FANFICTION COLLECTIVE : Tome 1

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Seb_RF
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Jeu

Message par Seb_RF »

Voici la suite:



Le Fils du Soleil courait déjà, fou d’inquiétude, vers la crevasse ouverte par le condor. Au même moment, Arthur s’élançait hors de l’enceinte de la mosquée. Le jeune homme avait réussi à rassembler un peu d’énergie pour quitter l’abri que lui avait ménagé Mendoza, mais il tenait à peine sur ses jambes. Il était sorti dans la cour quand il avait entendu le bruit caractéristique de la progression du char, il avait vu le condor le détruire, et constaté la panique des hommes de Laguerra, stupéfaits par la puissance phénoménale de l’oiseau d’or qu’ils n’avaient pu arrêter malgré leurs tirs nourris. A présent, chacun songeait à sauver sa peau, la confusion régnait dans la mosquée, les uns cherchant à emporter avec eux ce qu’ils pouvaient d’armes et de munitions, les autres courant piller le laboratoire, certains espérant trouver un asile dans les bâtiments, d’autres sortant pour gagner l’abri du bois ou du ravin derrière la mosquée. Quelques uns avaient réussi à atteindre dans leur fuite les ruines du village. Ils avaient trouvé là leur tombe, écrasés sous les décombres quand Zia avait perdu le contrôle du condor.
Dans la panique générale, personne n’avait fait attention à Arthur ; ceux qui avaient au début tenté de raisonner les autres pour venir en aide au Docteur avaient vite abandonné, et Arthur avait progressé sans être inquiété vers le portail de la mosquée, malgré sa lenteur qui faisait de lui une cible facile. Il s’était arrêté pour reprendre des forces, appuyé contre la massive porte de bois ; c’est de là qu’il avait vu le condor s’écraser. Il avait cru que son cœur allait cesser de battre dans sa poitrine.A présent il contemplait le résultat de ses initiatives inconsidérées. Ce n’était pas ainsi que cela aurait dû se passer, s’il avait respecté les instructions d’Isabella. Partout la mort et la destruction régnaient, et ses ennemis n’étaient toujours pas vaincus ; pire, Isabella gisait à terre, Mendoza était seul face à Laguerra père et fils, et Esteban courait, désespéré, vers ses amis, vers son amie, son amour, leur amour à tous deux, Zia, Zia qu’il n’avait réussi, lui, Arthur, qu’à mettre en danger.
Il devait agir, il devait réparer ses erreurs. Il ne pouvait rien faire pour Zia, malheureusement. Il avait fait le serment de la protéger, et il avait failli à son devoir. Il n’était pas resté à sa place, dans son rôle. Il avait manqué à sa parole envers Isabella. Il se sentit faiblir. Allait-il tomber là, devant la mosquée, sans avoir pu se racheter ? Faisant appel à toute sa volonté, il s’élança vers la jeune femme qui se trouvait à l’intérieur du périmètre tracé par l’arme du condor, sur la droite du portail, et franchit avec difficulté le fossé, manquant sa réception de l’autre côté ; il faillit glisser au fond de la tranchée profonde de cinq mètres mais parvint à se hisser sur l’autre bord. Quand il parvint vers la jeune femme, celle-ci s’était redressée, comme tirée de sa torpeur par le cri d’Esteban. Elle avait le regard fixé sur les trois hommes restés près du zephti. Arthur s’approcha prudemment d’ elle, par derrière, et l’appela, redoutant confusément sa réaction.
A : Isabella…je suis venu…pour vous aider....
Elle ne se retourna pas mais Arthur crut voir un frisson parcourir son corps.
A : je suis..je suis impardonnable mais…
Elle se retourna lentement vers lui. Les traits de son visage étaient complètement relâchés, seuls ses yeux aux pupilles dilatées lui donnaient une expression indéfinissable. Etait-ce de la colère, de la souffrance, de la détresse ? La gorge d’Arthur se noua, il fut incapable de prononcer un mot de plus. Soudain, elle le poussa violemment en arrière et courut en direction du zephti sans un regard pour le jeune homme tombé à terre en étouffant un cri de douleur.
