Les blagues du blabla.

[yupanqui]

[Xia]

Nouvelle-Espagne, 1545

La famille Mendoza embarque à bord de l’Esperanza II pour les vacances. Direction le Nouveau Monde. Le couple et leurs enfants prennent ainsi possession de leur résidence secondaire, mais au bout de quelques jours, se font surprendre par la tristement célèbre épidémie de cocoliztli.
Ignorant le mode de propagation de ce mal et s’ils sont contaminés, Isabella interdit formellement à sa famille de sortir de la propriété tant que le danger n’a pas disparu. Aussi pour occuper une partie de son temps, le capitaine décide de tenir un journal :

Jour 1 : mercredi 18 mars
Premier jour à huit à la maison. Journée ensoleillée, les enfants ont pu profiter du jardin. Ce midi, apéritif en famille. Une vague impression que les vacances vont être plus longues que prévues !

Jour 2 : jeudi 19 mars
Première tonte de l’année. Il faut dire que la pelouse en avait bien besoin ! Je croyais pourtant qu’on avait un jardinier. J’ai dû mal comprendre le voisin. Toujours est-il que c’est très joli : les papayers et les naná naná sont en bourgeons, les roses que j’ai ramenées d’Espagne commencent à éclore, les premiers jours de printemps sont très agréables ici !
Soule avec les enfants qui ont fini par se disputer, comme d’habitude.

Jour 3 : vendredi 20 mars
Isabella s’est plongée dans le livre de recettes de cuisine locales. Hum hum…
Elena, Paloma et Leonora font des concours de dessin à longueur de journée, tandis que Pablo, Joachim et Javier continuent de jouer à la soule. La vie s’organise tranquillement.

Jour 4 : samedi 21 mars
Le jardin est au carré. Ma princesse dit que ça ressemble à l’Alhambra. Je n’y ai jamais mis les pieds. Au moins maintenant, je sais de quoi ça à l’air. Comme quoi, il y a toujours du bon à prendre !
Ma très chère épouse nous a fait un pastel de choclo. Verdict : je préfère de loin la cuisine de Carmina.

Jour 6 : lundi 23 mars
Étonnante nouvelle : Elena nous a annoncés qu’elle commence à suivre la philosophie de Maitre Leonardo. Ne plus manger les animaux. Je soupçonne une autre raison. Du coup, Isa s’est replongée dans le livre.

Jour 7 : mardi 24 mars
Je commence vraiment à regretter de lui avoir acheté ce maudit bouquin !
Mon aventurière nous a fait un deuxième gratin. Pablo, Joachim, Javier, Paloma et Leonora ont décidé de faire le régime de leur ainée. Quand à moi, j’ai encore vomi dans les latrines.
Rien dans le ventre depuis quatre jours. Ça ne va pas le faire…

Jour 8 : mercredi 25 mars
Je commence à m’inquiéter quant à la durée. Ça fait à peine une semaine qu’on est confiné et Isabella a déjà écrit au père Marco et à sœur Margarita pour leur demander d’envoyer les leçons. Il ne faut pas que notre progéniture prenne cette maladie pour des vacances selon elle.

Jour 9 : jeudi 26 mars
Je m’inquiète vraiment : Fernando a décrété qu’il était trop vieux pour une telle épidémie. Déjà dix mille victimes. Résultat, Zia se retrouve toute seule au dispensaire et doit gérer tout le monde.

Jour 10 : vendredi 27 mars
On est désormais neuf : le Docteur vient d’élire domicile à l’hacienda. Surtout rester calme…
Les filles n’arrêtent pas de nous faire des dessins. C’est si mignon !

Jour 11 : samedi 28 mars
L’avantage de la présence du beau-père, c’est qu’Isa n’a plus besoin de faire la cuisine ! Au moins, on ne mourra pas de faim.
C’est l’anniversaire de Leonora demain. Le Docteur compte lui faire deux gâteaux au chocolat. Bonne idée ! Il sera occupé.

