Seulement, chaque être avait ses limites, et ôter la vie d'autrui constituait celle de la jeune femme. C’était au-dessus de ses forces.

Isabella était face à un nouveau dilemme.

– Je n’en ai pas, avoua-t-elle dans un souffle. Je ne sais vraiment plus quoi faire…

Et elle détestait cela. Se trouver dans une situation où elle était dans l’incapacité de prendre la moindre décision : c’était plus qu’insupportable. La fille du Docteur avait pour habitude de tout contrôler : chacun de ses faits et gestes, chacune de ses paroles, ses actions, ses émotions, et même ses propres sentiments.

– Je vois, dit-il, compréhensif. Mais ils n’étaient pas censés être morts ?

– C’est aussi ce que je croyais, je les ai vus tomber dans le vide. Mais il semblerait qu’ils aient survécu.

Le ton qu'avait adopté la belle brune était indéfinissable : teinté de relents de lassitude, eux-mêmes habillés d’une froideur clairement perceptible, et marqué d’un détachement volontaire, dont la fonction était de masquer le soulagement qui embaumait ses paroles.

– Ça n’a pas l’air de te faire plaisir, remarqua Diego, un demi-sourire plaqué sur le visage.

Isabella haussa les épaules d’un air désinvolte.

– S'ils ont survécu, alors tant mieux pour eux.

– Et ce double médaillon ?

– Je t’expliquerai tout plus tard.

Bien qu'à contrecœur, Laguerra se détacha de son étreinte afin de lui faire face.

– Tu devrais rentrer pour entamer tes recherches sur les gemmes. Tu sais bien que la patience ne fait pas partie des vertus d'Ambrosius.

– Quelles vertus ? répliqua le brun avec un léger rire.

Une moue vint déformer la bouche de la jeune femme.

– Bien, bien, reprit Àlvarez, amusé. Tu ne viens pas avec moi ?

– Ambrosius m’avait chargée de faire quelques recherches.

Alors qu’il s’apprêtait à répliquer, des voix masculines en provenance du sol se firent entendre, accompagnées de quelques bruits métalliques. Intrigués, les deux Espagnols, les mains agrippant fortement la rambarde de la nef, portèrent leurs regards sur les responsables de cette agitation soudaine. Les pupilles noires de la brune discernèrent un groupe d’hommes, dont les uniformes et les multiples armes – qui, pour la plupart, leur faisaient probablement office de décorations – ne laissaient plus de doutes dans son esprit : il s’agissait bien là d’une armée. Ce fut avec aisance qu’elle détermina le général de cette armée. Il était assez grand, possédait une carrure relativement imposante, et son armure était beaucoup plus complexe et travaillée que celles des autres. Laguerra n’eut aucun doute quant à leurs origines. Encore des Espagnols, sans nul doute… Outre le fait que les individus d’origine espagnole étaient, et ce dans leur intégralité, assoiffés de richesses - souvent non méritées -, et que le Nouveau Monde regorgeait donc de ces êtres immondes, leurs accoutrements ne prêtaient pas à confusion. L’aventurière savait reconnaître une armée lorsqu’elle en voyait une, conséquence de sa vie mouvementée. Et si elle avait connu plus de personnes qu’elle ne pourrait jamais en compter, rares – pour ne pas dire inexistantes – sont celles qui avaient intégré sa vie, ou eu un quelconque impact sur cette dernière. Señorita Laguerra, la fille du terrible Docteur Laguerra, celle qui inspirait peur et intimidation : voilà comment elle était connue de tous. Et elle ne voulait guère que cela change. Jamais. Les sentiments, les larmes, et les regrets étaient sources de faiblesse. Et elle ne l’était pas. Elle n’était pas faible. Non.

Une illumination vint alors éclairer son esprit assombri. Laguerra venait de prendre sa décision. Elle ne tuerait pas Mendoza ; elle n’était pas une tueuse, cela allait à l’encontre de tous ses principes. Elle trouverait un moyen de se faire retirer cette mission. De toute manière, Zarès ne pouvait se permettre de la perdre, et il le savait. En revanche, Isabella se devait désormais de ne plus laisser place à l’erreur. Elle avait d’ores et déjà commis l’irréparable en embrassant le capitaine espagnol dans la cité de Kûmlar. Où diable avait-elle la tête ? C’était une erreur. Une très grave erreur.