Roberto fut le premier à reprendre ses esprits : l’artefact lui avait échappé, mais il pouvait encore le récupérer ! Il rengaina ses armes, poussa une dernière fois le zephti pour le mettre en bonne position et sauta sur le siège, bien décidé à décoller et à arriver au condor avant Esteban, qui avait déjà franchi le fossé d’un bond. Mais le Docteur fut aussi rapide que son fils et d’un coup de fouet il lui enserra la jambe et le tira à bas de l’engin volant, comptant bien lui prendre la place. Le zephti était maintenant en équilibre précaire au bord du fossé, prêt à basculer au fond. Tandis que Fernando se précipitait, Mendoza accourut, l’épée à la main, mais Roberto se relevait déjà ; le marin évita de justesse le poignard qu’il lui lança dessus.
M : eh, Roberto ! on dirait que tu te trompes d’adversaire ! Ton père est en train de filer !
R : tu veux qu’on fasse équipe, el piloto ?
M : pas avec un serpent comme toi, el asesino !
Il porta un coup en avant, mais Roberto l’esquiva facilement d’un bond de côté, déséquilibrant Mendoza ; le combat était inégal entre le marin blessé et le tueur à gages enragé ; la seule chance de Mendoza était de détourner l’attention de Roberto vers son père, et de faire d’une pierre deux coups en laissant les deux hommes s’entretuer, mais Roberto ne semblait plus pressé d’arrêter Fernando à présent. Il tenta une nouvelle pique.
M : tu as donc décidé de jouer les fils fidèles, après avoir trahi ton père ? Tu le laisses s’enfuir ?
Le zephti piloté par Fernando bascula et se redressa tant bien que mal ; les conditions n’étaient pas idéales pour un décollage, mais le Docteur parvint tout de même à prendre un peu de hauteur au dessus de la tranchée. Mais Roberto ne prêta pas attention à la manœuvre. Au contraire, il tira son épée.
R : chaque chose en son temps, el piloto…j’aime bien régler mes comptes, et l’occasion est trop belle pour finir le travail que j’avais négligé de terminer…et puis, mon père n’ira sans doute pas loin, il est blessé, comme toi, ton ami l’achèvera sans doute à ma place…et j’achèverai ton ami…
M : si tu n’es pas mort avant, sale vermine !
R : c’est moi qui creuserai ta tombe, et celle de tes amis, à moins que je ne vous laisse tous en pâture aux corbeaux !
M : ce n’est pas la reconnaissance qui t’étouffe…j’aurais dû te laisser te fracasser la tête tout à l’heure !
R : l’amour t’aveuglait, el piloto, que veux-tu , c’est la différence entre nous !
Il se rua alors sur Mendoza en hurlant, réussissant à surprendre le marin par cette attaque brutale et le projetant à terre tout en faisant voler son épée d’un coup puissant qui le blessa à la main, tandis que son bras était repoussé vers le haut, au-dessus de sa tête. Mendoza était désormais à sa merci. Au-dessus d’eux, Fernando tentait de stabiliser le zephti, mais l’engin ne semblait plus aussi maniable, il avait probablement été endommagé quand le condor l’avait heurté, et le Docteur peinait à le diriger.
R : eh eh eh, je ne pensais pas que ma prophétie se réaliserait aussi vite, quel piètre adversaire tu fais ! Allons, debout ! Ce fossé conviendra très bien pour ta dernière demeure, mais épargne moi la peine de t’y faire rouler !
Il accompagna son ordre d’un coup de pied. Le corps de Mendoza se contracta sous l’effet de la douleur mais le marin ne laissa pas échapper un cri.
R : tu es déjà mort ?
Il soupira.
R : madre de dios…tu veux me priver du plaisir de te voir agoniser au fond de ce trou…tu as raison, rien ne vaut une mort bien propre, nette, sans bavures, je me suis laissé emporter…
Le zephti du Docteur plongea à nouveau vers le fossé.
R :…et on dirait que mon père va prendre ta place au fond de la tranchée…
Il leva son épée, prêt à donner le coup de grâce à Mendoza. Mais il fut distrait par une forme noire, qu’il vit sauter au-dessus du fossé, derrière Mendoza, pour s’accrocher au zephti, le faisant dangereusement basculer.
R : caramba ! la tranchée va bientôt être pleine ! ma chère sœur semble vouloir y être enterrée avec son père adoré elle aussi !
