FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

C'est ici que les artistes (en herbe ou confirmés) peuvent présenter leurs compositions personnelles : images, musiques, figurines, etc.
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TEEGER59
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par TEEGER59 »

Je suis fan !
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Akaroizis
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par Akaroizis »

Non... C'est moi qui en suis fan voyons. Tout le monde l'est. ;)
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

Saison 1 : 18.5/20
Saison 2 : 09/20
Saison 3 : 13.5/20


Ma présentation : viewtopic.php?f=7&t=80&p=75462#p75462
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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par nonoko »

Avis au lecteur: j'avais prévu une publication en trois parties, mais il y en aura finalement quatre, vu l'ampleur que prend ce chapitre. Ainsi, cher lecteur, si tu comptes attendre la publication entière, prévois un looooooong temps de lecture. Si tu juges que c'est beaucoup trop long pour tes petits yeux fatigués, j'en suis désolée.... :oops:

Chapitre 13: Partie 3.


Le souhait de Mendoza fut exaucé en partie : la Santa Catalina fendit d’abord les flots à belle allure, mais le reste de la journée s’étira sous un soleil de plomb, dont les ardeurs rendaient insignifiantes les caresses d’une faible brise marine. En fin d’après-midi, il fallut se rendre à l’évidence : la Santa Catalina s’était traînée sur plusieurs miles marins, sans avancer de façon satisfaisante. En outre, tout le monde à bord, à des degrés divers, avait pâti de la chaleur insupportable, et une sorte de léthargie s’était emparée de l’équipage, dont le moral avait déjà pris un coup après l’attaque heureusement avortée près des côtes de Djerba.
V : Terre en vue !
Le cri de la vigie déclencha un murmure d’espoir parmi les hommes. Les pêcheurs d’éponge, qui s’étaient retranchés dans un coin et avaient passé la journée à se faire les plus discrets possibles, se levèrent avec curiosité pour tenter d’apercevoir cette nouvelle terre, apparue à l’Ouest ; s’ils avaient accepté l’étrange proposition du capitaine Espagnol, ce n’était pas uniquement pour l’argent, mais aussi pour l’aventure, et la perspective de découvrir de nouveaux horizons à bord d’un navire capable de les transporter loin de chez eux bien plus sûrement qu’une simple barque. Alvares était allé prévenir Mendoza, qui s’était retiré dans sa cabine quelque temps auparavant, quand Gonzales avait fini par sortir de la sienne, où il s’était enfermé plusieurs heures. Les deux hommes rejoignirent bientôt Gonzales sur le pont, non loin de Nacir et de ses camardes.
A : Qu’en pensez-vous capitaine ?
M : Ce n’est pas inenvisageable…avec un temps pareil, nous ne gagnerons pas grand-chose à poursuivre ainsi, quelques heures à peine. Et si demain nous devons affronter les mêmes conditions…
G : Où sommes-nous ? Cela ne peut pas être Malte, n’est-ce pas ?
M : Gonzales, vous me décevez, à quoi avez-vous passé votre journée ? Moi qui croyais que vous vous étiez plongé dans vos cartes et vos compas pour suivre notre itinéraire…
G : J’ai bien peur d’avoir somnolé la plupart du temps…mais j’en déduis qu’il s’agit de Lampedusa.
M : C’est exact. Nous avons dérivé vers l’Ouest, mais ce n’est peut-être pas une mauvaise chose.
G : Vous voulez dire que vous n’avez pas essayé de redresser le cap ?
M : La mer parfois nous impose sa volonté.
G : Vous envisagez une escale ?
M : C’est toute la question. Cela pourrait nous être utile. Cependant…
G : Je suppose que ce n’est pas sans risques.
A : Bien entendu. Nous n’avons pas encore atteint les eaux sous contrôle de l’Ordre de Malte.
G : Sous contrôle….Allons, Alvares, vous savez bien qu’il est illusoire de se croire en sécurité où que ce soit en Méditerranée !
Alvares serra les dents. Le ton était clairement moqueur, mais il n’allait pas s’emporter pour si peu. La suffisance de ce jeune capitaine, qu’il s’était d’abord plu à conseiller, commençait à l’exaspérer. Il avait certes sauvé la vie de Mendoza, mais Alvares n’avait pas encore digéré sa mise à l’écart quand Gonzales avait pris le commandement de la Santa Catalina en quittant Oran. Il ne voulait cependant pas donner au jeune métis le plaisir de constater que cela l’avait contrarié, et lui laisser croire qu’il était homme à être facilement déstabilisé. Aussi garda-t-il le silence.
M : L’île est désormais inhabitée depuis que Barberousse l’a vidée de sa maigre population, à moins qu’il n’ait pas réussi à embarquer l’ermite qui vit , paraît-il, dans une des grottes . Nous y trouverons quelques sources d’accès peu facile dans les criques et de nombreux lapins…
G : Tout cela n’est guère engageant…quoiqu’un lapin rôti à la broche ne serait pas pour me déplaire.
M : La Santa Catalina est portée vers l’Ouest...
Il ne termina pas sa phrase, mais se mit à regarder autour de lui. Les marins scrutaient tous l’horizon, comme attirés par la terre. Mendoza remarqua que les pêcheurs d’éponge discutaient avec animation en pointant du doigt la silhouette de l’île. A ce moment, Isabella sortit de la cabine, sans être remarquée de personne, sauf de son amant. Elle s’arrêta sur le seuil pour observer la scène d’un air las, puis de dirigea vers le petit groupe de pêcheurs et s’accouda près d’eux au bastingage, mais elle ne resta qu’un bref instant, se redressant presqu’aussitôt pour faire quelques pas sans qu’il soit possible de déterminer où elle comptait se diriger. Elle finit par s’adosser à un mat après avoir erré sur le pont d’un air absent, sous le regard inquiet de Mendoza. Gonzales et Alvares avaient eux aussi remarqué la présence de la jeune femme et, dans l’attente de la décision du capitaine, l’avaient suivie machinalement des yeux. Mendoza sortit enfin de son silence.
M : Pour ce soir, allons où le vent nous porte. Avec un peu de chance, nous aurons du lapin rôti pour le dîner.
Puis il rejoignit Isabella. Alvares soupira ; il se demandait si le capitaine aurait pris la même décision si la jeune femme n’avait pas été présente à bord. Personnellement, il pouvait très bien continuer la route jusqu’à Malte, même si la Santa Catalina se traînait et qu’il faudrait guetter le moindre changement pour tenter de reprendre une allure raisonnable, et cesser de dériver vers l’Ouest. Il savait bien qu’ils ne gagneraient pas grand-chose à continuer dans les mêmes conditions, mais il se sentait toujours mieux à bord qu’à terre. Or, ce n’était manifestement pas le cas de la senorita depuis quelque temps.
G : Ne faites pas cette tête, Alvares, vous n’aimez pas le lapin ?
Excédé, le second partit donner ses ordres ; Gonzales haussa les épaules. Il ne savait que penser de cette escale improvisée, qui semblait déplaire à Alvares, mais il avait remarqué le visage défait d’Isabella, dont l’humeur semblait plus maussade que jamais depuis qu’ils avaient quitté Djerba. Lorsqu’elle avait arpenté le pont quelques minutes auparavant, elle lui avait véritablement paru être une tigresse en cage, qui se déplaçait à pas lents, traînants, à la recherche d’un endroit où elle pourrait se détendre et déployer son corps alourdi sans avoir l’impression d’étouffer sous la chaleur ou les regards. Il se promit de la surveiller attentivement, mais il se réjouissait que son compagnon n’ait pas pris à la légère ses recommandations. De toute évidence, Isabella comptait plus pour Mendoza qu’il ne voulait bien le dire. La jalousie du jeune métis en fut avivée, et de folles pensées commencèrent à envahir son esprit. Mais son regard croisa soudain celui de Mendoza. Il détourna aussitôt la tête et regagna sa cabine, en espérant que son ennemi n’ait pas lu dans son âme.
La Santa Catalina mouilla au large d’une crique de la côte Sud-Est de l’île de Lampedusa. Mendoza avait décidé de ne pas entrer dans la baie qui abritait autrefois le port, afin d’éviter de s’y retrouver éventuellement piégé par un navire ennemi. Pirates et corsaires fréquentaient régulièrement l’île pour se ravitailler, malgré la pauvreté des ressources en eau. Mais, des trois îles que comptait l’archipel des Pélagiennes, celle-ci était la plus grande et la plus accueillante, malgré son aridité. Lampione et Linosa n’étaient guère que des cailloux volcaniques pratiquement dépourvus de toute forme de vie, et n’avaient pour seule utilité que de constituer des repères pour la navigation, ou d’éventuels refuges en cas de nécessité. La chaloupe avait conduit à terre un petit groupe d’hommes composé des deux capitaines, d’Alvares, de quelques marins tirés au sort et des trois plongeurs, ainsi que d’Isabella. Gonzales s’était inquiété de la présence des pêcheurs d’éponge, qu’il craignait de voir disparaître, mais Mendoza avait rétorqué qu’ils comprendraient rapidement en débarquant qu’ils n’avaient aucun intérêt à rester sur cette île déserte, et qu’ils leur seraient reconnaissants de les faire profiter de l’escale ; c’était une manière de leur signifier qu’ils avaient toute confiance en eux. « Dans des expéditions de ce genre, Gonzales, il faut que des liens de confiance unissent les hommes. » A cette déclaration de Mendoza, le jeune métis n’avait rien répondu, se contentant de hocher la tête.
La crique où ils avaient débarqué formait une anse de sable blanc entourée de collines pelées. Malgré l’approche du crépuscule, la chaleur était encore intense dans ce lieu aride, séparé de la baie principale par environ un kilomètre de côtes découpées mais qui s’abaissaient vers la mer en pente plutôt douce, ce qui n’était pas le cas au Nord et à l’Ouest de l’île, qui plongeait abruptement ses falaises dans les eaux céruléennes de la Méditerranée. Alvares avait été chargé de surveiller la chaloupe avec un homme, tandis que le reste partait explorer l’île en vue du ravitaillement en eau et en nourriture. Mendoza avait scindé le groupe en deux, Nacir et deux marins restant avec lui et Isabella, Gonzales étant responsable des derniers hommes. Ils se dirigèrent vers le village abandonné au fond de la baie, tandis que Mendoza partait vers l’Ouest explorer les criques censées abriter quelques sources. Gonzales s’enfonçait donc à l’intérieur des terres, en montant depuis la crique pour partir vers l’Est en longeant la côte qui fermait la baie située un peu plus loin ; d’après Mendoza, il aurait ainsi plus de chance de trouver des lapins, voire quelques chèvres sauvages, en s’éloignant du rivage. Pour sa part, le capitaine comptait sur ses souvenirs pour retrouver les sources qu’il convoitait, mais la deuxième crique où ils se rendirent était tout aussi aride que celle où ils avaient débarqué, il leur fallut donc pousser plus loin leur exploration, ce qui n’était pas pour déplaire à Isabella et à Nacir, heureux de se dégourdir enfin les jambes, mais qui n’enchantait guère les deux marins chargés de porter la plupart du matériel et des récipients nécessaires. Enfin, sur le flanc de la colline dominant la troisième crique, ils trouvèrent quelques minces filets d’eau de source et entreprirent de remplir quelques outres après s’être désaltérés avec bonheur. Cela ne suffirait pas cependant, aussi Mendoza décida-t-il de conduire ses hommes un peu plus à l’intérieur des terres, vers une petite hauteur d’où il espérait pouvoir faire surgir, en creusant un peu dans la roche, une eau potable. En réalité, il savait qu’en cette saison ils avaient peu de chance de trouver la moindre goutte, mais il songeait surtout à la crique de sable fin qui s’arrondissait non loin de là comme un écrin contenant les eaux tièdes et transparentes de la mer étincelant sous les derniers rayons du soleil, face à une petite île qui fermait presque la crique. Laissant Nacir et les deux marins, il prétexta une dernière exploration avant la tombée de la nuit pour entraîner Isabella vers le rivage.