Ne jamais rien regretter.

Une erreur qui ne se reproduirait plus. Plus jamais. Aider les enfants constituait également une erreur. Certes, elle était moins importante que la première, mais elle n’en demeurait pas moins une erreur. Et Laguerra n’avait pas droit à l’erreur. Dorénavant, elle détruirait toute trace de sentiment, aussi négligeable soit-elle, présente ou naissante dans son organisme. Elle n’apporterait plus son aide aux enfants, et aux marins, qu’importe la gravité de la situation.

Rester attentive et impénétrable.

Elle réduirait à néant ce semblant d'attirance qu’elle éprouvait à l’égard de Mendoza. Elle ne pouvait – et ne voulait – compromettre l’intégralité de sa mission pour un sentiment aussi éphémère et volatile. Depuis quand est-ce qu'Isabella Laguerra se permettait d’éprouver ne serait-ce que de la sympathie à l'égard d'un homme ? Mendoza était un homme comme un autre. Les hommes étaient tous les mêmes : menteurs, égoïstes, lâches, et indignes de confiance. Il n’échappait pas à la règle. Pourquoi y échapperait-il ? Leur semblant d'histoire était mort avant même d’avoir pris vie. Et c’était mieux ainsi. Il serait, de toute façon, bientôt rayé de sa vie, comme tous ceux qui y étaient entrés.

Une vie sans attaches.

Une vie sans émotions. Une vie sans sentiments. Une vie animée et guidée par sa détermination et sa volonté. Une vie qui lui convenait, et qui lui conviendrait toujours.

– Mais il y a de la place à bord du Grand Condor.

Elle ne les aurait pas rejoints. Elle n’aurait pas pu. Sa place était, pour le moment, aux côtés de Zarès.

Demeurer maîtresse absolue de ses émotions.

Dorénavant, elle n’en aurait plus.

Laguerra et Àlvarez s'extirpèrent finalement du bateau ailé pour aller à la rencontre des nouvelles marionnettes de l’alchimiste. Celui qui avait semblé, de prime abord, être le commandant prit la parole le premier :

– Señor. Señorita, commença-t-il en gratifiant les deux Espagnols de deux mouvements de tête, en guise de salutation. Je suis le général José De Canterac.

– Diego Àlvarez, se présenta l'Espagnol.

– Laguerra, fit la jeune femme.

Un sourire vint étirer les lèvres du général.

– Enchanté, señorita Laguerra, fit-il en attrapant la main gantée de cette dernière pour ensuite la porter à sa bouche.

L'aventurière retira promptement sa main de celle de De Canterac, et les lèvres de ce dernier embrassèrent le vide. Diego, qui avait observé toute la scène d’un œil mauvais, la mine renfrognée, pouffa de rire face à ce retournement de situation. Quelques rires étouffés résonnèrent, alimentant le sentiment de honte qui s’était emparé du général, répercussion de sa fierté amochée. Ce dernier se racla alors la gorge, et, devant son air menaçant, ses hommes se turent.

– Je disais donc, señorita Laguerra, que mes hommes sont désormais sous votre commandement.

– Quoi ? intervint l’un des Espagnols. Nous, sous le commandement d’une femme ? Et puis quoi encore ? Que compte-t-elle nous apprendre, au juste ? A faire le ménage ? Désolé, chérie, mais ce ne sera pas nécessaire !

Aïe, adieu, mon grand, pensa Diego en secouant la tête. Les traits animés par la fureur, Laguerra se rapprocha du concerné. Arrivée à sa hauteur, elle le toisa un instant d’un œil méprisant avant de lui envoyer son genou droit dans l'entrejambe, anéantissant toutes ses chances de procréation. Un cri on ne peut plus sonore lui échappa, sous l’effet de la douleur, et il tomba à terre, ayant comme seuls appuis ses genoux. Ses deux mains vinrent agripper son organe génital. De Canterac et ses hommes observaient le spectacle, effrayés.

– D’autres remarques ? questionna la fille du Docteur.