En effet Isabella avait réussi à s’accrocher à l’aile volante, que le Docteur parvint malgré tout à redresser, non sans peine car au poids supplémentaire s’ajoutaient les assauts d’un vent orageux qui s’était levé en quelques minutes. La jeune femme s’était jetée dans le vide, déterminée à précipiter son père dans les Enfers. Cette seule pensée l’animait désormais, plus rien d’autre ne comptait, elle ne voyait plus rien autour d’elle que le visage ricanant et méprisant de Fernando Laguerra qui se multipliait à l’infini tandis qu’elle croyait entendre son rire aigre résonner à ses tympans. Elle ne sentit même pas les coups de pieds qui tentaient de lui faire lâcher prise. Roberto haussa les épaules.
R : bah…tu vois, el piloto, elle n’a même pas essayé de te sauver…c’est de famille…la haine est plus forte que l’amour !
M : parle pour toi et ton père, el asesino !
R : emporte donc tes illusions dans ta tombe !
L’épée s’abattit. Le sol trembla ; un éclair aveuglant éblouit Roberto ; un choc le déstabilisa. En essayant de se débarrasser de sa fille, Fernando avait fait tomber une des bombes dont le zephti était encore chargé. L’engin tangua, balayé par le souffle de l’explosion. Roberto, sonné, noyé dans la fumée, était désorienté. Mendoza, que sa position à terre avait préservé davantage, en profita pour se relever, cherchant son épée. C’est alors qu’il vit Isabella tomber.
En entendant l’explosion, Esteban s’était retourné, instinctivement. Il était presque arrivé au condor ; il distinguait Tao penché au-dessus de Zia ; il semblait lui parler ; elle bougea, il reprit espoir. Le bruit assourdissant brisa son optimisme. Quand il se retourna, il eut tout juste le temps d’apercevoir à travers la fumée la cape de Mendoza flottant au vent, et un corps qui tombait dans la tranchée creusée par Zia. Il reconnut immédiatement Isabella. Puis il distingua derrière Mendoza, qui s’était penché en avant comme pour rattraper la jeune femme, la silhouette de Roberto. Affolé, Esteban vit Mendoza chanceler au moment où il parait de justesse le coup de Roberto, puis la fumée enveloppa les deux combattants, les dérobant à sa vue. Le ciel s’était obscurci, l’air était lourd, les nuages porteurs de pluie s’accumulaient sur les contreforts de la montagne, poussés par le vent, ils défilaient à toute allure au-dessus du condor échoué comme un navire brisé par la tempête. L’orage était imminent. Esteban jeta un dernier regard vers l’oiseau d’or désormais inutile. Même s’il dissipait les nuages, il perdrait trop de temps à le faire décoller pour venir en aide à Mendoza. A l’intérieur, Tao s’était aperçu de sa présence toute proche et lui faisait de grands signes, qu’il ne parvint à interpréter, mais son visage ne reflétait pas l’inquiétude. Esteban se rendait compte à présent de sa stupidité, il avait réagi trop impulsivement, comme d’habitude, mettant en danger ses amis. Il s’était imaginé Zia blessée, agonisante, morte peut-être, et cette pensée lui avait été insupportable, mais pourrait-il jamais se pardonner la mort de celui qu’il considérait comme son père ? Tao était auprès de Zia, il veillait sur elle, et ils étaient à l’abri dans le condor. Tao saurait prendre soin de Zia, et lui, Esteban, se devait d’aider Mendoza et Isabella, il ne pouvait les abandonner ainsi, même si cela risquait de lui coûter la vie, il ne pouvait agir en égoïste . « Tao, je te confie Zia » murmura-t-il pour lui-même. Puis il fonça en direction de la tranchée.
