FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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DeK
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par DeK »

Il est indéniable que je pourrais suivre ces deux-là assez loin, sauf sur un bateau, j'aurai le mal de mer. ^^
Plus sérieusement, j'ai vraiment apprécie ce passage pour sa description, la façon posée de résumer ce qu'il s'est passé pour eux depuis un an, parsemée de petits détails justement placés.
Sans rajouter des kilomètres de texte, on comprend de suite ce qu'a pu être leur nouvelle vie depuis les événements de Badalona.
Et ce petit moment de tranquillité, de contemplation avant de repartir pour des aventures mouvementées, je n'ai jamais voyagé jusqu"en Sardaigne, mais la manière dont tu as décrit ce lieu m'a donné l'impression de n'avoir qu'à regarder par ma fenêtre pour l'observer à mon tour.

Merci pour le temps que tu prends pour nous offrir ce travail d'écriture de qualité.

PS : Deux petites fautes ce sont néanmoins glissées, je vais dire à Seb de les corriger.
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DeK
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par DeK »

Ra Mu a écrit : 19 janv. 2017, 13:34 Roxer le poney! Je les adore ces expressions. Je savais que nonoko gérait les rhubarbes, mais il faut y jouter les fougères. Faudrait qu'on ouvre un topic sur des expressions citédoresques équivalentes, du genre: Faut pas pousser Ambro' dans les orties, j'ai le condor qui vole de travers.
Ce que propose n'est pas génial, mais je suis certaine que Dek, Pantin ou Cobra11 trouveront des trucs plus "Rocky".
Bah, pourquoi pas ! :D J'aime beaucoup cette idée, pour une fois que les trucs tordus qui passent dans ma tête peuvent avoir quelque intérêt.
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Seb_RF
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Seb_RF »

Ce soir (ver 17h) je vous envoie la suite et fin du prologue :x-):
note serie:
MCO1: 18/20

Trahison/Insulte totale:
MCO2: 7/20
MCO3: 4/20
MCO4: 3/20 (et je suis "gentil" par ce qu'il y a les effets visuels)

Fanarts: viewtopic.php?f=14&t=2301 :x-):
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manonallemende
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par manonallemende »

Seb_RF a écrit : 19 janv. 2017, 13:54 Ce soir (ver 17h) je vous envoie la suite et fin du prologue :x-):
Youpi :x-): vive la suite
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Seb_RF
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Seb_RF »

Et voici le prologue complet, Par notre cher nonoko, Profiter bien!


TOME 2: L'union des Enfants du Soleil.

Juillet 1543 : Dans les montagnes du Tibet, Presque un an plus tard...
Le condor disparaissait à l’horizon.
Par Seb_RF
Par Seb_RF
Tao poussa un soupir. Il espérait juste que tout se passerait bien, même s’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter. Patala n’était qu’à deux heures de vol, Esteban serait bientôt de retour. Il jeta un coup d’œil à Zia. Elle non plus ne semblait pas décidée à retourner à l’intérieur de la cité.
T : Bon, il est partie le temps de finir mon expérience, de faire une petite sieste et il sera revenu, comme s’il ne nous avait jamais quittés !
Zia détacha enfin son regard du ciel pour regarder son ami en souriant.
Z : Oui, Tao, tu as raison, on travaillera mieux sans lui de toute façon, il avait vraiment la tête ailleurs ces derniers temps. Alors, profitons-en, entre Mueens ! Tu viens ?
La jeune femme quitta la plateforme exposée aux vents de la cité de Badalom, Tao sur ses talons. Ce dernier n’était pas dupe : Zia affichait un grand sourire et sa voix se voulait enjouée, mais elle ne souriait plus depuis un an que par des sourires forcés, censés rassurer ses amis. Quand Esteban leur avait annoncé sa décision de se rendre seul à Patala pour voir son père, Zia était restée parfaitement impassible pendant quelques secondes, avant de s’exclamer avec enthousiasme qu’Esteban avait raison, qu’il pouvait aller le voir quand il le voulait, que ce n’était pas un problème, clouant le bec à Tao, qui s’était d’abord offusqué de cette annonce, une grande première : s’il avait su, il serait allé se promener avec le Solaris II aux quatre coins du monde sans leur demander leur avis lui aussi ! Mais Zia s’était montrée étrangement compréhensive, trop compréhensive sans doute. Tao avait remarqué qu’elle donnait toujours raison à Esteban ces derniers temps, même quand il était clair qu’il avait tort et même s’il était évident qu’elle aurait souhaité qu’il agisse autrement ou prenne une autre décision. Souvent il s’apercevait lui-même de son erreur et de sa maladresse, il était tellement à l’écoute de Zia qu’il faisait finalement tout pour lui plaire, et elle le remerciait d’un doux sourire qui ne parvenait pourtant pas à rallumer dans son regard l’étincelle de vie pétillante qui l’animait autrefois, il n’y avait pas si longtemps, un an auparavant, avant leur retour mouvementé à Barcelone. Mais Esteban avait adopté cette fois le même ton enthousiaste que Zia, comme s’il était soulagé de sa réaction qui le dispensait de s’expliquer davantage, et s’était exclamé avant de courir vers le condor, comme s’il avait peur lui-même de changer d’avis : « je serai de retour avant le coucher du soleil, ne vous inquiétez pas surtout ! ». Il n’avait même pas eu un geste tendre envers Zia en guise d’au-revoir. Décidément, quelque chose ne tournait pas rond chez Esteban non plus, pensa Tao. Il tenta de questionner Zia :
T : Hem, Zia…toi et Esteban…est-ce que ça va toujours ?
Z : Mais oui Tao, pourquoi me demandes-tu cela ?
T : Eh bien, c’est que…il est parti si vite, sans, hem…tu vois quoi…vous vous êtes disputés ?
Z : Non, pas du tout, il avait l’air pressé, c’est tout, tu sais comme il est…cette visite à son père semble lui tenir vraiment à cœur, il en oublie tout le reste, comme d’habitude !
T : C’est que...tu n’es pas « tout le reste »…
Z : Allons, Tao, il ne part que pour quelques heures, un jour au plus, ce n’est pas la première fois que nous sommes séparés !
T : Non, mais c’est la première fois qu’il part seul avec le condor…sans nous…sans toi...
Z : Tu es mignon, Tao ! Mais ne t’inquiète pas pour moi, je survivrai !
T : Puisque tu le dis…
Z : Tu te fais des idées, je t’assure ! Bon, où en est ton expérience ?
Elle l’entraîna vers un des bâtiments de la cité, qui abritait la fabrique de condors en orichalque.
Z : Ca fait si longtemps que tu étudies cette chaîne de fabrication...est-ce que tu penses vraiment pouvoir un jour en recréer une pour un autre usage ?
T : Bien sûr ! Sinon j’aurais déjà abandonné…mais à moi tout seul, ce n’est pas évident...
Z : Oui, il nous faudrait de l’aide, mais comment trouver les bonnes personnes ? J’ai l’impression que la gloire ou le pouvoir sont les seules motivations des savants que nous avons rencontrés...
T : Tu es injuste, ils ne sont pas tous comme ça ! Beaucoup travaillent pour la seule avancée du savoir, comme moi !
Z : Oui, mais ceux-là n’arrivent pas à grand-chose et restent obscurs, à moins qu’ils ne mettent leur science à la disposition des puissants, et on retombe sur le même problème…
T : Oui, il faudrait que les puissants aient des motivations plus nobles, et encouragent les travaux utiles !…bah, on ne va pas changer les hommes en un jour ! Pour aujourd’hui, je vais me contenter d’essayer de faire fonctionner ma mini-chaîne de production de statuettes de Pichu !
Z : Je me demande pourquoi tu n’as pas choisi un objet plus utile, justement, même si c’est pour un essai…
T : Ah, mais ce n’est pas une simple statuette, elle indique les heures !
Z : Comment ça ?
T : J’ai intégré le système de reproduction vocale que nous avons découvert il y a huit ans : tu places ta statuette dans un endroit éclairé et à chaque heure elle s’exclame « encore une heure de passée ! »
Z : Hum...avec la voix de Pichu j’imagine…
T : Bien sûr ! C’est génial, non ?
Z : Sans doute, Tao…allons voir si ça fonctionne...
T : Et nous apporterons une statuette en cadeau à chacun de nos amis la prochaine fois que nous leur rendrons visite ! Oh ! C’est dommage qu’Esteban soit parti avant qu’on ait essayé, il aurait pu en apporter une à son père !
Z : Et au Rajah…et à Indali…
Tao se rembrunit soudain.
T : Tu... tu crois que ça lui plairait ?
Z : A qui donc ? Au Rajah ?
T : Oui…au Rajah, évidemment ! Qu’est-ce que tu t’imagines ?
Z : Moi ? Rien…
T : Allez, aide moi donc ! La journée passera plus vite comme ça !