Jour 12 : dimanche 29 mars
Je n’aurais pas dû parler des gâteaux aux enfants. Les plus grands ont mangé le premier et Paloma a eu le culot de répondre à son grand-père que le deuxième était toujours là parce qu’elle ne l’avait pas vu ! J’ai dû m’interposer.
À part cet épisode, l’anniversaire de Leonora s’est bien passé. On a essayé la nouvelle invention de Tao : la Mucam ! Les enfants ont fait la fête avec Araceli, Clara et Felipe, qui étaient à Barcelone, jusqu’au coucher du soleil.

Jour 15 : mercredi 1er avril
Nouvelle année et poisson d’avril pour Isabella !
Les devoirs viennent d’arriver, apportés par des pigeons voyageurs épuisés. Je n’en ai jamais vu autant d’un coup ! Je pense qu’il devait y avoir d’autres colis, mais pas assez de pigeons à notre adresse.
Quand les enfants ont fait remarquer à leur mère que le père Marco et sœur Margarita lui demandaient de faire la classe, Fernando et moi avons bien ri… beaucoup moins quand on a compris qu’on allait devoir s’y mettre aussi.

Jour 16 : jeudi 2 avril
On s’est réparti les cours : Isa fait les mathématiques et l’histoire, Fernando les sciences et moi, la géographie et les langues. Elena et Paloma ont une discipline supplémentaire : la cuisine. Le Docteur s’en est chargé. Au moins, elles ne finiront pas comme leur mère et mes gendres et mes petits-enfants auront de quoi manger.
Leonora continue ses dessins. On ne va plus avoir assez de murs pour les accrocher.

Jour 20
Les cours sont désormais en commun. On en a marre de tout répéter, et les enfants nous posent des questions auxquelles leur « professeur » ne sait pas répondre. On s’entraide…
Les filles nous ont fait un gâteau. Attention aux kilos en trop !

Jour 25
Si Javier me demande encore une fois où est l’Empire du Milieu, je le mets en pension au monastère de Shaolin ! On a une semaine de retard sur les devoirs envoyés par le père Marco. Du côté d’Isa, ce n’est pas mieux : Paloma confond adition et multiplication.

Jour 30
J’ai fini par mettre une carte de géographie dans l’assiette de Javier. On ne sait jamais.

Jour 31
Leonora nous a fait une crise de foie : elle a mangé les lentilles de Javier… Les abrutis !

Jour 35
Ma petite dernière s’en est bien remise. En revanche, elle n’a pas compris que les plumes envoyés par le père Marco n’étaient pas pour elle. On a dû les enlever. Les plus grands en étaient ravis !
J’ai aussi confisqué les ballons, ras-le-bol de réparer les carreaux ! Du coup, j'ai trois murs dans mon auditoire.

Jour 40
Le stock de parchemins diminue à vue d’œil. Fernando s’est lancé dans la confection d’un gâteau ottoman à la purée de marrons et aux pruneaux. Est-ce vraiment une bonne idée ? Le temps commence à être long.

Jour 45
Je commence à douter de ma paternité. Pablo, Joachim et Javier ne peuvent pas être mes fils : ils sont encore plus stupides que Gaspard ! Isa a fini par conclure qu’on avait échangé nos enfants à la naissance. Quand elle donne trois pommes à Paloma pour qu’elle les ajoute à un gâteau de onze ananas, Elena et elle répondent que c’est immangeable.
Au secours…

Jour 50
Fernando a vomi le gâteau aux marrons. On ne sait pas si c’est vraiment le gâteau ou si c’est parce que Pablo a affirmé que le Soleil était à l’intérieur de la Terre.
Je rédige une lettre à l’intention de Paul III pour faire canoniser le père Marco et sœur Margarita.

Jour 51
J’attaque le passé simple avec les enfants. Pas trop compliqué a priori.
Isa et moi avons trié tout ce qui pouvait être trié : chemises, marteaux, bêches, clous, crèmes… par taille et par couleur, mais interdiction formelle de toucher à la cuisine.
On commence à voir flou.