Une deuxième explosion retentit. Fernando exultait, ravi de pouvoir semer la mort sur les êtres qu’il haïssait, impatient de les réduire en miettes, mais les bourrasques de vent lui compliquaient la tâche. Il n’avait pas encore réussi à atteindre ses cibles. Au sol, Roberto commençait à examiner la situation sous un angle nouveau : il s’était laissé emporter par l’ivresse du meurtre, ce qui ne lui ressemblait pas. Etait-ce le sang des Laguerra qui s’exprimait ainsi, le faisant s’acharner sur un homme pour le seul plaisir de tuer, lui qui n’agissait d’ordinaire que de sang-froid, sans émotion, simplement pour honorer un contrat ? Si c’était le cas, il n’aimait pas ça ; il se voyait encore faire le malin face à Mendoza, sûr de sa supériorité sur le marin, sûr que son père allait s’écraser, sûr qu’il allait leur damer le pion à tous et triompher en récupérant la statuette en or. Quelle stupidité ! A croire qu’il n’avait agi que pour montrer à son père combien il lui était supérieur, et combien il avait eu tort de l’abandonner, lui et sa mère. Il risquait de perdre les bénéfices d’une activité fort lucrative, qui lui permettait de vivre aisément, il risquait de perdre la vie pour une ridicule histoire d’amour-propre ! Il se trouvait pathétique, aussi pathétique que ce satané pilote qui s’obstinait à lui résister, et qui croyait que l’amour est plus fort que la haine…balivernes propres à vous envoyer six pieds sous terre plus sûrement qu’un boulet de canon, ou qu’une de ces bombes concoctées par son père ! Il fallait lui reconnaître un certain génie, ses armes et ses engins étaient redoutables, du moins dans des conditions de combat ordinaires, parce que face à cet oiseau d’or, leur efficacité était nulle ! D’ailleurs, il pourrait tirer grand profit à vendre ces inventions au plus offrant…son père n’avait-il pas eu l’intention d’offrir le char au Roi ? Un tel plan manquait d’ambition au goût de Roberto, mais il lui fallait un peu de temps pour en élaborer un meilleur. Et pour cette raison, il lui parut plus sage de s’éclipser avant de se faire réduire en bouillie : il n’allait pas laisser à son maudit père le plaisir de savourer le spectacle de ses entrailles abreuvant l’herbe sèche. La vue d’Esteban en train de courir en sa direction acheva de le convaincre d’abandonner le terrain : il allait leur laisser le soin, à lui et à Mendoza, de servir de cible pour amuser son père, ce qui lui permettrait de disparaître à la faveur de la fumée et de l’obscurité qui s’était abatttue sur eux, annonciatrice d’orage. Le tonnerre gronda.
R : hasta luego, el piloto !
Il tourna les talons, sauta par-dessus le fossé et s’enfuit en direction de la mosquée où il comptait récupérer quelques documents et objets utiles pour son avenir. Mais contre toute attente, le Docteur vira pour le poursuivre.
F : eh, petit, où cours-tu comme ça ? Je n’aime pas les gens qui laissent leur travail inachevé !
R : va au diable, padre ! j’ai mieux à faire ! Et je ne te dois rien !
F : si ! tu me dois la vie, et j’ai le droit de la reprendre si tel est mon plaisir !
R : vieux fou ! la vengeance t’a pourri le cerveau !
Pour toute réponse, Fernando lâcha une nouvelle bombe, qui rata une fois de plus sa cible.
R : ah ah ah ! tu t’écraseras avant d’avoir réussi à éliminer qui que ce soit, et ta défaite sera totale, totale ! tu aurais dû confier l’affaire à un professionnel depuis le début !
Il reprit sa course au milieu de la fumée ; des éclairs zébraient le ciel ; il approchait du mur d’enceinte. Fernando ne remarqua le danger qu’au dernier moment et redressa désespérément le zephti devant les remparts pour éviter de se fracasser contre les pierres.
F : on se reverra, Roberto, mon fils…on ne se débarrasse pas si facilement du vieux Fernando…
Il vira pour repartir sur Esteban et Mendoza : ces deux-là au moins, il ne les raterait pas. Un nouvel éclair illumina le ciel : il les vit côte à côte au bord de la tranchée. Il sourit…
Avant même d’arriver à la crevasse, Esteban avait crié à Mendoza de sauter pour le rejoindre du bon côté : s’ils voulaient échapper au Docteur, ils devaient trouver un abri, soit à couvert du bois, soit dans le condor. Mais il fallait d’abord tirer Isabella du fossé. Esteban savait que son ami, blessé, ne pouvait y parvenir seul. Il examina le fond de la tranchée pendant que Mendoza reprenait son souffle.
E : elle est ici, donne-moi ton épée, vite !
M : Esteban, pourquoi es-tu revenu ?