Esteban posa le condor dans la cour du palais du Rajah de Patala. Il était soulagé d’être arrivé. Cela faisait plusieurs jours qu’il hésitait à venir ici, seul, mais il avait fini par se décider, il n’en pouvait plus de garder ses sentiments pour lui, il devait parler à quelqu’un, quelqu’un qui pourrait le conseiller, le soulager. Le bec s’ouvrit, il descendit de l’oiseau. Le chef de la garde l’attendait, déférent, et le salua : « soyez le bienvenu. Que nous vaut le plaisir de votre visite ? Dois-je vous annoncer à sa Majesté ? »

E : Bonjour, Dhiran, je m’excuse pour cette arrivée matinale à l’improviste ; dîtes au Rajah que je viendrai lui rendre visite plus tard, quand il sera disposé à me recevoir. Je souhaite d’abord m’entretenir avec mon père.
D : Très bien, je pense que vous le trouverez encore dans ses appartements. Je vais vous y conduire.
E : Pas la peine je connais le chemin, merci ! Ah je repartirai en fin d’après-midi, inutile de me préparer une chambre !
Le jeune homme disparut dans l’aile gauche du palais. Dans son bureau, Athanaos préparait son programme de la journée après avoir déjeuné frugalement. Esteban toqua à la porte, impatient.
E : Papa ? C’est moi, ouvre-moi s’il te plaît !
Athanaos ouvrit, agréablement surpris.
A : Esteban ! C’est toujours un plaisir de recevoir ta visite !
Il perçut immédiatement à la façon dont Esteban se précipita dans la pièce sans le regarder que quelque chose tourmentait son fils. Esteban restait silencieux, le dos tourné, semblant chercher ses mots.
A : C’est tout ce que tu as à me dire ? Cela fait six mois qu’on ne s’est pas revus... tout va bien ? Es-tu venu…seul ?
Esteban acquiesça : si seulement son père pouvait tout deviner, cela lui épargnerait la peine de parler ! Mais il fallait bien avoir recours aux mots... c’est pour cela qu’il était venu, ce n’était pas le moment de se défiler, même s’il avait toujours eu du mal avec les conversations en tête à tête avec son père ; à chaque fois, tout se bousculait dans son esprit, il avait trop de choses à dire, il ne savait pas comment s’exprimer, l’émotion le submergeait, il perdait ses moyens et finissait par se taire, et laisser son père parler ; mais aujourd’hui, c’était trop important. Il parvint à articuler avec peine ses premiers mots, priant pour que le reste vienne facilement.
E : Oui…je suis venu... seul…pour te parler.
A : Vraiment ? Alors, cela doit être important, n’est-ce pas ? Bon, au moins me voilà rassuré, je suppose que Tao et Zia vont bien. Puisque tu viens juste pour me parler.
E : Oui, rassure-toi, ils vont bien. Je les ai laissés au Tibet…tout va bien...
A : Je n’en ai pas l’impression pourtant, tu sembles si abattu, cela ne te ressemble pas…j’espère que cela n’a rien à voir avec votre amitié ?
E : Non…tout va bien, je te dis…mais…en fait non, rien n’est plus comme avant.
A : C’est-à-dire ? Allons, assieds-toi un peu là, tu seras plus à l’aise, et je pourrai voir ton visage en face !
Esteban fut reconnaissant à son père de sa proposition, qui le forçait à se lancer : face à lui, il serait bien obligé de dire ce qu’il avait sur le cœur. Il prit une profonde inspiration.
E : Eh bien, depuis ce qui est arrivé à Zia…en fait, je ne t’ai pas tout dit, la dernière fois qu’on s’est vus.
A : Alors, raconte-moi tout.
E : Zia…Zia n’est plus la même, et moi... moi non plus je suppose. Il y a comme une gêne entre nous.
A : Mais... pourquoi ?
E : Nous nous sommes fiancés…à Barcelone, juste avant qu’elle ne soit enlevée….je sais, c’est bête, mais je pensais que nous pourrions… nous marier...
A : Je ne vois là rien qui puisse déplaire à Zia... ni à moi non plus, si c’est ce qui t’inquiète...
E : Non !!…ce n’est pas ça…en fait j’ai agi sans réfléchir... et je n’avais même pas pensé à ton éventuelle désapprobation…j’étais sûr que...
A : Que j’accepterais que tu te maries ? Évidemment, je suis mal placé pour t’imposer ma volonté ! Tu es libre depuis si longtemps…et de toute façon je sais que tu es capable de prendre les bonnes décisions…même si cela me fait plaisir que tu sollicites mes conseils ou mon avis, bien sûr.
E : Bien sûr…mais le problème, c’est moi…j’ai changé d’avis depuis…
A : Ah ! Et elle l’a mal pris...
E : Non…enfin, au début, oui, et puis, elle a compris, elle m’a fait confiance, mais je sens bien qu’elle n’est pas heureuse, parce que moi aussi, je ne le suis pas. Je ne sais plus où j’en suis…
A : Mais pourquoi as-tu changé d’avis ?
Esteban baissa la tête, ne sachant que répondre. Comment expliquer à son père à quel point il s’en voulait d’avoir mis Zia en danger, sans compter le fait qu’il avait toujours lutté pour mettre ses sentiments à distance afin de préserver leur amitié à tous les trois, même s’il savait que son attirance pour la jeune femme était inévitable et réciproque. Et comment expliquer que cette attirance même le gênait, justement parce qu’il lui semblait que d’une certaine façon on avait choisi pour lui, et qu’il n’était pas libre. Il aimait Zia, de toute son âme, et pourtant…tout le ramenait à la quête, à cette destinée qu’il n’avait pas choisie…Il aurait tant aimé être véritablement libre, libre d’aimer, libre d’agir selon son cœur, libre de choisir sa vie, et de proposer à celle qui devait la partager la sécurité et la douceur d’un foyer dont ils avaient été privés tous les deux, et malgré ce désir, il ne pouvait que reconnaître qu’il jouissait d’une forme de liberté exceptionnelle, et qu’il avait vécu jusque-là une existence passionnante. Mais qu’avait-il accompli ? A quoi avait servi cette quête ? Fallait-il continuer ? Après tout, il ne s’était lancé dans l’aventure que pour retrouver son père, et parce que le père Rodriguez croyait qu’il était destiné à accomplir de grandes choses. Il avait suivi Mendoza, fasciné par sa proposition, impressionné par cet extraordinaire hasard qui le faisait entrer en contact avec l’homme qui l’avait sauvé sur l’océan, le seul homme qui ait pu lui parler de son vrai père, au moment où le jeune garçon qu’il était se retrouvait orphelin pour la deuxième fois. Et s’il n’avait pas dû trouver la 3ème cité pour sauver son père, aurait-il vraiment continué sa quête ? Athanaos l’avait poussé à continuer, à accomplir sa destinée ; Esteban avait obéi, contre son cœur, se sentant toujours tiraillé entre ses aspirations personnelles et son devoir envers ses amis, envers son père, envers ses ancêtres. En épousant Zia, accomplissait-il son vœu le plus cher, ou ne faisait-il que son devoir ? Et si ce devoir devait encore les mettre en danger, la mettre en danger, elle...
A : Tu ne dis rien ?
E : Je ne veux tout simplement... pas la perdre, je crois...je veux qu’elle soit ma femme, mais…
A : Tu redoutes les conséquences ?
E : Regarde ce qui s’est passé avec Laguerra ! Non seulement il a voulu se venger, parce que nous avons fait échouer sa quête, que nous avons ruiné sa vie, mais il avait aussi le projet de s’approprier je ne sais quel pouvoir en épousant Zia, et en activant cette fichue statuette ! Tout ça ne finira donc jamais ? Nous serons toujours obligés de lutter pour vivre , de lutter contre tous ces fous, ces égoïstes, ces hommes avides de puissance et prêts à toutes les cruautés ?Et si je l’épouse, qui me dit que nous ne serons pas responsables de nouvelles atrocités commises pour voler un nouveau secret de Mu révélé par notre union ? Je suis fatigué que ma vie soit prise en otage par des prétendus ancêtres qui veulent soi-disant le bien de l’Humanité ! Est-ce que notre quête a servi à quelque chose ? Nous tournons en rond, et j’en ai assez de parcourir le monde inutilement ! Partout on ne voit que guerre, famine, maladies, et nous sommes impuissants !
A : Je vois... je comprends tes révoltes, tes angoisses mais…
E : Non, tu ne peux pas comprendre…tu as été comme eux, comme ces hommes…
A : Tu sais très bien que non…
E : Tu as toujours voulu que je continue, pour assouvir ton propre désir, tu savais que sans moi, ta propre quête ne pouvait aboutir !
A : Esteban…tu es injuste…si tu savais combien moi aussi j’ai désiré vivre heureux auprès de ta mère, et de toi…
E : Mais le destin en a décidé autrement, je sais, merci, pas la peine de me le rappeler ! Et les épreuves ont fait de moi ce que je suis maintenant, et tu es fier de moi….mais, bon sang, j’en ai assez ! Pourquoi est-ce que je ne peux pas être simplement heureux, sans avoir à me demander ce qui m’attend encore, ce que ce fameux destin d’élu me réserve, nous réserve, à Zia et à moi ? Puisque tu as aimé ma mère, tu peux comprendre ça, non ?
A : Je l’ai aimée... plus que tout au monde. Et même si nous n’avons pu nous aimer que brièvement, même si notre rencontre, notre union n’étaient pas le fruit du hasard, même si nous avons été séparés trop tôt, je chérirai ces moments qui ont illuminé ma vie et lui ont donné un sens. Cesse de te tourmenter, Esteban, accepte ce qui t’es offert.
E : Tu ne me dis pas ça pour que j’accomplisse la volonté des sages de Mu et d’Atlantide ?
A : Ecoute, je ne vais pas te mentir, l’existence de cette statuette prouve que votre union a probablement une raison d’être, mais, quelle que soit cette raison, je suis persuadé qu’elle t’apportera enfin les réponses aux questions que tu te poses, et qu’elle t’éclairera sur l’utilité de cette quête que tu as dû mener malgré toi. Mais plus que tout, en acceptant de céder à ton désir, et à celui de Zia, tu te réconcilieras avec toi-même. Accepte d’être qui tu es, Esteban, et ne passe pas à côté de ton bonheur. Tu ne peux pas changer la situation, cesse de lutter, et sois heureux, même si tu ne sais pas combien de temps durera ton bonheur, au moins tu l’auras vécu. Personne ne sait ce que l’avenir lui réserve : rejoins vite Zia. Elle t’attend. C’est tout ce qui compte.
Esteban se leva, imité par son père, et se dirigea vers la porte. Au moment de quitter la pièce, il se retourna.
E : Tu diras au Rajah que je viendrai lui rendre visite une autre fois.
A : Je le lui dirai...
E : Je m’excuse d’avoir été... un peu….
A: Maladroit ?
E : Oui…merci de m’avoir écouté…merci…tu as été de bon conseil…
A : Alors, pars vite, et reviens vite, mais pas tout seul cette fois !
E : C’est promis !
Quelques instants plus tard, Esteban était aux commandes du condor, et décollait pour le Tibet, le cœur léger.