Jour 55
« Les enfants prenâmes le goûter sous la tonnelle ». Cette fois, c’est sûr et certain, Elena et Pablo ne seront pas les nouveaux Marguerite de Navarre et Garcilaso de la Vega.
Isabella s’attaque à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Elle s'est lancée dans la confection d’Indiens et de Conquistadors en carton-pâte, histoire que les enfants comprennent mieux. Je ne le sens pas trop.
Fernando se demande si Zia accepterait de lui mettre un squelette de côté pour un cours sur les os.
J’ai trouvé de l’herbe comestible au fond du jardin. J’en fais de la tisane… Délicieux !

Jour 60
Rien ne va plus.
Leonora a fini les rouleaux de parchemin, plus de farine pour Fernando et Isa délire complètement avec ses personnages qu’elle essaye de multiplier avec des pommes. J’ai des hallucinations : les dessins de ma fille me parlent !
Il pleut depuis cinq jours, la Mucam a vidé ses batteries et Elena ne peut plus discuter avec Clara. On l’entend crier depuis le jardin. Je plains les voisins.

Jour 61 : dimanche 17 mai
Mon beau-père n’a jamais dû mettre les pieds dans une église… Il a prié à l’envers.

Jour 65
Visiblement, le Seigneur a quand même compris ses prières : Fernando a réussi à convaincre sa fille que personne n’était infecté. « Sinon on serait tous couic ». Elle a rendu les armes un peu trop facilement à mon goût. Je crois qu’elle n’aurait pas tenu plus longtemps.
J’ai envoyé un pigeon à Esteban pour qu’il vienne nous chercher. Heureusement qu'on a encore des nappes pour écrire ! Tant pis pour l’Esperanza II : on reviendra la reprendre après.

Jour 66
Passé la journée à chercher Long Chow. On l’a perdu !

Jour 67
Par la malpeste ! On a oublié que Long Chow est en Chine avec Tian Li. On pouvait toujours l’appeler…
J’ai envoyé un message sur un autre morceau de drap à Miguel pour l’informer de notre retour.
Je prends ma cinquième tisane de la journée.

Jour 70 : 40 mai
Pas de nouvelles d’Esteban. Je suis sûr d’avoir vu passer sœur Margarita dans le champ d’en face. Elle promenait le père Marco en laisse.
Je vais reprendre une tisane.
Leonora ressemble à un iguane lépreux.

Jour 75 : an 3020 après ma belle-mère
Je réalise que je ne sais même pas de quoi Kamala avait l’air. Fernando dit que c’est Leonora qui tient le plus de sa grand-mère.
Je n’ai plus d’herbes pour faire ma tisane.
Le Docteur est affalé sur une chaise dans la cuisine, il est convaincu de faire la conversion au four. Ce sont ses petites-filles qui lui répondent…
Les figurines de ma femme se sont cassées la binette. Le débarquement des conquistadors a bien eu lieu, mais grandeur nature. L’hacienda ressemble plus au carnaval de Barcelone qu’à une maison.

Jour 80
Toujours pas de nouvelles d’Esteban. Mais qu’est-ce qu’il fabrique, bon sang ?!
Isa vient de m’apprendre que Miguel est en France depuis six mois et qu’il ne reviendra pas avant septembre. Comme d’habitude, je suis le dernier au courant. Mais ce qui me tracasse le plus, c’est qu’on m’a répondu qu’on préparait notre venue avec une grande fébrilité.

Jour 86 : 37 juin 1538
Oh la vache ! On a remonté le temps ! Il se passe des trucs bizarres ici…
Il y a un type dans ma cuisine qui pleure en regardant le four, je ne sais pas du tout qui c’est. Et les trois garnements dans le salon qui fixent une dame en faisant des grimaces… ils me fichent la trouille. De toute façon, je ne sais même plus comment je m’appelle. Je ne sais même plus pourquoi j’écris. C’est la fin…

Jour 87
Jamais vu ça de ma vie ! Y a un oiseau géant qui a atterri sur le terrain de soule !
J’ai dû m’y reprendre à trois fois avant de savoir enfin passer la baie vitrée. Je respire à pleins poumons. C’est le trou noir…