Ils secouèrent vivement la tête, chevrotants. Après avoir convaincu son meilleur ami de partir, chose qu’il fit, Laguerra leur communiqua les ordres à suivre. Les Espagnols l'écoutèrent attentivement, aussi apeurés qu'impressionnés. Elle savait assurément se faire obéir.

* * *

Arrivé devant sa demeure, Diego s’arrêta un instant. Son sixième sens lui indiquait qu’il était suivi, surveillé. Il parcourut alors les alentours de ses pupilles azurs, analysant chaque individus, chaque recoin, à l’affût du moindre bruit, du moindre mouvement susceptible de confirmer ses doutes. Après quelques instants d’observation, il entreprit de pénétrer dans sa maison, n’ayant rien remarqué de suspect. Ce n’était probablement que le fruit de son imagination débordante. Ces heures passées en compagnie de l’ignoble Français avaient été invivables. Tout simplement atroces. Insupportables. Son sang-froid n’était pas inébranlable, et sa patience n’était pas sans limites, et se trouver en présence de cet énergumène, tout en sachant ce qu’il avait fait dans le passé, dépassait ses limites. S’il eut été possible de solliciter l’emprunt de quelques qualités qui caractérisaient sa meilleure amie, il l’aurait fait. Tout en montant les marches de l’escalier qui menait à sa chambre, il crut entendre – sans pouvoir les reconnaître – des voix animer le fond sonore antérieurement inerte de sa grande demeure. Le brun décida de ne pas y prêter attention, pensant qu’il s’agissait sûrement d’une énième divagation de son esprit fatigué. Tout à coup, et sans crier gare, une tornade de cheveux blond se planta devant lui, un plateau vide à la main. Les sourcils de l'Espagnol se froncèrent aussitôt, laissant apparaître le léger pli qui lui mangeait le bas du front à chaque fois qu’il était confus ou contrarié, et il demanda prestement :

– Agnès ? Que se passe-t-il ?

Elle sourit d’un air rassurant.

– Rien de grave, señor Àlvarez, ne vous inquiétez pas. Mais, dites-moi d’abord, où est donc passée la charmante señorita Laguerra ?

Un soupir lui échappa. Isabella n’avait pas tort : il ne pouvait se passer d’elle. Son retour inattendu avait redonné cet éclat brillant à sa vie monotone, rythmée par un déroulement routinier, et avait ravivé en lui des sentiments qu’il avait enfouis au plus profond de son être. Isabella était belle, extrêmement belle. Isabella était patiente et était dotée d’une intelligence remarquable. Isabella était forte et courageuse. Mais surtout, Isabella était différente des autres femmes.

Et elle monopolisait ses pensées.

Son changement d’humeur ne lui avait pas échappé. Elle s’était refermée sur elle-même, une fois de plus. Il l’avait perçu au moment de l’arrivée de José De Canterac et de son armée, et il savait qu’il était impossible de lutter contre. Car les murs de Laguerra étaient indestructibles.

– Non, elle avait des choses à faire, finit-il par répondre.

– Je vois, dit-elle, compréhensive. Ceci étant dit, je tenais à vous avertir que vous avez eu de la visite.

Il haussa un sourcil.

– Ah oui ?

– Oui, répondit Agnès en acquiesçant. Une certaine famille De Rossi. Je les ai laissés entrer. Ils sont dans la grande salle à manger.

– De Rossi ? fit Diego, intrigué.

– Ils disent être vos amis, ajouta la gouvernante.

De Rossi… songea-t-il, cherchant ce nom dans les archives de ses connaissances. Àlvarez afficha alors un léger sourire, emprunt d’incrédulité, d’amusement, et d’une certaine ironie. La naïveté de sa gouvernante ne cesserait donc jamais de l’impressionner ? Étant de nature curieuse et joueuse, il était toutefois désireux de rencontrer cette mystérieuse famille De Rossi.

– Bien, finit-il par lâcher. Je vais aller les voir. Merci pour tout, Agnès.

– Mais je vous en prie, sourit-elle. Désirez-vous boire quelque chose ?

– Non, merci, ça ira.

– A votre guise, señor.

Elle tourna les talons, s’apprêtant à répartir.