Pour toute réponse, Esteban entreprit d’enfoncer l’épée de Mendoza à l’horizontale dans la paroi de terre légèrement inclinée que le rayon avait découpée dans le sol pour former la tranchée, quelques centimètres plus bas que la surface.
E : j’espère que ça tiendra..pour plus de sûreté, tu la maintiendras bien en place ! Je vais chercher Isabella !
Il sauta dans la tranchée et parvint au fond en glissant le long de la paroi inclinée. Une chance que Zia n’ait pas réussi à diriger le rayon parfaitement à la verticale ! Isabella était couverte de terre ; elle n’était pas tombée de très haut, le zephti n’étant qu’à trois ou quatre mètres du sol au moment de la chute, et elle avait dû glisser elle aussi sur la paroi en pente, vu l’état de ses vêtements. Esteban l’examina rapidement, en l’appelant, mais elle ne répondit pas. Au bord de la tranchée, Mendoza ne le quittait pas des yeux.
E : ne t’inquiète pas, elle est juste évanouie !
C’est du moins ce qu’il espérait. Sans perdre plus de temps, il prit le fouet d’Isabella et en lança l’extrémité vers Mendoza.
E : tiens, attache-le bien à la garde de l’épée !
Puis il souleva la jeune femme et la mit debout en appui contre la paroi, afin de passer autour de sa taille l’autre extrémité du fouet. Pour cela, il dut la hisser un peu en hauteur, sur ses épaules, car le fouet n’était pas assez long, ce qui compliqua sa tâche. Quelques gouttes de pluie, lourdes et chaudes, s’écrasèrent sur son visage.
E : tu es prêt ? maintiens bien la garde surtout, je grimpe !
Il prit son élan pour s’agripper à la lanière du fouet, au-dessus du corps d’Isabella, grimpa agilement jusqu’à la surface et se plaça aussitôt aux côtés de Mendoza pour tirer sur le fouet et remonter Isabella. Dans sa demi-conscience, la jeune femme sentait l’odeur de la terre humide, mouillée par les premières gouttes de l’orage, elle sentait la terre ruisseler sur ses cheveux, sur ses joues, sur sa bouche…on la tirait de sa tombe…son père la tirait de sa tombe…enfin…il fallait qu’elle soit forte…une dernière fois.
Esteban hissa le corps d’Isabella sur le sol. Mendoza était visiblement épuisé. Pendant qu’Esteban reprenait le fouet et l’épée, il se pencha sur la jeune femme, balayant délicatement ses cheveux et son visage pour en faire tomber la terre. Elle ouvrit les yeux.
M : tu n’es pas une fille raisonnable, Isabella…tu aurais pu te briser le cou…
Elle se redressa, l’air hagard.
M : attends ! je vais t’aider…il ne faut pas traîner ici..tu pourras marcher ?
Il la soutenait du mieux qu’il pouvait, serrant les dents pour oublier sa propre douleur.
E : regardez ! il revient !
Le Docteur fonçait sur eux.
M : Esteban ! Prends mon arme !
Esteban s’exécuta.
E : partez, je vous couvre !
Mendoza hésita, mais Esteban réitéra son ordre, déterminé.
E : ne t’inquiète pas pour moi, partez !!
Mendoza reporta son attention vers Isabella, et tenta de l’entraîner avec lui, mais il s’arrêta, interdit : elle le fixait de ses yeux fous, des yeux remplis de haine, à n’en pas douter, car il l’entendit murmurer d’une voix rauque, déformée par le poison : « tu vas payer pour tes crimes, Fernando Laguerra.. ».
E : mais qu’est-ce que tu attends, Mendoza ?!
Il se retourna. Il vit Isabella, de dos, luttant avec son amant, un poignard à la main. Mendoza lui avait saisi le poignet droit et tentait de lui faire lâcher l’arme, en vain, son bras gauche était sans force. Fernando choisit cet instant pour plonger sur eux. Il frôla dangereusement le couple, et força Esteban à se baisser pour se protéger.
F : alors, Mendoza, tu n’arrives pas à dompter ma fille ? C’est une vraie bête enragée, pas vrai ? Mais rassure-toi, elle devrait bientôt crever, toute résistante qu’elle soit ! En attendant, quel spectacle délicieux, ah ah ah !
Il avisa Esteban qui se redressait, prêt à tirer.
F : eh, Esteban tu ferais mieux d’abattre Isabella, avant qu’elle ne tue ton cher ami !