Du cotée De Mendoza et Isabella:

Isabella se glissa discrètement hors du lit aux premières lueurs de l’aube, et enveloppa sa taille d’une soierie pourpre qu’elle noua ensuite à la hauteur de sa poitrine . Elle aimait ces quelques instants de solitude suspendus entre le nuit et le jour, qui lui permettaient de prendre pied en douceur dans la réalité. Son compagnon, tout éveillé qu'il fût, la laissait volontiers en tête à tête avec elle-même, afin d’éviter de bousculer sans le vouloir le fragile équilibre émotionnel de la jeune femme et de la mettre de mauvaise humeur pour la journée. Il s’était habitué sans problème à ce trait de la personnalité d’Isabella, mais il lui semblait qu’il s’était accentué ces derniers temps. Les yeux mi-clos, il l’observait tandis qu’elle se dirigeait vers la fenêtre pour contempler la baie de Porto Conte. Il savait qu’elle allait rester accoudée là de longues minutes avant de se retirer pour sa toilette. Il irait la surprendre au moment où elle nouerait les lacets de son corset, et déposerait un baiser dans son cou, avant de l’aider à serrer les liens. Il aimait ce petit rituel auxquels ils se livraient à chaque séjour dans leur maison de la baie de Porte Conte, entre deux voyages en mer. Sur le bateau, il lui arrivait de veiller toute la nuit, et leur vie était rythmée par les humeurs de la méditerranée et les contraintes de leur activité commerciale. Naviguer avec Isabella à ses côtés contribuait toutefois à rendre les trajets de port en port moins monotones ; si la mer réservait bien des surprises, il connaissait la plupart de ses tours, et les déjouer était bien moins plaisant et excitant que de se confronter aux pièges et aux tentations que sa relation avec Isabella ne manquait pas de lui offrir.

Tout à l’heure, ils reprendraient la mer ensemble, mais avant cela ils pourraient profiter encore un peu de cette parenthèse de calme et de sérénité en Sardaigne. Ils jouissaient en effet depuis près d’un an d’un pied à terre sur la côte nord-ouest de l’île, à quelques kilomètres du port de L’Alguer, où ils laissaient le bateau affrété par Pedro et Sancho le temps de leur escale, afin que la cargaison soit renouvelée avant de repartir pour Barcelone. Mendoza avait accepté la proposition de ses amis avec reconnaissance, quand ils lui avaient demandé de prendre le commandement du navire qu’ils avaient acquis afin d’étendre et de diversifier leurs activités, le San Buenaventura. Ils s’étaient en effet associés avec d’autres marchands, et faisaient à présent le commerce, entre l’Espagne, l’Italie et Oran, de produits variés en plus de leur propre vin, comme du verre et d’autres produits manufacturés, des tissus, du sel, des céréales, des métaux, sans oublier le fameux corail rouge des côtes sardes, qu’on trouvait en abondance autour de L’Alguer. Ainsi Mendoza avait obtenu l’accord de naviguer avec Isabella, malgré les réticences des associés de Pedro et Sancho, entre les ports espagnols d’Alicante, Carthagène et Alméria plus au Sud, le port d’Oran sur la côte africaine et les ports de Venise, Naples et Gênes, en faisant des escales aux Baléares et en Sardaigne. Devant la rapidité et la sûreté des trajets, les réticences des marchands avaient vite disparu, car ils savaient que leurs marchandises étaient entre de bonnes mains. D’ordinaire, Mendoza et Isabella ne faisaient que brièvement escale à Barcelone, préférant éviter de s’attarder dans cette ville où Roberto vivait toujours tranquillement de ses activités criminelles sans être inquiété. Certes, ils savaient que le demi-frère d’Isabella ne comptait rien tenter contre eux tant qu’ils lui seraient utiles, néanmoins le séjour dans la même ville que lui n’était pas une partie de plaisir, car le souvenir des événements passés restait encore trop vivace dans l’esprit de la jeune femme. Elle demeurait systématiquement à bord, attendant impatiemment que le San Buenaventura puisse repartir, les cales pleines. Plus d’une fois Mendoza l’avait surprise en train de scruter les alentours, comme si elle s’attendait à chaque instant à voir surgir la silhouette de Roberto, qui ressemblait tant à son père. Le tueur à gages n’avait pas d’ailleurs pas tardé à se rappeler à leur bon souvenir peu après leur avoir faussé compagnie à la mosquée de Badalona. En effet, en bon comptable qu'il était, il n’avait pas oublié le contrat qu’il avait passé en lettres de sang avec Mendoza, quand il lui avait livré l’information capitale du lieu où était détenue Zia, en échange de l’équivalent en or d’une cargaison d’épices. Le marin, pour honorer sa dette, avait envoyé des instructions à Pedro et Sancho par l’intermédiaire de Maria, qui était depuis à leur service. Il avait prévu de payer Roberto en prélevant l’argent sur la part qu’il avait investie dans le vignoble de ses amis. Ceux-ci, mis devant le fait accompli, n’avaient eu d’autre choix que de venir en aide à leur camarade, même si la somme, considérable, ne pouvait pas être mise immédiatement à la disposition de Roberto sans compromettre leur affaire florissante. Ils avaient envoyé une avance à l’adresse que leur avait indiqué Maria, précisant qu’ils paieraient ensuite chaque mois une somme jusqu’à atteindre le total demandé, ce qui prendrait plus d’un an, car ils ne pouvaient se permettre de verser plus à la fois. Ils avaient espéré un moment que le tueur à gages ne se manifesterait pas pour donner son accord sur ce principe, car ils n’avaient pas eu de nouvelles pendant quelques temps ; peut-être même, avec un peu de chance, Mendoza lui avait-il réglé son compte, car il ne fallait rien attendre de la police, surtout la police secrète qui avait toujours Gomez à sa tête. Mais ils avaient fini par recevoir une lettre contenant un contrat en bonne et due forme qui ne leur laissait aucun espoir d’échapper au règlement de la dette. Au même moment, ils avaient finalisé avec leurs partenaires leur projet commercial en méditerranée, et c’était donc tout naturellement qu’ils avaient proposé à Mendoza d’y participer : leur ami travaillerait pour eux gratuitement, en échange du gîte et du couvert, ce qui leur permettrait de compenser la perte que représentait la somme versée régulièrement à Roberto. Ils comptaient toutefois rapidement dégager des bénéfices suffisants pour payer à nouveau un salaire mérité à Mendoza, sans oublier Isabella qui le secondait sur le Buenaventura. Ils avaient obtenu en attendant ,d’un de leurs associés, qu’il mette à la disposition du couple une demeure à Porto Conte. Quant à Roberto, il avait parfaitement compris où était son intérêt : tant que Mendoza permettait à Pedro et Sancho d’engranger des bénéfices, il était assuré de voir arriver chaque mois des espèces sonnantes et trébuchantes. La seule crainte de Pedro et Sancho était qu’il ne se contente pas de la somme prévue par le contrat passé avec Mendoza. Quand ils en avaient fait part à leur ami, celui-ci s’était contenté d’un laconique « dans ce cas, nous aviserons, le moment venu. » Maria avait cru les rassurer en leur suggérant de ne pas trop faire d’ombre à leurs concurrents afin que ceux-ci n’aient pas envie de les faire supprimer par le tueur à gages ; selon elle, ils pouvaient même demander à Roberto de veiller à leurs intérêts, mais Pedro et Sancho espéraient ne jamais avoir à solliciter les services d’un ‘protecteur’, et ils comptaient ardemment sur Mendoza pour leur éviter cette éventualité.

