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Les Mystérieuses Cités d'Or : saison 2 (2013)

 
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12.12.2000 : Interview de Bernard DEYRIES

Cette interview de Bernard Deyriès a été réalisée par l'ex-site Cerclo (vous pouvez aussi lire le chat). Au programme ? Bernard Deyriès nous a confirmé la date de sortie de la suite des Cités d'Or ! Plus de suspense, juste de la patience : il faudra attendre à peu près 3 longues années. Il donne également quelques indices sur la prochaine saison : on reprend l'histoire là où elle s'est arretée; la philosophie générale sera la même, mais l'action se déroulera au Japon, où Esteban tentera de retrouver son père, le mystérieux Grand Prêtre de la Cité qui n'est pas mort comme certains pouvaient le penser... Il s'aidera des techniques graphiques modernes mais tout en restant dans la lignée des MCO1. Pour les voix, elle devraient être les mêmes, "si elles n'ont pas trop vieillies...". Rappelons que ce dessin animé a 20 ans !

L'interview

Bernard DEYRIES À l'occasion de la récente sortie en DVD de la série culte "Les Mystérieuses Cités d'Or", Cerclo recevra mercredi 13 décembre à 16h, Bernard Deyriès. Papa avec Jean Chalopin de grands nombres de séries à succès des années 80 (Ulysse 31, Inspecteur Gadget, Les Minipouss), Navarro est allé le rencontrer dans ses studios d'animations chez Story. Avant le chat, le réalisateur lui a confié le récit de son aventure dans l'animation et en a profité pour lui dresser un bilan de celle ci en France. Navarro est nostalgique ? Non !!! Pas lui, et vous ???

Comment vous est venue votre passion pour l'animation ?

Quand j'étais enfant, c'est par l'intermédiaire des films de Disney, le premier que j'ai vu au cinéma étant Blanche-Neige et les 7 nains. Cela c'est ensuite confirmé avec la BD, le journal de Mickey, Tintin. Dans les années 60, j'avais 10 ans et je ne pensait pas que l'on pouvait faire de l'animation un métier. Il y avait beaucoup moins de références qu'aujourd'hui, et après des études de dessins, c'est dans le dessin animé publicitaire que j'ai commencé a m'exprimer.

Et du dessin animé publicitaire à Ulysse 31 ?

Jean Chalopin était un ami d'enfance qui avait une maison de production de films publicitaires en Touraine. Il avait besoin de faire un peu d'animation. J'ai donc tout lâché pour travaillé avec lui. L'animation était une passion pour nous deux, mais il fallait trouver un marché. On a donc quitté la province pour Paris et très vite on a éprouvé le besoin de faire des séries. On était dans les années 70 et les premières séries Japonaises arrivaient en France. On a donc monté un studio de 120 personnes et lorsque l'on a vendu Ulysse 31 à FR3, on c'est aperçu que notre outil était trop petit. Nous avons trouvé l'outil à notre mesure au Japon, via la société TMS à qui on a soumis la co-production d'Ulysse. Le sujet leur a plu et la co-production s'est mise en place : 51% pour les japonais et 49% pour nous. Le marché français s'est vite trouvé trop petit et Jean Chalopin, qui ne se dégonfle jamais, est parti aux Etats-Unis accrocher Hanna Barbera. "Aux innocents les mains pleines", comme on dit . On a eu de la chance ! Les américains étaient saturés par le style Hanna Babera/Scoubidou. On leur a proposé notre projet franco-japonais et l'attrait de la nouveauté a joué en notre faveur. C'était avec Les Minipouss, après on a créé l'Inspecteur Gadget. Notre société la DIC, a petit à petit pris de l'ampleur. Plus tard il y eu Mask, Jayce et les conquérants de la lumière, Pôle Position, Dame Boucleline et beaucoup de "Saturday morning". Voilà comment de l'envie de faire du dessin animé, je suis passé à la réalité.