I : Qu’as-tu derrière la tête, Juan Carlos Mendoza ?
La jeune femme avait retrouvé sa bonne humeur, et se pendit au bras de son compagnon dès qu’ils furent hors de vue des trois hommes.
M : Je te verrais bien barboter dans l’eau comme les tortues caouannes…
I : Dis plutôt que tu as envie de dévorer une tortue grillée !
M : Alvares se chargera bien d’en capturer une. Profite donc de cette petite escapade, nous voilà seuls au monde pour quelques minutes ! Je te préviendrai si quelqu’un approche.
I : Tu ne te joindras pas à moi ?
M : Considère cet instant comme un cadeau, mais je ne peux pas t’offrir mieux.
I : C’est déjà beaucoup. Tu n’étais pas obligé. Je te remercie.
M : Tout ce qui m’importe, c’est que tu ailles mieux. Je m’inquiète pour toi, et…
Il n’acheva pas, se retenant d’ajouter « et je ne suis pas le seul », et de gâcher par là ce moment précieux. Isabella fit semblant de n’avoir pas compris ce qu’il voulait ajouter, mais dont elle avait l’intuition, et lui sourit avant de s’élancer vers les flots tièdes.
I : Je ne serai pas longue, ne t’inquiète pas !
Il s’assit sur la plage et la regarda nager entre le rivage et l’îlot rocheux lui faisant face, puis, n’y tenant plus, il s’avança à son tour dans la mer, qui était de faible profondeur dans cette anse, au point qu’on pouvait atteindre l’îlot à pied. Isabella l’interpella.
I : Tu as changé d’avis ? Elle est délicieuse…mais comment peux-tu garder tout ton attirail ?
M : Je vais jeter un coup d’œil aux alentours depuis le sommet de ce caillou.
I : Je vois…et moi qui croyais que tu abandonnais ton poste. Comment une telle idée a-t-elle pu m’effleurer l’esprit ?
M : De là j’apercevrai l’endroit où nous avons laissé Nacir et les autres. Ils sont peut-être déjà rentrés s’ils n’ont rien trouvé.
Une poignée de minutes plus tard, il scrutait le plateau rocheux qui surplombait l’anse. Le crépuscule avait considérablement réduit la visibilité, mais il parvint à distinguer la silhouette de ses hommes près de la petite hauteur où il les avait laissés. Ils s’affairaient toujours. Il allait redescendre et regagner la plage, quand quelque chose attira son attention. Il fronça les sourcils pour mieux voir. D’autres silhouettes s’approchaient par l’Est, venant de l’intérieur des terres. Et ces silhouettes ne lui étaient pas familières. Prestement, il regagna la mer. Isabella était en train de sortir de l’eau et elle se retourna vivement quand elle l’entendit l’appeler. Elle le vit courir le plus vite qu’il put vers elle, et se pressa de se rhabiller, tous ses sens en éveil.
I : Qu’as-tu vu ?
M : Des hommes approchent, il ne vaut mieux pas traîner. Je rejoins les autres, toi, tâche de rester invisible.
Il remonta sur le plateau à toute allure, sans se soucier d’attendre Isabella. Près du rocher, trois hommes menaçaient Nacir et les deux marins de la Santa Catalina. Ces derniers, après être enfin parvenus à trouver un peu d’eau à force d’attaquer la pierre, avaient entrepris de remplir des outres supplémentaires quand ils avaient été surpris par l’arrivée soudaine des trois intrus. A présent, l’eau précieuse s’écoulait des outres que les marins n’avaient pas eu le temps de fermer. Les nouveaux arrivants étaient manifestement venus dans l’intention de faire des réserves eux aussi, mais leurs manières ne laissaient pas de doute sur leur identité. Ils ordonnèrent de remplir à nouveau les récipients en prenant soin de les fermer, en agitant des sabres et des poignards sous le nez de leurs prisonniers. Ceux-ci s’exécutèrent lentement en jetant des regards mauvais aux trois individus. Soudain, l’un des marins, un certain Henrique, projeta violemment son outre remplie en direction d’un des pirates et profita de la confusion créée pour s’enfuir, tandis que Nacir et Manolo, l’autre marin, essayaient de le suivre. Mais ils trouvèrent aussitôt un barrage de lames devant eux, et le pirate, qui avait crevé l’outre qui avait failli le mettre à terre d’un coup rageur, rattrapa en deux enjambées le fuyard et le fit trébucher d’un coup du plat de son cimeterre. Il allait le rouer de coups de pieds quand une voix l’interpella.
M : Bonsoir, messieurs. Il me semble que nous pouvons partager cette eau en gens civilisés, à moins que je ne me trompe. Tout d’abord, je vous prierais de bien vouloir laisser cet homme tranquille, et de cesser de retenir les autres contre leur volonté. Cette île n’est à personne, que je sache, et je croyais qu’il existait une sorte de trêve pour les voyageurs qui viennent s’y ravitailler. Mais vous n’avez pas l’air d’être au courant.
Le pirate se retourna aussitôt, sur le qui-vive, et se trouva face à face avec Mendoza, qui pointait son épée vers sa poitrine. Henrique se releva et s’empressa de passer derrière son capitaine. L’homme les toisa tranquillement.
P1 : Espagnols, hein ? On n’a pas à recevoir de leçon de quiconque, nous autres, surtout de chiens galeux comme vous ! Si on veut pas partager, on partage pas, compris ?
M : Et si cela ne me convient pas ?
P1 : Alors sache que j’adore découper les Espagnols en morceaux…
M : Tiens donc ? Serions-nous donc ennemis ? Je n’ai pas l’impression que vous soyez ni Turc ni Français pourtant…
P1 : On m’appelle Costas le Grec, mais ces deux fripouilles que tu vois là sont Dalmates. Et sache qu’on n’a pas d’ennemis, l’Espagnol ! Nous, on a juste des obstacles qu’on doit abattre…
M : Ravi de faire votre connaissance, messieurs…mais je ne voudrais pas vous retenir plus longtemps, vous avez encore de la route à faire pour rentrer chez vous…
C : Si tu crois que tu m’impressionnes avec ta lame….Un mot et les Dalmates trucident tes hommes. A moins que tu ne préfères qu’on les embarque gentiment avec nous en te laissant tranquille…
M : Tu me proposes un marché ? A mon tour alors, vous décampez ou je t’embroche comme un poulet rôti.
C : Tu ne ferais pas ça, l’Espagnol, tu ne laisserais pas tes hommes mourir si bêtement.
M : Et toi, tu es si pressé de mourir ?
C : La vie d’un pirate tient à si peu de choses…nous sommes comme des mouches qu’on cherche à écraser, pas vrai ? Mais tu as raison, ce serait stupide de se laisser écraser par un bâtard tel que toi pour une histoire d’eau.
Il jeta son cimeterre au sol.
C : Petar ! Mauro ! Laissez-les !
Les deux Dalmates hésitèrent mais finirent par baisser leurs armes.
M : Très bien ! Je propose que chacun reprenne ses affaires et reparte de son côté. Nous commençons par rassembler les nôtres.
Il tenait toujours Costas en respect. Nacir et les deux marins s’empressèrent de récupérer les outres et le reste de leur matériel, et de se ranger derrière Mendoza.
M : A présent, à vous.
Il recula afin de se mettre hors de portée du sabre de Costas. Quand les pirates eurent fini de remplir leurs outres, de les fermer et de les attacher à des bâtons pour les transporter, les deux groupes se toisèrent une dernière fois.
M : Je vous dis au revoir, messieurs, et vous laisse partir les premiers.
C : C’est ça, l’Espagnol, à très bientôt…j’ai hâte…
Dès qu’ ils commencèrent à s’éloigner, Mendoza donna l’ordre à ses hommes de partir eux aussi, pendant qu’il les couvrait. Isabella demeurait invisible, et il n’était pas question pour lui de partir sans elle. Il s’était d’abord réjoui qu’elle ne se montre pas, mais il commençait à s’inquiéter. Pourtant, il lui était impossible de l’appeler ou de la chercher tant que les trois pirates n’étaient pas hors de vue, au risque de les alerter sur la présence de la jeune femme. L’obscurité commençait à envahir le plateau ; peut-être Isabella attendait-elle qu’il fasse trop sombre pour qu’on la remarque. Il scruta les alentours, en vain. Il allait bientôt être seul. Soudain, il perçut un bruit familier et reporta aussitôt son regard sur les silhouettes qui s’éloignaient ; l’une d’elle s’était déjà retournée ; la détonation retentit en même temps qu’un sifflement caractéristique fendait l’air, arrachant à Costas un juron tandis que son bras était dévié brusquement, tiré d’une main ferme ; la balle se perdit dans la nuit tombante. Isabella n’eut cependant pas le temps de fuir : déjà les deux acolytes de Costas l’avaient repérée, tapie à deux mètres du sol dans un creux de la colline rocheuse, qu’elle avait escaladée sans être vue de personne, et tiraient de toutes leurs forces avec Costas sur le fouet pour la déstabiliser. Même si elle eut la présence d’esprit de le lâcher, elle perdit légèrement l’équilibre et dut se rattraper à une anfractuosité pour éviter de tomber. Cela suffit à Petar pour se précipiter sur elle et la tirer brutalement à terre, bientôt rejoint par Mauro, pendant que Costas achevait de se débarrasser du fouet. En un instant, Mendoza fondait sur eux, mais Costas lui barra le passage avec son cimeterre.
C : Tu nous avais caché ça, l’Espagnol…
M : Laisse-nous partir, si tu tiens à la vie !
C : Oh oh oh…tout de suite, les grands mots…Emmenez-la, je me charge de lui !
Il attaqua sans plus attendre, tandis que Petar et Mauro relevaient Isabella sans ménagement. La jeune femme avait poussé un cri étouffé quand elle s’était sentie basculer dans le vide, mais elle serrait à présent les dents sous le choc, tentant de rassembler ses esprits pour pouvoir se débattre et résister, alors qu’elle était totalement tétanisée. Impuissant, Mendoza vit les deux Dalmates l’entraîner ; elle tenait à peine debout et se laissait faire. Il fallait qu’il se débarrasse de son adversaire au plus vite, mais Costas était coriace et maniait son sabre avec une dextérité remarquable, alliée à une grande puissance qui obligeait Mendoza à reculer sous la force des coups. Soudain, une silhouette dépassa les deux adversaires en courant et se précipita sur les Dalmates, réussissant à faire trébucher Petar en le bousculant par derrière, ce qui fit tomber tout le groupe, y compris l’assaillant. C’était Nacir. Le jeune homme avait planté sans hésitation le couteau qui lui servait d’outil de travail dans le flanc droit de Petar, qui gémissait à présent sur le sol en se tordant de douleur. Mauro eut tout juste le temps de se jeter sur le côté pour éviter la lame de son adversaire et brandir son poignard. Isabella, recroquevillée entre les deux Dalmates, ne bougeait pas. L’attaque de Nacir avait surpris Costas au point que Mendoza était parvenu à le toucher légèrement à la cuisse, mais pas à le blesser assez sérieusement pour le mettre hors d’état de nuire ; sa blessure au contraire semblait redoubler son ardeur, et il poussait des hurlements sauvages en abattant son cimeterre comme un hachoir. Mendoza savait pourtant que le temps jouait en sa faveur. Il espérait que Nacir parviendrait à se débarrasser de Mauro. Si seulement Henrique et son camarade étaient revenus eux aussi, le combat aurait vite été réglé. Ils avaient dû penser que le danger était écarté, à moins qu’il ne leur soit arrivé quelque chose, car pourquoi Nacir était-il revenu, lui seul ?