Le soleil se levait sur la baie, révélant à Isabella un spectacle qu’elle ne se lassait pas de contempler ; à droite, elle suivait les pentes douces des collines dont les courbes s’accordaient à l’arc de cercle de la baie et que les flots caressaient tendrement ; au loin, elle distinguait la silhouette sombre des tours de garde sardes , qui se dressaient vers le ciel dont la luminosité gagnait en intensité de minute en minute, jusqu’à prendre une teinte éclatante ; de l’autre côté de la baie, les falaises du cap Caccia retenaient les dernières ombres de la nuit, mais bientôt la lumière frapperait les roches rougeâtres et révélerait l’entrée de la grotte de Neptune, sans toutefois parvenir à pénétrer dans les profondeurs de la pierre ; la paroi rocheuse se réchaufferait lentement au contact du soleil jusqu’à devenir brûlante, mais la grotte conserverait son humidité bienfaisante, qu’elle tirait de la mer dans laquelle les falaises s’enfonçaient. Dans l’Antiquité, l’endroit avait été baptisé ‘la baie des nymphes’ ; Isabella s’imaginait être l’une d’elles ; elle se plongeait avec volupté dans les eaux tièdes de la méditerranée ; ses jambes s’allégeaient, elle flottait sur le dos, les yeux fermés, et s’abandonnait à cette délicieuse sensation d’apesanteur. Autour de sa tête, ses cheveux s’étalaient en étoile ; elle avait étendu les bras et laissait les vagues lécher ses doigts tout en berçant délicatement son corps. Ses oreilles bruissaient du doux murmure des flot ; elle n’aurait su dire si la chaleur bienfaisante du soleil éveillait ses sens ou la maintenait dans un état de demi-sommeil bienheureux, dont elle n’aurait jamais voulu sortir. Une caresse effleura le creux de ses épaules, la faisant frissonner de plaisir. Deux bras enserrèrent les siens, les repliant sur sa poitrine, tandis qu’une bouche déposait un baiser sur son cou. Elle sursauta, surprise. Ce n’était pas le moment, non, elle ne l’avait pas appelé, pas encore. Le contact de sa peau nue sur la sienne acheva de la tirer de sa rêverie, le cœur battant. Non, il ne fallait pas, il ne devait pas la surprendre ! Mais il avait compris, et s’écartait déjà.
M : On dirait que ce matin tu as du mal à revenir à la réalité, Isabella. Cela fait une éternité que tu es accoudée à cette fenêtre, et bien que je sache que je ne dois pas interrompre le cours de tes pensées, je suis tenu de respecter mes engagements de marin. Le soleil est déjà levé…on va nous attendre à L’Alguer…
Elle se retourna, esquissant un sourire.
I : Il faut croire que la perspective de séjourner un peu plus longtemps cette fois à Barcelone ne m’enchante guère, mais rassure toi, je ferai contre mauvaise fortune bon cœur. Je serai prête en un instant, ne t’inquiète pas, et nous partirons à temps. Hâte-toi de t’habiller pour venir m’aider avec le corset, je m’en voudrais de te priver de ce privilège parce que j’ai un peu trop paressé à la fenêtre.

Elle s’esquiva aussitôt comme pour s’excuser de son retard, se drapant pudiquement dans l’étoffe de soie qu’il lui avait offerte lors de leur première escale à Oran, en s’exclamant que Pedro et Sancho lui feraient bien crédit pour ce petit écart dans leur accord. De son côté, Mendoza se prépara rapidement, soulagé qu’Isabella ne soit pas d’humeur ombrageuse ce matin malgré cet incident qui aurait pu la contrarier, et vérifia une dernière fois qu’il emportait avec lui tout ce qu’il devait rapporter à ses amis et qu’il n’avait pas voulu laisser à bord, lors de cette escale de trois jours, dont un coffret de perles de Murano de toute beauté et de grand prix, commande d’un joailler renommé de Barcelone. Le leur remettre en mains propres était un des prétextes qui justifiait que cette fois, ils ne resteraient pas simplement au port catalan le temps de décharger leurs marchandises et de recharger aussitôt les cales de produits à livrer dans les différentes villes où ils avaient leurs habitudes. Pedro et Sancho tenaient aussi à présenter Mendoza à un nouvel associé potentiel , assez exigeant sur les références et les résultats, et de nature excessivement prudente ; ils avaient obtenu la faveur d’une invitation à dîner chez ce marchand réputé , qui avait pour habitude de traiter affaires autour d’une table richement garnie en mets et en vins, afin de prendre le temps de jauger ses invités qu’il pouvait ainsi interroger et mettre à l’épreuve selon son bon plaisir et selon ses critères. C’est par l’intermédiaire de cet homme, Vicente Ruiz, qu’ils avaient pu obtenir la commande de perles de Murano ; ils espéraient que cette collaboration ponctuelle déboucherait sur un véritable partenariat. Si Mendoza pouvait les aider dans cette entreprise, il tâcherait d’être à la hauteur de leurs espérances, même s’il n’appréciait guère les dîners mondains. Mais si ce Vicente Ruiz s’avisait à le traiter de haut, ou s’il faisait la moindre remarque déplacée sur le couple inédit qu’il formait aux commandes du San Buenaventura avec Isabella, le marchand saurait vite à quel genre d’homme il avait affaire, que ça lui plaise ou non. Il fut tiré de ses pensées belliqueuses par l’appel de la jeune femme, et s’empressa de la rejoindre afin de mettre la dernière touche à ses apprêts. D’une main désormais experte, à force d’avoir répété ce geste chaque matin depuis presque un an, il serra le corset jusqu’à ce qu’elle demande grâce, non sans se demander, comme à chaque fois, comment les femmes pouvaient supporter cet instrument de torture, censé symboliser la droiture d’âme et de mœurs de celle qui le portait, mais qui avait surtout à ses yeux l’avantage de mettre en valeur la poitrine féminine, et en particulier celle de sa compagne.

M : Allons, te voilà parée ! Prenons une collation, nous partirons ensuite.
I : Inutile, je n’ai pas encore faim, si tu le veux, partons tout de suite, il est plus que temps.
M : Comme tu voudras…nous déjeunerons sur le bateau dans ce cas.
Quelques instants plus tard, ils galopaient le long de la côte en direction du port de L’Alguer, où les attendait le San Buenaventura.


Une Journée plus tard cher Roberto:

Roberto poussa la porte du salon avec désinvolture, jeta son chapeau sur la table et s’affala dans son fauteuil favori, les jambes négligemment étalées devant lui, puis il s’empara de la carafe posée sur la console à côté du fauteuil et se servit un grand verre de porto , qu’il vida d’un trait, avant de daigner jeter un regard sur son invité qui l’attendait depuis plus d’une heure en rongeant son frein .
R : Ah, Gomez, désolé, j’ai dû faire face à un petit contretemps, un mari qu’on attendait à telle heure et qui a été retenu plus que de coutume par sa maîtresse, ce sont des choses qui arrivent plus souvent qu’on ne le croit dans ce métier, mais je ne vous apprends rien, vous avez sûrement dû apprendre à être patient vous aussi…
G : N’est-ce pas ?....nous avons décidément bien des choses en commun, vous et moi…mais je vous avoue que je commençais à m’impatienter quelque peu…il est près de minuit..
R : Allons, allons, ne me dîtes pas que vous êtes un couche-tôt !
G : Non, bien sûr, mais je me fais vieux, et je supporte moins bien de veiller aussi tard, surtout plusieurs soirs de suite…
R : Oh, j’oubliais que vous étiez chez Vicente Ruiz hier soir…est-il vrai qu’il reçoit demain la charmante catin qui me tient lieu de sœur en compagnie de son ombrageux galant ?
G : On ne peut plus vrai…et si vous voulez un conseil, vous feriez bien de réinvestir la somme que vous soutirez au galant dans les affaires de Ruiz, il est sur le point de s’associer avec les deux coquins qui l’emploient, lui et votre sœur. Vous doublerez facilement votre mise..
R : Décidément, ce Mendoza sait se rendre indispensable ! Une chance que je ne l’aie pas tué !
G : C’est ce que j’ai fini par me dire, moi aussi..Bon, l’affaire n’est pas encore faite, Ruiz avait encore quelques réticences, mais j’espère avoir su le convaincre, prions à présent pour que l’attitude de cet insolent de Mendoza ne ruine pas mes efforts !
R : Il paraît que ma sœur a fréquenté la cour, elle lui aura peut-être appris les bonnes manières…
G : Dans ce cas elle saura se tenir à sa place..à la disposition du maître, ah ah ah !
R : Alors je ne donne pas cher de la peau du Ruiz, nous ferions mieux d’investir notre argent ailleurs, ah ah ah !
Roberto se servit un nouveau verre et en offrit un à Gomez.
R : Trêve de plaisanterie, je manque à tous mes devoirs envers vous, mon cher Gomez…vous n’étiez certainement pas venu pour me parler de ma sœur…
G : Non effectivement…
Gomez se cala confortablement dans son fauteuil, son verre à la main. Il but une gorgée en la savourant longuement avant de jeter un œil en coin à son hôte, qui l’observait attentivement, impassible, puis il se décida.
G : Notre collaboration a été des plus fructueuses jusqu’à présent, n’est-ce pas ?
Roberto acquiesça. Gomez laissa le silence s’installer quelques instants, en sirotant son porto, puis il reprit, comme pour lui-même.
G : Oui…j’aurais pu vous faire arrêter il y a un an, pour complicité dans cette lamentable affaire de recel et de fabrication d’armes illicites, qui a failli mettre en danger la Couronne…si je n’étais pas intervenu, qui sait en effet ce que votre père n’aurait pas tenté contre nos dirigeants ? Peut-être même agissait-il pour le compte de nos ennemis ? Du moins, c’est ce qu’on pouvait supposer à bon droit…Mais vous êtes un homme plus fin que feu votre père…
R : Et vous avez besoin d’hommes comme moi pour continuer à mener vos petites manigances dans le dos de notre bon roi…d’ailleurs, comment auriez-vous sauvé votre tête si je n’avais pas accepté de vous vendre certains plans fort précieux…
Gomez avala son porto d’un trait.
G : La soirée risque d’être encore longue…versez m’en un autre, je vous prie !
R : Avec plaisir…à ce qu’il paraît, vos ingénieurs ont déjà fait des merveilles avec ces plans, toutefois, il semblerait que vous rencontriez certaines difficultés en ce moment….
Gomez, qui s’apprêtait à boire, interrompit son geste, le verre au bord des lèvres.
G : Comment diable…vous m’espionnez ! vous êtes au courant de tout !
R : Eh ! que voulez-vous..dans mon métier, il vaut mieux avoir une longueur d’avance sur tout le monde, cela permet souvent de tirer le meilleur parti de la situation..Donc, si j’ai bien compris, vous souhaiteriez que je vous aide à retrouver la trace de certaines personnes qui ont travaillé avec feu mon père, et qui seraient plus qualifiés que celles que vous avez enrôlées de force dans votre projet après les avoir arrêtées à la mosquée de Badalona.
Gomez siffla entre ses dents plutôt qu’il n’articula clairement sa réponse.
G : C’est cela même…
R : Hum…je suppose que ce cher Philippe est prêt à payer le prix, comme l’autre fois…mais en a-t-il vraiment les moyens ? J’ai ouï dire que ses finances étaient au plus bas, et je m’en voudrais de contribuer à vider ses caisses, qui après tout sont celles de son père, notre bon Charles Quint ! Je crois que ce dernier apprécierait fort peu que son cher fils, en qui il a toute confiance, dépense de manière inconsidérée l’argent du royaume…mais si le résultat en vaut la peine, tous ceux qui auraient participé d’une manière ou d’une autre à l’entreprise en tireraient d’inestimables bénéfices, n’est-ce pas ?
G : Exactement…c’est pourquoi j’ai pensé à vous..sans doute sauriez vous retrouver pour moi un des ingénieurs qui a construit la carapace…
R : Peut-être…
G : Je suis prêt à y mettre le prix !
R : Sur vos propres deniers ! intéressant…
G : Un des hommes a même évoqué un certain Ambrosius, un ami de Fernando Laguerra, un alchimiste, qui saurait à coup sûr faire fonctionner la machine !
R : Désolé, ce nom ne me dit rien…je n’ai malheureusement guère eu le temps de converser avec père, et il n’avait que ses projets de vengeance en tête, je n’ai hélas pas eu le plaisir de l’entendre me confier ses anecdotes de jeunesse. Quant à retrouver la trace d’un autre de ses ingénieurs…cela va prendre du temps.
Gomez se leva brusquement et se mit à faire les cent pas, sa jambe de bois heurtant le plancher avec la régularité d’un marteau.
G : Du temps ! mais nous n’en avons pas ! Le régent s’impatiente, cela fait des mois qu’il attend de voir fonctionner les canons de la carapace ! Sans compter qu’il faut entretenir tout ce petit monde, payer les ouvriers, les matériaux pour la fabrication…
R : Je pensais que les geôles étaient pleines de volontaires pour travailler gratuitement pour le roi…
G : Tss ! ce projet n’est pas une plaisanterie, c’est une vitrine que le régent entend montrer à son père pour l’assurer de ses capacités et de la loyauté de ses sujets, prêts à unir leurs forces au service de leur roi ! Il serait infâmant d’employer de vulgaires criminels, qui plus est incapables de faire leur travail proprement !
R : Ce Philippe a de l’ambition, c’est sûr…encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions…il a encore beaucoup à apprendre.
Gomez s’immobilisa au centre de la pièce et toisa son hôte de son œil unique.
G : Vous ne voulez donc pas m’aider ? A votre aise, mais je ne vous croyais pas homme à laisser passer une opportunité pareille.
R : Mais vous m’avez-vous-même conseillé tout à l’heure d’investir dans les affaires de Ruiz, et cela me parait en effet moins risqué. Je pense que je vais suivre votre conseil, vraiment.
G : Que voulez-vous en échange de votre collaboration ?
R : Ah, voilà enfin un langage que je puis entendre.
Il se pencha en avant, les coudes appuyés sur les genoux, croisa les mains sous son menton et baissa la tête, semblant réfléchir.
R : Disons…que j’aimerais bien jouir d’une immunité totale. Vous m’avez assuré que vous ne m’inquiéteriez pas, mais vous vous faites vieux, et si jamais vous perdiez votre crédit à la cour, au cas par exemple où ce beau projet n’aboutissait pas, que deviendrais-je, moi ?
G : Vous pourriez même entrer au service de Philippe !
R : Hum…chaque chose en son temps, voulez-vous..j’aime mon indépendance, mais cette perspective est à envisager, effectivement. Si par exemple vous étiez amené à disparaître, votre poste me conviendrait fort bien. J’ai toutes les qualités requises pour ce genre d’emploi, n’est-ce pas ?
G : Des menaces ? prenez garde !
Gomez avait déjà la main sur la garde de son épée, mais Roberto l’arrêta d’un geste, en souriant.
R : Tout doux, mon cher Gomez, je pense avoir besoin de vous un petit moment encore, rassurez vous. Et si cela vous inquiète, nous mettrons une clause à notre contrat stipulant que s’il vous arrivait malheur, je serais immédiatement arrêté. Mais laissons cela, car j’entends bien monnayer mes informations.
G : Vous en avez donc ?!
R : Asseyez-vous, cela doit être fatigant de rester debout avec cette jambe de bois.
Gomez resta debout, bras croisés.
G : Je vous écoute.
R : Comme vous voudrez. Je disais donc qu’en plus de cette fameuse immunité, pour services rendus à la Couronne, j’entends recevoir une rétribution à la hauteur des informations que je vais vous livrer, disons, mille réales chacune ? Cela ne devrait pas trop entamer vos finances, et en tout cas pas celles de notre souverain, j’espère. Signons-nous ?
Roberto sortait déjà du tiroir de la table devant lui de quoi finaliser le contrat. Gomez acquiesça en soupirant, et attendit que son hôte ait terminé d’écrire, puis tous deux relurent et signèrent le document.
R : Bien ! Pour ce qui est de trouver un ingénieur, j’ai bien peur de ne vous être d’aucune utilité, ils doivent tous avoir filé à la cour de France à l’heure actuelle, mais je vous promets de me renseigner de mon côté, sait-on jamais, vos services ont peut-être négligé certaines pistes. Toutefois, je pense avoir beaucoup mieux : il y a quelques temps, on est venu me trouver pour me demander si je n’avais pas en ma possession un certain objet, qu’on était prêt à m’acheter.
G : Un objet ? quel objet ? qui est venu ?
R : Ah, vous voyez que cela valait la peine..j’ai reçu la visite d’un certain Alfonso Garrido, un jeune mulâtre. Il était évident qu’il agissait comme intermédiaire pour une personne manifestement intéressée par un objet que j’ai effectivement eu en ma possession, hélas trop brièvement, et qui, outre sa valeur marchande indéniable, doit en posséder une autre, encore plus précieuse.
G : C’est- à-dire ?
R : Vous voulez que Philippe brille auprès de son père, et que sa réussite rejaillisse sur vous ? Vous voulez qu’il entre en possession d’un savoir qui lui permettra de dominer ses adversaires, sans se ruiner ? Eh bien, retrouvez cet objet, et retrouvez l’homme qui le recherche, il doit pouvoir en tirer les informations utiles à votre maître, et vous aurez tout gagné !
G : Mais cet objet ?
R : Oh, oui, j’oubliais de vous en parler : c’est une statuette en or, représentant un serpent enroulé autour d’un œuf, si je me souviens bien, et elle pesait son poids ! Mais mon père semblait penser qu’elle avait des pouvoirs, et qu’elle lui apporterait la puissance.
G : Et qu’est-elle devenue ? elle était dans son laboratoire ? nous n’avons trouvé aucune trace d’un tel objet !
R : Oui, elle était à Badalona, mais elle a été subtilisée grâce à je ne sais quelle magie par cette fille, Zia. Je suppose qu’elle est toujours en sa possession. En tout cas c’est ce que j’ai dit à cet Alfonso Garrido.
G : Comment ? vous m’avez vendu une information que vous avez déjà livrée à cet homme, pour le compte d’un inconnu qui a maintenant une longueur d’avance sur moi, et qui ne sera sûrement pas disposé à livrer cette statuette qu’il recherche lui-même ! Et qui plus est, vous croyez sérieusement que j’ai une chance de récupérer l’objet s’il est vraiment aux mains de ces trois gamins ? Vous avez vu de quoi ils sont capables ?
R : Justement, si vous leur proposiez de se mettre au service de Philippe…
G : Je ne sais même pas où ils sont !! Ils ont disparu dans leur oiseau de malheur il y a près d’un an, et Dieu seul sait où ils peuvent être en ce moment !
R : Ah, pour ça, je ne peux pas vous aider…mais Mendoza arrive à Barcelone demain, vous n’avez qu’à lui demander..sur ce, il se fait tard, je ne voudrais pas vous retarder plus longtemps, vous devez être épuisé. Bien entendu, le paiement du contrat peut se faire en plusieurs règlements, je sais être patient.
Roberto se leva pour raccompagner son invité, qui restait cloué sur place, se demandant comment il allait pouvoir compenser la somme qu’il venait d’accorder à Roberto. Ce dernier le prit par le bras et l’entraîna, doucement mais fermement.
R : Allons, mon cher Gomez, la nuit porte conseil, vous verrez demain matin que mes informations vous ont ouvert des perspectives nouvelles très intéressantes. Et si jamais vous avez encore besoin de mon aide, n’hésitez pas, surtout !
La porte de la demeure de Roberto se referma derrière Gomez, le laissant seul dans la nuit, désemparé.