Alors l'étape Cités d'Or ?

On a fait le contraire d'Ulysse, toujours en co-production franco-japonaise. Cette fois 51% français et 49% japonais. On a pris une série que la NHK voulait produire, ce sont eux qui ont amené le concept. Ils amenaient les scénarios et on faisait des réunions, C'était un réel échange. À l'époque j'avais demandé à ce qu'on rapetisse les yeux et arrondisse les mentons, car il ne fallait pas trop faire japonais graphiquement. Le concept japonais des Cités d'Or repose sur la quête du père d'Esteban le tout sur un grand fond historique. On est tout de suite tombés sous le charme de cette trame forte.

L'intégration de notions de SF provient de l'initiation française ou japonaise ?

Les deux. À savoir les japonais à l'origine, mais étrangement c'est nous qui avons dû les pousser un peu plus loin. Ils avaient apporté une dimension fantastique au récit, par exemple avec le Solaris. Ce bateau marchait avec une énergie, sans trop savoir au juste comment, il venait d'une civilisation ancienne. Seulement il fallait se remettre à l'époque d'Esteban, on voyait les moteurs avec des voiles de vaisseaux espagnols. Ils souhaitaient laisser planer le doute sur l'existence d'une ancienne civilisation puissante proche des espagnols.

Quelle association avez-vous préférée ? À savoir le scénario français et le graphisme japonais comme pour Ulysse, ou le contraire ?

Les deux, mais ça nous a permis d'essuyer les plâtres avec Ulysse et de voir comment les japonais envisageaient le scénario. Eux nous ont appris, la précision des scénarios, à connaître l'historique des personnages, même si cela n'apparaissait pas dans l'histoire. En fait, ils nous ont apprit la psychologie des personnages. En revanche nous leur avons apporté plus de fantaisie et une certaine essence poétique. Les japonais aiment avoir la raison des choses, c'est mathématique et il faut qu'elles soient logiques. Cela en devient presque triste. En occident on accepte certaines choses qui ne sont pas forcément logiques, car c'est la magie. On leur a également apporté la culture occidentale, surtout avec Ulysse.

Les documentaires à la fin de chaque épisode provenaient de l'initiative française ou japonaise ?

Ce sont les japonais qui ont eu cette idée. Leur chaîne NHK, était une énorme chaîne d'état, comparable à l'ORTF chez nous. Deux chaînes constituent NHK, une chaîne de variétés, grand public et une autre plus culturelle. La NHK avait partout à travers le monde des équipes de reportages. Elle souhaitait les mettre en valeur. Les japonais ont demandé à tourner des reportages, étant en rapport avec l'épisode en cours pour illustrer et appuyer le récit. C'était une très bonne idée car les enfants ne s'intéressaient pas trop aux documentaires. Cette initiative a été très appréciée par l'unité de programme jeunesse de l'époque et ce fut un succès auprès du jeune public car les documentaires étaient courts et n'excédaient pas deux minutes.

Les Mystérieuses Cités d'Or sont aujourd'hui l'objet d'un véritable culte, comment pouvez vous l'expliquer ?

Je ne l'explique pas (rires). Sincèrement je ne pensais pas que 20 ans plus tard des générations d'enfants allaient plébisciter la série. Je m'en suis aperçu il y a trois ans, à la convention des dessins animés qu'il y a eu à Bercy. J'étais invité pour dédicacer des K7 au public, je pensais que cela allait durer une heure et en fait je suis parti à la fermeture. J'ai été très surpris mais en même temps, nous avons tellement donné le meilleur de nous (silence). On n'a pas fait ça pour se venter plus tard, mais on était jeunes, passionnés, on a voulu se surpasser.

Beaucoup de rumeurs notamment sur internet, parlent d'une éventuelle suite à la série, info ou intox ?

Non, pas intox. Je dirais qu'aujourd'hui il y a une chance sur deux pour que cette suite voit le jour. On est en train d'en parler.