Une bourrasque balaya le zephti, la balle manqua sa cible. Le bruit de la détonation couvrit le cri de Mendoza. Isabella était prête à frapper une deuxième fois. Alors son amant l’enlaça tendrement, et mit toute son âme dans un ultime baiser. Elle sentit ses forces l’abandonner, ses muscles se relâcher tandis qu’elle sombrait, recouverte peu à peu par des vagues tièdes qui apaisaient ses souffrances, léchaient sa peau pour la nettoyer de toute cette boue qui la salissait, de toute cette terre sépulcrale qui avait failli l’enfermer à jamais dans un tombeau de haine.
6.PNG
Mendoza ploya sous le poids du corps d’Isabella, et le couple s’affaissa. La cape les recouvrit. Mendoza, à genoux, avait posé sa tête sur la poitrine de sa bien-aimée. Une étoile sanglante brillait sur l’azur de l’étoffe . Le rire de Fernando s’éleva en crescendo, tandis qu’Esteban se précipitait vers le marin.
E : Mendoza !!
F : je te l’avais bien dit, Esteban, tu as fait le mauvais choix, ah ah ah ah ah !!!! Et maintenant, il va falloir que j’achève le travail, les enfants sont incapables de terminer ce qu’ils entreprennent, c’est vraiment navrant !
Il voulut larguer une nouvelle bombe , mais fut contraint de se concentrer sur le pilotage en raison des éléments contraires ; la pluie commençait à tomber en gouttes plus serrées. Esteban, profitant de ce répit, se mit à genoux dans l’herbe trempée, à côté de Mendoza.
E : Mendoza ! Mendoza !
Désemparé, ne sachant que faire, il posa sa main sur l’épaule de son ami, qui resta sans réaction. Tout était de sa faute…mais la voix de Mendoza stoppa net ses pensées négatives.
M : laisse-nous…tu ne peux plus rien…sauve-toi, sauve les autres…abats ce chien de Laguerra ! Vite !
Mendoza avait raison, si le Docteur restait en vie, leur mort n’aurait été qu’un vain sacrifice. Il devait se reprendre, pour eux.
E : je te le promets, Mendoza !
M : c’est bien…alors va…Esteban…sans regrets..
Esteban acquiesça et se redressa, déterminé. Le zephti revenait à la charge, secoué et propulsé tout à la fois par la violence du vent. Esteban arma le pistolet et se plaça dans la trajectoire du Docteur. Il visa la tête, mais un trouble soudain le fit hésiter. Au dernier moment, il leva son bras pour tirer dans l’aile, espérant causer ainsi la chute de l’engin déjà mal en point. Mais sa manœuvre échoua : le pistolet resta muet. Le Docteur fonçait sur eux, prêt à larguer sa dernière bombe. Esteban paniqua, tira à nouveau, sans plus de succès, jeta l’arme et avisa le fouet d’Isabella, qu’il avait laissé à terre après l’avoir récupéré. Il se précipita pour s’en emparer, puis il fit face au zephti et donna un coup de fouet de toutes ses forces pour tenter d’accrocher l’engin et le déstabiliser. Il ne réussit qu’à surprendre le Docteur, qui braqua brusquement pour éviter d’être piégé, omettant de larguer sa bombe.
F : quel coup ridicule, mon pauvre petit ! je t’aurais bien donné quelques leçons, mais je crains que nous n’en ayons pas l’occasion…
Esteban était aux abois. Comment arrêter ce maudit Laguerra ? Furieux contre lui-même, il jeta le fouet au loin. Il se sentait totalement démuni ; le Docteur les tenait à sa merci, et si le vent était favorable, il pouvait très bien les réduire en poussière à son prochain passage au dessus-d’eux. Alors Esteban se mit à courir en direction de la montagne, espérant attirer ainsi son ennemi loin de Mendoza et Isabella, et comptant sur un changement de sens des capricieuses bourrasques qui jouaient depuis le début avec le zephti : avec un peu de chance, elles pourraient précipiter l’engin contre les rochers. Comme prévu, Fernando le suivit.
F : eh, petit lâche, on se sauve ?
Esteban leva la tête pour estimer la distance qui les séparait. Un éclair illumina le ciel noir de nuages : le Docteur se trouvait à la verticale exacte du jeune homme, en position parfaite pour larguer son dernier joker meurtrier. Une voix familière, portée par le vent, retentit aux oreilles d’Esteban juste avant que le tonnerre n’éclate. Il se retourna et vit Zia qui courait dans sa direction, éperdue, suivie de Tao. Un formidable détonation couvrit alors la voix de la jeune fille.