Le lendemain port de Barcelone:

L’activité battait son plein à cette heure avancée de la matinée sur le port de Barcelone. Le San Buenaventura était arrivé aux aurores, et le déchargement de la cargaison allait bon train. Mendoza supervisait comme à son habitude les opérations, tout en vérifiant au fur et à mesure que le registre des livraisons était correctement signé. Déjà se pressaient aux abords du navire les attelages divers chargés de nouvelles marchandises, quand un attroupement attira l’attention du marin, au débouché d’une des ruelles donnant sur le port. Une carriole chargée de cages en bois renfermant des canards, des oies et des poules barrait la route à une voiture à cheval menée par deux hommes, dont l’un pestait contre la mule rétive censée tirer la carriole, mais qui restait obstinément immobile devant eux, trop occupée à se gratter l’encolure contre une borne. Le propriétaire de la bête n’essayait même plus de la faire bouger, car il était accaparé par l’autre homme, qui depuis son siège le houspillait en bégayant, ce qui provoquait l’hilarité des badauds. Mendoza sourit, et après avoir donné l’ordre à un de ses hommes d’équipage de le remplacer, il se dirigea nonchalamment vers l’attroupement. Au moment où il arriva près de la mule, le premier homme, un individu maigre aux favoris fournis, s’acharnait toujours en vain à la faire bouger à coups d’insulte. Mendoza le héla, moqueur.
M : Hé, Pedro, tu ne sais pas parler aux mules, on dirait !
Pedro redressa la tête, cherchant d’où pouvait venir la voix qui le provoquait.
P : non mais dis donc toi, de quoi j’me mêle ! Oooooooh, Mendozaaaaa ! Ben, au lieu de causer, aide nous donc ! tu vois bien qu’on ne peut pas avancer à cause de cette fichue mule et de son âne bâté de propriétaire incapable de tenir sa bête !
S : Ça ça ça c’est bien vrai ! Un anana, un nana, un âne baba, bâté, oui, ya papa, ya pas à dire !
Les éclats de rire fusèrent de toutes parts, tandis que le propriétaire lançait à son tour une bordée d’injures à l’encontre de Sancho, le grassouillet associé de Pedro, qui manifestement avait du mal à supporter en cette chaude matinée estivale la superbe veste qui tentait de contenir sa chair bien nourrie. Il se dressa, rouge comme une tomate sous l’effet de la chaleur et de l’indignation, prêt à répliquer, quand la carriole se mit enfin à bouger, provoquant quelques caquètements de la part des volatiles enfermés dans les cages.
P : Ah ben c’est pas trop tôt, elle a enfin fini de se gratter, la mule !
S : La propro, la prochaine fois, gragra, gratte lui le cucucu, le cuir toi-même, eh, mama, manant, va !
P : Ouais, et maintenant laisse nous passer, va, nous sommes attendus pour affaires urgentes ! Y’en a qui travaillent pendant que les autres regardent leur mule se gratter le cuir, faut pas croire !
Le propriétaire ne les écoutait déjà plus, car il devait courir après sa carriole entraînée cette fois à vive allure par une mule revigorée par sa séance de grattage.
M : Bien, le problème s’est réglé de lui-même, il suffisait d’attendre patiemment que mademoiselle ait terminé sa toilette ! c’est comme avec les femmes, il faut savoir être patient et on obtient tout ce qu’on veut…
I : Tu disais, Juan Carlos ?
P : Oh ! Isabella !
S : Ça ça ça ça, ça fait plaisir de te revoir ! ça ça, ça fait …
P : Si longtemps, oui, allons, fais donc avancer le cheval ! Place, place ! Laissez passer ! On se rejoint au bateau !
Tandis que l’attelage se frayait un chemin à travers la foule, Isabella prit Mendoza par le bras et l’entraîna vers le San Buenaventura.
M : Ça fait longtemps que tu étais là ? je croyais que tu te reposais dans la cabine..
I : Tu ne sais peut-être pas parler aux mules toi non plus, mais tu sais parler aux femmes…je t’ai emboité le pas dès que je t’ai vu partir, tu n’as rien remarqué, fais attention, j’aurais pu te voler ta bourse comme un vulgaire pickpocket..
M : Alors tu aurais eu affaire à la pointe de mon épée…
I : Mais je ne demande pas mieux…
M : Sois patiente…que dirais-tu d’une petite sieste tout à l’heure ?
I : Si on arrive à se débarrasser de ces deux pots de colle…
M : Ils adorent les siestes eux aussi, ne t’inquiète pas…mais tu passes beaucoup de temps à somnoler toi aussi ces derniers temps…
I : Ah, vraiment ? c’est sûrement parce que j’espère ainsi t’attirer vers moi, mais tu es toujours occupé..
M : Alors, prenons un peu de temps pour nous quand nous rentrerons à Porto Conte.
I : Vu les projets de tes deux acolytes, ça risque d’être compliqué ! Il faudra que je me fasse une raison, le devoir avant tout ! et dire qu’il va falloir dîner chez ce Vicente Ruiz, quelle corvée !
M : Nous pourrions ensuite passer la nuit à la belle étoile, sur la colline de Monjuic…
P : Eh, Mendoza ! on vous a réservé une chambre pour ce soir, dans la même auberge que nous, ce sera plus confortable que la cabine, et c’est cadeau de la maison Pedro et Associés !
Pedro et Sancho étaient descendus de leur attelage et les attendaient devant le navire.
S : Co co co, comment ça, c’est Sancho et Associés !
P : Ben pourquoi, ça sonne bien mieux non ?
M : De toute façon, ce soir ça risque de devenir Ruiz et Associés, si j’ai bien compris ? Sa réputation n’est plus à faire, et son nom vous ouvrira bien des opportunités, sans compter que cela vous évitera de vous quereller pour rien.
P : Comment ça pour rien ? C’est moi qui ai monté cette affaire de A à Z ! S’il avait fallu compter sur môssieur, on en serait encore à regarder notre raisin pousser en se tournant les pouces !
S : Eh oh, là, la maumau, la mauvaise foi eh ! Qui qui, qui c’est qu’a foulé les grains de la première cuvée, hein ? ça, ça c’est du boulot, hein, et c’est grâce à mes pieds que notre vin a un arô, un arôme exceptionnel, n’ounou, n’oublie pas !
P : Pfff…si ça peut te faire plaisir, mon pauvre Sancho…
S : Et coco, et comment ! Mendodo, Mendoza le sait bien, lui, que sans moi tu n’arriverais à rien, t’as aucun goût, t’as pas de papapa, de palais, tandis que moi, je suis un gougou, un gourmet, pas vrai Mendoza ?
M : Allons allons, mes amis, pourquoi vous chamailler sans cesse ? Vous voilà riches, la vie est belle, regardez-moi donc comme vous êtes habillés, de vrais seigneurs ma parole ! Ce…chapeau te va à ravir, Sancho !
P : Pff, tu parles d’un chapeau, il a juste rajouté une plume à son bonnet, il peut pas se passer de ce bout de chiffon !
S : Tu tu tu, tu peux parler, toi, t’as vu ton col ? Une vraie baba, une vraie bavette, t’aurais dû le choisir encore plus grand !
I : Bon, messieurs, excusez-moi, mais je vais vous laisser discuter chiffons entre hommes, et aller superviser le chargement. Mendoza, tu n’oublieras pas de leur remettre les perles, c’est bien pour cela que vous êtes venus, n’est-ce pas ?
Isabella tourna les talons. Elle s’apprêtait à remonter à bord, quand elle aperçut sur sa gauche un homme qui se dirigeait vers le San Buenaventura. Aussitôt, elle s’arrêta et prévint ses compagnons.
I : Nous allons avoir de la visite, messieurs…
Ils se retournèrent et découvrirent que le visiteur n’était autre que Gomez. Ce dernier les salua bien bas et entama la conversation, jovial .
G : Quelle bonne surprise de vous trouver là, mes amis ! J’étais ce matin par hasard dans ma boutique, et quelqu’un m’a dit que le San Buenaventura était amarré, je me suis dit que c’était l’occasion de vous rendre une petite visite de courtoisie !
M : Inutile de jouer la comédie, Gomez, tu n’es pas crédible pour un sou. Que veux-tu ?
Gomez plissa les yeux, esquissant un sourire forcé.
G : Toujours aussi aimable, Mendoza. Je me demande vraiment ce qui me retient de…
M : Ta cupidité. Alors, en quoi pouvons-nous t’être utile ?
G : Bien, jouons franc jeu , donc. Je cherche à entrer en contact avec Esteban et les autres.
M : Qu’est-ce qui te fait croire que je sais où ils sont ?
Gomez rit doucement.
G : Allons, Mendoza, ne me prends pas pour un idiot…
M : Même si je le savais, je ne te le dirais certainement pas. Et maintenant laisse-nous, nous avons des affaires importantes à régler.
G : Bien bien, je vais vous laisser, mais la prochaine fois, ne compte pas sur mon aide pour vous tirer d’un mauvais pas.
M : Il n’y aura pas de prochaine fois, tu entends ? Je te suis reconnaissant pour ton aide, et les enfants aussi, d’ailleurs tu as eu ta récompense. Et si tu t’avises de vouloir nuire à l’un d’entre nous, c’est à tes risques et périls.
G : Je vois…mais tu pourrais regretter un jour tes menaces, Mendoza…Sur ce, je vous laisse, et je vous souhaite un agréable dîner chez le senor Ruiz, ce soir. Adieu, et bon séjour à Barcelone !
Il s’éloignait quand un cri retentit, repris en écho par les ouvriers qui avaient arrêté le ballet des marchandises et scrutaient à présent le ciel, la main en visière. « L’oiseau d’or ! L’oiseau d’or est revenu ! » Le petit groupe devant le San Buenaventura aperçut alors le condor survoler la ville et se diriger vers les bois à l’intérieur des terres, plus au Nord. Pedro et Sancho poussèrent une exclamation de joie et agitèrent la main pour saluer leurs amis, mais le visage de Mendoza se figea. Cette coïncidence ne lui disait rien qui vaille, même s’il était heureux à la perspective de revoir les enfants, dont il n’avait pas eu de nouvelles depuis plusieurs mois. La voix triomphante de Gomez le tira de ses réflexions.
G : Eh bien, Mendoza, on dirait que je vais pouvoir me passer de tes services..mais rassure-toi, je n’ai l’intention de leur rendre qu’une petite visite de courtoisie, entre amis, eh eh eh eh !
Et il partit en claudiquant vers sa boutique, tandis que le condor disparaissait à l’horizon. Isabella se tourna vers son compagnon, inquiète :
I : Que crois-tu qu’il leur veuille ?
M : Je n’en ai pas la moindre idée, mais je ne pense pas qu’il ait réalisé encore tout à fait à qui il avait affaire. Les enfants sauront bien le recevoir, et s’il faut leur prêter un coup de main, nous aviserons, n’est-ce pas les amis ?
P : Oui, ben y’a intérêt à ce qu’Esteban gère le truc tout seul, parce qu’on a besoin de toi pour faire tourner la boutique, nous !
M : Ah ah ah ah ! Tu as raison, les bons comptes font les bons amis ! Allons, au travail !
note serie:
MCO1: 18/20