– Oh, la señorita compte-t-elle revenir ? s’enquit-elle en faisant volte-face.

– Oui, déclara le brun en faisant paraître un sourire. Enfin, je l’espère.

Le sourire aux lèvres, Agnès hocha doucement la tête avant de disparaître. Exhalant un long souffle, Diego gagna sa salle à manger. Pensif, il stoppa le mouvement de ses jambes, une fois arrivé devant la porte. Une hypothèse lui titillait l’esprit. Il se décida à finalement ouvrir la porte, sachant qu’il ne tarderait pas à obtenir les réponses à ses questions. Le tableau qui s’offrit à lui provoqua le haussement expéditif de ses sourcils, et l’apparition immédiate d’un demi-sourire sur son visage, dont les traits traduisaient singulièrement de l’amusement.

– Bon sang, Tao commence sérieusement à m’énerver !

– Calme toi... Tu sais bien qu’il est toujours comme ça : incapable d’attendre !

– Bon, ça-ça su-suffit les-les en-enfants !

– Cette Agnès aurait quand même pu nous apporter autre chose que du thé !

Àlvarez s'éclaircit la gorge, manifestant sa présence. Cinq paires d’yeux se posèrent sur lui, l'examinant intensément. Les traits durs, Mendoza se redressa, et fronça légèrement les sourcils, avant de prendre la parole :

– Vous voilà donc, señor Àlvarez.

Le ton qu'avait emprunté le marin ne plut guère au brun.

– A qui ai-je l’honneur ? questionna ce dernier, un sourcil arqué.

– Juan-Carlos Mendoza, se présenta brièvement le capitaine, tout en se rapprochant de l'Espagnol. Nous aurions quelques questions à vous poser.

Diego le dévisagea un instant, quelque peu surpris. Il s'agissait donc du fameux Mendoza dont voulait se débarrasser Zarès. Que venait-il donc faire ici ?

– Enchanté de faire votre connaissance aussi, señor Mendoza, finit-il par dire, un sourire ironique fendant ses lèvres. Ou bien devrais-je vous appeler señor De Rossi ?

Les nerfs du capitaine faiblissaient graduellement, tandis que l'irritation remontait dans tous ses membres, se mêlant à cette méfiance injustifiée que lui inspirait Àlvarez. Son visage ne lui était pas inconnu. L’avait-il déjà connu ? Si oui, où, et dans quelles circonstances ? Mais alors pourquoi Àlvarez, lui, ne semblait pas le connaître ? Connaissait-il Ambrosius ? Ou bien sa seconde identité ? Travaillait-il pour lui ? Etait-il la principale raison de la venue de Zarès en Amérique ? Ces questions submergeaient l’esprit de Mendoza, réduisant le taux de patience contenu dans son corps.

– Bonjour, monsieur Àlvarez, commença Esteban en s'approchant de l'adulte. Je suis Esteban, et voici mon amie, Zia.

Les yeux de l'Espagnol s'écarquillèrent de manière imperceptible. Il se mit alors à étudier le jeune garçon, incrédule. Esteban… pensa-t-il, les pensées vagabondes. Reprenant contenance, il fixa le sol un bref instant avant de reporter son regard sur les deux enfants souriants.

– Enchanté, les enfants, fit alors Diego, au bout de quelques secondes de silence, en leur adressant un sourire. Vous devriez donner quelques cours de politesse et d’amabilité à señor Mendoza, il semble en avoir besoin, ajouta-t-il en tournant la tête vers ce dernier.

Sancho et Pedro ne purent réprimer les rires qui jaillirent de leurs gorges. S’il fulminait, Mendoza tentait tant bien que mal de garder son sang-froid. Malheureusement pour lui, Diego usait de son principal atout, et le capitaine ne pouvait espérer le surpasser dans le domaine où il avait toujours excellé : la provocation.

– Nous… euh… débuta la jeune Inca, ne sachant pas par où commencer.

– Nous avons quelques questions à vous poser, monsieur Àlvarez, reprit le fils du Soleil, plus confiant que son amie. C’est au sujet des… des quatre gemmes ancestrales.