Cependant Mauro, Nacir à califourchon sur son ventre, résistait comme un diable, et parvint à renverser à son tour son adversaire en le plaquant au sol, lui faisant lâcher son couteau. Un rictus victorieux lui déformait déjà le visage quand il s’abattit sur le jeune pêcheur d’éponge, mort, le cou transpercé par un poignard surgi de nulle part, qui avait fendu la nuit pour transformer son triomphe en défaite. Au même moment, Costas tenta de fendre le torse de Mendoza de bas en haut, ce qui obligea ce dernier à une volte-face qui lui permit de se retrouver pratiquement côte à côte avec son adversaire, porté en avant par son coup. Au moment où le mouvement de Costas s’achevait et l’amenait à se plier en deux, entraîné par son élan, Mendoza en profita pour lui porter un coup fatal en lui transperçant les côtes. Son épée s’enfonçait déjà dans la chair du pirate quand le capitaine vit, par-dessus le dos courbé du Grec, une scène qui lui glaça le sang : Petar, dressé au-dessus d’Isabella, avait rassemblé ses dernières forces et brandissait son poignard, prêt à la frapper. Mendoza sentit le corps de son adversaire s’affaisser, tirant sa lame vers le bas, et le faisant ployer à son tour. Il avait plongé son épée jusqu’à la garde. Du sang tiède et poisseux coula sur sa main. Il aurait voulu hurler, mais sa gorge était prise dans un étau. Il lâcha son épée, le corps de Costas s’effondra. Dans un élan désespéré, il bondit par-dessus le cadavre . Nacir gisait sous le poids de Mauro, à demi-conscient après sa lutte acharnée. C’est alors que Mendoza vit la tête de Petar voler, tranchée net par un coup d’une violence inouïe. Le poignard du pirate, instrument désormais inutile au bout d’un bras sans vie, retomba sur le sol à côté d’Isabella, et le tronc du Dalmate s’abattit à son tour, après être resté quelques secondes en équilibre. Il ne restait plus au-dessus du corps de la jeune femme qu’un cimeterre ensanglanté tenu à deux mains par Gonzales. Fermement campé sur ses jambes écartées, il frémissait de rage et de plaisir, une flamme dansant dans ses pupilles dilatées, illuminant son visage d’une ardeur perceptible jusque dans son sourire triomphant. A ses pieds, Isabella le contemplait, effarée et haletante.
Le cœur prêt à exploser, Mendoza étreignit le jeune métis, le serrant convulsivement pendant quelques secondes. Gonzales baissa son arme, laissant sa respiration s’apaiser. Ses yeux rencontrèrent ceux d’Isabella, furtivement, avant que Mendoza ne se penche vers elle. Il aurait pu à cet instant plonger sa lame dans la cape bleue, la fendant avec la même ardeur qui l’animait encore, et étreindre l’objet de son désir sans un regret. La voix de Mendoza le sortit de son songe éveillé. Il s’adressait à Isabella, doucement, comme jamais Gonzales n’avait entendu personne lui parler, à lui, de façon si aimante. Au fond de lui, il ricana amèrement.
I : Je vais bien, Juan…aide-moi.
Quand les deux amants furent debout, l’un soutenant l’autre, Gonzales était parvenu à se maîtriser, et put leur faire face sans trahir ses sentiments, du moins l’espérait-il.
I : Cela vous arrive-t-il d’être en retard, Gonzales ?
G : Pas lorsqu’il s’agit d’aider mes amis, senorita. Si je puis me permettre, il serait souhaitable que je vous examine.
A peine avait-il parlé, qu’il sut qu’il avait fait une erreur. Isabella le rabroua sèchement.
I : Je vous remercie, mais c’est inutile, je vous assure ! Occupez-vous plutôt de Nacir.
N : Je vais bien, moi aussi. Capitaine ! Je dois vous prévenir…
Le jeune pêcheur avait repris ses esprits et était parvenu à se débarrasser du corps de Mauro qui l’étouffait à moitié sous son poids. Il s’était remis sur pied.
M : Merci Nacir, sans toi Isabella aurait sans doute été emmenée.
N : Ne me remerciez pas encore, Capitaine ! Des pirates nous ont interceptés, ils ont pris les deux marins. J’ai pu me cacher et revenir vous prévenir, mais je ne sais pas où ils sont à présent. J’aurais dû les suivre…j’ai cru bien faire…
I : Et tu as bien fait, je t’assure.
M : S’ils ont trouvé Alvares…il faut aller vérifier, tout de suite !
G : Attendez, Mendoza ! Je vous cherchais moi aussi, au village, nous sommes aussi tombés sur cette vermine. J’étais à l’écart des autres, qui se sont fait prendre au piège sans que je puisse intervenir. Les pirates étaient une bonne dizaine. J’ai vu deux galères dans la baie en revenant sur mes pas pour aller à votre recherche. J’ai croisé la route de vos hommes, qui avaient été en effet capturés et qui étaient conduits vers les autres, au village. Vous voyez ce cimeterre ? C’est une prise de guerre, pas un pirate n’en a réchappé….
M : Je n’en doute pas, vous maniez les instruments tranchants à la perfection…Où sont les hommes que vous avez délivrés à présent ?
G : Je les ai envoyés à la chaloupe, prévenir Alvares. Ce sont eux qui m’ont indiqué où vous étiez. Que faisons-nous à présent ?
M : Que voulez-vous que nous fassions ? Les pêcheurs d’éponge ont été capturés avec les autres, n’est-ce pas ? Isabella, retourne avec Nacir à la chaloupe, et dis à Alvares de se tenir prêt. Gonzales, vous venez avec moi.
I : Tu ne comptes tout de même pas les délivrer ? C’est de la folie ! Ils doivent déjà avoir été embarqués ! Laisse-moi au moins venir avec toi, ou attends qu’Alvares arrive avec du renfort !
M : Je sais ce que je te dois, Isabella, mais ne te mêle plus de ça, s’il te plaît. Il est inutile de risquer la vie de tout le monde. A deux, nous passerons inaperçus. Si nous ne sommes pas revenus d’ici une heure, partez, quittez cette île.
N : Capitaine, nous ne serons pas trop de trois…
M : Non, pas question de laisser la senorita seule ! Et tu regagneras le navire avec elle, tu m’entends ? Dès que vous serez arrivés ! Gonzales, allons-y !
I : Juan !
Il ne se retourna pas ; il filait déjà à tout allure en direction du village fantôme. Gonzales, pris au dépourvu, lança un dernier regard à la jeune femme, qui ne s’en aperçut même pas, puis s’élança à son tour, agité de sentiments contradictoires. Devait-il saisir l’occasion qui s’offrait à lui ? Le trésor pouvait bien attendre….la disparition de Mendoza était de toute façon inéluctable, un peu plus tôt, un peu plus tard, quelle différence ? Sa tâche en serait-elle vraiment compliquée ?
N : Senorita…il faut partir…
Isabella restait figée, attendant que Mendoza disparaisse totalement à sa vue. Elle ne se décida à bouger que lorsqu’elle ne distingua plus du tout le mouvement ondulant de la cape dont la couleur perçait à peine la pénombre environnante. D’ici une heure, il ferait totalement nuit. D’ici une heure, il serait revenu. Elle se mit en route d’un pas pressé, mais fut bientôt obligée de s’arrêter, le souffle court.
N : Senorita…est-ce que ça va ?
I : Oui, c’est juste que je ne suis pas encore habituée à écouter mon corps.
Elle se remit en route, lentement, bien plus lentement, après avoir pris une grande inspiration, dans l’espoir de calmer les battements de son cœur et de retrouver une respiration apaisée. Tout en marchant, elle fouilla dans la bourse de cuir accrochée à sa ceinture ; elle sentit sous ses doigts la surface polie des perles de lapis-lazuli, et serra dans sa main le collier de la vieille femme.
Quand il apprit ce qui s’était passé, Alvares fulmina. Il avait vu avec inquiétude le soleil décliner sans que personne ne réapparaisse, et s’apprêtait à quitter la crique pour monter sur le plateau quand Nacir et Isabella vinrent à sa rencontre. L’ordre de Mendoza lui parut absurde ; qui plus est, le savoir seul avec Gonzales ne lui disait rien qui vaille. Manolo et Henrique étaient prêts à repartir pour aider leur capitaine. Isabella restait silencieuse ; elle se sentait lasse, et ne cessait de triturer le collier nerveusement. Elle alla s’assoir sur un rocher, laissant les hommes parlementer. Nacir, à l’écart, ne savait s’il devait se mêler aux délibérations. Il brûlait lui aussi d’aller aider ses frères, mais il avait réfléchi à la décision de Mendoza. Sans doute avait-il raison, à deux ils pourraient s’approcher discrètement et évaluer les risques. Sans doute reviendraient-ils pour rendre compte de la situation et à ce moment-là, il serait temps d’agir. Il suffisait d’attendre, et d’être patient. Soudain, il vit Isabella se lever, et jeter rageusement un objet sur le sable. Il crut qu’elle allait partir, mais elle ne bougea pas, se contentant de fixer le plateau comme si elle espérait les voir déjà réapparaître.
A : Senorita ! Je vais aller voir ce qui se passe avec deux hommes, vous, vous regagnez le navire avec les autres, vous avertissez le reste de l’équipage de se tenir prêt à appareiller, et vous renvoyez la chaloupe.
Isabella se dirigea vers lui et se planta devant lui, poings sur les hanches.
I : Il n’est pas question que je bouge d’ici, Alvares. Vous, allez donner vos ordres, cela vaudra mieux, et revenez aussitôt. Nacir restera avec moi.
A : Mais…ce n’est pas raisonnable, voyons !
I : C’est beaucoup plus raisonnable que votre idée de partir en expédition sans savoir ce qui vous attend. Nous n’avons déjà plus de capitaine à bord pour le moment, il est inutile que vous quittiez vous aussi votre poste.
A : Vous seriez mieux à bord, si je puis me permettre…
I : Je n’ai que faire de vos conseils, Alvares ! Et en l’absence du Capitaine, considérez que c’est moi qui donne les ordres ! Alors faites ce que je vous ai dit, et dépêchez-vous !
Alvares resta indécis un instant, puis se prépara à embarquer : à présent que les pirates connaissaient leur présence sur l’île, ils devaient se tenir prêts à partir, incontestablement, et il était de son devoir de veiller à ce la Santa Catalina soit prête ; il restait plus qu’à espérer que la senorita ne lui fausse pas compagnie, mais si elle le faisait, qu’y pouvait-il ? Une maudite femelle dans son état n’avait manifestement plus toute sa tête. Si elle voulait risquer sa vie, qu’elle le fasse !
Dès que la chaloupe fut assez loin, Isabella fit quelques pas en direction du plateau. Aussitôt, Nacir se précipita à sa suite.
N : Senorita, ne partez pas comme ça, je vous accompagne !
Mais Isabella l’ignora, et continua à marcher. Elle s’arrêta cependant brusquement peu après, se figea, puis se pencha pour ramasser quelque chose. Nacir l’avait rejointe. Elle tenait dans sa main le collier de lapis-lazuli qu’elle avait jeté quelques minutes auparavant. Elle le considéra un instant. Elle avait beau s’efforcer de chasser de son esprit les paroles de la vieille femme, celles-ci ne cessaient de résonner dans sa tête. Abruptement, elle finit par lâcher quelques mots, comme à regret.
I : Nous n’allons nulle part, Nacir…Nous attendrons ici.
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Message par TEEGER59 »