Jour 90 : lundi 15 juin
Apparemment, Esteban a attendu que Maïna prenne la relève de Zia pour venir nous chercher.
On est à Barcelone depuis une semaine. Isa, Elena, Pablo, Joachim, Javier, Paloma et Leonora vont bien. Le Docteur aussi, malheureusement. La vie reprend son cours normal, si ce n’est que j’ai mal au ventre, mes mouvements sont au ralenti et je ne peux plus enfiler mes bottes. Zia m’a diagnostiqué une overdose de cannabis.
Mon beau-père, ma femme et moi avons des troubles de la personnalité : nos doubles cherchent à mettre le Soleil à l’intérieur des tartes aux fraises, à diviser les conquistadors par les Indiens et à parler le passé simple chinois. C’est un peu pénible…
Mais bon, nous en sommes sortis vivants ! Rendez-vous demain chez l’exorciste dans l’après-midi…

Librement inspiré du Journal de confinement de Lionel Tillieu

[TEEGER59]

C'est du grand n'importe quoi! J'adore! Surtout cette phrase:

Jour 45
Je commence à douter de ma paternité. Pablo, Joachim et Javier ne peuvent pas être mes fils : ils sont encore plus stupides que Gaspard !

[Aureurope2022]

Elle à l'aire vraiment super sympa la famille de Mendoza ! :)Es que tu pourrais faire celle d'Ambrosius, je serait curieux de voir comment ça se passerai dans sa famille ^^

[TEEGER59]

C'est du grand n'importe quoi! J'adore! Surtout cette phrase:

Jour 45
Je commence à douter de ma paternité. Pablo, Joachim et Javier ne peuvent pas être mes fils : ils sont encore plus stupides que Gaspard !

Comment peux-tu parler comme ça de "mes bébés"?
VILAINE !

[yupanqui]

Xia a raconté la blague « Made in MCO »

[Xia]

Par un beau matin de juin…

: Esteban ! Zia ! Il faut que vous m'aidiez à retrouver Jésabel ! Elle a disparue…
: On va t'aider avec le Condor.
: Elle a disparue ?! Mais depuis quand ?
quelque peu embarrassé : Depuis trois semaines...
: Hein ??? C'est maintenant que tu t'en aperçois ?
: Ben non... bien sûr que non ! Mais on a une petite broutille, et je voulais m'excuser...
: Plus de poncho propre ! Plus de poncho propre !

[yupanqui]

[TEEGER59]

Dans la taverne de Sancho et Pedro, une superbe señorita s'approche du comptoir avec un air aguicheur. Sancho se rapproche d'elle tout naturellement. Puis en prenant l'air le plus allumeur qui soit, elle lui fait comprendre qu'il faut qu'il approche son visage plus près d'elle. Lorsque le bègue s'est penché, elle lui caresse gentiment la joue:
: Hmmm... C'est vous le patron de cet établissement?
Elle lui caresse tout doucement le menton des deux mains maintenant.
: Pas tout... Pas toutou... Pas tout à fait... Nous... Nounou... Nous sommes deux et Pe... et Pedro s'occupe de... de l'intendance...
: Vous pourriez aller le chercher? J'ai quelque chose d'important à lui dire.
Elle lui ôta son bonnet passa la main dans les cheveux. Sancho se sentit vraiment émoustillé...
: Je suis dé... désolé, mais il n'est pas… il n'est pas là. Je peux faire… peux faire quelque chose pour… pour vous?
: Eh bien oui. Vous allez lui laisser une note.
Et alors que la señorita lui met ses doigts dans la bouche, laissant le tavernier les sucer goulûment:
: Vous allez lui dire qu'il n'y a plus de ce merveilleux papier rapporté du Japon dans les latrines.

[TEEGER59]

Juché sur l'épaule de Tao, Pichu regarde un corbeau s'envoler. Il dit ensuite à son maître:
: Il faudrait quand même qu'il arrête de se la péter, Batman!