La question de l’élu l’avait pris au dépourvu. Les quatre gemmes. Comment pouvaient-ils connaître leur existence ? Et pourquoi étaient-ils venus le voir, lui ? Que savaient-ils ? Ce fut au tour de l’esprit du brun d’être saturé de mille et un questionnements.

– Nous voudrions savoir… continua Zia, enfin… Que savez-vous à leur sujet ?

Il garda le silence.

– Que se passe-t-il, señor Àlvarez ? Vous me semblez bien préoccupé, intervint Mendoza d’une voix empreinte d’ironie. Ces enfants viennent de vous poser une question.

La remarque du marin l’arracha à ses pensées. Il croisa alors les bras, le dos appuyé sur le mur.

– Je vais très bien, ne vous inquiétez pas pour moi, señor De Rossi. C’est vous qui me semblez quelque peu perdu, perturbé… Si vous êtes à la recherche de belles gemmes à offrir à votre dulcinée, vous n’avez – hélas – pas frappé à la bonne porte. Je ne suis pas bijoutier.

L'Espagnol serra les poings, luttant contre l’envie de saisir son épée pour la voir transpercer la poitrine de son interlocuteur. Savourant l’effet qu'avaient eu ses paroles sur le marin, Diego reporta son attention sur les élus, qui continuaient de le fixer.

– Je suis désolé, les enfants, mais je ne vois vraiment pas de quoi vous parlez.

Zia soupira, déçue, tandis qu'Esteban, moins convaincu, fronça les sourcils. Pour Mendoza, il était plus qu'évident que l'Espagnol n’était pas sincère. Cependant, il ne broncha pas, sachant que la poursuite de cette discussion ne les mènerait nulle part. Àlvarez ne leur communiquerait aucune information, c’était une évidence. En revanche, il désirait en apprendre davantage quant aux motivations de leur interlocuteur.

– Êtes-vous au service de Zarès ?

Toutes les pupilles se posèrent sur le capitaine espagnol. Il n’avait visiblement pas juger utile de passer par l’implicite ou la subtilité.

– Zarès ? fit le brun, réellement confus.

– Ambrosius, si vous préférez.

Diego roula des yeux intérieurement. L’alchimiste avait même trouvé le moyen de changer son nom. S’il complexe aussi sur son nom, alors… pensa-t-il.

– Je ne suis au service de personne.

– Je ne vous crois pas, répondit Mendoza du tac au tac.

Àlvarez fut pris d’un léger rire sarcastique.

– Pourquoi me poser une question si c’est pour ensuite me dire que vous ne me croyez pas ?

– Je me méfie des hommes dans votre genre, répliqua le capitaine, le regard dur.

Des hommes dans votre genre. La température de son sang monta crescendo, et ses traits se firent plus sévères.

– Et moi, je me méfie des étrangers qui mentent pour pouvoir entrer chez moi pour ensuite me manquer de respect, rétorqua Diego d’un ton sec.

* * *

Encore rien ! pensa Tao, irrité, en remettant le quinzième livre qu’il avait examiné dans la bibliothèque, à sa place. Malgré les protestations de ses amis, le naacal s’était infiltré dans une autre grande salle de l’immense maison, espérant y trouver des indices. Rien ne leur garantissait que le propriétaire des lieux leur fournirait toutes les informations qu’ils étaient venus chercher. De plus, l’attente avait commencé à se faire longue, et le jeune garçon n’était pas d’humeur à patienter. Il avait donc entrepris d’inspecter chaque recoin de l’immense bibliothèque qui avait retenu son attention. Les plus grands secrets étaient souvent contenus dans les livres – il aimait se répéter cette phrase dont la véracité n’était, selon lui, plus à prouver. Cette bibliothèque disposait d’un nombre incalculable d'ouvrages, dont la diversité avait étonné Tao. Si certains étaient rédigés – ou probablement traduits – en espagnol, d'autres étaient écrits en grec ou en latin. Y étaient abordés divers sujets, où alternaient sciences, culture, et religion.