Quel bon chapitre!
Du grand Nonoko!
J'ai vraiment eu peur pour Isabella!
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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Message par Ra Mu »

Nous y trouverons quelques sources d’accès peu facile dans les criques et de nombreux lapins…
G : Tout cela n’est guère engageant…quoiqu’un lapin rôti à la broche ne serait pas pour me déplaire.
Planque toi Dodie! :lol:
- On s'est tout de même embrassés, cela ne signifie donc rien?
- HEIN? T'as embrassé Ambrosius?
- *soupir* Allez, déblaie!
HOP HOP HOP! :x-):
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Message par TEEGER59 »

Après la chasse aux œufs, voici celle aux lapins!
Le lapin, au citron!
https://youtu.be/DspAPCQboDI
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
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Message par TEEGER59 »

Dans le même genre avec des Olmèques, à la fin... :x-):
https://youtu.be/m4VbPdyuCEY
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
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Message par Raang »

Eh bien merci de l'avertissement au début nonoko, j'aurais justement TOOOOOUUUUUT mon temps dans quelques jours après la fin de ce chapitre...c'est énervant de voir tout le monde déguster le plat alors que toi tu dois te retenir ^^
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Message par nonoko »

Merci Teeger, y'en a au moins une qui suit! ;)
Ah, les lapins...au moins c'est meilleur que les rats!
Bon, j'ai réussi à boucler en 35 pages, voilà donc le résultat final de plusieurs mois de torture de méninges, accrochez-vous!

Chapitre 13, Partie 4.