Trahison/Insulte totale:
MCO2: 7/20
MCO3: 4/20
MCO4: 3/20 (et je suis "gentil" par ce qu'il y a les effets visuels)

Fanarts: viewtopic.php?f=14&t=2301 :x-):
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Akaroizis »

Top! Bon moi je vais m'endormir avec Pedro et Sancho qui se chamaillent en dansant sur la gigue des marins... Espérons que je ne me souvienne pas de ce rêve demain matin xdd
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

Saison 1 : 18.5/20
Saison 2 : 09/20
Saison 3 : 13.5/20


Ma présentation : viewtopic.php?f=7&t=80&p=75462#p75462
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par manonallemende »

Trop cool mdr c'est hyper drole en plus j'adore
Isabella Laguerra
Croyez moi, j'ai de bonnes raisons de faire ce que je fais...
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Stance Works 🥰
"La propulsion c'est fun" :x-):
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Raang »

Attention, la suite arrive ! dans 10 ou 15 ou 20 ou 25 ou 30 minutes !
ce sera en fonction de l'humeur de Big Brother
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Seb_RF »

***Chapitre 1***

1543 dans le bois non loin de Barcelone.

Peu après avoir survolé le port, le condor s’était posé dans une clairière non loin de Barcelone. A son bord ne se trouvait plus que Tao, qui, dans le cockpit, s’occupait à étudier une énième fois la statuette du serpent à plumes. Esteban avait filé avec Zia en laissant le soin à leur ami de veiller sur la merveille, même si cette précaution était plus un prétexte pour être seuls qu’une véritable nécessité. Cela faisait maintenant près d’une heure que Tao manipulait en tous sens l’objet sacré. Depuis un an, il n’avait toujours pas percé son mystère, mais cela ne l’inquiétait guère, car il avait cru comprendre que l’activation d’un éventuel mécanisme dépendait fortement, non seulement de la présence des élus, mais aussi de leur fameuse union, quel que soit le sens qu’il fallait donner à ce mot. Il avait constaté, il y a un an, que l’objet émettait une lumière bleue en présence de Zia, du moment où elle avait récupéré l’objet à celui où elle était sortie de la chambre où reposait Esteban, après son duel avec le Docteur Laguerra. Elle-même avait confirmé que ce phénomène s’était déclenché quand elle avait découvert l’objet dans le laboratoire de leur ennemi. Par la suite, ils avaient essayé de placer les médaillons dans les cavités qui leur étaient destinées, en vain. Depuis un an , la statuette n’avait plus brillé, mais Tao avait l’intuition que le phénomène avait des chances de se reproduire à nouveau. Il posa l’objet devant lui, et décida d’attendre, patiemment.