Le jeune savant commençait néanmoins à se décourager. Rien. Absolument rien. Aucune piste. Rien qui ne retint son attention. Poussant un soupir, il rangea le dernier livre qu’il avait en mains, et s'éloigna de la collection d’écrits. Il commençait à se faire tard. Désappointé, il marcha vers la porte d’un pas lourd et traînant. Tout à coup, un assemblage de couleurs attira ses pupilles. La naacal se stoppa et se dirigea vers l’objet qui venait de piquer sa curiosité. Il s'agenouilla devant une grande table, située au centre même de la pièce, et s'empara de la chose. Il s'agissait d'un bracelet de couleur turquoise, auquel était attachée une plume orange. Ses yeux se plissèrent. Il avait déjà aperçu cet objet. Mais où ?

Il décida de le garder afin de pouvoir l'analyser plus tard. Tao sortit finalement de la salle et s'empressa de rejoindre ses amis à l’endroit où il les avait laissés. Il s’arrêta abruptement de courir en découvrant Mendoza et l’homme qu’il supposait être Àlvarez.

– Mendoza… euh… enfin, je veux dire papa… Nous devrions partir, fit Esteban nerveusement en tendant une main fébrile vers l'Espagnol.

Le regard de Zia rencontra alors celui de Tao.

– Tao ! Te revoilà enfin !

– Je peux savoir d’où tu sors, toi ? demanda Diego en se retournant vers le jeune garçon.

Le naacal déglutit.

– Euh… j’étais… euh… je cherchais juste les toilettes, mais il faut dire que c’est tellement grand…

Le brun aux yeux bleus hocha la tête sans paraître convaincu, et reporta son regard sur le capitaine.

– Maintenant, cher señor Mendoza – ou De Rossi, peu importe –, je vous prierez de bien vouloir quitter cette maison.

– Je ne comptais pas rester, lâcha le concerné, les dents serrés.

– Tant mieux, lança Àlvarez en tournant les talons. Au revoir, les enfants, ajouta-t-il par-dessus son épaule.

– Au revoir, monsieur Àlvarez, répondirent les élus avec de légers sourires.

Et ils partirent. Une fois dehors, Mendoza inhala une grande bouffée d'air frais, les nerfs bouillonnants. Cette altercation avec Àlvarez l’avait mis hors de lui. Tout chez cet homme lui inspirait du mépris. Un mépris qu’il ne s'expliquait pas lui-même. Il ne le connaissait que depuis une heure tout au plus, et pourtant, il ne pouvait pas le supporter. Son sourire insolent, son air rieur, le manque de considération dont il avait fait preuve à son égard : il l'insupportait. En outre, ils n’avaient obtenu aucune des réponses qu’ils étaient venus chercher, et cela contrariait le marin espagnol. Qu'allaient-ils bien pouvoir faire désormais ? Il se le demandait.

Les enfants étaient déçus. Ils n’avaient toujours pas de piste. Rien qui leur permettrait de déterminer l’emplacement de la prochaine cité. Rien.

Mendoza cessa soudainement de marcher.

– Qu'est-ce qui se passe, Mendoza ? s'enquit Esteban.

Le capitaine fronça les sourcils.

– Nous sommes suivis, dit-il dans un souffle à peine audible.

Les pupilles des enfants se dilatèrent, et avant que l’un d'entre eux ne puisse esquisser le moindre mouvement, une tornade d’individus armés fit irruption.

– Par la malepeste !

L'Espagnol s'empara furtivement de son épée, et esquiva l’attaque d’un des soldats qui s’étaient précipités sur lui. Une vingtaine d’hommes l'encerclèrent alors, ne lui laissant nul moyen de s’enfuir.

Les enfants, quant à eux, se défendaient comme ils le pouvaient, bénéficiant de l’aide non négligeable des deux marins, qui tentaient de repousser les Espagnols. Dans la confusion générale, le descendant de Mu fut tiré de force par plusieurs soldats, qui le séparèrent des deux élus.

– Tao ! s’égosillèrent ses amis.

Esteban et Zia se précipitèrent sur leurs attaquants, tentant de leur faire lâcher prise, tandis que le jeune garçon se débattait de toutes ses forces. Cependant, les Espagnols étaient bien plus forts et en plus grand nombre par rapport aux aventuriers – sans compter l’inégalité d’armements qui jouait, elle aussi, dans l’équation. Le combat était perdu d’avance.