Sur le plateau, Mendoza et Gonzales avaient gagné les abords du village abandonné sans rencontrer un seul pirate. L’obscurité était leur alliée. Mendoza vérifia la présence des deux galères dans la baie. A la lumière des torches allumées à bord, il constata qu’ils auraient affaire à forte partie en cas d’abordage. L’équipage de la Santa Catalina ne ferait pas le poids. Gonzales le mena ensuite vers le bâtiment où les pirates avaient rassemblé les marins capturés, une maison de pêcheur sommaire, dont le toit était à moitié effondré, mais qui n’avait pas brûlé comme la plupart des autres, qui n’étaient plus que des coquilles calcinées dont les murs émergeaient à peine de terre ; cela suffisait cependant pour offrir un abri aux deux capitaines, qui se faufilaient discrètement à travers les ruines. Quatre hommes gardaient la maison, deux postés devant la porte, deux faisant les cent pas autour. Mendoza et Gonzales se tapirent derrière un mur à quelques mètres de là.
M : On dirait qu’ils sont encore à l’intérieur, nous avons encore une chance. Mais vous aviez parlé d’une dizaine de pirates. Ils ne sont que quatre.
G : Les autres ont dû repartir en quête d’eau ou de nourriture. A moins que les prisonniers ne leur aient indiqué où se trouvait la Santa Catalina et qu’ils ne soient déjà en route vers la crique.
M : Nous les aurions vus…
G : Sauf s’ils ont été aussi discrets que nous…je ne sais pas si nous avons bien fait de venir ici.
M : Vous auriez préféré abandonner ces hommes ? Si vous avez peur, je peux agir seul.
G : Il ne s’agit pas de cela…c’est peut-être un piège. D’autres hommes sont sans doute postés dans le village. Imaginez qu’ils m’aient vu m’échapper…
M : Ils pensent être repérés et s’attendent à notre attaque.
G : Exactement…
M : Dans ce cas, ne les décevons pas.
G : Vous comptez vraiment…
M : Le temps presse, nous n’avons pas le choix. Je vais passer par le toit. Vous faites diversion.
Gonzales n’eut pas le temps de protester : Mendoza s’était déjà faufilé hors de l’abri et se rapprochait de la maison en la contournant peu à peu, afin d’escalader le mur de derrière au moment où les gardes en seraient le plus éloignés. Resté seul, Gonzales hésitait. Il lui était si simple de repartir en laissant Mendoza se faire capturer ou tuer…Si la maison était vide, ils se précipitaient tête baissée dans un piège, et même si les prisonniers étaient toujours là, rien ne garantissait la réussite du plan de Mendoza. Tout ça pour récupérer deux pêcheurs d’éponge et quelques bons à rien…De nouvelles perspectives s’offraient à lui si Mendoza disparaissait ; il commençait déjà à échafauder de nouveaux plans. Qu’avait-il à gagner à rester fixé sur son idée initiale ? De son côté, Mendoza réussit sans difficulté à atteindre son but sans être remarqué. Une fois sur le toit, il jeta un œil à l’intérieur : ses hommes étaient là, simplement entravés, sans personne pour les surveiller. Afin de ne pas les surprendre, Il manifesta discrètement sa présence avant de se glisser à l’intérieur sans bruit et de trancher leurs liens. Il ne leur restait plus qu’à sortir, mais tout était calme à l’extérieur. Il fallait pourtant quitter le village au plus vite et rejoindre la Santa Catalina. Un craquement au dessus-d’eux alerta Mendoza. Il eut tout juste le temps d’accueillir à la pointe de son épée l’homme qui avait tenté de les surprendre en sautant du toit dans la pièce. Transpercé de part en part, ce dernier s’effondra en expirant dans un râle rauque. Immédiatement, Mendoza le fouilla pour récupérer ses armes qu’il lança aux marins, avant de leur intimer l’ordre de le suivre.
M : Nous sommes découverts, nous n’avons plus le choix, je passe le premier, vous foncez à la crique sans vous retourner. Bonne chance !
Malheureusement pour le garde qui s’apprêtait à ouvrir la porte pour prêter éventuellement main forte à son collègue monté sur le toit, la porte branlante ne résista pas à la poussée du groupe, et il fut projeté sur le côté, renversant un troisième garde, tandis que Mendoza se précipitait sur un quatrième auquel il régla facilement son compte. Alors que ses hommes fuyaient à toutes jambes en direction de la crique, de nouveaux pirates surgirent et empêchèrent le capitaine de les suivre : indéniablement, Gonzales avait eu raison, les bandits surveillaient les alentours et comptaient augmenter le nombre de leurs prisonniers. Mais ils ne s’attendaient pas à une sortie si soudaine de la maison, et au lieu de courir après leurs prisonniers, ils durent faire face à Mendoza, qui ne laissa pas à un seul la possibilité de le dépasser : il leur barrait littéralement le passage, dans une rue bordée de murs calcinés contre lesquels il projetait ses adversaires tour à tour en bondissant d’un côté à l’autre, distribuant coups d’épée et coups de pieds aussi bien que bourrades afin de déstabiliser les assaillants, qui finirent par renoncer à la poursuite pour se concentrer sur ce marin coriace. Mais ils ne purent en venir à bout : après avoir blessé deux d’entre eux, Mendoza sauta par-dessus un mur pour tenter de leur échapper en disparaissant dans les ruines obscures. Il savait qu’il ne pouvait pas perdre trop de temps à éliminer ses adversaires, s’il voulait rejoindre la crique à temps. Il ne restait plus qu’à espérer que Gonzales soit déjà parti, car il ne l’apercevait nulle part, et se demandait ce qui avait bien pu lui arriver, car il n’avait pas fait de tentative de diversion. Il se rendit compte à ce moment-là qu’il n’était qu’à quelques pas de leur cachette initiale ; il ne lui coûtait pas grand-chose de jeter un coup d’œil en passant ; les pirates le cherchaient, aussi resta-t-il quelques secondes parfaitement silencieux et immobile afin de repérer à l’oreille où ils se trouvaient. C’est alors qu’il perçut des bruits de lutte sur sa gauche, provenant justement de l’endroit où il s’était séparé de son compagnon. Il hésita, mais décida de prendre le risque d’être remarqué et se lança ; un cri l’avertit qu’il avait été repéré. Toute précaution étant désormais inutile, il appela Gonzales, plus pour l’avertir qu’il venait à sa rescousse que pour savoir où il se trouvait, car il en avait la certitude à présent : Gonzales était aux prises avec d’autres pirates, qui l’avaient empêché d’intervenir comme prévu.
M : Gonzales !
G : Mendoza !
Malgré le peu de distance qui les séparait, la voix du jeune métis lui parut faible. Il le trouva cerné par trois hommes, tandis qu’un quatrième gisait à ses pieds.
Le jeune homme était à bout de souffle, acculé contre un mur. Il avait été surpris alors que, tout à ses calculs sur les avantages que lui procureraient la disparition de Mendoza, il ne prêtait plus vraiment attention à son environnement. Les pirates avaient surgi de l’ombre sans qu’ils les aient entendus approcher et il avait juste eu le temps de reprendre ses esprits pour éviter qu’ils ne s’emparent de lui. Il avait pourfendu un premier brigand en espérant les faire renoncer, mais cela n’avait fait qu’attiser leur soif d’en découdre. Il était clair qu’ils désiraient à présent le voir mort plutôt que le capturer vivant, et s’amusaient à éviter ses attaques tout en l’empêchant de s’enfuir, attendant qu’il s’épuise. Voyant clair dans leur jeu, il leur tenait tête en essayant de s’économiser et de garder son sang froid, mais la perspective de voir Mendoza s’échapper sans lui à cause de ces maudits pirates dont il n’arrivait pas à venir à bout lui faisait perdre peu à peu ses moyens ; il n’arrivait pas à envisager sa propre mort mais sentait confusément que c’était la seule issue qui l’attendait au terme de ce combat inégal. Quand il entendit la voix de Mendoza, il redoubla d’énergie : tout n’était donc pas perdu.
G : Désolé, j’ai fait ce que j’ai pu pour retenir ceux-là pendant que vous vous échappiez, mais je n’arrive pas à m’en débarrasser !
M : Imaginez que ce sont des lapins, et embrochez les pour qu’ils aillent rôtir en Enfer !
Sur ces mots, il se rua en avant, et Gonzales fit de même : deux hommes tombèrent sous leurs coups, tandis que le troisième se recula vivement, effrayé par cette double attaque soudaine. Il trébucha contre une pierre, laissant aux deux capitaines le champ libre pour s’enfuir.
M : Gonzales, par ici !
Il escaladait déjà un mur, tournant le dos au jeune métis ; il n’était pas question de repartir par où il était venu, car il savait que les autres pirates allaient surgir d’un instant à l’autre, à moins qu’ils ne se tiennent en embuscade au coin d’une ruine pour les coincer comme des rats. Une fraction de seconde, Gonzales imagina qu’il plantait sa lame entre les omoplates du marin. Parvenu en haut du mur, Mendoza se retourna vers lui et surprit ses yeux hagards ; il crut que le jeune homme peinait à se remettre de son combat, et l’encouragea.
M : Allons, du nerf ! Tendez-moi la main !
Chassant l’image qui le hantait, Gonzales s’exécuta, saisi par l’urgence de la situation. Le village grouillait encore de pirates, et sans Mendoza, ses chances de regagner la Santa Catalina sain et sauf étaient bien moindres. Il pourrait toujours lui régler son compte au dernier moment. Et Isabella serait à lui. Cette pensée lui donna un regain d’énergie et il se hissa prestement sur le mur.