La suite très bientôt ;)
Modifié en dernier par Seb_RF le 28 déc. 2016, 23:19, modifié 3 fois.
note serie:
MCO1: 18/20

Trahison/Insulte totale:
MCO2: 7/20
MCO3: 4/20
MCO4: 3/20 (et je suis "gentil" par ce qu'il y a les effets visuels)

Fanarts: viewtopic.php?f=14&t=2301 :x-):
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Akaroizis
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Jeu

Message par Akaroizis »

Magnifique, toujours aussi captivant du début à la fin.
Le présent, le plus important des temps. Profitons-en !

Saison 1 : 18.5/20
Saison 2 : 09/20
Saison 3 : 13.5/20


Ma présentation : viewtopic.php?f=7&t=80&p=75462#p75462
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DeK
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Jeu

Message par DeK »

D'accord avec Akaroizis, cette suite est géniale. J'attends avec impatience le dénouement de ce combat. :)
Que d'inspiration pour les illustrations !
« Tout vient à point à qui sait attendre... ou plutôt, tout vient à point à qui sait m'attendre ! »
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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Jeu

Message par nonoko »

Merci à vous deux, c'était pas facile à écrire en tenant compte de tous les éléments, du rythme, de la cohérence, du style, des effets, etc... :D
DeK a écrit :Que d'inspiration pour les illustrations !
Il y en a une en particulier que je te verrais bien faire, pour un passage qui m'a donné pas mal de travail de formulation (au bout d'un moment, j'ai jeté l'éponge!), mais je tenais à cette image..si tu vois de quoi je parle. 8-x
"On savoure mieux ce qu'on a désiré plus longtemps, n'est-ce pas Mendoza?"
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Jeu

Message par DeK »

À vrai dire, je ne vois pas trop donc si tu veux bien me donner quelques indices. :)
« Tout vient à point à qui sait attendre... ou plutôt, tout vient à point à qui sait m'attendre ! »
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nonoko
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Jeu

Message par nonoko »

Mais je crains que cette 'image' ne soit trop difficile à transposer en dessin, la rencontre d'une cape et d'une étoile, hum...
"On savoure mieux ce qu'on a désiré plus longtemps, n'est-ce pas Mendoza?"
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Jeu

Message par Raang »

Déjà fait na ?
"Notre monde a été bâti dans l'or et dans le sang"-Raang alias Rayan, 2017
Mes fanfictions (hors MCO)https://www.fanfiction.net/u/7150764/Raang
Mon compte Wattpad (histoires originales) : https://www.wattpad.com/user/Raang7
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Jeu

Message par nonoko »

Raang a écrit :Déjà fait na ?
Naaaan...pas grave 8)
"On savoure mieux ce qu'on a désiré plus longtemps, n'est-ce pas Mendoza?"
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Jeu

Message par Ra Mu »

nonoko a écrit :
Raang a écrit :Déjà fait na ?
Naaaan...pas grave 8)
Une cape et une étoile? Un navigateur, ça a la tête dans les étoiles non?
Félicitation pour ton texte Nonoko-chan!
- On s'est tout de même embrassés, cela ne signifie donc rien?
- HEIN? T'as embrassé Ambrosius?
- *soupir* Allez, déblaie!
HOP HOP HOP! :x-):
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Re: FANFICTION COLLECTIVE : Jeu

Message par DeK »

Franchement nonoko, rien n'est trop difficile à illustrer quand on lit un récit comme ça. ;) Même la rencontre d'une cape et d'une étoile...
« Tout vient à point à qui sait attendre... ou plutôt, tout vient à point à qui sait m'attendre ! »
Verrouillé