De son côté, Mendoza s’était débarrassé de quelques hommes, mais ce n’était guère suffisant. Vingt contre un. La fatigue commençait progressivement à s’emparer de lui, s’immisçant dans chacun de ses membres. De la sueur perlait sur son front. Usant de toutes ses forces, il asséna un terrible coup d’épée à deux soldats. Ils retombèrent au sol, inconscients, tandis que d’autres vinrent prendre leur place. Le marin n’était pas dupe, il savait qu’il ne parviendrait pas à venir à bout de vingt hommes solidement armés, et qu’il finirait soit mort, soit enfermé, mais il refusait d’abandonner.

– Adieu, cher ami ! rit l’un des Espagnols.

Il brandit victorieusement son épée dont la lame aiguisée n’allait pas tarder à entrer en collision avec le crâne de Mendoza. Les yeux du capitaine se fermèrent instinctivement, attendant le coup fatidique.

Mais il ne vint pas.

Le claquement d’un fouet se fit entendre. Comme par mécanisme, l’Espagnol à la cape bleue pivota la tête, et l’aperçut.

– Ça suffit. Fin du combat. Lâchez vos armes, ordonna Laguerra.

– Mais, señorita, les ordres… fit l’un des soldats.

– C’est moi qui donne les ordres, répliqua-t-elle sur un ton sans appel. Maintenant, partez.

Ils obtempérèrent. Laguerra tourna alors la tête vers le marin.

Leurs regards se croisèrent, et la dureté qu’il décela dans le sien le dérouta.
Modifié en dernier par kally_MCO le 07 avr. 2018, 16:05, modifié 3 fois.
— Regarde toi : la finesse d'une enclume et la loyauté d'un bigorneau !
— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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TEEGER59
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Re: Les Mystérieuses Cités D'Or - Saison 4 (fanfic)

Message par TEEGER59 »

Génial!
Pour commencer, j'aime bien les références:
– Tao avait raison. Je me suis laissé aveugler par mes sentiments pour vous !
– Laisse tomber, elle est avec Ambrosius.
– C’est une espionne, je vous dis !
– Qu’est-ce qu’elle fait là, elle ?
– Je… je ne pourrai jamais vous faire confiance.

Les petites coquilles (au hasard, je ne vais pas toutes les faire):
Milles et une interrogations se bousculaient dans l’esprit de Laguerra :arrow: Mille est invariable.
Pas d’attaches. :arrow: Idem.
Il jeta le dernier livre qu’il tenait en mains avec hargne et férocité. :arrow: Main au singulier.
– Je vois, dit-il, compréhensif. Mais ils n’étaient pas censés être mots ? :arrow: morts?
Elle ne pouvait – et ne voulait – compromettre l’intégralité de sa mission pour un sentiment aussi éphémère et volatil. :arrow: Volatile.

Dommage que les sentiments de Laguerra fassent machine arrière... :cry:
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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nonoko
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Re: Les Mystérieuses Cités D'Or - Saison 4 (fanfic)

Message par nonoko »

J'aime bien ce revirement apparent de Laguerra, et l'ensemble était plaisant à lire. Mais il faudrait savoir, Isabella s'entend bien avec Diego, mais elle déteste tous les hommes et les met dans le même panier: pas lui?
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kally_MCO
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Re: Les Mystérieuses Cités D'Or - Saison 4 (fanfic)

Message par kally_MCO »

Tout d'abord, encore merci pour la correction et le com' en général, Teeger ! ;)
J'espère que les fautes ne sont pas trop nombreuses... :oops:

nonoko a écrit : 02 avr. 2018, 22:07 J'aime bien ce revirement apparent de Laguerra, et l'ensemble était plaisant à lire. Mais il faudrait savoir, Isabella s'entend bien avec Diego, mais elle déteste tous les hommes et les met dans le même panier: pas lui?
Nope, pas lui :x-): On va dire que c'est différent. ;)
En tout cas, merci !
— Regarde toi : la finesse d'une enclume et la loyauté d'un bigorneau !
— Et toi, capitaine Mendoza, tu fais quoi d'honorable à part chasser les mouches avec ta cape ?!
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