M : Passons par la côte, ce sera plus long mais ils s’attendent à nous voir prendre le chemin le plus direct, qui coupe le plateau. Et jusqu’à la sortie du village, on privilégie la voie des airs !
Ils entreprirent de sauter de mur en mur, semant leurs poursuivants qui ne réalisèrent pas immédiatement qu’ils volaient à travers les ruines et, croyant qu’ils avaient simplement franchi le mur, les cherchèrent tout d’abord dans chaque recoin, explorant la partie du village tournée vers l’intérieur des terres, jusqu’à ce que l’un d’eux remarque à la lumière de la pleine lune, qui venait de se lever au dessus de la mer , le bout d’une cape qui disparut tout aussitôt, comme happée par les bâtiments noircis qui s’élevaient en bordure de la côte. Ils se ruèrent alors dans cette direction. Mais ils n’étaient pas les seuls à avoir remarqué les silhouettes fantômatiques bondissant de maison en maison. A bord de l’une des deux galères, un homme les avait repérées, et avait aussitôt donné des ordres. Le navire avait levé l’ancre, tandis qu’une chaloupe se dirigeait à toutes rames vers la prochaine anse. Sur le plateau, Gonzales et Mendoza avaient désormais quitté l’abri des ruines pour courir à découvert en direction de la côte.
M : Gonzales, vous êtes bon nageur je présume ?
G : Je me débrouille…
M : Parfait !
Ils avaient presque atteint le cap qui fermait la baie côté Ouest. Au lieu de couper pour se diriger vers le rivage du Sud de l’île, le long duquel se trouvait la crique où Isabella les attendait, Mendoza commença à descendre en direction du rivage, qu’on pouvait encore atteindre par une pente douce à cet endroit, avant le surplomb rocheux qui formait le cap .
G : Où allez-vous ?!
M : Regardez derrière vous !
Ils n’étaient déjà plus seuls : les pirates avaient compris la manœuvre et s’étaient lancés à leur poursuite en sortant le plus rapidement possible du village à leur tour, si bien qu’ils se trouvaient sur la droite des fuyards, espérant leur couper la route. Ces derniers étaient à mi pente quand Mendoza stoppa net son élan, dérapant sur le sable grossier qui recouvrait les roches. En contrebas, la chaloupe qui avait été mise à l’eau quelques minutes plus tôt accostait ; un individu dépenaillé venait de sauter sur la plage, sabre au poing, et se précipitait vers eux, suivi de quelques autres spécimens à l’aspect tout aussi peu engageant. Gonzales, entraîné par son élan, vint buter contre son compagnon d’infortune. Ils roulèrent tous deux à terre et parvinrent tant bien que mal à arrêter leur glissade fatale en agrippant la maigre végétation accrochée aux rochers. Ils étaient presque arrivés aux pieds de leur nouvel assaillant quand ils purent reprendre en sens inverse leur course effrénée vers la liberté. Ils parvinrent à remonter la pente, pour constater que la distance qui les séparait de l’autre groupe de pirates s’était réduite à une poignée de pas. Mendoza jura, puis fonça vers la gauche, en direction du cap, surprenant ses adversaires, mais aussi Gonzales, qui hésita un instant avant de se décider à le suivre : il était clair qu’entre la mort, la capture ou une dernière tentative, bien qu’excessivement dangereuse, pour rejoindre la Santa Catalina, Mendoza, lui, n’avait pas hésité une seconde. Quand il fut parvenu en quelques foulées désespérées à l’extrémité du cap, il s’arrêta un bref instant pour repérer l’emplacement des récifs qui émergeaient des flots au pied de la falaise, jeta un regard en arrière pour vérifier que Gonzales l’avait bien suivi, et sauta en criant une dernière recommandation au jeune métis.
M : Trois brasses à droite, Gonzales ! Restez sous la surface le plus longtemps possible !
Il avait sauté au-delà des récifs, et nagea vigoureusement sous l’eau avant de rejoindre la surface pour reprendre son souffle ; il ne restait plus personne en haut de la falaise ; il vit plusieurs silhouettes courant vers l’Ouest, en direction de la crique, mais il était probable que les autres étaient parties rejoindre leur chaloupe, dans l’intention de les repêcher ; personne ne semblait avoir sauté ; aucune trace de Gonzales. Il décida d’attendre quelques instants que le jeune homme émerge à son tour.
Dans la crique, les membres d’équipage et les deux pêcheurs d’éponge libérés par Mendoza avaient rejoint Alvares, Isabella et Nacir. Le second avait tenu à revenir lui-même sur le rivage avec deux hommes ; ne sachant pas comment les événements allaient tourner, il était prêt à toute éventualité : s’il fallait partir au village prêter main forte, ou se battre contre une bande armée qui aurait suivi Mendoza jusqu’à la crique, il ne se déroberait pas. Quand le petit groupe avait vu arriver leurs camarades sur la plage, l’espoir de pouvoir quitter Lampedusa sans encombres s’était réveillé : la Santa Catalina était prête à appareiller ; mais l’abattement avait vite succédé à la joie des retrouvailles, quand ils avaient constaté qu’aucun des deux capitaines n’était présent. Alvares s’emporta quand il comprit que personne n’était resté en renfort avec Mendoza, et encore plus quand il apprit que personne n’avait vu Gonzales. Les marins se justifièrent comme ils purent, arguant du fait que leur capitaine lui-même leur avait donné l’ordre de foncer vers la crique sans se retourner ; quand ils avaient constaté qu’il ne les suivait pas, ils étaient déjà loin, tout à leur hâte de se tirer de ce mauvais pas, et persuadés que l’adresse exceptionnelle de leur chef lui permettrait de sortir d’affaire seul, ou avec l’aide de Gonzales.
A : Avec l’aide de Gonzales, tiens donc !
Alvares souleva d’un coup de pied rageur une gerbe de sable fin sans que ses hommes ne comprennent pourquoi il s’emportait ainsi. Après tout, le jeune métis avait sauvé la vie du Capitaine à Oran, et ce dernier lui faisait toute confiance.
A : Regagnez le bord immédiatement, et renvoyez la chaloupe, bande d’incapables !
Il s’adressa ensuite à Isabella, qui scrutait l’obscurité, indifférente à la colère d’Alvares.
A : Senorita, la nuit est tombée, je vous en prie, regagnez le bord maintenant, vous aussi. Je resterai jusqu’à ce que la chaloupe revienne, au cas où, mais il faut s’attendre à voir surgir cette vermine d’un instant à l’autre, vous serez plus en sécurité sur la Santa Catalina !
D’une voix tranquille, Isabella répliqua.
I : Vous me fatiguez, Alvares. J’attendrai ici. Nacir, tu peux partir.
Le jeune pêcheur voulut protester, mais il se ravisa. Il avait compris que la détermination de cette femme était inébranlable, et il monta dans la chaloupe avec ses camarades sans dire un mot. Quelques instants plus tard, la chaloupe revint. La lune s’était levée, et éclairait les alentours qui prenaient des allures désertiques sous sa pâle lumière, le peu de végétation se confondant désormais avec les teintes minérales des roches.
A : Cela fait plus d’une heure qu’ils sont partis. Nous ne pouvons plus rien faire pour eux. Il faut quitter Lampedusa avant que nous soyons tous capturés.
Le second avait parlé d’une voix éteinte. Il n’ajouta pas un mot et se dirigea vers l’embarcation. Isabella ne bougeait toujours pas. Alvares bouillonnait intérieurement. Il n’allait tout de même pas la laisser là ! Ce n’est pas ce que le capitaine aurait voulu. Il avait déjà adressé un bref signe de tête à l’un des marins qui l’accompagnait pour qu’il lui prête main forte pour embarquer cette « maudite femelle », quand la jeune femme les rejoignit et monta à bord sans un mot, le visage totalement fermé, les lèvres serrées. Elle s’assit, le dos droit, le regard fixe. La chaloupe quitta le rivage. Elle était à mi-distance de la Santa Catalina quand Alvares se dressa en poussant une exclamation incrédule.
A : Là ! Ce sont eux !
Le regard d’Isabella s’anima, mais elle eut beau scruter la plage que l’obscurité engloutissait peu à peu, elle ne vit rien.
A : Là, sur la falaise !
Elle crut que son cœur allait s’arrêter de battre quand elle tourna la tête et vit la silhouette familière de son amant se jeter dans le vide, presqu’aussitôt imité par un second homme, Gonzales à l’évidence.
A : Virez de bord !
La chaloupe se dirigeait maintenant vers le cap, mais à bord, nul ne pouvait plus distinguer la moindre trace des deux capitaines. C’est alors qu’apparut une embarcation ; elle était en train de doubler le cap.
A : La peste soit de ces maudits chiens ! Ils viennent droit sur nous ! Senorita, voyez-vous quelque chose ?
Isabelle put à peine articuler un « non » étouffé : en une fraction de seconde, l’apparition de la chaloupe pirate avait anéanti ses espoirs. Un des marins poussa un cri d’avertissement : sur la falaise on pouvait apercevoir des hommes armés, qui les avaient manifestement repérés.
A : Si nous nous approchons trop, ils nous tireront dessus comme sur des lapins…Cap sur la Santa Catalina !
I : Alvares ! je vous en prie…essayez…
A cet instant, un marin poussa un juron : derrière la chaloupe ennemie, une masse imposante dépassait peu à peu le cap ; c’était une des deux galères.
A : Tout est perdu…je suis désolé….