Est-ce que le projet est dans les tiroirs depuis 20 ans ?

Non, franchement on n'en parle que depuis 2 ans. À la suite du succès des vidéos le distributeur a vu commercialement l'intérêt, mais les chaînes paradoxalement ne se précipitent pas tant que ça. Pourtant France 2 rediffuse régulièrement la série depuis 20 ans ... Il n'y a pas longtemps, la responsable de la chaîne me disait : "c'est extraordinaire, ça marche toujours très bien". C'est éventuellement M6 qui serait d'accord pour une co-production, toujours avec les japonais. La suite, si elle démarre, commencera là où l'on a laissés nos héros à la fin de la première série. Les décors seront fait de manière un peu plus moderne, en rendu plus réaliste qu'à l'époque grâce aux techniques d'aujourd'hui. Nos héros devraient partir de l'Amérique du sud vers l'Amérique du nord pour arriver au Japon.

Pourquoi le Japon ?

Je ne peux pas vous en dire plus, car ce sont les informations que j'ai eu de Jean Chalopin. C'est vague aujourd'hui. En fait je l'attends. Il a écrit quelques pages, mais il n'a pas le concept entier ... Ils vont faire la connaissance d'un anglais qu'ils vont prendre en chemin, grâce au grand Condor qui est toujours en état de marche. Ils vont emmener l'anglais au japon pour retourner sur les traces du père d'Esteban ...

Le Père d'Esteban meurt à la fin de la première série ...

Oui il est mort dans le cœur de la Cité, mais peut-être pas tout à fait (rires) ... Vous pouvez toujours l'écrire, mais c'est vraiment sous toutes réserves. Là encore on est sur la naissance du concept, mais c'est çà ... Au début il faut parler, ça se déroule, ça se reprend puis ça se refond en fonctions des intérêts de l'histoire.

Quelles différences faites-vous entre les programmes jeunesses des années 80 et ceux d'aujourd'hui ?

Pour les Cités d'or, c'était avec Jacqueline Joubert sur la 2. Elle voulait de la qualité et elle a été très heureuse du résultat. En France il n'y avait que trois chaînes publiques, aujourd'hui il y a des dizaines de chaînes presque toutes commerciales. L'époque est moins propice aux programmes jeunesse. Pourtant les enfants n'ont pas changé. L'image évolue via la technique mais les vrais concepts avec des histoires fortes restent la clef d'un succès. Regardez les studio Disney, ils ont adapté tous les grands classiques. Après leurs films s'imposent via la machine commerciale, le scénario de Dinosaures est sauvé grâce à cela. Peut-être que les enfants sont moins tranchés que moi et qu'ils voient des choses dans le scénario que je ne vois pas ...

Aujourd'hui en matière d'animation, vous reste-t'il des envies inassouvies ?

Toujours. On va faire un long métrage avec un producteur européen qui parle d'un conte classique de Grimm : Le Vaillant Petit Tailleur. On y testera une nouvelle technique de 3D au rendu 2D. On va avoir une animation très coulée grâce à la 3D, mais la technologie nous permettra de pallier le côté froid de la 3D en rendant du 2D. "Toy's Story" est un concept superbe mais appliqué sur d'autres personnages que sur les jouets et notamment sur les humains, cette technique donne des personnages trop métalliques, trop froids. Nous souhaitons faire un squelette 3D sous une peau 2D.

À partir de quand pourrons-nous voir ce long métrage dans les salles?

On le sort en 2002, en avril certainement.

Donc en 2002, Le Vaillant Petit Tailleur met la claque à Dinosaures ?

Non, il ne faut pas se placer en concurrent de Disney. Ils ont d'autres moyens que nous, mais techniquement on va essayer d'apporter une autre richesse. Le plus important est le scénario. Même avec la meilleure technique du monde, si le scénario est mauvais le dessin animé sera sans intérêt et sera boudé par les enfants.

Propos recueillis par Navarro

 
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