Pendant ce temps, deux formes humaines parcouraient un petit bois, qui était beaucoup plus dense une année auparavant, il devait être midi.
Le Soleil frappait à cette heure-ci, où l'ombre des arbres était quasiment inexistante, privant alors les deux personnages d'un peu de fraîcheur.
La vielle mosquée de Baladona était presque entièrement détruite, seul le Minaret tenait debout, envahi par le lierre atteignant presque la large ouverture servant de fenêtre.
Les deux couraient afin d'atteindre le lieu le plus vite possible.
Une fois que les deux personnages eurent atteint le lieu, ils se turent et ralentirent.
L'un des deux, une jeune femme, avait un pincement au cœur en revenant dans ce lieu maudit.
Le jeune homme s'en rendit compte, il demanda une énième fois à son amie si tout allait bien.
Z : Oui, Esteban ça va, ne t'en fais pas.
E : Zia, si tu ne veux pas le faire, tu peux...
Z : ...me défiler ? Non, pas après ce qu'il a fait pour nous.
Esteban comprit, il reprit la main de Zia, et s'avança lentement en direction d'un rocher taillé au près d'un chêne.
Ce rocher portait une inscription : ''Ci-gît Arthur de Sarles, héros d'un amour impossible'' ; une croix du Christ avait été taillée également au-dessus du nom directement dans le rocher, qui n'avait pas de forme ronde naturelle, mais plus une forme rectiligne comportant des courbes sur le dessus.
Esteban et Zia eurent les larmes aux yeux en arrivant devant la pierre tombale de leur héros.
Zia appuya sa tête contre l'épaule d'Esteban, celui-ci prit une grande inspiration et sortit un objet enveloppé dans une étoffe blanche ; avec précaution, il déplia le tissu .
L’étoffe était de couleur blanche à l’extérieur, mais les plis les plus profonds, entourant directement l'objet en question, avaient pris à son contact une teinte rouge noirâtre.
Esteban déposa le poignard à lame noire à côté du petit tas de terre recouvrant la dépouille du français, puis se mit à genoux.
Zia déposa quant à elle un bouquet de fleurs diverses qu'elle avait récoltée au cours du trajet entre Barcelone et Baladona, puis s'agenouilla au côté d'Esteban
Ils prièrent durant plusieurs heures, côte à côte ; le soleil leur chauffait le dos mais l 'ombre grandissante du chêne leur apportait un peu de fraîcheur.
E : ''...Dieu le Père, veuillez apporter à cet homme un repos mérité'' Amen.
Zia ouvrit les yeux, enfin ; la lumière du Soleil commençait à prendre des teintes orange-rouge-violacées, le Soleil était déjà sur le point de s'endormir.
Z : Esteban, il faut rentrer, la nuit arrive.
Elle se releva avec un peu de difficulté, reprit l'équilibre sur ses jambes, et se détendit le dos en craquant les os de la colonne vertébrale.
Esteban ouvrit les yeux à son tour, mais les garda sur la pierre tombale.
Il chuchota, comme s’il parlait au défunt.
E : ne t'en fais pas, Arthur, je vais honorer ma promesse.
Z : Tu ne viens pas, Esteban ?
E : Zia, je veux te demander quelque chose.
Zia baissa la tête, le visage marqué par l'incompréhension .
E : Zia, il y a un an...
Z : Oh, je t'en prie, ne remets pas ça sur le tapis !
E : Non, tu penses mal, je...j'ai fait une promesse à Arthur, alors qu'il était au bord de la mort...je lui ai promis que...
Esteban déglutit, il avait du mal à sortir les mots qu'il fallait pourtant exprimer.
Z : Ne te donne pas tant de mal que ça, je t'en prie.
E : Zia, je lui ai promis de te donner tout le bonheur dont tu avais besoin, je sais qu'il y a un an, j'ai été beaucoup trop dur avec toi, je sais ce que j'ai dit, les jours suivants où tu n'avais plus aucun sourire sur le visage me paraissaient comme une torture, Zia, je veux me racheter, je ne veux plus que tu sois malheureuse...
Esteban leva un seul genou, et sortit un autre tissu, le même qu'il y a un an, dévoilant une nouvelle bague, plus fine, sertie d'une petite émeraude, la structure était faite avec le peu d'or qu’ils avaient ramenés du Nouveau Monde ''car ça peut être utile, en Espagne'' avait remarqué Tao.
Il avait drôlement raison.
E : ...Zia, veut-tu devenir ma femme, pour de bon ?
Elle parut déconcertée ; peu à peu une flamme se rallumait dans son être, après un an d’inactivité.
Elle ressentait une vague d'émotion la submerger , une bourrasque de bonheur l’emportait.
Zia trembla, non de peur ou d’appréhension, mais d'une certaine excitation.
Z : Esteban...oui, je le veux.
Il se leva d'un bond, et prit sa fiancée dans ses bras avant de l'embrasser passionnément.
Leur joie étincelait sous les rayons orangers du soleil couchant.


Quelques instants plus tôt, Tao s'éveillait d'une semi-rêverie où il repassait dans son esprit toutes les traductions possibles des inscriptions figurant sur l'artefact, en essayant d'imaginer comment et à quel moment précis la statuette laisserait percer son secret.

T : Ahhhhhh, ça suffit j’abandonne !!! ça fait des heures et rien ne se passe !
Soudain il entendit du bruit à l’extérieur.
- : Eh, Tao, tu nous ouvres !
Il regarda en bas et vit Mendoza et Isabella .
T : Mendoza, Isabella qu’est-ce que vous faites ici, je croyais que vous ne mettiez plus les pieds à Barcelone à cause de la présence de Roberto ?!
I : Disons que nous faisons parfois quelques petites entorses à cette règle..
M : On a aperçu le condor depuis le port en fin de matinée, mais nous n’avons pas pu nous libérer plus tôt, et d’ailleurs nous sommes attendus à un dîner, mais Isabella tenait absolument à venir vous saluer avant..
I : Dis plutôt que tu ne tenais pas en place…mais il ne faudra pas faire attendre notre hôte, sinon Pe..
Un regard de Mendoza l’interrompit ; le marin enchaîna.
M : Sinon personne ne voudra plus nous embaucher, c’est un rendez-vous d’affaires.
T : Ah ! j’espère que vous vous en sortez bien. En tout cas, Isabella, tu as une mine superbe !
I : merci Tao, oui, on s’en sort pas mal, mais on nous propose une belle opportunité, alors..
Tao les avait rejoints au sol…
T : bon, votre cher nacal est là, mais je suppose que vous vouliez voir aussi Esteban et Zia, ils ne devraient plus tarder, ils sont partis je ne sais où après l’atterrissage…ils ont disparu, quoi, comme d’habitude, en me laissant tout seul..enfin, maintenant j’ai un peu de compagnie, je commençais à m’ennuyer ferme !
I : Comment vont-ils ?
T : Oh, bien si on peut dire, rien n’a changé depuis votre rétablissement, Zia ne sourit quasiment jamais et Esteban se sent encore coupable de son état…mais j’ai dans l’idée que ça va bientôt changer !
I : Ah ? et qu’est-ce qui te fait dire ça ? Tu penses qu’Esteban va revoir sa position ?
T : Eh bien il nous a fausser compagnie l’autre jour pour aller voir son père, et en revenant on a eu une petite conversation lui et moi…
M : Je vois…Athanaos a toujours su ce qui était bon pour Esteban. Et sinon Tao, comment avancent tes recherches sur ce mystérieux artefact de Mu… ?
T : Je t’en prie Mendoza, ne m’en parle plus, cette chose me rend fou, même les médaillons ne l’ont pas fait réagir! Je crois qu’il n’y a plus qu’à prendre mon mal en patience, toute ma science ne peut rien dans cette affaire…
M : Vraiment? Tao le grand nacal serait donc mis en échec par une simple statuette ?
T : Ah non, je t’arrête tout de suite, ce n’est pas une simple statuette, et si tu veux mon avis, tu risques d’être surpris très bientôt par ses pouvoirs !
I : Quels pouvoirs ? celui d’émettre une lumière bleue par exemple ?
T : Tout à fait ! mais ? comment sais-tu ? Oh !
Il se retourna vivement et regarda vers le cockpit, d’où émanait une lumière douce d’un bleu pâle.
T : Oh oh oh, ça y est, Mendoza, je te l’avais bien dit, la statuette brille, elle brille, regarde !

Quelques minutes plus tard, alors que le noir de la nuit tombante commençait à apporter une fraîcheur bienfaisante à l’atmosphère estivale déjà étouffante, Esteban et Zia brûlaient d'une chaleur exaltante.
Esteban tenait Zia dans ses bras, bras gauche sous le dos et bras droit sous les genoux, Zia agrippant de ses deux mains la nuque de son futur mari ; ils retournèrent ainsi enlacés au Condor.
Par Seb_RF
Par Seb_RF
C’est Isabella qui les aperçut la première, alertée par de légers bruits de pas, tandis que ses compagnons étaient toujours absorbés par la contemplation de la lumière bleutée. Elle les appela doucement pour attirer leur attention sur cet autre spectacle remarquable.
Tandis qu’Esteban et Zia approchaient, radieux, Mendoza et Tao échangèrent un regard complice.
T : Ah, il s’est enfin déclaré, tu vois Mendoza, comme prévu ! Et la statuette réagit à leur approche, oh oh oh, ça promet !
M : Je sens qu'ils vont enfin vivre pleinement, ces deux-là.
Mendoza reporta son regard sur les deux enfants qu'il avait rencontrés, onze ans plus tôt, et se dit qu'enfin, après tout ce qu'il avait enduré et toutes ces aventures, il contemplait là la récompense de tous ses efforts.
Cette fois, la quête était finie...enfin, peut-être...


A suivre...
Modifié en dernier par Seb_RF le 23 janv. 2017, 20:51, modifié 2 fois.
note serie:
MCO1: 18/20

Trahison/Insulte totale:
MCO2: 7/20
MCO3: 4/20
MCO4: 3/20 (et je suis "gentil" par ce qu'il y a les effets visuels)

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Akaroizis
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Ecrivains-Dessinateurs-Photomonteurs

Message par Akaroizis »

C'est beau !
La dernière phrase nous dévoile la suite ! On l'attend !
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

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