Il avait murmuré ces mots à moitié pour lui-même, pour Isabella mais aussi pour son capitaine. Il se reprit et encouragea d’une voix ferme ses hommes à redoubler d’efforts : il leur restait encore une faible chance d’échapper à la galère, si la Santa Catalina appareillait à temps. A bord, tous étaient prêts ; la brise s’était levée, rendant possible leur fuite. Ce n’était plus qu’une question de minutes. Mais la galère filait dans leur direction.
A : Allez, du nerf, ou nous allons tous y rester !
Soudain, Isabella le vit. Elle crut d’abord que ce n’était qu’un récif battu par les vagues, mais en se concentrant sur ce point qui lui semblait bouger, elle acquit la certitude qu’il s’agissait d’un homme, un homme qui luttait pour avancer, qui luttait contre la houle légère provoquée par la brise marine, une houle qui s’intensifiait cependant à mesure que le vent forcissait. La joie fit bondir son cœur, et elle se préparait à avertir ses compagnons, quand son sang se figea : elle venait de réaliser que ce petit point sur la mer, que ce frêle espoir ne cherchait pas à la rejoindre, mais s’éloignait au contraire ; il ne luttait pas pour venir dans leur direction ; si tel avait été le cas, il lui suffisait de laisser la brise le pousser, car elle venait de l’Est, et permettrait à la Santa Catalina de quitter l’île, poursuivie par la galère qui se rapprochait dangereusement. Non, il luttait contre le vent, contre les vagues, il diminuait de seconde en seconde. Bientôt, il se fondrait dans la masse sombre qui elle grossissait à vue d’œil, et occupait l’entrée de la baie. Même la chaloupe ennemie semblait avoir été avalée par la galère. Isabella ne le distinguait plus à présent. C’était fini. Elle baissa la tête. Sa main se crispa sur le collier de lapis-lazuli. Elle ferma les yeux.
Mendoza scrutait la surface des eaux en vain, quand il remarqua sur les récifs à sa gauche une tache sombre, ballotée par les vagues. Il identifia immédiatement son compagnon. Ce dernier avait dû manquer d’air plus tôt que lui et était remonté à la surface au mauvais moment : au pied de la falaise, les lames s’abattaient implacablement sur les récifs ; l’une d’elle avait probablement frappé Gonzales de plein fouet et l’avait rabattu sur un rocher. Fort heureusement, il y était resté accroché, et devait être simplement étourdi par le choc. Mendoza calcula les risques et nagea en sa direction : ils pouvaient encore échapper aux pirates si le jeune métis reprenait ses esprits. Il repéra le récif le moins exposé au ressac et réussit à l’atteindre sans se faire assommer par la poigne des flots et de là il gagna en sautant périlleusement de roche en roche celui qui retenait Gonzales, tout en appelant le jeune métis, sans obtenir de réponse. Les craintes de Mendoza se confirmèrent dès qu’il fut auprès de lui : il était inconscient, la moitié du visage en sang, et ne devait la vie sauve qu’à une arête rocheuse acérée qui retenait son pourpoint, l’empêchant ainsi de sombrer dans la mer et de se noyer, mais qui entamait sa peau à chaque coup de boutoir des flots. Il aurait suffi d’une vague plus violente que les autres pour qu’il soit arraché de sa planche de salut précaire. Quand Mendoza le tira complètement hors de l’eau, il ne réagit que par un gémissement, mais ouvrit les yeux péniblement après quelques appels pressants du capitaine.
M : Dieu soit loué, Gonzales, vous revenez à vous ! Le temps presse, il faut partir, maintenant !
Il l’aida à se mettre debout et l’entraîna sans plus tarder vers l’extrémité du banc de récifs, manquant glisser et tomber plus d’une fois, car Gonzales n’avait pas repris totalement ses esprits, et était incapable d’avancer sans le soutien de Mendoza. Ce dernier tentait de se persuader qu’ils avaient encore une chance de rejoindre la Santa Catalina. C’est alors qu’il vit au loin la chaloupe. Elle semblait se diriger dans leur direction. Il sauta dans la mer, soutenant toujours Gonzales, qui sembla se ranimer un peu au contact de l’eau salée qui lui brûlait le visage, et chercha instinctivement à se protéger de la morsure du sel en poussant de vigoureux coups de pieds, ce qui facilitait la tâche de Mendoza, qui n’avait au moins plus besoin de le maintenir à la surface. Il commença à nager, tirant toujours son compagnon, en espérant que Gonzales soit rapidement assez remis pour le suivre par lui-même. C’est alors qu’un cri retentit derrière eux. Mendoza sut immédiatement que la chance avait tourné. Il s’accrocha cependant au maigre espoir qui lui restait et redoubla d’énergie, porté par le courant favorable, mais il réalisa soudain que si les flots le poussaient vers le salut, ils favorisaient aussi la progression de la chaloupe ennemie, tandis qu’Alvares, pour les rejoindre, devait avancer contre le vent. Un coup d’œil en arrière confirma ses craintes : ils seraient pris avant d’avoir pu atteindre leur embarcation, et les pirates auraient peu de mal à en prendre possession et à capturer ses occupants. Et si parmi eux se trouvait Isabella…la connaissant, Mendoza savait que c’était plus que probable. Qu’elle ait accepté de repartir à la crique tenait du miracle. Il était persuadé qu’elle avait attendu jusqu’à la dernière minute. Et si tel n’était pas le cas, ce qu’il venait d’apercevoir acheva de le décider à abandonner toute tentative d’échapper à ses poursuivants : la proue de la galère était apparue à l’extrémité du cap. Mendoza évalua sa vitesse : elle n’aurait aucune peine à aborder la Santa Catalina avant que celle-ci appareille, à moins que la chaloupe renonce à venir les sauver.
M : Désolé, Gonzales, changement de programme !
Il fit brusquement volte-face et se mit à nager en sens contraire ; Gonzales n’avait pas encore suffisamment repris ses esprits pour réaliser ce qui se passait, il tentait de se concentrer pour coordonner ses mouvements et nager, mais les gifles salées qu’il recevait à présent qu’ils nageaient contre le vent lui infligeaient de cuisantes brûlures qui le faisaient atrocement souffrir et ruinaient ses efforts. Peinant à respirer, il parvint pourtant à articuler quelques mots.
G : Mordieu, vous voulez me noyer !
M : Faites-moi confiance, nous y sommes presque !
En effet ils n’étaient plus qu’à quelques brasses de la chaloupe des pirates.
M : Eh, par ici, mon ami est blessé !
Gonzales faillit s’étrangler en avalant une goulée d’eau de mer sous l’effet de la surprise. Il toussa et cracha tout en se débattant pour se dégager de l’emprise de Mendoza, qui le maintint hors de l’eau, collé à lui, plus fermement que jamais.
M : Restez tranquille, bon sang ! J’ai besoin de vous ! Vous ne voulez pas que la Santa Catalina tombe aux mains de ces rats puants !
Ces quelques paroles produisirent l’effet escompté, et Gonzales se calma, bien qu’il ne comprenne pas ce que Mendoza tramait. Tout ce qu’il voyait, c’est qu’ils se laissaient capturer, à moins qu’ils ne finissent au fond de la mer, assommés par un coup de rame. Tout dépendait du sens qu’il fallait attribuer au ricanement des pirates, et de l’issue de leur délibération.
P1 : Eh, espèce de chien, tu t’es trompé de sens !
P2 : En voilà un qu’est pressé de se retrouver à fond de cale !
P3 : Il a raison, c’est toujours mieux que de pourrir au fond de la mer !
P1 : Eh eh eh, moi je crois bien que je préférerais me faire bouffer par les poissons !
P2 : Si tu veux être charitable, t’as qu’à l’assommer !
P3 : On t’a jamais appris qu’il fallait pas gâcher la marchandise, crétin ?
Mendoza profita des secondes qui restaient avant qu’ils ne soient à la merci des trois hommes pour donner quelques brèves instructions à son compagnon.
M : Laissez-vous faire, je me charge de tout, mais dès que l’occasion se présente, réglez son compte au moins à l’un d’eux.
Il se positionna de façon à ce que les pirates soient forcés de tirer Gonzales hors de l’eau en premier, et dès qu’ils furent en train de s’affairer, il se jeta sur la rame et la poussa violemment de sorte à en frapper le rameur qui l’avait lâchée pour aider ses camarades, puis il plongea sous la coque pour surprendre ses adversaires en grimpant à bord par l’autre côté. Comme il l’avait espéré, ils avaient lâché Gonzales, escomptant le laisser se noyer pour parer à l’attaque, mais ce dernier se hissa à bord, couteau tiré, et planta sa lame dans les premières jambes qui se trouvaient devant lui, tandis que Mendoza assenait un coup de poing à l’homme le plus proche, le faisant trébucher. Le pirate qui avait reçu le coup de rame se précipitait sur lui, mais il l’esquiva et le déséquilibra d’une puissante poussée dans le dos. Puis il tira son épée. Quelques instants plus tard, Mendoza et Gonzales ramaient en direction de la galère. Le jeune métis ne réalisait pas encore sa situation, et se demandait s’il ne voguait pas en compagnie de Satan en personne, impression confirmée lorsque Mendoza s’adressa enfin à lui après un silence qu’il n’avait pas osé briser, encore sous le choc des dernières péripéties de leur fuite avortée.
M : Il ne manque plus qu’un abordage en bonne et due forme pour parfaire votre éducation, Gonzales ! Prendre possession de cette barque n’était qu’un jeu d’enfant, pas vrai ? Nous ne devrions pas rencontrer trop de difficultés avec cette galère barbaresque, c’est un jouet à côté des galères européennes. Elle est conçue pour la vitesse, mais nous allons un peu la faire tourner en rond, histoire de l’empêcher de rejoindre la Santa Catalina.
De fait, la galère était en train de doubler par la gauche la chaloupe pendant qu’ils en prenaient possession, mais personne à bord n’avait semblé se préoccuper du sort des pirates jetés à la mer. A présent, Mendoza ramait avec toute l’énergie dont il était encore capable en direction de la poupe, avant qu’elle ne soit définitivement hors d’atteinte, et Gonzales se voyait forcé de suivre son rythme infernal.
M : Vous sauterez en même temps que moi pour vous accrocher à l’échelle, sinon vous manquerez le coche. Si toutefois vous vouliez rester sur cette île déserte à attendre le prochain passage d’un navire, je comprendrais. Mais je vous avoue que dans ce cas j’aurai plus de mal à arrêter cette galère tout seul.
Gonzales ne répondit rien ; il avait les poumons en feu et s’efforçait de maintenir le rythme aussi bien que son attention ; la seule chose qu’il retenait du projet suicidaire de Mendoza, c’était qu’il s’agissait de préserver la liberté d’Isabella, et bien plus. Rien ne l’obligeait à le faire. S’il restait sur l’île, il serait sans doute récupéré par ses complices. Cependant, l’échec de son plan constituerait une honte insupportable. Il imaginait déjà les sarcasmes, il n’aurait même pas été capable d’éliminer Mendoza, de vulgaires pirates s’en seraient chargés….Il aurait échoué sur toute la ligne. Tandis que s’il suivait le capitaine téméraire, il existait peut-être un espoir de sortir de cette situation la tête haute : il mourrait en sauvant sa bien-aimée, la conscience tranquille. A cette pensée, il se retint de rire. Quand vint le moment où la chaloupe était assez près de l’échelle permettant de grimper à bord de la galère, il sauta lui aussi.
M : D’une façon ou d’une autre, il va nous falloir prendre le contrôle du gouvernail. Je vais distraire un peu ce beau monde là-haut, pendant que vous foncerez bloquer la barre à bâbord. Si j’en ai l’occasion, je m’occuperai des voiles : il faut les ralentir à tout prix. Un petit tour pour distraire les galériens ne sera peut-être pas de trop non plus. Bonne chance, Gonzales, et merci.
Agiles comme des chats, les deux hommes se hissèrent à bord en toute discrétion. L’obscurité jouait en leur faveur. Un premier pirate fut éliminé sans attirer l’attention des autres, puis un second. Ils se rapprochaient de leur but quand l’alerte fut donnée. Mendoza manifesta alors bruyamment sa présence et s’offrit à découvert dans le but de distraire ses adversaires de la présence de Gonzales, qui en profita pour se frayer le plus discrètement possible un chemin vers le timon. Il fallait tenir suffisamment longtemps à la barre pour que la manœuvre fasse effet. Aussi Mendoza, tant pour se protéger que pour distraire l’attention de l’équipage, se mit à bondir en tous sens sur toute la longueur de la galère, se servant des cordages comme point d’appui et comme moyen de fuite, en s’efforçant de les entamer au passage grâce à son épée afin de les fragiliser. Autour de lui , les poignards fendaient l’air et les balles fusaient, mais il voltigeait de corde en corde, d’un bord à l’autre, se jouant du danger, sa cape claquant au vent, tandis que le chaos s’étendait . Il semblait en effet être partout à la fois, et les pirates avaient à peine amorcé leur arme et visé qu’il s’était déjà envolé ; les détonations se mêlaient aux cris d’impuissance, on se bousculait et s’injuriait, on commençait à sortir les poings et à distribuer des coups de pied. A ce spectacle, le chef de la bande, qui ne s’était d’abord guère inquiété de cette attaque surprise, menée apparemment par un seul homme, commença à considérer l’assaillant avec un intérêt qui ne fit que croître de minute en minute. Il ne remarqua même pas que la galère déviait de sa course, et quand il s’en aperçut enfin, il se précipita pour savoir ce qui se passait, et trouva le gouvernail bloqué à bâbord, aussi hors d’état que les timoniers qui gisaient à terre.
Entre temps, Gonzales était parvenu à se glisser auprès de la chiourme, qui avait cessé peu à peu de ramer malgré les coups de fouet, quand le jeune métis avait commencé à lutter au milieu des galériens. Pour ces hommes enchaînés, la solidarité avec cet homme surgi de nulle part et qui se battait comme un démon contre leurs bourreaux, était une évidence, et la seule façon dont ils pouvaient la manifester était de désobéir malgré le prix à payer.
Sur le pont, Mendoza avait constaté avec satisfaction que son plan avait fonctionné. Mais sa joie fut de courte durée : la deuxième galère avait pris la mer, plus rapide que la première, qu’elle dépassait déjà ; si elle continuait à cette allure, tout était perdu ; la Santa Catalina venait d’appareiller, mais n’avait pas assez d’avance. Il restait une dernière chance d’empêcher sa capture. Mais il fallait faire vite, très vite, avant que la galère soit hors d’atteinte. Il n’était pas question de l’éperonner, car la vitesse à présent considérablement réduite du premier navire écartait cette possibilité. En un éclair, Mendoza fut à la proue, où le canon était installé. Un instant plus tard, une détonation déchirait la nuit.
A bord de la Santa Catalina, un murmure d’incrédulité courut de bouche en bouche, pour finir en une explosion de joie. Tous avaient les yeux rivés sur les deux galères, tous avaient vu la première divaguer comme un bateau ivre, avant de cracher un jet de feu sur la deuxième, inexplicablement. Les pirates se disputaient-ils la prise de la Santa Catalina ? Un deuxième coup brisa net le mât de la galère ; puis les deux bâtiments semblèrent s’embrasser dans une étreinte improbable qui les immobilisa peu à peu, éperon contre poupe. Alors, tous comprirent : cela ne pouvait être que l’œuvre de leur capitaine, qui les avait sauvés en sacrifiant sa liberté.
Seuls deux hommes restaient silencieux. Ils se tenaient debout auprès d’Isabella, dont la présence à bord apparaissait plus incongrue que jamais, et qui semblait s’être absentée d’elle-même, se laissant hisser sur le pont et déposer comme un précieux ballot sans aucune réaction, quoi qu’elle fût consciente. Nacir ne parvenait pas à la quitter, comme si les dernières paroles du capitaine l’avaient lié à jamais à cette femme qu’il se sentait le devoir de protéger. Alvares, après avoir donné ses ordres pour la manœuvre, était revenu auprès de la jeune femme ; abasourdi par la responsabilité qui lui échoyait à présent, il ne savait que dire. Cette expédition était un désastre, et même s’ils en réchappaient maintenant, qui pouvait dire ce qui les attendait encore ? Après tout, la vieille superstition des marins trouvait là sa confirmation, et si pour l’instant l’équipage laissait éclater son soulagement, bientôt ils se rendraient compte que la cause de ce malheur n’était autre que la senorita Laguerra. Alvares devrait composer avec cette présence maudite sans la protection de Mendoza, et malgré sa loyauté envers son capitaine et sa compagne, il songeait que le mieux était de la débarquer au plus vite. Il ne lui restait qu’à prier pour qu’elle tienne le coup jusque-là.
Quand la première détonation avait retenti, Isabella s’était remise debout, tirée de la torpeur qui l’accablait depuis qu’elle avait compris le plan de Mendoza. Comme les autres, elle avait assisté à l’étrange spectacle du sabordage d’une galère par sa compagne devenue folle. Comme les autres, elle voguait à présent vers la liberté. Mais pour elle plus que pour les autres, cette liberté avait le goût amer de la culpabilité, le goût acre du regret, le goût acide de la responsabilité. Lutter, il lui fallait lutter, contre elle-même et ses démons. Ne pas sombrer, surtout. Ne pas laisser le gouffre s’ouvrir à ses pieds. Porter le poids de l’espoir, même si elle voulait mourir. A l’intérieur d’elle, une succession de coups affolés la fit tressaillir. A travers ses larmes, elle sourit.
Modifié en dernier par nonoko le 05 juin 2017, 09:39, modifié 2 fois.
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Tome 2

Message par TEEGER59 »

nonoko a écrit : 17 mai 2017, 17:25 Cette expédition était un désastre, et même s’ils en réchappaient maintenant, qui pouvait direo ce qui les attendait encore ? Comme les autres, elle voguait à présent vers la liberté. Mais pour elle plus que pour les autres, cette liberté avait le goût amer de la culpabilité, le goût acre du regret, le goût acide de la responsabilité. Lutter, il lui fallait lutter, contre elle-même et ses démons. Ne pas sombrer, surtout. Ne pas laisser le gouffre s’ouvrir à ses pieds. Porter le poids de l’espoir, même si elle voulait mourir. A l’intérieur d’elle, une succession de coups affolés la fit tressaillir. A travers ses larmes, elle sourit.
Magistral!
Les dernières phrases m'ont presque fait pleurer...
:Laguerra: : AH! Comme on se retrouve!
:Mendoza: : Ma première leçon ne t'a pas SUFFIT?
:Laguerra: : Cette fois, tu ne t'en sortiras pas si FACILEMENT!
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